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Titre : La demoiselle du cinquième / Paul de Kock

Auteur : Kock, Paul de (1793-1871). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42737118m

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (110 p.) : fig. ; in-fol.

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6241771k

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-965

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/07/2012

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sauce elle accommodera son carré de mouton, elle peut bien oublier : qu'elle est chargée de lettres ou de commissions. Cette concierge se nomme madame Ador. Elle a une nièce assez

drôlette, qui devrait garder la loge lorsque sa tante s'absente ; mais la nièce aime beaucoup à courir dans le quartier ; la tante a souvent des emplettes à faire pour la cuisine, et pendant ce temps la loge se garde toute seule. ,

Le premier étage de la maison est entièrement occupé par un fabricant de plaqué, ses ouvriers et ses commis. Comme cet industriel ne fabrique que des objets élégants, on pourrait presque dire des objets d'art, il n'a généralement affaire qu'à du beau monde; aussi son magasin est-il tort bien tenu, et sa femme a-t-elLe toutes les manières d'une petite maîtresse.

Au second, sont deux appartements réparés : l'un est habité par un médecin. C'est un homme de quarante-cinq ans, qui a de la réputation, une belle clientèle, et que l'on n'a pas facilement, car il est demandé partout. Mais le docteur est un homme de plaisir, aimant le monde, la table, le jeu, et surtout ayant une passion violente pour la musique. A trente ans, il s'est mis dans la tète d'apprendre à jouer du violon; il s'est acheté un Amuly, il a pris un maitre et a étudié jusqu'à trois et quatre heures par jour, temps qu'il dérobait

à ses malades qui peut-être ne s'en sont pas plus mal trouves. Enfin, le docteur est arrivé à faire assez mal sa partie dans un quatuor de Pleyel, mais il étudie toujours, au grand désespoir de ses voisins ; et cet homme, qui a fait de fort belles cures et est intimaient plus savant en médecine qu'en musique, ne montre aucun amour-propre lorsqu'il a sauvé quelqu'un qui était très-malade, mais se gonfle de joie quand on lui dit : — Je vous ai entendu jouer du violon. vous avez un fameux coup d'archet. vous en détachez'

Ce sont presque toujours ses confrères qui lui disent cela.

L'appartement situé su* le même carré, et qui est de deux mille francs, est occupé depuis peu de temps par une célèbre danseuse de l'Opéra, jolie femme, qui a beaucoup de talent, beaucoup d'adorateurs, dépense beaucoup d'argent et fait beaucoup de dettes.

Lorsqu'elle a emménagé, on a été ébloui par la magnificence de soipmoHhi^r. Jamais rien d'aussi élégant, d'aussi coquet, n'était entré dans la maison. Madame Ador et sa nièce étaient restées en admiration, la jeune fille, devant une psyché dont le cadre n'était que dorure et ciselure; la concierge, devant des casseroles d'argent doublées en porcelaine.

Mais, en glissant une pièce de vingt francs dans la main de madame. Ador qui, en la recevant, avait fait une révérence en fromage, mademoiselle Cvnriane lui avait dit :

— Ma petite concierge, v. :u? savez que si l'on demande mademoiselle Cypriane. et s'il vient des lettres ou des bouquets. ou n'importe quoi pour mademoiselle Cypriane, c'est pour moi.

— Oui, madame, oh ! je sais. madame est assez connue par son talent!. J'ai l'honneur d'avoir emendn parler de madame et ma nièce qui va quelquefois à la Grande-Opéra, a eu le bonheur de voir madame jouer dans un opéra où l'on ne parlait pas..

— Oui oui. mais écoutez. je n'ai pas vu votre propriétaire, puisqu'il ne demeure pas dans la maison

— Non, madame. il reste rue Mouffetard, dans une autre de ses maisons.., — Vous comprenez bien que je n'ai pas le temps d'aller rue Mouffetard, moi!. Est-ce un bon enfant que ce propriétaire. est-il aimable !

— Madame, c'est un monsieur fort gros qui a une perruque blonde et un chien de Terre-Neuve qui a fait autrefois le commerce dans le sucre. pas son chien. lui, M. Mouton.

— Eh! bien ma petite concier ge, faites-moi le plaisir de dire à M. Mouton, ah! quel rrole de nom!.., il n'est possible d'être méchant quand on porte ce nom-là. vous diiez donc à cet excellent Mouton de mette ma quittance sous le nom de madame Patinosky.

vous entendez.

- Comment mad'^T --jsieurs noms?

- Ce n'est pas cela; madame Patinosky est mon amie intime qui loge avec moi quand elle ne loge pas à la campagne, car el'i a une campagne magnifique, on pourrait dire un château. vii n'éxagererait pas ; n'importe, quand cette chère Patinosky n'habite pas sa villa. on pourrait même dire un palais, car c'est un petit palais, tout en marbre et en porphyre. Eh bien! je vous disais donc qu'elle quite ce lieu de délices pour loger souvent chez moi, et je suis bien a!*:.t. pour des raisons de famille, que mon logement soit sous le nom de mon amie. Du reste ce sont de ces choses qui se font li s jour-- à Paris, et il me semble que cela ne doit pas vous étonner. et surtout que cela doit vous être fort égal; du moment qu'il y a un mobilier qui repond ampremeut de votre loyer, votre propriétaire n'a rien à craindre.

— Oh! assuremeni, madame pent se flatter d'avoir un mobilier de princesse, c'est magnifique !.

— C'est que je n'aime que les belles choses, moi. Ainsi c'est une affaire entendue n'est-ce pas?

— C'est que, lors que le propriétaire M. Alonton est venu, je 1 ui avais

dit que le logement du second était loué et que nous allions avoir l'honneur de loger une grande artiste de l'Opéra. mademoiselle Cypriane.

— Eh bien ! vous en serez quitte pour lui dire maintenant que le loyer est au nom d'une autre personne. c'est entendu; mon logement sous le nom de madame Patinosky. Bonjour, ma petite concierge, j'aurai soin de vous.

Et la belle Cypriane avait quitté madame Ador qui, au bout d'un heure, tout occupée d'un plat de choucroute dont elle voulait s régaler, n'avait pas manque d'oublier la recommandation de la danseuse.

Montons un étage : au troisième, les logements sont moins grands, parce qu'il y en a trois : l'un est occupé par un employé au trésor et sa femme, couple très-tranquille et bien rangé, n'ayant ni chien, ni chat et ne faisant aucun bruit; le mari sortant tous les jours à neuf heures pour aller à son bureau, et rentrant à cinl heures et un quart ; la femme sortant sur le midi pour aller. se promener, et rentrant une heure avant son mari : cette dame n'ayant pas de bonne et ne voulant pas faire elle-même sa cuisine, on fait monter le dincr de chez le pâtissier-traiteur en bas.

A côté, deux dames : la mère et la fille. La mère est veuve de son troisième mari : elle se remarierait volontiers si elle en trouvait un quatrième, mais comme elle frise la soixantaine, il est probable qu'elle n'en trouvera pas. La fille n'est veuve que de son premier; mais elle semble disposée à marcher sur les traces de sa mère. Il y a comme cela de ces familles où les maris ne font que paraitre et disparaître.

A côté encore : un vieux monsieur seul avec sa bonne; c'est un Allemand, M. Bugle, ancien négociant, retiré des affaires avec de la fortune, mais ne sachant pas l'employer, non qu'il suit trop économe, non qu'il soit avare, mais après avoir constamment travaillé, ne sachant comment dépenser son revenu, le gros Allemand passe sou temps à se promener sur le boulevard Montmartre, en fumant son cigare, marchant constamment dans le même espace, s'arrètallt de temps à autre pour regarder les passants, et répétant continuellement à ceux de ses amis qui lui disent bonjour : - Che m ennuie!. che m'ennuie peaucoup. che n'ai rien à faire, c'est empètant!.

Nous voici au quatrième étage : là ce sont des logements de garçons, aussi allons-nous en trouver : A gauche demeure Gaston Durandal : c'est un jeune homme do vingt-trois ans. Joli garçon, taille moyenne, cheveux châtains, air doux et même un peu timide, mais qui prend de la physionomie lorsqu'il s'enhardit et ose être un homme. Ses grands yeux bleus n osent point encore se fixer longtemps *ur une femme, quoiqu'il les aime beaucoup, ou justement parce qu'il se sent très-t-nelin à l'amour, et que la vue d'un joli minois le trouble et l'émotionne au point de lui ôter tous les me yens, et malgré cela, gai, aimable, spirituel, toujours disposé à rire et à s'amuser.

Gaston n'est à Paris que depuis dix-huit mois. Il a qnitté Orléans, sa patrie, après la mort de ses parents. Il est venu chercher là Paris ce qu'on y cherche toujours, la gloire et la fortune car il était déjà un peu poëte et comptait sur sa plume et sur le théâtre pour devenir célèbre. Mais en attendant qu'il eût trouvé la gloire, qui ne se prostitue pas au premier venu, et de la fortune qui se prostitue quelquefois, mais se gagne difficilement, il avait rencontré le plaisir; à vingt-trois ans, c'est ce que l'on trouve le plus aisément à Paris.

A côté de Gaston Durandal, loge Alexan ire Grandmoulin. Celui-ci a vingt six ans; il n'est ni beau ni laid de visage ; mai.. il est grand fort et bien bâti. Loin d'avoir l'air timide de son voisin Gaston, Alexandre porte la tète haute, il a le regard hardi, et ses yeux noirs qu'il ouvre autant que possible afin de les agrandir, se fixant sur les jolies femmes d'une façon qui quelquefois les fait rougir. Ce jeune homme est persuadé qu'il faut avoir -'air audacioux pour faire des

conquêtes; il n'ist cependant m tat, ni préienlit ux ; aussi, a part ques défauts qui tenaient à sa mauvaise éducation, Alexandre Grandmoulin était un tort bon garçon, tout disposé à obliger quand il en trouvait l'occasion.

M. Alexandre Grandmoulin fait le courtage en h.rchandises, mais négligeant un peu trop les affaires pour le p asir, paresseux par goût, flâneur par passion, et dormeur avec délices, il aIme à être bien mis, à avoir toujours un habit à la mode, mais n'a pas encore pu parvenir à mettre de côté de quoi s'acheter une montre, même en argent. En revanche, comme sa fenêtre est au midi, il a dessiné ua cadran solaire et planté son indicateur au-dessus de sa croisée, c'est là qu'il va voir l'heure lorsqu'il a quelque rendtz-vous. n.

Après la porte du bel Alexandre, vient celle de M. Alcibiade Colli, net; celui-ci est un petit ronx tirant sur le puce, figure assez fine, trop fine peut-être; il y a du renard dans son regard et du singe dans son sourire. C'est un garçon tout mince, tout fluet, qui a du mieilleux dans les manières comme dans les paroles. Il est à peu près du même âge que le grand Alexandre, mais quoiqu'il aime aussi le plaisir, d ue néglige pas ie travail ; il est clerc d'huissier, il veut arriver et il arrivera.

Celui-ci est très-serré sur la dépense; il possède uni montre, mail