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Titre : Historiques du 44e régiment territorial d'infanterie du 1er bataillon de marche du 44e R.I.T. et du bataillon de G.V.C.R. du 44e R.I.T. : guerre de 1914-1918

Éditeur : Barnloud (Laval)

Date d'édition : 19..

Sujet : Guerre mondiale (1914-1918) -- Histoire des unités

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb425683745

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 64 p. ; 22cm

Format : Nombre total de vues : 76

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GG14182

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6236843w

Source : Service historique de la Défense, 2011-322539

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/07/2012

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b iUERRE de 1914-1918

HISTORIQUES 1 - DU k 1 44e Régiment Territorial d'Infanterie J.

du Ier Bataillon de Marche du 44e R. 1. T.

du Bataillon de G. V. C. R. du 44e R. 1. T.



GUERRE de 1914-1918

HISTORIQUES DU

44e Régiment Territorial d'Infanterie du 1er Bataillon de Marche du 44e R. 1. T.

et du Bataillon de G. V. C. R. du 44e R. 1. T.


GUERRE de 1914-1918

HISTORIQUE DU 44° RÉGIMENT TERRITORIAL D'INFANTERIE

SOMMAIRE

A. - FILIATION

B. — VERDUN. - COMBATS ET TRAVAUX ORGANISATION PREMIÈRE.

AGUERRISSEMENT.

FROMEZEY (première affaire), 5-6 avril 1915.

APOGÉE D'ORGANISATION.

AVANT LA RUÉE.

VERDUN EN DANGER. — AMALGAME.

RETRAITE IMPOSÉE.

REMONTÉE EN LIGNE.

COMMANDEMENT BOULANGER.

COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF.

COMMANDEMENT BOULANGER (suite).

LA « VOIE SACRÉE ».

« LE ROI DE L'ARGONNE^.

C. — L'AISNÇ. - TRAVAUX ET COMBATS.

FUSION DU BATAILLON BRANCHARD. — RÉORGANISATION.

HIVER 1916-1917.

VAILLY, COLOMBE, CELLES, NANTEUIL-LA-FOSSE.

VA-ET-VIENT.

D. — DISSOLUTION. — RESUME.


A. — FILIATION.

LE 44e TERRITORIAL A : pour petite Patrie, VERDUN ; pour Parrains militaires : Le 94e R. 1. qui, rentré le premier dans la cité de CHEVERT, après 70, sur les pas des Allemands, à la libération du territoire, l'organisa lors de la création des corps territoriaux, l'administra, l'instruisit pendant un tiers de siècle, lui passant en grand nombre ses Officiers et ses sous-officiers de réserve, si bien que le cadre du 44e gardera toujours la forte empreinte du Régiment de Sainte-Marie-aux-Chênes ; Le 164e R. I., l'un des dix régiments créés peu avant 1914* substitué au 94e pour l'administration du corps territorial d'infanterie - de VERDI;N si ce nouveau régiment, qui ne tardera pas à conquérir, pour son compte, ses parchemins sous la forme glorieuse de la fourragère jaune et verte, mobilisera, renforcerq.

le 44e R. I. T. de campagne par l'organe de son dépôt. Celui-ci, maintenu à VERDUN jusqu'à l'offensive allemande de 1916, restera ainsi en relations étroites avec ses ressortissants territoriaux dont trois lieues seulement le sépareront.

Le dépôt du 164e administrera directement en outre, durant toute la campagne, diverses unités — bataillons, compagnies, sections — portant le n° 44, mais entièrement distinctes du 44e R. I. T. de campagne.

Jusqu'à quel point le 44e Territorial s'est montré digne de ses origines de race et de numéro : la suite de ce récit rétablira.

B. - VERDUN.

Combats et travaux.

Organisation première. — La mobilisation du 44' présente une physionomie particulière à deux points de vue : Elle s'opère en grande partie A CHEVAL SUR LA FRONTIÈRE ; en ce sens que des centaines de gradés et de soldats, travaillant en Lorraine annexée, ont à faire acte d'initiative, d'empressement, parfois à braver dej, sérieuses difficultés pour se soustraire à la mainmise allemande dès qu'ils voient les cartes se brouiller, pendant qu'il en est encore temps. Certaines de ces courtes odyssées furent assez dramatiques ; Elle a des allures DE COUVERTURE : les compagnies de 1 à 6, composées des éléments les plus à portée, sont habillées en coup de vent,- portées dès le 3 août sur la"périphérie du


camp retranché (compagnie i à 4 : Bras, 5 à 6 : Douaumont).

Les autres suivent de près (compagnies 7-8 : Douaumont, 9 à 12 : Fleury). Enfin le régiment se voit bientôt renforcé d'un quatrième bataillon (1), détaché d'un autre régiment territorial étranger au camp retranché de VERDUN. Le 3e Bataillon du 36e R. I. T., Commandant LEVACHER, va pendant près d'un an, faire campagne avec les trois bataillons du 44e R. I. T., formant avec lui régiment de marche, jouant en toutes choses, sauf quelques nuances administratives, le rôle d'un 4" Bataillon du 44e.

Aguerrissement. — L'automne 1914, l'hiver 1914-1915 ont vu le régiment s'aguerrir de deux façons : par les bombardements.; par les patrouilles.

, Au début de l'automne 1914, l'ennemi lança sur Verdun quelques échantillons des projectiles dont il devait plus tard accabler sans l'abattre, la glorieuse cité. Le fort de Douaumont, que tenait alors le Régiment, et dont le béton devait en voir bien d'autres par la suite était particulièrement visé (8 et 9 octobre). Les anciens du 44e, ceux de la première heure, ont conservé le souvenir de l'indifférence avec laquelle le LieutenantColonel DEMANGE, continuant, à la fenêtre de la chambre du fort, là lecture de son journal, accueillait l'arrivée des 380 ou 420 qui, dans son voisinage, faisaient voler comme fétus de paille d'énormes blocs de maçonnerie. Engagé volontaire en 1870, Officier supérieur en retraite, placé à la tête du Régiment depuis une bonne dizaine d'années quand éclata la Grande Guerre, le Lieutenant-Colonel appliquait ainsi sa devise restée de même traditionnelle au 44e : « Toujours gaiement quoi qu'il arrive » Apres les succès allemands des premières semaines, après notre piemière victoire de la Marne, les lignes adverses dans la partie Est-Nord-Est de la région fortifiée de Verdun, partie qui a toujours été Je terrain d'action du Régiment pendant dix- neuf mois, ne s'étaient point tout de suite affrontées de près et fixées comme cela s'est vu plus tard. La région Maucourt,

Mogeville, Dieppe, Cincrey, Morgemoulin, Foameix, Fromezey, , libre ou à peu près d'occupation permanente, les étangs et bois qui la parsèment, principalement le. massif de futaies et hauts taillis des Hautes Charrières, avec 4es 150 à 200 hectares d'un

(1) « Le 3* bataillon du 36" R. I. T. est arrivé à Verdun dans la matinée « du 7 août iqi4- et a tout de suite voisiné avec le 44- R. I. T. par juxtaposition.

« Toutefois le rattachement ne date que du ag décembre 1914. Jusque-là, le « bataillon Levacber conserva son autonomie; son chef eut à exercer le Com« mandement d'un sous-secteur M.


seul tenant, offraient aux chicanes de la guerre de campagne un large terrain propice. De fortes patrouilles, entièrement composées de volontaires, en liaison fréquente, en émulation constante avec les patrouilles des corps actifs voisins, surent infliger aux groupes enemis plus d'une sévère leçon.

Citons à titre d'échantillons les rencontres des : Ier septembre 1914 : 5 cavaliers périssent sous les feux d'une embuscade tendue à Cincrey ; 12 septembre 1914 : aux Jumelles d'Ornes : patrouille mixte : 1 adjudant et 8 hommes du 164e R. I. ; 15 hommes du 44e R. I. T. :

Trente uhlans sont surpris, blessés en grand nombre, leur officier tué. Chez nous, aucune perte.

28 septembre 1914 : 6e Compagnie : patrouille FUCHS ; embuscade GRUYELLE ; région Maucourt-Bois des Hayes : chez les Feldgrau, c'est le tour des fantassins — sur une trentaine, 7 sont tués, les autres blessés. Ce que voyant, un parti de cavalerie allemande qui faisait mine d'approcher se replie sans demander son reste.

3 janvier 1915 : attaque convergente d'un poste ennemi vers Fromezey ; nous ramenons dix prisonniers, parmi eux deux sous-officiers dont un très grièvement blessé ; la patrouille victorieuse n'a pas une égratignure.

L'esprit qui anime ces volontaires est caractérisé pa.re cas du soldat BOURRU, de la 7e Compagnie. Grièvement blessé le 2 novembre 1914 à l'entrée du village de Maucourt, ce brave a le courage de gagner un repli de terrain en s'écriant : « Je ne « veux pas donner aux Allemands la satisfaction de voir qu'ils « ont descendu un homme de la patrouille ». Le Journal des marches et opérations. auquel sont empruntés ces exemples enregistrés au. jour le jour avec une foule d'autres, permet de dresser le bilan de cette petite guerre (le 3e Bataillon du 36e R. I. T. est compris dans cette statistique).

Dans le premier.volume de ce journal, volume qui se termine au 27 mars 1915, les faits et gestes de ces patrouilles constituées le Ier septembre 1914 tiennent, pour une période, Dar conséquent de sept mois, trente-sept pages. En regard de nos pertes imputables, durant ce laps de temps, à ce genre d'escarmouches, savoir : dix-neuf tués, dont un Officier ; dix-huit blessés ; un disparu.

Il faut placer les pertes observées chez l'ennemi, savoir : tués dénom brés : un Officier, vingt-huit hommes: Blessés non pris, dénombrés : un Officier, vingt-trois hommes.


Il faut placer surtout : le chiffre ferme de dix-sept Allemands prisonniers, dont un Officier, dont aussi cinq blessés ; 1 .1 Les renseignements conquis, fort appréciés du Haut Commandement (voir notamment à ce sujet le libellé de Médaille Militaire MAGINOT).

Bref, on peut dire qu'une-place sera toujours gardée dans le cœur de leurs compagnons d'armes comme dans les fastes du Régiment à ces batteurs d'estrade en WOËVRE, tels que : l'adjudant PERCEVAL, tué dans une rencontre de nuit après avoir échappé, pendant quinze mois, à des périls quotidiens ; les sergents MANSUY, blessé, puis achevé par les Allemands ; MAGINOT, estropié pour la vie ; BOURY, promu ensuite Officier dans un corps actif où il passa sur sa demande ; le soldat LUTZ, cité pour s'être acharné sous un feu très violent à rapporter le corps du sergent MANSUY dont il vient d'être parlé.

La première fournée de CROIX DE GUERRE attribuées au Régiment provient presque entièrement de ces brillantes rencontres de détail C'est au cours d'une opération de ce genre, dans le bois des Hautes-Charrières, que le 44e perdit son premier Officier mort au Champ d'Honneur : Lieutenant HARGANT, négociant à VERDUN dans la vie civile Un autre Verdunois, notaire celui-là, le lieutenant BARTEMENT, blessé plus tard à Bezonvaux, fut cité par son savoir-faire et son entrain dans l'enlèvement de la ferme de l'Epina (entre le bois « le BREUIL » et la route de MAUCOURT-GINCREY, plus près de ce bois que de cette route).

Les traditions de ces patrouilleurs à grande envergure se perpétuèrent, même lorsque la fixité des lignes, le rapprochement des deux partis, changèrent .le caractère, réduisirent le rayon de ces petites expéditions, restées d'ailleurs tout aussi aventureuses.

Fromezey (Première Affaire). 5-6 avril 1915. — Au début du printemps de 1915, Verdun voulut se donner de l'air vers l'Est. Le principal effort se développa an sud de la route Verdun-Etain. Pour appui et prolongement de cette offensive, l'on décida de mettre la main sur le village en ruines de Fromezey, situé à 600 mètres environ au nord de ladite route.

Une fraction active du 166e R. I. fut chargée de l'attaque proprement dite et vint à cet effet cantonner à HARAIGNE (grosse ferme, ou plutôt groupe de deux fermes, alors relativement intact encore et sis à 2.700 mètres Ouest de FROMEZEY) au milieu des territoriaux du 44e ; à ceux-ci incombait un double rôle : Du premier moment : les patrouilles PERCEVAL, LARMINACH,


DELIARD, DAVID, (les trois premières du 44e R. I. T., la patrouille DAVID du 36e R. I. T.) éclairant la compagnie FLEURY (15e du 166e R. I.) sur ce terrain qu'elles ont cent fois fouillé ; Mission du second moment : Compagnie LAGARDE, onzième compagnie du 44e R. I. T. : entrer dans le village sur les talons des assaillants, le mettre en état de défense.

Ainsi qu'il arrive souvent dans les attaques bien ordonnées, le morceau fut vite enlevé ; le plus dur, ce fut la réaction d'artillerie sur les occupants et sur les parties de notre front avoisinantes.

Le village fut rapidement organisé ; la prompte installation des communications téléphoniques valut une citation à l'Officier chef de ce service, sous-lieutenant MASSY, et à plusieurs exécutants.

Ce petit succès nous coûta, tant à Fromezey même et en face (3e Bataillon) que sur le reste de nos positions (ier Bataillon) : _Cinq tués.

2 [ blessés dont deux Officiers : Lieutenants COLLIGNON, mitrailleur, GREIVELDINGER de la 40, qui avec un peloton de cette compagnie a vigoureusement réoe-cupé sous un feu violent la tranchée dite « allemande » à 1,200 mètres au Nord-Est de l'Etang de Braux ; sans compter le Sous-Lieutenant de la onzième compagnie LEGRANDIDIER, contusionné par un obus.

Fromezey resta intangible, sous la. garde du Régiment, jusqu'au 25 février 1916.

Apogée d'organisation. — L'été de 1915 marque l'apogée du 44e R. I. T. en tant qu'instrument de combat. Il a pour chef le Lieutenant-Colonel breveté de l'armée active ROLAND, qui a succédé depuis six à sept mois au Lieutenant-Colonel DEMANGE, contraint de céder à la maladie, et qu'il fallut conduire presque de force à l'hôpital. Le Lieutenant-Colonel ROLAND commande en même temps le « sous-secteur Est du Ier secteur » du Gouvernement de Verdun. Il dispose de la compagnie hors-rang, bientôt grossie du peloton de sapeurs-bombardiers ; de quatre bataillons, les trois du Régiment, un du 36e R. I. T., de la compagnie de mitrailleuses récemment constituée par la concentration 4es sections de bataillon ; enfin des 26e et 27e compagnies du 44e R. I. T., occupant notamment les forts de Vaux et de la Laufée, rattachées à divers moments à l'autres organismes de commandement, mais qui se trouvent à cette époque sous les ordres du commandant du sous-secteur ; total : vingt compagnies.

Tout ce monde est homogène, se connaît depuis longtemps, se sent familiarisé avec le terrain dont la défense lui est confiée ; familiarisé sans routine, car les dimensions, les conditions de ce vaste terrain en rendent l'organisation indéfiniment per-


fectible et, de fait, toujours en évolution laborieuse. Le jeu des relèves intérieures varie les emplacements et les occupations ; tantôt garde des lignes, tantôt travaux, souvent les deux à la fois ; un peu d'instruction même pour le bataillon qui est en réserve aux Baraquements de SOUVILLE. L'état sanitaire est bon ; il n'a d'ailleurs été sérieusement affecté durant les.

périodes précédentes, ni par la fièvre typhoïde qui a sévi plus cruellement sur d'autres corps du camp retranché, ni par le piétinement, si pénible fn saison pluvieuse, dans l'inexprimable boue de la WOËVRE.

Les pertes journalières par bombardements, rencontres de patrouilles, etc. suffisent à maintenir chacun dans l'habitude du danger, sans réduire notablement les effectifs. La présence et l'exemple d'un alerte aumônier volontaire de soixante ans et plus, contribue à hausser le moral. - Une artillerie respectable, de calibres variés, garnit en permanence le sous-sectéur ; de temps à autre, l'intervention de la pièce de VAUX (pièce de 240 mm. appelée aussi « le PÉRUVIEN ») de quelque pièce de 305 ou autres, amenée sur rails dans les HAUTES CHARRIÈRES, puis repliée après son tir à longue portée, motive des alertes et occasionne des réactions de l'A. L. G. P. (artillerie lourde à grande puissance) allemande qui tiennent chefs et soldats en haleine.

La liaison avec les armes spéciales et leurs chefs, artilleurs et sapeurs, connus de longue date, est facile et constante.

Le régiment n'a pas encore subi les conséquences des mesures d'ordre général que vont imposer les nécessités morales et matérielles issues de la prolongation de la lutte ; Permissions de détente, puissant réconfort pour ceux qui en useront dignement, mais réduisant les effectifs réellement disponibles ; sursis de détachement aux usines, cause de déperdition particulièrement sensible au 440 en raison de la présence dans ses rangs d'un très grand nombre de métallurgistes, du BASSIN DE BRIEY ; dès les premiers mois, les pertes de ce chef qui ne cessèrent jamais de grossir par la suite, dépassèrent sept cents, privant les unités de leurs éléments souvent les meilleurs, rendant particulièrement difficile la constitution des compagnies de mitrailleuses, dont précisément le nombre croissait incessamment; Jeu des classes (Loi DALBIEZ), enlevant ce qu'il y avait de plus jeune, de plus vigoureux, fauchant tout particulièrement les cadres.

Réception, pour combler en partie les vides ainsi creusés, de contingents de provenances diverses, accueillis à bras ouverts, vite imprégnés de l'esprit général du corps, mais avec lesquels, cependant ne pouvait subsister l'homogénéité primitive du solide fond lorrain assaisonné pour ainsi dire, de belle


humeur parisienne, car le recrutement de la Seine avait toujours fourni, en temps de paix au régiment de VERDUN son gros appoint, surtout une forte partie des gradés.

Nous avons qualifié de vaste le sous-secteur tenu par le Régi- ment de marche conditionné comme il vient d'être dit. Ce sous-

secteur, s'ouvrant vers l'Est-Nord-Est, avait pour limite de droite (Sud) le cours « du TAVANNE » (ruisseau parallèle à, et un peu au nord de la route VERDUN-ETAIN-METZ), étendait sa gauche (Nord-Ouest) jusque vers Mogeville (exclusivement). A droite (Sud) le cours « du TAVANNE » (ruisseau parallèle à, et 132e D. I., à gauche au 365e R. I., plus tard au 45e R. I. T. Le front était marqué de droite à gauche par Fromezey, les Hautes Charrières avec leurs avancées, « tête de porc », sorte de protubérance vers l'ennemi que dessinait le contour du massif boisé ; « boqueteau » détaché du massif à 150 mètres environ Braux, étang, grand bois et petit bois. C'est dire que le « soussecteur Est » englobait une grande partie du terroir assez varié, quoique uniformément boueux la plupart du temps, qui, dans les premiers mois, avait été le champ clos des patrouilles ; les allées et venues de ces éléments mobiles s'étaient transformées en occupation fixe avec série très étudiée d'ouvrages détachés, croisant leurs feux, mais réseaux de fil de fer continus, boyaux là où c'était le plus nécessaire ; transformation opérée au cours de l'Hiver 1914-1915 à peu près comme à Fromezey dont la prise a fait plus haut l'objet d'un bref résumé, mais effectuée par les seules ressources du Régiment de marche territorial et de façon plus progressive.

On peut noter néanmoins cômme journées capitales dans cette consolidation des gains de terrain obtenus par l'incessante activité de nos éléments avancés, de nos travailleurs, de nos patrouilles, les journées du 29 mars 1915 et suivantes.

C'est, avec Fromezey, tout cet ensemble qu'avait présent à la pensée le Général MOURRET, Commandant le Ier secteur, quand, le 27 avril 1915, au cours d'une revue à Damloup, il avait dit au 44e : « Vous restez régiment de place, mais vous « avez porté la place dans l'ennemi » paroles que devait reten'r et reproduire,cinq ans plus tard, le Colonel PoUGET, Commandant la 15e Brigade, en remettant solennellement à Laval, au 124e R. IJle!p janvier 1920, la garde provisoire du Drapeau du 4Lle R. I. T., en même temps que des drapeaux des 164e et 50A3 H. supprimés.

- La grosse difficulté résidait dans la nature spongieuse du sol : toute excavation se remplissant d'eau dès que pratiquée ; il fallait faire de la superstructure : le travail le plus considérable en ce genre fut le « cordon ombilical » qui reliait le massif des Hautes Charrières à la ferme principale d'Haraigne P. C.

(Poste de commandement) habituel du Chef de Bataillon com-


mandant les A. P. (Avants-Postes), P. C. d'alerte du Chef de Corps, commandant du sous-secteur. Le profil des murs en terre de ce long corridor d'environ 900 mètres de développement, mettait ceux qui l'empruntaient à l'abri de tous éclats, et des projectiles mêmes du 77, peut-être du 88. Bien que très visible, étalé qu'il était sur un tapis de billard, il devait rendre de sérieux services en février 1916.

Le point signalé comme le plus à surveiller était le bois Le Baty, en face de notre gauche.

Il y avait un autre P. C. de Chef de Bataillon à Dieppe. Le P. C. habituel du Chef de Corps était à Damloup.

Le Commandement du Lieutenant-Colonel du 44e s'exerçait, en somme, sur une profondeur de 7 à 8 kilomètres (plus de 10 si l'on tenait compte du bataillon campé à Souville), sur un front de quatre kilomètres et demi environ si l'on-suit la corde de l'arc, beaucoup plus long si l'on avait épousé les sinuosités, du moins les principales.

Le cloispnnement, voire les tracés en bretelles, avant que le mot fût en usage, avaient été assez largement pratinués.

Les ouvrages en assez grand nombre, étaient numérotés de gauche (Nord-Ouest) à droite (Sud) ; certains étaient désignés en outre par un qualificatif particulier : « TRANCHÉE ALLEMANDE » parce que faite ou commencée par les boches ; tranchée LÉONARD (tranchée n° 5) du nom d'un second Officier du 44e tombé au champ d'honneur : l'adjudant LÉONARD avait été frappé à mort en ce point au moment où il était nommé SousLieutenant, sans avoir encore, semble-t-il, connaissance officielle de sa promotion.

Avant la ruée. - A la fin de juin 1915, le Lieutenant-Colonel Breveté ROLAND était appelé au commandement d'un Régiment actif, et passait, à la date du Ier juillet, le commandement cidessus défini, à un chef de Bataillon en retraite qui venait de commander sur l'Aisne un bataillon du 264e R. I. (Dès cette époque le Grand Quartier Général avait effacé toute distinction entre régiments actifs proprement dits et régiments de réserve), le Lieutenant-Colonel territorial LACROIX DE CARIES DE SENILHES.

Pendant huit mois, sous ce nouveau chef, le régiment reste attelé, sur le même terrain, à la tâche qui vient d'être exposée, mais se voit successivement rattaché à diverses grandes unités.

Plus de « sous-secteur », mais « brigade de marche », d'abord 3650 R. I., 44e R. I. T., puis 45e et 44e R. I. T., bientôt dénommée 212e Brigade d'Infanterie Territoriale, encadrée dans la" 72e D. I. (Division d'Infanterie), Général BAPST. Plus de Gouvernement de VERDUN, mais S. N. R. F. V. (Secteur Nord de la Région fortifiée de Verdun), ayant d'ailleurs pour chef l'an-


cien Gouverneur Général COUTANCEAU. Plus tard, le S. N. R.

F. V. fait place au 30e C. A. (Corps d'Armée) Général CHRÉTIEN : la 212e Brigade quitte la 72e Ù. I. pour être comprise dans l'éphémère G. E. V. (Groupement Est de Verdun).

La brigade précitée (brigade de marche, bientôt 212e B.

I. T.) est commandée pendant quelque temps par le LieutenantColonel ROLAND, qui retrouve ainsi, placé sous son commandement supérieur, son ancien 44e, puis il prend le commandement d'un vieux Régiment, le 147e R. I. ; la Brigade reçoit pour chef le Colonel BERTRAND, qui la commandera jusqu'à sa dissolution. N Entre temps, le 22 septembre 1915, le 44e se voit enlever le 3e Bataillon du 36e R. I. T., qui est rattaché aux deux Bataillons du Régiment voisin, 45e R. I. T. ; les 26e et 27e Compagnies sont tantôt séparées- du régiment de campagne dont elles

portent le numéro, tantôt replacées sous les ordres du Chef de ce régiment. Ces réductions n'entraînent d'ailleurs aucun rétrécissement du terrain à défendre ni aucun ralentissement dans l'activité des travaux de défense de toute sorte. Elles nécessitent seulement divers remaniements intérieurs dans l'organisation des relèves. En février 1916 et depuis longtemps déjà les trois bataillons du 44e sont placés l'un derrière l'autre, les quatre compagnies d'un même bataillon fàurnissant les quatre grand'gardes : Fromezey ; Hautes-Charrières Sud ; Hautes-Charrières Nord ; Braux ; le bataillon suivant tenant la 2e position, ainsi que le réduit des Hautes-Charrières ; le dernier bataillon constituant les réserves de régiment et de brigade, et détachant d'autre part à Haraigne un peloton pour renforcer la 2e position.

Le repos des unités non en première ligne est forcément très précaire, surtout à cause des travaux de nuit à exécutef, le travail étant précédé, puis suivi, de longues marches pour atteindre les chantiers de Ire ou 2e positions.

L'on s'ingénie à porter remède aux inconvénients forcés des relèves, à mettre de l'esprit de suite au travers du perpétuel renouvellement des fractions de défense et des équipes ; Fromezey a-eu » deuxumajors de tranchée », les Capitaines LAGARDE du 44e R. I. T., BARBIER du 36e R. I. T.; quelques sous-officiers jouent en petit le même rôle comme préposes techniques aux travaux de telle partie du terrain.

A a Ire Ce de mitrailleuses, compagnie de régiment successivement commandée par les Capitaines ULRICH (passé au service d'Etat-Major) puis BRUNOLD, s'est ajoutée, en qualité de


compagnie de brigade, administrée par le 44e, la compagnie de * mitrailleuses (C. M.) CHAGNON, qui a eu pour premier noyau la section de mitrailleuses du 3e Bataillon du 36e R. I. T. "Verdun en danger. — Amalgame. — A partir du lundi matin 21 février 1916, sept heures, bombardement d'une tonalité particulière, marquant le déclanchement de l'effort allemand contre Verdun.

Voici dans quelles conditions le 44e va, du 21 février au 2 mars, prendre une part directe au début du grand drame.

1° par la défense de son terrain habituel ; 20 par sa contribution à la défense des Hauts-de-Meuse ; C'est, en grand, le « doublement » des vieux règlements de manœuvre ; la 14e D. I., de ce côté-là, s'est superposée aux occupants du « temps de paix », c'est-à-dire aux troupes dépendant du 30e C. A. ; les commandements mixtes sont répartis entre chef des renforceurs et chefs des renforcés. 1 C'est ainsi que le Général LACOTTE, commandant la 28e Brigade, perd momentanément le 35e R. I., mais reçoit, par adjonction à son second régiment, 420 Rég. d'Inf., le 44e R. I. T. Le Colonel BERTRAND commandant la 212e B. I. T., momentanément dissoute, est adjoint au Général LACOTTE.

Dans la brigade provisoire ou groupement LACOTTE ainsi constitué, le dispositif présente ce caractère paradoxal en apparence : les vieux en avant, les jeunes en arrière, seule manière, en réalité, de mettre chacun dans son rôle : les solides unités du 44e tenant le front dont la moindre chicane leur est familière ; les arlertes compagnies du 426 prêtes à se lancer, sur les longues distances que comportent l'étendue et la nature du terrain, en contre-attaque ou en renfort.

En première position, le grand massif boisé des Hautes-Charrières est placé sous un commandement unique, celui du Chef de Bataillon BOULANGER, du 44e R. I. T. A sa droite (Sud-SudEst), le Commandant ROBIN assume la défense du centre de résistance de Fromezey ; nouveau promu, cet Officier supérieur rejoint à peine le corps ; mais, venant des capitaines du 3e Bataillon du 36e R. I. T., il connaît à fond les ruines et les tranchées confiées à sa vaillance et est connu de tous au 44e. A gauche (Nord-Ouest), un autre nouveau promu, venant des capitaines de l'un de ces bataillons portant le numéro 44 qui n'ont eu de commun avec le 44e R. I. T. de campagne que les

chiffres du collet ; le Chef de Bataillon BAUER, commandant le Centre de résistance de Braux.

En deuxième position, Haratgne, avec les tranchées qui l'avoi-


sinent, forme un centre de résistance confié au Capitaine GAY, du 44e R. I. T. : charge peu absorbante tant que la première position tient ; aussi cet Officier, qui a précédemment exercé, avec lettres de service spéclalesdivers commandements de bataillons, seconde-t-il en même temps, durant la crise, son Chef de corps, dont le P. C. est dans la principale ferme d'Haraigne. Le Lieutenant-Colonel ENGELHARD commandant le 42e R. I. a le Commandement supérieur du Centre de Braux et plus en arrière (Ouest) de Dieppe. Au Lieutenant-Colonel du 44e R. I. T. incombent les Hautes-Charrières, Fromezey, Haraigne.

On se rappelle que dans le dispositif permanent, les quatre compagnies d'un même bataillon fournissaient les quatre G. G.

Au déclenchement du 21 février, c'était le 2e Bataillon qui était ainsi en ligne, ses compagnies disposées dans l'ordre suivant, de gauche (Nord-Ouest) à droite (Sud) : 5e Braux ; 6° et 7e Hautes-Charrières ; 8e Fromezey.

La relève par le Bataillon suivant devait commencer précisément à la tombée de la nuit le lundi 21. La première mesure fut d'y surseoir ; cette prolongation du service en première ligne fut surtout pénible et méritoire à Fromezey, où la situation était particulièrement tendue, imposant un renforcement ; la 8e Compagnie ne put être repliée sur Damloup que la dernière nuit avant la retraite générale ; son repos relatif n'y fut pas de longue durée.

Il est impossible de dénombrer comme on le fait habituellement dans les C. R. (Comptes rendus) journaliers du « temps de paix » les « arrivées » d'un feu d'artillerie aussi intense que celui qui sévissait durant ces quatre jours et quatre nuits. Cependant certaines observations — par exemple, nombre d'éclatements proches dans l'espace d'une minute, montre à secondes sous les yeux, à un moment où le tir ennemi paraît présenter sa cadence moyenne — fournissent des échantillons d'où l'on peut tirer des conclusions générales. Par cette méthode, et des diverses appréciations recueillies, il semble ressortir cm'on sera probablement au-dessous de la vérité en évaluant à QUATRE CENT MILLE les obus tombés durant ces 05 .heures, sur les positions occupées conjointement' par les 42e R. I., 44e R. 1. T. Si le résultat meurtrier ne fut pas pire, cela tient : 10 à ce que, tout en pratiquant, en face du 448, dans ses Dropççs réseaux, des débouchés pour colonnes d'attaque signales par certains observateurs ; tMfct en multipliant, sur le front de ce-même régiment ses « Trommelfeuef » (feux roulants d'artillerie : littéralement feux tambour : la métaphore est très exacte) ses survols d'avions, assez pour donner aux défenseurs


l'impression d'un assaut imminent ; tout en employant des projectiles assez puissants pour défoncer ; à Braux l'abri du téléphone où se trouvait le Chef de Bataillon BAUER ; à Fromezey deux abris importants où périt une vingtaine de nos braves, Les Allemands semblent avoir réservé leurs très gros calibres, leurs nappes de gaz asphyxiants (un certain nombre d'obus toxiques ont été signalés dans les comptes rendus, motivant la prise du masque, mais très peu d'hommes du 44E R. I. T. furent sérieusement incommodés), pour la zone plus à gauche, zone Nord de Verdun, où l'attaque d'infanterie .eut effectivement lieu et fut, comme on le sait, temporairement couronnée de succès ; 20 à la nature dtOterrain et du dispositif de défense : dans ces grands bois, entre ces ouvrages détachés, masqués du mieux que l'on avait pu, la plupart des projectiles faisaient « poudre aux moineaux ». Fromezey "seul offrait de la prise.

30 à la parfaite connaissance qu'avaient les défenseurs, en place depuis 10 à 15 mois, des moyens et procédés locaux de défilement, ainsi qu'à une réelle habileté manœuvrière: C'est ainsi qu'appelées d'urgence, le 21 février, à se mouvoir en plein jour sur des longueurs de quatre à six kilomètres, en terrain découvert et de tous côtés bombardé, les 9e et 10e Compagnies en poussière d'hommes, chaque grain de poussière de la traînée procédant par bonds opportuns, purent, parties de Soup- pleville (grosse ferme entre ABAUCOURT et DAMLOUP) atteindre sans pertes leurs objectifs de marche ; pour la 10E (Capitaine DUPONT), Fromezey où il était nécessaire de renforcer la ge ; pour la ge (Capitaine GAZIER), le bois des Hautes-Charrières, afin d'y constituer soutien et de s'y mettre à pied d'œuvre pour la relève d'une G. G. (Grand'garde).

Il en est un, parmi les victimes de cette tourmente, qui, sur un ton, non de récrimination, mais "de découragement, laissa échapper ces mots, dans la cour d'HARAIGNE où se trouvait un , poste de secours, et où il avait été rapporté des toutes premières lignes : « mon Colonel, ce n'est plus tenable ! ».

En enregistrant cette exclamation, qui devait trouver place dans ce travail, car un historique est un récit soucieux de vérité, non une œuvre de parti pris, l'on ne saurait perdre de vue cette pensée d'un grand classique réfléchissant à la fragilité humaine : qu'il suffit d'un morceau de fer ou de plomb entrant dans notre corps pour transformer le plus fn~<Htnt)][~ héros en un animal gémissant ; l'on doit surtout se hâter d'ajouter que chez tous-les autres grands blessés qui lui ont passé sous les yeux en février 1916 et à d'autres moments, le même chef de corps qui a eu le regret de percevoir le symptôme isolé


de dépression ci-dessus noté, n'a constaté au contraire, tant qu'ils avaient leur connaissance, que les plus beaux sentiments de résignation, parfois de belle humeur.

Il est probable, avons-nous laissé entendre, que l'ennemi n'a jamais eu l'intention de lancer des vagues d'assaut contre le front du 44e, presque partout doté d'un large champ de tir découvert et où il devait se rendre compte que de sérieux réseaux, même à l'état de débris déchiquetés par ses obus, ne laisseraient pas que - d'entraver son élan. Néanmoins il tâtait notre ligne, sans doute dans l'espoir bien mal fondé d'une défaillance qui lui aurait livré le terrain par le seul effet de son artillerie. Dans la nuit du 21 au 22, le caporal NEVEUX vit une ombre isolée s'approcher du réseau, se glisser dans là chicane confiée à sa garde ; il eut le sang-froid de la laisser s'avancer assez pour être sûr de lui couper la retraite, et l'adresse de saisir l'homme à la gorge, le mettant, sans blessure, hors d'état de crier. Ce prisonnier allemand déclara qu'il précédait une fraction d'une cinquantaine d'hommes, dont le chef l'avait chargé de ce coup de sonde. L'on @ se préparait à la bien recevoir : mais, ne voyant pas revenir son émissaire, le commandant-de la reconnaissance prit sans doute le parti de s'en retourner philosophiquement. Le Caporal NEVEUX fut cité à l'Ordre de l'Armée pour cette capture. Toujours exemplaire, remarqué de nouveau une dizaine de mois plus tard pour son stoïcisme communicatif sous les Minen au bord de l'AISNE entre VAILLY et CHAVONNE, il devait succomber en mai 1917, à JOUY, non loin du CHEMIN DES DAMES, justifiant une fois de plus le mot légendaire attribué au Maréchal CANROBERT : ce sont « toujours les mêmes qui se font tuer ».

Retraite imposée. — « Le 44e, en somme, semblait fort loin d'approcher des limites de son endurance, lorsqu'un ordre'du Commandement vint lui imposer le douloureux devoir d'abandonner le morceau de sol lorrain confié à son honneur. Cet ordre était le contre-coup des événements qui s,e déroulaient depuis trois jours en' arrière et à gauche de ses positions, c'est-à-dire sur le front NORD de la région fortifiée de Verdun. Un petit billet au crayon, expédié dé Dieppe où le Général LACOTTE avait son P. C. à l'extrémité Est de ce village tout en longueur et reproduisant le texte émané de l'échelon supérieur, 14e D. I., parvint vers 1 heure 20, dans la nuit du 24 au 25 février, au P. C. du Lieutenant-Colonel du 44e à Haraigne, prescrivant repli général immédiat, ralliement final au revers du fort de Tavannes, assignant comme voie de retraite aux unités de Fromezey et des Hautes-Charrières la route. Abaucourt-la Fievetene., élément local de là route METZ-ETAIN-VERDUN. Une communication un peu postérieure, sorte de post-scriptum, spécifiait


qu'une compagnie serait laissée à Dieppe, un peloton à Haraigne. A Dieppe, ce fut la 3e Compagnie du 44e R. I. T., à Haraigne, en l'absence de toute unité réservée du 448, ce fut un peloton du 42e R. 1.

Du « BOQUETEAU » par exemple (voir page d) à la gorge du fort de TAVANNES, l'on compte à vol d'oiseau rreuf bons kilomètres, par l'itinéraire à suivre au moins douze ; de cet itinéraire, les tout derniers kilomètres seulement peuvent être considérés comme défilés des vues. D'HARAIGNE à cette autre partie de la lisière des HAUTES-CHARRIÈRES que nous avons dénommée « tête de porc » (voir page 6), trois kilomètres à vol d'oiseau, quatre au moins par itinéraire. Inutile d'observer qu'après quatre-vingt-dix heures de « pilonnage » sans que le mot, peut-être, fût encore inventé, il n'y avait pas à compter sur le téléphone, dont l'usage eût été d'ailleurs singulièrement imprudent, sous le double rapport de la captation possible et de l'affolement que peuvent occasionner de tels ordres quand ils transpirent en dehors de la voie hiérarchique des chefs successifs. L'état boueux et glissant du sol, à peine amélioré, du point de vue de la cadence de marche par les pistes en caillebotis là où elles existaient, l'obligation, dans l'épaisseur des fourrés, de se guider, la nuit, en gardant toujours la main sur les fils de fer, existaient, nuit, d' A riane placés à hauteur d'appui, toutes ces véritables fils d'Ariane placés à hauteur d'appui, toutes ces causes réduisaient la vitesse de translation aux deux tiers, peut-être à la moitié de la vitesse normale sur bonne route.

Arriverait-on, dans ces conditions, à dérober le mouvement durant les cinq petites heures de nuit qui restaient ? Question cruellement angoissante pour le Chef qui recevait à 1 h. 20 la douloureuse crayonnade !

Dans l'ensemble, on y parvint. Deux ou trois incidents locaux dont une lacune de sous-transmission affectant le 44", le reste relatif au 42e R. I., donc en dehors du cadre du présent travail, introduisirent dans ce résultat global presque inespéré de regrettables exceptions. Cela se traduisit, sur un effectif à décrocher d'environ deux mille combattants (et sanitaires) du 44e, par la capture, vifs, blessés ou morts, d'une quarantaine d'hommes et gradés subalternes, appartenant en majorité à la 2e Compagnie. La lumière est fort difficile à faire après coup sur ces sortes de mécomptes, alors que la chute silencieuse d'un agent de transmission, tué raide dans l'obscllrité, la mort aussi peut-être de celui qui l'a envoyé, suffit à produire une catastrophe locale sans laisser aucune trace. Ce que l'on peut retenir de ces disparitions, c'est : chez les chefs des fractions anéanties, qui occupaient le barrage de Morgemoulin « tranchée numérotée 4, barrant la route Morgemouim-Diepoe, et trois autres postes à la lisière des Hautes-Charrières Nord :


leur sens de la liaison les amenant : à chercher le contact avec les voisins (déjà repliés) ; à conférer entre eux sur le parti à prendre ; l'honorable scrupule les empêchant, malgré toutes les apparences de repli général autour d'eux, d'abandonner le terrain confié à leur garde ; de la part de la troupe : l'efficacité momentanée, mais marquée, de sa résistance quand les vagues allemandes ont submergé ces petits groupes.

Les dépositions concordantes des « rescapés » et des survivants rapatriés font ressortir notamment : cette efficacité pour les feux à petite portée du barrage de Morgemoulln ; les quelques cinq cents cartouches brûlées in extremis, vers cinq heures du matin, par cette dizaine de tireurs paraissent avoir inspiré aux Allemands une circonspection presque ridicule qui les empêchait encore, cinq heures après, de marcher carrément dans le bois des Hautes-Charrières ; la vigueur, dans le combat corps à corps, d'autres territoriaux du 44e englobés dans l'encerclement d'une compagnie du 42e R. I. au « Bois Macé » (lisière Sud-Est du-bois des HAUTES-CHARRIÈRES)

De ces divers points de vue, la citation à l'Ordre de l'Armée du sergent SIVALAT, Chef du poste 4 (barrage de MORGEMOULIN) rapatrié comme grand blessé, se présente comme caractéristique.

Si le 446 R. I. T. a ainsi échappé presque en entier : à l'encerclement sur ses positions ; à la destruction par le feu sur la grande route découverte Etain-Verdun ; cela tient : à ce que l'ennemi s'est montré peu mordant, les meilleures troupes de choc étant évidemment affectées à l'attaque par le Nord de Verdun ; à ce que, soit lassitude, soit épuisement relatif de ses munitions, son tir paraît avoir été moins violent que les jours et nuits précédents ; à une opportune bourrasque de neige venant jeter un voile sur la masse composite qui gravissait, le jour levé, par la Route Nationale (n° 18) de la FIÉVETERIE, les pentes orientales des HAUTS DE MEUSE ; mais aussi à l'incontestable souplesse et rapidité de transmission et de mouvement mises en œuvre par presque tous les éléments du 44e. Ces qualités en 1915-1916, étaient tout à fait dans la chair et dans le sang du Régiment. A l'exemple déjà cité à cet égard, du cheminement à pied des 9e et 10e Compagnies, le 21 février, l'on peut ajouter celui d'une troupe à chevaux faisant partie de la compagnie de mitrailleuses BRUNOLD partant


de la ferme Dicourt, 7 kilomètres Ouest-Sud-Ouest (à vol d'oiseau) des flanquements à réassurer, arrivant, sans perte notable, à conduire d'urgence à pied d'œuvre un matériel de remplacement de mitrailleuses anéanties en première ligne par le bomba: dement. , Ce n'est néanmoins, à notre avis, ni par la dextérité de son repli, ni par sa ténacité tant que ce repli ne lui a pas été imposé, ni par cette même ténacité dans les jours qui ont suivi, 26 février-2 mars, que le Régiment s'est acquis le plus de titres à l'estime : c'est le soir du 25 février que. mystérieusement pour ainsi dire, nul en dehors de lui n'étant là pour le constater, le 44e allait donner toute sa mesure.

De Tavannes où l'on a tant bien que mal pris le café derrière le fort, le Régiment est dirigé sur le quartier Chevert, situé au revers des Hauts de Meuse; sérieusement bombardé plus tard, mais qui n'était point encore visé ce jour-là. La 212e Brigade était reconstituée ; l'amalgame avec les troupes actives prenait fin ; l'on croisait de multiples troupes de renfort accourues à l'aide, troupes d'Afrique, 8e R. I., etc. etc.} bref tout annonçait une période de détente, de réconfort physique dont tous avaient un immense besoin. La continuité dtr , surmenage datait, en effet, pour tous de quatre jours, pour certains de huit jours. Nonobstant le dévouement et l'activité des organes de ravitaillement appelés à se mouvoir sur le sol naturel sévèrement bombardé, puisque le vaste terrain ne comportait pas de boyaux, sauf le « cordon ombilical » en superstructure Haraigne-Hautes-Charrières, les conditions de la lutte, surtout la difficulté des charrois dans la boue, avaient rendu l'alimentation très précaire ; il fallait des distributions en denrées et liquides pour consommation immédiate, d'autres pour recomplètement de vivres de réserve ; il fallait surtout de la place et de la paille pour dormir ; tout cela restait à l'état d'espoir prochain, mais d'espoir, car la journée du 25 février, à cause surtout de l'enchevêtrement dans le petit quartier Chevert de plusieurs corps différents n'avait à peu près rien réalisé de tout cela.

Remontée en ligne. — Or, tout au contraire, voici que l'ordre arrivait, peu avant l'heure d'exécution, de se remettre en mouvement à 21 heures pour Vaux (Fort), la Laufée (ouvrage), le V. L. L. (dit aussi : abri de Damloup) abri de combat intermé-

diaire entre les forts de Vaux et de la Laufée, le « tunnel de Tavannes » ; s'accolant derechef au 42e R. I., sous les ordres du Général LACOTTE : bref, il s'agissait de « claquer du bec » et de renlrer dans la fournaise.

T a simple transmission de l'ordre de départ était déià chose ; malaisée, dans l'obscurité forcée du quartier CHEVERT ,bondé


de troupes diverses, si bien que le Commandant du 2e Bataillon, par exemple, ne put être personnellement touché. Cette même obscurité aurait rendu à peu près impossible d'identifier les auteurs d'actes d'indiscipline formelle, ou d'inertie, même graves, s'il s'en était produit. Or, à l'heure dite, la mise en route, 2e Bataillon en tête sous la conduite d'un Capitaine, de ce régiment harassé, s'effectuait sans un murmure, dans un ordre silencieux et ponctuel véritablement empoignant pour un chef ayant quelque habitude de la troupe et quelque sens psychologique.

C'était la deuxième phase qui s'ouvrait : le Régiment allait, cinq à six jours durant, contribuer à la défense des Hauts de Meuse.

L'idée première était de lui assigner cette fois le rôle de réserve tenant le sommet des pentes raides qui dévalaient vers l'ennemi ; tandis que les unités actives combattraient au pied de ces pentes. On verra par la suite que certaines fractions du 44e R. I. T. furent appelées en première ligne côte à côte avec le 42e R. I.

Le 2e. Bataillon, moins quelques éléments (6e Compagnie) qui le rallièrent un peu plus tard, atteignit Vaux dans le courant de la nuit, s'engouffra dans la gaîne du fort et dut y séjourner jusqu'à la nuit suivante (du 26 au 27) où il s'égailla dans diverses tranchées et petits abris assez rudimentaires, existant sur les pentes de la croupe que surplombe le fort.

Le béton n'inspirait point alors la pleine confiance que lui a méritée par la suite sa résistance indéfinie aux 420, aux 500.

L'angoisse fut grande, chez les chefs, de savoir, durant cette vingtaine d'heures, ces cinq ou six cents hommes accumulés sous la carapace que venaient marteler les projectiles du premier des deux calibres précités. Il tombait certainement du 420 dans la région, puisque un culot (noyé dans le corps de l'obus) de 405 millim., exactement mesurés a été recueilli et roulé jusque sous les yeux du Général au V. L. L. I. C'est vraisemblablement du fort de Vaux ou de ses abords immédiats, si le coup avait été long, qu'il avait ricoché après éclatement. Il n'est cependant pas impossible que Vaux ait reçu plutôt, au commencement, du 380. Ce qu'il y a de certain, c'est que, le 26, les projectiles arrivaient par paires ; une « grosse BERTHA » de l'époque ; puis 15 ou 20 secondes peut-être après « son enfant » si l'on veut, de calibre déjà fort respectable, mais bien moindre ; ensuite, repos de deux minutes peut-être : fort mauvaise manoeuvre d'ailleurs de la part des artilleurs allemands, car si les deux calibres s'étaient partagé le temps de manière à ne jamais laisser beaucoup plus d'une minute sans « arrivée », la pénétration individuelle dans le fort de Vaux, la sortie de ce fort auraient été beaucoup plus malaisées ».


Impossible d'ailleurs de découvrir dans le fort une caisse, ni de pain de guerre/ni de cartouches. Des préparatifs de destruction auxquels présidait un Officier d'administration de Ire Classe du Génie, compliquaient d'autant plus la situation qu'ils étaient bientôt appuyés d'un ordre d'exécution immédiate, rapidement crayonné/ que lut en chemin le Lieutenant-Colonel du 44e R. I. T., mais qui a sans doute été rapporté. Le moral du Bataillon, dans sa longue inaction secouée, toutes les deux minutes environ, de formidables ébranlements, resta digne des défenseurs de Fromezey, de Braux, des Hautes-Charrières ; la troupe attendant patiemment que la nuit vint ouvrir quelques possibilités de ravitaillement et mettre fin au cauchemar, heureusement erroné, de l'écrasement de la gaîne bétonnée; les officiers se relayant à l'observatoire endommagé, mais non hors d'usage. (Il faudrait peut-être dire « à l'un des deux observatoires du fort », mais l'officier du génie qui accompagnait le Lieutenant-Colonel du 44e ne lui en avait signalé qu'un).

Tel fut le lot du 2e Bataillon durant cette période à cheval sur la fin de février,, et les premiers jours de mars. Il étendit sa droite jusqu'au Chemin Damloup-bois «J^Chênois ; là, il tenait un ouvrage à mi-côte et donnait la main à la 2e Compagnie. A la 8e, l'un des petits abris de la croupe de Vaux fut écrasé par un obus de telle sorte que le Capitaine MIMIL, qui était revenu indemne de Fromezey, fut grièvement blessé aux deux jambes par la chute des matériaux. Plusieurs mois furent nécessaires à sa guérison.

Touché aussi, mais très légèrement, dans l'accomplissement d'une importante mission de liaison et d'orientation que lui avait confiée le chef de corps quelques jours auparavant au' cours de la défense des Hautes-Charrières, le Capitaine BRUNOLD, commandant la compagnie de mitrailleuses du Régiment, disposa principalement ses pièces en caponnière aux origines de ravins. La compagnie de mitrailleuses de brigade CHAGNON intervint aussi dans le dispositif du 44* R. I. T., spécialement pour battre le chemin dont il vient d'être parlé qui, montant vers Damloup et le Bois Chênois, passe à côté du V. L. L. I.

Le 1er Bataillon tint les tranchées étagées sur les pentes orientales situées à droite (Sud-Est) du chemin DAMLOUP-BOIS CHÊNOIS ; quelques fractions jalonnaient aussi la lisière orientale de ce bois, approfondissant tant bien que mal le petit fossé de bordure. Une partie du IER Bataillon s'était d'abord casée dans le petit fort de la Laufée, comme le 2e Bataillon à Vaux ; et le béton de la Laufée semblait ne pas se comporter aussi bien que son voisin, car l'un des projectiles avait à J'extrémité droite (sud) de la gaîne, fendu la carapace de manière à incommoder par les gaz de l'explosion, sans les blesser, un certain nombre d'hommes. Mais la fissure paraît imputable à ce fait,


que le coup aura porté sur un point de moindre résistance, débouché de cheminée d'aération ou de chauffage.

La 3e Compagnie, avons-nous dit, avait reçu, le 25, de grand matin une mission spéciale : il s'agissait de couvrir le repli ordonné, de Dieppe sur les Hauts de Meuse, du Bataillon LATOUR, du 420 R. I. Le Capitaine SERGENT, bien secondé par s,es officiers, s'acquitta, sans pertes appréciables, de cette tâche délicate avec une vigueur et une dextérité qui lui valurent de la part du Chef de Bataillon LATOUR les témoignages réitérés les plus flatteurs pour lui et pour sa troupe. Il fut ensuite chargé de tenir, tout à fait en dehors et à droite (Sud) du terrain occupé par le reste du Régiment, et sous les ordres d'un Chef de groupement autre que le Général LACOTTE, les ouvrages d'Eix. (Dans le Sud-Ouest du village d'Eix, à 1 kilomètre environ, se trouvent « la batterie d'Eix--» et « l'ouvrage d'Eix ». L'un des deux au moins, les deux fort probablement, furent confiés à la 3e Compagnie du 44e R. I. T.).

Au 3" Bataillon, considéré comme en réserve, fut assigné un poste — le tunnel de Tavannes — où l'épaisseur du sol naturel recouvrant la voûte donnait évidemment une impression de sécurité qu'on n'avait point ailleurs, mais de séjour fort pénible, de par les courants d'air, l'absence de paille, de latrines, etc.

Le Drapeau était confié à ce bataillon.

Pour protéger l'orifice extérieur (Nord-Est) du tunnel, certains éléments (9" Compagnie) eurent à prendre position en rase campagne non loin de la ferme de Bourvaux.

Le 28 février, la 12e Compagnie, par ordre du Général LACOTTE, alla renforcer à Damloup la compagnie (11e Compagnie du 42e R. I., Lieutenant LEBROT) du 42e à qui incombait la défense de ce village. Le Lieutenant DARRAS sut, pour amener son monde sans trop de pertes, distiller son mouvement par petits groupes fort distants l'un de l'autre. Le Lieutenant-Colonel du 440 R. I. T. venait de montrer le terrain à l'Adjudant commandant l'une de ces fractions et de l'orienter sur les procédés de traversée de la pente descendante découverte qui séparait encore sa troupe des premiètes maisons déjà fort endommagées de Damloup, lorsque un obus, dirigé sans doute avec plus de précision que d'autres sur le V. L. L. I. ""ui paraissait visé depuis quelque temps, blessa tout à la fois l'officiersupérieur précité, le Capitaine DoLLFUS, de l'Etat-Major de la 28e Brigade, et l'Officier du Génie ÇHALDEBAS. Le LieutenantColonel ne devait reparaître que trois mois plus tard, quelques jours avant l'expiration de son congé de convalescence.

Commandement Boulanger. — Le plus ancien Chef de Bataillon M. BOULANGER, toujours seconde par le Capitaine GAY, assuma aussitôt le commandement du Régiment. Officier de car-


rière, retraité comme capitaine, ce nouveau chef était doublement préparé à son rcle inopiné par sa carrière d'avant-guerre, coloniale., puis terminée par dçs commandements d'Ecoles, et par son commandement d'une compagnie du 44e pendant les tout premiers temps de la guerre, du 2e Bataillon depuis quinze mois. *

Le P.-.C. du 448 se trouva, sur ces entrefaites, transféré du V. L. L. I. où il avait voisiné avec celui de la Brigade, à la croupe couronnée par le fort de VAUX, croupe au flanc de laquelle le Commandant BOULANGER avait déjà occupé un abri comme commandant de bataillon. Le Capitaine GAY prit le commandement du 2e Bataillon.

La relève se fit attendre-jusqu'aux 2 et 3 mars. Ces derniers jours passés en ligne furent particulièrement durs. L'effort qui, le 26 février, avait rendu l'ennemi maître de l'ouvrage d'Har.

daurttont, l'avait amené jusqu'aux abords du village de Vaux ; cet effort, vigoureusement endigué, dans la zone intéressant le 44° R. I. T. par les 42e et 44e R. I., ne perdait rien de sa vivacité : l'arrêt dans la progression de l'infanterie allemande n'atténuait en rien le bombardement. D'autre part la tension nerveuse accumulée depuis le 21 février, la continuité des privations et fatigues produisseso-n effet sinon sur les âmes, du moins sur les corps de ces soldats en moyenne plus que quadragénaires. La détente qui suivit fut d'ailleurs, comme on le verra dans un instant, assez illusoire.

Soit préoccupation, au début, des facilités de retraite, soit plutôt impérieuse obligation d'assurer libre accès aux renforts, les trains avaient été rejetés sur Senoncourt, à 14 kilomètres (par routes) Sud-Sud-Ouest de Verdun. — (Le train de combat, y compris les cuisines roulantes, celles du moins qu'on avait pu faire sortir de la boue des Hautes-Charrières et autres cloaques de Woëvre, ne tardèrent pas à se nicher dans une carrière située le long de la route, Ferme de BELLEVUE, fort de SDUVILLE). — Le Capitaine SOYEZ, le maréchal des Logis LEGOURD (sous-officier adjoint au, Chef du 2e Bataillon) et maints autres firent de grands et périlleux efforts pour assurer la liaison nonobstant cette distance.

Malgré cela, malgré la découverte et l'utilisation d'un dépôt de conserves dans une maison non encore détruite de Damloup près du réservoir (extrémité Ouest du village), l'alimentation resta fort précaire tant que les bataillons furent en ligne. On ne pouvait aller à l'eau que la nuit, dans le village de Vaux où, à vrai dire, elle coule en abondance, ou encore à Damloup.

Coup dloell rétrospectif. — Avant de poursuivre notre récit, jetons un coup d'oeil rétrospectif sur cette période du 21 février au 3 mars 1916.

Une première remarque est imposée par l'équité :


L'exposé des événements a mis en lurriière les principaux faits et gestes des diverses unités ; mais à côté des compagnies et bataillons il y a ce qu'on peut appeler LES SERVICES. Un mot a déjà été dit des mitrailleurs, des ravitailleurs. Les sapeurs bombardiers étaient surtout, au Régiment, sapeurs pionniers, la distance qui séparait presque partout les lignes adverses en WOËVRE ayant toujours eu pour conséquence de restreindre l'usage des engins de tranchée. Comme tels, tantôt travaillent entre eux, tantôt, et plus souvent, moniteurs d'équipes fournies par les compagnies, ces hommes, à l'exemple du Sous- Lieutenant FIiELIER, leur chef actif et dévoué, avaient toujours eu, depuis la création du peloton, leur bonne part de fatigues et de. dangers. Il en fut de même durant la crise du: 21 février au 2 mars, où leurs diverses fractions contribuèrent en divers points, souvent les plus exposés, à la réparation des défenses bouleversées, au rétablissement des communications par boyaux, etc.

Quant aux téléphonistes, le tableau des citations dit éloquemment leurs pertes et leur intrépidité, spécialement comme réparateurs des lignes sous le feu.

Même observation pour le service médical aux divers échelons.

< Dans les périodes d'accalmie des mois précédents, des brancardiers sous l'impulsion immédiate des médecins auxiliaires qui s'y succédaient à chaque relève, avaient réussi à constituer au « réduit des Hautes-Charnières » un poste de secours à peu près sec et de bonne protection. Presque partout -ailleurs, le personnel sanitaire n'était, de par la nature du terrain, que fort médiocrement abrité ; ses allées et venues se faisaient le plus souvent, même aux moments les plus critiques, sur le sol naturel sans boyaux.

Disons ici que, souvent dangereuse pour ceux qui l'assuraient ou s'y associaient pour saluer et bénir au nom de la PATRIE et de la RELIGION, l'inhumation des morts se fit, à toute .époque, avec le plus pieux respect, même à Fromezey, ouil avait fallu s'occuper aussi de tant de blessés, où les deux écrasements d'abris avaient accumulé tant de cadavres. Le premier mot du Commandant ROBIN quand, avant le petit jour du 25 février, il retrouva son Chef de Corps sur la route EtainVerdun à la barricade d Abaucourt, fut-ceui-ci : « Mon Colonel, nous avons pu les enterrer tous ».

Deux choses restent à faire pour donner sa pleine physionomie à cette décade tragique — tragique dans la petite histoire du 44® R. I. T., tragique aussi dans la grande histoire du PAYS, car, de toute la longue et vitale crise de VERDUN, il semble bien qu'avec l'époque où quatre mois plus tard, les Allemands effleurèrent Souville, le début de leur ruée en février 1916 ait été l'un des deux moments les plus angoissants.


D'abord, fidèles à notre principe de tout dire, nous mentionnerons un éclair de défaillance qui aurait pu être un incendie, et la façon dont il s'éteignit, inoffensif.

Un groupe d'une quinzaine d'hommes, qui le 26 février ou jours suivants, était blotti dans le fossé de lisière du bois de « La Montagne », (c'est le nom que les plans directeurs d'octobre 1918 donnent à cette parcelle du massif boisé tapissant les HAUTS DE MEUSE que ces plans intercalent entre les bois (CHÉNOIS au Nord, la LAUFÉE au Sud) seuls noms donnés par la carte d'Etat-Major) surveillant les pentes orientales découvertes dévalant vers Damloup et les têtes de ravin avoisinantes, se laissa impressionner par la précision ou l'intensité à un moment donné plus grandes du tir qu'il bravait cependant depuis belle lurette, subit la fascination de l'abri : on le vit, sans autorisation, refluer à travers bois vers le V. L. L.' I. déjà bondé ; le chef de corps se précipita vers ces malheureux pour les faire rentrer dans le devoir, .au besoin le revolver sur la tempe ; mais il ne les avait pas encore atteints qu'il entendait à travers le taillis cette exclamation d'un homme, l'un d'eux peut-être : « ceux « qui s'en vont comme ça sont des lâches ! ». Ces mots suffirent : quelques secondes après, chacun avait de lui-même repris sa place, et ce groupe tint bon jusqu'à la fin comme tout le reste.

Les meilleurs juges de la conduite du 44e R. I. T. :

surtout pendant les auatre jours où ce régiment -fut laissé devant eux en première ligne, c'était évidemment la 28e Brigade et les canonniers de la 14e D. I. Or, dès les premiers jours le Lieutenant-Colonel recevait, à Haraigne, un message du Général LACOTTE affirmant sa haute satisfaction, invitant le chef de corps à lui proposer toute une série de récompenses. En dehors de ce document officiel, sans entrer dans des détails qui seraient fort suggestifs, mais trop anecdotiques pour trouver place ici, l'on doit constater que, sur le moment même et bien des mois après, officiers du 42e , officiers d'artillerie de la division CREPEY (14e D. I), ces jeunes chefs, tout pénétrés, en février 1916, du souvenir des affaires de Champagne qu'ils déclaraient dépassées, ont spontanément fourni au commandement du 44e R. I. T. des témoignages frappants de l'estime qu'avait su leur inspirer la troupe de vieux qu'ils avaient vue à l'œuvre.

Commandement Boulanger (suite). — Le Commandement BOULANGER avait eu tout d'abord : à prolonger jusqu'à relève l'effort que la gravité des circonstances imposait au régiment ; à parer principalement, durant ces quelques jours, à la difficulté des ravitaillements en ligne.

Il lui fallut ensuite :


présider au court repos relatif accordé au 440 avant sa transformation en régiment de travailleurs ; repos très contrarié par le froid subi dans les péniches d'Haudainville. Destiné à devenir plutôt agréable dans la belle saison pour la 2e Compagnie qui y resta stationnée durant l'été de 1916, ce cantonnement aquatique a laissé des souvenirs fort pénibles à ceux qui l'ont occupé seulement en mars de la même année ; assurer la vie régimentaire et la marche des divers services en maintenant ]es liens hiérarchiques entre les diverses unités dispersées suivant deux axes, qui atteignirent généralement : dans le sens Nord-Sud : trente kilomètres.

dans le sens Est-Ouest : une vingtaine.

La Voie Sacrée. — La tâche principale du 44e allait consister désormais, pendant les mois si critiques de l'obstinée défense pied à pied de Verdun, à entretenir la « Voie Sacrée ».

(Les Corps constitués de la Meuse demandent (1919) que cette dénomination soit perpétuée sur les plaques indicatrices qui donnent d'ordinaire le numéro de la route nationale ou départementale et ses aboutissants) célébrée par Maurice BARRÉS, reliant BAR-LE-DUC A VERDUN même, par ISSONCOURT (P. C. du 44e R. I. T.), HEIPPES, SOUILLY, quartier-général de la IIe Armée, B-ALEY COURT.

Surtout avant que le chemin de fer économique Meusien eût vu son rendement augmenté par doublement de voies, la route en question était l'artère vitale de cette résistance épique qui n'allait pas tarder à se muer en offensive victorieuse. Camions à munitions,- à vivres, à matériel de toute sorte, chargés soit de troupes montant en secteur, soit de troupes relevées, s'y pressaient jour et nuit en files interminables sans cesse renouvelées, fréquemment doublées par les voitures de tourisme portant les Généraux PÉTAIN, NIVELLE et leurs principaux subordonnés, les officiers d'état-major qui allaient représenter au Grand Rapport de Souiliy les divers corps d'armée ou mieux « groupements », etc., etc. *

Sans trêve ni merci, sauf quelques heures tous les sept ou quatorze jours, absorbées par le nettoyage des armes, n'interrompant la manœuvre de la massette, ou le « hérissonnape » ou l'extraction des pierres à macadam que pour le iepas du milieu de la journée consommé sur place : disposant savamment leur toile de tente pour protéger le travailleur accroupi, d'abord contre la neige fouettante, la pluie, le vent du Nord ; bientôt contre les ardeurs du soleil réverbérées par la blancheur de la route poudreuse, les « pépères » du 44e s'acharnaient à refaire la chaussée jusque sous les roues, pour ainsi dire, des camions ; (un trafique accident prouva bientôt les dangers de cette existence le long de la route : la mort du Capitaine LECLAIRE, de


la 7e Compagnie, à la tête de laquelle il avait bravé tant de périls): atteint soit par un camion, soit par la voiture que ce camion traînait en remorque, il fut tué sur le coup un soir a Erize-la-Grande. Cette perte fut vivement ressentie par tout le Régiment). Comprenant très bien l'impérieuse nécessité, la souveraine importance de cette besogne intensive pour les camarades plus jeunes qui leur avaient succédé sur la ligne de feu.

Si l'on compare >entre elles ces deux périodes : la décade de la défense du front de Woëvre, puis des Hauts de Meuse ; les quatre à cinq mois d'obscur travail routier ; la première apparaîtra certainement comme encore plus méritoire, mais la seconde comme plus utile ; car le maintien en état de la « Voie Sacrée » représentait assurément un objet de plus de conséquence pour .l'ensemble des opérations que la conservation, pendant quatre jours, de quelques kilomètres carrés de terrain qui devaient, en fin de compte, être abandonnés par ordre.

Aussi est-il intéressant de constater que le service technique de la IIe Armée s'est toujours déclaré hautement satisfait du 44E.

Mêmes éloges recueillis incidemment de la bouche du Général Cdt la 37e D. I., qui avait vu à l'œuvre les équipes travaillant au Nord de Récicourt où cet Officier Général avait son P. C.

Sur ces entrefaites une première prise de contact eut lieu avec une unité destinée à- se fondre plus tard dans le Régiment proprement dit, à lui fournir alors de précieux éléments ; le Bataillon « BRANCHARD » ainsi désigné du nom de son chef, vigoureux septuagénaire lorrain, déjà capitaine de mobiles en 1870, qui avait à toute force voulu reprendre du service dès qu'il avait vu les cartes se brouiller en juillet IQ14. Ce bataillon est l'une des deux principales formations visées au début de cet historique comme ayant porté le n° 44 sans faire partie du 44E R. I. T. de campagne ; l'autre est le bataillon MAGNENOT, qui n'a jamais été, lui, rattaché au Régiment (sauf pourtant un rattachement nominal de cinq jours, 22-27 septembre 1915, passés par ce 'bataillon aux baraquements de SouviHe).

Cessant donc, pendant une quarantaine de jours de l'été de 191^ de relever directement de l'Etat-Maior, le bataillon BRANCHARD fut placé,pour décentralisation, sous les ordres du Lieutenant-Colonel du 44E, qùi était rentré de convalescence le T"' juin. Le P. C. de ce bataillon était à proximité de Dombasle (sur la route de VERDUN à CLERMONT-EN-ARGONNE et à VARENNES) ; les compagnies 18 à 21, dont il se composait, étaient échelonnées, qui au Nord, qui au Sud de cette route. Leurs occupations étaient analogues à celles des trois premiers bataillons


: du 44e. Elles furent à icette époque, particulièrement les compagnies B~MMM~à Fromeréville, PIERRON plus au Sud-Ouest, a peu près les teules du Régiment, avec les compagnies 7 et 1,1 qui se succédèrent au Nord de fîécicourt, à être exposées aux insultes parfois meurtrières de l'artillerie allemande.

Les mouvements qui vont suivre rendirent ce rattachement du Bataillon BRANCHARD fort éphémère., « Le Roi de l'Argonne ». - Le retour en secteur débuta par * le r61 Bataillon.

Le Commandant BAUER et son monde furent attachés à une D. I. (la 130e) en ligne dans la région du Four de Pari6 (points tenus par le Bataillon BAUER à l'Est du Four de Paris : a Ravin intermédiaire ; Isba), c'est-à-dire dans la partie de l'Argonne située au Nord de la route CLERMONT-LES-ILETTESSTE-MÉNÉHOULD. Exposés anoitamment ;aux Minen, nos hommes y subirent certaines pertes. Le IER Bataillon s'y posa dès lors fort bien dans l'esprit du chef de cette division, Général TouV LORGE, à qui, parila suite, il devait être de nouveau subordonné.

La 2fe Compagnie eut bientôt, !pour deux à trois mois., une -spécialité originale : « le bourricot » déjà cher aux vieux Algé*• riens, f aisaw son utile apparition sur les .champs de bataille de f la 'grande guerre, allégeant les combattants le long des pistes donnant :accès aux lignes, -portant patiemment vivres, munitions, matériaux. Sau-s le commandement du Lieutenant BIZARD, l'unité précitée fut transformée en « compagnie de porteurs avec y, ânes !». Elle resta .même, àoe titre, à la deuxième armée pendant j un certain temps après le départ du Régiment pour l'Aisne.

Le mouvement vers l'Ouest était commencé. La succession y des' événements, le hasard des désignations allaient arracher f le 44e à son naturel et premier théâtre d'activité

Après une apparition sur la ligne Marre-Charny où le 2e Baf taillon tint la courtine le long de la Meuse entre deux bataillons l actifs (1), le 3e Bataillon formant réserve au bois des Sartelles, ces deux bataillons du 44e furent affectés vers la fin d'août à * une partie du front voisin de Vauquois, Boureuilles, La Fille- Morte : à quelques kilomètres par conséquent à droite (Est) J't du Bataillon BAÎUER. Le morceau de secteur attribué en propre ; au 44e avait nom. « les Merliers il y eut à fournir en outre., suivant un certain roulement, des renforts au régiment actif

(ij La 1278 Brigade, Colonel GRUMBACil, Commandant 'le Sons-Secteur G. se trouva ainsi momentanément (deuxième quinzaine d'août 1916) composée comme suit :

B6I° R. 1. ï,ieutenant-GoloTiel d'EFCOEVIUE, a qui était subordonné'le Bataillon r "territorial en ligne, Ja C. M.ie:t les Sapeurs pionniers du 44".

E. 31. (Etat-l\lajor),C. M., a» et 3* Bataillon du 44* R. I. T.)


contigu, 122e R. I., de la 31e D. I. Celle-ci, que commandait alors le Général DE CADOUDAL, avait succédé sur ce terrain à la ge D. I. (Général ARLABOSSE) qui lui avait presque tout de suite passé le 44e en même temps que le secteur. Une lettre du Général DE CADOUDAL témoigna du bon souvenir gardé du Régiment par cet Officier Général.

Dans cette situation, les pertes du fait de l'Artillerie ennemie portèrent sur les unités stationnées à Lochères : trains de combat, partie de la C. H. R., compagnies de réserve.

Le P. C. du Lieutenant-Colonel était à « Mont-de-Villers ».

Les lisières boisées du pied des abruptes pentes orientales de l'Argonne, avec leurs frondaisons si magnifiques en cette fin été (ces splendeurs arborescentes trouvent leur prototype dans « le Roi de l'Argonne », géant de cette région forestière, flanqué d'une source chèreaux touristes d'avant-guerre, et au pied duquel passaient et repassaient alors divers éléments du 44e), se prêtaient assez aux chicanes. Mais,, patrouilles permanentes, comme équipes de téléphonistes et autres spécialités précieuses en ligne, avaient achevé de fondre au cours du semestre routier durant lequel la complète absorption de tous les instants empêchait toute réorganisation. Il avait fallu reconstituer le service téléphonique, avec un personnel de fortune, à la grand' halte précédant la prise des tranchées. Pour les patrouilles de nuit, des volontaires furent sélectionnés, fortement encadrés (Chef : sergent OLLENDORFF) ; leurs premières opérations de concert avec les patrouilleurs du 122e R. I., furent l'objet d'appréciations très favorables de la part des Officiers de ce régiment qui en avaient la direction. Le départ pour l'Aisne coupa court à cet intéressant travail mixte de vieux et de jeunes.

C. - L'AISNE.

Travaux et Combats.

Fusion du Bataillon Branchard. — Réorganisation. — A la mioctobre 1916, les trois bataillons, moins la 2e Compagnie, d'abord laissée en Argonne avec ses bourricots, qui rejoignit au bout de quelques semaines ; l'E. M. du régiment et la C. H. R. ; la C. M. du corps, sans la Ire C. M. de Brigade (Compagnie CHAGNON), s'embarquèrent à Sainte-Ménéhould sous une pluie diluvienne, débarquèrent à Fère-en- Tardenois, furent suivis du Bataillon BRANCHARD que le Lieutenant-Colonel recevait l'ordre de fondre dans les trois premiers.

Après divers remaniements, le régiment se trouva réorganisé conformément au nouveau type à trois compagnies d'infanterie et une C. M. dans chaque bataillon. La C. M. BRUNOLD était


toute constituée. A la C. M. CHAGNON définitivement maintenue en Argonne et définitivement perdue pour le régiment et la 212e brigade, était substituée par une sorte de permutation la C. M. WEHRUNG laissée sur place par le 64e R. I. T., qui avait en somme fait chassé-croisé avec le 44e. La création de la C. M. du 3e Bataillon fut confiée au Capitaine PIERRON, ancien commandant de compagnie dans le Bataillon BRANCHARD, qui en poussa très activement l'organisation et l'instruction ; mais le matériel, le personnel animaux se firent attendre de telle sorte que cette unité eut à peine le temps de vivre comme C. M.

avant l'époque où nous verrons plus tard que fut dissous le 3e Bataillon.

Les numéros de compagnies d'abord conservés furent : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11. Ce numérotage maintenait la personnalité morale des compagnies qui gardaient à leur tête leur ancien chef telles que la 8e dont la constance à Fromezey méritait quelque considération. Des instructions de l'Autorité supérieure ayant précisé ensuite que les compagnies supprimées devaient être celles portant le numéro le plus elevé dans chaque bataillon, la 8e, toujours sous les ordres du Capitaine MIMIL, s'appela finalement 5°.

Les Commandants BAUER, BOULANGER, ROBIN, gardèrent chacun leur bataillon. Le Capitaine BRANCHARD reçut la Légion d'Honneur et un emploi dans le service des P. G. (Prisonniers de Guerre).

Hiver 1916-1917. — La bienveillance du Haut-Commandement ménageait au 44e à l'aurore de cette seconde phase de son existence en campagne, une halte précieuse : la première depuis le 31 juillet 1914. Entre le débarquement à Fère-en-Tardenois, suivi de la répartition en cantonnements appropriés à sa mission future, et l'entrée en secteur, soit pendant une douzaine de jours expirant le 3 novembre 1916, aucun service ne fut demandé au régiment. Le chiffre des absents par permission pendant cette même période fut porté à 5° pour cent.

L'espace du temps qui sépare la première entrée en secteur sur le front de l'Aisne du régiment réorganisé d'avec l'offensive française d'avril 1917 , soit cinq mois et demi, représente pour le 44e diverses alternances de travaux variés à l'arrière, d'occupation des tranchées en première ligne, tantôt très en amont, tantôt juste en aval de Soissons.

Les travaux eurent surtout pour objet la préparation de l'offensive d'avril : montage de barraques sanitaires à Courlandon, Mont-NotreDame. Sur ce dernier point, le Lieutenant-Colonel eut l'occasion, s'étant rencontré sur les chantiers avec cet Officier Général, de recueillir l'expression de la vive satisfaction du Général BOUT-


TIAUX, Commandant le Génie de la 6e Armée ; les hommes et les cadres en effet prenaient goût à ce travail, qu'ils accomplissaient avec prestesse ;

déchargement de matériel; de guerre de toute sorte ; .chargement de denrées et matériaux en. souffrance à SoisSOTtS et qu'il s'agissait de soustraire à la destruction ; extinction, au dit Soissons, des multiples incendies allumés par les projectiles ennemis ; création ou entretien de voies de fer et de terre, etc. etc.

Les fréquents chargements d'installation laissèrent souvent nos unités désarmées contre les morsures, cruelles cet hiver-là, du froid.

En tranchées, le régiment garnit : en amont de Soissons : le cours de l'Aisne à hauteur de SaintMard, Cys-la-Commune, Presles et Boves ; en aval de Soissons : la même rivière en avant (Nord) de Merein, Vaux-Mercin, Pernant ; réserves à Saconin.

Les lots ainsi confiés au 44° subirent diverses rectifications de frontières latérales, qui se traduisaient toujours par une extension du front à défendre ; c'est ainsi que de Presles et Boves, le régiment déborda bientôt dans le Bois-Morin, en face de la tête de pont allemande de Vailly, et jusqu'au P. A. V.

inclusivement (notre point d'appui de la Vesle).

C'est ainsi qu'ailleurs la droite du 44e pénétrait dans la partie Ouest de Soissons (faubourg SAINT-CHRISTOPHE), tandis que la gauche du bataillon de Pernant, formant, à 7 kilomètres de ce faubourg, au point où la voie ferrée enjambe la route nationale n° 31 qui lui est sensiblement parallèle, l'extrême gauche du G. A. C. (groupe d'armée du centre), entamait et, au moment où le régiment fut relevé, avait mené presque à bonne fin un ouvrage destiné à consolider la liaison avec l'extrême droite du G. A. N. (groupe d'armée du nord).

Un peu moins enlisée que les années précédentes dans les Hautes-Charrières,. grâce à la nature assez souvent sablonneuse du sol de la vallée de PAlSNE, la troupe eut cependant beaucoup à souffrir. Assez agréables dans la belle saison, ces sortes de secteurs deviennent, l'hiver : un peu plus dangereux, l'artillerie ennemie distinguant mieux les objectifs quand les arbres se dépouillent de leur feuillage ; les points les plus « sonnés » furent : « l'LIe», les « Maisons grises1 » (région BOIS-MORIN-VAILLY) ; surtout par les torpilles aériennes ; St-Mard en avril 1917, juste avant le déclanchement de notre offensive, par obus ; fort pénibles du fait de l'invasion de l'eau ; les unités nichées dans la levée Nord du canal latéral à l'AISNE (rive gauche de la rivière en amont de Vaïny) furent menacées de noyade par


la perturbation du jeu des éclu-ses. Même menace en aval de Soissons pour les occupants du petit bois dit « de Rochemont » (tM~& de la ferme en vis-à-vis rive droite) point d'appui de première ligne situé au bord même de L'AISNE à peu près en face de Pommiers.

On restait d'ailleurs confondu plus tard, lorsqu'on suivait, par exemple au commencement de 1918, la route SOUPIR-CHAVONNE-VAILLY, alors en notre pleine possession, que de ces villages énumérés plus haut, tels que St-Mard, Cys-Presles, aux trois-quarts détruits certes, on restait confondu que le dernier quart pût encore subsister, tant on les voyait plaqués en espalier, en écran au pied de ces pentes sud du profond fossé de l'AISNE. qui s'étalaient, avant notre offensive, aux yeux des observateurs allemands de la rive opposée.

Les ponts : de Chavonne (pour le temps passé en amont de Soissons) ; du C. B. R. (Chemin de fer de la Banlieue de Reims) ; de Pommiers (pour le temps passé en aval) ; étaient, quoique rompus, des points particulièrement surveillés, les débris pouvant, dans une certaine mesure, favoriser le rétablissement rapide du passage.

Les grandes unités dont dépendit principalement le 44e dans ces deux secteurs amont et aval furent : le « groupement BAQUET » ; le 2e C. C. (Corps de cavalerie), commandé par le Général DE MlTRY, puis par le Général DE BUYER ; Ce 37e C. A., Général TAUFFIEEB ; le 6e C. A., Général DE MlTRY. # Les P. C. du Lieutenant-Colonel furent : en amont : Brenelie ; ; Chassemey ; Couvrelle, à une époque, précédant de peu notre offensive du 16 avril 1917, où les Allemands opérant sur la rive droite de l'AISNE leur retraite progressive et à moitié volontaire, le commandement du Lieutenant-Colonel du 44e, chargé de garder la rive gauche et de rendre les troupes au fur et à mesure que notre avance sur la rive droite restreindrait sa mission, se trouva momentanément étendu à deux bataillons de chasseurs, 25e et 290 Bataillons et unités accessoires ; en aval : Vaux-Mercin.

Les Corps de troupe avec lesquels le 446 eut le plus affaire pour relèves réciproques furent les cuirassiers à pied, 5e et 12e Régiments.

VaUly. Colombes. Celles. — La fin de la période que nous venons de résumer avait été tristement marquée par un incident sans précédent - et sans renouvellement — au 44" :


Nanteuil-la-Fosse. — Au P. A. V., un groupe de trois hommes f servant un F. M. (Fusil mitrailleur), s'était laissé surprendre et enlever, sans trace de lutte sanglante, par unepetiteemm STOSSTRUPPE (troupe d'attaque, généralement dotée d'un recrutement et d'un entraînement spéciaux) allemande. La IOe Compagnie, à laquelle appartenaient ces trois hommes et qui avait montré tant de souplesse pour gagner Fromezey le 21 fé- vrier 1916, tant de constance les jours suivants pour s'y maintenir allait avoir bientôt l'occasion de laver cette tache dans la région de la ferme Colombe, de Nanteuii-la-Fosse, du Fruty.

Ainsi que le Général MANGIN l'avait lumineusement expliqué d'avance- à son Q. G. (Quartier Général), au Lieutenant-Colonel, le rôle dévolu au 44e R. I. T. n'était point d'attaquer des positions. L'âge des territoriaux, la diminution d'agilité qui en résulte, l'absence d'instruction, la totalité de leur temps depuis la déclaration de guerre et avant, ayant été alternativement absorbée par le service aux tranchées et les travaux, tout leur assignait une mission plus modeste dans le grand drame qui allait se jouer. Cette sage intention du Command«*uUJF fut confirmée au dernier moment par la solution négative donnée à une demande de grenades offensives, ces engins étantréservés, répondit l'Etat-Major, pour les troupes d'attaque.

Le régiment appartint d'abord au « DÉTACHEMENT SPÉCIAL DE L'AISNE » ; ce groupement, placé sous les ordres d'un Lieutenant-Colonel de l'armée active (Lieutenant-Colonel MECHET, du 17le R. I.), Officier supérieur à carrière coloniale, comprenait, avec le 44e R. I. T., partie d'un régiment actif d'infanterie (un bataillon du 1710 R. I.), et deux bataillons sénégalais (27e et 29e).

Sa lâche consistait en substance, à nettoyer d'ennemis; la rivière et sa vallée 'au fur et à mesure que les attaques proprement dites, convergeant sur l'Ange Gardien, point remarquable des plateaux au Nord de l'Aisne, amèneraient les unités allemandes qui garnissaient le cours d'eau en aval de Chavonne à se replier pour n'être pas prises à revers. Dans le 44e, le Bataillon BOULANGER (2e Bataillon) devait se glisser par sa droite, dans Soupir à la suite des troupes actives et contribuer au.nettoyage de la rive droite, puis à l'aménagement du terrain conquis. Son mode et son point de passage de l'Aisne lui étaient assignés avec précision.

Les- 3e et IER Bataillons avaient à nettoyer dans des conditions analogues la tête de pont de Vailly, c'est-à-dire cette sorte d'arc de cercle, plus exactement corde de l'arc formé par l'AISNE et par son canal, que, depuis plus de deux ans, les Allemands avaient conquise sur la rive gauche immédiatement en aval du pont détruit de Vailly ; à occuper le bourg même, ou ville, de Vailly, sur les pas des Allemands ; à s'élever en même temps sur les plateauxVaucelles pour épauler et relier l'avance


victorieuse : à droite (Est) du 6e C. A. ; d'une autre grande unité à gauche (Ouest) : savoir : It1VC. A. C. (Corps d'Armée coloniale) ; en cours d'opération vint s'intercaler le 37e C. A.

La tournure que prirent les événements ne permit pas de suivre point par point le programme communiqué, qui représentait l'horaire du succès maximum. Le détachement spécial de l'Aisne fut vite dissous ; l'apparition espérée d'une fusée-signal convenue annonçant la conquête de l'Ange Gardien se fit indéfiniment attendre. Le Bataillon BOULANGER reçut directement l'ordre de surseoir à son mouvement. Le P. C. du LieutenantColonel du 44e R. I. T., qui aurait dû d'après le programme s'installer dans Vaiily dès le 16 avril, quinze heures (on sait que l'attaque fut déclanchée ce jour, 16 avril, à huit heures) n'y fut constitué que le 18 avril vers dix-neuf heures.

Le Bataillon BAUER (IER Bataillon) était momentanément disloqué pour missions diverses : la 3e Compagnie (Capitaine SERGENT) avait amené à pied d'œuvre, à l'extrême lisière du couvert boisé, le matériel qui allait servir à la construction ou reconsv truction du pont de Vaiily pour voitures d'artillerie ; la 2e (Capitaine MARJOLET) était affectée à l'escorte des prisonniers ; il lui en passa par les mains près d'un millier ; la Ire (Sous-Lieutenant JACQUEMIN) fournissait une chaîne de coureurs entre deux organes de commandement de la D. I. d'ANSELME : (127e D. 1.):P. C. sur la rive droite ; poste d'observation d'officier sur la rive gauche, près de la Chapelle des Bovettes.

Au Commandant ROBIN (3e Bataillon) qui tenait le Bois Morin, le P. A. V., incombait l'action sur Vaiily. Cet Officier supérieur guettait le moment d'aborder les tranchées de la tête de pont.

Ses rapports, basés sur ceux des patrouilles et sur les observations 'à la lorgnette, la signalaient comme toujours occupée.

L'arrivée, dans l'après-midi du 18 avril, du sous-chef d'E. M.

du 6e C. A., Commandant DE L'EpiNOIS, naturellement bien plus au courant de la situation générale que ne pouvaient l'être les Chefs du 44e, et qui d'ailleurs apportait l'ordre d'aborder les tranchées adverses, leva toute incertitude.

Le Lieutenant-Colonel était à ce moment en observation à la corne du Bois-Morin, d'où il assistait, de seize heures à seize heures trente environ, à de grosses explosions dans Vaiily, notamment celle de l'usine électrique. C'était la preuve que les Allemands étaient encore dans l'agglomération, mais l'indice d'un abandon prochain. Le parti du Chef de Corps était donc pris de lancer, à la tombée de la nuit, dans la tête de pont, deux patrouilles d'officier, suivies à petite distance sauf événement, par l'ensemble du Bataillon ROBIN. Les renseignements et l'ordre de l'E M. du 6e C. A. permirent de réaliser sur cette détermination une avance de plusieurs heures.

La tête de pont est occupée sans coup férir. Le canal tra-


versé sans difficulté sur passerelles pour piétons non détruites.

Sur l'Aisne elle-même, passerelle rompue ; mais une barque insuffisamment coulée par les Allemands, vite renflouée, lestement manœuvrée, par le Capitaine d'Artillerie LE GOARREC, breton et fils de marin, familier avec toute navigation, reçoit une.

première demi-douzaine de passagers, à qui leurs casques servent d'écopes ; la barque va et vient avec d'autres fournées ;..

un peu plus tard, les morceaux de passerelle seront reliés entre eux, le passage par piétons assuré. Brefvers 18 heures, un message dicté d'une rive à l'autre par le Lieutenant-Colonel à son adjoint qui n'avait pas trouvé place au premier voyage de la barque, rendait compte au 6e C. A. que nous avions pris pied dans Vailly ; que les travaux du pont pour artillerie, c'était la grosse affaire, pouvaient commencer.

L'Officier patrouilleur, M. OuRION, ne rencontrait plus dans le bourg que deux traînards allemands occupés à bourrer leurs poches de provisions, dont l'un fut tué, l'autre put s'échapper.

Dans la nuit, une patiouille réalisait péniblement, à travers un terrain bouleversé, parsemé de cadavres, la liaison amont avec Chavonne : ceci à droite (Est). A gauche (Ouest), c'està-dire en aval, la liaison avec Condé allait être assurée par les soins du Commandant ROBIN ; le 3e Bataillon, en effet, franchissant l'Aisne, d'abord en barque, puis par la passerelle, fit tache d'huile dans Vaillv. s'éleva par Vaucelles jusqu'au bord du plateau qu'on peut appeler plateau de la ferme Colombe, du nom de la ferme où le Kaiser avait passé une revue après sa victoire de janvier 1915 ; fait en mémoire duquel les Allemands avaient apposé une plaque. N Dès lors et pendant une douzaine de jours (relève par le 66e R. I. T., nuit du Ier au 2 mai), la mission du régiment con- sista, entre. le 294e R. I. à droite (Est), le 329e R. I. à gauche (Ouest), progressant, le 294e par le ravin de Jouy, le 329e R. I. g par le ravin de Chantereine, à gagner du terrain sur le plateau 1 lui-même (et ravin secondaire adjacent à drôite) jusqu'au pied q.

de la. ligne Hindenburg qui paraissait marquée par la tranchée :J dite « du BIOCUS » et autres. Cela ne se fit que très lentement 1 et non sans peine ni pertes, le tapis de billard du plateau n'of-'j frant aucun cheminement. L'enlèvement par le 329e de la ferme J Colombe, par le 294e de la ferme Toty, contre laquelle une pre- : mière tentative de nos territoriaux avait échoué, facilita notre pénible progression sur la partie médiane découverte de la bande; de terrain affecté au Régiment.

Quelques éléments étrangers au Corps lui furent ad joints 1 durant cette période. Outre le groupe PASCAL de l'A. D. 158 (Artillerie Divisionnaire de la 158e Division) mis autant nue de 1 besoin à la disposition du Lieutenant-Colonel du 44e R. I. T., : plusieurs compagnies du 66e R. I. T. sous le commandement du 1


Chef de Bataillon: DE LA. MARTINIÈRE furent, trois jours durant, placées sous les ordres du Lieutenant-Colonel DE SENILHES et tinrent la droite (Est) de son terrain. Il disposa de même au début, d'un ou deux pelotons de cavalerie.

Les trois bataillons du. 44e participèrent à.la tâche ingrate et assez périlleuse rrui remplit ainsi la fin d'avril et les tout premiers jours de mai, savoir : 2e Bataillon à droite (Est), avec P. C. dans dOuy, puis a côté (Ouest) , de Jouy ; 3e, puis IER Bataillon à gauche (Ouest) avec P. C. tantôt à l'extrémité gauche de la tranchée « de la galère », tantôt dans une excavation très précaire sur le plateau même à proximité de la ferme Colombe.

Le P. C. du Lieutenant-Colonel au Château de Vaucelles.

La caractéristique générale des P. C. comme des abris de tout ordre durant cette période fut d'être bien protégés. contre l'artillerie française ; pour les mettre à l'épreuve de l'artillerie allemande, il eut fallu disposer du temps, du matériel et du personnel nécessaires pour « retourner » ces anciens ouvrages allemands perfectionnes à loisir durant deux années et plus d'occupation..

Trois faits sont à retenir pour caractériser le degré de mérite de cette phase de la vie du 44e : à notre extrême droite, dans Jouy, écrasement par obus d'une cave, l'obus et les matériaux tuent six hommes- de la 7e Compagnie, dont le caporal NEVEUX, en blessent sept. Le chiffre des pertes du Régiment au cours de sa participation à l'offensive de l'Aisne soit du 16. avril au 9 mai 1917, est de 2 officiers blessés, 15 hommes tués sur le coup, 67 blessés. Parmi ces derniers le soldat HEMAS, qui malheureusement n'a pas survécu, réalise le type de l'ordonnance célébré naguère dans les originales et légendaires instructions du Général DE SAINT-MARS : son offircier, Sous-Lieutenant FRIZZA, faisant une ronde, il n'avait pas voulu le quitter d'une semelle ; un même obus blessa l'officier à la jambe, frappa mortellement son fidèle et brave compagnon.

La tombe de ces braves aura sa place au- dernier jour de l'existence du 44e R. I. T. de campagne ; non loin de là, sur la route Jouy-Vaudesson, à quatre ou cinq cents mètres de Jouy, un autre bombardement faillit avoir des conséquences bien plus meurtières ; quelque indice au moment de la relève, sans doute, ayant fait présumer aux Allemands que nous occupions une petite creute située au point ci-dessus défini, creute qu'ils connaissaient bien pour l'avoir aménagée, leur artillerie lourde entreprit de l'écraser sur ses nouveaux habitants.

La voûte naturelle ne fut pas crevée ; mais la chute intérieure d'énormes quartiers de roche, détachés par les percussions, se


combinant avec l'inflammation, également à l'intérieur, des cloisons bitumées laissées par les Allemands, formaient pour la quarantaine d'hommes de la 6e Compagnie ainsi bloqués et enfumés, un ensemble réellement impressionnant. Il fallut au commandant de compagnie, Lieutenant JULLIEN, au sergent qui le seconda, un sang-froid imperturbable et communicatif pour empêcher tout affolement, attendre l'instant propice à la sortie/un à un, de ces quarante hommes qu'une envolée prématurée en paquet eût voués à la mort. Ainsi se termina sans perte * appréciable ce qui aurait pu être une catastrophe pour cette unité. La vigilance et l'activité du même Officier valurent au 44e les honneurs du bulletin de renseignements de l'Armée, d'une mention (toujours anonyme) à celui du G. Q. G. Parmi l'énorme quantité de matériel de toute sorte abandonné par les Allemands dans leur repli sur la ligne Hindenburg, se trouvaient, sur le terrain du Lieutenant JULLIEN, quatre pièces de 150 qu'ils avaient manifestement essayé sans succès d'emmener au dernier moment' ; à moitié enfouies dans une sorte de fourré, elles auraient pu échapper longtemps à quelque unité moins habituée à tout reconnaître autour d'elle ; aussitôt signalées par le com-

mand«rii^t de la 6e Compagnie, elles firent nombre dans la liste des captures de cette époque.

Le bulletin de renseignements numéro 98 de la VIe Armée, 25 avril 191 £ s'exprime ainsi : « à la suite d'une légère avarice « dans la région de la ferme Colombe, le 44e R. I. T. a pris « 4 pièces de 150 ».

Notons encore la grosse difficulté du ravitaillement tant que le pont pour voitures de Vailly ne fut pas livré à la circulation.

Il y fut paré par le personnel de la C. M. en organisation du 3e Bataillon, Capitaine PIERRON, qui n'avait pas encore reçu matériel spécial et chevaux ou mulets. Les voitures chargées de denrées s'arrêtaient forcément sur l'autre bord de l'Aisne ; les gradés et hommes de la compagnie PIERRON s'emparaient de leur contenu, traversaient la passerelle, montaient leur précieux fardeau jusqu'en .première ligne, soulageant ainsi d'une lourde tâche leurs camarades des unités engagées, libérant d'un déchet permanent les effectifs de ces mêmes unités : service de coolies extrêmement pénible et fort méritoire, parce qu'il s'accomplissait presqu'exclusivement la nuit et sur des itinéraires sévèrement bombardés. Leur capitaine, pendant ce temps, secondait fort utilement le Chef de Corps pour la partie tactique.

Après un très court repos (pas pour le 3e Bataillon) sur la rive gauche de l'AISNE à Salsogne, nous voyons encore, dans la première dizaine du mois de mai 1917, le 44e R. I. T. reprendre du poil de la bête à un moment où se marque un regain d'offensive française.


3e Bataillon dans la région ferme Chimy-Nanteuil-la-Fosse, à la disposition de l'I. D. 158 (Infanterie Divisionnaire de la 158e Division), dès le Ier mai jusqu'au 9 ; les 5, 6, 7 mai : Ier Bataillon au Nord de Celles-Sur-Aisne, en réserve de grande unité.

2e Bataillon à l'Ouest de Celles-Sur-Aisne, P. C. du LieutenantColonel à Celles.

Le Ier Bataillon exécute notamment des travaux sur le plateau Fort de Condé-Ferme Chimy.

Le 2e Bataillon, moins en angle mort,, près du cimetière de celles.,est assez ennuyé par les obus, il fournit 200 travailleurs ou porteurs au 329e R. I. près Nanteuil-la-Fosse ; Le 3° Bataillon (et Ire C. M.) détaché en dehors du Commandement du Chef de Corps, mêlé de très près aux troupes actives, fournit aux Colets, au ravin de Fruty, devant la tranchée de la Rade, un effort prolongé et périlleux, réclamant une sérieuse endurance. La tâche de ravitailler en grenades et munitions d'engins de tranchée les camarades de l'active au contact immédiat de l'ennemi, ainsi que le fait, par exemple, et fort allègrement l'unité blottie (quand elle se repose) dans une carrière au Nord de Nanteuil-la-Fosse, s'affirme d'ores et déjà comme particulièrement sévère.

Cette mission, d'autres équivalentes, incomberont encore à diverses unités du 44e R. I. T., sans doute aussi à beaucoup de ses gradés et hommes passés, après dissolution (ou avant cela, jeu des classes) dans d'autres corps. Mais c'est la dernière fois que le Régiment se trouve, en totalité, engagé avec rôles tactiques déterminés. Depuis un certain temps déjà, les corps territoriaux se raréfient par l'effet des dissolutions. Chacun d'eux se vide par les deux bouts, cédant ses jeunes aux formations actives, ses vieux aux services de l'intérieur. L'entrée en ligne des AMÉRICAINS va permettre d'accentuer ce second courant, que tous doivent se féliciter de voir grossir, puisqu'il représente un précieux soulagement pour nos familles françaises si éprouvées ; mais l'histoire des régiments de cette catégorie, si mouvementées qu'aient pu être leurs premières années de guerre, perdra forcément une grande partie de son intérêt, jusqu'à ce qu'elle se termine brusquement par l'émiettement aux quatre vents du ciel des cellules qui constituaient ce grand organisme qu'est un corps de troupe.

Va-et-vient. — Durant les neuf mois de vie qui lui restent encore, le 44e, continuant, depuis l'été 1916, à tendre vers.

l'Ouest, caillera de l'Aisne à la Somme, de la Somme à l'Aisna.

Le P C. du Lieutenant-Colonel, centre surtout administratif du Régiment, sera principalement':


dans la région de Soissons à : Chassemy ; Vauxtin ; Dhuizel ; Rouge Maison (NORD DE VAILLY) d'où partiront les ordres de dissolution ; 1

dans la région Noyon-Ham à •: Pontoise (près NOYON) ; Villers-Saint-Christophe (NORD DE HAM).

Voici, d'autre part, l'énumération des principaux théâtres d'activité des bataillons, souvent détachés fort loin du chef de corps.

i" BATAILLON.

Région Chassemy-Bois-Morin. Mort du troisième Sous-Lieutenant du Régiment tué à l'ennemi, M. MASSON, instituteur lorrain dans la vie civile, qui avait fait toute la campagne lui aussi, au 44e. Ayant conservé d'abord sa connaissance, montra dans ses souffrances beaucoup de sang-froid et de patience.

Succomba en arrivant à la formation sanitaire. La salve d'obus qui lui coûta ainsi la vie au retour du chantier routier avait atteint en même temps, mortellement ou non, plusieurs de ses hommes (sept dont trois mortellement, 23 juin 1917) de la 2e Compagnie.

On eut d'ailleurs, 'vers cette époque, la preuve palpable de l'importance que le HAUT-COMMANDEMENT attachait à ce travail de la route dont les dangers comme les fatigues retenaient son attention. Les Chefs de Corps reçurent des instructions pour attribuer aux travailleurs routiers des plus vieilles classes un chiffre déterminé, assez élevé, de CROIX DE GUERRE. Cette -mesure évoque le souvenir de NAPOLÉON accordant vingt brevets de la LÉGION D'HONNEUR à tel Régiment qui s'était distingué dans la campagne de -1814, sous la condition que dix d'entre eux seraient pour des « MARIE-LOUISE » : 'à un siècle de distance, application inverse d'une même pensée.

Abords immédiats du Chemin tlos Dames, Paissy, Nord de Paissy ; dans cette région du %Q juillet au 15 août 1917, le Ier Bataillon, mis à la disposition de diverses I. D., courut de gros risques, subit quelques pertes, affirma de nouveau sa vieille endurance.

Utérancourt (SUD-EST DE NOYON) et villages voisins plus à l'Est : là, travaux divers, surtout création d'une voie normale.., Vive satisfaction du service du génie. Lettre élogieuse du GénéTal TOULDRGE (commandant la 130e D. I.) au Chef de Corps, attestant de nouveau l'excellente attitude dû Bataillon BAUER.


Rouge Maison, puis ferme Hameret : voie de o m. 60 sur le plateau entre i'ÂLSNE et l'ALLETTE ; beaucoup de précautions à prendre ; chantiers assez souvent bombardés ; artillerie très satisfaite. (On sait que la construction des voies étroites est confiée au Service de l'Artillerie).

2e BATAILLON.

L'Aisne, Celles, Vailly, Soupir, travail principal : voies ferrées. Sérieux bombardements. Près de Celles, le Sous-Lieutenant DE VILLENEUVE, de la 6e, ne dût la vie qu'à la présence d'esprit de son Commandant de compagnie, Lieutenant JULIEN,

qui, sous les obus, improvisa séance tenante un garrot. La mort immédiate par hémorragie étant ainsi conjurée, M. DE VILLENEUVE put être transporté à SOISSONS et amputé. Sa citation témoigne de son stoïcisme.

Les abords du Chemin des Dames, région de Paissy, comme le IER Bataillon. Le ravitaillement de la première ligne en grenades ou matériel analogue allonge encore la liste funèbre et glorieuse de nos tués à l'ennemi ; parmi ces braves, un sousofficier très estims, Sergent HENRY (Joachim) de la 6e Compagnie. Le Sous-Lieutenant BERTHÉLÉMY lest légèrement blessé par les mêmes rafales.

La 6e Compagnie a ainsi : 1 sous-officier et 2 soldats tués sur le coup 1 officier, 1 caporal, 6 soldats blessés, la plupart grièvement (nuit du 28 au 2Q juillet 1917).

Région de la Somme entre Ham et St-Quenti^à Beauvois, bois d Holnon, vers le Fayet. Travaux très variés ; certaines équipes, opérant en vue et assez près de Saint-Quentin, subissent des pertes ; les gaz toxiques causent quelques évacuations (7e Compagnie : douze évacués pour intoxication, 28 septembre 1917). Ces éléments du 44e se retrouvent ici à la disposition de la 158e D. I. -

3e BATAILLON.

Dissous le premier., dès septembre 1917, ce bataillon présente, depuis mai de la même année, une histoire forcément plus courte, mais fort laborieuse aussi, dans la Somme et sur l'Aisne.

A la C. H. R. (Compagnie Hors-Rang), le « peloton de sapeurs bombardiers » fournit, en tant que troupe de sapeurs pionniers, des équipes ou des moniteurs devant Saint-Quentin, dans les mêmes conditions périlleuses déjà indiquées à propos du 2e Bataillon.


Un autre travail, rentrant plutôt dans la spécialité bombardiers; procure, quoique exécuté très à l'arrière, à un brave soldat de la C. H. R., ELARD, CUGNY (Aisne), 9 octobre 1917, la funèbre occasion d'inscrire dans les fastes du Régiment un sacrifice d'un caractère particulier en ce sanglant cataclysme déchaîné par l'agression allemande : lire la citation de ce' sapeur, qui, dans un atelier de transformation de grenades, se jeta au-devant de la mort pour sauver plusieurs de ses semblables.

D. — DISSOLUTION. ,

Résumé.

C'est de Rouge Maison près Vailly, avons-nous dit, que partirent en conformité des instructions du Commandement, les ordres de détail, pour la dissolution. Phase douloureuse pour les anciens du Régiment, les Lorrains et autres attachés à leur 44e comme à une petite patrie. Leurs Chefs s'efforcèrent d'ailleurs de leur faire comprendre les nécessités supérieures de bonne organisation, cause de ces mesures.

La dissolution finale, précédée de plusieurs démembrements, partiels, s'étant effectuée du 22 au 25 février 1917, beaucoup avaient encore une année pleine à passer sous les Drapeaux.

Il serait assurément intéressant de suivre, durant ce laps de temps, les groupes du 44e dans les nouveaux milieux où ils furent accueillis. Mais, outre que cette recherche pour ainsi dire posthume sortirait du cadre du présent historique, le morcellement a été trop complexe pour s'y prêter. Nous dirons seulement : que les principaux LÉGATAIRES du 4Ae R. I. T. furent les 728 et 86e R. I. T. ; 130e R. I. T. (bataillon de pionniers) ; 12e R. I. T.

Mais si nombreux qu'aient été les officiers et hommes de troupe à eux ainsi passés, ces Régiments, et les autres formations non citées ici, ne reçurent que des INDIVIDUALITÉS ; les seules unités qui aient conservé leur personnalité morale, tout en devenant C. M. P. (Compagnie de mitrailleuses de position), furent les trois C. M. :

C. M. 1 (Compagnie de mitrailleuses du IER Bataillon), Capitaine DARRAS, succédant, au moment de la dissolution, au Capitaine ARGENTIN, qui avait lui-même remplacé le Capitaine WEHRUNG. Cette troupe était destinée à se trouver en pleine tourmente le 27. mai 1918 ; C. M. 2, Capitaine BRUNOLD ; C. M. 3, Capitaine PlERRON.


Ces compagnies furent comprises dans des B. M. P. (Bataillon de mitrailleuses de position).

Le drapeau ne s'éloigna des armées que le 25 mars 1918, salué une dernière fois le 23 ou 24 par deux obus d'artillerie lourde allemande qui l'encadrèrent à 60 mètres, à Braisne, nœud de routes et de voie ferrée visé comme tel par l'ennemi dans le but de gêner notre glissement vers l'Ouest pour parer à son offensive du 21 mars, et où le Lieutenant-Colonel du 44e achevait d'assurer les formalités de dissolution, la transmission des dossiers, des Officiers, etc., etc., bref ce qu'on pourrait appeler la liquidation du corps.

Dans le fourgon qui l'emmenait au chef-Heu de la MAYENNE, lieu de refuge du Dépôt du 164e qui avait dû quitter Verdun en 1916, l'emblême sacré fut gardé par le Chef de Corps, l'Officier payeur ou Lieutenant chargé des détails DEGEILH, et deux secrétaires, dont un sous-officier de Lorraine envahie, le SergentMajor LAMBERT, qui allait bientôt mourir à LâtfAL juste au moment, pour ainsi dire, de retrouver enfin femme, enfants, terre natale.

Ma' quand déjà presque tous les éléments se mettaient en mouvement pour rejoindre leurs nouveaux corps, le cher Drapeau s'était déplové une dernière fois, à l'occasion d'une dernière remise de médailles militaires, devant un tout petit groupe d'une dizaine d'officiers, gradés et hommes (c'est tout ce que les circonstances permettaient de réunir), mais en présence des tombes des six braves de la 7e Compagnie tués à Jouy le 27 avril 1917.

Un hasard providentiel, en ramenant, après mainte pérégrination, l'E. M. (Etat-Major) du Régiment sur le terrain de l'offensive de l'année précédente, avait 'permis d'associer à l'adieu forcé aux vivants^ l'hommage à nos MORTS.

Le drapeau du 44e R. I. T. n'allait plus quitter la salle d'honneur du Dépôt de Laval que pour venir flotter le 14 juillet 1919, au soleil de la Victoire et sous F ARC DE TRIOMPHE, tenu haut et ferme par le Lieutenant GREIVELDINGER, le vétéran des Hautes-Charrier es, et accompagné par le Chef de Corps du début, Lieutenant-Colonel DEMANGE, vivant symbole de la REVANCHE par la juxtaposition, sur sa poitrine, de la CROIX DE GUERRE actuelle et de la MÉDAILLE DE 1870.

Au cours de ses 43 mois d'existence de guerre, le Régiment dont se termine ici l'histoire s'est acquitté des tâches les plus diverses .parfois les plus dures. Son rôle n'a pas eu le retentissement qui s'attache aux faits et gestes éclatants d'un grand nombre de Corps actifs, de quelques Corps territoriaux ; il ne lui a pas été demandé les mêmes sacrifices. La liste de ses morts, déjà douloureusement longue au gré de chefs constamment soucieux de ménager le sang du soldat en même temps


que d'accomplir largement le devoir, cette liste funèbre est dépassée par d'autres. Il reste qu'après avoir, durant toute la première phase de la campagne, tenu les tranchées à l'instar d'un régiment actif (le total, y compris les périodes postérieures à la relève des ier-2 mars 1916, du temps ainsi passé « en ligne », est d'environ 26 mois), le 44e R. I. T. s'est ensuite plié à de multiples, souvent ingrates besognes. La continuité de l'effort, sans les périodes de détente nécessairement accordées aux troupes d'attaque, n'a point usé ses réserves d'énergie et de dévouement ; l'ambiance, à certains moments pernicieuse au SUD DU CHEMIN DES DAMES, n'a point altéré son esprit de discipline. Les heures sinistres, comme celle de la retraite imposée, l'avaient trouvé inébranlable ; les longues heures monotones ne l'ont pas trouvé inégal à lui-même.

Ce coup d'œil d'ensemble permet de répondre affirmativement à la question posée au début de cet historique : Oui, le 44e Territorial s'est montré digne de Verdun, sa petite patrie, du 94e et du 164e, dont il procède.


PIECES JUSTIFICATIVES

Les dates sont celles de l'inscription de la piète (ou du récit détaillé) au journal des marches et opérations.' 5 octobre ig 14. — Mort du Sergent MANSUY, mentionnée page 6 de l'historique, du soldat LAlfcHANTIN Le Sergent MANSUY est blessé à la cuisse. Transporté pendant quelques pas par ses hommes, il les prie lui-même de le laisser sur place pour aller plus rapidement chercher des renforts à Mogeville. La patrouille ayant atteint Mogeville, en revient renforcée par les soins du Lieutenant VALET du 164e. Un soldat du 44e, LANcHANTIN, de la 8e, se joint volontairement à la patrouille, en s'écriant : « c'est un sergent du 44e, je veux aller le chercher ».

La patrouille trouve le sergent MANSUY mort, il a été achevé par les Allemands qui lui ont, à bout portant, tiré des coups de fusil dans les yeux. L'ennemi enveloppant de rafales la patrouille, le soldat LAJLCHANTIN est frappé d'une balle à la tête (inscrit tué).

i 8 novembre 1914. — Libellé de Médaille Militaire. MAGINOT (visé à la lÉHHiHÉiÉtfHMdHÉBataBht page 6 de l'historique).

« Commandant d'un groupement d'éclaireurs volontaires, a.

« dirigé plus de cinquante patrouilles, fournissant d'une façon « constante au milieu des plus grands darTgWfs les renseigne« ments les plus précieux sur la situation ennemie sur le front « NORD-EST de la PLACE. Le 6 novembre, grâce à sa connaisse sance parfaite du terrain, a guidé, au milieu d'une brume a épaisse, les bataillons chargés de l'enlèvement de Maucourt, « du bois de Maucourt, de Mogéville et a été pour beaucoup « dans le succès de cette opération de surprise qui ne nous a « coûté que trois blessés. Sous-Officier remarquable par sa « conduite personnelle et l'ascendant qu'il a su conquérir sur « ses hommes ».

27 avril 1915. - Le Général Commandant le 1er secteur remet à l'Adjudant PERCEVAL et au sergent BoURY la Médaille Militaire. Après avoir salué les morts du régiment, il complimente les patrouilleurs volontaires qui ont « inspiré à l'ennemi « la peur du 44e. »


9 juin 1915. — Extrait d'un carnet de route d'un Officier allemand du 7e Réserve fait prisonnier au Bois-le-Prêtre (Bulletin de renseignements n° 272 du 7 juin. Front de la Ire Armée) :

« L'objectif assigné à nos patrouilles était en général le bois « de la Haute-Charrière, tenu presque toujours par des postes « ennemis. Ces postes se retiraient toujours devant nous, aver« tissant les leurs soit en sifflant, soit en frappant sur les « arbres. De cette façon les grand'gardes étaient averties et « nos patrouilles qui, au début, ne trouvaient rien devant elles, « continuaient à avancer sans précautions jusqu'au moment où, « surprises, elles tombaient sous le feu des FRANÇAIS. C'est « ainsi que ce bois nous coûta au moins 30 hommes tués, bles« sés ou disparus. Les FRANÇAIS devinrent tellement experts « dans cette « chasse » qu'on ne nous donna plus l'ordre de « pénétrer dans ce BOIS ».

A la même date du g juin 1915, le J. M. O. (journal des marches et opérations) ajoute : .,.. « le bois des Hautes-charrières, « déjà qualifié de « BOIS DE MALHEUR » par un soldat allemand a fait prisonnier, le 9 mars, dans le bois par ceux de nos pa« trouilles a.

15 juillet 1915. .Le Général Gouverneur a, en date du 9, adressé au Général Commandant le Ier secteur une note relative aux travaux défensifs effectués aux avant-postes par les hommes du 448 Territorial. On y lit notamment : « Au cours de l'inspection qu'il a faite, le 7 juim: des posi« tions de Braux, Hautes-Charrières, Haraigne, le Gouverneur « a été heureux de constater les efforts accomplis par le com« mandement et par les troupes, en vue de l'organisation de « ces positions et de leur mise en état de défense. Le bois des « Hautes-Charrières, en particulier, constitue déjà, prâce aux « dispositions prises, un point d'appui sérieux, capable d'une « résistance prolongée ; lorsque les travaux projetés ou en « cours auront été terminés, les. Hautes-Charrières pourront « être considérés comme le type de ce que doit être un bois « organisé, dont la garnison, non seulement se trouve à l'abri « d'un coup de main, mais est capable de tenir en échec une « attaque en force de l'ennemi, grâce à la solidité des retran« chements, à la multiplicité des défenses accessoires, à l'em- « ploi méthodique des flanquements et à l'existence de cloison« nements) de lignes successives de défenses, de places d'armes <0 « et d'un réduit. ».


23 février 1916. — ORDRE : « Le Général LACOTTE, Commandant la 28e Brigade, a chargé « le Colonel Commandant la 212e Brigade d'adresser aux Office ciers, sous-officiers, caporaux et soldats du 44e Territorial (t ses plus vives félicitations et son témoignage de reconnais« sance pour la façon digne de tous éloges dont ils ont sup« porté depuis 48 heures le bombardement le plus intense, en « conservant malgré tout un moral remarquable. ».

« Le Général est disposé à récompenser largement tous les « militaires qui lui seront signalés par les Chefs de Corps-en « raison de leur attitude et de leur conduite ».

- P. O. le Colonel Cdt la 212e Brigade, Signé BERTRAND.

« Approuvé : Général LACOTTE, 23/2/1916 ».

4 mars 1916. — Notification au 44e R. I. T. des hautes félicitations adressées aux unités dont il vient de faire partie pour la défense de Verdun (14e D. I.).

Lecture est faite dans la journée à toutes les unités de l'Ordre n° 904 du 20e Corps d'Armée : « Le Président de la République et le Général en Chef sont « venus personnellement exprimer au 20e C. A. leur haute satis« faction. Ils l'ont remercié d'avoir, grâce à son esprit éprouvé « de sacrifice, complètement rétabli une situation périlleuse.

« Le Général Commandant le 20e C. A. est fier de pouvoir « transmettre ces félicitations aux Régiments du C. A. ainsi « qu'à ceux des 2e et 14e Divisions qui lui ont donné sans « compter leur concours si précieux.

« Quand on sait faire tout son devoir, on obtient toujours « la récompense du succès. ».

« En date du Ier mars 1916 ».

P. O. Général de Division, Signé : BALFOURIER.

30 septembre 1916. — Note de la 130e D. I. :

Le IER Bataillon du 44e T. avait reçu le 15 septembre 1916 de M. le Général TOULORGE, Commandant la 130° D. I., la lettre suivante : « En quittant le secteur, le Général Commandant la 130" Divi« sion est heureux de pouvoir exprimer sa satisfaction au Ba« taillon du 44e Territorial placé sous ses ordres, pour le zèle « et le dévouement dont il a fait preuve dans les différentes mis« Usions qui lui ont été confiées. Qu'ils aient contribué à la


« défense des tranchées de Ire ligne au prix de pertes quelque« fois sérieuses ou qu'ils aient été chargés de travaux plus « en arrière, les Territoriaux du 44e ont toujours su garder un « merveilleuse entrain .».

« Au Commandant BAUER, aux Officiers et aux soldats du « Bataillon du 44e Territorial, le Général Commandant la Divi« sion adresse ses sincères remerciements ».

Signé : Général TOULORGE.

5 mars 1917. — Le Lieutenant-Colonel reçoit du Général ManGIN, Commandant la VIe Armée, la lettre suivante : a Le 294e R. I. et le 44e Rég. Territorial employés aux tra« vaux d'organisation de la zone de l'armée ont apporté dans « l'accomplissement de la tâche qui leur était confiée un zèle « et un dévouement qui viennent d'être signalés au Général « Commandant la VIe Armée.

« Les cadres et les travailleurs de ces deux régiments ont « compris que dans la période actuelle, la nécessité de pousser « activement les travaux exigeait de tous un maximum d'ef« forts.

« Le Général Commandant la VIe Armée est heureux de les en « féliciter ».

t Signé : Général MANGIN.

19 juillet 1917. — Le Chef de Bataillon LE GAVRIAU, Chef du Service routier de la VIe Armée, adresse au Lieutenant-Colonel du 44" R. I. T. la lettre suivante : « Au moment où les unités du 44e R. I. T. quittent le service « des routes après avoir participé à ces travaux pendant une « longue période, j'ai l'honneur. de leur adresser un témoignage « de satisfaction pour le travail exécuté par les troupes dans « des conditions parfois difficiles et périlleuses et pour la col« laboration du commandement et des Officiers avec le cadre « technique du Service Routier. ».

« Vous me. permettez, mon Colonel, etc. ».

12 novembre 1917. — Les félicitations suivantes sont adressées au Ier Bataillon du 44e R. I. T. par le Service des Chemins

de Fer : « D. T. M. A. (1) Groupe B S. C. F. n° 4.772, 8 novembre 1917 ; « Le Chef de Bataillon GÉRARD, Commandant le groupe B de « Sapeurs de chemins de fer, Directeur des travaux de voie

(1) Direction des transports militaires de l'armée (ou encore de l'arrière).

1


« ferrée normale, est heureux d'adresser aux officiers et hom« mes de trôupe du IER Bataillon, 44e R. I. T, ses plus vives « félicitations pour la part active qu'ils ont prise dans les tra« vaux de construction de la ligne Appilly-Coucy-le-Château de0 puis le 25 septembre 1917 jusqu'à ce jour.

a Leur active collaboration et leur dévouement remarqués dès « les premiers jours par les Officiers de S. C. F. sous la direca tion technique desquels ils ont travaillé, ont contribué à assu« rer dans un délai très court l'achèvement de cette voie ferrée « dont l'établissement rapide présentait un intérêt tout parti« culier dans la période en cours ».

Le Général Commandant la 130e D. I. ajoute ce qui suit : (6.299-10 novembre) : « J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint les félicitations « que vous adresse le Chef de Bataillon Commandant le Grou« pe B de sapeurs de chemin de fer, au sujet de la conduite « des cadres et des hommes du IER Bataillon du 44e R. I. T.

« Je suis heureux d'y joindre les miennes ».

Signé : TOULORGE.

19 novembre 1917. — Le Lieutenant-Colonel a reçu les deux lettres suivantes : Spéciale au IER Bataillon : 130e Diyision (nO 6.449), 12 novembre 1917).

« La dissolution de la 130" Division, prononcée par décision « du Général Commandant en Chef, a pour conséquence le dé« part du 1er Bataillon du 44e R. I. T. qui était sous mes ordres.

« Les circonstances ont fait qu'à peine m'avait-il rejoint, ce « Bataillon a été détaché dans un secteur voisin pour être mis « à la disposition du Service des Chemins de fer.

« Néanmoins ce que j'ai vu pendant un espace de temps trop « court me fait davantage regretter son départ : belle attitude, « bonne tenue, discipline, ardeur au travail, dévouement au « devoir.

« J'ai été heureux de pouvoir appuyer les propositions faites « pour l'avancement au grade, la Légion d'Honneur et la « Médaille Militaire.

« Le Commandant BAUER mérite des éloges pour le comman« dement de son Bataillon et il me serait agreable qu'il lui en « soit tenu compte ».

Le Général Commandant la 130" D. I.

Signé : TOULORGE.

ê


Concernant l'ensemble du Corps : 3e C. A. — Etat-Major, n° 124/3. 16 novembre 1917.

Le Général LEBRUN, Commandant le 3e C. A. au LieutenantColonel Commandant le 44e R. I. T. :

a Au moment où le 44e R. I. T. quitte le C. A. je tiens à vous « exprimer personnellement et à vous prier d'exprimer à vos « officiers et soldats tous mes regrets de ce départ.

« Le 44e R. I. T. s'est toujours signalé par sa bonne tenue, « sa discipline, par la conscience avec laquelle il exécutait les « travaux un peu ingrats, mais si utiles, tant en première ligne « que dans les cantonnements. Il était pour les autres troupes « plus jeunes du 3e C. A. du meilleur exemple, et y laisse un « souvenir excellent et durable ».

Signé : LEBRUN.


1

HISTORIQUE DU 1er BATAILLON DE MARCHE DU 44e RÉGIMENT D'INFANTERIE TERRITORIAL

Le 17 août 1914, il est constitué au 44e régiment territorial un détachement de travailleurs pour les Hauts-de-Meuse, (Région du fort du Rozellier).

Trois compagnies à l'effectif de 200 hommes chacune sont ainsi formées ; elles sont commandées par des adjudants.

Le détachement est placé sous le commandement du Capitaine BRANCHARD, qui a comme adjoint le Lieutenant PlERRON.

Ces compagnies provenant dés 14e, 15e et 16e Compagnies du

Dépôt prennent les numéros 14 bis, 15 bis et 16 bis ; elles sont administrées, solde et vivres, par les compagnies mères.

Ces 3 compagnies campent au camp du Bois de la Béholle à 1.500 mètres à l'ouest du fort du ROZELLIER, et sont employées à des travaux de fascinage et de terrassement.

Le 24 octobre une 4e Compagnie est formée au dépôt ; elle rejoint le détachement de la BÉHOLLE, qui devient alors le

Ier Bataillon de marche du 44e régiment territorial. ~f"a Les compagnies prennent les numéros 18, 19, 20 et2 Le commandement est ainsi constitué : AS/ Commandant du Bataillon : Capitaine BRANCHARD. A.Sty ï Officier chargé des détails : Sous-Lieutenant RI /F~j~ 18e Compagnie : Lieutenant LEFEBVRE. ltîl j 19e - : Sous-Lieutenant OTTO. , 4 20e — : Lieutenant PlERRON. > îfcv * 21e - : Lieutenant BOURGEOIS. <, , La 21e Compagnie arrivée le 30 octobre va occuper le fôrra

de Haudainville ; le 11 décembre, la 19e Compagnie est détachée à l'ouvrage de Déramé.

Le 2 janvier 1915, le bataillon reçoit l'ordre d'occuper les positions suivantes : 18e Compagnie :.Lieutenant LEFEBVRE, au fort de Moulainville, avec une section commandée par un adjudant, à l'ouvrage d'Eix, 19e Compagnie : Lieutenant BEUDON, avec un peloton à l'ou-


vrage de Déramé, une section commandée par le Sous-Lieutenaat OTTO, à l'ouvrage de Châtiilon, et une section commandée par un adjudant à l'ouvrage de.Manezel.

20E Compagnie : Lieutenant PIERRON, au fort du Rozellier, avec 3 sections ; la 4E section commandée par le Sous-Lieutenant BOURGOIN occupe l'ouvrage de Jaulny.

21E Compagnie : Lieutenant BOURGEOIS, au fort d'Haudainville, avec une section commandée par le Sous-Lieutenant SouDON, à l'ouvrage de Saint-Symphorien.

L'Etat-Major du bataillon se trouve aux Baraquements de Déramé. Le bataillon constitue les garnisons de défense des fo-rts, et en même temps continue ses travaux de fascinage et de terrassement.

Le 28 octobre le P. C. du Commandant du Bataillon est porté aux baraquement du fort du Rozellier.

Le 18 novembre, le bataillon est rattaché à la 132E Division.

Le 10 janvier 1916, le bataillon va cantonner en Woëvre, à la ferme de Murauvaux ; il est employé à la réfection de la route d'Haudiomont aux Eparges (par VILLERS-Sous-BONCHAMP, MONT-SOUS-LES-CÔTES et MESNIL-SOUS-LES-CÔTES).

Le 22 janvier, le bataillon quitte Murauvaux. Les 18" et 19E Compagnies vont occuper le fort du Rozellier, les 20e et 21E les baraquements du Camp Romain.

Le 4 février( la 18E Compagnie est détachée à la ferme de Murauvaux ; la 190 Compagnie va cantonner à Mont-sous-lesCôtes, avec un peloton à Montgirmont.

Bombardements fréquents.

29 février, violent bombardement par canon de 210 du châteaaet de la ferme de Murauvaux. Le Soldat CoLNARD de la 18e, Cî%npagnie est tué en portant secours à un blessé.

* Le bombardement continue chaque jour.

4k c, mars : Les quatre compagnies du Bataillon vont au repos à Villers-sur-Meuse, mais le village étant continuellement bomt) bardé elles sont envoyées le 9 mars sous Verdun ; la 18E Compagnie à Haudainville, la 19E au faubourg Pavé, la 20e à Jardinfontaine, la 21° à Froméreville. Le Bataillon est occupé à la réfection des routes qui sont dans un état épouvantable sous un bombardement continuel.

Le 23 mars, le bataillon occupe les cantonnements suivants : 18e Compagnie : Bois de Bethelainville.

19E - : Dombasle-en-Argonne.

20e - : Recicourt.

La 21e Compagnie reste à Froméreville. ;

Le P. C du Commandant du Bataillon est à Dombasle.

Le Bataillon continue à travailler à la réfection des routes sous un bombardement journalier.


Le 23 juin, le bataillon est rattaché au régiment qui est au repos dans la région. Mêmes cantonnements, même travail, memes bombardements.

30 juillet, la 18e Compagnie quitte le bois de Bethelainville, continuellement bombardé et va cantonner au bois Saint-Pierrej situé à 2 kilomètres au sud de Dombasle.

Le 14 août, à la suite du départ du régiment, survenu le 10 août, le bataillon reprend son autonomie ; il quitte ses cantonnements le 26 août pour aller occuper : les 1 8e, 19e et 21e Compagnies, le bois Delolime (aussi appelé bois triangulaire) à 1.500 mètres au nord-est de Froméreville ; la 20e Compagnie * le bois d.e Sivry-Ia-perche, à 1.500 mètres au nord-est de Blercourt.

Le Commandant du Bataillon est en même temps Major du

cantonnement de Blercourt et du camp du- bois de Sivry-la-Perche ; son P. C. est à Biercourt.

Un détachement de porteurs sur mulets est organisé sous- le commandement d'un lieutenant (75 hommes et 2^0 bourriquets) qui vont chaque nuit porter des munitions et du matériel aux premières lignes, ce détachement campe au Nord de Charny.

Le 25 octobre, le bataillon rejoint le régiment, et est dissous. Les cadres et les hommes sont répartis entre les compagnies du régiment pour renforcer les effectifs.

�, Signé : BRANCHARD.


HISTORIQUE

DU BATAILLON DE MARCHE DES G. V. C. R.

Le 18 juin 1915, un Bataillon de marche est constitué par ordre du Général Commandant en Chef au moyen des hommes de jeunes classes relevés du service de Garde des voies de communications et présents au Dépôt du 44e Territorial.

Ce bataillon est formé à la caserne Radet et est dénommé : Bataillon de marche du 44e Territorial des G. V. C. R. ; il comprend les 22e, 23e 24e et ?5e Compagnies.

Le Commandement du Bataillon est attribué au Capitaine MAGNENOT, qui fut ensuite promu Chef de Bataillon le 3 août 191 5.

Le 23 juin 1915, le Bataillon s'installe à la caserne Marceau où il est rattaché comme 3e Bataillon au 45e R. I. T.

Jusqu'au 23 août 1915, les compagnies participent aux travaux dans le secteur des Hautes-Charrières par périodes de y jours pendant lesquelles elles cantonnent, à Vaux, Damloup et Dieppe ; elles rentrent ensuite à la caserne Marceau.

Le 24 août 1915, le Bataillon, toujours rattaché au 4Se R. I. T.

occupe le secteur de Bezonvaux et fournit le service des avantpostes sur la ligne Petit bois de Maucourt-Côte 240.

Le 22 septembre 1915, le Bataillon reprend son autonomie et va au repos dans les baraquements de Souville.

Le 27 septembre IQJ), le bataillon Quitte SOUVILLE.et occupe le secteur de Samogneux : 22e et 23e Compagnies, Samogneux ; 24e et 25e Compagnies à Vacherauville.

Pendant quelques jours le bataillon participe au service d'avant-postes dans le secteur d'Haumont, puis, à partir du S ortonre il est définitivement affecté au sous-secteur de Consenvoye sous les ordres du Lieutenant-Colonel Commandant le


351e R. I. ; 2 compagnies prennent les avant-postes au Bois en E et à la Côte de Brabant, encadrées par le 35 1 e. R. I. ; les 2 autres compagnies sont au repos àChampneuville ; la relève a lieu tous les 4 jours.

C'est dans ces conditions que le Bataillon reçut l'attaque allemande du 21 février 1916 et tint pendant quatre jours l'ennemi en échec, malgré un bombardement effroyable par obus de tous.calibres. 1 Presque tous enfants de la Meuse, se battant sur leurs terres dévastées, au milieu de leurs villages détruits, les hommes du Bataillon de G. V. C.' R. résistèrent magnifiquement ; ils se firent tuer sur leurs positions ou, cernés, furent faits prisonniers après avoir épuisé tous les moyens de défense.

Sans vivres et sans communications avec l'arrière, dans un terrain bouleversé, une mer de boue, où les tranchées n'existaient plus, ils firent preuve d'une ténacité et d'un courage dignes de tous les éloges et fournirent un effort magnifique.

Certaines unités, en ligne six jours avant l'attaque, supportèrent sans faiblir le pilonnage de l'artillerie allemande et prirent part néanmoins aux Quatre journées de combat acharné du 21 au 24 février. » Les pertes du Bataillon furent sérieuses, et son chef, le Commandant MAGNENOT, qui était l'âme de la résistance, fut tué glorieusement dans son P. C., écrasé par les projectiles.

Les emplacements de combat occupés par les diverses unités du Bataillon au moment de l'offensive sur Verdun et leur rôle pendant la bataille ont été les suivants : La 22e Compagnie- (Capitaine PIED) occupait depuis le 20 février au soir les positions dû Bois en E (Bois de Consenvoye) où elle avait relevé la 24e Compagnie. Elle y fut en butte à bombardement d'une extrême violence et eut à subir la première l'attaque ennemie. Elle reçut le 22 février à 7 h. 15 l'ordre de* se replier sur Samogneux dont elle organisa la défense. La moitié de son effectif avait disparu. Malgré les pertes et les fatigues, les débris de cette unité tiennent encore le terrain en arrière en liaison avec le 351e R. I. jusqu'au 23 février au soir, puis la compagnie se replie par ordre sur Gnoisel.

1 La 23e Compagnie (Capitaine LATRAYE) tenait la ligne de résistance (côte 210) avec son 2e Peloton (Sous-Lieutenant URBAIN). Ce peloton complètement entouré par les Allemands depuis le 22 au matin, privé de toute communication avec l'arrière, soumis à un martelage constant de ses positions, ayant de nombreux blessés, sans vivres et sans eau, tint néanmoins l'ennemi en échec pendant plus d'un jour, lui causant des pertes sensibles. Il ne put se dégager et fut fait prisonnier le 23 février à 14 heures.

Le Ier peloton de la compagnie occupait le village de Samo-


gneux, et y exécutait des travaux de défense. Constituant tout d'abord la dernière réserve du Lieutenant-Colonel BERNARD, Commandant le 351e R. I., il fut absorbé lui aussi dans la Bataille. Il occupa le 22 la rive Est du Canal au Nord de Samogneux pour interdire aux Allemands l'accès de ce village et fut employé le 23 à mettre Neuviile en état de défense. Le 24 février, il se porta à la côte du Talou pour y organiser une solide résistance, puis le soir même, après avoir été relevé, il recevait l'ordre de se replier sur Choisel.

La 24e Compagnie (Lieutenant LEFÈVRE) occupait après sa relève par la 22e des ouvrages nouvellement établis dans le ravin allant du chemin Samogneux-Ormont à la ferme d'Anglemont. Elle y était en soutien d'Artillerie et des mitrailleuses de la Brigade. Elle conserva cette mission pendant les journées des 22, 23, et la nuit du 23 au 24 février. Bien que soumis à un bombardement d'une violence extrême, qui détruisit complètement les abris du ravin, les hommes de cette compagnie travaillèrent sans relâche à améliorer les positions de la çrête d'Haumont. La Ire, section fut particulièrement éprouvée pendant la journée du 22 en assurant sous un bombardement continuel le transport des blessés des 35 1e, 362e et 324e au P. S. par le chemin d'Ormont, battu par les obus à gaz lacrymogène.

La 2 Se Compagnie tenait le 21 février la croupe de Brabant.

Elle reçut le 23 l'ordre de se replier sur Neuville, qu'elle occupa jusque dans la soirée du 24 après avoir fait de lourds sacrifices.

Le total des pertes éprouvées par le Bataillon prouve d'ailleurs à quel point la résistance fut vigoureuse.

Le voici, tel qu'il a été relevé le 24 février au soir, après ces quatre journées de combat.

TUÉS OU DISPARUS : » 5 Officiers dont le Chef de Bataillon.

22 Sous-Officiers.

257 Caporaux et Soldats.

BLESSÉS : 1 Adjudant, 3 Sergents, 9 Caporaux, 29 Soldats.

* Les actes de courage furent nombreux ; il n'est pas possible de les énumérer tous. Combattants se faisant tuer sur place plutôt que de reculer, téléphonistes allant à découvert sous le feu réparer leurs lignes coupées, agents de liaison assurant maigre tout la transmission des ordres, brancardiers relevant les blessés sous la mitraille et atteints par la mort avant d'avoir pu achever leur acte de dévouement, tous furent admirables , et firent leur devoir jusqu'à l'extrême limite de leurs forces.

A la suite de ces brillants faits d'armes, le Bataillon fut


transporté le Ier mars à Longchamps, qu'il quitta le 4 mars pour Effeincourt, puis Condrecourt.

C'est dans cette dernière localité qu'il fut passé en revue le 8 mars par le Général FERRADINI, commandant depuis peu.

la 72e D. I., qui lui adressai/ses plus vives félicitations pour la part glorieuse qu'il avait prise aux combats des 21, 22 et 23 février.

L'ordre, du jour suivant, que fit paraître le Général à cette occasion montre bien à quel point le Commandement avait su reconnaître , le rôle important joué par le Bataillon dans cette défense mémorable.

Le \oici dans son entier : « Officiers du Bataillon des G. V. C. R.

« Dites bien à tous les braves que vous commandez combien « je suis heureux et fier d'avoir été désigné pour être à la tête « de la 72e D. 1. « Je sais la part glorieuse qui revient à votre Bataillon dans « la Bataille de Verdun.

« Au nom du Pays, je vous remercie tous de votre vaillance « et de votre bravoure, la FRANCE sait qu'elle peut compter sur « vous.

« Je salue tous les braves du Bataillon des G. V. C. R. du « 440 Territorial, qui ont su pendant quatre jours se maintenir « sur les positions qui leur avaient été assignées et ont ainsi « permis aux Réserves de venir repousser la formidable agrès« sion de l'ennemi.

« Tous, vous avez bien mérité de la PATRIE. !

« Le GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE vous remercie de l'ef« fort considérable que vous avez donné : la longue liste des « manquants de votre Bataillon en est une preuve éloouente.

« Je vous salue et je sais que je puis compter sur vous ».

Général FERRADINI.

Le Bataillon après avoir occupé divers cantonnements fut embarqué le 13 mars à Maxey-sur-Vaise à destination de la Haute-Saône où il devait se reformer. Le 16, il occupait le village de Pomoy près de Lure ; c'est là qu'il apprit sa dissolution prononcée le II mars par le Général en Chef.

Les Officiers furent dispersés dans les différents Régiments de la 72e D. I. et les hommes de troupe affectés à des, formations de réserve et de territoriale de la 7e Armée..

Le 31 mars le Bataillon des G. V. C. R. était définitivement dissous.

Tel est, résumé brièvement, l'historique du Bataillon de marche du 44e Territorial des G. V. C. R.


Sa vie fut courte (elle dura à -peine 10 mois), mais elle fut bien remplie. Si son rôle fut modeste au début, il grandit par la suite et devint glorieux.

Son nom figure parmi ceux des héroïques unités, qui ont tenu tête à la formidable ruée que fut la bataille de Verdun et qui ont dit à l'ennemi : a On ne passe pas ».


MORTS AV CHAMP D'HONNEDR

ABRÉVIATIONS. — GVC veut dire gardes-voie ^^communications.

CHR veut dire Compagnie hors rang. v CMl ou CM2 veut dire 1" ou 2° Compagtie de mitrailleurs.

Noms Grade Compagnie Date du décès Tué ou blessé mortellement à

KESTELOOT, H.-E.-N. Soldat 11 3.9.14 Vaux-devant-Damloup.

GOREAU, G. » GVC (1) 7.9.14 Pont de Villers-sur-Meuse.

GOUZON, A.-O. Sergent GVC (1) 23.9.14 Saint-Mihiel.

RouYlm, F.-E. Soldat GVC (1) 24.9.14 » LAURENT, F.-C. » GVC (1) 24.9.14 » PUTIOT, E. » 6 1.10 14 Bezonvaux. ,

LABAT, L.-J.-M.-G.-A. » 6 3.10.14 Maucourt.

SIMON, N.-L. » 12 „ Bois du Grand-Chena.

VERCHEYRE, J.-M. » 5 » Ferme de l'Epina.

LANCHANTIN, C.-P. 8 5 10.14 Combat de Gincrey.

MANSUY, E-A. Sergent 12' » - » t WAGUENER, J.-B.-H. Soldat 10 10.10.14 » BEAUMONT, J.-B.-A. » 7 12.10.14 Maucourt.

VERDUN, L.-J. » 1 21.10.14 Combat de Pamogneux.

PERIDON, J.-E. Cap. clairon CHR 22.10.14 » BUISSON, A.-J.-F. Soldat 9 29 10.14 Maucourt.

SIMON, N.-E. )' 12 30.10.14 Bois du Grand-Chena.

ALARD, M.-C.. 7 2,11.14 Hardaumont.

GILLET, C.-E. » 7 J) » LEBRUN, P.-N. Sergent 7 „ » ROLAND, J. Soldat 7 , BOUDAILLE, L.-A. » 5 9.11.14 Bois du Tilla-Maucourt.

CHAPELET, A.-C. » 7 Bois des Hayes.

GEORGES, E.-C. » 7 » » TOUSSAINT, G. » 8 » » GEHLEN, L. J » 1 Bois des Hautes-Charrières.

(1) Section C.


Nomj Grade Compagnie Date du décès Tué ou blessé mortellement à CLAUSSE, P.-F. Caporal 5 3,12.14, Bezonyaux.

GRANDJEAN, V. Soldat 16 (19.12. i4 Verdun.

JAMINET, J.-P. » 4 6.1.15 Morgemoulin.

THOMAS, L-E. » 4 » Bois des Hautes-Cliarrièrea.

DUBAS, L -L. Il 9 15 1.15 Ferme d'Haraigne.

IJIVERQUIK, A. » 11 »' Morgemoulin. VlDEMONT, F.. » 9 » Il

LEMOY, C.-J. Il GVC1 5 10.2.15 SUINTRMIHIEL.. ;.

FULER, F. Il 9 21/2.15 BOIS 4»MAC#-FROMEZEY.

HYACINTIIE, E.-A. » 9 » » , HARGANT, A.-G. LIEUTENANT 10 » » BONHOMME, A. Soldat 10 10.8.15 Horgemoulln.

PIERSON, P.C, » 15 27.3.t5 Verdun.

LEONARD, A.-E .-N .-C. Sous-Iieutenaat 3 1. 4" 15. Morgammilia.

BODENSCIIATZ, Iî.-E. Soldat 4 5.4.15 Etang de Braux.

CHARLIER, E. » 4 » » MAMIA, L. » 10 » Fromezey.

DEI.AHAYE, J. » CM 6.4.15 Etang DE BRAUX.

KOENIG, C. » 3 » ».

THEATRE, L,-E, » 4 x »

JACODÉE, C.-E.-J.-B. » 9 16.4.15 Bois des Hautes-Charrières.

BOURSIER, E. » 9 30.4.15 Fromezey.

VEZARD. E.-P.-G. » 21 » Bois le Macé.

ODIN, G. » 10 5.5.15 » DuzoN, L. Il 3 21.6.15 Bois des HAUTES-CHARRIÈRES, AnAMY, N.-A. » 13 8.7.15 Verdup.

BAPTIEN, J.-P. D 19 » Dieppe.

JOURON, L.-C. » 23 8.7.15 »

LAJOUX, N.-H. » 23 Il ».

RIGITARD, F.-X.-H. » 23 » » JACQUEMET, A.-C. » CM 13.7.15 Hautes-Charrières.

ROLLIN, P. ■ ■ 23 15.7.15 Dieppe. 1 BOVEROUX, J.-E. » 11 6.8.15 Fromezey.B Htes-Charrières


Noms Grade Cempagnis Date du décès Tué ou blessé mortellement à HOUDART, E. Soldat 11 7.8.15 Hautes-Charrières.

GRUSLIN, C.-A. Sergent-Fourrier 10 23.8.15 Fromezey.

CHARLE, P. Soldat 24 18.9.15 Maucourt.

GERARD, J.-E. » 1 30.9.15 S.

DROUET, J.-H. » 9 7.10.15 Bois Hautes-Charrières.

PERIEVAL DIT DUFLOS, C.-L. Adjudant 10 18.12.15 Fromezey.

GAUNY, C. Soldat 9 28.12.15 » MAURY, H.-G. Sergent 23 8 1.16 Consenvoye.

BRIOU, L. Soldat CHR 17.1.16 Fromezey.

CONREUX, E.-C. Caporal 25 19.2.16 Croupe de Brabant.

GILTAIRE, J. Soldat 8 » Fromezey.

CHEVELT, C.-L. » 7 21.2.16 Bois des Haules-Charrières.

HOLTZ, H.-P. Caporal 27 •» Vaux-Damloup.

LECOSSOIS, L.-A. Soldat 25 » Laneuville.

NIVET, E.-A. Sergent 22 » Bois d'Haumont.

RASPADO, C.-E. Soldat 1 » Bois des Hautes-Charrières.

VAST, L.-P.. 6 » » VIARD, F.-M. 1 » » BENOIT, A-F. Caporal 5 22.2.16 Etang de braux.

BARAT, CH -E. Soldat 25 » Côte de Brabant.

BOURGIN, L.-L. » 4 » Bois des Hautes-Charrières.

CHAROY, A -H.-E. » 25 » Côte de Brabant.

CHIQUEL, F.-J.-Y. » 5 » Braux.

COFFIN, R.-J .-E. » 4 » Bois des Hautes-Charrières.

COUCHOT:, J.-A. » 22 » Bois de Consenvoye.

CUiSIN, T.-A. Sergent 5 » Braux.

DAMBRAINE, E. Soldat N Bois de Braux.

GAY, CH.-Y. » „ Bois des Hautes-Charrières.

GRUN, J.-N. » CM » Hautes-Charrières.

KRUX, P.-E. » U „ Bois de Braux.

LACOURT, A,-L.-G. » 22 » Consenvoye.

LAFONTAINE, J.-G. » CHR » Bois de Braux.


Noms- Grade Compagnie Datedudfcès Xué ou blessé mortellement à -7- LANNAUX, E.-L. Soldat 22 88 2.16 Samogneux.

Louis, J.-E. * 4 i.. Bois des HauW-GkttoièreB." MAGINOT, E.-L. Sergent CM » » MICHEL, V.. Soldat 11 ».; Bois de Br^ux.

MOISETTE, J.-F. ». 25 Il' Croupe de Brabant.

PARIS, J..J .-B.-P.-D. Sergent 22 Il Consenvoye.

PIERROT, L.-E.-E. Caporal 19 » 'Montgirmon (Eparges).POIRSON, G. Sergent 28 Il Côte 210. Bois Consenreye, POTDEVIN, L.-A.-C. Soldat1 22 » Consenvoye ROCHE, P. Il 7 » Hautes-Charrières..

MAGNENOT, L.-J. Chef de bataillon Bataillon

de marche » Samogneux.

AUDRIOT, L.-J. Sergent 5 23.2.16 Bois de Braux: BERNARD, E.-À.-G. Caporal 8 » Fromezey.

BIGUINET, J.-A. Soldat 13 » Fort de Belleville* - , BOULANGER, C. » 8 » Fcpmezey.

CRÉPIN, R.-A.. » • 22 » Neuville. DEMOULIN, E.-L. t 10 » Cumières.

GAUCUER F.-L.. 8 a Fromezey. t JOURDAIN, J. Il 8 » » U LACNER, G.-L. » 8 » » LENOIR, V.-E. » 8 » » LIED, G. » 13 » Fort de Bellevrlle.

MICAULT, P.-A. Caporal 22 » Vacherau ville.

MILLET, F. » 4 ■ » Hautes-Charrières.

REYNAUD, L.-R. Soldat 8 » Fromezey. 1 • RNGE, P.-H.-A. Caporal 7 » Bois des Hautes-Charrières.

SCHNEIDER, L. » 19 » Verdun.

SEIGNAN, R.-A. Soldat 8 * Fromezey. YINCENTI, 126 » Fort de Belleville.

WOLFER TREILLE, V. » .8 » Fromezey.

AUllERT, L.-C. Caporal 6 24.2.16 Bois des Hautes-Charrières.

BEllTINET, A.-H Soldat 4 » Fromezey.

f


! Noms Grade Compagnie Date du décès Tué ou blessé mortellement à COLLET, C.-A.-E. Caporal 10 24.2.16 Fromezey.

CUGNOT M.-J.-N.-H. Soldat 4 »

FION, L.-J .-L. » 12 » Dieppe.

GABRIEL, N.-G.. 23 » Bois d'Haumont.

HURLAIN, J. » 4 » Fromezey.

MERLOT, J.-V. » 4 „ » ORY, G.-A. » 23 » Bois d'Haumont.

PELLERIN, A. » 23 » Vacherauville.

PIERRON. G. Sergent 23 Côte du Talou.

REISEMBURCH, A.-C. Soldat 23 » Côte 210. Bois Consenvoye.

REMY, L.-E. P 4 » Fromezey.

ROUSSELANGE, E.-E. » 23 » Neuville.

ROUYER, J.-B.-L. „ 23 , Côte 210.

BERNARD, H.-J.-M.. 23 25,2.16 Samogneux.

COLLIGNON, J •C.-H. » 2 » Bois des Hautes-Charrières.

JEAN, E.-C.. 1 „ » LAURENT, L.-A. » 11 , Bois de Braux.

LEBON, Y.-T. » 2 » Hautes-Charrières.

LECLAIR, J. -E. Sergent 12 , Bois de Braux.

NAUTRE, E.-J.-B. Soldat 12 » Bois de Braax. Dieppe.

PIERROT, J.-B.-A. » 2 » Bois des Hautes-Charrières.

NOEL, J. Caporal 11 26.2.16 Bois de Braux.

SAUNOIS, M.-L.-A. Soldat CM ,. Mogeville.

GUILLERMIN, M.-T.-A. » CM. 27,2.16 Hautes-Charrières.

JACOTIEB, E.-C. Caporal 8 JI Croupe de Vaux.

PIERROT, J.-J. Soldat 26 » Froideterre.

ARNOULD, G.-J. , 3 28 2.16 Ble d'Eix.

BENASI, J.-A. » - 5 Fort de Vaux, BISCAUT, L.-J.. ^D # » BLANRUE, M.-L. Adjudant 5 « Vaux.

FLECK. E. Soldat CM3 • Bêzonvaux.

1 VALTIN, M.-J.-P. „ : 10 Fromezey.

BOURGAUX, A.-A.-E.. CM 292.16 Tunnel de Tavanne.


Noms Grade Compagnie Date du décès Tué ou blessé mortellement à

JEANNOT, J.-A. Soldat 1 1.3.16 Bois des Hautes-Charrières.

ANCEL, J.-E. » 3 » » CHAPELIER, L.-A. » 6 » Tranchée fort de Vaux.

GRAFFTE, J. Caporal 8 » Croupe de Vaux.

Louis, G. Soldat 6 » Fort de Vaux.

MALARD, P.-J. » 18 » Muronvaux.

ROCHE, A. * 9 * Hautes-Charrières.

BERRINGER, J. » 5 2.3 16 Vaux.

POUTEAU, S.-A. * 6 » Verdun.

NOEL, j » 7 4.3.16 Bois des Hautes-Charrières.

FINOT, C.-A. Caporal 7 53.16 » SIMON, P -A. Clairon 8 » Croupe de Vaux.

HENRY, J. Soldat 27 6.3.16 Verdun.

MEFFE, E. Sergent-major 16 8.3 16 » ROBINET DE PEIGNEFORT, R.-L. Sergent 8 ». Croupe de Vaux.

WALTREGNY, M.-L.-H. Soldat 31 * Caserne Chevert, DUHAMEL, G.-H.-E. » 13 12.3.16 Ronvaux.

DUBEAU, P.-F. » 1 14.3.16 Bois des Huttes.

ANERT, J.-N.-E.-C. » 11 15.316 Bois de Braux.

CHRISTEN, A.-A.-G. Sergent 7 22.3.16 Bois des Hautes-Charrières.

PETITPAS, J.-L.-C. » 5 26 3.16 Fort de Vaux.

LANGLOIS, L. Soldat 14 1.4.16 Verdun.

BROUTECHOUX, C.- R. • 18 Bois de Béthelainrille.

COUDRET, P. ,

MARCHAND, J. » 18 20.5.16 e SaW »UwJ fi CHATAIGNER, A.-A. » 7 27.5 16 Récicourt.

JACQUEMIN, V. 7 » » BATAILLE, L. * 18 3.6.16 Carrières de Béthelainyille.

TROUSLARD, F.-J. » , 18 » # » il 23 6.16 Récicourt, ferme de la Fer- EVRARD, H.

rières.

, 1


Noms Grade Compagnie Date du décès Tué ou blessé mortellement à

PÉRIGNON, A.-A. Soldat 11 23.6,16 Récicourt, ferme de la Ferrières.

POTDEVIN, L.-A.-C. » 2-2 28.6.16, Bois E (S.-sect. de Consenvoye).

GROSJEAN, P.-E.-A.-H. » 18 7.8.16 Wiencourt l'Equipée.

DOUIN, J.-L.. 4 25.8.16 Camp des Sapins.

DRONET, P.-C Caporal 19 28.8.16 Fromeréville.

* MONANY, J.-L. Soldat 8 1.10.16 Loclières.

HANNEQUIN, G.-A. » 6 2.11.16 Ferme Monthussart.

TASSiNG.-E.. Sub.340 8.1116 Verdun.

LEMEY, A.-T. » 5 3.1.17 Soissons.

COLLOT, E.-J. Sergent CM 16.3.17 Presles.

WALEAU, P.-A. Soldat 12 » Château d'eau Vailly.

BAVENEL, V.-E. » 10 17.3.17 P. P. de la Gravière.

METTAVENT, H.-L.-U. Caporal CMl 20.3.17 Chemin des Dames.

QUINTALET, A.-L. Soldat 6 28.3.17 Bois Morin.

GERARD, P.-A. » 8 13 4.17 Presles.

Bossu, F.-V. Caporal 8 15.4.17 » DEMEILLIERS, G.-E. Soldat 2 16.4.17 Soupir (Aisne).

HEMAS, J.-L.-H. » 6 »■ Tranchée Paris près du Pont de Chavennes.

LECLEHCQ, E. , 5 „ A. P. de Presles.

COLLIGNON, J. » 3 25.4 17 Ferme Colombe.

LEFÈVRE, E.-A. » 9 » Ravin de Volreux. \6i *rt>**S THOUVIGNON, M.-E.-J » 3 , ; , B THoUVIGNO-;, M.- , .,. »

LOHSIN, E. - » 3 26.C.17 Ferme de Colombe.

AUBRY, C. » 7^ 27.4.17^ Jouy (Aisne).

,h \1'- (Aisne).

BRADMETZ, L.-G. » 7 : 4'* , 1 BELASSUE, C- » 5 'Z , GBOSJEAN, F.-F.-R. B -"7. 7 T » G<osjEAN,F.-F.-R. N .7 A NEVEUX. V.-E. Caporal - 7 » » REM Y, E.-C. Soldat 7 Il fANOT, J.-A. a 3 29.4.17 Ferme de Colombe.

MANGEOT, L.-C. » 8 304.17 Jouy (Aisne).


Noms Grade 1 Compagnie Date du décès Tué ou blessé mortellement à , BOULANGE, JT Soldat 3 1.5.17 Jouy (Aisne).

TREMLET, A.-G. , » 11 3.5.17 Nanteuil (Aisne). POUPART, C.-A. * 10 6.5.17 Nanteuil-la-Fosse.

GUÈDE, H. 6 75.17 Celles-sur-Aisne.

HUMBERT, J.-V. * 6 » » GIRARD, P.. 10 13.6.17 Chavenne., GIRARD, P.

BERNARD, R-L. Caporal 2 23.6.17 Chasser

PHILBERT, G. * 2 » » | POULAIN, E.-L.-A. Soldat 2 ))

MASSON F. Sous-lieutenant 2

DENIS, C.,J. Soldat 6 29,7.17 Paissy. c FOUSSE, J. » 6 ( /, LIAUTAUD, J.-B.-A Sergent 6 LIAUTAUD, Soldat 1 30.7.17 » « T *CM9 20.8.17

n GUENOT, J. t » *CM2 20.8.17 »

ROUSSELLE, r G.-AA », CHR 11.9 17 Baurieux.

ROUSSELLE, 9.10,17 Cu wmmI j ELARD, N. 9.10.17 cul » y VUILLAUME, F.-JT * » CM2 18.10.17 Nord d*Hol«0n. !

18 9 12.17 Tranchée Calonne.

LEPEZEL, E.

MICHEL, V.-C.. • 29 11.4.18 Verdun. '* BERNARD, E. 29.5.18 Longpont (Aisne).

BEAUC.HAMP,'A.-V. * TT Sergent 40 6.9.18 La Neuville-aux-Larris.

BONVETAUD, F.-M. Sous-lieutenant 3 19.10.18 Athies.