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Titre : Le problème des forêts, au double point de vue physique et social / par M. Ramon de La Sagra,...

Auteur : Sagra, Ramón de la (1798-1871). Auteur du texte

Éditeur : impr. de Lacour (Paris)

Date d'édition : 1850-1855

Sujet : Forêts

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb307447996

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 8 p. ; in-4

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Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k62412s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, Sp-13178

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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~.LE'PROBLEME DES FORÊTS ~x AU DOUBLE POINT DE VUE PIIYSIQUE ET SOCIAL

M~M~W mE <jA. ~ASKA,

Con'espo:~nt(ie J'tnstitut,. députe aux ConTÈs, l'un des vicc-prcsif'cnts de i'Afudcmic ]t!)tipna)f.

l'')NFH)Et<CEMSFOKÉTS.

..On a beaucoup parte, dans tous les pays, des craintes de manquer de combustible et .(JpbjOis de construction.acnuse des défrichements successifs qui s'opèrent. Mais l'a(idption d'une sa,B;e. pratique dans l'exploi'tation forestier' t'étendue que prend l'usage déjà' houjtte et du fer, les découvertes de ~nouveaux combustibles. de nouveaux systèmes de chauffage, de nouvelles méthodes pour produire ta chaleur, doivent déjà rasrurer les esprits à cet égard. Sous ce rapport, ~'s anciennes alarmes ont si complément 'disparu en France, qu'aujourd'hui les ~dangers sont d'une ttaturc toute contraire. /A peine se sont écoutées queiques années depuis l'introduction du fer dans les con.structions et du comhustibtc minéral, et on cherche dej~ tes n'oyer.s de sauver les forêts

et tes propriétaires de bois des effets désas-

frcux de cette concurrence redoutable. 'M.Bëcquerf'h dans son remarquable tra–vai)sur!a situation de k)j)!opriét6 forestière dans l'intérieur de la France~), a démontre 'que dans iaiuttequi existe entre le bois et ')ahoui))e, ce dernier con)bustib)e tend sans cesse à se substituer au premier dans les 'usages domestiques, et que de ià ré'suita Mme o'epr<e«!<tott !)n*<<aM<e dans la valeur des fonds de boise! une disposition a des dëfrichements inconsidérés et menaçants 'pour t'avenir. Uen déduit la nécessité d'aviser aux moyens d'arrêter la prépondé'r'anoe, trop marquée, de ta houiite sur le (1) Mémoire d'agt'ic., année 1S53, ~rc partie, pagcMii.

bois. En effet, les prix de vente de cetui ci pont tombés. car sa consommation diminue progressivement. H y a prcs d'un an ()) M. Dupin démontrait devant !a Société centra)e d'agriculture que, depuis t8~(~à~8a~. ia quantité de bouitte vendue à P'<ris avait se.cittpM, tandis que la consommation du bois avait diminué de mo~te. Ces calculs luiavaient dejàfait demander dans le comice agrioo)edeCtamecy (5) Que sera-ce donc, < si le mal, allant toujours en augmentant, t arrive bientôt à son dernier terme? Que < deviendra la propriété eiie-méme, frappée t d'interdit, puisque, en même temps qu'on la surcharge d'impots en tout genre, ia « ioi défend aux propriétaires de défricher « leurs bois? Cette perspective est déso< tante, elle prépare à notre pays une situation into!érab!e. n

Nous dirons en passant, sauf a le démontrer plus loin que nous ne partageons pas les craintes de nos honorabtes et savants collègues de ia Société d'agriculture; car nous avons une confiance absolue dans les remèdes qu'apportera la science. Si en quittant la France, où les esprits sont préogcupés par ta diminution fâcheuse qu'éprouve la consommation du bois, nous portons notre pensée vers d'autres pays plus ~u moins éloignés, nous trouverons le problème posé et examiné sous un point de vue tout contraire; ear!o, loin d'exister de lutte entre le bois et la houille, on la désire et on la provoque. !Jne progression énorme dans la consommation du premier fait regarde)' la seconde comme une ancre (1) Séance du M mtti )853. (3j )d. 5 sept. M6~.


de salut pour le naufrage. C'est ainsi qu'on reclame d'un côté des mesures énergiques pour arrêter la destruction des forêts, et d'un autre côté des encouragements puissants en faveur du boisement des terrains incultes et arides. Qu'on examine les ta. bleaux désolants qu'offrent tes vntes contréesdet'Asio'Mineure,detaPprse,dcta Grèce, de l'Italie, du centre de t'Espasne. du )ittora) do t'Afriquo, et on sera force d'avouer que ces pays se trouvent sous d'autres conditions économiques que c''t!es detaFrance; car dans toutes tes susdites contrées, la destruction de la végétation forestière à donne ses fruits arides. Les gouvernements auront bien de la peineàreparer le mal et la science sera bien embarrassée pour dicter les régies réparatrices de la pratique à suivre. En allant plus loin, en traversantt'Attantique, on voit s'opérer le déboisement et le défrichement sur une immense échelle partout, ta flamme et la hache précédent la culture et la civilisation apportées par les légions émigrées sur ces régions vierges, sa)~squo tes questions que nous agitons dans le vieux monde viennent seulement à l'esprit des individus ni du gouvernement. Quant aux craintes qui existentdans divers pays, de manquer de bois pour les constructions civiles et navales. elles ne sont pas mieux fondées que les autres. La substitution progressive do la fonte et de la tôle, les procédés de conservation du bois, pour augmenter la so)idité et la durée, une disposition architecturale plus intelligente, et les savants principes que les administrations forestières peuvent déjà mettre en pratique, sufËsent pour rassurcr comptétement ceux qui craignent que les bois pour la construction puissent manquer en France ou ailleurs. Ce qui a lieu déjà doit rassurer sur l'avenir. Voyez les grandes constructions civiles en fer; voyez la prépondérance que prend la marine à vapeur, qui exclut les grands mâts. En vérité, 1 la diminution de l'emploi du bois n'est pas à regretter. lorsqu'on contemple tes merveilleux cintres en fer de l'immense voûte du Palais de l'industrie, et lorsqu'on porte ses regards vers la mer Noire et la Baltique, pour prédire la victoire aux flottes alliées, où dominent les forêts de cheminées sur les flottes ennemies, qui montrent encore leurs forêts de mâts. Tout porte à croire que

la navigation àta vapeur sera substituée Mrtoutatanavigationavoites.etquete vent, comme force motrice, deviendra inutile. Ce grand changement dans l'art maritime s'opère aussi par l'effet d'une autre grande révolution dans l'industrie qui tend asubstituer les créations de l'intelligence aux forces naturelles primitives de l'eau et du vent On cessera de les employer telles qu'elles sont, et on préférera les utiliser plus avantageusement, soit comprimées, soit di!atces, au moyen do machines admirables. Du reste, sous ce point de vue et sous celui du combustible, il existe un fournisseur prévoyant contre toutes les détresses imaginables. et ce fournisseur c:est le commerce <)'fe'nettr. Qu'on regarde ce qui se passe en Angleterre, qui n'a pas de forêts, et qui cependant a une marine marchande et militaire bien plus considéraMe que celle de la France.

Le problème de la dépendance où ce moyen d'approvisionnement mettraitle pays se rapporteaun autre ordre d'idées, dont l'examen nous éloignerait inutilement du sujet qui nous occupe. M. Raudot. du reste, a parfaitement expliqué, dans une récente séance de la Société d'agricuiture, ce qu'il faudrait faire pour satisfaire les besoins de l'État avec les arbres du pays. Pour moi, il est incontestable que les forêts séculaires, dont ta conservation est recommandée par tout le monde, seront encore debout, lorsque les progrès administratifs de notre époque auront détruit les barrières fiscales, aussi nécessaires dans un temps qu'insoutenables dans l'avenir.

De la contestation du fait de la concurrence redoutable que le fer et la houitte font au bois, on est passé à ta crainte que ces deux substances minérales puissent arriver au terme de leur durée, dans une époque moins éioignée qu'on ne lo pense généralement))). Nous non plus, nous ne partageons point ces alarmes car en admettant même la possibilité de t'épuisement des minerais de fer et decharbon (hypothèsevictorieusementcombattuopar M. Combes), nous nous reposons sur les conquêtes fréquentes de la science, qui découvre de nouvelles substances métatiiques et combustibles, des moyens de rajeunir les vieux fers, de se pro(t) Opinion de M. Brongniart.


curer de la chaleur, des procèdes ingénieux pour profiter des immenses quantités de calorique perdues aujourd hui et qui sont de beaucoup plus considérables que celles qu'on utilise.

Après avoir examiné le probiéme des forêts sous le point de vue des produits, bois et combustible, qu'ils fournissent, nous altons dire deux mots sur les intérêts individueis qui se trouvent compromis. M. Becquerel a fait ressortir parfaitement que la loi actuelle p)aco les propriétaires forestiers en France sous un régime qui no tend à rien moins qu'à porter irrésistiblement les particuliers au défrichement, a(in de faire rapporter au fonds de terre boisée le même revenu qu'au fonds de terre cultivée (Mem. cité, page 411). Ce savant montre aussi la lutte incessante qui existe entre le principe conservateur des bois, recommandé parles loisdela prévoyance, etles besoins de l'intérêt particulier et des progrès de la population croissante. Il affirme même que la !égis!ation ne peut rien lorsque des causes si irrésistibles pous''ent à la destruction des bois (id., page 412). L'année dernière on a discuté aussi, au sein da!a Société d'agriculture, sur les moyens de mettre un terme il la dénudation nuisible des pentes rapides et à l'entraînement du fo) végétai; M. Nadault de Buffon a cxpUqué a ce sujet tes obstactes immenses qui entouraient cettequestion au point de vue pratique notamment par suite de la difficuhe d'imposer aux propriétaires du sol, sur les versants des hautes montagnes, )obht;!)tion de remplacer des pâturages pro~Mc~/t' par de ~KMM bois coûteux à établir, presque impossibles à conserver, dans les premières années, et généralement sans valeur dans ces contrées (séance du 5 janvier !8.'i5).

Si, sans sortir de cet ordre d'idées, on continue les recherches vers les rapports qui existent entre les conditions de conservation et la manière d'exploitation que demandent les forets, la constitution de la propriété territoriale et les lois des successions et des héritages dans chaque pays, on voit surgir bientôtde nouveues difficultés.M.Dupin (1) a fait un résumé si vif, si concis, si incontestable, de la nécessité de l'intervention de l'Etat dans l'usage de la liberté in(1) Séance du 10 mai 1554.

dividuefie, qu'en vérité, et ma!gré l'anathème lancé par son honorabiecoOèguc M.t'assy,~M6<'(;f/!)tt'H~<«<t'o;t~Mtoi:pa)' r~a<.c'M<oet'a~'sme!t),onestbien tenté de devenir socialisteàce point de vue. Cequiestcertain,c'est que ce genre d'investigation j'ourraitconduire peut-être p)us!oin que t'Ot ne voudrait et oùjemegarderais bien de mener la question. Mais il me sera permis de dire. par voie de digression, quetques mots qui expriment les conclusions de mes études. Dans la liberté de l'exploitation des forets, ainsi que dans toutes les autres bbertésindividuenes, l'humanité est passée par les mêmes phases, i'remirrement, t'exercice sauvage; après, l'exercice reg!é par t'autoriie, qui,étant alors acceptée par tous comme légitime, n excitait pasi'opposition ou la protestation; après. les concessions successives de l'autorité à l'opinion plus éclairée; après, la conquête delaliberté, soumise cependant aux conditions de t'utitité générale,iesqueues conditions sont rég!éespar)'Etat.C'est dans cette période quo)'humanité se trouve en industrie,on agriculture, en politique. Les individus se croient en droit d'user des fibprté': qu'ils ont conquises, tout en respectant t'intérét général. Mais qui est-ce qui détermine cet intérêt généra)? L'Etat ou les individus? ici commence la divergence des opinions en industrie, en agriculture, en politique. Anciennement, le principe de l'intervention de l'Etat i'était contesté par personne, parce que t'autorité a été supposée et acceptée infaillible. L'autorité d'aujourd'huin'apas ces attributs, et de )à)es oppositions, les protestations. Dans le sujet qui nous occupe, nous pouvons heureusement faire appel à une autorité infaillible, irrécusab)e, à laquelle les individus ainsi queies gouvernements rendront un juste hommage. Cette n~torité sera celle ue la science, lorsqu'elle aura form')!e ses ayréts définitifs; ça:' c'est à elle seule de 6xer la sage pondération qt'e réoiamait très judicieusementM.Dupin.dans tous tes intérêts. pour concourir à i'intérétpubtic.Nous dirons bientôt à quelle hauteur se trouve la science. Il nous reste encore à examiner la question sous un autre point do vue, celui qui est refatifà~a conservation des forêts de l'Etat (t)P.apt'or!.surHiqm.'ënun.


comme sourcede revenu publie.Vous savez parfaitement ce qu'elles rapportent au trésor de taFrance.et.par contraposition, à la statistique des délits; vous savez aussi quel grand soulagement offrent, à quelques gouvernements de tÂttemagne,tes revenus des forêts et leurs prévoyantes et considérables réserve:Ma'ssivousapprofondissiez la question, vous vous trouveriez entraînés a des conclusions que probablement vous n'accepteriez pas. Du reste, l'assiette de l'impôt sur le revenu des forêts ne doit pas servir pour outrepasser les limites rationnelles de ce genre d'exploitation; car ces limites, ainsi que la position relative des forêts, dépendent d autres considérations étrangères aux principes fiscaux.

Nous avons parcouru, très rapidement sans doute, mais suffisamment pour vous, qui connaissez tous tes aspects du problème, ceux qui se rapportent aux considérations économiques, législatives et financières; et nous n'avons vu sortir de cet examen que contradictions, anomalies incertitudes et même impossibitités. 2° NÉCESSITÉ D'EXAMINER LE PROMUE DES FORETS SOUS UN M1KIBEVCE PLUS GÉNÉRAL. Par ces réCexions, j'en veux venir à une conclusion que je tâcherai de dévetopper dans le cours de ce mémoire, savoir, que si on se laisse guider par les considérations qui résultent de l'étude d'u" pays isolément sous le point de vue des iufluences respectives du déboisementsur le climat des contrées. de l'abondance ou de la rareté des combustibles, ou du bois de construction, ou sous l'aspect des avantages plus ou moias grands que le propriétaire retire des terrains boisés ou des terrains non boi sés, ou des profits que l'exploitation forestière peut donner au trésor; en un mot, que si le problème générât. complexe de l'existence, la position l'étendue et la conservation des forêts, n'est examiné qu'en vue des besoins locaux de chaque pays, on ne parviendra jamais à le résoudre de la manière que t'exigent les intérêts de l'humanité car cette solution ne peut être obtenue que par l'examen du problème sous !e point de vue de la science en générât. Vous voyez qu'en éliminant de i'équation du probième toutes les quan-

tités ou les terme;; indéterminés auxquels je viens de faire attusion,Une resterait que les quantités dignes d'y figurer. Ces données essentielles dans l'équation du problème des forêts sont relatives an climat, at'agrieuttureetàt'hygiénepuhtique.que je vais passer en revue très rapidement. C'est sous ce triple point de vue quele prob!cmo complexe de l'existence des bois et ceux du hotsementet du déboisement, qui s'y rattachent, méritent, à mon avis, d'être examinés, discutés et résolus, au moins en théorie, par une société savante. Je dis résolus QMMto~se~~Aëo~tC, parce que je ne crois pas que la génération présente puisse atteindre les moyens de mettre en pratique les principes de la science; car, comme j'espère parvenir à le démontrer, d'une part la durée d'une génération déjà adulte est une période extrêmement courte pour de pareilles entreprises et de l'autre, il manque encore les données et les observations précises pour formuler le code forestier rationne),dontia mise en pratique doit procurer toutes les conditions que je vais indiquer.

Mais avant d'entrer dans ces détails, il me semble que la clarté de la discussion exige de la faire précéder de quelques considérations, très sommaires, sur les divers aspects, commeles forêts doivent être étudiées pour parvenir à baser la pratique qui les concerne, et a subordonner aux principes de la science les conditions économiques, fégistatives et fisca)es que nous avons énumerées. La pratique du déboisement et du boisement recommandée sous le point de vue des intérêts locaux est encore un reste du système d'exploitation empirique de la surface du globe, pendant laquelle les hommes isolés ou les familles collectives qui leur ont succédé ne tenaient pas compte des conséquences de leurs travaux envers tes générations futures car i'utitité immédiate, individuelle ou tocate, était leur seule règle de conduite. Les conséquences deviennent alors forcément incertaines, et elles peuvent même devenir nuisibles, parée qu'aucune vue étevéa ou transcendante n'a présidé à l'exécution. En référant ces réflexions au sujet qui nous occupe, il est évident que l'existence des forets ou leur destruction partielle ne sont pas indifférentes aux conditions physiques ou hygiéni-


ques que''agncntture et la santé des popuiationsdemandent.Parce):) même,on nedoit pas les laisser soumises à des rcg)es incertaines on cnntraftictnires.dictées par tes intérêts restreints ou t'go~tt's.individuels ou )ocaux;caree système,véritab)ementanarchique., doit avoir pour résultat deschangements désastreux dans tes conditioris agronomiques et hygiéniques des contrées. Les forêts naturettcssetromentétroitement fiées par la nature géo)ogique(k) terrain et le climat des régions.avec les es'pcccs d'arbres qui les constituent ou qui y prédominent. L'étude comparative des zones forestières sons 1" triple point de vne de la situation géographique et orographique, de la constitution géologique du sol et do la nature des essences, a été déjà faite dans divers pays; e!)esrésu)tats décès recherches ont fourni aux savants un certain nombre de principes, que je n'ai pas besoin de mentionner ici, parce qu'i)s vous sont parfaitement connus. Je les rappene seulement pour faire ressortir lit ((ependance immédiate où '-e trouve le problème des forêts, que nous examinerons, des grandes lois du monde physique.On peut tirer la conséquence que bien des fois c'est à tortqu'on supprime de la production forestière naturelle et spontanée, des terrains impro pres A la cu)ture car même. sous le point devuederintéretindi\idne),i)yaurait plus d'avantages à se contenter du produit assuré des bois, que de se hincer dans les spécu)aiions incertaines de la cu!ture. Je ne m'occuperai pas ici de la divergencedcs opinions qui a paru exister un moment entre les savants ao sujet de l'influence des forêts dans le climat des contrées; dissidences qui se sont reproduites aussi au sein de l'Assemblée législative en t8St ()), mais qui ne pourraient se renouveler après l'examen comparatif des travaux de MM. de Humbotdt et Boussingault, en Amérique; de M. Hardy, enAfrique;deMM.deSausureetdeLaRive,en Suisse, et après le résumé remarquable et (1~ Des climats.<1c!')nnufnceqn'exercent~ssr,)s boisés et non boisés.Sur le même sujet,o!ipe~t,th'c tes comptes-rendus dei'Aeademiu des sciences.décembre 18S3; le BuHe!]n de la Société cfntt'a~;d'agriculture, séance du 5 janvier 1853, les séances de l'Assemblée législative, décembre :853; la Presse, fc)]ittctondu.2Sdéc"mb)'e1852.

conc)uantde".Becquere)()).Dansres faits bornés, on ne voit pas, il est~r.u. sur:ir du déboisement et du f'éfrichcment des rna!adics ou des épidémies; au cnn. ti'.)irp.))!en des foisccsopFr.ttions deviennent bienfaisantes ~nui'Li contrée; ~H.'ji-. elles produisent. incontestablement, (tes modiucationse)imatoiogiquesdans!'atfno. sphère. hygrométriques()ansieso). tes changements dans !e cours et )e séjour des <anx)))nviatesetCnv~d('s.qu'onne{!oit pas opérer san' rcg!e.sans mesure, sam. prévision aucune, se !aissantscu!e)nent guitterpartesbesoinsindividuetsouiocan; Lorsqu'on s'occupe <)edéte'miner i'inBuence des forêts au point do\ue que nous venons d'indiquer, point de vue qui se rattacheaia grande série des faits seneraux<!e)aphysiquedugiobe.on est force. par tanature même du problème,dei'etudicr en dehors des )oca!ites restreintes, des circonscripti0!)spoii'.iquesartincienesappe!ees nations, des surfaces, enfin, d'une étendue presque irnnerceptih!e dans ta carte genera!edugtot)e.EneHet.etpar)amëmH raison que les phénomène ciimatofogiques et hygiéniques ont lieu dans tatotahte de i'oceanaériff), en contact par ses couches inférieures avec la surface de notre pianote ils doivent être étudiés sur une écheiie très vaste, torsqu'ouve~t découvrir les causes de leurs modi~cations et de leurs perturbations. C'est ainsi qu'e))es étaient présentées par frustre Ara.;o; c'est ainsi (ju'onadeja commence a étudier, dans ie premier congres maritime deBruxe))es,!e problème des courants atmosphériques,qui se rattache auss. a cciui des forets, mais qui, à beaucoup d'ég&r~.s, n'est pas si comp'exe. Outre les effets c!imatoiogiques(t hygiéniques en générai, tinnuence d);s terrams boisés et non hoisésaéte examinée sous le point de vue des inondations. et,ace sujet, je pourrais ein.rer dans l'ordre de mes réilexions précédentes, pour démontrer )'impossi!)iiité qui existe de mettre un tennea ces travaux désastreux, tant que le problème sera eximnaé au point de vue des tocantes; car-cuvent les inondations procèdent des déboisements inconsidérés, faits dans des contrées étoiguées et appartenant à d'autres nations.

(9) Di·cnss:on an sujet d'une ~rnposi«un, etc.


La desiruction des forêts, vous le savez mieux que moi, est d'autant plus permaeuse que son remède. le boisement, est plus difficile et souvent impraticable, parce que, outre que l'ensemencement et la plantation des arbres sont incertains et fhspendieux. les obstacles s'augmentent sur une grande échette.lorsque tes condi-! lions géologiques du sol ne sont pas analogues à la nature des espèces. C'est à cause de cela que le plus grand nombre des essais entrepris p..ur remplacer d'anciennes torétsn'ontreussiqu'àconstateria nécessiter des conditions primitives.geotogiques et c!i-!matotogiques; e)~s ont été employées suc- cessu'ement par nature, pour opérer i'ha- Mf!ementvegéta) de )a surface <Ju§)obe, quia a commencé par tanuancetegëre des mousses et des tichens.jusqu'à arriver aux épaisses! nappes verdoyantes qui garnissent les ptai- nes et les montagnes.C'est par des moyens tentsetprogressifs, toujours dépendants des variations opérées dans i'océan aérien et dans la croûte du globe, que la nature est parvenue à dévetopper ces magninques zones forestières que l'homme détruit dans son ignorante imprévoyance, et que )'DO,i!-i me doit rétaMir, avec l'aide de la science, dans une vue intetiigents de culture, de '.atubrité et da civilisation. Mais, soyons con- vaincus que les changements opérés sur la surface du so), par te travail anarchique et égoïste des générations passées, agiront longtemps contre la pratique des saines! doctrines, comme un péché originel de l'ex- ploitation barbare qui demande ia rédemption par 1a science.

A ce sujet, on a cherché à aité-f nuf'r les craintes, en présentant quel- ques exemples de boisements opérés par la conviction des mauvais effets du défriche- ment. M..Moitarépondnàces citations (1) pard'autrcsbienpiusconctuantes.t'ourma part. je me bornerai a citer les nombreuses contrées de t'Espagne où la funeste habitude du déboisement, commencé dans les époquesbeXiqueuses, a laissé enracinée une telle prévention contre les arbres, qu'un simple buisson est attaqué avec autant de rage qu'un sanglier. Les habitants donnent pour prétexteàteurhostitité contre tes vé- gétaux ligneux, qu'ils donnent abri aux !i)S6MCesdehSoc.cent.d'ap'iM)tNrf',n)')itS3(.'

moineaux qui mangeraient quelques kilos du blé de la récolte.

Lorsqu'un pays parvient à un état pareil acetuidesp)ainesdetaViei~e-Casti))e, tous les efforts des hommes éclairés et des gouvernements se brisent contre les obstac!es, presque insurmontables, des préjugés vulgaires et des conditions dénaturées du sol et de l'atmosphère.

D'après tout ce que je viens de dire, il me semble démontré que les probtèmesdetaconservation des forêts, de leur étendue, de leur nature, de leur position absolue et relative, etc., etc., ne sont pas des problèmes simples, mais extrêmement complexes, parce qu'ils se rattachent directement aux grands phénomènes de la géographie physique,de la géologie, de la climatologie, de la grande cutture, de t'hygiene publique, et indirectement à l'économie sociale. En effet, on ne saurait examiner en détaii un seul de ces vastes problèmes. sans être bientôt embarrassé par les difScuttés insurmontables qui ressortentda.t'iniluencode toutes les causes que je viens d'indiquersommairement. Pour bien saisir ces rapports intimes, ii suffit de considérer un moment les principales influences que les déboisements opèrent, et les nouvelles conditions qui en résultent pour le sol, pour l'atmosphère, pour les eaux. Divers savants ont prouvé que la destruction des forêts esttoujours suivie dechangements notables dans l'ordre et l'intensité des phénomènes physiques, dont l'influence est incontestable sur la richesse du sol, sur la production agricole, sur la santé des hommesctdes animaux, Mais à peine on s'arrête pour apprécier l'étendue de ces effets, on s'aperçoit qu'ils ne restent pas bornés ou circonscrits dans une contrée, mais qu'ils s'étendent immensément à des régionsétoignées.quipartagenttesconséquer.ces fâcheuses du déboisement. C'est de ce moment que le problème prend ces grandes dimensions et la complexité qui le caractérisent c'est de ce moment que les effets du déboisement, d'inaperçus ou d'indifférents qu'ils étaient dans des localités restreintes, deviennent incontestables. Lessivants et les voyageurs qui ont étudié,sur de grandesétendues, les phénomènes de la physique du globe, ont constaté les dépendances mutuelles et perma-


nentes qui existent entre la quantité, la position de< forêts, la nature même des arbres qui les composent, et les conditions de la température et d humidité atmosphérique, la force, la direction des vents, la quantité et la fréquence des pluies, l'impétuosité des courants d'eau, etc., etc. Ces observations, déjà assez nombreuses, suffisent pourreconnaître l'existence des grandes lois auxquettes la pratique du déboisement doit être soumise, pour ne pas entraîner des conséquences fâcheuses pour l'humanité. Et, cependant, l'expérience et l'observation, qui sont une seule et même chose, n'étaient pas indispensables pour découvrir l'ensemble de ces faits complexes; car le raisonnement seul aurait suffi pour déduire a priori que les bois, les forets, les pâturages, les cultures annuelles ou permanentes, cet ensemble de faits qui avec les nappes d'eau et les cours des rivières se partage la surface de notre p!anète, devaient être soumis aux lois de l'ordre physique pour ne pas donner lieu à des perturbations nuisibles aux conditions de!'existenco.Par conséquent, la position géographique, t'étetidue absolue et relative, la nature, les rapports, en un mot, de tous ces faits entre eux, devaient être soumis à des pratiques dépendantes des lois souveraines qui régissent le monde. Mais t'intettigence humaine n'agit jamais a priori; elle a besoin de )'e;q)<)'MN<!e des résultats, pour se corriger de t'tHM~rt'enM du raison<iem<iH<.

3''DtFFtCCLTESMDETËIHl!!<EKLESFMnQNES MLMtYM AUX FORETS. COMPHCATtO!< DU rMBLEME PAR LES MNSmMATMNS MONOtnQtiES ET LÉGALES.

Quelles sont les lois à suivre dans la pratique des forêts? Quelles sont les limites quele déboisement ne doit pas franchir ? Quels sont les rapports qui doivent toujours rester entre les surfaces couvertes d'eau, dont l'étendue ne dépend pas de nous, et celles des végétations permanentes ou forestières et les cultures annuelles?–Dira-t-on, peut-être Ces rapports, ces <détimitationsdemandéesa)a sciences, ne 'peuvent pasêtre acceptés ou sanction< nés aveuglément par la pratique, d'une 'manière indépendante et en dehors des

'conditions économiques de la population qu'il faut nourrir, !ogér et habiller, des besoins incessants de la ci"i!isation et de 'l'industrie, des icis enfin, qui ont régté <!es droits de la propriété territoriate, des 'successions et des héritages.' p

Ces indications capitales, que je viens df faire surgir exprès au moment même ou je démontrais l'incertitude où se trouvait !:t science, pour fixer les régiesàsuivrodaus la pratique; ces indications,dis-je, \iennentcomp!iquer encore plus le probtcme, avec les considérations tirées de l'économie publique et de !a ]égis!ation. Je ne crois pas qu'i)soitduressortd'unesoeiététe!teque la nôtre d'examiner le problème sous cet aspect, qui cependant attire tant notre attention. Une autre académie s'en emparera peut-être, car rentre directement dans son programme)!). Mon but, dans ce moment, n'est que de faireressortir,do plus en plus, ia comptcxité du probteme. des forets et la presque impossibilité de lui trouver une solution rationnelle, si elle est bornée aux seuls besoins agricoics et locaux. Quefaudra-t-i)()oncfjire,nonpaspou!' résoudre dé6nitivemcnt.!e problème des forêts, mais pour faire un pas rationnel vers tai=o)ution?Quefaut-iifaire,aumi!ieu!dts incertitudes et des intérêts contraires qui dominent, lorsque la science n'est pas a même de déterminer les règles de 1" pratique A. mon avis, le sage parti il prendre, comme préiimiîtairc aux gran<)s travaux d'ensemble qu'on fera plus tar'.). c'est de constater le fait exact decc~utct! oe<MeHeme)tt;car, sai!SCf!a, on ne parviendrajamaisàreconnaitre ce qui doit être. On a annoncé, dans la Société d'agriculture, comme une chose positive, une enquête que )c gouvernement se proposerat d'entreprendre,avant d'adopter aucune détermination )égis)ative sur ta liberté de i uxploitation particulière des forêts. Ce serait une me-ure de haute sagesse et d:' prévoyance; car je suis ccrtainque, tics les premiers pas qu'on fera t sur ce terrai.') d'investigation préa)ah)e.onso trouverait dans la nécessité d'étendre te plan et de sortir des limites delà France. A!ors.)'' ())L~mme[idecas~r:mdsp['obt&mcscomp~x' appartient inconstestabtnmeiif.) t'Ac;mie des ~ci<)cesmot'atesGtpolitiqi)e~det'fns:~ut.


prob!ème pratique commencerait à prendre !c.; grandes dimensions du pr6b)eme théoriquc,eti!ortir.)itdc)hunpdec!sio!)d6- (initit'c, qui engagerait les autres Etats.) à suivre tam~ncYoiepourcbncourh'a !a .~o!ntion'jui intéressa i') us !es pays. [test hiL'ntem,)Sf)ue les nations consacrent quelques gtanu's travaux d'enscmb!e.dcsfjue! dépend i<;<yt((M''ep/iy.<jfMe,tout en continuantàs\)ccut~rduproi)]einep!us bruyant, )naispasp!usutiie,de)'('~N(Mre;)oi't<i}M< Ln restreignant nos !'ef]e.\ions dans !c cerc)c de !ascience. nous persistons cependantadirequc)c-investigations pl'einuinajresn)ar)''soiuti():i(!upro))!('n)edes forets duiyentsortir de'enceintes cu;)Yen. tionnenesdf's nations, et etrefaites dans une grande eehe! sur des zones vastes où l'on puisse embrasser dans son cnscn)bteics fait-()c!a formation geo)ogi(~ue. de)aeunstitutio!i orographique, des co'.)rantsannusp!teriques et des lignes isnt!)ermes. C'est seu)eni"nt après que lu statistique ct!ascieneB!)uronteonstate et determine ~c~t'.s/et fëfy;o~~<f; dans iaqucstiL'nde/'Mt'i, qu'on pou!'ra essayer de résoudre k'spio!)!en:"s de f~'ot'i ():)e nous avousindifjue.au'.si. et qui sont re!atifsa!aproprietedesfo'"etsetf!Li!ii)er!e du defriche!nent, parce que c'est unifjnfment do tjconnaissanceprécise,exacte, desreg)esasuivre,eidetermincespar)a, .'ctf:ee,(pte doivent ressortir les me-ures' !egt<)aiives.En en'et,par ce moyen logique,! uuparviendraadesn'suitais satisfaisants dan-, tous!s pay.En dehors de cette voie. on restera toujurs dans la même incertitudequ'euFrance,nonobstant les intéressantes discussions législatives de )789, !~9!, t8Si, et t'immene richesse de lu- utieres répandues partes congres et tes académies.f.aiiberte du defrichemcfttreste encoreune vérité~ <<u~. et une source d'embarras dans/<ti«.ais ma)heureusen~ent!) science, de iaque)!e tout dep.'nd pour t'avenir, est encore dans !'cufa.)Ce a i'ega~'d des connaissances préa)ab)es qu'exige )aso'iUt~on du probteme des fo- rets.Edecst.'jienparvcnncâdetcrminer,par

exentj)!e,d'une maniereabso~ue,t'influence

des forets dans ]es conditions ciimatotogiques de ['atmosphère,dans iadirectioa, I~ t'intensite et la température des courant. d'au'dans )ese:u'.p!uvia!es et Uuvia!es,

dansia salubrité des contrées, etc. Mais lorsque de ces découvertes de ces principes généraux, on veut déduire les régies ponrrétab)ir)es conditions rationne!.)ës que

nousa't'ohsénuméréesdifîérentes'foisdans' $

ccménioire.onestforcéatoriices'arrétër' a la simple déduction <!e-. préceptes absolue etthéoriques,parce que rappiication~'pm-' tiquesupposc et demandeaia science.un ensemble de données statistiques, qui [na)hcnrcnsen~cntn'ontpasencoreétéréunies, nintcme for.nu)ces.pour)a\'aste étendue du sol qu'il:! doivent embrasser; car, et nous nesHuri'ns)e repéter assez, cet ordre d'in\'estig!'{ions doit sortir du cerc)orestrëintd'ur.ënation.

Co~cL)'s:o~. A mon avis. )e grand probtcme 'des forets, dont la réso)ut)on~n'!nteresse pas sf'ntcmfnttaFrance,mais toutes ).'s nations.non-scnteutcnt la génération actnc)!e,mais iesgcnérationsavenir,ne peut être bien posé et convenablement résout qu'apresavoir fait un grand nombre ds recherches et avoir réuni un très grand nombre de données statistiques, consignées ré~n!ieremcnt et con~par~tivcment dans des cartes et tabicauxorngr.'phiqnes,géo)ogiqucs, forestier-, agricd!esctc)imato)ogiques <!c tontes les régions possibies à explorer. C'estatorsqne.~ansdcs congres suecessifsdc savnnts(!e tous les pays civilisé-,on pourra discuter pour parvenir à la détermination préeiscde)arég)oàsuivre.a8nderétabnr, de !a manière )a p)uscon\'cnab!e, les zones (JRh.végé~atiorjpetnKtuente.et.tescuiiurës annue!!es, eu égardatoutes)es considérations que nous avons indiquées et que la scienCL' recomms~idc. far CM moyens on parviendra a posséder un code t'ationnet dexp)oitationdetasurfacedug)obe,qni ('sUepatrimoinedei'humanité.c'est-à-dire (!e)a génération présente et d.'s générations à venir.

:Vou.vO)'czquej'embrasse ta question soûs)!'Sj)Oints()evue«~)'teo~et.!oeM<:Ua fois.et.souscedcrniernspect.ouspouvez découvrirson'otémorni;cariiyaundev()ir,nnur)ngénérationactuef)e,derépa!'ër ~moy~~e~s~Me~ science héritée en grande p .rtic de nos an- cétres;i)yaun devoir,dis-je,de réparer. !es erreursqu'i!s ontconimises, pour Jéguer te même patrimoine, amé)iorê,; aux générations futures. '<