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Titre : Bulletin de l'Académie nationale de médecine

Auteur : Académie nationale de médecine (France). Auteur du texte

Éditeur : J.-B. Baillière (Paris)

Éditeur : MassonMasson (Paris)

Éditeur : Académie nationale de médecineAcadémie nationale de médecine (Paris)

Éditeur : Elsevier MassonElsevier Masson (Issy-les-Moulineaux)

Date d'édition : 1955-01-11

Contributeur : Roche, Louis-Charles (1790-1875). Directeur de publication

Contributeur : Blanchard, Raphaël (1857-1919). Directeur de publication

Contributeur : Pariset, Étienne (1770-1847). Directeur de publication

Contributeur : Bousquet, Jean Baptiste Édouard (1794-1872). Directeur de publication

Contributeur : Gérardin, Auguste (1790-1868). Directeur de publication

Contributeur : Dubois, Frédéric (1797-1873). Directeur de publication

Contributeur : Mêlier, François (1798-1866). Directeur de publication

Contributeur : Gibert, Camille-Melchior (1797-1866). Directeur de publication

Contributeur : Depaul, Jean Anne Henri (1811-1883). Directeur de publication

Contributeur : Devergie, Alphonse (1798-1879). Directeur de publication

Contributeur : Robin, Charles (1821-1885). Directeur de publication

Contributeur : Béclard, Jules (1817-1887). Directeur de publication

Contributeur : Roger, Henri (1809-1891). Directeur de publication

Contributeur : Bergeron, Jules (1817-1900). Directeur de publication

Contributeur : Proust, Adrien (1834-1903). Directeur de publication

Contributeur : Féréol, Félix (1825-1891). Directeur de publication

Contributeur : Cadet de Gassicourt, Ernest (1826-1900). Directeur de publication

Contributeur : Vallin, Émile (1833-1924). Directeur de publication

Contributeur : Jaccoud, Sigismond (1830-1913). Directeur de publication

Contributeur : Weiss, Georges (1859-1931). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34348109k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34348109k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 235540

Description : 11 janvier 1955

Description : 1955/01/11 (A119,SER3,T139)-1955/01/18.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6234952k

Source : Bibliothèque de l'Académie nationale de médecine

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 23/07/2012

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BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE

PUBLIÉ PAR MM.

A. BAUDOUIN, Secrétaire perpétuel, H. BÉNARD, Secrétaire annueL

M9* Année, 38 Série. Tome 139. Nol i et 2.

Séances des il et 18 Janvier 1955.

MASSON ET CIB, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN. PARIS (60)


CONDITIONS DE PUBLICATION

Les séances de l'Académie Nationale de Médecifae ont lieu tous les mardis, à 15 heures, 16, rue Bonaparte, sauf en août et en septembre.

Le Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine publie leur compte rendu.

PRIX DE L'ABONNEMENT POUR 1955 (L'abonnement part du 1er janvier.)

France et Union Française Fr. 6.000 » (Règlement par mandat, chèques postaux [compte n° 599 Paris] ou chèque bancaire.) Belgique et Luxembourg.;. Fr. B. 1.000 » Autres pays. $ U.S.A. 20 Prix également payables dans les autres monnaies au cours des règlements commerciaux du jour du paiement.

Règlement par l'une des voies suivantes : a) Chèque sur Paris d'une banque officielle.

b) Virement par banque sur compte étranger.

c) Mandat international.

Changement d'aaresse 50 fr.

Administration et publicité : Librairie MASSON et Cie, 120, boulevard Saint-Germain, PARIS (VIe).

Téléph. : Danton 56-11 et Odéon 70-81.

REPRODUCTION DES FIGURES

Les clichés des figures pour impression dans le Bulletin sont à la charge des Auteurs.

Ils seront établis d'office, saut indication contraire annexée aux manuscrits.

TIRÉS A PART

Les auteurs de communications peuvent obtenir des tirages à part en s'adressant directement à l'Anc. Imprimerie de la Cour d'Appel, 1, rue Cassette, qui, sur leur demande, leur enverra le tarit d'impression des extraits.

Les demandes doivent toujours être laites avant le tirage du numéro correspondant.


BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE

Tome 139

Publication périodique bimensuelle.



BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE

PUBLIÉ PAR MM.

A. BAUDOUIN, Secrétaire perpétuel, H. BÉNARD, Secrétaire annuel.

1198 Année, 3° Série. Tome 139.

Premier Semestre J955.

MASSON ET CIE, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (6«)



ÉTAT ACTUEL

DU

PERSONNEL DE L'ACADÉMIE

OFFICIERS DE L'ACADÉMIE

BUREAU DE 1955

MM. IIKRISSEY, président.

LAUBRY, vice-président.

BAUDOUIN, secrétaire perpétuel.

BÉNAHD, secrétaire annuel.

RENAULT, trésorier.

CONSEIL D'ADMINISTRATION

MM. Le président.

Le vice-président.

Le secrétaire perpétuel.

Le secrétaire annuel.

Le trésorier.

MM. BINET, doyen de la Faculté de Médecine.

FABRE MATHIEU COURRIER COURCOUX

4 membres annuels.

RÉPARTITION

DES MEMBRES TITULAIRES EN 8 SECTIONS

Ire SECTION. — Médecine et spécialités médicales — 28,

MM.

1920. GUILLAIN, C. *. Georges-Charles.

1922. CARNOT, C. * (E.). Lazare-Adolphe-Paul.

(E.) : Membre émérite.


MM.

1933. RIST, C. *. Édouard.

1933. LOEPER, C. * Maurice.

1933. LAUBRY, G. 0. *. Charles.

1940. GOUGEROT, C. # Henri-Eugène.

1940. RARVIER, G. *. Paul.

1941. COURCOUX, C. * Alfred-François-Marie.

1942. TRÉMOLIÈRES, C. *. Fernand-Georges-Henri.

1942. LHERMITTE, O. *. Jean.

1945. SÉZARY, 0. * Albert.

1945. TOURAINE, 0. & Albert.

1946. THOMAS, 0. *. André.

1946. CHABROL, 0. *. Etienne.

1946. PRUVOST, *. Pierre-Marie.

1946. DONZELOf, 0. * Edouard-Auguste-Eugène.

1947. BARBÉ, 0. *' André-Louis.

1948. LAROCHE, O. * Guy.

1949. LIAN, C. Camille.

1949. CATHALA, 0. Jean.

1950. PIÉDELIÈVRE, C. ,*.,.. René.

1950 BEILLY, O. '* James.

1951. HALBRON, 0. * Paul.

1951. ALAJOUANJNE, 0. ,*. Théophile.

1952. MARQUÉzY, 0. * Robert.

1953. JUSTIN-BESANÇON, 0. ,*. Louis-Eugène.

1953. BARIhy, 0. '*. Maurice.

1954. CIVATTE, *. Achille.

IIe SECTION. — Chinlrgie, accouchements et spécialités chirurgicales. — 24.

MM.

1918. SIEUR, G. C. *. (E.). Célestin.

1921. DELBET, C. * (E.). Pierre.

1929. ROUVILLOIS, G. C. Henri-Émile-Louis.

1933. OMBRÉDANNE, C. *. Louis.

1934. MARION, 0. # Georges-Jean-Baptiste-Camille.

1934. BRINDEAU, C. * Auguste-Marie-Joseph-Victor.

1935. LEMAÎTRE, C. * Fernand-Jules-Maurice.

1938. CHEVASSU, 0. Maurice.

1940. BAUMGARTNER, C. * Amédée-Albert.

1941. MATHIEU, C. ,*. Paul-Auguste.

(E.) : Membre émérite.


MM.

1942. MOCQUOT, 0. *. Pierre.

1945. BAZY, C. '* Louis.

1945. Moscou, C. * Henri-Jean.

1946. LE LORIER, C. *. Victor-Paul-Albert.

1946. LERICHE, C. *. René.

1947. LÉvy-SOLAL, O. * Edmond.

1947. MOULONGUET, O. *. André.

1947. CADENAT, 0. & Marc-Firmin.

1948. BROCQ, C. Pierre.

1950. HOUX-HERGER, 0. * Jean.

1950. LANTUÉJOUL, 0. * Pierre.

1951. MONOD, C. Robert.

1952. QUÉNU, O. *' Jean.

1952. DE GAUDART D'ALLAINES, C. &.. François-Louis-Paui.

1953. COUTELA, C. & Charles-Henri-Georges.

1953. MOULONGUET-DOLÉRIS, Pierre-Charles-Paul

IIIIJ SECTION. — Hygiène el épidémiologie. — 10.

MM.

1924. RENAULT, G. C. Jules.

1926. BROUARDEL, G. 0. * Georges.

1929. LESNÉ, C. *. Edmond.

1934. DEBRÉ, G. O. * Anselme-Robert.

1935. TANON, C. * Louis-Jacques.

1936. PASTEUR VALLERY-RADOT, G. 0. ,*. Louis-Joseph.

1945. DUJARRIC DE LA RiVIÈRE, C. René.

1950. WEtLL-HALLÉ, C. & Benjamin.

1951. NÈGRE, 0. *. Léopold.

1952. HUBER, C. '*. Julien.

IVe SECTION. - Sciences biologiques, physiques, chimiques et naturelles. 21.

MM.

1929. PORTIER, C. & Paul-Jules.

1933. LEMIERRE, G. 0. & André-Alfred.

1934. STROHL, 0. André.

1935. MAYER, C. *. André.

1936. CHAMPY, 0. Paul-Émile-Christian.

1938. BAUDOUIN, C. # Alphonse-Marie.

1939. BINET, G. C. * Léon-René.

t 940. TIICHET, C. * Charles.

1940. BÉNARD, O. * Henri-Auguste.

1940. BOURGUIGNON, 0. *. Georges-Alfred.

1941. VERNE, O. Claude-Marie-Jean.


MM.

1941. COURRIER, 0. & Robert-Marie 1945. HAZARD, 0. * René.

1948. LACASSAGNE, 0. * Antoine.

1949. GASTINEL, 0. *. Pierre.

1949. GIROUD, 0. *" Antoine.

1953. LAVIER, 0. * Georges-Victor-Dionys.

1953. DOGNON, & André-Henri.

1953. VALLOIS, * Henri-Victor.

1953. GALLIARD, 0. * Henri.

1953. LÉPINE, 0. * Pierre-Raphaël.

Ve SECTION. — Médecine vétérinaire. — 6.

MM.

1918. MARTEL, 0. * Pierre-Henri.

1935. GUÉRIN, C. '*. Jean-Marie-Camille.

1945. VERGE, 0. * Jean-Louis-Armand.

1947. SIMONNET, * Henri.

1947. LESBOUYRIÈS, 0. ,*. Gustave.

1950. I3RESSOU, 0. ,*. Clément.

VIe SECTION. — Pharmacie. — 10.

MM.

1928. DELÉPINE, C. * Stéphane-Marcel.

1928. RADAIS, C. *. Maxime-Pierre-François.

1931. BERTRAND, G. 0. *,. Gabriel-Émile.

1932. BOUGAULT, C. *. Joseph-Félix-Ernest.

1939. HÉRISSEY, C. # Eugène-Henri.

1941. FABRE, C. René-Jean-Marie.

1949. LAUNOY, 0. & Léon-Louis.

1949. JAVILLIER, C. * Jean-Maurice.

1950. DELABY, 0. * Raymond.

1951. FLEURY, * Paul.

viie SECTION. — Membres libres. — 10.

MM.

1930. MOURIER. Louis-Frédéric.

1934. RAMON, G. 0. >#:. Gaston.

1937. DUHAMEL, G. 0. >#:. Georges.

i938. GODART, 0. >#:. Justin.

1941. GAS, G. 0. * Serge.

1941. URBAIN, C. >#:. Achille-Joseph.

1942. TRÉFOUËL, 0. # Jarques-Gustave-Marie.

1943. JOLIOT, C. *. Frédéric.

1944. ARMAND-DELILLE, C. *. Paul-Félix.

1946. Mme RANDOIN, 0. *. Lucie.


VIII" SECTION. — Membres non résidants. — 15.

MM.

1928. LÉPINE (Jean-C.-R.), C. & Nice.

1928. BÉRARD (Léon-Eugène), C. *. Lyon.

1932. REMLINGER (Paul), 0. # Tanger.

1936. SERGENT (Edmond), C. *. Alger.

1939. BOUIN (André-P.), 0. *. Vendresse.

1942. POLICARD (Albert), 0. * Paris.

1943. MASSON (G. L-Pierre), *. Montréal.

1943. FRUHINSHOLZ (Albert-Auguste), 0. * Nancy.

1945. DHÉRÉ (Charles), *. Genève.

1945. PATEL (Maurice), O. * Lyon.

1945. NICOLAS (Guillaume-Joseph-Marie), C. #.. Lyon.

1951. ASTRUC (Albt>rt), C. * Montpellier.

1951. BLANC (Georges), C. Casablanca.

1952. MOURIQUAND (Georges), *. Lyon.

1953. SANTY (Paul-Eugène), & Lyon.


LABORATOIRES DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE ET DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE Directeur général : M. BAUDOUIN, C. *, boulevard Raspail, 44 (vne) [Littré 87-55].

SECTION DE VACCINE Téléphone: Danton 96-81.

M. BÉNARD (Henri), 0. *, directeur, rue Gozlin, 11 bis (VIc).

Mlle TrssIER, *, préparateur du laboratoire, rue Richelieu, 10 (ier) [Richelieu 29-52],

SECTION DU CONTROLE DES MÉDICAMENTS ANTIVÉNÉRIENS Boulevard Saint-Jacques, 25 (xive). Téléphone : Gobelins 22-11.

M. MEYER, directeur du Laboratoire de chimie, avenue Joffre, 25 (La Garenne).

Mlle LÉvy (Jeanne), *, directeur du Laboratoire de physiologie, boulevard Montparnasse, 126 (VIc) [Danton 86-17].

SECTION D'HYGIÈNE GÉNÉRALE Rue Lacretelle, 1 (xve). Téléphone : Vaugirard 10-17.

M. FABRE, C. S't, directeur général des Laboratoires de contrôle, rue de Sèvres, 149 (xve) [Ségur 92-85].

SECRÉTARIAT-BIBLIOTHÈQUE ET BUREAUX MM. BAUDOUIN, C. *, secrétaire perpétuel de l'Académie, boulevard Raspail, 44 (vne) [Littré 87-55].

BÉNARD, 0. *, secrétaire annuel de l'Académie, rue Gozlin, 11 bis (vie).

GENTY (Maurice), 0. *, bibliothécaire, rue Bonaparte, 16 (vie) [Danton 25-52].

Mme CHAUVINEAU, &, chef des bureaux, rue Bonaparte, 16 (vie) [Danton 96-80].

CONSEIL JURIDIQUE MM. RICHARD, C. *, conseiller honoraire à la Cour de Cassation, conseiller technique pour les études législatives concernant la santé publique, rue de Rennes, 98 (vie).

BURTHE, *, notaire, rue Royale, 13 (1er) [Anjou 44-53].

BETHOUT, avoué, rue de la Paix, 4 (ne) [Opéra 19-61].

ARCHITECTE-BULLETIN M \1. BOURDON, *, rue Bouilloux-Lafont. 17 (xve) [Lecourbe 95-98].

MASSON, libraire de l'Académie, boulevard Saint-Germain, 120 (vie).

[Danton 56-11].

LEVENT, rédacteur du Bulletin, rue de Vaugirard, 60 (vie) [Littré 59-26].


ASSOCIÉS ÉTRANGERS Peuvent être portés à 20.

MM.

1921. BORDET (Jules J. B. V.), G. C. * Bruxelles.

1933. MADSEN (Thorvald), C. *. Copenhague.

1939. CASTEX (Mariano-R.), 0. & Buenos-Aires.

1945. ADRIAN (E. D.), * Cambridge.

1945. BEST (C. II.) Toronto.

1945. DALE (Sir Henry). Londres.

1945. FLEMING (Sir Alexan,ier), C. Londres.

1945. HARRISSON (R. G.) Washington.

1945. HOUSSAY (Bernard), ;'>, Buenos-Aires.

t 945. MINOT. Boston.

1945. ORBELI (L. A.) Léningrad.

1948. MATAS (Rudolph). Nouvelle-Orléans.

1948. BREMER (Frédéric) Bruxelles.

1948. CHAGAS (Carlos) Hio-de-Janeiro.

1950. HILL (A. V.). Londres.

1950. MONIZ (A.-C.-Egas), C. Lisbonne.

1952. BLANCO ACEVEDO (Edwardo), C. *. Montevideo.

1952. CHAVEZ (Ignacio) Mexico.

1954. ROCH (Maurice) Genève.

1954. MUSSIO-FOURNIER (Jean-César). Montevideo.

CORRESPONDANTS NATIONAUX LR* DIVISION. — Médecine et spécialités médicales. — 34.

MM.

1920. MERCIER (Raoul-G.), O. *. Tours.

1934. HALIPRÉ (André-Jean-Marie), 0 # Rouen.

1935. FLURIN (lienry-A.-J.), C. * Cauterets.

1937. MAURIAC (Pierre), * Bordeaux.

1939. GALLAVARDIN (Louis-B.), * Lyon.

1939. PAUTRIER (Lucien), C. ,*. Strasbourg.

1939. EUZIÈRE (Jules-Georges), O. & Montpellier.

1941. COTTET (Jules), O. *. Évian.

1942. PERRIN (Maurice), *. Nancy.

1943. CADE (André), O. * Lyon.

1943. BARRÉ (Jean), *,. Strasbourg.

1944. RIMBAUD (Louis), O. * Montpellier.

i945.MATTEt(Char!es\ Marseille.

1945. DOUMER (Edmond) Lille.

1945. ROHMER (Paul). * Strasbourg.

1945. PIÉRY (Marius-Antoine), O. & Lyon.

1946. GIRAUD (Gaston), O. & Montpellier.

1946. PELLÉ (Alphonse), *. Rennes.

1947. ROGER (Henri), * Marseille.


MM.

1947. LOUVEL (Jacques) Bagnoles-de-l'Orne.

194i. BOISSEAU (Jules), O. *. Nice.

1947. DE LÉOBARDY (J.), * Limoges.

1947. VÉRAN (Paul) Nantes.

1948. LEBON (JeHn), Alger.

1948. GLÉNARD (Roger), * Vichy.

1950. BENHAMOU (Edmond), * Alger.

1950. FRANÇON (François), * Aix-les-Bains.

1952. GÂTÉ (Jean), * Lyon.

1952. SARROUY (Charles), 0. *.,. Alger.

1952. FORESTIER (Jacques), O. r.,' Aix-les-Bains.

1952. RISER (Marcel), 0. * Toulouse.

1952. OLMER (David). Marseille.

1952. DEREUX (Jules-Jean) Lille.

2* DIVISION. — Chirurgie, accouchements et spécialités chirurgicales. — 29.

MM.

1920. hIBERT(J.-A.L.),O.*. Marseille.

1922. BOQUEL (André-É.-A.), '*. Angers.

1941. GUILLAUME-Louis (Paul), G. 0. *. Tours.

1941. MARQUIS (Eugène), C. Rennes.

1942. PORTMANN (Georges), G. 0. *. Bordeaux.

1943. ANDÉRODIAS (Jean-Baptiste), O. Bordeaux.

1943. FIOLLE (Jean), # Marseille.

1944. PAPIN (Félix), *. Bordeaux.

1945. AUVIGNE (René), ,*. Nantis.

1945. VILLARD (Eugène), *. Lyon.

1947. GUYOT (Joseph), *. Bordeaux.

1947. TOULANT (Pierre), O. *. Alger.

19*7. TERRACOL (Jean), O. Montpellier.

1949. LOMBARD (Pierre), * Alger.

1949. LAFFONT (Amédée), * Alger.

m50.DELANNOY (Emile). Lille.

1950. WERTHEIMER (Pierre), * Lyon.

1951. COURTY (Louis), 0. *. Lille.

1951. WEISS (Alfred), *. Strabourg.

1951. CHALIER (André), * Lyon.

1951. ROCHER (Louis), ,*. Bordeaux.

1952. FONTAINE (René), O. * Strasbourg.

1952. CIBERT (Jean) Lyon.

1953. CARAVEN (Pierre), *. Amiens.

1953. IIAMANT (Aimé), *. Nancy.

195i. HUARD (Pierre), C. * Hanoï.

195 4. POULIQUEN (Emmanuel), O. * Brest.

1954. DE VERNÉJOUL (Robert), 0. *. Marseille.

1954. GRIMAULT (Lucien), Algrange.


3e DIVISION. — Hygiène. — 12.

MM.

1920. THIROUX (André), C. * Paris.

1926. BURNET (Étienne-C.), C. # Tunis.

1936. PARISOT (Jacques), G. C. * Nancy.

1936. COLOMBANI (Jules-François), G. *. Meknès.

1942. PIERRET (Robert), C. *. La Bourboule.

1942. LAIGRET (Jean) Tunis.

1945. DE LAVERGNE (Paulin), O. *. Nancy.

1947. HAUDUROY (Paul), * Lausanne.

1949. GERNEZ-RIEUX (Charles), # Lille.

1949. BÉTHOUX (Louis), * Grenoble.

1954. BUGNARD (Louis-C.), 0. & Toulouse.

1954. CAVAILLON (J.-André), C. Cannes.

4* DIVISION. — Sciences biologiques, physiques, chimiques et naturelles. — 26.

MM.

1919. GUIART (Pierre-L.-J.-A.), *. Lyon.

1928. BARDIER (Émile-Désiré), 0. * Toulouse.

1928. MATHIS (Constant-Jean), C. *. Paris, 1930. AMBARD (Léon), * Strasbourg.

1931. CLUZET (Joseph), *. Lyon.

1932. GRYNFELTT (Édouard), O. *. Montpellier.

1933. COLLIN (Rémy-Gustave), * Nancy.

1936. DUBREUIL (P.-Georges), *. Bordeaux.

1939. ANCEL (Paul), # Strasbourg.

1943. HERMANN (Henri), * Lyon.

1946. BENOIT (Jacques-Marie), '*. Strasbourg.

1946. TURCHINI (Jean), O. *. Montpellier.

1947. LUCIEN (Maurice), * Nancy.

1947. WEBER (Jean-Amédée), 0. * Genève.

1947. VINTEMBERGER (Pierre) Strasbourg.

1947. BOULANGER (Paul) Lille.

1947. HÉDON (Louis), * Montpellier.

1947. FABRE (Philippe). Lille.

1947. DELMAS (Jean), 0. & Montpellier.

1947. LE CHUITON (Fernand),C. * de la Marine.

1949. JOYEUX (Charles), * Marseille.

1949. MALMÉJAC, (Jean-Léopold). Alger.

1953. ARON (Max-Raymond), *. Strasbourg.

1953. MORIN (Georges) Marseille.

iii


5E DIVISION. — Médecine vétérinaire. — 7.

MM.

1934. VELU (Henri), 0. & Paris.

1935. BAILLY (Jacques-Édouard), * Tanger.

1945. DESLIENS (Louis), è?<. Châtillon-sur-Seine.

1947. BALOZET (Pierre-Eugène-Lucien), ,<': Alger.

1951. DKLPY (Louis-Pierre), 0. * Lyon.

1951. JUNG (Louis-Philippe), 0. * Lyon.

68 DIVISION. — Pharmacie. — d2.

MM.

1929. DOURIS (Roger), * Nancy.

1935. JUILLET (Armand) Montpellier.

1936. VOLMAR (Yves-Victor), * Strasboui,,-.

1936. CHELLE (Jean-Louis), '.?r; Bordeaux.

i9H. LESPAG:-\OL (Albert-Henri-Jules). Lille.

.94t. RONCHKSE (Ange-Denis), & Nice.

1947. CANALS (Étienne) Montpellier.

1947. DIACONO (Hector), Tunis.

1951. RIMATTEI (Frédéric), 0. 1>;. Marseille.

1951. CHARNOT (Abel), * Rabat.

1931. LEULIER (Albert), O. *. Lyon.

CORRESPONDANTS ÉTRANGERS LRE DIVISION. - Alédecine et spécialités médicales. — 26.

MM.

1921. BEVERIDGE (Wilfred W. 0.), * Londres.

1927. CASTRO (Aloysio de) Rio-de-Janeiro.

1932. KNUD FABER, C. *. Copenhague.

1934. DANIELOPOLU (Daniel), 0. * Bucarest.

1937. AUSTREGESILO (Antonio) Rio-de-Janeiro.

1937. LE SAGE (Albert) Montréal.

1945. GOVAERTS (Paul) Bruxelles.

1945. MICHAUD (Louis) Lausanne.

1945. P ARKINSO;' (John). Londres.

* 1945. RILEY (Henry-Alsop) New-York.

1947. PELNAR (Joseph) Prague.

1951. CODOUMS (Antoine), * Athènes.

1951. WALLGREN (Arvid-Johao) Stockholm.

1951. Van BOGAERT (Ludo) Anvers.

1952. DE CARVALHO (Lopo), 0. *. Lisbonne.

1952. WHITE DUDLEY (Paul) Boston.

NOTA. — Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des correspondants élus ;I l'occasion de la Victoire (1945).


MM.

1952. HERNANDO (Théophile) Madrid.

1952. MARANON (Grégorio) Madrid.

1952. VILANOVA (Xavier) Barcelone.

1952. ROSKAM (Jacques) Liège.

1952. CRITCHLEY (Macdonald) Londres.

1952. BELGER RECHAD (Nihat) Istanbul.

1953. BA)LEY-PERcivAL Chicago.

1953. SAENZ (Braulio) La Havane.

1951. CONDORELLI (Luigi). Rome.

1954. TODOROVIC (Kosta) Belgrade.

28 DIVISION. — Chirurgie, accouchements et spécialités chirurgicales. — 23.

MM.

1913.AKERMAN(JuIes-H.). Stockholm.

1932. ARCÉ (José), C. * Buenos-Aires.

1934. DANIEL (Constantin), 0. & Bucarest.

1946. DANIS (Baron Hobert) Bruxelles.

1947. WILDER PEN FIELD Montréal.

1947. WEBB JOHNSON (Lord Alfred) Londres.

1947. ALLEN WHIPPLE New-York.

1948. Dos SATOS (Reynaldo)., Lisbonne.

1950. BLALOCK (Alfred), * Baltimore.

1950. CRAFOORD (C.). Stockholm.

1952. CHURCHILL (Edward) Roston.

1952. QECONOMOS (Spyridion) Athènes.

1952. CHEVAL (Max Victor Leopold). Bruxelles.

1952. JENTZER (Albert René), 0. # Genève.

1952. LEARMONTH (James), * Edimbourg.

1952. MIRIZZI (Pablo Luis) Cordoba.

1952. PRICE THOMAS (Clment) Londres.

1952. ALBERT. Liège.

1952. ALONSO (Justo) Montevideo.

1952. BALFOUR (Donald) Rochester.

1954. PALACIOS COSTA (Nicausi), lA' Buenos-Aires.

1954. GRAHAM (Evarts) Washington.

3* DIVISION. — Hygiène. — 9.

MM.

1931. ALFARO (Gregorio Araoz), 0. & Buenos-Aires.

i935. GENGOU (Octave-P.-J.), ,*. Bruxelles.

1945. FRAGA (Clementino) Rio-de-Janeiro.

1945. JAMESON (Sir William Wilson) Londres.

1950. SAENZ (Abelardo), C. * Uruguay.

1952. CHAHINE (Anastas) Damas.

1952. MONCRIEFF (Alan). Londres.

1952. EGHBAL (Manoutchehr), C. & - Téhéran.

1952. CRUZ CoKE. Santiago.


4* DIVISION. — Sciences biologiques, physiques, chimiques et naturelles. — 20.

MM.

1938. PEYTON Rous (Francis) New-York.

1945. BESSEMANS (J. F. Albert), C. *,. Gand.

1945. KLING (Carl Albin), ,*. Stockholm.

*1945. PARNAS (Jacques-Charles) Moscou.

1948. CHAMBERS (Robert) Erzéroum.

1948. PI SUNER (Auguste) Barcelone.

1949. FLEISCH (Alfred) -. Lausanne.

1951. DALCQ (Albert) Uccle.

1951. FREDERICQ (Henri) , C. *,. Liège.

1951. CORI (Carl-Ferdinand) St.-Louis-de-Missouri.

1951. DA COSTA (Célestino), O. * Lisbonne.

1952. CHAIN (Ernst Boris), C. & Rome.

1952. GIAJA (Jean-Ivan), C. *. Belgrade.

1952. HESS (Walter). Zurich.

1952. EVANS. Berkeley.

1952. HEYMANS (Corneille), C. *. Gand.

1952. KREBS (Hans Adolf) Scheffield.

1952. TEN CATE (Jasper). Amsterdam.

1954. DODDS (Sir Edward Charles). Londres.

1954. FLOREY (Sir Howard) Oxford.

5e DIVISION. — Médecine vétérinaire. — 5.

MM.

1937. GERLACH (François) Vienne.

1946. FLUCKINGER. Berne.

1952. DE BLIECK (Levinus) Utrecht.

i952.HAGAN(Wi))iam). Cornell.

19513

6' DIVISION. — Pharmacie. — 9.

MM.

1929. KHOURI (Joseph) Alexandrie.

1935. FERNANDEZ RODRIGUEZ (don Obdulio) Madrid.

1946. KARRER (Paul) Zurich.

* 1946. VLADESCO (Radn), & Bucarest.

1949. Hôsr MADsE. (Erick) Copenhague.

1949. LINSTEAD (Hugh) Londres.

1952. IBANIEZ GOMEZ (Juan) Santiago-da-Chili.

1952. OHLSSON (Erik) Stockholm.

1952. WATTIEZ (Nestor-Jules) Bruxelles.

1955.

NOTA. — Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des correspondants élus à l'occasion de la Victoire (1945).


SOMMAIRE

Correspondance officielle.

M. LE MINISTRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE ET DE LA POPULATION : Demande d'avis : ---. 1° Sur le renouvellement d'une autorisation d'exploiter une source minérale (Source « Réputée » à Saint-Priest, Bramefant, Puy-de-Dôme). 2° Sur le traitement adoucissant de l'eau potable par le procédé à l'astassite. 8° Désignation d'un membre pour représenter l'Académie au Conseil Supérieur de l'Aide Sociale 2 II. Ampliation du décret approuvant l'élection de M. ROCHE. 2 Correspondance non officielle.

L'ACADÉMIE TCHÉCOSLOVAQUE DES SCIENCES : Envoi à l'Académie d'une déclaration solennelle en faveur de la paix 2 M. MÉRIEL (de Toulouse) : Lettre de candidature 2 M. COLOMBANI (de Meknès) : Souvenir d'un disciple 2 L'INSTITUT PASTEUR D'ALGÉRIE : Eloge d'ANDRÉ-LoUIS DONATIRN 2 Rapport.

M. FABRE : Au sujet de l'utilisation par les Chirurgiens-dentistes d'une préparation analgésique et anti-arthritique dénommée « Butazolidine»). 2 Installation du Bureau pour Tannée 1955.

Allocution de M. LEMAÎTRE, président sortant., 3 Allocution de M. HÉRrsSEY, président pour l'année 1955 4 Communications.

MM. TRÉMOLIÈRES et BESSON : Les méfaits du bruit et leurs répercussions sur l'organisme humain. — Discussion : M. TANON. 12 MM. DANIELOPOLU, BRUCKNER et RADKSCO : Le choc paraphylactique (anaphylactique) cortical. Recherches de « pharmacodynamie non spécifique ». (Présentation faite par M. DONZELOT.) .., ., .,. 19 MM. DANIELOPOLU, BRUCKNER et CORNEANU: Recherches de « pharmacodynamie non spécifique » sur le choc paraphylactique (anaphylactique) du cobaye provoqué par une injection intraveineuse d'antigène spécifique, action de l'histamine et des médicaments hypnotiques. (Présentation faite par M. DONZELOT.) 23 Lecture.

M. HUSSON: La mesure « in situ » de l'excitabilité récurrentielle chez l'homme et ses applications physiologiques et cliniques. (Présentation faite par M. MOULONGUET.) 25


CORRESPONDANCE OFFICIELLE

I. — M. le Ministre de la Santé publique et de la Population demande à l'Académie son avis : 1° au sujet du renouvellement d'autorisation d'exploiter la source « Réputée a Saint-Priest-Bramefant [Puy-de-Dôme] ; 2° Sur le traitement adoucissant de l'eau potable par le procédé de l'astassite (Commission des eaux minérales) ; 3° de vouloir bien désigner un de ses membres pour la représenter au sein du Conseil supérieur de l'Aide sociale.

II. — Par décret en date du 3 janvier 1955, M. le Ministre de l'Education nationale approuve l'élection de M. Roche dans la IVe Section (Sciences biologiques, physiques, chimiques et naturelles).

CORRESPONDANCE NON OFFICIELLE

L'Académie Tchécoslovaque des Sciences adresse à l'Académie une déclaration solennelle en faveur de la paix.

M. Mériel (de Toulouse) pose sa candidature au titre de Correspondant national dans la Ire Division (Médccine et Spécialités médicales).

Ont adressé en hommage à l'Académie : 1° M. Colombani (de Meknès) : Souvenir d'un disciple, à l'occasion du centenaire du Maréchal Lyautey ; 2° l'Institut Pasteur d'Algérie: Eloge d'André-Louis Donatien.

RAPPORT

Au sujet de l'utilisation par les chirurgiens-dentistes d'une préparation analgésique et anti-arthritique dénommée « Butazolidine »,

par M. R. Fabre.

L'Académie de Médecine, en la personne de son Secrétaire annuel, a été appelée par le Ministère de la Santé publique et de la Population, Direction de l'Hygiène publique et des Hôpitaux, à la date du 27 novembre 1954, à émettre son avis quant à l'utilisation, par les chirurgiens-dentistes, d'une préparation analgésique et anti-arthritique dénommée « Butazolidine ».

Le Conseil supérieur d'Hygiène publique de France, saisi en premier lieu de la question, a émis à ce sujet, dans sa séance du 8 novembre 1954, un avis défavorable dans les formes suivantes : te La butazolidine possède certes des propriétés analgésiques et anti-arthritiques utiles en art dentaire, mais son emploi a conduit à des accidents graves et fréquents relatés dans la littérature médicale. Les troubles sanguins sont, en particulier, susceptibles d'être fort sévères, et l'utilisation d'un tel produit, inscrit au Tableau C dos substances vénéneuses, ne peut être fait que sous contrôle médical. »


Votre Commission vous propose d'adopter le point de vue du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France et d'émettre donc un avis défavorable.

— Les conclusions de la Commission sont adoptées à l'unanimité.

INSTALLATION DU BUREAU POUR L'ANNÉE 1955 Allocution de M. Lemaître, président sortant.

Mes chers Collègues, L'heure des adieux présidentiels vient de sonner pour moi. Mais, avant de quitter ce fauteuil, confortable et splendide et d'y installer notre nouvel et sympathique Président Hérissey, il me reste à accomplir les quelques devoirs qui m'incombent encore.

Le premier de ces devoirs, devoir bien triste qu'il m'est douloureux de remplir, consiste à évoquer la mémoire de nos chers collègues disparus au cours de l'année 1954 et à adresser à leurs familles l'expression de nos condoléances émues.

Il me faut, hélas! nommer : Trois Membres titulaires : Michel Polonovski, Antonin Clerc et Maurice Chiray que nous perdîmes il y a quelques jours ; Un Associé étranger : Ozorio de Almeida (de Rio-de-Janeiro) ; Six Correspondant nationaux : Auguste Lumièère (de Lyon), Julien Vanverts (de Lille), André-Louis Donatien (de Toulouse), André Labat (de Bordeaux), Joseph Okinczyc (de La Queyzie, Dordogne) et Maurice Favre (de Lyon) ; Et quatre Correspondants étrangers : David Giordano (de Venise), Daniel Cranwell (de Buenos-Avres), Pedro Belou (de Buenos-Ayres) et Auguste Rollier (de Leysin).

J'ai — heureusement — un autre devoir à remplir : celui de souhaiter la bienvenue aux nouveaux collègues que nous avons élus au cours de l'année 1954 et de leur adresser nos bien amicales félicitations. Je me réjouis de pouvoir encore être auprès d'eux l'interprète de l'Académie.

Nos nouveaux collègues sont : Deux Membres titulaires : MM. Roche et Civattc ; Deux Associés étrangers : MM. Roch (de Genève) et Mussio-Fournier (de Montevideo) ; Quatre Correspondants nationaux : MM. Huard (de Hanoï), Pouliquen (de Brest), Bugnard (de Toulouse) et Cavaillon (de Cannes) ; Six Correspondants étrangers : MM. Palacio Costa (de Buenos-Ayres), Graham Ewarts (de Washington), Condorelli (de Rome). Todorovic (de Belgrade), Sir Edward Charles Dodds (de Londres) et Sir Howard Florey (d'Oxford).

Le Président sortant devrait sans doute rendre compte des travaux scientifiques qui ont marqué l'année de sa Présidence, travaux nombreux et fort intéressants. J'avoue que je me sens mal à l'aise pour le faire, et, puisqu'aussi bien, ces travaux ont été publiés dans notre « Bulletin », je crois qu'il est plus sage, à moi, de ne pas les résumer et plus utile d'en conseiller la lecture in extenso.

Permettez, mes chers Collègues, qu'avant de quitter ce fauteuil, je prenne le plaisir d'adresser mes remerciements — Dieu sait combien mérités — à nos collègues, membres du Bureau, aux côtés desquels j'ai passé deux années qui, grâce à eux, m'ont été infiniment utiles et profondément agréables.


M. Jules Renault a bien voulu conserver ses fonctions de Trésorier ; qu'il me permette, en notre nom à tous, de lui exprimer notre reconnaissance, affectueuse et respectueuse.

Notre Secrétaire perpétuel, « l'âme indispensable de l'Académie », ainsi que très souvent on le qualifie, a droit, lui aussi, à notre reconnaissance. En ce qui me concerne, je ne peux que lui répéter ce que je lui ai dit bien souvent : ( Mon cher Baudouin, je n'oublierai jamais ce que tu as été pour nous tous et pour moi-même : Merci 1 » J'ajoute aussitôt : « Merci également à toi, mon cher Bénard. L'affection profonde qui unit notre secrétaire annuel et notre secrétaire perpétuel m'a été, elle aussi, infiniment précieuse.

Je remercie également nos collègues qui ont été les membres annuels du Conseil d'administration : Verne, Achille Urbain, Bourguignon, Serge Gas, et j'adresse mes félicitations aux collègues qui les ont remplacés : Fabre, Mathieu, Courrier, Courcoux.

Que dirai-je de Mme Chauvineau, chef des bureaux de l'Académie ? Sa grande modestie me gêne un peu : je sais qu'elle n'aime pas que l'on fasse d'elle les éloges qu'elle mérite. Et cependant, il faut bien qu'elle sache que tous, nous la considérons comme étant indispensable. irremplaçable au poste qu'elle occupe.

Je ne saurais oublier, en quittant ce fauteuil, ni le Dr Genty, notre bibliothécaire, ni le Dr Levent, rédacteur de notre Bulletin. Je leur adresse à tous les deux mes remerciements amicaux pour leur si précieuse collaboration.

Mon cher Hérissey, excuse-moi, je t'en prie, d'avoir été un peu long et de ne pas t'avoir installé plus tôt dans ce fauteuil où nous allons être si heureux de te voir nous présider. Tu fus pour moi, durant toute l'année passée un ami et un voisin précieux. Or, entre voisins et amis, on ne se fait pas de longs discours; je te dis donc simplement : « Merci de tout mon cœur et installe-toi à ma place. »

Maintenant, je prie notre vice-président, mon bon ami Laubry qui, ne l'oublions pas, est notre ancien à l'Académie, de bien vouloir prendre la place qui lui est réservée à ta droite, en attendant, mon cher Laubry, que tu occupes, à ton tour, l'année prochaine, le fauteuil présidentiel.

Allocution de M. Hérissey, président pour l'année 1955.

Mes chers Collègues, En m'appelant à la présidence de l'Académie nationale de Médecine — à un poste que mon passé ne me fit jamais entrevoir et qu'à plus forte raison je n'aurais jamais osé solliciter — vous m'avez conféré un honneur qui m'a rempli d'émotion et de confusion ; et celle-ci n'a fait que s'accroître quand j'ai considéré la haute valeur des illustres pharmaciens qui m'ont précédé à cette place : Vauquelin, Boulay, les deux Caventou, Bussy, Robinet, Apollinaire Bouchardat, Gaspard-Adolphe-Chatin, pour ne citer que ceux du siècle dernier.

J'ai bien hésité avant d'accepter que ma candidature fût présentée à vos suffrages ; je ne me sentais pas les mérites et l'autorité morale indispensables à un président digne de vous ; j'avais conscience, d'autre part, que l'âge que j'ai atteint seconderait bien mal mes efforts à remplir la tâche que vous vouliez me confier et puis, pourquoi ne pas vous l'avouer franchement, je craignais de voir se rassembler sur mon nom une majorité insuffisante et trop peu encourageante pour me soutenir et triompher de mes faiblesses dans le rôle à remplir.

A ce dernier point de vue, vous m'avez témoigné une confiance qui m'a profondément touché ; je vous en exprime ma très sincère reconnaissance et vous promets que je m'efforcerai de ne pas trop vous décevoir.


A la vérité, si la présidence revenait cette année à la section de pharmacie, ce n'est pas celui qui vous parle qui, en toute justice, devait être appelé à en bénéficier. Moins méritant, j'ai cependant recueilli un honneur qu'ont décliné successivement d'éminents collègues de la même section, que leurs qualités et leur haute valeur scientifique ne font pas briller dans cette seule enceinte.

II est décent que celui qui a profité de leur abstention ne s'enorgueillisse pas outre mesure.

C'est aux circonstances, bien plutôt qu'à mon mérite, que je dois d'avoir été accueilli dans cette Académie. En août 1890, bachelier ès lettres frais émoulu de la classe de philosophie, j'entrais dans la carrière pharmaceutique, à cette époque matériellement plus abordable que la carrière médicale vers laquelle mes préférences m'auraient volontiers poussé. A ce temps lointain, ma seule ambition était de devenir un honnête pharmacien d'officine, après avoir adjoint à mon diplôme professionnel le titre d'interne en pharmacie des Hôpitaux de Paris. Le hasard du choix des places, au concours d'internat de 1894, m'amena à l'hôpital Laënnec, dont le pharmacien, Emile Bourquelot, alors professeur agrégé à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, devait devenir membre de notre Compagnie en 1897. Beaucoup de ceux qui sont ici ont gardé le souvenir de cette belle figure de grand et modeste savant, de ce travailleur acharné, de ce pionnier de l'enzymologie, qui a établi d'une façon définitive la notion de la réversibilité d'action des ferments solubles et a su en prévoir et en montrer l'importance capitale dans le maintien des équilibres nécessaires à la vie. Elu membre de l'Académie des Sciences en 1919, la mort est venue le surprendre, en possession de toute son activité que l'âge n'avait pas ralentie, au moment où notre Compagnie allait l'élever à sa présidence pour 1922 et où des honneurs qu'il n'avait jamais cherchés, venus de France et de l'étranger.

allaient enfin récompenser son fertile labeur. Bourquelot, dont je fus pendant vingt-cinq années le collaborateur fidèle, m'a donné l'exemple d'une vie austère, consacrée exclusivement à la science, à l'enseignement et à la recherche de la vérité ; il a orienté ma vie vers des horizons insoupçonnés. C'est pour moi un devoir de pieuse reconnaissance auquel je ne saurais manquer, d'évoquer aujourd'hui sa mémoire, dans cette enceinte où il a servi et brillé avec tant d'éclat.

Interne en pharmacie, curieux et assidu dans son service, je me suis trouvé en contact avec des maîtres comme Paul Reclus, Jean-Louis Faure, Pierre Delbet. qui m'ont accueilli avec une bienveillance pour laquelle je leur garde une infinie gratitude. C'est dans leurs services ou dans les services voisins de l'hôpital Laënnec que j'ai connu, stagiaires, internes ou externes, nombre de nos collègues actuels que je me réjouis de retrouver ici chaque semaine et aussi d'autres que la mort, hélas ! nous a prématurément ravis : Veau, Lenormand, Pierre Duval, Labey, Couvelaire, Antonin Clerc. et j'en oublie. A la mémoire de ces disparus, j'adresse mon souvenir ému et reconnaissant pour le bien que j'ai retiré de leur fréquentation ou de leur amitié.

* * *

Maintenant que je vous ai sans doute trop parlé de moi-même, permettezmois de vous présenter quelques observations qui ne me paraissent pas sortir du cadre des questions susceptibles d'intéresser l'Académie ; elles sont de l'ordre de celles qu'un pharmacien peut aborder, dans ce milieu où sont généralement traités beaucoup d'autres sujets qui outrepassent sa compétence.

Je voudrais vous entretenir du « médicament » ; mais, sans envisager tous les aspects que son étude détaillée pourrait faire apparaître, je ne le considérerai ici qu'au seul point de vue du but à attendre de son emploi, celui de soulager la souffrance.

Le nom de médicament s'applique à toute substance administrée dans un


but thérapeutique, c'est-à-dire en vue du traitement d'un organisme malade.

Ce n'est pas la nature même du médicament qui permet de le définir : un simple aliment peut devenir un médicament salutaire dans certaines affections locales de l'estomac ou de l'intestin et même dans des troubles d'ordre plus général résultant du manque de certaines vitamines ; par contre, une alimentation mal dirigée peut être la cause de troubles sérieux du tube digestif, avec retentissement possible sur bien d'autres organes ; des poisons redoutables, tels certains alcaloïdes végétaux comme l'atropine et la strychnine, se révèlent au contraire de précieux médicaments, lorsqu'ils sont employés avec prudence eL discernement. Un médicament n'est donc pas caractérisé comme tel par sa nature intrinsèque, mais bien par l'intention — qui anime celui qui le prescrit et celui qui l'utilise — de modifier favorablement un état morbide. Le guérisseur d'occasion se trompe lourdement lorsqu'il croit échapper aux sanctions de la loi en accolant à l'annonce fallacieuse des propriétés curatives ou préventives de son produit la trompeuse mention, dont il n'est lui-même pas dupe, à savoir : « Ce produit n'est pas un médicament. »

D'une manière générale, on peut dire que, sauf de rares exceptions, le médicament jouit d'une grande considération dans tous les milieux sociaux, et cela se conçoit, l'état de maladie n'étant évidemment souhaité par personne. Beaucoup dépassent la mesure et s'imaginent que l'usage constant et habituel des médicaments est le meilleur moyen de se conserver en parfaite santé ; cette tendance n'est pas rare, même dans les milieux pharmaceutiques, où elle apparaît comme le meilleur témoignage de la foi du pharmacien en sa mission ; je connais des confrères qui se font ainsi pour eux-mêmes et leur famille les premiers et les meilleurs clients de leur officine. Le médecin lui-même, pour contenter son malade, n'est-il pas bien souvent amené à formuler des prescriptions qui lui paraissent inutiles et qu'il s'efforcera au moins de rendre inoffensives. Et ce faisant, il fera toujours œuvre de thérapeute, car il évitera a son malade la terrible anxiété — peu favorable à une guérison naturelle — de penser qu'il est certainement inguérissable, puisqu'on n'a rien trouvé à lui ordonner.

In medio stat virtus. L'utilisation et l'abstention systématique du médicament aussi bien que son usage inopportun et inconsidéré peuvent conduire à des catastrophes. L'emploi de préparations de glande thyroïde, sans conseil médical, a fait mourir beaucoup de femmes, soucieuses de faire disparaître une obésité qui, selon le slogan trop répété, les vieillissait au même titre que les années. La voix de l'Académie s'est souvent élevée avec raison contre l'abus de médicaments cependant précieux et irremplaçables dans un traitement opportun, comme les antibiotiques ; de compétents collègues nous ont dit les scrupules qui doivent guider le clinicien dans l'emploi- des médicaments radio-actifs.

Une vieille maxime latine dit sagement que le médicament porte en lui à la fois le remède et la mort ; à défaut de cette dernière et peu souhaitable alternative, il peut parfois provoquer des troubles souvent plus graves que ceux de la maladie dont la guérison était espérée par son emploi. Le chapitre des (, maladies médicamenteuses » n'est certes pas nouveau ; mais l'étude de son domaine acquiert une extension d'où résultent de profitables progrès dans nos connaissances touchant le mécanisme intime de l'action des médicaments sur l'organisme.

* * *

L'empirisme seul a longtemps guidé les hommes dans le choix des médicaments qu'ils empruntaient à la fois aux trois règnes de la nature, au hasard des circonstances, en s'inspirant souvent d'analogies discutables, par exemple de ressemblances entre l'organe malade et la drogue ou partie de drogue à utiliser ; c'est ainsi que la médecine des signes a exercé longtemps un rôle inefficace et bien stérile ; peut-être faut-il y voir, au moins pour ce qui en est


des produits empruntés au règne animal, le prélude insoupçonné de nos précieuses et récentes médications opothérapiques, qui sont le fruit d'une meilleure compréhension de l'activité des organes animaux. On a compris que l'emploi de ces derniers nécessite au préalable des opérations délicates, pour utiliser une matière fragile qui 'supporte mal les traitements brutaux que les anciens croyaient bon de leur faire subir. De nos jours, de grands progrès ont été réalisés qui résultent, dans d'heureux cas, de la connaissance et même de l'isolement des principes immédiats auxquels les organes animaux doivent leur valeur thérapeutique.

Il en a été de même pour ce qui est des remèdes tirés du règne végétal. C'est par une sorte d'instinct que les populations primitives ont été amenées à utiliser des drogues telles que le quinquina qui devait les garantir et les guérir de la fièvre, ou bien des plantes riches en principes toniques capables de leur éviter la fatigue, ou encore des végétaux susceptibles, employés localement, d'agir favorablement sur leurs blessures. C'est dans les commencements du siècle dernier qu'a été réalisé l'isolement des principes actifs de nombreux végétaux utilisés jusque-là d'une façon purement empirique. N'est-il pas bon, à ce propos, de rappeler les noms de deux membres glorieux de cette Académie, Joseph Pelletier et Joseph-Bienaimé Caventou, que la découverte de la quinine a élevés au rang de bienfaiteurs de l'humanité. Ils ont ouvert aux chercheurs une voie féconde qui n'est pas près d'être désertée.

Inspirés des travaux de notre génial Pasteur, sont apparus des médicaments dont les bienfaits ne se comptent plus : sérums, virus atténués, toxines modifiées, antitoxines, anatoxines, etc. ; l'étude en est sans cesse poursuivie dans le sens de l'efficacité et de la spécificité.

Les antibiotiques, tout récents, sont nés de la juste interprétation de phénomènes morbides observés sur des cultures microbiennes. Il est sûr que ces phénomènes n'étaient pas nouveaux et avaient dû déjà se présenter aux yeux de nombreux techniciens, mais il fallait la sagacité du chercheur et le sens critique du savant pour en comprendre l'importance et en tirer les conséquences qui devaient conduire à des succès thérapeutiques inespérés.

La chimiothérapie avait précédé les antibiotiques. Etymologiquement, ce mot devrait s'appliquer à toute thérapeutique utilisant un produit chimique quelconque, simple ou composé, minéral ou organique ; dans un sens plus restrictif, la chimiothérapie est généralement envisagée comme le traitement des maladies par des composés chimiques de synthèse. A propos de' la chimiothérapie, je ne saurais manquer d'évoquer la mémoire de notre collègue Ernest Fourneau, qui en fut en France le véritable initiateur. Ernest Fourneau, simple pharmacien, comme il aimait avec quelque coquetterie se qualifier, fut à la fois un éminent professionnel, un persévérant travailleur et un entraînant chercheur ; le service de chimiothérapie qu'il a fondé à l'Institut Pasteur et qui a donné naissance à tant d'utiles médicaments, reste un des meilleurs témoignages de la grandeur de son œuvre. Au fur et à mesure que sont apparus des médicaments appropriés à des thérapeutiques nouvelles, la pharmacie, à l'origine purement artisanale, a dû évoluer, au moins en partie, dans le sens de la pratique industrielle. En effet, bien des médicaments nouveaux ne peuvent être préparés dans le cadre restreint, de l'officine, qu'il s'agisse de préparations opothérapiques, de produits de synthèse, de vaccins, de sérums, etc. Ainsi se sont créés de grands laboratoires et des instituts spécialisés dans la préparation de tel ou tel groupe de médicaments. L'industrie pharmaceutique française tient un rôle des plus honorables dans ce concert de fabrications dont l'essentiel et légitime but est de fournir aux médecins des moyens de plus en plus efficaces de lutte contre la maladie. Beaucoup de ces laboratoires industriels seraient très empêchés d'accomplir leur tâche s'ils ne bénéficiaient d'opportunes dispositions légales qui leur permettent de recourir à des capilaux étrangers au milieu pharma-


ceutique, celui-ci restant d'ailleurs finalement majoritaire pour conserver son autorité responsable, nécessaire à la sauvegarde de la santé publique.

Dans ces laboratoires, le travail en équipe est le seul qui puisse atteindre les buts proposés ; il exige le concours du chimiste, du toxicologue, du physiologiste, du pharmacodynamiste, de l'ingénieur même. Le pharmacien galéniste est chargé de donner aux produits résultant des recherches les formes médicamenteuses qui en permettront l'administration aux malades et, finalement, c'est le clinicien qui, sur ces derniers, jugera de la valeur thérapeutique du médicament qui lui est proposé. Pour en arriver là, il faut beaucoup d'efforts qui, fatalement, ne sont pas toujours payés de réussite et qui, cependant, exigent pour les chercheurs la libre disposition de coûteux moyens matériels.

Maintenant que ne règne plus en France le sot préjugé qui enferma longtemps le professeur et le savant dans leur tour d'ivoire, on voit ces derniers faire profiter de leur savoir et de leur expérience, des instituts et des laboratoires privés ; bien souvent, d'ailleurs, ils y trouvent eux-mêmes leur bénéfice, dans la jouissance d'installations et d'appareillages que les universités n'ont pas toujours les moyens de mettre à leur disposition ; ainsi, parfois, se trouve réalisée une profitable union de la science et de l'industrie, au grand bénéfice de la santé publique.

Comme je l'ai dit plus haut, les laboratoires pharmaceutiques, même de grande importance, se spécialisent, se partageant ainsi entre eux une tâche qui serait trop lourde prise dans son ensemble. En tout état de cause, l'honnêteté professionnelle ne doit permettre à aucun laboratoire de vouloir imprudemment dépasser la limite des moyens dont il dispose. C'est avec un sentiment pénible que j'ai pu lire récemment les lignes suivantes dans lesquelles l'auteur, que je sais franc et compétent, n'a sûrement pas trahi la vérité : « Les établissements pharmaceutiques sont beaucoup trop nombreux. Il existe un trop grand nombre de fabricants installés dans des conditions déplorables (locaux vétustés, poussiéreux, encombrés), trop aussi de soi-disant laboratoires qui font faire toutes les opérations par des façonniers, ne se réservant que le côté publicitaire et commercial de l'affaire. »

De telles défaillances n'échappent pas aux Pouvoirs publics, en l'espèce au Ministère de la Santé, qui a la tâche impérieuse d'en effectuer la répression, aidé d'ailleurs, dans cette poursuite contre les pratiques malhonnêtes, par les organismes professionnels eux-mêmes, Chambre syndicale et Ordre.

La multiplicité des laboratoires industriels a naturellement conduit à une production débordante de spécialités pharmaceutiques. Certes, la spécialité n'est pas nouvelle. Elle fut souvent, à ses débuts, le produit de la fabrication en grand de médicaments répondant simplement à certaines formules des Pharmacopées légales, ou encore à des formules magistrales couramment prescrites par les médecins. Elle fut quelquefois aussi un remède secret, forme actuellement disparue, car la loi a contraint la spécialité à publier sa formule ; de ce fait devait s'ensuivre à l'Académie la disparition de la Commission des Remèdes secrets.

La spécialité a reçu son statut légal, défini par les articles 91 à 94 du Code de la Pharmacie. Aucune spécialité ne peut être débitée à titre gratuit ou onéreux qu'après avoir été revêtue, ainsi que les textes publicitaires la concernant, du visa du ministre de la Santé publique, sur la proposition du Comité technique des Spécialités. Les membres du Comité technique des Spécialités sont nommés par le ministre de la Santé qui reçoit leurs avis par son Service central de la Pharmacie. La Commission des Essais, le Comité des Experts apportent au Comité technique des renseignements permettant à ce dernier de formuler ses avis en toute impartialité et en toute compétence. Des membres de notre Académie siègent dans ces divers organismes, aussi bien d'ailleurs qu'au Conseil supérieur de la Pharmacie, devant lequel les fabricants de spécialités peuvent présenter des recours. On peut donc dire que toute spécialité qui a reçu


le visa répond aux exigences formulées à son sujet dans le Code de la Pharmacie qui les définit comme suit dans son article 91 : c( On entend par spécialité pharmaceutique tout médicament préparé à l'avance, dosé au poids médicinal, présenté sous un conditionnement particulier, portant sa composition, le nom et l'adresse du fabricant, vendu dans plus d'une officine. et qui présente l'une des deux caractéristiques suivantes : a) un nom de fantaisie ; b) soit le nom commun, soit la dénomination scientifique du médicament qui entre dans sa composition, ces dénominations devant être accompagnées du nom du fabricant responsable. »

Le visa est accordé à la spécialité pharmaceutique « lorsque le Comité technique constate qu'elle représente un caractère de nouveauté et qu'elle n'offre pas de danger pour la santé morale et physique de la population. » Par Jespect pour les situations acquises, les spécialités antérieures à la loi du 11 septembre 1941. répondant à cette dernière exigence ont d'emblée reçu le visa ; celui-ci a été refusé à nombre d'autres qui s'adressaient à une certaine clientèle sur la nature de laquelle il est inutile d'insister.

Il existait déjà beaucoup de spécialités pharmaceutiques avant 1941. Leur nombre n'a pas cessé de s'accroître depuis cette époque, tant il est facile d'imaginer des formules de préparations présentant d'une part un intérêt thérapeutique — c'est le cas de tout médicament — et, d'autre part, un caractère de nouveauté qui peut être réalisable par de minimes modifications de structure de composés chimiques déjà connus ou, plus simplement encore, par des associations de drogues susceptibles de manifester des propriétés thérapeutiques absentes dans chacune de ces dernières prises isolément. On conçoit la difficulté de distinguer dans une si vaste moisson les parts respectives de Ja folle avoine et du précieux froment.

D'autre part, ce n'est certainement pas une calomnie que de prêter à certains demandeurs de visa une intention qui leur est dictée bien plutôt par l'éternelle auri sacra famés que par le souci d'apporter une utile contribution à l'art de guérir. Il est heureux de constater que cette soif du lucre, loin de trouver toujours à s'étancher, est souvent, au contraire, justement sanctionnée par des insuccès pouvant parfois conduire à la ruine celui qui en est affecté.

Le produit spécialisé se contente rarement de revêtir une seule forme pharmaceutique : il peut devenir comprimé, cachet, pilule, pommade, solution pour l'usage externe, ampoules pour administrations orale, rectale, hypodermique, intramusculaire, intraveineuse, etc. ; actuellement, on. le voit aussi se présenter souvent sous la forme de suppositoire, ce descendant concrète et minimisé des clystères du Grand Siècle. Ces variétés de forme revêtues par un même agent thérapeutique multiplient démesurément les médicaments correspondants.

Des esprits raisonnables et bien informés estiment que le nombre des spécialités actuellement existantes pourrait être aisément réduit au moins au cinquième de sa valeur sans qu'il en résultât aucun préjudice pour le malade ; le médecin lui-même ne trouverait que des avantages à une pareille réduction. La spécialité honnête, irremplaçable, fruit de laborieuses et coûteuses recherches, poursuivies avec les plus louables intentions, gagnerait certainement à être débarrassée d'une compagnie qui n'est pas de son rang et ne lui fait guère honneur.

Si les représentants de ces spécialités de bon aloi méritent d'être accueillis par le médecin auquel ils apportent, en commun avec les journaux professionnels, une utile documentation que les chaires de pharmacologie et de thérapeutique des Facultés ne peuvent dispenser qu'aux étudiants, leurs seuls auditeurs, il est, par contre, d'autres visiteurs, ceux-ci inopportuns, auxquels pourrait être sans ironie posée cette insidieuse question : « Mais, Monsieur, n'êtesvous pas orfèvre ? ».

On a dit et on répète souvent avec quelque exagération et quelque inexactitude : « Il n'y a pas de maladies, il n'y a que des malades. » En réalité, il


y a les deux ; dans toute maladie infectieuse, par exemple, il y a bien, d'une part, l'agent morbide, microbe ou virus, et, d'autre part, le malade qui réagira de sa propre façon, vis-à-vis de l'agent causal de la maladie. De cela, il résulte qu'une même affection n'apparaît pas sous un aspect uniforme chez tous les malades et qu'à chacun de ces derniers le médecin doit appliquer, opportunément, une thérapeutique différente de l'un à l'autre. Il faut aussi considérer la question des doses qui varient naturellement suivant l'âge du patient à traiter : nourrisson, enfant, adolescent, adulte, vieillard. Il y a là une barrière qui semble ne pouvoir être franchie par les fabricants de spécialités ; certains cependant pensent qu'il leur est possible de fournir aux médecins tous les médicaments répondant aux besoins multiples d'une thérapeutique que, dès l'abord, la prescription magistrale, seule, paraît en mesure de satisfaire.

En y réfléchissant, il ne semble pas raisonnable que les spécialistes puissent persister dans une voie qui conduirait à surcharger le marché pharmaceutique, déjà bien encombré, de plusieurs milliers de médicaments nouveaux. Une telle profusion aboutirait d'ailleurs à ce résultat paradoxal de rendre pratiquement impossible l'utilisation de ces médicaments, puisque ceux-ci ne pourraient pas parvenir au malade dans les conditions d'urgence indispensables à leur emploi.

Conçoit-on, en effet, une officine, de quelque importance qu'elle fût, qui serait capable d'emmagasiner, en attente d'une utilisation souvent illusoire, dans des conditions de rangement et de conservation appropriées, des milliers de produits parmi lesquels le médecin aura déjà bien de la peine à déterminer avec précision celui qui convient au cas thérapeutique envisagé et, qu'en cas de manque, le malade serait ensuite dans l'incapacité de se procurer en temps utile.

Suivant une voix indépendante et autorisée, « la pharmacie est une profession dont la compétence et la mission sont singulières et irremplaçables. »

a La pharmacie est, à la fois, une activité économique, un exercice libéral et une institution de service public ; un statut juridique exceptionnel la consitue. » On comprend que cette pharmacie, dont le rôle vient d'être si exactement défini, ait poussé, avec une véhémence bien explicable, un grand cri d'alarme.

Ce cri est justifié ; c'est celui d'une profession fermement attachée à sa mission libérale de service public, qui exige à bon droit qu'on ne lui retire pas la possibilité de remplir auprès du malade, avec le médecin, la tâche sacrée de faire reculer la souffrance humaine.

C'est dans une étroite collaboration entre le médecin qui prescrit et le pharmacien qui exécute la prescription que le malade trouvera toujours Je recours qui lui est nécessaire dans sa détresse ; c'est en son médecin et en son pharmacien qu'il a mis toutes ses espérances et celles-ci ne seront pas déçues.

En effet, un de nos plus éminents collègues n'a-t-il pas écrit récemment : « La prescription » magistrale « n'a certes pas perdu tous ses droits. Le bon médecin est celui qui sait, comme jadis et comme naguère, rédiger une ordonnance appropriée très exactement au cas clinique. Le rôle du pharmacien n'est pas réduit à celui d'un intermédiaire commercial. »

Je voudrais ajouter un dernier mot. Des vendeurs empressés à grossir leur clientèle arguent souvent du caractère soi-disant inoffensif du ou des médicaments dont ils proposent l'emploi. En dehors de fantômes médicamenteux du yenre des pilules cum mica pcinis, il est inexact d'affirmer qu'un véritable médicament puisse être inoffensif, puisqu'il est actif. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il ne sera pas nocif dans des conditions d'emploi strictement déterminées, pour lesquelles interviennent utilement leS recommandations du médecin et du pharmacien.

En dehors d'accidents dus à des erreurs malheureusement toujours possibles, inhérentes à l'humaine nature, c'est bien plutôt à l'ignorance ou à l'imprudence du malade ou de son entourage que sont dus les méfaits médicamenteux. Le


meilleur des médicaments, il faut le répéter, porte en lui à la fois le remède et la mort. Les contrôles les plus minutieux qui ont présidé à sa fabrication et les règlements les plus stricts imposés à sa délivrance ne lui enlèveront pas ce double caractère. C'est de cette notion surtout qu'il est bon d'informer le grand public. Il est mieux d'éduquer sa prudence que de l'affoler par la publication d'accidents retentissants.

* Mes chers Collègues, J'ai pensé qu'à son avènement votre président avait la faculté de parler en bon nom personnel et qu'il pouvait se permettre de vous présenter quelques xemarques de son propre fonds ; si j'ai abusé de cette permission et si j'ai lassé votre patience, je vous prie de vouloir bien m'accorder votre pardon.

Mais, maintenant, je n'oublierai pas que, suivant les termes de l'article 9 de notre Règlement, le Président, qui représente l'Académie, a le devoir de parler au seul nom de cette dernière. C'est donc auprès de vous, mes chers Collègues, que j'irai chercher mon inspiration.

Pour me bien conduire, j'aurai d'abord l'exemple de mon prédécesseur, mon ami et compatriote normand. Je le connaissais déjà bien, mais, pendant ces douze derniers mois, j'ai pu mieux, à ses côtés, apprécier sa ponctualité, son calme, sa finesse, son amabilité, son sens de l'à-propos, sa dignité sans morgue, alliée à une aimable bonhomie. Celui qui te remplace, mon cher Lemaître, est loin d'avoir de telles-qualités ; l'Académie ne gagnera sûrement pas au change.

Mon cher Vice-Président, me voilà bien surpris et un peu confus de vous voir à ma droite et d'être, quoique moins ancien dans notre Compagnie, celui qui doit vous accueillir comme son successeur ; vraiment le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Je ne suis pas capable de juger votre œuvre de cardiologue et, par là même, de la qualifier ; je veux seulement vous dire, que je retiens de vous, au cours de nos discussions, vos fréquentes interventions toujo.urs si opportunes, exprimées avec courtoisie, en termes clairs et châtiés ; j'y trouve la promesse réconfortante du précieux secours que vos conseils voudront bien m'apporter dans mes fonctions.

Mon cher Secrétaire perpétuel, une étroite amitié nous lie depuis de longues années : nous nous sommes connus au temps de voire internat auprès du professeur Gilbert, dans ce vieux et presque sordide hôpital Broussais, qu'a remplacé avec éclat Broussais-La Charité. Mes prédécesseurs vous ont dit leur admiration justifiée pour le grand médecin, pour le savant, pour le chercheur, pour l'administrateur impavide, pour le parfait honnête homme que vous êtes.

Permettez simplement à votre ami de vous exprimer publiquement sa profonde reconnaissance pour la sympathie agissante dont vous l'avez toujours entouré, au cours des bons et des mauvais jours ; il sait qu'en toute circonstance, il peut toujours compter sur votre aide ; il aura, sans doute, encore bien des occasions d'y faire appel.

Mon cher collègue Bénard, les élections continuent à faire de vous un Secrétaire annuel perpétuel et c'est bonne justice. Vous nous avez tous conquis par votre complaisance, votre exactitude, votre lucidité, votre prudence, votre bon sens, votre large érudition. Vous n'ouvrez la bouche que pour donner de bons conseils ; j'aurai bien souvent recours à vous.Monsieur Jules Renault, vous nous avez fait, sur nos instances, la grande joie de conserver vos fonctions de Trésorier ; votre vaillance, mise une fois de plus à l'épreuve, ne nous a pas déçus. Vous, le grand Maître de l'Hygiène en France, vous n'avez pas voulu vous reposer sur les lauriers que vous a apportés une suite ininterrompue d'efforts, poursuivis avec science et conscience au cours de votre longue vie. Vous voulez continuer à servir et vous montrez un courage devant lequel nous nous inclinons avec respect et admiration. Personnellement.

je garderai précieusement le cher souvenir de votre présence à ma droite dans


le Conseil d'Administration de notre Académie. Je suis heureux de m'y trouver encore suffisamment près de vous pour profiter des conseils que vous dicte voire grande expérience des hommes et des choses.

Je ne manquerai pas, dans ce Conseil, de recourir aux avis autorisés du Doyen Binet et des nouveaux membres que je suis heureux d'accueillir aujourd'hui, nos collègues Fabre, Mathieu, Courrier et Courcoux.

J'aurai, sans doute, en maintes circonstances à faire appel à notre érudit ot compétent bibliothécaire, M. Genty ; je suis assuré de sa complaisance et j'en abuserai peut-être quelquefois.

Je ne doute pas que M. Levent, le prudent et diligent Rédacteur de notre Bulletin, ne continue à piéger sur son papier tendu les paroles toujours trop prêtes à s'envoler. Ainsi, je suis convaincu qu'il va venir, sans tarder, recueillir les miennes, dans quelques instants.

Je compte enfin sur l'aide efficace de notre aimable et pertinente Chef des bureaux. Mme Chauvineau — je cite mon prédécesseur, car je ne saurais mieux dire — « sait évoluer dans le dédale des règlements et des difficultés adminisIratives avec une complaisance inlassable, une grâce charmante et une délicatesse qui font l'admiration de tous ».

* * *

Mes chers Collègues, mes derniers mots seront pour m'excuser d'avoir trop longtemps gardé la parole et d'avoir ainsi retardé votre plaisir à entendre les communications annoncées pour cette première séance de 1955.

COMMUNICATIONS

Avant de donner la parole à M. Trémolières, M. le Président souhaite la bienvenue, au nom de l'Académie, à M. le Préfet de Police présent à la séance et dont l'Académie apprécie à sa juste valeur l'activité déployée dans la lutte contre le bruit.

Les méfaits du bruit et leurs répercussions sur l'organisme humain, par MM. Fernand Trémolières et Albert Besson.

La question que nous évoquons ici n'est pas nouvelle ; à plusieurs reprises, notre Compagnie s'est préoccupée de ce problème du bruit d'importance capitale pour la santé, l'hygiène et la tranquillité publiques.

Déjà, en 1930, M. Portier signalait la menace que représente l'intensité croissante du bruit et plusieurs d'entre nous reprenaient ce thème dans leurs écrits et dans la presse.

En 1938, sur le rapport de M. Tanon au nom d'une Commission composée de MM. Souques, Siredey, Portier, Tanon, Lemaître, Duhamel, examinant un projet d'arrêt déposé par le Touring-Club de France, l'Académie émettait un certain nombre de vœux, dont la guerre et l'occupation ajournèrent la réalisn I ion.

Depuis lors, les Congrès d'Hygiène, celui de 1948, où M. Susini a présenté une remarquable étude d'ensemble, celui d'octobre dernier, marqué par les 7-apports de MM. Le Bourdellès et Albert Besson, Chavasse, Grandpierre, le Congrès d'Oto-Rhino-Laryngologie de 1952, etc., ont repris l'étude de cette question, dont l'importance et l'urgence sont devenues extrêmes.


En effet, depuis les premières interventions de l'Académie, le machinisme se développant sans cesse, l'application des moteurs a beaucoup d'activités humaines et l'accroissement incessant de la circulation ont porté le bruit partout, dans la maison comme dans l'usine, à la campagne comme à la ville, dans les villages traversés par de grandes voies de communication comme dans les rues de la capitale. La situation est devenue intolérable et risque, en s'aggravant encore, d'entraîner des conséquences néfastes.

Il s'agit aujourd'hui d'un problème national, qui ne peut être résolu que par des mesures administratives et une patiente éducation des fauteurs de bruit.

Depuis vingt-cinq ans, notre Compagnie n'y est pas restée indifférente. L'autorité qui s'attache à ses travaux peut à la fois éclairer l'opinion et seconder l'action des Pouvoirs publics.

*

On sait que le bruit est un complexe sonore, c'est-à-dire un ensemble de sons simples, d'intensité, de hauteur et de timbre variés et que les vibrations perçues par l'oreille sont comprises, dans leurs valeurs extrêmes, dans un intervalle de fréquence qui s'échelonne environ de 20 à 20000 périodes/secondes (ou hertz). On sait aussi que le seuil d'audibilité et le seuil de douleur sont fonctions à la fois de l'intensité du son, liée à l'amplitude des ondes sonores, et de sa hauteur, déterminée par leur fréquence. C'est de 1 000 à 5 000 p. /s. que l'oreille possède la meilleure sensibilité.

Les physiciens, les physiologistes et les otologistes nous ont appris à définir le décibel (mesure de base servant à préciser l'intensité d'un son) et le phone (qui exprime un niveau d'intensité acoustique subjective). Dans les registres moyens, décibels et phones se correspondent.

Par les sonomètres, on peut mesurer l'intensité d'un bruit ; par les spectromètres, on peut en analyser la complexité et en discriminer les divers sons constitutifs. Enfin, les audiomètres, entrés dans la pratique courante, offrent à nos yeux des diagrammes qui permettent d'apprécier les réactions de l'oreille aux sons qu'elle reçoit.

*

Pendant longtemps, les médecins n'ont eu à s'occuper que des méfaits des bruits industriels, dans les chaudronneries, les tôleries, les usines métallurgiques. L'Institut National de Sécurité attache à cette question, depuis plusieurs années, une attention particulière.

Mais les progrès du machinisme déchaînent aujourd'hui le bruit à toute heure, en tout lieu, sur la terre comme au ciel.

Les avions, depuis l'étude des moteurs au banc d'essai jusqu'au vol, dans l'espace, des appareils à réaction, ont porté le bruit à son maximum.

Il est des bruits moins violents, mais incessants et innombrables : ceux des véhicules automobiles, depuis les motocycles, scooters, vélo-moteurs jusqu'aux formidables camions et aux autobus du nouveau modèle, en passant par les voitures de faible puissance.

Mentionnons aussi, non plus le concert des klaxons, qu'a jugulé un récent arrêté préfectoral, mais les sirènes, les coups de marteau des ateliers de réparations en plein air, les défonceuses-perforeuses, les fêtes foraines, ajoutant leurs éclats brutaux à la rumeur générale, et dans la banlieue, les aboiements incessants des chiens gardant les propriétés ou parqués dans les chenils.

Ce vacarme déferle dans les maisons dont les murs, non insonorisés, le laissent pénétrer et où il s'accroît du bruit des aspirateurs, des machines à laver, des poubelles traînées jusqu'au trottoir et des postes de radio qui harcèlent souvent les voisins jusqu'au milieu de la nuit. Et tous ces bruits inopinés, explosifs, sont, de ce fait, encore plus agressifs que le bruit de fond, même


accenLué, sur lequel ils se détachent. Les sonomètres ont permis de mesurer et (le chiffrer, eu décibels, les diverses sortes de bruits. En voici quelques exemples : AuLo de tourisme, 66 à 70 décibels ; autobus ancien modèle, 72 à 75 décibels ; freins d'auto brusquement actionnés, 76 décibels ; camions lourds, 78 à 90 décibels ; piolocyclc avec silencieux, 90 décibels ; klaxon, 100 à 110 décibels ; motocycle sans silencieux, 120 décibels.

Une quantité considérable du bruit du dehors entre dans un appartement, touLes fenêLres fermées : il peut y atteindre jusqu'à 40 décibels, auxquels il faut ajouter ceux des bruits de la maison. Même chez eux, beaucoup de gens ne peuvent, trouver le repos, indispensable à leur santé, beaucoup d'enfants en ont leur croissance entravée, leur santé compromise.

Diverses échelles ou seuils de gravité ont été proposés quant aux effets du bruit. Il semble que c'est à partir de 85 décibels que l'oreille commence à en subir une agression. Ces seuils sont d'ailleurs assez variables selon la nature niArtic du bruit, son. acuité, sa soudaineLé, et, aussi selon les susceptibilités individuelles.

Mais In trouble infligé par le bruit ne peut pas être déterminé en additionnant les décibels pruduiLs par chaque source sonore. Nos sensations auditives ne sont pas fonctions des intensités acoustiques de toutes les sources simultanées. Elles sont proportionnelles aux logarithmes de ces intensités (loi de Weber-Fechner) : si le bruit d'une machine à écrire atteint 50 décibels, celui de vingt machines semblables travaillant dans le même local sera de 50 + 13 = G0 décibels.

Aux sons transmis par l'air s'ajoutent encore les vibrations qui se propagent par les solides, c'csL-à-dirc les trépidations : perçues par le toucher, elle s'étendent par le squelelLe à tout le corps. Un de nos confrères, dont la surdité est totale, travaille dans son laboratoire situé dans un endroit où passent en grand nombre des trains, des camions, des avions : les jours de grand trafic, il éprouve une lassitude égale a celle de ses voisins que le bruit a assourdis.

L'on comprend quelles atteintes le bruit peut infliger à l'organisme humain.

*

C'est roreille qui, en premier lieu, reçoit les ondes sonores. Sa structure lui permet, de s'y adapter constamment, à condition qu'elles se mélangent à un niveau plus ou moins uniforme. Mais sur Je fond permanent des rumeurs de la Nille éclat eut sans cesse des bruits discontinus, parfois d'une brutale soudaineté.

La partie de l'oreille qui régit, l'accommodation ne se repose donc jamais. Fatigués du leurs efforts d'adaptation aux cris, aux cliquetis, aux explosions, aux pétarades, les muscles de la chaîne des osselets, dans l'oreille moyenne, ne suffisent l'lus à leur tâche, Expérimentalement, un « éblouissement auditif », perturbation de l'audition réalisé par une intensité de 100 décibels pendant vingt à trente secondes, constitue un traumatisme suffisant pour modifier la courbe audiométrique.

D'abord se marque une fntifllle auditive ; un assourdissement s'ébauche pour certains sons élevés.

l'eu à peu se constituent des lésions des terminaisons du nerf auditif dans l'oreille interne : le traumatisme acoustique est créé. Un trou auditif se dessine sur les audiogrammes : il se marque d'abord par une chute brutale de l'audition pour une certaine fréquence de vibralions (4096 p./s.), en deçà et au delà de laquelle elle se maintient. Ce trou est d'abord passager, mais le temps de récupéraLion est environ le carré de celui de l'exposition au bruit qui l'a créé.

La lésion des terminaisons du nerf audiLif n'est d'abord qu'ébauchée et passagère, mais elle s'aggrave et s'installe par l'exposition journalière au bruit


vulnérant : le trou auditif s'élargit et se creuse, le taux des décibels perçus diminue. Ce déficit est irréversible. Si la lésion s'accentue encore, le trou auditif devient total : c'est la surdité sociale.

Cette surdité n'intervient que dans certaines professions (chaudronniers, aviateurs), au bout de deux, trois, dix ans de séjour dans une atmosphère de bruit intense : c'est une surdité professionnelle.

Chez certains animaux exposés à des bruits intenses, M. Grand pierre a constaté l'altération et même la destruction des cellules cochléaires.

Dans les cités bruyantes, la proportion des habitants dont l'audition est altérée augmente : le bruit contribue à hâter les déficiences et à accélérer l'évolution des lésions de l'appareil auditif.

Certes, tout le monde n'y est pas également exposé : l'âge, certaines lésions antérieures ou une prédisposition anatomique, et surtout une fragilité particulière du système nerveux, fréquente chez la femme, rendent le bruit plus vulnérant : ces facteurs favorisants sont trop fréquents pour qu'on ne s'efforce pas de diminuer l'agression sonore.

* * *

Mais les vibrations sonores reçues par l'oreille, et transmises par le nerf auditif h la première circonvolution temporale, où s'élabore la sensation auditive, diffusent dans tout le cerveau et y font sentir leur action.

En même temps que, sous l'action d'un bruit violent, se produit un « éblouissement auditif » inscrit sur la courbe audiométrique, la parole se ralentit ; lorsque le sujet s'efforce de lutter contre ce ralentissement, apparaît souvent un bégaiement et corrélativement une obnubilation légère qui se traduit par une diminution nette de la mémoire de fixation (d'un texte lu à voix haute).

L'appareil de Naviajski permet de constater qu'à partir de 50 décibels, il y a fatigue et rapide lassitude du système nerveux.

L'on ne peut nier les méfaits psychologiques d'un bruit excessif. Pascal écrit : « L'esprit de ce souverain juge qu'est l'homme n'est pas si indépendant qu'il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui. ii Pour Schopenhauer, « le bruit est la plus impertinente des interruption?, car il brise nos propres pensées ».

Il n'y a pas que les grand penseurs qui soient inhibés par le bruit. Le travail intellectuel le plus simple en est aussi troublé.

Aux Etats-Unis, l'AETNA, Compagnie d'assurances sur la vie, a observé le rendement de ses employés avant et après des installations insonores : les erreurs des calculateurs diminuèrent de 52 p. 100, celles des dactylos de 29 p. 100 et l'état de santé générale s'améliora de 37,5 p. 100.

La Western Union Telegraph Company, après avoir fait insonoriser ses bureaux de transmission de télégrammes, constata une diminution des erreurs de 42 p. 100, ce qui lui permit d'économiser 3 cents par message.

La direction d'un grand établissement de crédit de Paris a remarqué, depuis l'interdiction du klaxon, que le rendement du personnel avait nettement augmenté.

Ainsi, le bruit exagère la fatigue des centres cérébraux et trouble leur fonctionnement.

Il est aussi une entrave au sommeil réparateur, un obstacle à la détente nécessaire. Il viole une des lois fondamentales de l'équilibre physiologique, celle du rythme de l'activité des organes : la phase de dépense est exagérée, la phase de réparation est raccourcie, d'où un déséquilibre permanent dont les conséquences peuvent être graves.


Sur le terrain pathologique, le bruit exerce l'influence la plus néfaste.

Il accroît les troubles du caractère, les tendances à l'excitation, suscitant des réactions violentes chez les prédisposés.

Chez les déprimés, il augmente encore la dépression nerveuse, et s'oppose à la guérison, qui ne s'obtient que par le calme et le silence.

Les anxieux, nombreux de nos jours, voient leur état s'aggraver.

A ceux qu'irrite ou déprime l'agression du bruit, beaucoup recommandent d'en détourner leur attention et de s'évader de l'ambiance nocive. S'irriter, se lamenter, leur objecte-t-on, revient à insister sur le bruit, à renforcer la connexion entre l'appareil auditif et le centre percepteur, à insister dangereusement sur le retentissement psychique et à rendre le bruit importun intolérable.

Encore faut-il pouvoir y parvenir. Nous avons vu qu'un bruit violent — et la force de répercussion d'un bruit dépend de la sensibilité de celui qu'il atteint — inhibe la pensée. Comment, dans ces conditions, exercer un contrôle sur ses sensations et leur fermer la voie cérébrale ?

Nous savons que, chez les hystériques, chez les épileptiques, dont les fonctions cérébrales sont perturbées, un bruit peut provoquer une grande crise.

Les observations de Mosso constatant, à un léger bruit, l'afflux d'une onde sanguine sur la surface cérébrale mise à nu, de Foster Kennedy, mesurant, à l'explosion d'un sac de papier gonflé d'air, l'augmentation du quadruple de la pression cérébrale, ont été précisées par MM. Denier et Susini, qui ont vu, sous l'action d'un son de 30 à 70 décibels, le tracé de l'EEG subir une ascension et une accélération proportionnelles à son intensité, et, sous l'action d'un bruit discontinu de 100 décibels, devenir irrégulier et saccadé.

Mais le bruit n'agit pas seulement sur les fonctions psychiques, il atteint aussi le travail physique, à la fois en affaiblissant l'attention et en restreignant l'effort musculaire. Lucien Cornil, dans une usine à Pont-à-Mousson, a constaté que le rendement des ajusteurs, dans le voisinage d'un marteau-pilon, était réduit de 33 p. 100 à partir de la quatrième heure de travail.

En somme, comme M. Bugnard et ses collaborateurs ont conclu de diverses observations chez l'homme et l'animal, en juin dernier, à la Société de Biologie, « il paraît exister un véritable syndrome traumalo-vibratoire qui entrerait dans le cadre des traumatismes cranio-cérébraux avec atteinte du nerf auditif ».

Les traumatismes exercés sur l'encéphale par l'action subite ou prolongée des vibrations sonores intenses se propagent à tout l'organisme et y provoquent des troubles divers.

Chez 25 p. 100 des sujets qui y sont exposés, MM. Maduro, Lallemant et Tomasi ont noté une fatigue intense et qui persiste après un repos de quarantehuit heures, un amaigrissement parfois rapide, le plus souvent progressif, une anémie moyenne, une accélération marquée de la sédimentation, qui survit aux troubles cliniques.

A la céphalée qui accompagne les troubles auditifs s'ajoutent souvent des troubles des réflexes pupillaires et de la vision binoculaire.

D'autres réflexes végétatifs sont aussi perturbés par le bruit : la respiration est accélérée, les mouvements du cœur deviennent rapides et irréguliers.

M. Grognot a constaté une diminution de la pression artérielle et une éosinophilie sanguine. Carrel était convaincu, à la suite d'expériences et d'observations personnelles, que le bruit est un des facteurs importants d'arlério-sclérose.

Les statistiques ont montré à M. Lian que la mortalité des affections cardiovasculaires est passée, en trente ans, de 125 à 150 pour 1 000 habitants, le bruit jouant un grand rôle dans le surmenage multiforme qui en est responsable.

Sans doute faut-il aussi attribuer au bruit une part dans la fréquence actuelle des « crises cardiaques » par infarctus du myocarde.


Le tube digestif répond à l'excitation de la région vestibulaire de l'oreille par des nausées et des vomissements. Les contractions de l'estomac sont troublées par le bruit, qui, M. Susini l'a constaté à l'écran radiologique, provoque un spasme pylorique persistant sept minutes environ.

L'appareil urinaire est influencé par le bruit. Il existe un réflexe auriculourinaire, qu'on fait jouer dès le premier âge. M. Susini a observé un malade qui, sous l'action du bruit d'une construction dans le voisinage, avait des crises de rétention vésicale.

Les glandes endocrines, si étroitement associées au système nerveux, sont, par son intermédiaire, troublées par le bruit. Sous son action, l'hyperthyroïdie accentue ses manifestations. L'hypertension artérielle qu'il provoque est liée à une atteinte des glandes surrénales. A New-York, on a constaté que la croissance des enfants, liée au fonctionnement endocrinien, était déficiente d'environ 20 p. 100, de même que le développement intellectuel, dans les quartiers bruyants.

Les chocs émotionnels peuvent aussi influencer l'évolution d'une maladie : un diabète, une cardiopathie, une infection générale en ont leur pronostic assombri.

En réalité, ces troubles des divers organes, ces aggravations de maladies préexistantes ne sont que les effets du déséquilibre du grand régulateur viscéral, le système neuro-végétatif. Avec les déficits auditifs, les troubles intellectuels et les désordres psychiques, c'est eux que l'on rencontre le plus souvent chez les hypersensibles. Mais, dans les cas extrêmes, l'on peut voir, à leur suite, s'installer des désordres lésionnels.

Un trouble fonctionnel d'origine nerveuse peut même, en effet, engendrer une lésion organique.

Dans un récent travail, M. Laubry, résumant sa grande expérience, vient de montrer le rôle des troubles fonctionnels d'origine neuro-végétative dans les affections du cœur.

C'est d'abord, chez les émotifs constitutionnels, sous l'action des heurts de la vie sociale ou familiale, des palpitations, des extra-systoles, des névralgies thoraciques suggérant la crainte de l'angine de poitrine : ni l'examen clinique, ni l'ECG ne permettent alors de déceler la moindre lésion organique.

Peu à peu, sous l'action de chocs émotifs répétés, la tension artérielle se dérègle, des désordres endocriniens surviennent, et, au trouble fonctionnel, finit par s'ajouter la lésion organique.

Enfin, les troubles fonctionnels, étroitement liés à la lésion, la remanient constamment et en commandent l'évolution.

L'on connaît bien maintenant le rôle de l'émotion et de toutes les agressions psychologiques dans les dérèglements du système neuro-végétatif et, consécutivement, dans les lésions organiques.

Le trouble fonctionnel s'organise et, de ce fait, s'organicise, selon l'expression de M. Jean Delay. C'est cet ensemble, celle consécution de troubles qu'étudie aujourd'hui la médecine psycho-somatique.

Il en est de même pour tous les autres organes que pour le coaur : les troubles fonctionnels finissent par y créer des lésions. L'on sait, par exemple, que les ulcères gastriques et duodénaux sont souvent d'origine nerveuse, qu'ils peuvent être provoqués par des chocs émotionnels. Après les terribles bombardements de Londres pendant la dernière guerre, on a constaté, sous l'action conjuguée du bruit et de l'émotion, une grande augmentation du nombre de ces ulcères et même de leur perforation.

A l'hyperthyroïdie que provoquent les chocs émotionnels peut succéder une véritable maladie de Basedow.


* * *

On voit, la cascade de désordres, troubles fonctionnels et lésions organiques, produite par les chocs émotionnels, surtout chez les prédisposés. Et nous connaissons les chocs que le bruit peut provoquer, en particulier chez les citadins, qui, comme le rappelait M. Portier, accumulent, dans la vie moderne, les surmenages moteurs, psychiques et affectifs.

La pathologie se remanie sans cesse. Aux maladies infectieuses, si nombreuses, si graves dans la première moitié du xxe siècle et dont les sulfamides et les antibiotiques ont considérablement réduit l'importance, est en train de se substituer une pathologie nerveuse aux répercussions organiques multiples.

L'humanité, au moins dans les villes, est-elle guettée par la surdité et le déséquilibre nerveux, qui retentit plus ou moins gravement sur tout l'organisme?

* * *

Il ne nous appartient pas d'indiquer les mesures à prendre pour réduire le bruit intolérable de la cité. Les Parisiens se félicitent des résultats bienfaisants des premières mesures préfectorales, mais ils en espèrent d'autres, également nécessaires, qui pourraient leur apporter détente et sécurité, en attendant le vote d'un projet de loi qui a été déposé il y a un an sur le bureau de l'Assemblée Nationale.

Une remarque d'ordre général, de grande importance : l'audiométrie et aussi l'observation cour:lJJle montrent qu'à partir de 85 décibels le bruit devient vulnérant pour l'organisme. Or, le récent Code de la Route a fixé la limite des sons tolérés à 10 m de distance, pour tous les types de véhicules, à 95 phones, et c'est sur ce chiffre que doivent actuellement être fondées les mesures contre le bruit. Or, à l'élranger, en Suisse, en Allemagne, le bruit toléré à 7 m varie, en général, selon le modèle des véhicules, de 75 à 87 phones. Il est indispensable, il est urgent, lenant compte des limites indiquées par l'audiométrie en même lemps que par l'expérience humaine, d'abaisser le taux des phones de la limite régi cm en ta ire.

*

En résumé, alors que l'être humain a besoin de calme et de détente pour vivre et se maintenir en bon équilibre physiologique et mental, le bruit, toujours croissant, constitue souvent, par son intensité ou sa soudaineté, une agression contre l'organisme et lui inflige des dommages d'importance insoupçonnée.

Appareil auditif et système nerveux, d'abord, sont durement éprouvés, et ensuite, par l'intermédiaire du système neuro-végétatif, tous les autres organes.

Des maladies peuvent être aggravées, d'autres même créées par le déchaînement incessant et brutal des vibrations sonores. L'être humain est menacé, non seulement dans son confort, mais encore dans son équilibre et parfois même dans son existence. Il faut, sans retard, refréner le bruit, danger social.

* * *

Il semble que notre travail pourrait servir de point de départ à une étude approfondie du problème du bruit et de ses conséquences. La question est d'importance pour l'hygiène générale et l'équilibre de l'organisme humain.

C'est pourquoi nous croyons devoir proposer de constituer, au sein de cette assemblée, une Commission d'étude dont les travaux pourraient apporter une utile contribution à la lutte entreprise contre le bruit.

Ainsi pourrions-nous faciliter la tâche de ceux qui veulent s'attaquer résolument à ce nouveau danger social et lui opposer des remèdes efficaces.


M. Tanon fait remarquer qu'on pourrait, dans les indications données à ce sujet par la Préfecture de poJice, recommander aux parents d'enfants qui restent à la maison, de ne pas faire marcher trop fort, comme il l'a constaté dans quelques cas, l'appareil de télégraphie sans fil, ni trop longtemps. L'oreille de l'enfant est plus sensible que celle des adultes, et il serait préférable, si on veut écouter les nouvelles, de faire fonctionner l'appareil dans une chambre voisine, et à bruit très modéré.

Le choc paraphylactique (anaphylactique) cortical.

Recherches de « pharmacodynamie non spécitlque ».

par MM. D. Danielopolu, I. Bruckner et S. Radesco.

(Présentation faite par M. Donzelot.)

A. — CONCEPTION PERSONNELLE SUR LE MÉCANISME DE LA PHYLAXIE-PARAPHYLAXIE ET DU CHOC PARAPHYLACTIQrE.

En 1931 (1), nous avons démontré que ce que l'on appelle anaphylatoxine n'est que de l'acétylcholine (Ach). Dans une série de publications ultérieures (2).

nous avons exposé notre conception sur le mécanisme de la phylaxie-paraphylaxie et du choc paraphylactique. L'antigène introduit dans l'organisme y provoque la libération d'acétylcholine (action acétylcholinergique des antigènes) qui stimule la production de globulines (action globulinogène de l'Ach), lesquelles.

en contact avec l'antigène et sans so combiner avec lui, prennent une propriété physique nouvelle et spécifique vis-à-vis de l'antigène qui les a engendrées et deviennent des anticorps spécifiques, qui donnent l'immunité ou phylaxie.

L'antigène (qui persiste longtemps dans l'organisme), par son action acétylcholinergique, élève la courbe cholinique des tissus (la concentration en complexe acétylcholinique dont est libérée Ach active) et provoque, à côté de la phylaxie, ce que nous avons appelée en 1943 la paraphylaxie et qui n'est autre chose que l'anaphylaxie découverte par Ch. Richet. La paraphylaxie n'est dans notre conception qu'un état d'hyper concentration cholinique qui donne une amphotonie à prédominance parasympathique. La paraphylaxie n'est pas spécifique, cet état étant identique n'importe quel serait l'antigène qui a provoqué l'état de phylaxie-paraphylaxie. Mais elle est liée à un état spécifique, l'immunité ou phylaxie.

Nous n'admettons pas l'existence d'une sensibilisation. L'organisme n'est pas sensibilisé vis-à-vis de l'antigène proprement dit, mais son état paraphylactique rend possible au moment de la formation du complexe antigène-anticorpsalexine (complexe AAA) une libération explosive d'Ach, qui provoque le choc paraphylactique.

Si dans un organisme en état de phylaxie-paraphylaxie est réintroduit je même antigène au moment de la formation du complexe AAA est libérée de l'Ach, qui provoque le choc paraphylactique, qui n'est autre que le choc anaphylactique découvert par Richet. La production d'histamine est secondaire au choc.

Comme la plus grande masse des tissus effecteurs, ainsi que le système nerveux entier, sont stimulés par l'Ach, le métabolisme général de l'organisme

(1) D. Danielopolu. Arch. Médico-chirurgicales de l'appareil respiratoire, 1931 ; Congrès de l'asthme du Mont-Dore, 1932.

(2) D. Dnniélopolu. Système nerveux de la vie végétative. Paraphylaxie et choc paraphylactique acétylcho!inique, vol. O. Doin, 1943. Phylaxie-paraphylaxie et maladies spécifiques.

Masson et Cie, Paris, 1946.


augmente brusquement et prend naissance de l'histamine en grande quantité qui ajoute ses effets à ceux de l'Ach. Ce n'est pas dans notre conception la libération d'histamine qui provoque le choc. La libération d'histamine est secondaire au choc, provoquée par le choc.

Tout comme l'état de paraphylaxie, le choc paraphylactique n'est pas spécifique : il est identique, n'importe quel serait l'antigène en cause. Mais il est lié à la formation d'un complexe phylactique (complexe AAA) qui, celui-là, est spécifique.

Telle est la production de ce que nous avons appelé choc paraphylactique non compliqué, produit par un phénomène d'immunité complète, dans lequel tout l'antigène (réintroduit dans l'organisme) a été rendu inoffensif.

D'autres fois, lors de la réintroduction de l'antigène spécifique, il se produit un phénomène d'immunité incomplète, dans lequel tout l'antigène réintroduit clans l'organisme n'est pas complètement rendu inoffensif (dans le complexe AAA), et il en reste une partie libre (déjà modifiée par les anticorps) et qui forme ce que nous avons appelé l'apotoxine spécifique. Il s'agit d'un choc paraphylactique compliqué par la formation d'apotoxine spécifique, qui donne les phénomènes spécifiques ou maladie spécifique (maladie du sérum, maladies infectieuses, etc.).

Nous devons ajouter que plusieurs auteurs ont attiré l'attention sur la déviation dans le sens parasympathique du tonus de l'organisme dans l'anaphylaxie.

Nous rappelons encore que Went et Lissak ont obtenu l'arrêt diastolique du cœur isolé d'un cobaye paraphylactisé au sérum de cheval en le perfusant avec le même antigène. Le phénomène ne se produirait plus après l'atropine ce qui démontrerait le caractère acétylcholinique du phénomène.

Cighiva et NaJtamuna ont soutenu aussi en 1943 le rôle de l'acétylcholine dans la production du choc. Toutes ces recherches confirment l'hypothèse émise par nous en 1931, d'après laquelle ce qu'on appelle anaphylatoxine n'est que de l'acétylcholine et que le choc paraphylactique est provoqué par libération d'acétylcholine. Dans toutes les recherches des autres auteurs l'on admet l'existence d'une sensibilisation de l'organisme, que nous n'admettons pas. L'antigène ne provoque, d'après nous, que des phénomènes d'immunité. Notre théorie de la phylaxie-paraphylaxie comprend le rôle de l'acétylcholine dans la formation des anticorps et dans la production de la paraphylaxie le mécanisme de production du choc paraphylactique par immunité complète ou incomplète et le mécanisme de production de la maladie spécifique.

Nous renvoyons à nos publications antérieures pour les détails de notre théorie.

B. — PARTICIPATION DU SYSTÈME NERVEUX DANS LES PROCESSUS DE PHYLAXIE-PARAPHYLAXIE ET DANS LA PRODUCTION DU CHOC PARAPHYLACTIQUE.

Ch. Richet considérait le choc paraphylactique comme un phénomène d'intoxication nerveuse. Bcsredka plaçait le siège du choc dans les centres.

Dans notre conception le choc paraphylactique se produit dans les trois systèmes qui composent l'organisme : système nerveux, système endocrinien et système effecteur des organes terminaux.

Voici notre point de vue, exposé en 1943 (2), sur la participation du système nerveux dans la phylaxie-paraphylaxie et dans le choc paraphylactique.

1° Le fait d'avoir démontré le rôle de l'Ach dans la formation des anticorps et dans la production de la paraphylaxie et du choc paraphylactique a prouvé d'une manière péremptoire la participation du système nerveux. En effet, l'Ach est le stimulant naturel du neurone.

2° Nous avons assimilé le choc paraphylactique chez le cobaye à un accès cpileptiforme.

3° Dans notre conception sur l'épilepsie, l'accès épileptiforme est un choc acétylcholinique non paraphylactique ou paraphylactique.


4° « Nous croyons que les phénomènes phylactiques et paraphylactiques se passent dans la cellule et dans toutes les cellules : organes terminaux., cellule nerveuse. Le phénomène d'hyperacétylcholinogénèse se produit de même dans la cellule nerveuse où l'Ach est libérée du complexe acétylcholinique. Il est certain, d'après nous, que la production des anticorps n'appartient pas exclusivement au tissu réticulo-endothélial, aux lymphocytes, etc. et que de nombreux tissus prennent part à leur formation. A côté d'autres cellules, la cellule nerveuse prend part tant à la production des anticorps qu'au choc paraphylactique » (2).

C. — CHOC PARAPHYLACTIQUE CORTICAL CHEZ LE COBAYE.

1° Nous décrivons sous le nom de choc paraphylactique cortical le syndrome suivant. Lorsque chez un cobaye paraphylactisé avec un antigène (injection faite environ trente jours auparavant avec du blanc d'œuf) nous appliquons sous la dure-mère 1 goutte d'une dilution du même antigène, il se produit dans les premières dizaines de secondes un mouvement de rotation du côté opposé h l'hémisphère sur lequel a été appliqué l'antigène. De temps en temps l'animal s'arrête et prend une attitude en virgule à concavité du côté opposé à l'hémisphère sur lequel nous avons appliqué l'antigène. Il suffit en ce moment de pincer la peau du dos sur la ligne médiane pour que l'animal recommence le mouvement de rotation ayant les caractères sus-mentionnés.

C'est ce que nous avons appelé syndrome hémicortical de rotation. Quelquefois apparaissent des soubresauts convulsifs.

Le choc paraphylactique cortical se distingue du choc paraphylactique général (déclenché par une injection intraveineuse d'antigène spécifique) par l'absence des phénomènes de choc général (dyspnée asthmatiforme, incontinence d'urine et de matières fécales, etc.). En plus, le choc paraphylactique général s'accompagne de convulsions généralisées auxquelles participe tout le système nerveux, alors que le choc paraphylactique cortical se caractérise par des phénomènes corticaux localisés (syndrome hémicortical de rotation) dus au contact de l'antigène avec l'un des hémisphères.

Le choc paraphylactique cortical pur n'est pas mortel. Mais chez quelques-uns de nos cobayes s'est produit (assez tardivement) une résorption de l'antigène spécifique dans le sang. Apparaissent alors des phénomènes généraux qui finissent quelquefois par la mort.

Nous expliquons le choc paraphylactique cortical par la formation locale, sur l'écorce, du complexe AAA, avec libération d'Ach qui excite l'écorce.

Chez les témoins (cobayes normaux) l'application unilatérale sous la duremère de l'antigène provoque rarement le mouvement de rotation qui est de beaucoup de plus courte durée.

Ce fait est très explicable, car l'antigène est acétylcholincrgique, mais la quantité d'Ach libérée dans ces conditions est plus faible.

2° Recherches de pharmacodynamie non spécifique sur l'écorce cérébrale. Dans notre conception de la Pharmacodynamie non spécifique, beaucoup de médicaments et d'agents physiques ont deux actions : une action non spécifique qui s'exerce en influençant l'action des facteurs naturels (ions, médiateurs chimiques, hormones, ferments, vitamines, etc.) et qui peut être la même pour des médicaments et pour des agents physiques différents, et une action propre ou spécifique ou toxique qui doit être considérée comme étant différente d'un médicament ou d'un agent physique à l'autre.

Dans le cadre de la pharmacodynamie non spécifique nous avons décrit des médicaments activants qui favorisent l'action des facteurs naturels et des médicaments frénateurs qui les empêchent.


En ce qui concerne le neurone, nous avons établi comme médicaments activants (qui agissent en favorisant l'action stimulante de l'Ach sur le neurone) la nicotine, la strychnine, l'atropine, etc. jusqu'à une certaine dose, et comme médicaments frénateurs (qui agissent en empêchant l'action de l'Ach) les hypnotiques.

Nous avons démontré que l'histamine à petite dose favorise sur le neurone l'action de l'Ach et qu'à très grande dose elle empêche l'action de cette subs lance.

Nous plaçons un médicament activant sur un des hémisphères (nicotine, strychnine) du cobaye normal. Il se produit (par l'intermédiaire de l'Ach dont l'action est favorisée par ces médicaments) le syndrome hémicortical de rotation, tout comme dans le choc paraphylactique cortical où ce syndrome est provoqué toujours par l'Ach (libérée au moment de la formation du complexe AAA).

Si nous traitons préalablement l'animal à l'acide d'un hypnotique, l'application de la nicotine ou de la strychnine ne donne plus le mouvement de rotation.

30 Recherches de cc Pharmacodynamie non spécifique » sur le choc paraphylactique cortical. — 1° Atropine. — Nos recherches ont démontré que l'atropine a deux actions principales sur l'organe terminal : une action parasympathofrénatrice qui empêche l'action de l'Ach et une action antiacétylcholinolytique (en inactivant la cholinestérase) qui favorise l'action de l'Ach. A petite dose prédomine la seconde action et à dose plus grande la première.

Sur les glandes endocrines et sur le neurone l'atropine n'exerce qu'une seule action : l'action antiacétylcholinolytique (par inactivation de la Ch-Est) qui favorise l'action de l'Ach. Nous avons démontré que l'atropine excite le neurone en inactivant la cholinesthérase.

Nous avons prouvé en 1943 que l'atropine empêche les phénomènes généraux du choc (hypotension, bronchoconstriction, etc.) déclenché chez le cobaye paraphylactisé par une injection intraveineuse d'antigène spécifique. Le choc paraphylactique cortical, produit par l'application sur l'écorce d'antigène spécifique, n'est pas empêché par l'atropine qui, comme nous l'avons dit, excite l'écorce.

20 Histamine. — Nous avons démontré que l'histamine à forte dose empêche l'action excitante de l'Ach sur les centres. Par ce mécanisme, elle empêche aussi le choc paraphylactique cortical.

3° Chloral. — Nous avons démontré qu'à petite dose le chloral favorise l'action de l'Ach sur le neurone et qu'à dose hypnotique il l'empêche. A dose hypnotique, le chloral empêche le choc paraphylactique cortical.

D. - RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.

1° Nous décrivons le choc paraphylactique cortical provoqué, chez le cobaye paraphylactisé, par l'application sur un des hémisphères d'antigène spécifique.

Il se manifeste par le syndrome hémicortical de rotation. Le choc paraphylactique cortical eat dû à la libération d'Ach qui se produit au moment de la formation locale du complexe phylactique AAA.

2° L'atropine (qui sur l'écorce favorise l'action de l'Ach) n'empêche pas !e choc paraphylactique cortical. Par contre, le chloral et l'histamine à une certaine dose, qui empêchent l'action de l'Ach sur le neurone, empêchent le choc paraphylactique cortical.

(Travail de l'Institut de Physiologie normale et pathologique de l'Académie de la République Populaire Roumaine [Directeur : Acad. D. DANIELOPOLU] .)


Recherches de « pharmacodynamie non spécifique » sur le choc paraphylactique (anaphylactique) du cobaye provoqué par une injection intraveineuse d'antigène spécifique.

Action de l'histamine et des médicaments hypnotiques, par MM. D. Danielopolu, I. Bruckner et M. Corneanu.

(Présentation faite par M. Donzelot.)

A. — LES DEUX PRINCIPES DE BASE DE LA « PHARMACODYNAMIE NON SPÉCIFIQUE ».

La nouvelle orientation que nous avons donnée à la pharmacodynamie et que nous avons appelée « Pharmacodynamie non spécifique » est basée sur les deux principes suivants établis par nos recherches : 1° Beaucoup de médicaments et d'agents physiques ont deux actions : une action non spécifique qui s'exerce en influençant l'action des facteurs naturels (médiateurs chimiques, ions, hormones, vitamines, ferments) et qui peut être la même pour des médicaments ou des agents physiques différents, et une action propre ou spécifique ou toxique qui doit être considérée comme différente d'un médicament ou d'un agent physique à l'autre. Nous employons le ternie spécifique non pas dans le sens de l'action spécifique de la quinine dans la malaria, etc., mais pour désigner l'action propre du médicament ou de l'agent physique.

20 Les médicaments et les agents physiques agissent sur tout l'organisme (système nerveux, système endocrinien et système effecteur des organes terminaux). Mais nous admettons une prédominance sur un système ou sur un autre, une action élective prédominante.

B. - ACTION DU CHLORAL, DU LUMINAL ET DE L'HISTAMINE.

Nos recherches ont démontré que le luminal et d'autres barbituriques employés à la dose hypnotique agissent sur le système nerveux, sur le système endocrinien et sur le système effecteur des organes terminaux, alors que le chloral à dose hypnotique n'agit que sur le système nerveux. A petite dose le chloral favorise sur les centres nerveux et sur les organes terminaux l'action de l'Ach, à dose hypnotique le chloral empêche l'action de l'Ach sur le système nerveux. A dose hypnotique, le luminal et d'autres barbituriques empêchent l'action de l'Ach sur les trois systèmes.

Nos recherches ont démontré d'un autre côté que l'histamine à haute concentration empêche sur les centres, l'action excitante de l'Ach. A petite dose l'histamine peut exciter les centres.

C. - CONCEPTION PERSONNELLE SUR LE MÉCANISME DU CHOC PARAPHYLACTIQUE (ANAPHYLACTIQUE)

L'antigène introduit dans l'organisme d'un animal en état de phylaxieparaphylaxie produite par le même antigène, forme avec l'anticorps spécifique et l'alexine le complexe antigène-anticorps-alexine (AAA) qui est accompagné de libération explosive d'acétylcholine, laquelle provoque le choc paraphylactique.

L'Ach excite les centres (convulsions, excite les organes qui sont excités par l'Ach et inhibés par la Sy (organes Ach + Sy—) comme le tube digestif, les voies urinaires (perte de l'urine et des matières fécales), les bronches (broncho-


constriction), inhibe le cœur et les vaisseaux qui sont des organes Sy + Ach — (bloc A-V du cœur et hypotension). Nous avons comparé le choc paraphylactique chez le cobaye à un accès épileptiforme. L'accès d'épilepsie est d'ailleurs dans notre conception un choc acétylcholinique non paraphylactique ou paraphylactique.

Comme la plus grande masse des organes terminaux sont des organes Ach + Sy—, il se produit une forte augmentation du travail de ces organes et une hyperproduction d'histamine qui ajoute ses effets à ceux de l'Ach. L'histamine est, selon nous, secondaire au choc. Sans Ach le choc ne peut pas se produire. Nous renvoyons, pour les expériences qui prouvent cette manière de voir, à nos publications antérieures.

D. — RECHERCHES DE « PHARMACODYNAMIE NON SPÉCIFIQUE » DANS LE CHOC PARAPHYLACTIQUE DÉCLENCHÉ CHEZ LE COBAYE PARAPHYLACTISÉ PAR UNE INJECTION INTRAVEINEUSE D'ANTIGÈNE SPÉCIFIQUE.

Nous avons étudié la symptomaloiogie du choc paraphylactique intraveineux chez des cobayes préparés avec de l'histamine ou avec du chloral à la dose hypnotique et chez des témoins.

1° Symptomatologie du choc paraphylactique intraveineux chez le cobaye non traité par un médicament. — C'est la symptomatologie connue. Mais nous avons cru nécessaire d'examiner chez chaque cobaye tous les symptômes, dans le but de nous rendre compte des phénomènes qui appartiennent aux centres et des phénomènes qui appartiennent aux organes terminaux.

Voici les phénomènes les plus importants : agitation, soubresauts tendineux, convulsions généralisées, syndrome asthmatiforme, mouvements de mastication et de grattage du museau, perte de l'urine et des matières fécales. Nous verrons plus loin ce qui reste de cette symptomatologie après la frénation des centres par l'histamine ou par le chloral.

Jugeant d'après ce qui se passe chez le chien chez lequel nous avons inscrit la pression sanguine, il se produit une forte hypotension.

2° Symptomatologie du choc paraphylactique intraveineux chez les cobayes traités avec de l'histamine à haute dose ou du chloral. — Nous préparons l'animal avec 0,001 bislaminé dans le péritoine ou avec 1/20-1/10 mg d'histamine dans la veine. Après l'histamine, l'animal est plus ou moins somnolent (action frénalrice de l'histamine vis-à-vis de l'Ach au niveau des centres).

Chez le cobaye paraphylactisé traité avec de l'histamine et chez lequel nous avons pratiqué une injection intraveineuse d'antigène spécifique, il ne se produit jamais de convulsions, mais seulement des phénomènes viscéraux : dyspnée, perte de l'urine et des matières fécales. Le choc peut être mortel : l'animal devient do plus en plus abaltu et meurt. Nous savons qu'il se produit en même temps une forte hypotension (phénomène que nous avons pu inscrire chez le chien)

Nous avons constaté les mêmes phénomènes chez le cobaye paraphylactisé Iraité par une dose hypnotique de chloral (5-7 cg de chloral dans le péritoine) et injecté dans la veine avec l'antigène spécifique. Il ne se produit pas de convulsions. L'animal présenle le phénomène de grattage du museau, des éternuements, une dyspnée asthmatiforme, perte de l'urine et des matières fécales, phénomènes accompagnés d'un abattement de plus en plus profond et terminés souvent par la mort.

Il résulte (le ces recherches que la dyspnée asthmaliforme, l'hypotension, les phénomènes de grattage du museau, la perte de l'urine et des matières fécales se produisent dans les organes périphériques, car ces phénomènes apparaissent même après l'histamine ou le chloral qui suppriment les fonctions de l'écorce et que la mort peut se produire rien que par des phénomènes qui ont un siège


périphérique. Les convulsions appartiennent naturellement aux centres supérieurs : elles ne se produisent pas dans le choc paraphylactique chez le cobaye traité par l'histamine et le chloral.

Il est inexact que les hypnotiques empêchent le choc : le choc se produit, mais ne se manifeste que par des phénomènes périphériques qui peuvent provoquer la mort.

Quant à l'histamine, non seulement ce n'est pas cette substance qui provoque le choc paraphylactique, mais elle est capable d'empêcher les phénomènes nerveux (convulsions).

Dans notre conception les convulsions chez le cobaye représentent un mécanisme de défense de l'organisme qui tâche de corriger l'hypotension qui, selon nous, est le phénomène le plus important dans la production de la mort.

RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.

1° L'histamine à haute concentration empêche l'action de l'Ach sur les centres et provoque une somnolence. Le chloral à la dose hypnotique empêche l'action de l'Ach sur les centres et provoque ainsi la somnolence.

20 Nous avons pu, à l'aide de ces deux substances, dissocier les phénomènes périphériques et les phénomènes centraux de la symptomatologie du choc paraphylactique. Après ces substances, le choc est exclusivement périphérique : éternuements, grattage du museau, dyspnée asthmatiforme, perte de l'urine et des matières fécales, hypotension. Les convulsions ne se produisent pas.

30 Il est inexact que les hypnotiques empêchent le choc. Ils n'empêchent que les phénomènes centraux. Les phénomènes viscéraux se produisent et peuvent tuer l'animal.

C'est l'hypotension qui, d'après nous, est le phénomène qui cause la plupart du temps la mort. La mort peut se produire aussi, mais plus tardivement, par asphyxie due à la bronchoconstriction.

4° Il n'est pas exact que le choc paraphylactique se produit seulement par les centres. Les phénomènes sont en même temps centraux et périphériques et ils sont déclenchés par l'Ach qui agit en même temps sur le système nerveux, le système endocrinien et le système effecteur des organes terminaux.

(Travail de l'Institut de Physiologie normale et pathologiquc de l'Académie de la République Populaire Roumaine [Directeur : Acad. D. DANIELOPOLU].)

LECTURE

La mesure « in situ » de l'excitabilité récurrentielle chez l'homme et ses applications physiologiques et cliniques, par M. Raoul Husson.

(Présentation faite par M. Moulonguet.)

I. — L'EXCITABILITÉ DU NERF RÉCURRENT ET SA MESURE.

1° Une conséquence des expériences de Moulonguet (1952-1953). — Les expériences réalisées par M. André Moulonguet sur l'homme, au cours d'opérations


de laryngectomie totale (hôpital Boucicaut, Paris, novembre 1952-juin 1953), ont montré que, pendant la phonation, le nerf récurrent transmettait au larynx des potentiels d'action moteurs synchrones avec les vibrations des cordes vocales [11, 12, 13]. Comme la fréquence maximum des stimuli que peut transmettre un axone est évidemment atteinte lorsque deux influx consécutifs sont séparés par la durée d'une période réfractaire, il s'ensuit que cette fréquence maximum, dans le récurrent, détermine la note la plus aiguë que peut émettre le sujet.

20 Relation fondamentale. — La durée de cette période réfractaire, dans la pratique, est égale-à la durée de la période réfractaire absolue augmentée d'une fraction (la moitié environ) de la période réfractaire relative qui suit. Pour un axone moteur rapide de mammifère (cas du récurrent), Erlanger et Gasser ont donné les durées moyennes suivantes : période réfractaire absolue, 0,5 milliseconde ; période réfractaire relative, 3 millisecondes. Ce qui donne 2 ms environ pour la durée de la période réfractaire pratique. Evaluées en chronaxies (et celles-ci en millisecondes), on obtient respectivement les valeurs : 4,25, 28 et 18. D'une façon plus générale, si C est la chronaxie du récurrent (en millisecondes), et si sa période réfractaire pratique dure K chronaxies, la fréquence maximum susceptible d'être transmise par le nerf, lorsque tous ses axones fonctionnent en phase, est évidemment donnée par la relation simple :

3° Remarque expérimentale de Christian Chcnay. — La formule fondamentale ci-dessus permet de calculer la note la plus aiguë que peut émettre un sujet si l'on connaît la chronaxie de son récurrent (par un procédé quelconque).

Inversement, la note la plus aiguë émise par un sujet (facile à observer) permet de calculer la chronaxie de son récurrent.

Opérant sur deux sujets extrêmes (une Basse Noble et un Ténor Suraigu) au Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne en janvier 1953, Christian Chenay mesura les chronaxies de points moteurs de divers muscles périphériques (donc des nerfs moteurs correspondants). Il trouva notamment ce qui suit :

BASSE TÉNOR Noble Suraigu

Fréquence maximum en registre monophasé. 388 W0 Chronaxie récurrentielle calculée avec la formule [1] et K = 16 0,11) 0,07 Chronaxie mesurée du sterno-cléido-mastoïdien 0,10 0,07

Un fait extrêmement important apparaissait : la chronaxie calculée du récurrent était égale à celle mesurée (facilement) du sterno-cléido-mastoïdien à son point moteur. Par la suite, cette remarquable égalité fut vérifiée avec le plus prand soin, d'abord sur 11 sujets pris parmi des artistes lyriques de l'Opéra et de l'Opéra-Comique (en février 1953), puis sur une centaine de sujets (artistes lyriques et élèves des Classes de Chant du Conservatoire National de Paris) à caractéristiques vocales bien déterminées (de février 1953 à mai 1954) [8, 9, 10].

Cette égalité provient, bien entendu, des relations anatomiques extrêmement étroites existant, d'une part entre les noyaux moteurs du spinal médullaire et du spinal bulbaire, et d'autre part entre ces derniers et ceux de la partie inférieure du noyau ambigu.

4° Technique de la mesure in situ d'une chronaxie récurrentielle. — La chronaxie du sterno-cléido-mastoïdien se mesure très facilement à l'aide de la


Table de Bourguignon et par la technique courante : le sujet tient entre ses mains l'électrode anodique (enveloppée d'un linge mouillé), et l'opérateur appuie l'électrode cathodique (mouillée également) sur le point moteur du muscle.

Chez les personnes grasses, la réponse du muscle à l'excitation s'observe parfois difficilement. M. André Moulonguet a fait observer que, en posant l'extrémité du doigt sur l'insertion sternale, la réponse du muscle était perçue par voie tactile avec une sensibilité toujours beaucoup plus grande.

Précision des mesures : nous avions admis initialement une marge d'erreur de 10 p. 100 ; en fait, en opérant dans de bonnes conditions, elle ne dépasse pas 4 p. 100.

II. — APPLICATIONS PHYSIOLOGIQUES A LA CLASSIFICATION DES VOIX.

5° Note maximum émise par un sujet donné. — Lorsque les influx récurrentiels se propagent en phase, et que les fibrilles du thyro-aryténoïdien interne se contractent par conséquent simultanément, on a le registre monophasé ou voix de poitrine. La note la plus aiguë que le sujet (homme ou femme) atteint ainsi est donnée par la formule 1.

En registre biphasé (voix de fausset des hommes ou voix de tête des femmes), les axones récurrentiels et les fibrilles du thyro-aryténoïdien interne se divisent en deux groupes activés par roulement. La fréquence la plus aiguë susceptible d'être atteinte est évidemment double de celle donnée par la formule 1.

En registre triphasé (voix dite de sifflet, ou petit registre, de certains sopranos suraigus), la fréquence maximum est triple (1). Et en registre quadriphasé (présenté par Mme Mado Robin seulement), la fréquence maximum est quadruple [4, 7].

Quant aux valeurs à utiliser pour le coefficient K, nous avons trouvé : K = 18 pour les voix très cultivées (chanteurs professionnels) ; K = 20 à 22 pour les voix semi-cultivées (élèves des classes de chant) ; K = 24 à 26 pour les voix incultes (fig. 1). Il faut remarquer que, lorsque le coefficient K croît, cela signifie que chaque influx récurrentiel peut mordre un peu plus loin sur la phase réfractaire relative de la myo-fibrille laryngée contractée par l'influx qui précède, ce qui accroît la fréquence susceptible d'être atteinte [7].

6° Note minimum et note de « couverture » pour un sujet donné. — L'expérience montre que, lorsqu'un sujet quelconque chante en registre monophasé (homme) ou biphasé (femme), la note la plus grave qu'il peut émettre dans ce registre est encore donnée par la formule 1, mais en prenant K = 120 environ.

De même, si le sujet émet une gamme ascendante sur une voyelle « ouverte », il effectue la « couverture du son » (encore appelée « passage » par les chanteurs) sur une fréquence quasi immuable donnée encore par la formule 1, mais en prenant K = 32.

L'interprétation de ces deux nouveaux faits est remarquablement simple : la note la plus grave que peut émettre un sujet est réalisée, dans un registre quelconque, lorsque deux influx récurrentiels successifs sont séparés par la durée d'une phase réfractaire augmentée de la phase supernormale qui suit ; et la

(1) Nous avons pu le vérifier sur trois sujets : Mme Mado Robin, de l'Opéra de Paris ; Mlle Danielle Y., du Conservatoire de Paris (classe Jouatte) ; Mlle Rosy D. (élève de M. Podesta). Pour .une tud(' MtaiIlée, on se reportera au travail cité en bibliographie sous le n° 7.


note de passage en voix « couverte » est réalisée dans un registre quelconque, lorsque deux influx récurrentiels successifs sont séparés par la durée d'une phase réfractaire totale simple (fig. 1).

70 Classification des voix en fonction de la chronaxie récurrentielle. — Il résulte de ce qui précède que la chronaxie récurrentielle d'un sujet fixe de façon précise, pour chaque registre de sa voix : 1° la note la plus aiguë ; 20 la

FIG. 1. — Niveau d'excitabilité d'un axone après le passage de chaque potentiel d'action.

En abscisse sont portés les temps, mesurés en millisecondes on, ce qui revient au même, en chronaxies. En ordonnée figure le niveau d'excitabilité de l'axone, l'axe horizontal représentant le niveau normal d'excitabilité de l'axone au repos.

De 0 à A après le passage d'un influx, c'est-à-dire pendant 4,25 chronaxies, l'axone demeure totalement inexcitable : c'est la période réfractaire absolue.

De A à C, c'est-à-dire de 4,25 à 32 chronaxies, l'excitabilité remonte progressivement : c'est la période réfractaire relative. L'axone redevient pratiquement excitable à partir de D, c'est-à-dire après une durée de 18 chronaxies, c'est la période réfractaire pratique.

De C à D, c'est-à-dire de 32 à 120 chronaxies environ, l'axone présente une excitabilité légèrement supérieure à la normale. Il en résulte que si le second potentiel d'action tombe sur l'axone d.urant cette période, dite super-normale, sa naissance et sa propagation seront facilitées.

L'expérience montre que la note la plus grave de chaque sujet correspond à un intervalle de temps entre deux influx successifs égal à OD, et la note la plus aiguë à un intervalle de temps égal à OB, ceci pour chaque registre. Quant à la couverture d.u son, pour chaque registre, elle apparaît lorsque deux influx successifs sont séparés par l'intervalle de temps OG, c'est-à-dire lorsque chaque influx doit mordre sur la phase réfractaire relative déclenchée par le précédent.

Pour une voix moyenne d'homme en registre monophasé (voix de poitrine), ces trois fréquences critiques sont grosso modo 100 (la plus grave), 500 (la plus aiguë), et 300 (couverture du son). Les notes correspondantes sont : Sol 1, Si 3, et Mi bémol 3 ; ce sont bien les limites connues d'une voix de baryton.

note la plus grave ; 3° la note de passage des sons « ouverts » aux sons « couverts JJ. C'est dire que la classification des voix, dans l'échelle tonale, est fonction d'un facteur unique, qui est l'excitabilité du nerf récurrent (et d'une façon plus précise l'excitabilité des axones assurant l'innervation motrice du thyro-aryténoïdien interne).

L'étude d'un peu plus de 100 sujets, artistes lyriques à voix bien stabilisées et bien connues, nous a permis de dresser le tableau ci-contre, qui donne la


correspondance entre tous les types de voix (adultes) et la chronaxie récurrentielle [mesurée sur le sterno-cléido-mastoïdien] (2).

Tableau de Correspondance entre la Chronaxie Récurrentielle mesurée et la Classification Vocale Tonale du sujet.

VOIX lfASCULINES VALEURS DE LA CHRONAXIE YO.X~~S

en inillisecondes VOIX FÉ-,,IININ-ES 1 : , 0,0oo Soprano ultra aigu.

0,060 Soprano ultra-aigu.

Ténor suraigu 0,OG5 Soprano suraigu.

I I Ténor aigu 0,010 Soprano aigu. Ténor ci-ntral 0,075 Soprano central.

Ténor grave. 0,080 Soprano grave.

Voix intermédiaire 0,085 Voix intermédiaire. Voix intermédiaire 0,090 Mezzo-Soprano aigu.

Baryton aigu. 0,095 Mezzo-Soprano central. Baryton central 0,100 Mezzo-Soprano grave. Baryton grave 0,105 Voix intermédiaire.

Voix intermédiaire 0,110 Mezzo-Cnntralto aigu. Voix intermédiaire 0,115 Mezzo-Contralto central.

Basse Chantante aiguë 0,120 Mezzo-Colltralto grave. Basse Chantante grave. 0,130 Voix inlermédiaire.

Basse Centrale 0,140 Yoix intermédiaire. | Basse Centrale 0,150 Contralto. Basse Profonde 0,160 Contralto. 1 Basse Profonde 0,1*70 Contralto.

Les remarques suivantes sont à faire : 1° Pour chaque sexe, il n'y a pas trois (ou quatre) types de voix, mais une infinité formant une suite continue, s'échelonnant de la chronaxie 0,055 pour la voix la plus aiguë à la chronaxie 0,170 pour la voix la plus grave. Toutes les valeurs entre ces deux nombres extrêmes ont été rencontrées.

2° De nombreuses voix sont donc « intermédiaires » entre les types classiques admis par la composition musicale traditionnelle. C'est ce qui explique les difficultés de classement rencontrées pour certains sujets.

- 30 La classification établie n'est relative qu'à la hauteur tonale ; elle ne préjuge en rien, ni du timbre, ni de l'intensité, de la voix du sujet, qui dépendent d'un conditionnement physiologique différent.

8° Sur la classification des voix enfantines. — Avec le Dr Ed.-J. Garde, nous avons effectué des mensurations chronaximétriques sur les petits chanteurs des deux sexes de la Maîtrise de la Radiodiffusion-Télévision Française, âgés de 8 ;, 15 ans, et n'ayant pas encore mué. Los chronaxies trouvées s'échelonnent de 0,060 à 0,160 comme pour les adultes. Les étendues vocales correspondantes (en registre biphasé) sont grosso,-modo les mêmes que pour les femmes de même chronaxie, quoique parfois un peu moins étendues dans l'aigu. Le registre monophasé se réalise déjà toujours sur quelques notes très graves.

(2) L'dablissement de cc tableau de correspollllance, de caractère évidemment fondamental, repose sur des mesures chronaximétriques et phonologiques commencées en janvier 1953 au Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne sur des sujets-types. M. le Dr R.

Humbert, chef du Service d'Electro-Radiologie de l'hôpital Trousseau, a bien voulu vérifier certaines de ces mesures chronaximétriques de base le 15 mars 1954. Nous l'en remercions vivement. Nous remercions également tous les artistes qui ont bien voulu se soumettre à l'ensemble de ces mesures.


9° Voix masculine et féminine de même excitabilité récurrentielle. — Un homme et une femme de chronaxies récurrentielles identiques présentent des étendues vocales exactement déplacées d'une octave. D'où provient cette différence ? La réponse est immédiate : l'homme utilise une conduction récurrentielle monophasée (voix de poitrine) et la femme une conduction récurrentielle biphasée (voix de tête) ; la formule [1] donne des limites tonales déplacées d'une octave.

Toutefois, l'homme peut aussi utiliser son régime biphasé dans l'aigu (voix de fausset), mais il ne peut le faire couramment sans fatigue. Et la femme peut également utiliser son régime monophasé dans le grave, mais elle ne peut le faire couramment sans fatigue. La différence essentielle entre les deux sexes réside donc en ce que, dans des conditions physiologiques normales, le larynx masculin répond plus facilement à une stimulation récurrentielle monophasée, et le larynx féminin à une stimulation récurrentielle biphasée.

Cette différence dans les réponses effectrices laryngées est sous la dépendance d'hormones mâles : Ed.-J. Garde a pu observer deux femmes qui, soumises longuement à des doses massives d'androgènes, ont vu leur voix de tête d'utilisation normale faire place peu à peu à une voix de poitrine couramment employée (véritable mue thérapeutique), ceci sans modification de leur chronaxie récurrentielle. On peut penser, avec J.-H. Amado ([1] page 125), que les androgènes activent certaines proliférations sarcoplasmiques au niveau des fibrilles laryngées, ce qui conduit celles-ci répondre en grappes plus massives aux influx récurreIltiel, et à perdre ainsi leur facilité de clivage en deux groupes réparés, clivage caractéristique de leur réponse en régime biphasé.

III. — VARIATIONS DE LA CHRONAXIE RÉCURRENTIELLE D'UN SUJET DONNÉ.

10° Avec différentes actions hormonales. — Avec J.-H. Amado [1, 2], nous avons procédé à des mesures chronaximétriques systématiques sur des sujets atteints de dysendocrinies et soumis à des médications hormonales appropriées.

Les résultats observés sont les suivants : a) Androgènes : Pas de modification de la chronaxie récurrent ielle.

b) Hormones cortico-surrénalienncs : Pas de modification de la chronaxie récurrentielle.

c) Thyroxine : Résultats faisant pressentir une diminution de la chronaxie récurrentielle sous l'effet de la thyroxine (ce phénomène est en cours d'étude en ce qui concerne son amplitude et sa stabilité).

11° Avec la mue et l'âge. — Faute d'avoir pu faire jusqu'à présent des mensurations chronaximétriques échelonnées au cours de mues, nous ignorons encore si la chronaxie récurrentielle d'un sujet est la même après et avant la mue.

En fonction de l'âge, nos observations n'embrassent encore qu'une période de dix-huit mois, au cours de laquelle aucune modification n'a été mise en évidence sur les sujets en expérience.

12° Avec le travail vocal intensif. Mensurations chronaximétriques instituées au Conservatoire National de Musique de Paris. — A la demande de M. André Moulonguet, membre de l'Académie de Médecine, et de M. A.-M. Monnier, professeur de Physiologie à la Sorbonne, M. le Directeur du Conservatoire National de Musique de Paris a accepté que tous les élèves des classes de chant subissent, chaque année, une mesure de leur chronaxie récurrentielle. Ces mesures ont été pratiquées deux fois déjà, en mars-avril 1953 et 1954, par !e


Dr Christian Chenay et moi-même. Aucune modification n'a été enregistrée, sur 73 mensurations (3).

13° Avec la fatigue vocale. — La fatigue vocale fait au contraire varier la chronaxie récurrentielle avec une extrême sensibilité ; on observe dans ce cas toujours et simultanément : 1° une diminution de la rhéobase ; 2° une augmentation de la chronaxie.

On jugera de la sensibilité de cette variation par l'exemple suivant : M116 Y., mezzo-contralto de l'Opéra de Paris, possède une chronaxie récurrentielle habituelle de 0,135 ; au lendemain de l'exécution d'un rôle lourd (Amnéris, d'Aïda), la chronaxie de la corde droite s'est élevée à 0,143, et revient à 0,135 après deux jours de repos vocal banal.

En raison de son exceptionnelle importance, ce phénomène a fait l'objet d'une étude spéciale dont nous résumons ci-après les résultats.

IV. — APPLICATIONS CLINIQUES A L'ÉTUDE DES DYSPHONIES.

14° Règle fondamentale de 'la latéralisation du trouble dyschronaxique. —

Sur plus de 150 sujets des deux sexes mensurés au Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne et de provenances diverses (Conservatoires de Paris et de Rouen, Maîtrise de la Radiodiffusion-Télévision Française, consultations d'hôpitaux divers, cours de chant privés), il a été trouvé que, au début de toute fatigue vocale, la dyschronaxie qui apparaît est toujours unilatérale, et atteint toujours la corde la plus contrôlée (droite chez les droitiers, gauche chez les gauchers).

Aucune exception à cette règle n'a été observée. Exemples :

SUJETS CHRONAXIE RÉCURRENTIELLE Droite Gauche

M'" B, 34 ans, gauchère (18 février 1954) 0,098 0,105 M'lo D, 21 ans. droitière (6 février 4954) 0,072 0,061 M"' M, 24 ans, droitière (10 juin 1954) 0,151 0,104 M. P, 6 ans, gaucher (IT décembre 1953). 0,109 0,132 M. S, 42 ans, droitier (29 juillet t9M). 0,320 0,098

Si la fatigue vocale croît, la chronaxie augmente des deux côtés, mais en demeurant toujours beaucoup plus forte du côté le plus contrôlé.

Sous l'action de médications appropriées, et souvent du simple repos vocal, on observe des phénomènes opposés : accroissement de la rhéobase, et diminution de la chronaxie jusqu'à son niveau physiologique initial. La corde la plus contrôlée est toujours la dernière à retrouver sa chronaxie normale. Exemples :

SUJETS RHÉOnASE CHRONAXIE Alai. n ,VT an A. , 44 ans, d, roi.t.i. er 1 Le 1" avril 1954 Í Corde Gauche 28 0,110 Corde Droite 1o U.lrU Alam Van 44 ans, droitier. 1 Corde DroIte 16 0.180 Le 28 mai 1954 Í Corde Gauche 43 0,< 88 ( Le 28 mal 1984 * Corde Droite 58 0,088 1 T Le 0 mai 1954. ( Corde Gauche 30 0,133 Henn M., ans, droitier. ¡ Corde Droite 14 0.360 Henri M. 48 ans, droitier j Corde Gau.-he 48 0,088 ( Le 10 mai 1954 ) Corde DrOIte. 35 0,120 j Le 22 mars 1954. Í Corde Gauche 14 0,310 I l r Le 2a2 n mars 1An95K4r. j ( Cor(1e DroUe 18 0 90 Michel P., 20 ans, gaucher. Le 9 avril 1.004. i Corde Gauche 22 0,200 1 Corde DroUe 30 fl;127 Le 6 mai 1954. Corde Gauche 40 0,088 ( T Le « 6 a mal • 1-io9°"4< Corde Droite 35 0,088

(3) Hormis le cas de Mlle X, 23 ans, dont les chronaxies droite et gauche, égales, sont passées de 0,140 le 4 mai 1953 à 0,115 le 22 mai 1954, tandis que le sujet notait lui-même que sa tessiture s'était un peu déplacée vers l'aigu ; mais son examen révélait un corps thyroïde volumineux et assez apparent, et des signes divers d'hyperthyroïdie légère, de sorte que ce cas relève du S 10 précédent, alinéa c).


Il est à noter que ces trois sujets sont des chanteurs professionnels classés ténors, alors que leur chronaxie normale (0,088) est celle d'une voix intermédiaire entre baryton aigu et ténor grave, ce qui explique les difficultés vocales rencontrées par eux.

15° Distinction des hypotonies et des hypoexcitabilités dans les dysphonies.

Règle de Garde. — L'observation laryngo-stroboscopique d'un larynx permet d'apprécier avec une grande sensibilité une différence d'amplitude vibratoire entre la corde droite et la corde gauche, mais ne permet pas (en général) de préciser si l'amplitude est anormalement augmentée d'un côté ou anormalement diminuée de l'autre. Une mensuration chronaximétrique lève le doute : le trouble a son siège du côté de la chronaxie récurrentielle la plus élevée.

Ed.-J. Garde [5] en a conclu que si le trouble siège du côté où l'amplitude lst augmentée, il y a hypotonie de la corde vocale. Si le trouble siège du côté où l'amplitude est diminuée (ou nulle), il y a hypoexcitabililé, soit de la corde vocale elle-même, soit des voies nerveuses qui y conduisent. En effet, les travaux histologiques de K. Goerttler [6] ont montré que les myo-fibrilles du thyroaryténoïdien interne s'insèrent toutes en « dents de peigne » sur le bord libre de chaque corde vocale. Si ces myo-fibrilles sont hypotoniques d'un côté, le bord libre de la corde vocale correspondante est plus largement écarté à chaque solve d'influx récurrentiels. Si ces myo-fibrilles sont hypoexcitables, le bord libre de la corde vocale correspondante est au contraire beaucoup moins largement écarté, et il en est de même si ce sont les voies nerveuses elles-mêmes qui sont le siège d'une diminution de leur excitabilité.

V. — CONCLUSIONS.

16° Première conclusion. — Les résultats exposés ci-dessus offrent la solution complète et définitive du vieux problème de la classification des voix en fonction de la hauteur tonale, et donnent en même temps une méthode pratique, simple et précise permettant de déterminer le classement vocal d'un sujet donné.

Ce résultat, dont l'importance ne saurait être sous-estimée, n'est qu'une simple conséquence du phénomène fondamental mis en évidence par M. André Moulonguet dans ses expériences : l'existence, dans le récurrent, pendant la phonation, de salves motrices homorythmiques à la vibration des cordes vocales.

Sur un plan différent ot plus général, on remarquera que nous possédons ainsi un exemple typique, seul connu jusqu'à présent, d'une loi biologique primitivement considérée comme une loi statistique (type de voix rapporté à !n longueur des cordes vocales ou à des facteurs somatiques divers), et qui se transforme en une dépendance fonctionnelle rigide par un choix convenable de facteur causal [type de voix rapporté à l'excitabilité du récurrent] (4).

17° Seconde conclusion. — La loi fonctionnelle découverte au cours de ce travail, et matérialisée par la formule [1], constitue également le premier exemple d'un facteur de physiologie différentielle (la classification vocale) qui se trouve lié à une différence individuelle d'excitabilité nerveuse (mesurée par une chronaxie).

(i) Nous avons plus longuement développe ce point, le 2 décembre 1953, devant la Société de Biométrie, à Paris, présidée par M. Georges Teissier, professeur à la Sorbonne.

On peut, en particulier, se demander si toute loi biologique (ou autre) ne tiendrait son caractère éventuel statistique que d'un choix inadapté des facteurs auxquels la dépendance est rapportée.


Si cet exemple est encore unique, il est cependant douteux qu'il le demeure bien longtemps si de tels faits venaient à être systématiquement recherchés (5).

18° Troisième conclusion. — Les résultats résumés ci-dessus sont une illustration saisissante de la notion de chronaxie introduite en physiologie par Louis Lapicque depuis un demi-siècle. Cette notion a été parfois trop injustement critiquée pour qu'il ne soit point rendu un juste hommage à son auteur ic jour où cette notion reçoit une preuve nouvelle et manifeste de son intérêt et de sa vitalité.

A cet hommage, il convient d'associer le nom de M. Georges Bourguignon, également membre de votre illustre Assemblée, qui, dès 1923, dans une thèse demeurée classique [3], établissait une fois pour toutes la chronaximétrie générale de tous les systèmes neuro-musculaires et sensitifs de l'homme. Le présent mémoire peut être considéré, à un certain point de vue, comme un modeste apport à ce travail fondamental. En particulier, les faits que nous avons observés relativement aux dyschronaxies récurrentielles causées par la fatigue vocale sont en plein accord avec ceux de même nature signalés il y a trentedeux années par cet éminent savant ([3] IIIe partie, chapitre I).

BIBLIOGRAPHIE

[1] J. H. AMADO. Rapport A. F. E. P. L., 16-17 octobre 1952. Annales cl'Oto-Lal'yngologie, 1953, 70, nos 2-3, 117-137.

[2] J. H. AMADO. Rapport A. F. E. P. L., 27-29 octobre 1953. Revue de Laryngologie Portmann, Supplemenlum de 1954, 235-251.

[3] G. BOURGUIGNON. La Chronaxie chez l'Homme. Vol. in-8°, 418 pages. Masson, Paris, 1923.

[4] Ed.-J. GVRDE. Folia Phoniatrica, 1951, 111, n° 4, 248-253. BascI, Suisse.

[5] Ed.-J. GARDE. Comm. A. F. E. P. L., 29 mars 1954. Résumé dans Revue de Laryngologie Porlmann, 1954.

[6] K. GOERTTLER. Zeitschr. f. Anat. u. Entwickelungsgesch., Bd. 115, 1950, 352-401, 36 fig-.

(fondamental).

[7] R. HUSSON. Joam. de Physiol., 1954, 46, 386-388.

[8] R. HussoN et C. CHENAY. C. R. Acad. Sc. Paris, 1953, 206, 1077.

[9] R. HUSSON et C. CHENAY. Journ. de Physiol., 1953, 45, 131-134.

[10] R. HUSSON et C. CHENAY. Rapport A. F. E. P. L., 27-29 octobre 1953. Revue de Laryngologie Porimann, Supplémentum de 1954, 260-294.

[14] A. MOULONGUET. Bull. Acad. Méd. Paris, 1953, 137, 28-20, 475-482 (fondamental).

[12] A. MOULONGUET. Rapport A. F. E. P. L., 27-29 octobre 1953. Revue de Laryngologie Portmann, Supplemenlum de 1954, 110-131.

[13] A. MOULONGUET. Annales d'Oto-Laryngologie, 1934, 71, 6.

(5) Les différences individuelles de rapidité motrice (chez les pianistes par exemple) pourraient notamment être rapprochées utilement des chronaxies digitales.

— A dix-sept heures, l'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.


Séance du 18 janvier 1955.

Présidence de M. HÉRISSEY, président.

SOMMAIRE

Correspondance officielle.

M. LR MTNISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE : Ampliation du décret approuvant l'éleetion de M. CrvATTE. 35

Correspondance non officielle.

LE XXX, CONGRÈS DE MÉDECINE: Invitation adressée à l'Académie pour le prochain Congrès (Alger. 3-5 avril 1955) 35 M. DE GENNES : Lettre de candidature 35 M. VIBOREL: La prodigieuse histoire du timbre antituberculeux., 35 Déclaration de vacance.

Une place de membre titulaire est déclarée vacante dans la Ire Section (Médecine et Spécialités Médicales) 35 Commission des méfaits du bruit.

Composition de la Commission. 35

Nécrologie.

Décès de M. GOUGEROT: Allocution de M. LE PRËsiDEr<T. 36

Présentation d'un ouvrage imprimé.

M. GOUNELLE: Les professions médicales et sociales. 36 Communication.

MM. MALMEJAC et PLANE : Sur les aptitudes réactionnelles des centres nerveux au cours des réanimations. Transfusions après des arrêts circulatoires plus ou moins prolongés. — Discussion: M. LEMIERRE. 37 Lectures.

MM. IIOUËL, LUSCAN et LAVKRIINE: La micro-colposcopie dans le dépistage du cancer del'exo-col. (Présentation faite par M. LANTCJÉJOOL.)- Discussion: M. LE LORIER 42 MM. VIDAL, MONNIER, VIII.-\RN.HIEI.HE et BALDY: Electrophorèse quantitative dans la tuberculose pulmonaire chronique. (Présentation faite par M. BARIÉTY.).. 44 M. CHAPPAZ: Note sur la tricbomonase génitale humaine. Sa fréquence chez l'homme et la femme et le mode de contaminai ion placeraient actuellement cette infection au premier rang des maladies vénériennes 45


CORRESPONDANCE OFFICIELLE

Par décret en date du 8 janvier 1955, M. le Ministre de l'Education nationale approuve l'élection de M. Civatte dans la Ire Section (Médecine et Spécialités médicales).

CORRESPONDANCE NON OFFICIELLE

Le XXXe Congrès Français de Médecine invite l'Académie à se faire représenter aux cérémonies qui auront lieu à Alger les 3, 4 et 5 avril prochain.

M. de Gennes renouvelle sa candidature à la place de membre titulaire dans la Ire Section (Médecine et Spécialités médicales).

M. Viborel adresse en hommage à l'Académie son livre intitulé : « La prodigieuse histoire du timbre antituberculeux ».

DÉCLARATION DE VACANCE M. le Président : Conformément à la proposition du Conseil d'Administration, je déclare vacante une place de membre titulaire dans la Ire Section (Médecine et Spécialités médicales), en remplacement de M. Chiray, décédé.

Je rappelle qu'aux termes du Règlement, la candidature s'exprime par une lettre adressée au Président de l'Académie, à laquelle devra être joint l'exposé des titres scientifiques, et par des lectures faites en séance publique.

Toutes ces conditions sont obligatoires, réserve faite des candidatures qui pourraient être proposées par la Section, conformément aux clauses de l'article 40 dij Règlement.

COMMISSION DES MÉFAITS DU BRUIT

M. Trémolières : Messieurs, comme conclusion à ma récente communication sur les méfaits du bruit, il nous paraîtra sans doute pour donner plus de vigueur à la lutte nécessaire contre ce nouveau fléau social, qu'un vœu adopté par l'Académie serait un appoint précieux. Pour la rédaction de ce vœu qui ne ferait que poursuivre l'action en ce sens commencée par l'Académie dès 1938, action que les événements ont interrompue, le Bureau vous propose de nommer une Commission dont feraient partie MM. PORTIER, LAUBRY, TANON, LEMAITRE, DUHAMEL, TRÉMOLIÈRES, LHERMJTTE, MOULONGUET, DELABY et PIERRET.

— La composition de la Commission est adoptée à l'unanimité.


NÉCROLOGIE

Décès de M. H. Gougerot.

M. le Président : Mes chers Collègues,

L'année nouvelle commence bien tristement pour l'Académie, affectée par la disparition de notre collègue Gougerot.

Henri-Eugène Gougerot était né le 2 juillet 1881 à Saint-Ouen, où son père était directeur d'Ecole communale.

Interne des Hôpitaux en 1904, il obtint en 1908 la médaille d'or de l'Internat.

Parmi les maîtres qui contribuèrent à sa brillante formation médicale, il nous faut citer Troisier, de Beurmann, Raymond, Claude, Widal, Landouzy, Brocq dont il fut l'assistant à l'hôpital Saint-Louis.

Agrégé de la Faculté de Médecine de Paris en 1910, médecin des Hôpitaux en 1921, chef de service en 1926, il occupa a l'hôpital Saint-Louis, de 1928 jusqu'à sa retraite en 1951, la Chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques.

Il était notre collègue depuis 1940.

Henri Gougerot a exercé son activité dans toutes les branches de la dermatologie. Signalons ses travaux sur les sporotrichoses, sur les tuberculoses cutanées, sur les dermatoses atypiques. Mais il a surtout porté son attention sur tous les problèmes relatifs à la syphilis. A ce point de vue, on ne saurait trop insister sur l'importance de son oeuvre médico-sociale, dans la lutte anti-vénérienne à laquelle il consacra ses fructueux et compétents efforts, se dépensant sans compter dans son service de clinique et dans les diverses consultations du soir qu'il dirigeait personnellement dans plusieurs hôpitaux de Paris. Il était Président de la Commission de Prophylaxie antivénérienne au Ministère de la Santé publique.

Henri Gougerot ne s'était jamais remis de la mort d'une épouse tendrement aimée qu'il avait perdue il y a une dizaine d'années. Jusqu'en ces derniers temps, nous l'avons vu venir courageusement à nos séances, soutenu par son fidèle Touraine ; nous constations avec peine les progrès du mal qui devait le ravir à notre affection et à notre estime.

Il laisse deux fils médecins, anciens internes des Hôpitaux de Paris ; son fils aîné est actuellement agrégé de physique à la Faculté de Médecine. Nous leur adressons l'expression de notre profonde et douloureuse sympathie dans le deuil qui les frappe et nous les assurons du pieux souvenir que nous garderons de leur cher défunt.

PRÉSENTATION D'UN OUVRAGE IMPRIMÉ

M. L. Nègre : J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom du Dr Hugues Gounelle, professeur agrégé du Val-de-Grâce, directeur du Centre Foch de recherches cliniques et biologiques sur la nutrition de l'homme, les 16 ouvrages dont il a dirigé la publication dans la collection : Les professions médicales et sociales (1). La compétence de cet auteur, dans les questions

(1) Editions Foucher, 128, rue de Rivoli, Paris (1er) et Masson et Cie, 120, boulevard Saint-Germain, Paris (6e).


d'hygiène et en particulier dans celles de la nutrition sur lesquelles il a fait des travaux universellement connus, et celle des collaborateurs qu'il a choisis sont les plus sûrs garants de la valeur des volumes dont la liste est la suivante.

I. Hygiène (H.Gounelle) ; II. Les institutions sanitaires et sociales (D. Ceccaldi) ; III. Morale professionnelle (Mile M. Bihet et H. Gounelle) ; IV. et V. Anatomie, physiologie et microbiologie (Claude Sureau) ; VI. et VII. Médecine générale et spécialités médicales (M. Perrault et P. Corone) ; VIII. La tuberculose (H. Teulon) ; IX. Les maladies vénériennes (J.-A. Cavaillon) ; X. Chirurgie générale et spécialités chirurgicales (J. Loygue) ; XI. Obstétrique (Max Sureau) ; XII. Puériculture (Suzanne Lemaire) ; XIII. Médecine infantile (R. Sorel, Auban, Bouissou et Levrat) ; XIV. Epidémiologie et prophylaxie (A. Darbon) ; XV. Le malade, soins (Mme S. Liebrecht) ; Alimentation (H. Gounelle et S. Liebrecht) ; XVI. Pharmacie et thérapeutique (M. Paget).

Sans pouvoir entrer dans le détail de chacun de ces volumes, mentionnons celui sur la Morale professionnelle de l'infirmière et de l'assistante sociale qui vient à son heure combler une lacune. Tous les ouvrages sont exposés d'une façon claire et synthétique dans une présentation typographique agréable.

Cette collection rédigée à usage international d'après le programme officiel français rendra d'immenses services à tous ceux qui sont chargés d'un enseignement et aussi, en raison de son prix modéré, aux étudiants, infirmières, assistantes sociales et sages-femmes. Les maîtres comme les élèves y trouveront tous les documents qui leur sont nécessaires. Ainsi sera facilitée la formation de tous les membres des professions médicales et sociales auxquelles on impose, à juste titre, des connaissances de plus en plus précises et étendues. Nous devons savoir gré au professeur H. Gounelle et à ses collaborateurs d'avoir accompli et réussi un travail si utile.

COMMUNICATION

Sur les aptitudes réactionnelles des centres nerveux au cours de réanimations-transfusions après des arrêts circulatoires plus ou moins prolongés, par MM. J. Malmejac et P. Plane.

Les observations cliniques de réanimation après des arrêts circulatoires d'origines diverses (cardiaque, hémorragique.) de plusieurs minutes sont déjà nombreuses. Elles montrent généralement que les délais d'ischémie autorisant une récupération fonctionnelle complète sont relativement courts. Dans certaines d'entre elles, et même dans les cas où le rétablissement a semblé satisfaisant, des séquelles psychiques réversibles ou irréversibles ont été constatées.

Les études analytiques poursuivies sur la résistance à l'ischémie des tissus les plus divers apportent sur ce sujet des résultats fort intéressants. Mais certains d'entre eux, obtenus sur des organes exportés et perfusés, ne peuvent être transposés au problème de la réanimation totale et définitive qu'après de sérieuses restrictions. Il suffit, dans la plupart de ces expériences, que l'organe qui a été ischémié manifeste quelque activité pour qu'on en déduise la récupération de ses aptitudes fonctionnelles. Or, cette récupération peut être extrêmement précaire et rester insuffisante pour permettre à l'organe 4de remplir un rôle efficace. C'est bien le cas pour le cœur exporté qui, ischémié puis artificiellement perfusé, peut présenter des battements après des arrêts circulatoires coronaires très prolongés alors qu'il serait incapable de travailler dans les condi-


tions du maintien d'une pression artérielle normale. On pourrait multiplier les exemples. Il faut d'ailleurs ajouter que dans le cas d'organes exportés, le rétablissement de l'irrigation est réalisé à partir d'un sang pur, oxygéné et non chargé en métabolites tissulaires d'origines diverses susceptibles d'intervenir au moment où la circulation se rétablit chez le sujet qui a été soumis aux effets d'une défaillance cardio-vasculaire.

Les expériences faites sur l'animal in toto, même en ayant recours à des méthodes d'études qui éliminent tout choc opératoire, montrent que la résistance à l'ischémie est bien inférieure à celle généralement précisée pour chacun des organes. C'est bien le cas dans les expériences où l'animal est, sous anesthésie locale, saigné par voie fémorale ou carotidienne jusqu'à l'obtention d'un état de « mort apparente » (dont on juge par l'arrêt du cœur et le maintien de la pression artérielle carotidienne à zéro). L'ischémie tissulaire est totale et générale (1). Dans des limites fixées à l'avance, cette ischémie est interrompue par une transfusion intra-artérielle, soit intrafémorale brutale (selon V. Negovski, 1945), soit par voie endo-carotidienne céphalique (selon A. M.

Dogliotti, 1952). Nous avons eu le plus souvent recours à cette seconde technique nous permettant d'assurer sur-le-champ une irrigation encéphalique et de limiter ainsi la durée de l'ischémie des centres nerveux. Les résultats rapportés par P. Plane montrent que la réanimation est de règle pour des ischémies ne dépassant pas cinq à six minutes. Elle est possible jusqu'à douze minutes, mais les échecs vont alors en augmentant, la reprise cardio-vasculaire même étant de moins en moins certaine. Pour des ischémies de dix à douze minutes, l'animal, même si un certain niveau tensionnel artériel s'est rétabli, reste généralement dans un état de coma dont il ne réchappe que rarement. Au delà de ces limites, nous n'avons jamais eu de survie prolongée.

En ce qui concerne l'étude de l'état des formations nerveuses supérieures après ischémie, l'expérimcnlation chez l'animal révèle des faits comparables h ceux décrits chez l'homme à la condition, toutefois, d'avoir recours à des tests, à des techniques assez fines pour détecter les dysfonctionnements corticaux. La variabi]ité dans les délais de résistance fixés par expérience (C. Heymans et coll., 1937 ; H. Hermann et coll., 1939 ; L. Binet et M. V.. Strumza, 1947 ; J. Ten Cate, 1952.) tient surtout aux différences de techniques d'observations.

Les expériences que nous avons poursuivies en ayant recours, chez le chien, au réflexe salivaire conditionnel selon la technique si bien étudiée par Pavlov et son école, et dont nous avons rappelé les différents aspects, confirment combien les centres nerveux supérieurs sont vulnérables (2). Une ischémie cérébrale de cinq à six minutes (obtenue par saignée dans les conditions déjà indiquées) suffit pour supprimer, momentanément, tout réflexe conditionnel [alors que celui inné reste normal (3)]. Cette suppression complète persiste deux à trois jours malgré plusieurs essais de rééducation ; celle-ci sera lente et pro-

(1) Le problème est discuté et analysé dans son ensemble dans le travail de l'un de nous : P. Plane. « Etude expérimentale de la réanimation par transfusion intra-artérielle dans les états de « mort apparente » par hémorragie. Aspects physiologiques et physio-pathologiques » (Thèse Médecine, Alger, 1954). On y trouvera un exposé des expériences poursuivies nu laboratoire de physiologie sur ce sujet, une mise au point sur les techniques utilisées et les principales références bibliographiques.

(2) J. Malméjac et P. Plane. - Etude, à l'aide du réflexe conditionnel salivaire chez le chien, de dysfonctionnements nerveux supérieurs consécutifs à des agressions diverses : aspects techniques et physiologiques. Bull. Acad. Méd. Paris, 1952, 136, 24.

(3) J. Malméjac et P. Plane. Etude expérimentale analytique des effets de la transfusion par voie endo-carotidienne. 1er Congrès de Transfusion sanguine, Alger, août 1953, in Transfusion sanguine et Actualités hématologiques, Masson, édit., Paris, 1954, 181-187. —

J. Malméjac, P. Plane et B. Bogaert. Influence de l'anoxie et de l'ischémie sur les fonctions nerveuses supérieures. Etude expérimentale chez le chien, à l'aide du réflexe salivaire conditionnel. BalI. Acad. Méd. Belge, 1954, 190, 11-21.


gressive et devra être prolongée trois mois pour que l'animal puisse manifester à nouveau un conditionnement à peu près normal, alors que celui primitif, jusqu'au stade de différenciation, avait été réalisé en moins d'un mois. L'observation d'un tel chien montre que dans les semaines qui suivent la saignéeréanimation, le réflexe conditionnel en voie de reconstitution est de très faible importance (II à III gouttes, puis VI et VII gouttes de salive) et disparaît complètement du soir au lendemain. On constate très nettement, dans cette phase de rééducation, qu'il y a une perte notable des processus de fixation et d'association correspondant à un trouble de la mémoire chez l'homme. En fait, une ischémie cérébrale de cinq à six minutes, chez le chien, entraîne des dysfonctionnements importants, mais réversibles.

Il en va tout autrement pour une ischémie dépassant dix minutes : les modifications psychiques sont alors considérables. L'animal réanimé présente d'abord un état de coma dont il ne sort, dans les cas heureux, qu'après vingt-quatre ou quarante-huit heures. Par la suite, son comportement reste profondément modifié : animal calme et doux, il est devenu méchant et hargneux ; les troubles ont irréversibles. Ajoutons immédiatement qu'une réanimation totale après douze minutes d'ischémie a constitué, dans nos expériences, une exception. Si on dépasse ce délai, les chiens, réanimés au point de vue cardio-vasculaire, restent dans le coma et meurent dans les vingt-quatre à quarante-huit heures malgré tous les soins dont ils peuvent être entourés (4).

L'activité corticale représente donc incontestablement, dans le concert des grandes fonctions, celle qui est la plus sensible à l'ischémie et qui doit limiter, dans le temps, les possibilités de réanimation après des délais plus ou moins prolongés d'arrêt circulatoire.

Une résistance aussi limitée du cortex cérébral à l'ischémie incite à mieux préciser les conditions d'un rapide rétablissement cardio-vasculaire grâce auquel l'irrigation céphalique est à nouveau assurée. Il est moins question d'envisager dans les expériences que nous avons poursuivies, les limites extrêmes de résistance de l'appareil cardio-vasculaire à l'ischémie, que de fixer après quels temps d'arrêt circulatoire les vaisseaux peuvent récupérer un tonus indispensable au rétablissement du niveau tensionnel artériel.

La question de la reprise cardiaque, qui a déjà fait l'ohjet de pertinentes recherches, n'a retenu que très indirectement notre attention. L'irrigation du myocarde conditionne cette reprise d'activité ; quand l'organe est complètement inerte, comme dans les cas de « mort apparente » produits par une hémorragie profuse, la transfusion intra-artérielle s'impose. Réalisée brusquement par voie fémorale, elle permet une reprise rapide de l'irrigation myocardique. Poursuivie par voie carotidienne (bout céphalique) elle restaure immédiatement la circulation encéphalique et secondairement cardiaque.

De l'ensemble de nos expériences poursuivies chez le chien se dégage la notion qu'une ischémie de huit à dix minutes est compatible avec une reprise satisfaisante de l'activité cardiaque. On est pourtant souvent obligé, quand cette ischémie dépasse cinq à sept minutes, d'avoir recours à des manœuvres telles que massages du cœur et apport d'adrénaline dont L. Binet et M. V. Slrumza ont souligné l'intérêt.

Notre étude analytique a porté, avant tout, sur le rétablissement du tonus vasculaire conditionné par une reprise d'activité des centres vaso-moteurs et, sur un second plan, de ceux adrénalino-secréteurs. C'est par ces mécanismes nerveux et humoraux, adrénaliniques, que peuvent être contre-balancées les

(4) Nous ne faisons, dans ces expériences, aucune allusion aux avantages éventuels d'une hibernation. Nous y reviendrons ; des recherches sont en cours à ce sujet et sur la sauvegarde éventuelle de l'activité nerveuse, pendant la phase de collapsus vasculaire, par une irrigation encéphalique artificielle.


influences dilatatrices périphériques, tissulaires, dues aux métabolites accumulés pendant l'arrêt circulatoire.

Nous avons utilisé ici la technique de la « surrénale, du rein et du plexus solaire irrigués in situ » (J. Malméjac, A. Gross et G. Neverre, 1951) qui permet de dissocier les mécanismes nerveux centraux de ceux périphériques et de faire une observation extrêmement précise des réactions des centres végétatifs bulbaires pendant les phases de saignée et d'ischémie, puis au moment de la transfusion-réanimation.

Les réactions sécrétoires de la surrénale irriguée et celles vaso-motrices du rein, lui-même perfusé sous pression constante, sont les témoins fidèles des modifications d'activité des centres adrénalino-sécréteurs et vaso-moteurs. Au moment de la saignée, leur tonus augmente par entrée en jeu des mécanismes régulateurs de la pression artérielle. Quand la pression artérielle s'effondre, à la fin de la saignée, et que la circulation encéphalique devient insuffisante, l'activité de ces centres décroît progressivement : dans les deux minutes après ia fin de la saignée, le rein irrigué se dilate et la sécrétion de la surrénale diminue.

En trois à quatre minutes, l'atonie vasculaire rénale est complète, et la surrénale réduit son activité à celle d'une « sécrétion paralytique ». C'est à partir de ce moment, et dans des délais plus ou moins longs, que la transfusion artérielle est réalisée. Les réactions de la surrénale et du rein irrigués vont aussitôt nous renseigner sur l'élat des centres vaso-moteurs et adrénalino-sécréteurs.

Quand l'arrêt circulatoire encéphalique n'a pas excédé six a sept minutes, le rétablissement du tonus des centres vaso-moteurs et adrénalino-sécréteurs est immédiat dès que la tête reçoit du sang oxygéné sous une pression de 5 à 6 cm Hg : les vaisseaux du rein se contractent et la glande surrénale irriguée entre en hyperactivité. La récupération du tonus vasculaire d'origine central est telle qu'elle contre-balance les effets vaso-dilatateurs locaux des métabolites. En quelques minutes, lors d'une transfusion intracarotidienne, et même si toute la masse sanguine prélevée au moment de l'hémorragie n'est pas encore réinjectée, la pression artérielle retrouve son niveau normal. La récupération immédiate des aptitudes fonctionnelles nerveuses présidant au rétablissement du tonus vasculaire conditionne un tel résultat.

Si les délais d'ischémie dépassent sept à huit minutes, on peut encore assister au rétablissement du tonus vaso-moteur et adrénalino-sécréteur central, mais ce rétablissement est plus lent. La remontée tensionnelle au moment de 1a transfusion est alors très progressive. Comme dans ces limites de temps, Je myocarde reste souvent inférieur à sa tâche, on conçoit que le rétablissement tensionnel soit incertain. Les échecs à la réanimation, autant dire inexistants pour des ischémies inférieures à six minutes, deviennent de plus en plus fréquents au fur et à mesure que se prolongent les délais au delà de sept à huit minutes.

* ,* *

En fait, se dégage de celte étude analytique la notion que ce qui importe Je plus ici pour assurer la sauvegarde d'un organisme soumis à une défaillance cardio-vasculaire complète, c'est moins, en ce qui concerne le tonus des vaisseaux, le facteur possibilité de résistance à une ischémie prolongée des formations bulbo-protubérantielles que celui concernant la rapidité de la récupération des aptitudes fonctionnelles des centres vaso-moteurs et adrénalinosécréteurs. Leur intervention rapide est d'une nécessité plus impérieuse encore que celle des centres respiratoires dont on peut compenser la défaillance, même prolongée, par une respiration artificielle bien conduite. Or, tout démontre que cette récupération immédiate n'est possible qu'autant que la durée d'ischémie n'excède pas sept à huit minutes. Ces délais dépassés, le niveau tensionnel artériel ne se rétablit que très lentemen,t, ce qui prolonge d'autant


les effets nocifs de l'ischémie. Or, les formations nerveuses supérieures sont extrêmement vulnérables ; l'expérience confirme ici pleinement certaines observations cliniques : cinq à six minutes d'ischémie cérébrale suffisent déjà chez le chien pour faire apparaître des troubles, certes réversibles dans des délais prolongés, mais dont l'apparition montre nettement que les limites de la résistance sont atteintes.

Les résultats rapportés montrent que dans les cas de collapsus vasculaire et d'arrêt circulatoire, les possibilités de réanimation sont surtout réduites par la faible résistance des centres corticaux à l'ischémie et par la nécessité d'opérer dans des limites de temps permettant une récupération rapide et complète de l'équilibre cardio-vasculaire. L'irrigation précoce et suffisante des centres nerveux apparaît comme une condition primordiale de rétablissement : elle doit permettre, dans la mesure où le cœur satisfait à sa tâche, la reconstitution rapide du tonus vasculaire et la sauvegarde des formations nerveuses supérieures les plus vulnérables.

(Laboratoire de Physiologie. Faculté de Médecine d'Alger.)

M. Lemierre : Les belles expériences de M. Malméjac nous permettent de mieux comprendre certains phénomènes nerveux survenant chez l'homme à la suite des grandes hémorragies, phénomènes dont j'ai personnellement rapporté jadis quelques exemples et qui ont été étudiés dans la thèse de M. Robert Worms.

Tout le monde connaît ces brusques états syncopaux, premiers symptômes d'une hémorragie profuse du tube digestif, états syncopaux souvent passagers, mai's pouvant être prolongés par un état de défaillance et de torpeur plus ou moins durable accompagné de pâleur des téguments. Le tout traduit une ischémie aiguë des centres nerveux.

D'autre part, ces états d'anémie aiguë peuvent laisser des séquelles susceptibles soit de s'amender plus ou moins lentement, soit de persister indéfiniment.

Nous avons vu des hémiplégies passagères. Mais surtout, en examinant systématiquement des ulcéreux gastriques ou duodénaux qui venaient de saigner abondamment, il nous est arrivé de constater chez eux des signes pyramidaux de la plus grande netteté : exaltation des réflexes, clonus du pied, signe de Babinski.

Sur un autre plan, ces séquelles de l'ischémie post-hémorragique des centres nerveux observées chez l'homme sont à comparer à cette disparition définitive des réflexes conditionnels observés par M. Malmejac chez les chiens ayant subi une abondante saignée.

Rappelons ici ces amauroses subites survenant à la suite des grandes hémorragies, en particulier chez les ulcéreux gastriques, et dues à une ischémie rétinienne, amauroses qui souvent restent incurables. Chez un homme entré jadis dans mon service de l'hôpital Bichat, presque immédiatement après une grande hématémèse, et devenu subitement aveugle, une transfusion sanguine pratiquée d'urgence a fait reparaître la vision avec une rapidité surprenante. M. Malméjac fi très justement insisté sur les rapides récupérations fonctionnelles obtenues chez ses animaux saignés, en état de mort apparente, à la suite de transfusions sanguines même d'un volume modéré, mais à condition que l'ischémie aiguë du cortex cérébral ne dépasse pas quelques minutes.


LECTURES

La micro-colposcopie dans le dépistage du cancer de l'exo-col, [Projections.] par MM. E. Houël, R. Luscan et P. Laverhne.

Rapporteur: professeur A. LAFFONT.

(Présentation faite par M. Lantuéjoul.)

Nous avons appris, non sans surprise, au cours de la brillante commuuication de mon collègue et ami Funck-Brentano, que la micro-colposcopie était encore inconnue en France ou en tous cas sans utilisation systématique dans le cancer du col. Je voudrais aujourd'hui souligner devant l'Académie les progrès que cette méthode peut apporter en gynécologie et dire les immenses services que la cancérologie féminine est en droit d'atlendre de cette ingénieuse découverte.

La communication du professeur T. Antoine au Congrès de Gynécologie d'Alger, en 1952, a engagé mes collaborateurs de la Clinique obstétricale cl gynécologique à étudier la place que pouvait occuper la micro-colposcopie dans le dépistage des stades de début du cancer du col utérin. Nous la considérons comme de tout premier plan.

Le micro-colposcope est un microscope du type ultropak adapté à l'examen direct de l'exo-col à des grossissements de l'ordre de X 200.

Il comble les lacunes de la colposcopie d'Hinselmann, qui permet de localiser les zones d'épithélium atypique sans renseigner sur la gravité des lésions. Cette carence de la colposcopie nous oblige à pratiquer des examens complémentaires : recherche des cellules malignes dans les frottis vaginaux, examens, anatomopathologiques do prélèvements biopsiques. Ces études cytologiques et histologiques demandent du temps. Les malades doivent revenir souvent plusieurs fois avant qu'un traitement puisse leur être proposé. Les consultantes que nous recevons le plus souvent sont peu évoluées et l'intérêt de ce dépistage leur échappe totalement. Nombre d'entre elles ne reviennent pas prendre connaissance du résultat des prélèvements faits sur elles.

Le micro-colposcope nous est apparu comme le moyen qui nous manquait pour approcher d'assez près du diagnostic final dès la première consultation.

Au cours des huit derniers mois, nous avons tiré au colposcope d'Hinselmann 500 cols utérins. Soixante-quinze d'entre eux, porteurs d'images suspectes, ont été immédiatement étudiés au micro-colposcope. Nous avons pu découvrir ainsi y épithéliomas intra-épithéliaux qui furent confirmés ensuite par les moyens classiques. Dès le premier examen, la conviction que nous avons eue d'avoir affaire à des lésions graves nous a donné suffisamment d'autorité sur ces malades pour les convaincre d'avoir à se faire trailer.

Le micro-colposcope ne permet qu'un examen de surface et no renseigne évidemment pas sur l'existence toujours possible d'une extension dans le stroma de l'épithélium suspect. Le principe même de la méthode, examen du col utérin après coloration des noyaux avec un microscope éclairant, nous oblige d'ailleurs a éliminer les cols saignant nu contact, ot dans ce nombre les cancers déjà évolués. C'esb un examen qui demande une grande prudence dans l'interprétation des résultats et surtout dans l'appréciation des zones effectivement examinées. Certaines parties du col peuvent échapper à l'examen, soit à cause de l'existence des zones hémorragiques, soit par suite de déviation du col empêchant le microscope d'arriver au conlact de la totalité de la surface suspecte.


Dans ces cas, il faut savoir renoncer à toute conclusion. Ces impossibilités pratiques se rencontrent d'ailleurs rarement, cinq fois seulement dans la série de 75 micro-colposcopies que nous avons faites jusqu'à ce jour.

L'interprétation des images est assez facile pour qui a l'habitude de la cytologie et de l'anatomie pathologique de cette région ; les cellules se présentent à plat, comme sur un frottis vaginal, les critères de malignité sont essentiellement nucléaires comme en cytologie. Les éléments étant en place, des arguments tirés de l'histologie viennent d'ailleurs aider au diagnostic : désordre dans la répartition des éléments, notion de limite nette entre l'épithélium normal et la zone pathologique.

C'est dire que cette méthode doit intéresser les cytologistes et les histologistes ; aux uns, elle montrera l'origine de certaines cellules atypiques sur lesquelles ils sont réduits à des hypothèses ; aux autres, elle donnera une image nouvelle de tissus qu'ils sont habitués à voir en coupe seulement.

La micro-colposcopie permet aussi d'étudier la vascularisation superficielle de la région et les conditions d'examen sont telles que les mouvements des hématies dans les capillaires sont nettement visibles.

Les micro-colpophotographies que nous vous présentons ont été obtenues en adaptant l'appareillage habituellement utilisé en micro-photographie au microcolposcope.

Ainsi il devient de plus en plus possible et facile de dépister sur le col, grâce à un dispositif des plus ingénieux et des plus simples, des épithéliomas intra-épithéliaux. Il est désormais possible également d'établir un dossier de surveillance des plus précis, dès qu'on décèle la moindre atypie. Une photographie est prise et la fiche la plus fidèle est définitivement établie en attendant un examen ultérieur. En vous présentant ces faits si simples à contrôler et à suivre, nous pensons que nos collègues de l'Académie se joindront à nous pour inviter les Pouvoirs publics à subventionner également l'achat de dispositifs semblables dans tous les Centres anti-cancéreux, et dans toutes les cliniques gynécologiques qui deviennent elles-mêmes et de plus en plus des Centres anti-cancéreux spécialisés pour les femmes.

Ce que nous faisons maintenant à Alger sur des centaines et des centaines de femmes doit se répéter désormais partout en France, où trop de cancéreuses se présentent au médecin à un stade déjà avancé et souvent inopérable.

Je suis certain que notre Académie s'honorerait en émettant un vœu dans ce sens. La véritable prophylaxie du cancer du col chez la femme exige le minimum d'organisation que je me permets de lui suggérer aujourd'hui.

PROJECTION 1. — Image d'épithélium exo-cervical normal chez une femme par ailleurs porteuse d'un épithélioma intra-épithélial. Disposition régulière des noyaux pycnotiques. Au centre, un noyau cancéreux de cellules desquamées.

PROJECTION 2. — Epithélioma intra-épithélial Disposition anarchique des éléments. Noyaux monstrueux.

PROJECTION 3. — Même col. Autres champs.

PROJECTION 4. — Même col. Limite nette entre l'épithélioma et le col sain.

PROJECTION 5. — Atypie épithéliale simple: Leucoplasie. La coloration est double. Le cytoplasme est coloré au lugol. Dans la ZOIe de leucoplasie, les cellules ne prennent pas le lugol et les noyaux ont disparu.

PROJECTION 6. — Atypie épithéliale simple : Leucoplasie. Le fond blanc représente la plaque de leucopJasie, complètement kératinisée et dépourvue de noyaux. Les cellules visibles sont des élèvements desquamés. L'aspect réalisé est celui d'un frottis vaginal.

PROJECTION 7. — Atypie épithéliale simple : Limite nette entre le col normal, à noyaux pycnotiques et une zone de cellules plus tassées, à noyaux non pycnotiques. Il n'existe pas d'anomalies cytologiques ou nucléaires.

PROJECTION 8. — Atypie épithéliale simple : Image de mosaïque au colposcope. Les cellules sont plus tassées, mais sans désordre; les noyaux sont pycnotiques sans atypies suspectes. Les affleurements vasculaires sont bien visible. sur ce cliché.

PROJECTION 9. — Col atrophique sans coloration : A travers l'épithélium aminci, les capillaires sont bien visibles. La micro-colposcopie permettait de voir nettement les hématies en mouvement dans les vaisseaux.


M. Le Lorier : Je voudrais demander à M. Lantuéjoul si les muqueuses présentées dans les photos avaient été colorées, il semble qu'elles aient étéimprégnées avec de l'iode P

Electrophorèse quantitative dans la tuberculose pulmonaire chronique,

par MM. J. Vidal, P. Monnier, Mlles Arnavielhe et Baldy.

(Présentation faite par M. Bariéty.)

Nous avons précédemment (1) publié les résultats que nous avions obtenuspar l'électrophorèsc sur papier. Cette étude, qui s'appuyait sur 326 examens, montrait que les modifications portaient essentiellement sur les globulines el tout particulièrement sur les -y-globulines, dont l'augmentation est d'autant plus sensible que la forme de tuberculose est plus sévère.

Ces résultats sont confirmés par l'électrophorèse quantitative que nous avons pratiquée dans 42 cas de tuberculose pulmonaire chronique chez des malades appartenant exclusivement au sexe féminin.

Dans 25 cas de formes inactivés (expectoration non bacillifère, apyrexie, lésions non extensives), nous obtenons, en moyenne, les chiffres suivants :

Albumines 80,84 pour LUO g de protéines Globulines It 3,12 — </. 2. 8,Oii -3 12,20 — Y. 19,38 —

Dans 13 cas de formes actives (expectoration bacillifère, absence de fièvre et d'extension lésionnellc) les taux moyens sont les suivants :

Albumines .'>0,40 pour 100 g do protéines (itobulines : IX'!. 3,35 — «2 8,37 — p 11,4.9 - V 20,30 —

Dans 4 cas, enfin, de formes évolutives (expectoration bacillifère, évolution fébrile, lésions extensives), nous obtenons les taux moyens suivants :

Albumines Bl-,82 pour 100 g fie protéines Globulines : (J. 1. 2,08 - «2 9,ti — 12,87 ¡. 20, m -

Il apparaît donc que seules les y-globulines sont augmentées ; celte augmentation est d'autant plus sensible que la forme de tuberculose pulmonaire est plus grave.

(1) J. Vidal, P. Monnier, Mlles Arnavielhe et Baldy. Fractionnement des protéines du sérum sanguin dans la tuberculose pulmonaire chronique (éleeLropllOrèse sur papier). Montpellier Médical, mars 1954, 241.


Nous devons noter, en outre, une légère mais constante diminution du taux des albumines, quelle que soit la forme de tuberculose.

Note sur la trichomonase génitale humaine.

Sa fréquence chez l'homme et la femme, et le mode de contamination placeraient actuellement cette infection au premier rang des maladies vénériennes (1),

par M. G. Chappaz, Chef du Service d'Obstétrique du Centre Régional Hospitalier de Reims.

Nous avons organisé depuis un an une enquête auprès de divers centres hospitaliers en France et à l'étranger. Nous en rapportons succinctement les conclusions :

LE « TRICHOMONAS VAGINALIS » CHEZ LA FEMME. — La vaginite à Trichomonas est d'une fréquence telle qu'elle retient l'attention de tous les gynécologues.

C'est Heess, en 1935, qui avait réellement posé le problème, en Allemagne, alors que Donné avait découvert le flagellé en 1836. Nous citons en France, les publications de Vignes, Riff, Burger, Vermelin, Kissling, Tempe, Vaudescal, Brumpt, Michon, Adjoubel, Varangot, Laffont, Masse, parmi les premières.

Cependant qu'en Amérique, en Argentine, en Allemagne, en Tchéco-Slovaquie, les monographies diverses témoignaient de l'intérêt que cette question suscilait.

Le T. V. avait été considéré à tort par un grand nombre de gynécologues comme un parasite banal assez inoffensif, un saprophyte de constatation courante. C'est un fait que ce protozoaire se rencontre parfois fortuitement dans le contenu vaginal, alors que les signes cliniques sont absents. Il a été déposé là, occasionnellement, comme une souillure sur un terrain qui ne lui convient pas toujours pour des raisons que nous avons exposées ailleurs et qui sont toujours à l'étude.

Mais quand il est agressif il l'est bien, et chacun connaît maintenant les symptômes bruyants qui s'ensuivent : pertes gris vert très abondantes, fluides, spumeuses, à odeur de moisi ; irritation de la muqueuse vaginale et de celle ,du col; altérations importantes de l'état général. Maladie dégradante, extrêmement tenace, imposant une dyspareunie totale.

Les statistiques sont très variables parce que les séries de femmes sur lesquelles elles portent n'ont pas été choisies ni indiquées selon un même protocole par les auteurs.

Les uns ont examiné toutes les femmes de tous âges d'un service de médecine, d'autres les malades d'une consultation de gynécologie, quelle que soit la raison qui les amène à se plaindre ; enfin, certains n'ont fait la recherche du flagellé que chez les femmes accusant de la leucorrhée vaginale. Nous sommes de ces derniers.

Nous estimons qu'en France, depuis la régression de la blennorragie, le T. V. est présent dans 50 p. 100 de ces cas. Chez les femmes gravides se plaignant aussi de pertes blanches, les chiffres seraient de 30 à 40 p. 100, car il faut tenir compte ici de la leucorrhée fréquente qui n'est due qu'à une desquamation abondante sans pus et sans germes pathogènes. Nous ne nous rangeons pas parmi les auteurs qui présentent les statistiques les plus élevées, mais dans la moyenne.

(1) Chappaz et Chatcllirr. Les vaginites à « Trichomonas ». Edit. Doin, 8 pl. Odéon, Paris, 1951.


D'autre part, l'observation démontre que la moyenne des femmes présentant le symptôme général de leucorrhée, à l'âge génital pour toutes les raisons diverses, est de 20 p. 100. Si l'on admet que 50 p. 100 de ces malades abritent le T. V. dans leur vagin, il faut conclure que 10 p. 100 de nos femmes de France sont actuellement atteintes de vaginites plus ou moins graves causées par le T. V.

LE « TRICHOMONAS VAGINALIS » CHEZ L'HOMME. — A cette même tribune, il y a quelques mois, MM. M. Durel, V. Voiron-Ratner, A. Siboulet et CI. Sorel ont présenté la somme de leurs recherches de ces quatre dernières années, portant sur plus de 1 6G0 malades, à la Clinique urologique de l'hôpital Cochin et à Saint-Lazare. Les uréthrites non gonococciques ont été décelées dans 74,8 p. 100 des consultants du service de la blennorragie. Parmi ces uréthrites non gonococciques, les auteurs découvrent le T. V. dans 12,5 p. 100 des cas.

Il est ainsi constaté : que sur 100 hommes atteints d'uréthrites, nous en pouvons déceler 20 p. 100 contaminés par le gonocoque et 9 p. 100 contaminés par le T. V.

Avec l'aide particulièrement précieuse d'un collègue allemand, qui s'est passionné depuis longtemps pour ce chapitre de la Trichomonase, H. Bauer, d'Erlangen, nous avons pu assembler les statistiques publiées à l'étranger.

Il en découle la conclusion suivante : Les uréthrites non gonococciques chez l'homme sont très fréquentes, de plus en plus fréquentes, semble-t-il.

On décèle le T. V. dans leur étiologie, selon les auteurs, dans 10 à 20 p. 100 des cas.

LA CONTAMINATION. — 10 p. 100 de toutes les femmes, entre la puberté et ia ménopause, sont atteintes de vaginites à T. V. Voilà une source de contamination qui nous paraît suffisante. Le Trichomonas intestinalis, que certains croient encore être l'agent responsable de l'affection, parce qu'il serait identique au T. V., est infiniment plus rare si l'on en croit les proctologistes.

MM. Durel et ses collègues, chaque fois qu'ils ont pu examiner la partenaire de leurs malades masculins, ont découvert la présence du T. V. La réciproque n'est pas vraie, bien heureusement.

Comme nous l'avons écrit, il apparaît que le T. V. no se plaît pas beaucoup sur les organes génitaux de l'homme, sinon 10 p. 100 de tous les hommes seraient aussi atteints. Cependant, on peut supposer que, sans provoquer d'uréthrites lors de chaque contact, le protozoaire puisse survivre un nombre d'heures assez important. Chez les bovidés, ce mode de contamination a occulte » concernant le Trichomonas fœtus n'est contesté par personne. Les vétérinaires recherchent le taureau contaminateur, lequel, sans symptômes bruyants, causera chez la vache une infection redoutable, responsable dans cette espèce d'avortements nombreux. Disons en passant que les travaux de médecine vétérinaire que nous avons lus montrent que nos collègues ont entrepris la lutte avec des moyens très puissants et sous le couvert d'essais biologiques que nous souhaiterions pouvoir susciter en médecine humaine.

En somme, en changeant de partenaire, l'homme est un vecteur possible du germe, même quand il n'a pas d'uréthrite.

D'autres modes de contamination sont possibles en dehors du coït. Il n'y a pas de raisons plus que pour le gonocoque de refuser l'appellation de maladie vénérienne à une affection dont le contact sexuel reste le mode principal de propagation.

Peter (Prague) signale que toutes les vierges exceptionnellement atteintes de vaginites à T. V. lui ont avoué la pratique du coït ante portas. Des fillettes impubères ont pu très rarement être contaminées par des linges ou objet de toilette. Le fait est rarissime.


L'une des raisons qui ont écarté les gynécologues de cette conception de la Trichomonase-maladie vénérienne est dans l'explication, qu'ils avaient crue plausible : la contamination d'origine intestinale. Des arguments assez décisifs s'opposent à cette conception. La Trichomonase intestinale est bien moins fréquente que la T. génitale. Les protistologues s'élèvent de plus en plus contre la notion d'identité entre T. vaginalis, T. intestinalis, T. Ardin delteili, T. buccalis. Des expérimentateurs audacieux ont essayé en vain d'inoculer T. intestinalis dans le vagin de nombreuses femmes. Ils ont échoué, même en recourant à des instillations massives et itératives de cultures très actives de T. intestinalis et de T. buccalis (syn. Tenax) [H. Bauer-Feorakoff-Stabler], On peut, par contre, implanter facilement des cultures de T. vaginalis dans le vagin de femmes saines. Les mêmes essais ont été pratiqués avec les mêmes résultats sur des hommes (H. Bauer).

CONCLUSIONS. — On peut affirmer que ]a Trichomonase est une maladie vénérienne.

Le nombre des malades qu'elle intéresse, les femmes d'abord, les hommes moins fréquemment, la place, actuellement, après la régression de la gonococcie, au premier rang des maladies vénériennes.

Il parait opportun d'attirer l'attention du Centre National de la Recherche scientifique et des Pouvoirs publics, en rue de susciter l'élaboration d'un plan de dépistage, de prophylaxie et de traitement, pour lutter contre cette infection qui tend à compter comme un fléau social.

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- A seize heures cinquante minutes, l'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Gérant: G. MASSON.


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