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Titre : Historique du 53e régiment d'artillerie pendant la Grande Guerre : 2 août 1914-20 janvier 1919 / [rédigé par le Lieutenant- colonel Perrier,...]

Éditeur : Impr. générale de Bussac (Clermont-Ferrand)

Date d'édition : 1923

Sujet : Guerre mondiale (1914-1918) -- Histoire des unités

Sujet : France. Armée. Régiment d'artillerie (53)

Sujet : France (1789-....)

Sujet : France

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34075916f

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 1 vol. (107 p.) : grav., ill. ; in-8

Format : Nombre total de vues : 122

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GG14182

Description : Collection numérique : Fonds régional : Auvergne

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6228028s

Source : Service historique de la Défense, 2011-323619

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 09/07/2012

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HISTORIQUE

DU

53e Régiment d'Artillerie

PENDANT LA GRANDE GUERRE 2 cAoût 1914 — 20 janvier igig

CLERMONT-FERRAND IMPRIMERIE GÉNÉRALE, DE BUSSAC, 2, COURS SABLON 1923



HISTORIQUE

DU

53e Régiment d'Artillerie

*

PENDANT LA GRANDE GUERRE

2 tAoût 1914 — 20 janyier 1919

CLERMONT-FERRAND IMPRIMERIE GÉNÉRALE, DE BUSSAC, 2, COURS SABLON 1923



AUX CAMARADES

DU 53e

MORTS POUR LA FRANCE


Le. P. C. du 53e R. A. C. à la cote 309 (30 juillet-15 septembre 1917).

Le ravin de la Mort entre Esnes et la cote 304 (août 1917).


Le P. C. du n- groupe du 53e R. A. C., à BiDon-Orquigny, après le bombardement du 17 juin 1918.

DER ADLER DER CHAMPAGNE. Idole allemande à clous, rencontrée le 4 novembre 1918 par les reconnaissances du 53" R. A. C., au château de Maison-Rouge, près le Cbesne-le-Populeux. (Sur le piédestal étaient inscrits - les noms des villages de Champagne occupés par l'ennemi).


Ce petit livre est dédié, comme il sied, aux camarades du 5je qui de leur sang ont payé la victoire, mais il s'adresse à tous ceux qui, de 1914 à 1919, ont porté sur leurs écussons le glorieux numéro : aux officiers qui façonnaient la troupe à leur exemple, aux chefs de pièce et aux petits servants rivés aux positions de batterie sous des tirs meurtriers, aux brigadiers et aux lourds conducteurs des avant-trains, des échelons, des colonnes de ravitaillement, des parcs, qui, par les nuits noires et glaciales, sur les pistes infernales de SaintQuentin et de Verdun, apportazent aux hommes et aux canons leur nourriture quotidienne.

Quand tous Kront ces lignes, elles réveilleront en eux le souvenir des braves animaux qui, mal abrités, souvent mal nourris, fatigués, amaigris, nous transportèrent de l'Argonne à la Marne en trois étapes, et des tubes d'acier, messagers de mort, qui nous paraissaient, au combat, vivre dune véritable vie. Ils se rappelleront que tout dans le Régiment, ojficiers et troupe, chevaux et matériel même, a-t-on envie de dire, était animé d'un même souffle, d'une même volonté, celle de la victoire.

Les morts, a-t-on dit, mènent les vivants. Put"sse-t-£!

en être ainsi ! '- Nous, les anciens du 5Je, laissons-nous mener par le souvenir des morts du Régiment. Alors, s'il le faut un jour, le même violent désir de vaincre nous anzmera encore.


..c- AVERTISSEMENT

i

- Cet historique a été rédigé par le lieutenant-colonel PERRIER, en utilisant: 1° — Les documents officiels, en particulier l'historique du Corps sous son commandement, du 20 février 1917 au 15 juin 1919 ; 2° — Ses propres notes au jour le jour pour la période ci-dessus et les renseignements que lui ont fournis un certain nombre d'officiers pour la période antérieure. Ils consistent pour la plupart en extraits ou copies de notes également journalières. Les officiers suivants ont contribué ainsi au présent historique par des envois dont certains sont particulièrement détaillés et intéressants :] capitaine BACQUET qui, comme lieutenant, appartint à l'E. M. du 1er groupe, lieutenant CASAI" cdt la 9e batterie (ex 43e du 49E R. A.), chef d'escadron JACOBI, cdt le 1er groupe, chef d'escadron JoANNÈs, cdt le Ve groupe du 53e R. A., devenu ensuite Ile'groupe du 53e R.A. C., lieutenant LABORDE, cdt la 3e colonne de ravitaillement, capitaine LAIGNIER, cdt la 8e batterie (ex 42e du 49e R. A.), capitaine LUGUET, cdt la 3e batterie, lieutenant MILLET, de la 8e batterie, (ex 42e du 49e R. A.), colonel SÉRY, qui, comme chef d'escadron, fut major du Régiment puis commandant du Dépôt en 1914, cdt du Ve groupe du 53e R. A. et adjoint au colonel cdt l'A. D./120.

II

Le lecteur qui voudra s'intéresser de près au détail des opérations du 53e aura avantage à suivre leur récit sur les cartes au 200.000e et au 80.000e, ou sur les plans directeurs de guerre au 20.000e, que publie le Service géographique de l'Armée, cartes et plans qu'il n'a pas été possible, pour des raisons d'économie, de joindre au présent ouvrage.


Abréviations employées.

A mort par accident.

A. C. artillerie de campagne.

A.C. artillerie de corps.

A.C.D. artillerie de campagne divisionnaire.

A.D. artillerie divisionnaire.

A.L. artillerie lourde.

A.L.C. artillerie lourde courte.

A.L.L. artillerie lourde longue.

amb. ambulance.

asp. aspirant.

A.T. artillerie de tranchée.

B mortellement blessé.

b. brigadier.

bie batterie.

c. canonnier.

C. court.

C.A. Corps d'Armée.

cap. capitaine.

1er cc. premier canonnier conducteur.

2e cc. deuxième canonnier conducteur.

cl. classe.

C.R. colonne de ravitaillement.

C.R. centre de résistance.

1er es. premier "canonnier servant.

2e es. deuxième canonnier servant.

cdt. commandant.

D.I. Division d'infanterie.

D.I.C. Division d'infanterie coloniale.

D.M. Division marocaine.

E.M. état-major.

G.A.R. Groupe d'Armées de Réserve.

G.Q.G. grand Quartier général.

I.D. infanterie divisionnaire.

lt. lieutenant. ,

M mort de maladie.

m.a.m. médecin-aide-major.

m.d.l. maréchal-des-logis.

m.d.l.ch. maréchal-des-logis-chef.

m.p. maître-pointeur.

o. en f. ouvrier en fer.

p. page.

P.A.D. parc d'artillerie division- naire.

P.C. poste de commandement.

Q.G. quartier général.

R.A. Régiment d'artillerie.

R.A.C. Régiment d'artillerie de campagne.

R.A.C.P. Régiment d'artillerie de campagne portée.

slt. sous-lieutenant.

S.M.A. section de munitions d'artillerie.

S.M.I. section de munitions d'infanterie.

S. P. secteur postal.

T tué à l'ennemi.

t. téléphoniste.

tr. trompette.

T.R. [train régimentaire.

T.S.F. télégraphie sans fil.

t.d. titre définitif.

t.t. titre temporaire.


Morts pour la France

La liste suivante est relative :

1° — Aux trois groupes ayant formé le 53e Régiment d'artillerie de campagne le 1er avril 1917, antérieurement à leur réunion en un même Corps portant le N° 53, savoir : 1er groupe du 53e Régiment d'artillerie, (2 août 1914-ler avril 1917), Ve groupe du 53e Régiment d'artillerie, (26 octobre 1914-1 er avril 1917), VIe groupe du 49e Régiment d'artillerie, (2 août 1914-ler avril 1917).

2° — Au 53e Régiment d'artillerie de campagne et à l'état-major de l'artillerie de la 120e Division, du 1er avril 1917 au 11 novembre 1918.

Le nombre des morts des trois groupes du 53e Régiment d'artillerie de campagne et de l'état-major de l'artillerie de la 120e Division peut se détailler ainsi :

Officiers 9 Sous-officiers 17 Brigadiers 9 Canonniers 113 Total 148

Du 1er avril 1917 au 11 novembre 1918, le nombre des blessés du 53e Régiment d'artillerie de campagne a été de 484. Le nombre des blessés des trois groupes antérieurement à cette période n'a pu être relevé.

Il convient aussi de rappeler le souvenir du lieutenant POIGNÉ, de l'état-major de l'artillerie de la 120e Division, mort victime du devoir comme élève à l'Ecole des Mines, le 17 mai 1920, à Paris, et du lieutenant BOUDEAUD, ancien élève de l'Ecole Centrale, décédé d'une maladie contractée pendant la campagne, (suite d'intoxication), le 22 avril 1922 à Huriel (Allier).


MORTS POUR LA FRANCE

1er groupe du 53e Régiment d'artillerie (2 août 1914 — 1er avril 1917)

- 1

NOMS' i'" LIEU DU.DÉCÈS 1 DA,TE, 'NOMS I 1 I = ïï-s LIEU DU DÉCÈS DATE CD du DECES BERTIN 12 2e es. lre A Thaon-les-Vosges 12 août 14 DUBOIS 02 2e c. 3e T Voyer 21 BONNET 10 m. p. 2e T St-Maurice-s-Mortagne 26 JOUVENTE 12 2e c. 2e T St-Maurice-s-Mortagne 26 BADIOU 09 m. p. 3e T St-Maurice-s-Mortagne 27 BONHOMME 13 2e ce. - 3e B Moyemont 4 sept. 14 LAREINE 13 2e cc. 2e B Epinal 7 SERRE 10 m. p. lre T Lassigny 22 ROUCHON Il m. p. pe T Lassigny 23 -,MOULINOUX 12 2e cc. 3e M Gray 24 ROUGERON 13 2e es. 3e T Lassigny 25 ESTÉOULE 12 2e es. 3e - T Lassigny 25 MONTEUX 13 2e cc. lre B Verdun 14 oct. 14 GOUTTEBEL 10 2e es. 2e B Boulogne-la-Grasse 24. —

FAUGERAS Il 2e es. 2e B Ancenis 19 nov. 14 GENTES 12 2e c. 2e T Béthaincourt 30 janv. 15 MORILLON 13 2e c. 2e B Château d'Anel 30 DUROUSSEL 09 2e c. 3e B Longueil-Anel 20 fév. 15 DAIGUZON 14 2e c. 3e M Compiègne 6 avril 15 BEAUMONT 10 2e cc. lre T Béthaincourt. 3 mai 15 CHAMPAGNOL 09 b. lre M Villers-sur-Coudun 5 - - * PINEL 12 2e c. 2e M Paris 10 sept. 15 POUGET 11 2e c. pe T Machemont 17 "— ROCHETTE 12 2e c. 1re T Machemont 17 BAUDOT 08 b. lre B Paris 10 mars 16 MITON 13 2e es. 2e B Eix 14 PUGET 14 2e c. 3e T Tavannes 15 DUGRIP 16 2e c. 3e B Verdun 17 DUGAS 07 1* ire T Verdun 18

LEMU 09 2e c. 2e T Eix 19 PUILLET Il 2e es. 2e T Eix 19 RouBELAT 08 b. 3e T Tavannes 19 POUGHEON 12 m.d.l. 3e B Harbonnières 21 sept. 16 BRUSSOL 09 2e c. lre B Harbonnières 21 oct. 16 BULTEUX 06 cap. 2e T Ablaincourt 25 -

DEBAS. 03 2e es. 3e B Longueil-Anel 24 janv. 17


ve groupe du 53e Régiment d'artillerie.

(26 octobre 1914 1 er avril 1917)

BRUN 97 2e c. 13e B Ramberlieu 24 sept. 15 -GUÉRIN 10 2e es. 15E B Verdun 20 mars 16 GAUME ■■ 06 m. p. 13e B Vadelaincourt 29 — RÉGNIER Il 2e c. 13e B Dugny 29 GRENIER 94 m.d.l.ch. 15e B Revigny 31 SOUBRIER 95 2e es. 15e M Paris 13 août 16 DUVAL 10 2e c. 14e B Somme, amb. 1/21 25 sept. 16 LECLERC 01 m.d.l. 14e B Cayeux-en-Santerre 7 oct. 16 FARCINADE 12 m.d.l. 13e B Paris 19 nov. 16

VIe groupe du 4ge Régiment d'artillerie (2 août 1914 — 1er avril 1917)

BACHE 04 1er es. 42e B Amb. 5, ge C. A. 31 août 14 CORNUAU 10 2e es. 43e M Dunkerque 16 fév. 15 LEPOIVRE 07 m.d.I. 43e M Vitry-le-François 11 mars 16 MORILLON 05 2e ce. 41e T Bois de la Laufée (1). 15 LUCQUIAUD 07 2e es. 43e T Vaux 17 SOUCHEZ 04 2e ce. 42e T Bois de-la Laufée (1) 20 AMICHAUD 05 1er es. 42e T Bois de la Laufée (1) 27 DESLOGES 14 b. 43e T Vaux 28 FREBOU 06 2e es. 42e M Hop. temp. 16, S.P.92 20 juin 16 BERRUER 08 2e es. 43e M Hop. temp. 16, S.P.92 8 juilletl6

Demoles nainard 05 It 43e T Ablaincourt 11 oct. 16 ROBERT 10 2e ce. 41 e A Roye-s-Matz 15 mars 17

53e Régiment d'artillerie de campagne (1er avril 1917 — 11 novembre 1918) I. — Saint-Quentin

BESSON 06 2e es. 8e T Essigny-le-Grand 9 avril 17 MONTCOUYOUX 17 b. 4e B Essigny-le-Grand 20 — TIXIER 13 2e es. 6e T Essigny-le-Grand 21 — BARAT 04 m.a.m.2e E.M. IIIE T Essigny-le-Grand 24 — ARCHIMBAULT 06 2e ce. ge T Essigny-Ie-Grand 7 mai 17 RAPHANEL 94 cap. 2e T Castres 8 juin 17 ORTET 09 slt 2e T Castres 8 -

(1) Près Damloup.


II. — Verdun, cote 304

VEILLAS 17 2e es. 4e T Montzéville 27 juil. 17 MONTAUD 17 b. 7e T Bois de Lambéchamp 29 GENDRE 13 2e es. 7e T Bois de Lambéchamp 29 BIZET 17 2e cc. 7e T Esnes 1er août 17 MARY 14 m.d.l. 4e B Fleury-sur-Aire 2 — j, MORANE 10 2e cc. 1re B Brocourt 3 — "-Í CAMELIN 07 slt E.M.A D T Montzéville 12

COUDERT 15 2e es. 4e T Bois de Lambéchamp 14 FERRIER 04 2e cc. 6e B Fleury-sur-Aire 14 — ARNAUD 11 m. p. 2e T Bois de Lambéchamp 15 GALICHET 10 m. p. 2e T Bois de Lambéchamp 15 MONTEIL 10 2e es. 3e T Bois de Chattancourt 16 PARIZOT 17 2e es. 3e T Bois de Chattancourt 16 SUZE Il m. p. 2e B Brocourt 18 MESLIN 04 m.d.l. 7e T Bois d'Esnes 18 — FRANCHET 06 2e es. 7e B Brocourt 18 MÉTAIS 06 2e es. 7e B Brocourt 18 THIOLLET 06 2e es. 7e B Brocourt 21 DURAND 09 1er cc. 3e B Froidos 22 DUFOUR 07 2e es. 2e B Brocourt 22 août 17 ROUYER (1) 11 m.d.l. 4e T Bois de Lambéchamp 24 DUFOUR 05 m. p. 8e T Bois d'Esnes 4 sept. 17 RAVEAU 06 2e es. 8e T Bois d'Esnes 4 RIVIERE 06 2e es. 8e T Bois d'Esnes 4 GUÉRIN 17 b. 8e T Bois d'Esnes 4 PIQUES 18 2e cc. 8e T Bois d'Esnes 4 CORDEIL 99 2e es. 7e T Bois d'Esnes 5

III. — Verdun, cote 344

CHABRIER 04 m.d.l. 3e T Bois d'Haudromont 30 sept. 17 GRIMAUD (2) 02 2e ce. 9e T Revigny 1er oct. 17 CANTEAU (2) 05 2e es. 8e T Revigny 1er GUET 12 m.d.l. 6e B Bras 2 VAILLANT 14 m.d.!. lre T Bois d'Haudromont 11 MURIGNEUX 17 2e es. Ire. T Bois d'Haudromont 11 RIFFAUD 14 b. 9e T Côte du Talou 13 — MÉGEVANT 14 2e cc. 4e T Ravin des Caurettes 17 —: CHARVEYRON 14 2e es. 4e T Ravin des Caurettes 17 DARNIS (3) 11 2e cc. E-M. 53e A Fleury-sur-Aire 8 nov. 17 BONJEAN (3) 07 2e cc. l 6e A Fleury-sur-Aire 8 —

IV. - Verdunf Haudromont

MOULIN 04 2e es. 2e T Côte du Poivre 15 nov. 17 MAIGNAL 14 2e cc. 6e T Ravin de la Dame. 21 — POUPRT 05 1er cc. 6° T Ravin de la Dame 21 — PACAUD 10 2e es. 6e T Ravin de la Dame 21 — PASCON (1) 14 2e es. 5E T Ravin de la Dame 8 déc. 17

(1) Eclatement de canon.

(2) Bombardement par avion de la gare de Revignv.

(3) Accident de chemin de fer. -


V. — Vauquois

PICARD 15 asp. 7e T Côtes de Forimont 18 fév. 18 MARQUOIS 05 m. p. 9e T La Louvière 16 mars 18 GAUTHIER 15 b. 5e T Bertramé, 24 PRADILLE 18 2e es. 4e T Bertramé 24 LANOT 13 2e es. 6° T Forêt de Hesse 5 avril 18

VI. — Marne

RICHARD 06 tr. 8e T Moulin Quarré 1er juin 18 ALBERT 02 2e es. 7e T Moulin Quarré 2 BUFFET 16 2e es. Ire T Châtillon-s-Marnc 6 — RIMODEAU 14 2e es. 9e T Binson-Orquig-ny G- MARNET 04 2e es. 2e T Châtillon-s-Marne 6 — PLASSE 12 2e es. IRE B Boursault 8 -BUISSON 03 2e es. 6e B Sézanne 9 CORMIER 08 1er cs. 8e B Boursault 11 GABILLAT 12 2e ce. 3E B Boursault 14 MORLAND 14 m. p. 5e T Moulin Savatte 22 —

VII. — Montagne de Reims

RICIIOU 06 j 2e ce. 7e T Pâtis d'Ecueil 15 juil. 18 CORRE 08 1er es. 5e B Vatry 16 GERMAIN 04 2e ce. :¡C C.R. B Vatry 16 GRAILLE 07 m. p. 4° T Bois de Cormoyeux 17 SIMAUNAUD 17 2e es. 4° T Bois de Cormoyeux 17 MEYRONNEINC 14 m.d.l. 4e T Bois de Cormoyeux 17 GAZET 12 m.d.l. 6e T Bois de Cormoyeux 17 HÉRAULT 10 m.d.l. 7e T Bois de Courton 18 — P AILLAC 00 cap. 9e B Epernay 18 JEANNEAU 12 2e es. E.M.53* T St-Imoges 19 GOURGOUSSE 17 2e ce. ire T Bois au M. tlfl COllrlaglloll 21 ARDILLON 09 ! m.d.!. 9e B Vitry-le-François 24 — F ARRANDIÈRE 09 o. en f. 9e T Bois du Gouffre 25 —

VIII. — Champagne, Vouziers, Sedan

VERNIOL 08 2e ce. 2e T Gratreuil 29 sept. 18 OLLIER 18 2e ce. ge T Gratreuil 30 SIMONNEAU (1) 06 2e es. 7e M Châlons-sur-Marne 4 oct. 18 LAMBERT (1) 04 m. p. 7e M Angoulême 10 COULON (1) 14 2e ce. E.M.53* M Ambulance 22 11 BOEUF (1) 96 lt E.M.m- M Lypn 12 GONTARD (1) 10 2e es. 3E M Grenoble 12 GRUMEL (l) 09 m. p. E.M.53' M Châlons-sur-Marne 16 — SAGE (1) 07 2e es. 2e M Saintes 21 MERVEILLE (1) 16 2e es. E.M.53' M Ecury-sur-Coole 22 — SOUCHON (1) 08 2e es. 3E M Ecury-sur-Coole 29 = DIGONNET (1) 12 2e ce. 3e M Ambulance 13/1 LER nov. 18 LANDIER Il m.d.l. 7e T Grivy-Loisy 1er -

(1) Epidémie de grippe.


CITATIONS du 53e Régiment d'artillerie de campagne

ORDRE général N° 348 de la Ve Armée, 10 juillet 1918.

Le général commandant la Ve Armée cite à l'ordre de l'Armée : Le 53e Régiment d'artillerie de campagne : « Toujours au péril et à l'honneur. En 1916, a défendu Verdun et combattu victorieusement sur la Somme. En août 1917, devant Verdun, a participé d'une manière décisive à la prise de la cote 304 sous les ordres du lieutenant-colonel PERRIER. Entraîné par ce chef d'élite, vient de faire cent kilomètres en 36 heures pour prendre part à la bataille, mettant en batterie à la fin de la troisième étape. Jeté au dernier moment dans l'action, quand l'ennemi nous poussait déjà vers une rivière, combattant avec celle-ci à dos, chargé d'une mission qui pouvait être de sacrifice, a tenu fermement et, par l'appui efficace apporté à notre infanterie, a permis de maintenir les Allemands sur la rive nord. »

Signé : général BERTHELOT.

(Arrêt sur la Marne de l'offensive allemande du Chemin des Dames, mai-juin 1918).

ORDRE général N° 283 du ge Corps d'Armée, 7 novembre 1918.

Le général commandant le 9e Corps d'Armée cite à l'ordre du Corps d'Armée :

Le 53e Régiment d'artillerie de campagne « Régiment que sa solidité et sa ténacité rendent redoutable à l'ennemi. Après avoir, en juillet dernier, résisté sur place au choc allemand et appuyé en sept jours onze contre-attaques victorieuses, n'ayant pris depuis lors que quatre jours de repos, vient de participer à l'enlèvement de deux fortes positions. Animé par son chef, le lieutenant-colonel PERRIER, de l'esprit d'offensive à outrance, poussant l'ennemi par des sections avancées sur les traces mêmes de notre infanterie, a oublié dan& la poursuite ses pertes et son usure. Troupe admirable d'endurance et d'entrain, formée par l'exemple des officiers dont douze, terrassés par la fatigue et la maladie, sont restés à leur poste jusqu'à l'extrême limite de leurs forces. »

Signé : général GARNIER-DUPLESSIX.

(Offensive de Champagne, puis sur Vouziers, septembre-octobre 1918).


ORDRE général N° 1569 de la IVe Armée, 3 janvier 1919.

Le général commandant la IVe Armée cite à l'ordre de l'Armée : Le 53e Régiment d'artillerie de campagne « Régiment ayant toujours fait preuve des plus belles qualités d'enduranée et d'énergie. Déjà cité à l'ordre du 9e Corps d'Armée pour sa belle tenue pendant la première partie de la bataille de Champagne, (26 septembre au 15 octobre), vient de se distinguer d'une manière plus brillante encore, tant par son habileté manœuvrière que par son entrain, dans le forcement du passage de l'Aisne. Sous l'impulsion énergique et éclairée de son chef, le lieutenant-colonel PÈRRIER, a accompagné toujours au plus près son infanterie, parfois en toute première ligne, en dépit des obstacles matériels très sérieux, multipliés devant lui par l'ennemi, ruptures de ponts, coupures de route, abatis. A puissamment contribué par son action à hâter la retraite de l'ennemi dans la zone d'attaque de la Division. »

Signé : général GOURAUD.

(Passage de l'Aisne, offensive sur Sedan, octobre 1918).

ORDRE général N° 143 F., 3 janvier 1919.

« Le Maréchal de France, commandant en chef les Armées françaises de l'Est, a décidé que les unités ci-dessous auront droit à la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre :

- 53e Régiment d'artillerie de campagne.

!I. <i

Ces unités ont obtenu deux citations à l'ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.

Signé : PÉTAIN.


- INTRODUCTION

Idée d'ensemble des formations d'artillerie ayant porté pendant la guerre le numéro 53.

Le 53e Régiment d'artillerie a été créé le 1er janvier 1911 à ClermofytFerrand par application de la loi du 24 juillet 1909 qui, affectant un Régiment d'artillerie de campagne de plus à chaque Corps d'Armée, porta de 40 à 62 le nombre de ces Régiments.

En cas de guerre, il devait mobiliser : 1° —- les 1er, IIe, Ille et IVe groupes de 75 actifs, à 3 batteries, constituant l'artillerie de corps du 13e Corps d'Armée.

2° — Un groupe de 75 de renforcement, à 3 batteries, constitué par un noyau d'officiers, sous-officiers, brigadiers et canonniers, prélevés sur les trois premiers groupes actifs, complété par des réservistes, groupe affecté à l'artillerie de la Division de réserve mobilisée par le Corps d'Armée (63e D.L).

3° — Une batterie de 75 de renforcement, formée de même par le quatrième groupe actif, destinée à l'Armée des Alpes (1).

4° — Trois groupes de 90 de sortie,. à trois batteries, composés de canonniers de la réserve et destinés, les deux prenliers à la place de Lyon, le troisième à la place de Tenlon.

5° — Des sections de munitions et de parc.

Telles furent les formations effectivement organisées dès la déclaration de guerre. Par la suite, les hostilités se prolongeant et des besoins nouveaux se faisant sentir, des unités nouvelles, portant le numéro53 furent créées et mises sur pied parle Dépôt du 53e. Celui-ci, comme tous les autres Dépôts d'artillerie, eut une tâche de plus en plus lourde. Les noms de ses commandants successifs ne doivent pas être oubliés : chef d'escadron SÉRY, lieutenant-colonel CANDÈZE, chef d'escadron VIALLARD, lieutenant-colonel MULSANT, lieutenant-colonel ARNAUD, lieutenant-colonel BEAU.

Il est à noter qu'après la réorganisation du 1er avril 1917, ce Dépôt fonctionna comme Dépôt commun des 58e, 253e et 263e R. A. C.

Les unités nouvelles qui furent ainsi formées au cours de la guerre sont : 1° — Le Ve groupe de 90 (plus tard 75), à 2 (plus tard 3) batteries, créé le 26 octobre 1914 et complètement organisé à la fin du mois dans la région d'Estrées St-Denis.

(1) Cette batterie faisait partie d'un groupe de l'Armée des Alpes. Dirigée À la mobilisation sur Grenoble, sous le commandement du capitaine CAYROL (L. A. M.), elle n'y resta que quelques jours, fut ensuite transportée avec le 14e Corps sur la frontière d'Alsace et participa aux affaires de Mulhouse en août 1914. Elle fut victime, en septembré, aux environs d'Epinal, d'un très grave accident de chemin de fer qui mit fin à son histoire.


2° — Des batteries de tranchée, à partir des premiers mois de 1915.

Lorsqu'on fut conduit à séparer, dans chaque Division, le commandement de l'ensemble de l'artillerie du commandement du Groupement d'artillerie de campagne (novembre 1916), puis à faire un Régiment homogène de ce Groupement et de chaque Groupement d'artillerie de campagne de Corps d'Armée (avril 1917), il fut procédé à un remaniement du numérotage de toutes les unités d'artillerie de campagne (divisionnaires ou de Corps d'Armée), de tranchée divisionnaires, et de toutes les sections de munitions, de manière à donner à toutes ces formations un même numéro caractéristique dans chaque grande unité. Division ou Corps d'Armée (1).

Le numéro 53 devient alors caractéristique de l'artillerie de la 120e Division, créée en juin 1915. Le 1er avril 1917, les trois groupes de campagne affectés à cette Division, 1er et Ve groupes du 53e Régiment d'artillerie, VIe du 4ge Régiment d'artillerie, devinrent respectivement le 1er, IIe et Ille groupes du nouveau 53" Régiment d'artillerie de campagne. La 117e batterie d'artillerie de tranchée, affectée à la 120e Division et le parc d'artillerie de la Division, gardèrent le numéro 53. Toutes les autres unités portant à ce me ment le numéro 53 en prirent un autre et cessèrent de dépendre du Dépôt de Clermont, sauf

celles qui prirent alors le numéro 253 (artillerie de campagne du 13e Corps), et le numéro 263 (artillerie de la 162e Division).

On comprend qu'il n'est pas toujours facile de débrouiller, pour la présenter clairement, l'histoire compliquée du numéro 53 pendant la grande guerre. On peut toutefois la résumer ainsi : Au 2 août 1914. si l'on fait abstraction du groupe et de la batterie de' renforcement, des trois groupes de sottie, ainsi que des sections de munitions et de parc, il existe un Régiment homogène, celui du temps de paix mobilisé. Il forme l'artillerie du 13e Corps et combat avec celui-ci en Lorraine. Au milieu de septembre, le Corps d'Armée est transporté dans l'Oise et forme un des anneaux de la chaîne qui va s'étendre jusqu'à la mer. Le 53e contribue à arrêter la ruée allemande entre Compiègne et Roye, puis se stabilise là.

Bientôt il est réduit, disloqué. Successivement, son IVe groupe est donné à la 62e Division, (février 1915), son 1er groupe à la 120e (juin 1915), son IIe groupe le quitte pour l'Armée d'Orient (décembre 1916). 4' Pendant ce temps sont créées d'autres unités portant le numéro 53, aux affectations variées. La fin de 1915, toute l'année 1916 et le début de 1917 s'écoulent sans que quelque clarté soit apportée dans ce désordre apparent. En réalité deux Groupements sont alors les héritiers de l'ancien 53e Régiment du temps de paix : - 1° — Le Groupement d'artillerie de campagae du 13e Corps, réduit à deux groupes depuis juin 1915 (formation de la 120e Division) : les IIe et IIIe groupes actifs du 53e jusqu'en décembre 1916 (départ du Ils pour l'armée d'Orient), puis le IIIe groupe de sortie et le IIIe groupe actif du 53e, le IIIe groupe de sortie ayant été

(1) Les unités d'artillerie lourde restant naturellement en dehors de ce système de numérotation.


affecté au 13e Corps le 25 janvier 1917, (en remplacement du IIe" actif). C'est ce Groupement qui est devenu le 1er avril 1917 le 253e' Régiment d'artillerie de campagne à deux groupes.

20 — Le Groupement d'artillerie de campagne de la 120e Division,, constitué en juin 1915 à trois groupes, mais ne comprenant en réalité que deux groupes de l'ancien 53e, le 1er et le Ve, le troisième groupe provenant du 4ge (VIe du 49e).

Enfin à la date du 1er avril 1917, ce Groupement devient un Régiment homogène portant le numéro 53 et reprenant la tradition de l'ancien 53e. *

On verra à la fin de cet historique comment après l'armistice, fusionné avec le 263e, il est devenu le 53e /263e, (puis 218e) Régiment de marche, envoyé en Silésie, actuellement dissôus, tandis que le 253e, organisé à trois groupes d'artillerie de 75 portée au début de 1918, réduit à un groupe par la démobilisation en février 1919, ramené à Clermont en juin, y formait, avec le 271e R. A. C. réduit demême à un groupe, le 53e Régiment d'artillerie de campagne portée (53e R. A. C. P.) actuel. Celui-ci est ainsi le successeur à la fois du 536 Régiment d'artillerie (53e R. A.) d'avant la guerre, dissocié en fait en 1915, et du 53e Régiment d'artillerie de campagne (53e R. A. C., Ier avril 1917-20 janvier 1919), dont les deux citations à l'ordre de l'Ar-mée ont valu la fourragère à l'étendard du Corps.

Pour être complet, il faudrait donc retracer ici l'histoire de toutes les unités qui ont porté, du 2 août 1914 au 1er avril 1917, le numéro 53, puis du 53e Régiment d'artillerie de campagne et des autres unités.

portant le numéro 53 (batterie de tranchée et parc d'artillerie de la 120e Division) dont la destinée a été liée à la sienne jusqu'à sa transformation en 53e /263e de marche (20 janvier 1919).

Mais, afin de ne pas nous perdre dans les détails, envisageant tout d'abord les unités ayant porté le numéro 53 mais n'ayant pas appartenu au Groupement de campagne de la 120e Division (plus tard 53e R.

A. C.), nous nous bornerons pour ces unités aux renseignements strictement nécessaires pour avoir quelque idée de leur destinée. Il est d'ailleurs à présumer que les vicissitudes de toutes celles qui ont pris tôt ou tard un numéro autre que 53 n'ont pas été ou ne seront pas oubliées dans les historiques des Corps auxquels elles ont appartenu en dernier lieu (1).

Ensuite, après avoir tracé à grands traits l'historique du 53e R. A.

dans la première période de la guerre, lorsqu'encore au complet et homogène, il constituait l'artillerie de corps du 13e Corps, nous résumerons l'historique des trois groupes de la 120e Division antérieurement à la formation de cette Division, y compris même celui du VIe groupe du 4ge.

Puis, nous développerons plus spécialement l'historique du Groupement de campagne de cette Division et du 53e R. A. C.

Nous dirons enfin quelques mots de l'existence éphémère des 53e /263e et 218e de marche.

(1) Voir par exemple l'Historique du 53e/2536 Régiment d'artillerie de campagne pendant la guerre 1914-1918, récemment publié, in-8°, 64 pages, Clermont-Ferrand, imprimerie générale.


PREMIÈRE PARTIE

Historique sommaire des formations n'ayantpas appartenu au 53e Régiment d'artillerie de campagne du 1er avril 1917 au 20 janvier 1919.

I. — IIe groupe actif du 53e Régiment d'artillerie.

Le IIe groupe actif du 53e R. A. est parti de Clerrnont sous le commandement du chef d'escadron BONNICHON, constituant le deuxième groupe de l'artillerie de corps du 13e Corps.

Ce groupe a combattu en 1914 en Lorraine, puis devant Compiègne et lllontdidier, région dans laquelle il s'est stabilisé pendant toute l'année 1915. Le commandant BONNICHON mortellement blessé à un observatoire le 27 septembre 1914 a été remplacé par le capitaine MOUTIER, commandant la se batterie du 53e R. A. (1er groupe actif).

En 1916, le groupe a participé à la bataille de Verdun (févriermars) et occupé ensuite le secteur d'Attichy (avril-octobre).

Après avoir été affecté pendant un mois au cours de tir de Laneuville, quittant en décembre 1916 l'artillerie de corps du Ise C.A., il a passé à l'Armée d'Orient. Affecté à la 76e Division, il a pris part avec elle aux combats du lac de Presba (mars 1917).

Devenu le 1er avril 1917 le IIe groupe du 274e R. A. C., il est resté en Orient jusqu'à la fin de la guerre, participant aux combats de la cote 1050 (avril-juin 1917), aux actions dans la région de Monastir (juillet 1917-mars 1918), à la poursuite de l'armée bulgare (septembre 1918), au désarmement de l'armée MACKENSEN et enfin à la répression des émeutes bolchevistes en Hongrie (mars 1919).

II. - IIIe groupe actif du 53e Régiment d'artillerie.

Le Ille groupe actif du 53e R. A. est parti de Clermont sous le commandement du chef d'escadron MULSANT, constituant le troisième groupe de l'artillerie de corps du 13e Corps.

Ce groupe a fait d'abord la campagne de Lorraine (1914), où le commandant MULSANT, blessé le 26 août, a été remplacé par le capitaine VETSCH, commandant la 7e batterie, depuis chef d'escadron, qui conserva ce commandement jusqu'à la fin de la guerre. Puis le groupe a subi les vicissitudes de l'artillerie de campagne du Ise Corps devant Compiègne et Montdidier, (1914-1&16), à la bataille de Verdun (1) (février-mars 1916), dans le secteur d'Attichy (avril-décembre 1916), dans la préparation des grandes attaques du printemps 1917 (région de Machemont) et la poursuite sur St-Quentin (mars 1917).

(1) Le groupe fut cité à l'ordre de la 2e Armée (Ordre général N° 118 du 21 avril 1916).


Au 1er avril 1917, il est devenu le Ier groupe du 253e R. A. C.

commandé par le lieutenant-colonel' d'ALAYER DE COSTEMORE, tandis que le Ille groupe de sortie du 53e en devenait le lIe groupe.

C'est ce Régiment à deux groupes que nous retrouverons-plus loin fréquemment à côté du 53e R. A. C. devant St-Quentin et à la cote 304 et qui, transformé au début de '1918 en Régiment d'artillerie de 75 portée à trois groupes, contribua à former après l'armistice, le 53e R. A. C. P. actuel. ,

III. - IVe groupe actif du 53e Régiment d'artillerie.

Le IVe groupe actif du 53e R. A. est parti de Clermont sous le commandement du chef d'escadron SEGUIN, constituant le quatrième groupe de l'artillerie .de corps du 13e Corps.

Ce groupe a débuté en 1914 en Lorraine, où le commandant SEGUIN, évacué le 22 août, a été remplacé par le commandant CHALLÉAT. Avec l'artillerie de corps du 13e Corps, il a été ensuite transporté et a combattu devant Compiègne et Montdidier, mais en février 1915, il a été attribué à l'artillerie de la 62e Division.

Le commandant SÉRY, commandant le Ve groupe du 53e R. A. en a pris alors le commandement, passant son groupe au

capitaine JoANNÈs, commandant la 12e batterie.

Stabilisée depuis novembre 1914 dans le. secteur RouvroyQuesnoy-Erches, au nord de l'Avre, la 62e Division n'en bougea pas jusqu'à la fin d'octobre 1916. Transportée sur la Somme, elle enleva Ablaincourt, Pressoire (7 novembre 1916) et repoussa, l'attaque allemande sur Pressoire (15 novembre). En mars 1917, elle participa à la marche sur St-Quentin.

Le 1er avril de la même année, son artillerie de campagne fut constituée en 221e R. A. C. Avec la Division, ce Régiment prit ensuite part aux affaires de l'Aisne (mai-juin 1917), à la bataille défensive menée entre Somme et Oise (mars-avril 1918), aux combats sur la Vesle (juillet-septembre 1918), à la poursuite finale jusque sur les bords de la Meuse au nord de Monthermé (Ardennes) (octobre-novembre 1918).

IV. - Groupe de renforcement du 53e Régiment d'artillerie.

Le groupe de renforcement du 53e R. A. est parti de Clermont sous le commandement du chef d'escadron DAUPEYROUX et a fait partie pendant toute la guerre de l'artillerie de la 63e Division. Il a combattu en 1914 sur la Marne, en 1916 et 1917 à.

Verdun, en 1918 sur l'Ourcq. Le 1er avril 1917, l'artillerie de campagne de la 63e Division ayant été constituée en 276e R. A. C., le groupe de renforcement du 53e R. A. est devenu le IIIe de ce.

Régiment. Ce groupe s'est retrouvé avec le_53e R. A. C. devant Verdun dans le secteur ïiHaudromont (novembre 1917). En août, 1918, le 276e R. A. C. a été dissous quand la 63e D.I. a été transformée en lre Division polonaise.


V. — 1er et IIe groupes de sortie du 53e Régiment d'artillerie

Le Ier et le IIe groupes de sortie de 90 (41 e, 42e, 43e batteries, 44e, 45e, 46e batteries) dirigés à la mobilisation sur Lyon, furent réunis le 1er novembre 1916 à un groupe du 28e Régiment d'artillerie, (41 e, 42e, 43e batteries) pour former l'artillerie de campagne de 75 de la 162e Division. Les 3 groupes furent constitués le 1er avril 1917 en 263e Régiment d'artillerie de campagne, sous les ordres du lieutenantcolonel ATGER, plus tard remplacé par le lieutenant-colonel COSTIER.

Avec la 162e Division, en 1917, le 263e prit part jusqu'à la fin de mai à la préparation et à l'exécution de l'attaque de Y Aisne.

De juillet à septembre de la même année, il participa à toutes les attaques de la ire Armée dans les Flandres.

De janvier à mars 1918, il occupa des positions dans le secteur de Juvincourt d'où il fut relevé précipitamment le 26 mars pour venir dans la région de Ressons-sur-Matz (Oise) s'opposer à la marche en avant de l'ennemi.

A partir du 29 mai, dans la région de Vie-sur-Aisne, il contint les nouvelles attaques allemandes.

Il prit part ensuite aux offensives finales, à dater du 18 juillet, dans le Soissonnais, les 18 et 20 août au nord de VAisne, en septembre sur le Chemin des Dames (1).

Enfin, les 53e et 263e R. A. C. ont été fusionnés après l'armistice pour constituer le 53e/263e Régiment d'artillerie de campagne de marche (R. A. C. M.) dans lequel se sont retrouvés finalement de nombreux éléments provenant du 53e Régiment d'artillerie de 1914. Il VI. — IIIe groupe de sortie du 53e Régiment d'artillerie.

Le ITIe groupe de sortie de 90 (47e, 48e, 49E batteries), qui devait être dirigé à la mobilisation sur la place de Toulon, s'embarque à Clermont-Ferrand le 18 octobre 1914 sous le commandement du capitaine DEHOLLAIN et arrive à Movrmelon le 19.

Le groupe combat successivement avec le- 12e Corps, le 2e Corps (31e Division coloniale, attaques de novembre 1914 en Argonne), le 32e Corps, le 2e Corps colonial ( offensive de septembre 1915 en Champagne), le 35e Corps (bataille de la Somme, prise de Vermandovillers, le 17 septembre 1916), le 2e Corps colonial (bataille de la Somme, attaques dans la région de Belloyen-Santerre, 15 octobre 1916). Le commandant BARTRE remplace le commandant DEHOLLAIN le 18 octobre.

Le 25 janvier 1917, le groupe remplace au Groupement d'artillerie de campagne du 13e Corps le IIe groupe actif du 53e qui l'a quitté en décembre 1916 pour l'Armée d'Orient. Il échange alors son matériel de 90 contre du 75.

> (1) Le 263e Régiment a conquis la fourragère aux couleurs de la croix de guerre, (ordre 146 F. du Maréchal de France commandant en chef les Armées françaises, 25 janvier 1919). -


Il prend part à la préparation des grandes attaques du printemps 1917, dans la région de Machemont, puis à la poursuite -sur St-Quentin (mars 1917).

Au 1er avril 1917, il devient le IIE groupe du 253e R. A. C.

commandé par le lieutenant-colonel D'ALAYER DE COSTEMORE, tandis que le IIIE groupe actif du 53e en devient le 1er groupe. Sa destinée est dès lors liée à celle de ce Régiment, dont nous avons parlé ailleurs (1).

VII. — Sections de munitions et de parc.

Sans entrer dans le détail des sections mobilisées par le 53e, rappelons qu'en 1914, chaque Corps d'Armée possédait un parc d'artillerie divisé en trois échelons. Les deux premiers, légers, comprenaient : le premier 4 sections de munitions d'artillerie et 2 d'infanterie, le second 3 sections de munitions d'artillerie et 3 d'infanterie. Le troisième, lourd, se composait de 3 sections de parc et d'une section de réparation. Plus tard, cette organisation fut changée, les parcs de Corps d'Armée furent très réduits par la transformation de nombreuses sections de munitions en batteries et l'attribution à chaque division d'un parc d'artillerie divisionnaire. Celui-ci fut composé d'un état-major, de deux sections de munitions d'artillerie et d'une d'infanterie. Plus tard enfin, les divisions n'eurent qu'une section de munitions d'artillerie.

Le parc d'artillerie de la 120e Division, créé en juin 1915, portait le numéro 53. Il accompagna la Division sur tous les champs de bataille, à Verdun, sur la Somme (1916), à St-Quentin, à Verdun (1917), sur la Marne, en Champagne et en Argonne (1918), sous les ordres successifs des commandants de WOLBOCIC, IGOLEN et du capitaine PARIAS. Sa section de munitions d'artillerie (2) eut son sort plus spécialement lié à celui du 53e R. A. C., souvent séparée de sa Division organique avec lui, exécutant jusqu'aux positions de batteries les ravitaillements les plus dangereux. Il serait injuste de ne pas rappeler dans un historique du 53e le rôle des braves conducteurs des parcs qui, appartenant à des classes anciennes, supportèrent vaillamment toutes les fatigues et tous les dangers.

VIII. -- Batteries de tranchée.

Parmi les batteries de tranchée mobilisées par le Dépôt du 53e, citons celle qui a fait partie organiquement de la 120e Division. Commandée par le lieutenant CAHEN, la 117e batterie de 58, tout comme la section de munitions d'artillerie du parc d'artillerie de la 120e Division, accompagna un peu partout le Groupement d'artillerie de campagne de cette Division (devenu le 53e R. A. C. le 1er avril 1917) ; elle occupa les postes les plus dan-

(1) Voir p. 20.

(2) Capitaine LANco tué à l'ennemi et capitaine PUCHOT. La section de munitions d'infanterie était commandée par le capitaine VAYRON.


gereux en première ligne, coopérant à la préparation et à l'exécution des attaques, et lorsque les circonstances ne permettaient pas de l'utiliser pour des tirs, fournissant des travailleurs et des attelages pour l'aménagement des positions et observatoires.

A la fin de septembre 1917, en raison d'un remaniement dans les numéros des batteries de tranchée, la 117e devint la 101e du 53e. Vers la fin de mars 1918, il fut décidé que l'artillerie de tranchée serait constituée en Régiments dépendant directement des Armées; la 101e passa alors au 176e Régiment d'artillerie de tranchée créé à la 2me Armée ; la 120e Division n'eut plus d'artillerie de tranchée organique.

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DEUXIÈME PARTIE

Le 53e Régiment d'artillerie, artillerie de corps du

13e Corps d'Armée, de la mobilisation à là création de la 12oe Division (2 août 1914 - 14 juin 1915).

Le Régiment s'embarque à Clermont le 8 août 1914 sous le commandement du colonel PILLIVUYT et du lieutenant-colonel LIBMAN.

Les commandants de groupe.sont les chefs d'escadron CHEVALIER (Ier), BONNICHON (lie), MULSANT (Ille), SEGUIN (IVe).

Les commandants de batterie sont les capitaines GÙITTARD (pe), BAUDIC (2e), MOUTIER (3e), LEYDET (4e), BOUÉRY (E. H.) (5e), ESCOT (6e), VETSCH (7e), CHANEL (8e), le lieutenant FAivRE (ge), les capitaines GROGNOT (10e), COLIN (Il e), J OANNÈS < 12e).

Le 538 débarque le 9 dans la région de Passavant (ligne de Jussey à Epinal). En 3 étapes, il se porte à Thaon-les-Vos ges où se trouve'le quartier général du 13e C. A. (1). Ce Corps d'Armée faisait partie de la 1re Armée, général DUBAIL, qui avait pour mission de contenir les forces ennemies opérant en Haute-Alsace tout en prenant l'offensive sur Sarrebourg. Dans cette attaque le rôle principal était dévolu au 8e Corps, concentré au nordouest de Baccarat, entre Meurthe et Mortagne, et au 13e Corps rassemblé à sa droite au nord de Raon-l'Etape, dans la région de Celles-St-Quirin, devant le Donon..

La marche en avant des 8e et 13e Corps commença le 14 août.

L'ennemi manifesta peu de résistance, nous entraînant sur le terrain où il voulait combattre. Le 18 août Sarrebourg fut pris par la 16e Division, mais le 19, l'attaque du 8e Corps se brisa sur les positions allemandes. Le lendemain l'ennemi contreattaqua puissamment, obligeant le se Corps à évacuer Sarrebourg vers midi, tandis que le 13e venu à son aide, tentait d'arrêter la progression allemande. La lre Armée dut, sur l'ordre du G. Q. G. battre en retraite, s'efforçant, au prix d'une semaine de durs combats, de conserver la ligne de Mortagne.

Dans ces opérations, pendant l'avance du début, le 53e, artillerie de corps, fut naturellement peu engagé. Le 20 août, pendant la bataille de Sarrebowrg, les batteries, qui s'étaient d'abord avancées jusqu'à hauteur du village de Hesse, sont obligées de se replier et, tout en appuyant des contre-attaques de nofre infanterie, se trouvent ramenées dans la soirée vers Nitting et Vôyer.

Le lendemain, la situation devient critique. Les Allemands sont déjà à Hesse. Sur les derrières du Régiment, la Sarre n'offre qu'un point de passage. Les groupes du 53e se replient par échelons, occupant des positions successives qu'ils n'aba i-

(1) L'artillerie du 13e Corps était commandée par le général NOLLET.


donnent qu au passage des derniers éléments d'infanterie. Dans la nuit le Régiment bivouaque au sud de Cirey.

Les 22 et 23 août, la retraite continue; le 23 au soir, on est au sud de Rambervillers. Les 24 et 25 août, le 13e Corps soutient de violents combats entre Meurthe et Mortagne, pendant lesquels le 53e Régiment se porte en avant sur la rive droite de la Mortagne.

Mais le 26, la position devient intenable, il faut repasser la rivière et des éléments ennemis prennent pied sur la rive gauche.

Le 27, un effort vigoureux les en chasse, nous conservant Rambervillers, puis la situation se stabilisa en avant de cette ville.

Dans les jours qui suivent, le 13/ Corps met son artillerie de corps au service de ses voisins de droite et de gauche pour deux opérations : à droite pour barrer à l'ennemi la route de Raonl'Etape à Rambervillers (26e D.I. et Division provisoire BARBOT), à gauche pour une action offensive (25e D.I. et 8e Corps).

Enfin à partir du 10 septembre, le 53e, ramené en arrière, est embarqué à Darnieulles, près d'Epinal, apprenant avant son départ les premières nouvelles de la victoire de la Marne. Le 13e Corps tout entier est transporté sur l'Oise.

Débarqué dans la région de Creil, le Régiment est dirigé vers Noyon, mais le 16 septembre à Montmacq, il est coupé en deux : le Ille et le IVe groupes rejoignent le 13e Corps, face à Lassigny, tandis que le 1er et le IIe prennent part les 17 et 18 aux combats livrés par une Division d'Afrique devant Carlepont et ne rejoignent le 13e Corps que le 19.

Le 53e participe ensuite aux violents combats engagés les 21 et 22 septembre pour reprendre Lassigny.

Le 25, le 1er groupe est porté vers le nord et pendant une vingtaine de jours contribue, avec un groupe du 16e, à arrêter les Allemands après la prise de Roye. Il est rendu au 13e Corps le 13 octobre.

Au milieu d'octobre 1917, les groupes de l'artillerie de campagne du 13e Corps étaient répartis sur le front étendu, d'environ 30 kilomètres, que tenait le Corps d'Armée (général ALIX), depuis l'Oise jusqu'à la route de Roye à Mo'ntdidier. C'est l'époque où, dans cette région, après les mémorables batailles de la fin de septembre et du commencement d'octobre, auxquelles le 53e avait participé comme nous venons de le voir, le front se stabilisa ; des deux côtés adverses, des positions défensives furent créées et perfectionnées.

Dès lors, ce fut la guerre de secteur, comportant pour l'artillerie les bombardements par tirs réglés de l'ennemi, causant des pertes imprévues et stupidement inutiles, les tirs quotidiens de représailles suivant un programme minutieusement étudié et sans cesse remanié, les appuis aux coups de mains de l'infanterie, les alertes et barrages de nuit, les changements de position que la troupe ne s'expliquait pas et qui l'énervaient, les travaux d'organisation sur le terrain pour de multiples positions qui ne furent jamais occupées, les projets d'offensive jamais réalisés, sinon sur le papier, les revues, les inspections, le service courant,.


le train-train quotidien de l'existence comme au quartier.

C'est cette vie que les groupes de l'artillerie de corps vont mener jusqu'à la bataille de Verdun. Ainsi, durant plus d'une année, toujours en face de Ribécourt, Lassigny ou Roye, chacun d'eux ne connaîtra que quelques positions dont les plus écartées seront à peine distantes d'une vingtaine de kilomètres.

Il serait d'une fastidieuse monotonie de noter les tirs et coups de mains exécutés ou subis, les extensions et resserrements du front, les changements continus d'organisation que l'on pourrait citer pendant cette période.

Il suffira d'indiquer : 1° — Fin octobre 1914, la mise en ligne du Ve groupe du 53e (2 batteries de 90) tout récemment créé, transformé au mois de février suivant en groupe à 3 batteries de 75.

2° — Le 24 février 1915, l'affectation à l'artillerie du 13e C. A.

du VIe groupe du 49e (3 batteries de 75 aussitôt transformées en batteries de 90), en remplacement du IVe groupe du 53e (3 batteries de 75) affecté à la 62e D.I.

30 — Le 14 juin 1915, la formation de la 120e D.I., dont l'artillerie est contituée par 3 groupes enlevés à l'artillerie de corps du 13e Corps : le 1/ 53, le V/ 53, le VI/ 49.

A partir de cette époque, des quatre groupes du 53e partis de Clermont avec le colonel PILLIVUYT, il ne restait plus sous ses ordres que les IIe et Ille groupes actifs. En fait, l'ancien 53e Régiment d'artillerie n'existait déjà plus, lorsque ce colonel prit le commandement de l'artillerie lourde du 13e Corps, remplacé le 15 janvier 1916 par le lieutenant-colonel d'ALAYER DE COSTEMORE dans le commandement de l'artillerie de campagne du Corps d'Armée, réduite aux deux groupes précités.

Le IIe groupe actif, dirigé sur l'armée d'Orient en décembre 1916 et devenu plus tard IIe groupe du 274e R. A. C. ( 1er avril 1917) fut remplacé le 25 janvier 1917 par le IIIe groupe de sortie du 53e. C'est le Groupement composé des Ille actif et IIIe de sortie qui a formé le 253e R. A. C. le 1er avril 1917.

L'histoire des IIe groupe actif, IIIe groupe actif et IIIe groupe de sortie postérieurement, au 1er avril 1917 fait donc plus spécialement partie de celle des 274e et 253e R. A. C. auxquels ils appartinrent à partir de cette date.

L'artillerie de campagne du 13e C. A. a d'ailleurs disparu complètement, quand le 253e R. A. C. à 2 groupes hippomobiles, transformé au début de 1918 en Régiment d'artillerie de 75 portée à 3 groupes, a été affecté à la Réserve générale d'artillerie (5e Division), à la disposition du G. Q. G.


TROISIÈME PARTIE Historique spécial des trois groupes ayant constitué, plus tard, le 53e Régiment d'artillerie de campagne, de leur origine à la création de la 120e Division (14 juin 1915)'

CHAPITRE 1

1er groupe du 53e Régiment d'artillerie.

(2 août 1914-14 juin 1915) L'historique rapide de l'artillerie de corps du 13e Corps esquissé plus haut donne déjà une idée générale des mouvements du Ier groupe en Lorraine et dans la - région face à Ribécourt, Lassigny et Roye, depuis l'ouverture des hostilités jusqu'au 14 juin 1915.

Au dépai't'\le Clermont, le groupe est commandé par le chef d'escadron CHEVALIER, les commandants de batterie sont les capitaines GUITTARD (LRE), BAUDIC (2e), MOUTIER (3e). Le groupe fait sa première mise en batterie le soir du 14 août au nord d'Harbouey et quelques obus fusants lui donnent le baptême du feu.

Le 21 août, se retirant le dernier du plateau de Nitting et déjà pris sous les balles de l'infanterie allemande, il couvre la retraite de la 25e D.I. par l'unique pont de la Sarre; il ne quitte Niderhoff qu'après le passage de toute l'infanterie, soutenu par une section de mitrailleuses du 3e chasseurs.

Dans les combats dont l'enjeu est la ligne de la Mortagne et la possession de Rambervillers, le 25 août, en batterie entre Rovilleaux-Chênes et Saint-Pierremont, sans ordres ni liaisons, il soutient une contre-attaque de ce dernier village qui est pris, repris et abandonné. Le lendemain 26, en position au sud de Saint-Mauricesur-Mortagne, il couvre le repli de la 25e D. I. par le pont de ce village, mais des mitrailleuses ennemies tirent à vue sur lui, les lieutenants COLLET, BOUÉRY (PAUL), JOUVE, sont blessés, le groupe retire à grand peine ses canons ; la 2e batterie, la plus exposée, doit laisser sur la position six caissons qu'un sous-officier volontaire vient reprendre à la tombée de la nuit.

Dans les combats livrés au commencement de septembre sur la droite du 13e Corps, le 7, en position au nord de Bru, le groupe empêche les Allemands de déboucher des bois d'Hertemeuche.

Puis le groupe est transporté sur l'Oise. Débarqué à Creil le 15 septembre, séparé ensuite, ainsi que le IIe groupe, de son Corps d'Armée, il soutient les 17 et 18 une Division d'Afrique devant Carlepont. Le 17, une section de la lre batterie, en position à la sortie de la forêt de Laigle, au nord de St-Léger-auxBois, reçoit sans s'émouvoir un tir de 77 des mieux réglés.

Rendu le 19 à son Corps d'Armée, le groupe appuie ensuite les attaques du Régiment d'infanterie coloniale du Maroc, sur


Lassigny, les 21 et 22. Les plus acharnées sont les deux attaques du 22. Le groupe, en batterie à 2 kilomètres à l'ouest du Plessierde-Roye, contribue, comme toute notre artillerie, à inonder de projectiles le, malheureux village attaqué, mais il est lui-même copieusement arrosé par les obusiers ennemis. La lre batterie est particulièrement mise à mal ; elle a deux canons et un caisson détruits. A partir du 29, ainsi qu'un groupe du 16e (26e D.I.), le Ier groupe du 53e combat en face de Roye avec le 4e Corps auquel les Allemands viennent d'enlever cette ville.

La journée du 29 est remplie par de faux mouvements extrêmement pénibles.

Le 30, le commandant CHEVALIER est légèrement blessé.

Le 1er octobre, le groupe accompagne la retraite de l'infanterie et se porte au Quesnoy-en-Santerre où il conserve ses positions le 3 et le 4. Mai; le 4, Andechy et Villers-les-Roye sont pris par l'ennemi, Damery est évacué par nous, la 16e brigade (8e D. I. du 4e C. A., 115e et 117e R. I. ), se replie, et le groupe rétrograde jusqu'à Bouchoir.

Passé sous les ordres de la 62e D. I. le 6j il tire sur Parvillers et le Quesnoy, et à partir du 7, cantonné à Hangest-eh-Santerre, il vient tous les jours occuper des positions de batterie et exécuter des tirs à Folies.

Enfin, le 14 octobre, il est rendu au 13e Corps et mis en batterie au sud de Tilloloy.Alors commence pour lui cette vie monotone de secteur qui a été décrite. Son existence ne présente pendant les 8 mois qui se sont écoulés jusqu'à son affectation à la 120e D. I. d'autre événement à noter que le départ du commandant CHEVALIER, rappelé à l'intérieur, remplacé comme commandant de groupe par le commandant KELLER en mai 1915.

Le 14 juin 1915, le 1er groupe du 53e passa à la 120e Division, constituée ce même jour, et devint le premier groupe de son artillerie divisionnaire.

CHAPITRE II Ve groupe du 53e Régiment d'artillerie.

(26 octobre 1914-14 juin 1915) Ce groupe a été créé le 26 octobre 1914 et complètement organisé à la fin du mois dans la région d'Estre'es-St-Denis, sous les ordres du commandant SÉRY, précédemment major du Régiment. Il se composait au début de 2 batteries à 6 pièces de 90, la 13e et la 14e du 53e, obtenues respectivement par transformation de deux sections de munitions d'artillerie des 16e et 36e Régiments supprimées.

Mis ensuite A la disposition du colonel commandant l'artillerie de corps du 13e Corps d'Armée, il a été amené dans le secteur alors occupé par ce Corps d'Armée.

Le 1 er février 1915, le commandant SÉRY, prenant le commandement du IVe grtmpe du 53e, en remplacement du commandant


CHALLÉAT, cédait celui du IIE groupe au capitaine JOANNÈS (1), commandant la 12e batterie (IVe groupe).

Les commandants de batterie étaient les capitaines CHALAUX (13E) et WEILLER (14e).

Le groupe avait ses batteries en position sur le plateau de St-Claude, au sud-ouest de Lassigny.

Le 1er mars, avec des éléments empruntés à une section de munitions, une troisième batterie (15e du 53e) fut créée au Ve groupe, sous le commandement du capitaine JOURDAN.

Le groupe, ainsi constitué à 3 batteries, vint occuper des positions au nord de Machemont, en échangeant son matériel de 90 contre le matériel de 75 du VIe groupe du 49e.

| Pendant les mois. suivants, le Ve groupe s'éternisa sur ses positions sans aucun incident digne d'être signalé.

k* Enfin, le 14 juin 1915, il passa à la 120e Division, constituée ce même jour, et devient le deuxième groupe de son artillerie divisionnaire.

CHAPITRE III

VIe groupe du 49e Régiment d'artillerie.

(2 août 1914-14 juin 1915) Le VIe groupe du 4ge Régiment d'artillerie a été constitué dès la mobilisation à Poitiers, sans chevaux ni matériel, sous le commandement du chef d'escadron MERCIER.

Les commandants de batterie étaient les capitaines CARCHEREUX (41 e), LucAs (42e), LABEYRIE (43e). Les canonniers étaient des hommes des plus jeunes classes de la réserve provenant des 20e, 33e et 49e Régiments.

Affecté à la 86e Division territoriale du camp retranché de Paris, le groupe, cantonné à Sannois, toucha, dans le courant d'août, ses chevaux, ses canons de 75 et ses munitions. Ainsi organisé, il resta onze semaines dans la région au nord de Paris, ayant pour cantonnements successifs principaux Sarcelles, Gonnesse, Le Mesnil-Aubry, complétant son instruction et son entraînement et exécutant des constructions de batteries.

La bataille de la Marne n'eut d'autre effet sur lui que des marches et contre-marches sans aucune ouverture de feu.

Au milieu de décembre, la 86e Division quitta enfin le camp retranché de Paris pour être mise à la disposition de la 6e Armée (général MAUNOURY).

Le 30 décembre les batteries prirent pour la première fois position en face de l'ennemi dans le secteur Armancourt-Marquivillers-Bus, à cheval sur la route de Montdidier à Roye.

Le groupe est mis à la disposition de la 26eD.I. du 13e Corps.

Chaque batterie est jumelée avec une batterie du 16e. Le groupe va dès lors mener la vie monotone de secteur jusqu'au jour où brusquement, le 23 février 1916, il partira pour Verdun, n'ayant occupé en 14 mois que 3 positions différentes.

(1) Promu chef d'eseadroif à 1. 1. à la fin du-mois-de mai suivant.


Le 24 février 1915, il quitte l'A. D. 26 pour remplacer à l'A. C. 13 le IVe groupe du 53e (commandant SÉRY) affecté à la 62e D. I. Il change de matériel avec celui-ci, en prenant ses positions au nord-est de Machemont. Presque aussitôt, il échange encore son matériel avec le Ve groupe du 53e (commandant JOANNÈS) qui comprenait seulement 2 batteries de 6 pièces de 90 et se trouve transformé en groupe à 3 batteries de 75.

Les 3 batteries du VIe groupe, armées à présent chacune de 4 pièces de 90, occupent sur le plateau St-Claude au sudouest de Lassigny (41e et 42e) et à Conchy-les-Pots (43e), des positions dont elles ne bougeront pas pendant près de onze mois.

Le 14 juin 1915, le VIe groupe du 4ge Régiment d'artillerie passe à la 120e D. I. constituée ce même jour, et devient le troisième groupe de son artillerie divisionnaire.


QUATRIÈME PARTIE

L'artillerie de campagne de la 120e Division avant la création du Groupement d'artillerie de campagne divisionnaire (t4 juin 1915 - 4 janvier 1917).

CHAPITRE 1er

Création de la 120e Division. - Secteurs de Marest-sur-Matz et de'Piennes.

(14 juin 1915-février 1916) La 120e Division fut constituée le 14 juin 1915 à Margny-surMatz d'une Brigade ancienne, la 49e, prélevée sur la 25e Division, et d'une Brigade de nouvelle formation, la 303e. Son état-major, ses services et sa cavalerie provenaient de la 86e Division territoriale, dissoute le 1er juin.

Le général NICOLAS commandait la Division. La 49e Brigade, sous les ordres du général MORDACQ, comprenait le 38e (1) et le 86e (2) R. I.; la 303e Brigade, commandée par le général XARDEL (3), comprenait les 408e et 409E R. I. ;:: La 4ge Brigade s'était illustrée à maintes reprises en dix mois de guerre. Le colonel MORDACQ, du 10e Régiment de chasseurs, en avait pris le commandement le 14 octobre 1914.

La 303e Brigade était composée d'hommes de la classe 1915 encadrés par des officiers et des anciens blessés du début de la guerre.

L'artillerie divisionnaire, placée sous les ordres du lieutenantcolonel CHALLÉAT (P. C. Marest-sur-Matz), fut formée de trois groupes, 1er (de 75) du 53E (commandant KELLER), Ve (de 75) du 53E (commandant JOANNÈS), vie (de 90) du)ge (commandant MERCIER), que l'on appela dès lors respectivement 1er, IIE et 1 IIE groupes de l'A. D. /120.

On vient de lire l'historique spécial de ces groupes avant le 14 juin 1915, donnant les positions qu'ils occupaient à cette date.

Les deux groupes du 53e étaient recrutés en majeure partie parmi les montagnards de l'Auvergne (Puy-de-Dôme, Cantal, Hte-Loire), le groupe du 49e était composé de Poitevins. Le 1er groupe, ancien 1er groupe du Régiment actif d'avant guerre, était formé de classes bien plus jeunes que les deux autres. Peu à peu, par le jeu des pertes et des renforts, ces différences s'atténuèrent de plus en plus. Tant que le groupe du 4ge ne fut pas armé de canons de 75, c'est-à-dire avant la fin de mai 1916, il joua quelque peu un rôle à part, en raison des propriétés différentes de son armement. Tant qu'il ne prit pas le N° 53, c'est-à-

(1) Garnison d'avant-guerre : Sl-Etienne.

(2) Garnison d avant-guerre : Le Puy.

(3) Remplacé en décembre 1915 par le colonel NAULIN.


dire avant le 1er avril 1917, il conserva une certaine individualité.

Mais après cette date, les nominations, promotions et mutations de gradés et d'officiers se firent d'un des trois groupes à un autre groupe quelconque, sans distinction aucune. Leur ensemble finit ainsi par acquérir l'homogénéité bien nécessaire qui distingua le 53e R. A. C.

La Division reçut ultérieurement une batterie de 58 du 53e, la 117e, et un parc d'artillerie (P. A. D. 120) composé d'un état-major et de 2 sections de munitions, l'une d'infanterie, l'autre d'artillerie.

Pendant 8 mois encore, les groupes de campagne de la 120e Division, déjà figés sur leurs positions, allaient, dans la même région, mener la même existence. Les mouvements que l'on peut noter durant cette longue période sont insignifiants : changements de cantonnements des échelons, déplacements temporaires de batteries ou de sections isolées en vue d'une petite opération ou d'un coup de main, etc.

A partir du 1er novembre 1915, les éléments de la 120e D.L furent successivement retirés du front pour exécuter des manœuvres d'instruction dans la région de Montdidier. Le Ve groupe y participa d'abord, puis le Ier groupe. Remise en ligne, la Division vint occuper le secteur de Piennes, face à Roye. Le Ier groupe prit position sur la route de Grivillers à Bus; le Ve dans la région Laboissière- Guerbignu ; le VIe groupe resta sur le plateau SaintClaude. Les trois groupes ne devaient être tirés de cette situation que plus de deux mois après, par les événements de Verdun.

Si la période de juin 1915 à février 1916 ne fut marquée pour la 120E Division par aucun événement de guerre, elle fut féconde en études, expériences et manœuvres de toutes sortes. Les officiers et les troupes s'entrainaient, sans s'en douter, pour l'effort qu'ils allaient donner à Verdun. Ils s'habituaient aussi aux missions de sacrifice : de nombreuses sections avancées placées pour gêner de plus près l'ennemi, souvent fortement prises à parti, ripostèrent vigoureusement sous le feu. On peut citer par exemple le bombardement d'une section de la 43e,.

installée à 1500 mètres à l'est de la Marlière, où, le 29 juin et le 15 septembre, le lieutenant DEMOTES-MAINARD qui, après de nouveaux exploits à Verdun, devait trouver sur la Somme une mort glorieuse, reçut ses premières blessures et mérita une citation à l'ordre de l'Armée.

Brusquement le 18 février 1916, la 120e D. I. est relevée par la 10e Division d'infanterie coloniale et transportée dans la région de Montdidier pour être embarquée en chemin de fer. Les trains de l'artillerie, partant de Dompierre-Ferrières, se succèdent à partir du 23 à 18 heures. La 120e Division va être jetée avec le 13e Corps dans la fournaise de Verdun.

CHAPITRE II Verdun.

(Février-avril 1916) C'est le moment tragique où le communiqué allemand annonce au monde entier la prise du fort de Douaumont. Il


n'y a pas un instant à perdre. La 120e Division, débarquée dans la région de Ste-Ménehould, est portée en ligne en toute hâte.

Son infanterie va tenir le front d'Eix à Vaux-les-Damloup, tandis que l'artillerie, mise à la disposition de la 13e Division, prend position à l'est de Verdun, sur les côtes de Meuse, en face de Fresnes-en-W oëvre.

Barrant dès le 2 mars la route à l'ennemi, les 49e et 303e Brigades subissent et repoussent l'assaut allemand des 8 et 9 mars contre le fort de Vaux.

Pendant ce temps, l'artillerie se couvre aussi de gloire ailleurs.

Contournant la forêt d'Argomie par le sud, elle arrive le 28 à Dugny. La marche en une seule colonne, avec l'infanterie de la Division, a été des plus pénibles. A Lemmes, au croisement de la route de Bar-le-Duc à Verdun (la Voie sacrée), encombrée de convois automobiles allant dans les deux sens, la colonne a été constamment coupée.

Vers 22 heures, les reconnaissances sont lancées en avant malgré la nuit, et les batteries prennent position dans la matinée du 29 entre le fort du Rozellier et IIaudiomont.

La position exacte des lignes amies et ennemies est des plus incertaine. Pas de fils de fer, aucune organisation de secteur.

Les observatoires sont des points quelconques des côtes de Meuse.

Les objectifs sont variables et imprécis ; on ne peut que répartir entre les trois groupes le terrain à battre ; les tirs sont très délicats, les deux infanteries adverses étant toujours presque au contact.

Nous venons d'évacuer la Woëvre ; Fresnes. où notre infanterie est presque encerclée, tombera le 2 mars. Heureusement notre artillerie occupe sur les hauteurs des positions incomparablement plus avantageuses que celles de l'ennemi dans .les plaines marécageuses de la f Voëvre.

Bientôt, le froid, la neige et le brouillard éprouvent beaucoup le personnel et les animaux restés sans abri, mais en revanche amènent un peu d'accalmie dans le secteur.

C'est pendant cette période, le 5 mars, que le capitaine BAUDIC, commandant la 2e batterie du 53e, a pris le commandement du VIe groupe du 49E, en remplacement du commandant MERCIER, évacué.

Les 11 et 12 mars, les trois groupes furent relevés et concentrés à Landrecourt. Mais, sans délai, ils furent reportés en ligne, cette fois dans le secteur où la 120e Division venait de repousser brillamment les attaques des 8 et 9 mars.

Après une reconnaissance mouvementée au cours de laquelle le lieutenant MONNIER, de la 1 re batterie, fut grièvement blessé, le 1er groupe se plaça, dans la nuit du 12 au 13, au sud de la route de Verdun à Longwy, au sud du fort de Tavannes et à l'ouest du fort de Moulainville. La nuit suivante, le Ve prit position à 200 mètres à l'ouest du fort de Tavannes, le VIe dans le bois de La Laufée en avant de la sortie nord-est du tunnel. La D. I.

et l'A. D. étaient au fort de Tavannes. Mais bientôt, le 16 mars, l'infanterie de la 120e D. I. fut relevée et mise au repos dans la région de Stainville.


Jamais encore les groupes n'avaient occupé de positions si précaires et si dangereuses, ni soutenu une lutte d'artillerie poussée à un tel paroxysme. Les pièces, à peine défilées, étaient, dès qu'elles tiraient, repérées et aussitôt en butte à des tirs de destruction de gros calibre; plusieurs canons étaient journellement mis hors service.

Des boyaux creusés hâtivement permettant seuls d'abriter un peu le personnel, les pertes sur les positions étaient continuelles. La 41 e batterie avait hérité d'une position où la batterie relevée n'avait plus qu'un sous-officier et 8 hommes. Il faut enregistrer la mort du lieutenant DUGAS, de la LERE batterie, qui, le 18 mars, n reconnaissance avec le capitaine PEILLOT, fut frappé d'un éclat dans les reins et succomba presque aussitôt, et celle du maréchal-des-logis-chef GRENIER, de la 15e, mortellement blessé à sa batterie le 21. Les échelons ne souffraient pas moins : établis à la caserne Treuille de Beaulieu, ou avec la 117e batterie d'A. T. dans le ravin à l'est de Belrupt, ils avaient à assurer des ravitaillements intenses, souvent deux fois par jour, les consommations quotidiennes normales étant de 150 à 200 coups par pièce.

Les objectifs étaient la route d'Eix à Ornes, le village de Dieppe, la ferme de la Plume, les bois du Grand et du Petit Chenas, garnis de batteries ennemies. C'est dans l'organisation de l'observation qu'officiers, canonniers, téléphonistes et coureurs, déployèrent une énergie à peine croyable. Les P.

C., notamment l'entrée du fort et la sortie nord-est du tunnel de Tavannes, étaient neutralisés en permanence par des obus de gros calibres. Le meilleur des observatoires était le fort de Vaux qui a des vues merveilleuses sur la JVoëvre ; les groupes avaient à se tenir constamment en liaison avec l'infanterie qui l'occupait. Les lignes téléphoniques, sans cesse coupées par le bombardement ennemi, étaient inutilisables ; les signaux optiques rendaient peu de services à cause du brouillard, de la poussière ou de la fumée produite par les obus. Il fallut faire assurer ce service de liaison des plus dangereux par des coureurs et même des officiers. Vers le 22 mars, le lieutenant DEMOTESMAINARD, faisant preuve à son habitude d'un courage presque téméraire, réussit à établir en deux nuits une ligne enterrée reliant le VIe groupe au fort, mais coupée presque aussitôt, elle fut inutilisable.

Depuis leurs fortes attaques des 8 et 9 mars, les Allemands, qui avaient conservé le village de Vaux, tentaient de se rapprocher du fort par infiltration la nuit et étaient arrivés à établir des tranchées à 50 mètres à peine des parapets. Les groupes coopérèrent les 17 et 18 mars à la préparation d'une attaque sur le village, exécutée le 19 au petit jour, qui nous valut un redoublement d'activité de l'artillerie ennemie dans la semaine suivante. —

Enfin, du 28 mars au 1er avril, les trois groupes furent retirés du front. Ensuite, en trois étapes, ils furent transportés au sud de St-Dizier sur la Marne. Embarqués avec la Division à Eur- ville et Bienville, ils débarquaient les 4 et 5 avril au sud de la


forêt de Compiègne, à Orrouy-Glaignes, puis étaient mis au repos : le 1er à Néry, le Ve à Béthizy-St-Martin, le VIe à Béthizy-StPierre avec l'A. D.

CHAPITRE III Secteur d'Attichy.

(Avril-août 1916) Le repos de la 120e Division ne fut marqué, pour l'artillerie, que par l'arrivée au 1er groupe, le 18 avril, du commandant JACOBI, de l'artillerie coloniale, succédant au commandant KELLER, promu lieutenant-colonel à t. t.

Bientôt la Division fut remise en ligne pour tenir le secteur d'Attichy au nord de l'Aisne (P.C. château de Stt-Claire), secteur considéré comme calme à cette époque, mais où néanmoins l'infanterie s'usait sans gloire et éprouvait des pertes quotidiennes, aux nombreux points de friction où la lutte pour la conquête de quelques éléments de tranchée ne cessait jamais. L'artillerie de campagne par contre, si éprouvée à Verdun, disposa d'allocations très faibles et jouit d'une tranquilité relative, d'autant plus que le secteur possédait de nombreuses batteries de position de tous calibres.

Du 27 au 28 mai, le VIe groupe échangea son matériel de 90 contre du 75. Le 18 juin, le lieutenant-colonel CHALLÉAT, commandant l'artillerie de la Division, fut nommé au commandement du 86e Régiment d'artillerie lourde et remplacé par le lieutenant- colonel de LACOMBE. Celui-ci, promu colonel en janvier 1917, conserva le commandement de l'A. D. /120 jusqu'à la dissolution de la Division.(20 janvier 1919).

Les 3 et 4 juillet, pour détourner l'attention de l'ennemi au moment où s'engageait la bataille de la Somme, coups de main sur le saillant Balthazar qui avaient été l'objet d'une minutieuse étude depuis le 19 juin, et motivèrent des préparations d'artillerie importantes, (destructions, brèches, etc.) ainsi qu'un déplacement temporaire des P. C., sans grand résultat autre que la destruction du saillant.

CHAPITRE IV La Somme.

(Août-novembre 1916) Mais depuis plus d'un mois, par les soirées calmes, on entend au nord la canonnade de la Somme. La 120e Division, à son tour, va prendre part à la bataille.

Du 22 au 24 août, les groupes sont relevés. Toute l'artillerie de la Division, marchant à peu près sur une seule route, arrive le 27 au camp d'instruction de Crèvecœur, vaste région où les divisions venaient s'entraîner avant d'être jetées dans l'action.

Le 3 septembre on se remet en route. Du 4 au 8, nouvelles manœuvres dans la zone à l'ouest de Montdidier. Le 9, par Hangest-en-Santerre, les groupes sont portés près de Caix.

La 120e Division entre en ligne face à Vermandovillers ; la 303e Brigade à gauche, la 49e à droite, (P. C. de la D. I. à la Maison Blanchet dans une carrière à l'est de Framerville).


Les positions des groupes sont prises dans les deux nuits du 10 au 12 : le Ier groupe en lisière d'Ilerleville, le Ve et le VIe à l'est de Vauvillers.

Il y a dans le secteur une accumulation d'artillerie lourde et de tranchée qui fait prévoir une attaque prochaine.

Les destructions commencent aussitôt. Le 15 septembre, les consommations de munitions sont portées à 250 coups par pièce et par jour.

Le 17, après une préparation d'artillerie d'une heure, la 4ge Brigade, renforcée par un bataillon du 408e, attaque Vermandovillers à 14 heures 45. Trois quarts d'heure après, 850 prisonniers, 20 canons de tranchée, de nombreuses mitrailleuses, sont entre nos mains ; tous les objectifs sont atteints, sauf à gauche le bois du Cerisier, où le Ier bataillon du 86e, appuyé par le VIe groupe, a été arrêté par un feu terrible de mitrailleuses soigneusement camouflées sous abris bétonnés.

En pleine bataille, le colonel NAULIN, promu général, cède le commandement de la 303e Brigade au général POLLACCHI ; quatre jours après la prise de Vermandovillers, le général NICOLAS, atteint par la limite d'âge, est remplacé à la tête de la 120e Division par le général MORDACQ et celui-ci à la tête de la 4ge Brigade par le colonel ECOCIIARD.

On crut d'abord pquvoir poursuivre aussitôt* le beau succès obtenu, en poussant sur Ablaincourt et Pressoire, mais le mauvais temps commença, les pluies détrempèrent le sol, toute préparation sérieuse devint impossible ; le secteur fut alors organisé en secteur défensif, divisé en deux sous-secteurs de brigade, séparés par la route de Vermandovillers à Ablaincourt.

Les derniers jours de septembre furent consacrés à de nouveaux projets d'attaque. Du 23 au 25, les Ve et VIe groupes furent portés en avant de 2 kilomètres environ, non sans difficulté, dans un terrain complètement bouleversé, jonché de grenades non éclatées, le Ve à l'est d' Ilerleville, au nord du bois Etoile, le VIe à 1 kilomètre au sud-ouest de Vermandovillers, entre le bois Madame et la carrière Parison.

Le 2 octobre, on commença les destructions, toujours fort gênées par le temps ; le ravitaillement des batteries de tranchée par des boyaux boueux, glissants, souvent noyés dans l'eau, devenait de plus en plus pénible ; l'artillerie allemande réagissait fortement.

Néanmoins l'offensive se déclenche dans l'après-midi du 10 sur tout le front de la Division. Tandis qu'à droite la 4ge Brigade atteint tous ses objectifs jusqu'aux lisières d'Ablaincourt, malgré les barrages violents de l'artillerie allemande, à gauche la 303e, par un mouvement offensif tournant, poursuivi dans la nuit, attaque le village par le nord. Cette même nuit le Ier groupe reconnait et occupe une nouvelle position près du bois Etoilé. Sur notre droite, du côté de la 51e D. I. (rattachée alors au 10e C. A.) une contre-attaque allemande est arrêtée par notre artillerie.

C'est le lendemain Il octobre que l'héroïque lieutenant DEMOTES-MAINARD, de la 43e batterie, trouva la mort glorieuse qu'il


avait tant de fois défiée. En liaison avec l'infanterie, en faisant installer une ligne téléphonique dans un boyau conquis la veille, celui du Serpentin, il eut la tête emportée. La veille, il avait conduit à l'assaut une compagnie d'infanterie dont tous les officiers étaient hors de combat. Le lendemain, le lieutenant MOREY de la 41e, qui l'avait remplacé au même poste dangereux, fut grièvement blessé au bras.

Dès le 12, la consommation journalière en munitions fut réduite. Les 20 et 21 l'artillerie de la Division appuya, sur la droite de la Division, une attaque de la 62e D.I. qui réussit pleinement.

Le 25 octobre, l'artillerie de la 120e D. I. éprouva encore une perte des plus sensibles dans la personne du capitaine BULTEUX, commandant la 2e batterie, atteint à la gorge par un éclat d'obus de 150 tombé sur son P. C. au moment où il expliquait à son lieutenant le plan de la prochaine attaque.

Officier modèle et d'avenir, il revenait de permission, heureux de participer à celle-ci.

La Division, épuisée, vivant dans la boue depuis plus d'un mois, fut relevée par la 62e et retirée du front le 27 octobre, pour être reconstituée dans la région de Beauvais ; mais tandis qu'elle était suivie par l'A. D., la 117e batterie de tranchée, le P. A. D./120 et le 1er groupe, les deux autres groupes, par un privilège dont l'artillerie a fréquemment joui, allaient rester encore plus de trois semaines dans le secteur.

Le Ier groupe, concentré le 29 octobre à lUailly-Raineval au sud-ouest de Moreuil, porté le 8 novembre à Haudivillers, au nord-est de Beauvais, croyait avoir quelque repos, lorsque brusquement il fut mis en route le 16 et amené en position le 19 à la lisière ouest de Soyécourt, pour être ramené en arrière la nuit suivante sans s'être expliqué les motifs de cette fugue.

Pendant ce mois de novembre, le destin des deux autres groupes fut plus agité. Ils étaient' restés en secteur, sous le commandement du colonel LIPS, devant participer à une importante opération préparée par la 62e D.I. pour s'emparer d'une partie d'Ablaincourt encore aux mains des Allemands et de Pressoire. Comme pour les offensives précédentes, le mauvais temps contraria sérieusement la préparation. L'infanterie attaqua le 7 novembre à 9 heures 55, sous la pluie, sur un sol détrempé et glissant, avançant à une vitesse très lente de 50 mètres à la minute ; elle atteignit néanmoins avant midi tous ses objectifs.

Les jours suivants, l'artillerie allemande se montra très active ; le 15, à 7 heures 30, nous eumes à subir une forte attaque sur Pressoire et le bois Kratz où les vagues ennemies pénétrèrent pour en être chassées trois heures plus tard par une contreattaque française.

Enfin, du 19 au 22, les VIe et Ve groupes furent relevés.

Les trois groupes de l'A. D./120 furent ensuite dirigés par étapes dans la région de Crépy-en-Valois et embarqués en même temps que la Division, les 30 novembre et 1er décembre, à Nanteuïlle-Haudouin et Ormoy-V illers pour débarquer à Neufchâteau les 1er et 2 décembre, et prendre des cantonnements dans la région.

L'artillerie de campagne de la 120e Division avait tenu le


front sur la Somme, le Ier groupe 50 jours, les Ve et VIe 74 jours, sans interruption. Elle avait besoin d'un long repos. Il dura un peu moins d'un mois, coupé par de nombreuses manœuvres en liaison avec l'infanterie de la Division. C'est alors que celle-ci reçut l'organisation ternaire en trois régiments adoptée à cette époque, le 409e R. I. passant à la 167e D. I. et le colonel EcoCHARD prenant le commandement de l'infanterie divisionnaire de la 120e (I. D. /120 : 38e, 86e et 408e R. I. ).

Pour les officiers les chasses au sanglier, les promenades dans les villes d'eau de la région, pour tous les permissions, la facilité de la vie dans ce coin des Vosges, contribuèrent à la plus agréable des trêves entre les sanglants épisodes de la Somme et de St-Quentin.

Mais celle-ci prit fin les 30, 31 décembre et 1er janvier pour les Ve, 1er et VIe groupes qui embarquèrent à Chatenois, Neufchâteau et Gironcourt respectivement pour débarquer le Ve à BéthizySt-Martin, les deux autres à Verberie.La 120e D. I. allait tenir le secteur de Marest-sur-Matz qui l'avait vu naître en 1915.

Comme pour son infanterie, un important changement d'organisation allait être réalisé pour son artillerie.


CINQUIÈME PARTIE

Le Groupement d'artillerie de campagne de la 120e Division. — Le recul allemand sur la ligne Hindenburg (4 janvier - 1er avril 1917).

Dès 1915, l'expérience de la guerre avait conduit à doter toute division engagée dans le combat, offensif ou défensif, de moyens en artillerie de plus en plus supérieurs à la dotation organique de 1914 et les enseignements de la bataille de Verdun au début de 1916 avaient été fort instructifs à cet égard ; les colonels ou lieutenants-colonels, commandant l'artillerie des divisions avaient eu sous leurs ordres des groupements considérables, non seulement d'artillerie de campagne, mais encore d'artillerie lourde et d'artillerie de tranchée. A mesure que le rôle du commandant de l'artillerie divisionnaire devenait de plus en plus important, il apparaissait que son état-major réglementaire (officiers, troupe, moyens de transport, d'observation et de liaison) devenait de plus en plus insuffisant ; cet officier, bien que secondé par son lieutenant-colonel ou chef d'escadron adjoint, ne pouvait continuer à assumer à la fois la direction d'ensemble du combat et les fonctions,- déjà très chargées, de chef de corps des trois groupes de campagne divisionnaires.

Dans la deuxième moitié de 1916, la bataille de la Somme et notre contre-offensive de Verdun mirent encore plus en lumière ce défaut d'organisation. Alors se fit jour une conception nouvelle : celle du colonel commandant l'artillerie de la division (A. D.), doté d'un état-major renforcé, déchargé de tout souci autre que la direction tactique des opérations de l'artillerie, exercée en se conformant aux ordres du général de division et ayant sous ses ordres les chefs de corps des trois groupements d'artillerie appartenant organiquement à la division : artillerie de campagne (A. C. D. ), artillerie lourde courte (A. L. C.), artillerie de tranchée (A. T.), chacun de ces chefs de corps disposant à son tour d'un état-major.

Le 30 novembre 1916, le ministre approuvait les propositions du G. Q. G. à ce sujet et le 9 décembre, le général commandant en chef signait les tableaux d'effectifs provisoires de la nouvelle organisation, remplacés bientôt par les tableaux définitifs du 19 janvier 1917.

Cette nouvelle organisation devait être réalisée progressivement, d'après les instructions données pour chaque division par le G. Q. G. Elle le fut assez rapidement en ce qui concernait le commandement de l'artillerie des divisions et les groupements d'artillerie de campagne, mais les groupements organiques d'artillerie lourde courte, que l'on avait d'abord pensé pouvoir porter à trois groupes, se réduisirent, en fait, par suite des difficultés


de fabrication du matériel et de bien d'autres motifs, à un groupe, dont certaines divisions- ne furent même dotées que très tard (1).

Le groupement organique d'artillerie de tranchée se réduisit à une batterie (2) qui disparut lors de l'organisation de l'artillerie de tranchée en régiments (mars 1918). Les commandants d'artillerie divisionnaire eurent par suite toujours sous leurs ordres, au gré des nécessités des opérations, de nombreuses unités d'artillerie lourde ou de tranchée, sans compter des groupements de campagne supplémentaires ne faisant point partie organiquement de la division, mais du moins purent-ils organiser mieux leur commandement et furent-ils libres de tout souci de détail pour leur artillerie organique.

C'est le 4 janvier 1917 qu'à la 120e Division le commandement de l'artillerie divisionnaire (A. D.) et le Groupement d'artillerie de campagne (A. C. D.) furent séparés. Le lieutenant-colonel DE LACOMBE, promu colonel à titre temporaire, gardait le commandement de l'artillerie divisionnaire, tandis que le chef d'escadron JOANNÈS, commandant le Ve groupe du 53e, le plus ancien des trois commandants de groupe de l'artillerie de campagne, prenait provisoirement le commandement du Groupement de campagne, en attendant l'arrivée du titulaire définitif.

A son débarquement dans la région de Verberie, la 120e Division avait été mise à la disposition du 35e Corps, Q. G. à Marestsur-Alatz, (Ire Armée).

Les groupes de campagne avaient occupé des positions à la sucrerie de Ribécourt et sur les hauteurs au nord de Chevincourt et de Machemont, les batteries du Ve groupe reprenant même exactement, par une bizarrerie du sort, des positions qu'elles avaient longtemps occupées, si bien que leurs officiers connaissaient mieux le terrain dans ses moindres détails que ceux des batteries relevées. Secteur calme d'ailleurs, sans aucun changement depuis que la. Division l'avait quitté en février 1916, où les brouillards de janvier empêchaient tout coup de main et où, en vue de l'offensive de printemps projetée, tout le personnel disponible était occupé à des constructions de positions de batterie.

Fin janvier, la 120e D: I. change de secteur et installe son Q. G. au château de Riquebourg, 1'1. D. va au château des Granges et la 120e tient le front depuis la corne sud-est du bois des Loges jusqu'à la route de Roye à Lassigny. Le P. C. du Groupement de campagne est établi à Roye-sur-Matz. Le ler et le Ille groupes, seuls, sont mis en position, le IIE est provisoirement laissé au repos.

C'est dans cette situation que le 20 février 1917, le chef d'escadron PERRIER, chef du groupe des Canevas de Tir de la: 4e Armée, promu lieutenant-colonel à t. t., prend le commandement du Groupement de campagne de la 1120e Division.

(1) La 120ereçut le sien,un groupe de 155 court SCHNEIDER du 113e R.A.L.

(commandant TOURBIEZ de l'artillerie coloniale), au milieu de mars 1918, en Argonne.

(2) Pour la 120e Division, la 117e (depuis IOle) du 53e, lieutenant CAHEN.


On est en pleine préparation de la grande offensive. Les plans d'emploi de l'artillerie succèdent aux plans d'emploi, sans cesse remaniés. L'A. D. prévoit 213 brèches à ouvrir en quatre jours dans les réseaux ennemis, brèches dont la moitié au moins ne seront observables que par avions, et qui coûteront, en projectiles de 75 seulement, 130.000 coups.

Sur le terrain, les constructions de positions de batterie, P. C. et observatoires, sont poussées avec activité, mais il est facile dès la fin de février de prévoir qu'elles seront difficilement terminées pour le 20 mars, date à peu près fixée pour l'attaque.

D'abord les pluies ont saturé le sol: suivant les jours, les hommes travaillent dans la boue ou peuvent à peine entamer la terre

gelée ; les travaux déjà terminés s'éboulent ; de plus les moyens de transport possédés sont insuffisants.

La nouvelle d'un recul volontaire des Allemands sur 17 kilomètres de front devant l'Armée britannique dans la région de l'Ancre, parvenue le 28 février à la Division, n'est pas sans provoquer un certain étonnement. Pour tâcher de savoir ce qui se passe en face de la lre Armée, les divisions en ligne procèdent à de nombreux coups de main.

Le 10 mars à 22 heures 50, après une sérieuse préparation d'artillerie, commencée dès la veille, une compagnie du 408e R. I. pénétrant au nord du bois Verlot dans la première tranchée allemande (tranchée de la Conche), et sa tranchée de soutien (tranchée de la Fournaise), n'en ramène qu'un prisonnier, rapportant l'impression que la première ligne ennemie est peu occupée (1).

Néamoins les artilleries de campagne qui doivent renforcer celle de la 120e Division pour l'offensive projetée arrivent dans le secteur et prennent position les 13 et 14 mars. Ce sont : l'A. C. D. /36 (2 groupes) et l'A. C. D. /121 (3 groupes). Le 13 mars on entreprend les brèches.

Le 14, à la tombée de la nuit, une heureuse initiative de l'I. D. /120 déchire entièrement le voile tendu devant nos yeux et provoque le mouvement en avant de toute l'Armée: une compagnie du 408e R. I., envoyée en reconnaissance offensive vers la tranchée de la Conche, ne trouve aucun ennemi. Prévenu optiquement, le colonel ECOCHARD prend la décision immédiate d'envoyer deux autres compagnies à sa rescousse, ordonnant de poursuivre la marche en avant.

Pendant la deuxième partie de la nuit du 14 au 15, cette infanterie, toujours accompagnée par les barrage); de l'artillerie de campagne, occupe les boyaux entre la lre et la 2e ligne de tranchées allemandes ; celle-ci (tranchée du Pas de l'Oie) est franchie le 15 à 20 heures.

A droite la 25e Division, à gauche la 2e Division coloniale se sont ébranlées également.

Le 13, l'infanterie entière de la 120e D. I. progresse par deux régiments de front accolés et un en réserve; la deuxième position allemande est conquise et nous éprouvons pour la première fois quelques pertes.

(1) Voir l'ordre de l'infanterie de la 120e Division du 11 mars 1917, p. 98.


Dans la nuit du 16 au 17, certains groupes d'artillerie de campagne, à présent hors de portée, sont poussés en avant.

Le 17, à 20 heures, après trois jours de marche pénible dans un terrain boueux et coupé d'obstacles, notre infanterie atteint Candor sans avoir, à proprement parler, rencontré de résistance.

Il est resté à ceux qui ont vécu les deux journées suivantes une impression, depuis longtemps inconnue, de guerre de mouvement ou peut-être, pour parler plus exactement, de grandes manœuvres, car pas un coup de canon ne fut tiré.

Dans la nuit du 17 au 18, toute l'artillerie de campagne est portée en avant. Les groupes s'engagent sur une seule piste aboutissant à l'étroit défilé de la Potière où les Allemands ont accumulé les destructions. On juge ce que fut ce déplacement de nuit, sur un terrain bourbeux, coupé de tranchées et de réseaux.

Le lieutenant-colonel PERRIER établit son P. C. à la Potière dans la matinée du 18 et lance de suite des reconnaissances sur les points de passage de la Mève et du nouveau canal du Nord, non encore terminé partout avant la guerre, profonde coupure qui n'est pas portée sur beaucoup de cartes.

Sur ces entrefaites, le Corps d'Armée prescrit d'atteindre, si possible dès le soir, avec notre infanterie, la route NoyonGuiscard.

Dans la nuit, les canonniers de la batterie de tête de l'A. C. D. /120, la 41 e, capitaine GABET, ouvrent une coupure dans la tranchée du canal du Nord. Vers 6 heures, le 19, le groupe BAUDIC peut la franchir, suivi bientôt par d'autres groupes.

Mais déjà le front de l'Armée s'étant rétréci et les directions de marche des divisions accumulées étant convergentes, il est de plus en plus impossible d'avancer à la 120e, comprimée entre le 25e et la 2e coloniale. Le 35e Corps lui donne l'ordre d'arrêter son mouvement et de se concentrer le 19 au soir dans la région Candor-Lassigny.

Le 20, les groupes prennent des cantonnements de repos à Biermont, tandis que le 23, la D. I. et l'A. D. se réinstallent à Riquebourg et l'I. D. aux Granges.

Tel a été, du 10 au 19 mars 1917, le rôle de l'artillerie de campagne de la 120e D. I. dans l'avance qui nous a amenés alors, presque sans combat, de Lassigny à Guiscard et qui devait bientôt s'arrêter avant St-Quentin, devant la fameuse ligne Hindenburg. La soudaineté, la rapidité de ce mouvement imprévu, ne furent pas sans surprendre le commandement et les unités.

De profitables leçons se dégagèrent de l'expérience acquise.

Il est inutile de tracer ici longuement le tableau des régions traversées par nos soldats dans cette avance, puis plus tard jusque devant St-Quentin. Il convient cependant de rappeler à tous ceux qui liront ces lignes, pour qu'ils n'oublient jamais, le spectacle que certains d'entre eux, pleins d'horreur, ont contemplé : les routes défoncées, d'énormes entonnoirs à tous les carrefours, les chemins encombrés d'abatis, les voies ferrées, les lignes télégraphiques ou de transport de force détruites de fond en comble, pas un pont, pas un ouvrage d'art


debout, cela passe encore c'est la guerre. Mais les champs dévastés, les arbres sciés, les maisons, les édifices publics, les églises, les magnifiques sucreries savamment détruits après avoir été vidés de tous les objets de quelque valeur, les mines cachées traîtreusement, les machines agricoles, les charrettes, les voitures rassemblées en parc à l'entrée des villages, le tout scié, cassé, rompu à coups de hâche, les puits et sources empoisonnées par des immondices et des cadavres, cela c'est la barbarie allemande. Qui les a vus n'oubliera point aussi ces rares habitants de Candor, Catigny et Chevilly, femmes, enfants ou vieillards, au teint de cadavre, minables, terrorisés et affaiblis par deux ans et demi d'occupation et de privations, osant à peine manifester quelque joie de notre arrivée.

Le 22 mars, la 120e Division repassait sous les ordres de son Corps organique, le 13e, rattaché lui-même à la 3e Armée. Dès le 1er avril, le repos prenait fin et l'A. C. D. /120 partait pour être remise en ligne.

Le même jour était consommée la transformation du Groupement de campagne de la 120e Division en un Régiment composé de trois groupes homogènes portant le même numéro, le 53e Régiment d'artillerie de campagne. Sous cette désignation et jusqu'au 20 janvier 1919, comme artillerie de 75 de la 120e Division, ce corps allait reprendre et maintenir glorieusement au feu pendant presque deux ans les traditions du Régiment parti de Clermont à la mobilisation comme artillerie de corps du 13e corps et dont les groupes avaient été dispersés au gré des organisations et créations successives.

En même temps, tous les groupes, toutes les unités diverses qui, répandus dans des formations autres que la 120eDivision, mobilisés par le Dépôt de Clermont-Ferrand, portaient encore le numéro 53, le quittaient pour prendre le numéro caractéristique de leur formation. Seuls, en plus du 53e Régiment d'artillerie de campagne (53e R. A. C.), le parc de l'artillerie de la 120e Division (P. A. D./120), et la 117e batterie de tranchée affectée à la même Division conservaient désormais le numéro 53. Les mutations nécessaires s'opéraient dans les dépôts.

Cette transformation, générale dans toute l'armée, grâce à laquelle un ordre bien nécessaire fut introduit dans l'artillerie de campagne, était la seconde étape de l'organisation déjà en partie réalisée à la fin de 1916 par la séparation des états-majors des artilleries divisionnaires et de ceux des groupements de campagne. Pour faciliter aussi bien l'administration que le commandement, les trois groupes constituant un groupement de campagne, le plus souvent de numéros divers, réunis au hasard des organisations et créations, devaient être rattachés au même dépôt et prendre le même numéro. Placés sous les ordres d'un même officier ayant les prérogatives de chef de orps, ils constituaient alors réellement un corps ; le terme nouveau et insolite de groupement devait fatalement faire place à celui de régiment.

Le nouveau 53e Régiment d'artillerie de campagne fut ainsi définitivement constitué :


lieutenant-colonel commandant : PERRIER.

1er groupe (ex 1er du 53e R. A.) : chef d'escadron JACOBI (1) Fe batterie (ex Fe du 53e R.A.) : cap. BOUÉRY (PAIJL).

2e — 2e - cap. RAPHANEL.

3e — 3e - cap. PEILLOT. (2) IIE groupe (ex Ve du 53e R. A.) : chef d'escadron JOANNÈS.

4e batterie (ex 13e du 53e R. A.) : cap. EXPILLY.

5e — 14e - cap. WEILLER.

6e — 15e - cap. PERRIN.

IIIE groupe (ex Vie du 4ge R. A.) : chef d'escadron BAUDIC.

7e batterie (ex 41e du 4ge R. A.) : cap. GABET.

8e — 42e - cap. DAVID.

ge — 43e - cap PAILLAC.

(1) De l'artillerie coloniale.

(2) De l'artillerie coloniale.


SIXIÈME PARTIE

Le 53e Régiment d'artillerie de campagne (ier avril 1917 - 20 janvier 1919).

CHAPITRE 1

Saint-Quentin.^ (1er avril-juillet 1917) Tandis que la 120e Division prenait quelque repos dans la région de Riquebourg, l'ennemi continuait à se retirer devant notre Groupe d'Armées du Nord, mais tout concordait à prouver qu'il allait s'arrêter et se fixer derrière la fameuse ligne Hindenburg, dont nous avions presque partout atteint les avancées à la fin du mois de mars.

Le 1er avril,, la 120e Division, quittant ses cantonnements de repos, se porta en avant, sur deux.colonnes. Tandis que l'in- fanterie restait en réserve aux environs de Golancourt, le 53e d'artillerie était mis à la disposition de la 26e Division, relevant l'artillerie de campagne de la 62e (P. C. Artemps). Après une marche pénible prolongée de nuit, les batteries terminèrent la relève vers 3 heures du matin, occupant des positions aux environs de la ferme Bourgie (3 kilomètres est d'Artemps).

Les 3 et 4 avril, une attaque préliminaire de la 26e Division, sur 3 bataillons de front, chassa les Allemands des positions avancées qu'ils tenaient encore au sud de la ligne Hindenburg, entre la route d'Essigny, St-Quentin et la Somme.

Dans la nuit du 4 au 6 avril, les groupes furent portés en avant sous de fortes chutes de neige et dans un terrain détrempé (P.C. des Ier et IIe à une maisonnette située le long du chemin de fer, à 200 mètres au sud du pont de celui-ci sur la route de Castres à Urvillers, P. C. du Ille à la ferme de la Manufacture, au nord d'Urvillers). Ce sont ces emplacements que les groupes occupèrent pour l'attaque de la position de Saint-Quentin.

Pour se représenter cette position, qu'on se figure la ville de Saint-Quentin d'où sortent en éventail vers le sud, de l'ouest à l'est, la route de Ham, la Somme et son canal latéral, la voie ferrée de Paris, les routes de Chauny par Essigny-le- Grand et de la Pèrè par Vendeuil, entourée au midi par les hauteurs du moulin de Tous-Vents et du Pire-Aller, dont les pentes méridionales constituent un formidable glacis. Les lignes allemandes, longuement étudiées, construites à loisir, enserraient au sud ces hauteurs, à l'ouest le faubourg de Rocourt, la sucrerie de la Biette, à l'est les villages de Neuville-St-Amand et Itancourt qui flanquaient admirablement la ville, prenant nos lignes presque d'enfilade. La cathédrale de Saint-Quentin que l'on aperçoit


de partout, comme une énorme masse, l'église St-Prix, à la flèche élancée, les clochers de Neuville et Itancourt constituaient pour l'ennemi de merveilleux observatoires, tandis que ses batteries se dérobaient facilement à nos vues dans St-Quentin même, dans les villages, les vergers et les bois intacts. Quatre ou cinq lignes de tranchées, le plus souvent à contre-pente, précédées chacune de multiples lignes de réseaux barbelés à piquets de fer, en chicane, hérissées de mitrailleuses sous abris bétonnés, tel était l'obstacle à franchir.

En face de cette véritable région fortifiée, notre artillerie, installée à la belle étoile, dans une région où pas une maison, pas un arbre, sauf quelques-uns soigneusement choisis pour servir de repère à l'artillerie ennemie, n'avaient été laissés debout, facile à repérer par les avions ennemis, offrait des cibles commodes aux tirs de destruction. Dès le 5 avait commencé un arrosage général de toutes nos positions, causant, entre autres pertes, une blessure grave du crâne au médecinaide-major GUILHAUME, du Ier groupe, qui dut être évacué.

De plus ne disposant pas de bons observatoires dominants, nous ne pouvions régler nos tirs en toute certitude qu'avec le secours de l'avion. Quant à notre infanterie, établie dans des tranchées creusées en hâte, précaires et sans abris à l'épreuve, elle s'usait rapidement.

La préparation commença le 6 avril, trop tôt, car pour des raisons diverses, l'attaque de St-Quentin n'eut lieu que le 13, retardée tout comme la grande offensive du G. A. R. qui fut reportée du 10 au 16. L'ennemi se tint d'autant mieux sur ses gardes ; l'entretien et l'interdiction des brèches, prématurément ouvertes, occasionna une augmentation considérable de la consommation en munitions.

Le 53e avait pour mission d'ouvrir, dans la partie des lignes allemandes comprise entre les routes de Chauny et de la Fère, 8 couloirs de brèches comprenant chacun en moyenne 4 brèches, en tout 32 brèches, larges de 25 mètres. Il disposait de 600 coups par brèche. Dès le 10 avril, la plupart des brèches étaient pratiquées. Malheureusement il n'avait été possible de régler par observation terrestre que celles de la première ligne et les avions n'ayant pu s'élever une seule fois à cause d'un temps affreux, rare en cette saison (pluie, neige et froid), il avait fallu se contenter de transports de tir pour toutes les autres, la plupart à contrepente. Ces difficultés s'étaient accrues pour l'artillerie d'une arrivée très irrégulière des munitions, due sans doute aux mauvaises communications vers l'arrière, toutes les destructions opérées par les Allemands étant encore loin d'être réparées et les trains n'arrivant péniblement que jusqu'à Ham ; d'où des ordres sans cesse contradictoires pour l'accélération ou le ralentissement des tirs.

Contre une position formidable on allait donc exécuter une attaque dont toutes les circonstances avaient rendu la préparation défectueuse.

Le 13 avril, l'infanterie de la 26e D. I. s'élança à l'assaut sur deux Régiments de front (121e et 92e) ayant chacun deux


bataillons en première ligne et un bataillon en réserve, le troi.

sième Régiment (139e) restant en réserve.

L'attaque échoua de sanglante façon. Nos fantassins prirent bien pied dans presque toute la première ligne ennemie, mais durent ensuite l'abandonner à peu près partout.

A notre gauche, la 25e Division était ramenée par des contreattaques sur sa ligne de départ ; à notre droite, le 35e Corps n'avait pas donné.

Une reprise de l'attaque à 18 heures n'aboutit également qu'à un insuccès.

Notre front se fixa sans profit dans une situation par endroit très aventurée, tout contre le front ennemi. Pendant la semaine qui suivit cet échec, l'idée d'une nouvelle offensive, d'abord envisagée, fut peu à peu abandonnée. Du 15 au 17, une partie de l'artillerie fut ramenée en arrière. Alors commença la vie de secteur. > Dans cette région désolée, fort exposée, où tout était à organiser, comme il a été déjà expliqué, le Régiment subit, par les fatigues et les pertes, une usure sensible, sans que le moral en fût en rien altéré. Lorsqu'à la suite des actes d'indiscipline qui durent être réprimés sur d'autres points du front au printemps 1917, le chef de corps fut invité, à signaler les militaires ayant mauvais esprit, à surveiller, leur nombre n'atteignit pas une dizaine.

Cependant, il est difficile d'imaginer une existence plus énervante que celle du Régiment du 21 avril au 27 juin. Tandis que les unités d'infanterie, si elles ont de durs moments en secteur, sont du moins normalement relevées et mises au repos de temps en temps, le 53e reste en ligne, sans autre interruption pendant ces neuf semaines qu'un repos dérisoire de quatre jours pris successivement par chaque groupe dans le village ruiné de Grand-Séraucourt, du 28 avril au 11 mai. Les batteries changent constamment de place au gré des variations d'organisation du secteur, ce qui décourage complètement les canonnicrs de travailler à l'aménagement de positions où ils savent ne pas devoir rester. Il est à peine possible de donner ici une vague idée d'ensemble des mouvements effectués et des organisations successives variées réalisées en si peu de temps.

Du 23 avril au 7 mai, le 53e fut sous les ordres de la 27e Division, du 7 au 26 sous les ordres de sa Division organique, la 120e.

Du 26 mai au 16 juin, le Régiment fut coupé en deux, les 1er et IIe groupes à la disposition de la 25e, le Ille à la disposition de la 26e. Le 16 juin, le Régiment changeant de secteur fut porté sur la gauche et rendu à la 120e dont le Q.G. était installé à Beauvois.

Durant toute cette période il y a peu à dire des opérations : Ouvertures de brèches, en vue de coups de main éventuels ou pour étudier dans quelles conditions le 75 peut pratiquer des couloirs dans des réseaux aussi sérieusement organisés que ceux de St-Quentin.

Constructions de batteries pour des projets d'attaque jamais réalisés.


Tirs de barrage et de contre-préparation lors de coups de main ennemis fréquents, comme celui du 29 mai qui valut à nos batteries un déluge d'obus toxiques. (1)

Un épisode intéressant est la participation des groupes JACOBI et BAUDIC, le 18 juin, à un coup de main très réussi, exécuté au nord de Pontruet par nos voisins de gauche, les Britanniques de la brigade de cavalerie des Indes Ambala, selon des méthodes assez différentes des nôtres. Pas de préparation d'artillerie, deux brèches pratiquées à la torpille et à la cisaille par deux détachements d'assaut, 60 Hindous en tout, résolus, sportifs, l'encagement ne se déclanchant que par fusées, quand la troupe d'assaut a déjà franchi les réseaux ennemis.

Du fait des tirs d'une artillerie ennemie agressive, tirs bien préparés, bien réglés, observés par une aviation hardie, nos pertes furent douloureuses dans le secteur de Saint-Quentin.

Le 24 avril, le docteur BARAT, médecin-aide-major au IIIe groupe, fut mortellement blessé d'un éclat d'obus à la ferme de la Manufacture (2).

Le 8 juin, tandis qu'une section de munitions du P. A. D. /120 ravitaillait les 2e et 3e batteries à l'est du village de Castres, une rafale de 77 ou de 105 arrosa le P. C. de la 2e devant lequel se trouvaient le capitaine RAPHANEL, commandant la batterie (3), son sous-lieutenant ORTET et le capitaine LANCO, commandant la section de munitions. Les deux premiers furent tués sur le coup, le troisième, mortellement blessé, expira presque aussitôt.

Le 24 juin, la 4e batterie, en position au nord d'Holnon, subit un tir d'efficacité de 250 à 350 coups de 150 et 210 mêlés. Tous les abris furent crevés, les dépôts de munitions sautèrent, 3 pièces sur 4 furent détruites.

Aussi, ce fut avec satisfaction que les canonniers du 53e apprirent le même jour leur relève imminente d'un secteur où ils étaient restés 80 jours en ligne sur un séjour total de 84.

Du 24 au 27 juin, la 120e Division fut relevée par la 22e.

Le 29 juin à 10 heures, en gare de Nesles, la Division commence à s'embarquer en chemin de fer. Par Montdidier, Estrées-St-Denis, Châlons, Revigny, le 53e Régiment arrive et débarque le'2 juillet à Mussey : tous ont compris, sa destination, c'est Verdun.

11 CHAPITRE II Verdun. (Cote 304).

(Juillet-septembre 1917) I. — Attaque de la 73e Division.

(17 juillet 1917) Le 4 juillet 1917, le mouvement de la 120e Division est terminé ; elle se trouve cantonnée dans une zone au nord de Bar-le-Duc, le

(1) Le maréchal des logis BERTHET eut la cuisse fracassée à son poste de combat et, amputé le 30 à Ham, reçut le même jour la médaille militaire.

(2) Le docteur BARAT donnait les plus belles espérances. Agrégé de philosophie, ex-interne des hôpitaux de Paris, lauréat des Académies des Science.

et de Médecine, il venait d'arriver au 53e le 14 avril.

(3) Auparavant capitaine-trésorier du 53e R. A.


Q. G. avec l'A. D. à Condé, l'état-major du 53e à Ilargéville.

Le 5 juillet, le colonel ECOCHARD, promu général de brigade à t. t., quitte le commandement de l'I. D. 120, remplacé par le colonel BALAGNY. Le 13e Corps tout entier a été transporté dans la même région (Q. G. à Vïlle-sur-Cousances) ; il appartient à présent à la 2e Armée, commandée par le général GUILLAUMAT (Q. G. à Souilly). Cette Armée prépare une offensive à objectifs limités, sur un front étendu, depuis Avocourt jusqu'à Bezonvaux, destinée à donner de l'air à Verdun.

Mais le 28 juin, entre Avocourt et la Cote 304, l'ennemi a prononcé une attaque imprévue qui nous a fait perdre un kilomètre et demi environ de tranchées de première ligne et de soutien.

Le 16e Corps (Q. G. à Rampont) a reçu pour mission de reprendre le terrain perdu avant que le 13e ne s'intercale sur sa gauche pour l'offensive projetée.

L'expérience avait prouvé depuis longtemps qu'une artillerie au repos, à proximité d'un secteur où se prépare une attaque, ne manque pas d'être invitée, en partie du moins, à y prendre part.

Aussi tandis que l'infanterie de la 120e Division et un groupe du 53e allaient rester tranquilles une vingtaine de jours dans leurs cantonnements de r.pos, dès le 11, le lieutenant-colonel commandant le 53e recevait l'ordre de se mettre à la disposition du 16e Corps avec deux de ses groupes.

Le 13 juillet, l'état-major du Régiment, les IIe et IIIe groupes se mettent en route. Dans les nuits du 13 au 15, les groupes prennent position dans le bois de Marre (forêt de Hesse), au sud d'Avocourt. A vrai dire, de positions il n'en existe pas, et une pluie diluvienne s'oppose à tout aménagement. Le Ille groupe est entièrement à découvert. Le IIe occupe comme il peut quelques abris bouleversés par des bombardements ennemis.

C'est la 73e D. I. (Q. G. à Jouy-en-Argonne) (1) qui va exécuter l'attaque. Les deux groupes du 53e R. A. C. constituent, sous les ordres de leur lieutenant-colonel, un groupement chargé de renforcer la couverture générale de l'attaque par des tirs de barrage et de peignage à longue distance.

Le 17 juillet, la préparation de l'artillerie de campagne commence à 4 heures 30, l'attaque se déclenche à 6 heures 15. Tous les objectifs sont atteints, les tranchées perdues le 28 juin sont reprises.

II. — Attaque allemande du lerjaoût 1917. — Préparation de l'attaque de la cote 304.

Il est indispensable, pour comprendre tout ce qui suit, de donner à présent une description de ce secteur de la cote 304 où le 53e tout entier allait rester sept semaines et jouer un rôle de premier plan dans une action mémorable.

Qu'on se figure (avant la guerre) une ligne de hauteurs aux sommets dénudés : à l'ouest la cote 304, à l'est le fort-Homme (cote 295 de la carte au 80. oooe), séparés par un ravin coulant

(1) Général LEBOCQ ; cdt. l'artillerie, lieutenant-colonel GAVINI.


du sud au nord, celui de Béthincourt ou de la Hayette ; les dernières ondulations vers l'ouest de la cote 304 s'appuient aux bois touffus d'Avocourt et de Malancourt. Dans des cuvettes, au nord de cette ligne, sont les riants villages de Malancourt et Béthincourt où aboutissent deux routes dirigées du sud au nord, venant d'Esnes, la première passant entre la cote 304 et le bois d'Avocourt, la seconde franchissant le sommet du Mort-Homme luimême. Au sud, les villages d'Avocourt et d'Esnes communiquent par une belle route plantée d'arbres. Plus au sud encore, on trouve vers l'ouest une ligne de bois épais, bois d'Esnes, de Cumières, de Marre, de Chattancourt, de Lambéchamp, de Récicourt, de Béthelainville, qui prolongent vers l'est l'épaisse forêt de Il esse et prolongés eux-mêmes vers le nord-est par la crête dénudée des cotes 309 et 310 ; enfin tout à fait vers l'est, à mi-chemin entre Esnes et Verdun, s'élèvent les hauteurs pittoresques des bois Bourrus.

Il est à peine utile de dire qu'en juillet 1917 les villages plus haut cités n'étaient qu'un amas de ruines, les arbres des bois réduits à leurs troncs, et que toute la région, bouleversée par la main de l'homme ou le tir de l'artillerie, était couverte d'un invraisemblable réseau de tranchées, de boyaux et d'abris, détruits sans cesse, puis réparés ou abandonnés, d'une quantité de dépôts de matériel et de débris de toute sorte, le tout noyé dans un gâchis et une boue persistante qu'avaient portés à leur comble les récentes pluies.

Les luttes acharnées dont cette région avait été le théâtre pendant l'été 1916 et qui s'étaient terminées par l'arrêt de l'offensive allemande sur la rive gauche de la lUeuse, avaient toutefois laissé à l'ennemi la possession des crêtes du Mort-Homme et de la cote 304. Nos premières lignes, appuyées à gauche au bois d'Avocourt, dont elles dépassaient quelque peu la lisière sud en pénétrant dans le bois lui-même, serpentaient à mi-pente sur les flancs sud de la cote 304 et du Mort-Homme, complètement dominées par les observatoires ennemis ainsi que le village d'Esnes, tandis qu'à l'abri de la crête des hauteurs 304-MortHomme, les Allemands circulaient hors de nos vues dans les régions de M alancoltrt et de Béthincourt. En arrière de ces villages se trouvait leur deuxième ligne, formidablement organisée.

Le piton de Jiontfaucon, hors de nos atteintes, leur fournissait un merveilleux observatoire lointain, tandis que nous devions nous contenter d'observatoires situés, soit sur les cotes 309 et 310, soit en lisière des bois prolongeant la forêt de Hesse, soit en lisière des bois Bourrus, à vues sur le nord le plus souvent limitées par la cote 304, ou même d'observatoires précaires en toute première ligne.

Tel était l'aspect général du secteur que la 120e Division allait occuper depuis la corne est du bois d'Avocourt jusqu'au ravin de la Hayette, avec mission, dans l'offensive prévue, d'enlever la cote 304, tandis qu'à sa droite, la Division voisine (31e D. I.

du 16e C. A.) se chargerait du Mort-Homme.

Avant comme après l'attaque du 17 juillet 1917, le secteur était dans l'ensemble assez agité. L'installation de l'infanterie


-en première ligne était forcément des plus précaires : les tirs de harcèlement de l'ennemi pendant la nuit rendaient difficile l'aménagement des positions. Les tranchées les plus à l'est du secteur étaient prises d'enfilade par le Mort-Homme et séparées de l'arrière par le ravin de la Mort, affluent de gauche de celui de Béthincourt, marécage franchissable seulement en deux points constamment battus par l'artillerie ennemie. Aussi l'infanterie était-elle nerveuse. Les demandes de barrage, de contre-préparation, de tirs de harcèlement et d'interdiction étaient fréquentes ; les batteries tirant sans cesse jour et nuit, le personnel s'usait rapidement.

L'artillerie ennemie, connaissant à merveille toutes les positions possibles du secteur, effectuait des tirs de -destruction remarquablement dirigés, le plus souvent réglés par avion ou par coups fusants hauts, et causait aux batteries des pertes en personnel et matériel très sensibles. Ces conditions ne se sont guère modifiées pendant tout le séjour du 53e dans le secteur et il les a retrouvées plus tard identiques sur la rive droite de la Meuse, jusqu'en décembre 1917.

La période qui suivit l'attaque du 17 juillet fut consacrée dans la région à des relèves très compliquées d'infanterie et d'artillerie dont le récit détaillé serait fastidieux, ayant pourobjet final de substituer la 120e D. I. à la 73e en retirant la plupart des troupes appartenant à des unités très variées, qui avaient pris part à l'attaque du 17, et de mettre en position l'artillerie de renforcement prévue pour la prochaine offensive, Le résultat de ces mouvements fut le suivant : Au 30 juillet le secteur était sous les ordres du général MORDACQ, commandant la 120e D. I. (P. C. bois de Béthelainville) avec l'A. D. 120. L'I. D. 120, colonel BALAGNY (P. C. cote 309) avait encore en ligne sous ses ordres des éléments d'infanterie étrangers à la Division, notamment deux bataillons du 328E R. I.

Le front était divisé en deux sous-secteurs d'infanterie : à gauche sous-secteur Huguenot (P. C. Cannebière), à droite, sous-secteur d'Esnes (P. C. Oratoire d'Esnes).

L'artillerie de campagne, divisée en deux groupements, PERRIER, (P. C. cote 309) et JOANNÈS (P. C. cote 310) appuyant respectivement chaque sous-secteur, comprenait l'A. C. D. /3, l'A. C. D. /120 et l'A. C. /13, soit 8 groupes.

Depuis le recul des Allemands, le 17 juillet, leur artillerie réagissait violemment, faisant preuve d'une continuelle activité, et tout faisait présager une attaque.

En effet, dans la nuit du 31 juillet au 1er août l'ennemi neutralise toutes nos batteries par des obus de tous calibres. Nos canonniers répondent en exécutant sous les gaz des tirs de contre-préparation et de barrage. A 3 heures 40, l'assaut est donné sur tout le front de la 120e Division et une petite partie de celui de la 25e, à sa gauche. Le 408E tient ferme dans le soussecteur d'Esnes, mais dans le sous-secteur Huguenot, le 328E est enfoncé, nos lignes sont ramenées à ce qu'elles étaient avant le 25 juillet.

Le général commandant la Division songe immédiatement à


contre-attaquer, mais le commandement et l'artillerie éprouvent toute la journée les plus grandes difficultés à connaître nos positions exactes. La contre-attaque, d'abord prévue sur toute la ligne perdue, est finalement limitée au centre de cette ligne.

Exécutée dans la soirée du 2 août, elle échoue.

Les journées suivantes sont marquées par des tirs d'artillerie très actifs, témoignant de part et d'autre d'une nervosité extrême.

Les effet terribles des obus iVypérite, récemment mis en service par l'ennemi, sont constatés pour la première fois. Certaines positions de batterie deviennent intenables, les animaux des échelons en sont fort éprouvés.

Dès le 6 août, il est manifeste que l'usure prématurée de l'infanterie de la 120e D. I., causée par les pénibles conditions du secteur et le rude effort des 1er et 2 août, ne lui permettra plus de mener avec des chances de succès dans quelques jours l'attaque de la cote 304. Il est décidé que l'état-major de la 120e D. I., son A. D. et son infanterie seront relevés et que la conduite de l'opération appartiendra à la 26e D. I. et à l'A. D. /26, disposant à cet effet de l'infanterie de la 26e D. I., notablement renforcée par d'autres unités et de toute l'artillerie existant déjà dans le secteur.

En plus, du 6 au 8 août, l'A. C. D. /26 (16e R. A. C.) arrive et est portée en ligne.

III. — Première attaque de la cote 304.' (20 août 1917) Le 12 août 1917, le général PAUFFIN DE SAINT-MOREL, commandant la 26e D.I., s'installa à la cote 309 avec son commandant d'A. D., le lieutenant-colonel BOUQUILLON, et prit le commandement du secteur. (1) L'organisation de l'artillerie arrêtée par le lieutenant-colonel BOUQUILLON fut la suivante :

Artillerie de campagne commandant : lt-colonel PERRIER, P. C. cote 309.

4 groupements, de la gauche à la droite :

1 groupe RAYNE du 16e (est du bois de groupement A : Chattancourt).

chef d'esc. REBOIS, — NICOLAS du 17e (bois IIibou).

cdt. le 26e. — GINDRE du 253e (entre bois d'Esnes et bois de Cumières).

! groupe Roux du 16e (lisière est du bois d'Esnes).

groupement H : — JACOBI du 53e (nord du bois de It-colonel d' ALA YER, Lambéchamp).

cdt le 253e. - VETSCH du 253e (nord du groupe JACOBI).

(1) Le colonel BALAGNY, commandant l'I. D. /120, et le colonel RENOUARD, commandant 1'1. D. /19, furent à cette époque l'objet d'une permutation.


! groupe NAUD du 16e (bois d'Esnes).

j — JOANNÈS du 53e (lisière est du 1 bois de Lambéchamp).

groupement. C : y — BAUDIC du 53e ( les 7e et 8e lt-colonel PERRIER, Y batteries au nord du bois cdt le 53e. d'Esnes, la ge batterie dans le ravin de la Noué, à l'est d'Avocourt).

! groupe BLANLEUIL du 17e (1 batterie au groupement D : nord de ltlontzéville. 2 batchef d'escadron teries à la lisière nord des BABRON, du 17e. bois Bourrus.

- BABRON du 17e (dans Montzéville),

Artillerie lourde courte

commandant : lieutenant-colonel JUGE, P. C. cote 309.

2 groupes de 155 court FILLOUX,

2 groupes de 155 court ST-CHAMOND, 2 groupes de 155 court SCHNEIDER, 3 groupes de mortiers de 220. 1 Depuis les insuccès des attaques de 1915, où notre infanterie s'était heurtée à des secondes lignes intactes, la nécessité d'une formidable préparation d'artillerie dans toute attaque importante, pour diminuer autant que possible les pertes de l'infanterie était une idée passée à l'état de dogme. Et de fait, la préparation d'artillerie sur les positions allemandes de première et deuxième lignes en face de la 26e Division fut telle qu'on n'en avait guère encore vu de semblable. Sans parler de nos contre-batteries d'artillerie lourde longue, les onze groupes de campagne et les neuf groupes d'artillerie lourde courte précités, en tout vingt groupes, déversèrent sur les positions allemandes, du 13 au 19 inclus, sept jours durant, une pluie ininterrompue de fer, de feu et de gaz toxiques.

L'artillerie allemande continuait d'ailleurs à réagir très violemment. Le 14, le cadavre du sous-lieutenant CAMELIN, de l'E. M.

de l'A. D./120, disparu depuis le 12 au cours d'une reconnaissance de positions de batterie aux environs de Montzéville, est retrouvé vers la cote 310. L'état sanitaire du personnel, surmené, vivant dans la boue au milieu des émanations d'ypérite, devient de plus en plus médiocre. Au bois St-Pierre, parmi les chevaux sans abri sous la pluie et intoxiqués, le déchet augmente de jour en jour. Mais le moral de la troupe est magnifique, l'espoir prochain d'une attaque victorieuse entretient chez tous une infatigable ardeur.

Enfin arrive le jour, 20 août, où la 2e Armée doit bousculer l'ennemi d'Avocourt à Bezonvaux. L'infanterie de la 26e Division,, mise en ligne la veille seulement à la place de celle de la 120e" envoyée au repos, a le plan d'engagement suivant : L'attaque doit être exécutée par quatre Régiments qui sont,, de la gauche à la droite : le 92e, le 1.21e, le 13ge et le 303e, appuyés respectivement par les groupements A, B, C, D. Les 92e, 121 eet 303e ont chacun un bataillon en première ligne. Le 92e et le


121 e ont pour objectifs respectifs l'ouvrage du Peyrou au sud de Ilaucourt et la lisière nord du bois Camard, situé entre la route d'Esnes à Malancourt et la cote 304. Le 303e doit pousser jusqu'à l'ouvrage du Crochet, entre la cote 304 et la route d'Esnes à Béthincourt. C'est seulement lorsque la cote 304 sera ainsi débordée de part et d'autre, qu'à un signal convenu (fusées), les deux bataillons WEISS et DUPLOUY, du 139e, préalablement massés dans la région du Peigne, au sud-ouest de la fameuse cote, se porteront en avant pour l'aborder et la nettoyer dans le sens de l'ouest à l'est.

La préparation d'artillerie de campagne commence à 3 heures 40 ; les trois premiers bataillons d'attaque s'élancent à 4 h. 40 m.

par un temps superbe. Mais malheureusement ils n'atteignent pas complètement leurs objectifs et dès lors le signal attendu pour le mouvement des deux bataillons du 139e ne se produit pas : ceux-ci restent inutilisés, subissant tout le jour des pertes sérieuses du fait de l'artillerie ennemie. 304 reste aux Allemands.

Presque partout ailleurs, la 2e Armée avait atteint ses objectifs, obtenant un beau succès.

IV. — Deuxième attaque et prise de la cote 304.

(24 août 1917) Le 21, Je lieutenant-colonel BOTTQUILLO, appelé à Paris, (1) passe le commandement de toute l'artillerie du secteur au lieutenant-colonel PERRIER. Celui-ci recoit l'ordre d'établir d'urgence un plan d'emploi pour une nouvelle attaque imminente de la cote 304, menée par 6 bataillons de front.

Les journées des 21, 22, 23, sont consacrées avec une hâte fébrile à la préparation de l'opération qui doit venger l'échec partiel du 20. Les batteries consomment quotidiennement un jour de feu. L'artillerie à la disposition du lieutenant-colonel PERRIER est renforcée, pour l'attaque, de 6 groupes de la 31E Division, établie à gauche de la 26e et qui le 20 a pris le MortHomme, savoir : 2 groupes de 75, 2 groupes de 155 C. FILLOUX, 1 groupe de 155 C. SCHNEIDER, 1 groupe de 220.

L'artillerie qui va être mise en action le jour de l'attaque comprend donc, sans parler de l'artillerie lourde longue, 26 groupes (13 de campagne, 13 d'artillerie lourde courte), environ 12.000 hommes. En plus, l'artillerie de la 25e Division, en ligne à gauche de la 25e, prêtera son concours.

Le 22, la 5e brigade (3e D. I., 2e C. A.), commandée par le général NÉREL, comprenant les 128e et 272e R. I., relève des éléments d'infanterie trop éprouvés le 20. D'autres unités entrent ensuite en ligne.

Le 24, l'attaque se déclenche à 4 h. 50 après une préparation d'artillerie de 5 minutes seulement. Elle est menée par 6 bataillons qui sont de gauche à droite : 1 bataillon de 139e, 1 du 121e, 1 du 12se, 1 du 272e, 2 du 303e.

Chaque lieutenant-colonel se tient à un P. C. en arrière des

(1) Au sujet d'une mission éventuelle én Russie.


bataillons d'attaque. Le général REIBELL, cdt L'I. D. 26, commande du P. C. Cannebière les deux bataillons de gauche, le général NÉREL, cdt la 5e Brigade, du P. C. de VOratoire d'Esnes les quatre bataillons de droite.

Le groupement d'artillerie de campagne A appuie les bataillons du 13ge et du 121e, le groupement B le bataillon du 128e, le groupement C celui du 272e, le groupement D les deux bataillons du 303e.

Chaque groupement a, pour l'attaque, à son entière disposition, un groupe d'A. L. C.

Dès six heures, on est certain que tous les objectifs sont atteints : la cote 301 est à nous. Son aspect est inexprimable : c'est le bouleversement, le chaos le plus complet. Il faut se livrer à des acrobaties d'alpiniste pour passer. On se rend compte de l'effroyable concentration de tir que notre artillerie a effectuée sur cette crête et ses abords. Une fade odeur d'immondices et de cadavres flotte partout. Du sommet., l'œil découvre le merveilleux panorama du cirque de hauteurs qui constitue la deuxième position allemande.

Notre ligne est jalonnée par les ouvrages de Vassincovrt, du Peyrou, Souvin et la tranchée de Brème.

A 9 heures 30, l'ordre est reçu du Corps d'Armée de poursuivre l'exploitation du succès en s'emparant de la ligne des ouvrages de Palavas, d'Alsace et de Lorraine, bousculant ainsi l'ennemi jusqu'au ruisseau de Forges. L'artillerie lourde courte reprend de suite son rôle de destruction. Mais la nouvelle attaque est

extrêmement difficile à organiser, d'abord au point de vue artillerie, en raison de l'impossibilité de savoir exactement d'où partira notre infanterie, ensuite, au point de vue infanterie, en raison de la difficulté à faire parvenir les ordres aux exécutants et parce qu'on juge bon d'attendre, si possible, que le bataillon d'extrême droite, assez éprouvé, soit relevé par un autre bataillon du 303e.

La journée se passe en hésitations, l'attaque, successivement retardée de 16 h. à 19 heures, est enfin prescrite pour 20 heures à tous les bataillons, sauf celui du 121e qui, coincé entre ses deux voisins, ne peut plus avancer et le bataillon de droite (303e) qui ne devra attaquer qu'à 23 heures 30. Les ordres à l'artillerie ne peuvent être transmis qu'au dernier moment par téléphone. Tous les objectifs sont atteints par les quatre bataillons de gauche.

Le bataillon de droite, auquel l'ordre d'attendre jusqu'à 23 heures 30 pour attaquer n'est pas parvenu, part à 20 heures, occupe son propre objectif, l'ouvrage de Lorraine, et y éprouve à 23 heures 30 quelques pertes du fait du tir du groupement B non averti par leP. C. du 303e, dont la liaison avec le bataillon était coupée.

Le matin du 25, le lieutenant-colonel BOUQlJILLON, revenu de Paris, rejoint le P. C. de la cote 309 et reprend le commandement de l'artillerie du secteur.

Le 53e, dont le lieutenant-colonel avait commandé toute cette artillerie au moment décisif, venait de se couvrir d'une: gloire chèrement payée. L'usure du personnel et des chevaux.


était extrême. Au 23 août, à la veille de l'attaque, la 8e batterie avait à elle seule 73 hommes intoxiqués, dont 26 gravement ; les 6e, 7e et Se batteries avaient respectivement 22, 40 et 49 chevaux intoxiqués dont 41 gravement. Les pertes des unités d'artillerie dépendant de l'A. D./26 (A.D./3, A.D./26, A.D /120, A. C. /13, A.L.C., A.T. et parcs) depuis leur entrée en secteur, étaient de 25 officiers et 1000 hommes de troupe.

V. — Réaction allemande (25 août-septembre 1917) Le succès obtenu dans une semblable offensive à objectifs limités, sans entamer les deuxièmes lignes allemandes fortement établies sur les hauteurs au nord du ruisseau de Forges, de Malancourt à Forges, était forcément sans lendemain. Pendant les trois jours qui suivirent l'attaque, la réaction allemande fut nulle, l'ennemi déplaçait ses batteries. Mais nous apprîmes ensuite à nos dépens que leur activité n'était pas amoindrie. Comme toujours, les troupes restées en secteur souffrirent davantage après l'offensive que pendant. Le 25, les moyens d'aéronautique supplémentaires, aérostation et aviation, mis à la disposition du 13e Corps lui étaient retirés ; l'économie des munitions était prescrite, les tirs d'interdiction défendus, ce qui permettait à l'ennemi de se réorganiser. Aussi, dès le 28, le groupe BAUDIC subissait dans les bois d'Esnes un tir de 210 réglé, puis à partir du 29, sans cesse les tirs ennemis rendaient de jour les carrefours et les points de passage obligés intenables, tandis que les avions mitraillaient de nuit à courte distance les batteries, les P. C., les colonnes de ravitaillement, les échelons. Le 3 septembre, 5 canons du groupe NAUD sont mis hors service. Le 4, un 210 crève un abri au groupe BAUDIC, tuant un brigadier et 5 hommes. Dans la nuit du 7 au 8, un coup de main ennemi sur l'ouvrage d'Alsace, par une compagnie connaissant déjà les lieux, bien préparé, nous prend des hommes et des mitrailleuses, provoquant de notre part une canonnade intense toute la nuit.

Les évacuations pour intoxication et autres pertes se multiplient. Au 30 août, les 1er, IIe et III egroupes avaient respectivement perdu depuis l'entrée en secteur 78, 59 et 51 hommes de troupe, 36, 69 et 48 animaux, sans parler des indisponibles soignés aux échelons qui étaient, pour le Ille groupe par exemple,

50 hommes et 75 animaux. Il manquait à cette date au Régiment 13 officiers.

Les trois semaines que le 53e a encore passées après l'attaque du 24 août dans le secteur de la cote 304 ont été marquées par quelques relèves et changements d'organisation du commandement.

Le 27, le front nouveau est organisé en deux sous-secteurs de régiment, divisés chacun en deux centres de résistance tenus par un bataillon (C. R. Vassincourt, Peyrou, Souvin, Lorraine).

Le 30 août, les deux groupes de l'A. C./13 (253e R. A. C.) sont retirés à la 26e D. I. et passent à la 25e, sa voisine de gauche. (1).

Le 1er septembre, l'E. M. de la 26e D. I., son A. D. et son

(1) Le 253e allait être organisé en régiment d'artillerie portée à 8 groupes.


infanterie sont relevés par l'E. M., l'A. D. et l'infanterie de la 3e D. I. Dans le secteur plus à gauche la 4e D. I. relève de même la 25e.

Vers le 10 septembre, le général de CADOUDAL, cdt le 2e C.A., remplace le général LINDER, cdt le 13e C. A. dans le commandement des secteurs affectés précédemment aux 26e et 25e Divisions, tenus à présent par les 3e et 4e D. I. Le P. A. D./120, qui depuis l'arrivée de la 120e Division dans le secteur, en juillet, n'avait cessé de participer à tous les ravitaillements, est retiré du secteur.

Enfin, les 14 et 15 septembre, le 53e Régiment à son tour est ramené à l'arrière sans être remplacé sur ses positions et dirigé, pour être mis au repos, sur la r^ -ion de St-Aubin-sur-Aire, à une dizaine de kilomètres à l'est de Ligny-en-Barrois. La 117e batterie d'A. T. et la S. M. A. du P. A. D. /120 cantonnent dans le voisinage.

L'infanterie de la 120e D. I. était depuis le 25. août à la disposition du 17e Corps (Q. G. Pierrefitte) et occupait le secteur de St-Mihiel (D. I. et A. D. à Villotte-devant-St-Mihiel, I. D. à

Rupt-devant-St-Mihiel), secteur calme où les lignes étaient tenues par six compagnies et où l'artillerie comportait en tout un groupe de 75 (de l'A. C./17) et quelques batteries de 90, 95, 120, 155, 220.

CHAPITRE III

Verdun. (Cote 344).

(Septembre-octobre 1917) Le Régiment escomptait un repos bien gagné et des l'arrivée dans les cantonnements un tiers de l'effectif fut envoyé en permission, pour rattraper un retard considérable dans les permissions règlementaires prescrites. Mais le répit accordé au 53e fut dérisoire, une semaine seulement. Le 24 septembre, avec 21 officiers et 500 hommes manquant aux effectifs (rayés des contrôles, évacués ou permissionnaires), dont un commandant de groupe (1), le Régiment, mis à la disposition du 7e Corps (Q. G.

Regret) accompagné de la 117e batterie d'A.T. et de la S. M. A.

du P. A. D./120, repartit pour Verdun, et vint bivouaquer au bois la Ville. Du 28 au 30, il releva le 47e (A. C. D./14) dans le secteur de la cote 344.

La 19e Division, sous les ordres de laquelle il passait, tenait le front depuis le ravin du Tacul (1 kilomètre à l'est de Samogneux) jusqu'à 1 kilomètre à l'ouest de Beaumont. Elle occupait un terrain conquis le 20 août, d'aspect effroyablement bouleversé, encore à peine organisé. Samogneux, la cote 344, la ferme Mormont étaient à nous, mais les Allemands avaient gardé la ferme d'Anglemont et le village de Beaumont dont nos lignes touchaient la lisière sud.

Il est impossible de donner ici une idée même approchée de

(1) Le chef d'escadron d'artillerie coloniale JACOBI, désigné pour l'Armée d'Orient et remplacé dans le commandement du Ier groupe par le capitaine d'artillerie coloniale PEILLOT, cdt la 3e ble, promu chef d'escadron à t. t.

le 18 janvier 1918.


l'enchevêtrement des états-majors et des unités qui régnait alors dans ce secteur et des relèves qui s'y sont succédé pendant le séjour de 18 jours que le 53e y a fait. Indiquons seulement que le 2 octobre, la 19E Division (général TROUCIIAUD) a été remplacée par la ISI e (général BRULARD), qui le 18 a cédé à son tour la place à la 41E (général GUIGNABAUDET).

Les artilleurs du 53e garderont du secteur de la cote 344 le souvenir de positions de batterie aux installations plus que précaires, noyées dans l'eau et la boue, et d'une activité inlassable de l'ennemi : coups de main fréquents, certains d'assez grande envergure, d'où, pour nos canonniers, alertes et tirs continuels de nuit les privant de tout repos ; tirs de destruction meurtriers sur les P. C. et les batteries, parfaitement repérés par un ennemi qui connaissait à merveille le terrain perdu par lui. Nos propres tirs sur les premières lignes allemandes, sur les pentes nord de la cote 344 et dans le ravin du bois des Caures étaient d'ailleurs très difficiles à exécuter avec précision par dessus les crêtes couvrantes.

Le 1er groupe était en batterie presque sur la crête, entre la ferme d'Ilaudromont et le bois de la Clef, dans un terrain argileux, gluant, le IIe groupe dans le bois des Caurettes (1), le Ille au nord de Vacherauville. Le 15 octobre, tous les abris du 1er groupe étant inondés, il falllut les vider à l'aide de pompes et le capitaine PEILLOT fut chassé de son P. C. par les saux. Le 2 octobre à 4 heures, violente canonnade, attaque allemande qui fait perdre à notre Régiment de gauche (7e R. 1. de la 131e D. I., lieutenant-colonel JORDAN) une bonne partie de la tranchée de Trêves ; le soir notre contre-attaque échoue.

Le 3, autre contre-attaque française infructueuse ; les 6, 10, 16, nouvelles attaques allemandes, l'ennemi finit par s'emparer de toute la tranchée de Trêves. L'attaque du 16 est marquée par un bombardement général de nos positions et de nos P. C.

à o bus toxiques, commencé à 20 heures 30 et prolongé toute la nuit, toutes nos communications sont coupées, les téléphonistes de l'E. M. du Régiment, sous les ordres du maréchal-des-logis MAGNE, font preuve d'un zèle et d'un courage admirables pour les rétablir.

Les 17 et 18, le Régiment fut relevé par le 4e'R.A.C. (A.C.D./41) En deux étapes, avec la S. M. A. du P. A. D. 120 et la 117e batterie, devenue la 101e par suite d'un remaniement dans la désignation des unités d'artillerie de tranchée, il arriva le 20 à des cantonnements de repos dans la zone au nord de Bar-le-Duc qu'il avait déjà occupée à son arrivée à la 2e Armée, en juillet ; l'E. M. se trouva de nouveau à Hargéville.

Depuis le 1er mars 1917, le Régiment n'avait eu que des repos de trop courte durée pour être réellement profitables (2),

(1) Sauf la 6e batterie, isolée dans le ravin des Côtelettes, d'où elle prenait d'enfilade les lignes ennemies.

(2) 1° Région de Biermont (à l'ouest de Lassigny) 11 jours du 21 au 31 mars.

2° région de Condé ( au nord de Bar-le-Duc): Ier groupe, 18 jours du 3 au 20 juillet, IIe et Ille groupes, 8 jours du 3 au 10 juillet. 3° région de StAubin-sur-Aire (à l'est de Ligny-en-Barrois) 7 jours du 17 au 23 septembre.


il avait été presque constamment séparé de sa Division (l)y excellente condition pour occuper des situations dites d'invité.

Aussi l'usure du personnel et des animaux faisait chaque jour des progrès plus inquiétants.

Le 20 octobre, il manquait aux effectifs 1 chef d'escadron, 3 capitaines cdts de batterie, 7 lieutenants ; d'excellents officiers avaient été prélevés pour l'Armée d'Orient, l'instruction des troupes américaines, l'aéronautique, les nouveaux régiments de 75 portés.

Les hommes étaient surmenés, les conducteurs passablement découragés par la suppression de l'indemnité de combat attribuée seulement au personnel des batteries de tir. (2) Tous les animaux sans exception avaient eu à faire, pendant 18 jours, 36 kilomètres quotidiennement pour des ravitaillements intenses, en raison de la situation éloignée des échelons au bois la Ville. Ceux-même de l'E. M. n'y avaient pas échappé, faute d'essence pour les automobiles. Nullement abrités, en butte à des bombardements par avions fréquents, mal nourris, couverts de blessures causées par des couvertures ypéritées, tous étaient exténués, quantités d'indisponibles se faisaient traîner. Il en manquait 262 aux effectifs. Une trentaine était restée en route pendant les deux dernières étapes, morts ou incapables d'avancer.

Le canonnier, qui eut fait volontiers le sacrifice de sa vie dans une action offensive ou défensive violente, ne pouvait se résigner à cette usure lente des secteurs où l'on donnait et recevait des coups terribles, où l'on éprouvait des pertes constantes, sans aucun résultat décisif. Le cri était unanime : tous seraient retournés n'importe où plutôt qu'à Verdun.

CHAPITRE IV

Verdun. (Haudromont).

(Octobre-décembe 1917) Le Régiment devait cependant passer encore un mois et demi devant Verdun, mais cette fois sous les ordres de sa Division organique pendant un mois, et après un repos de dix sept jours qui, sans être entièrement réparateur, permit à tous de reprendre des forces pour un nouvel effort.

Dès le 29 octobre 1917, l'infanterie de la 120e D. I. avait relevé celle de la 10e Division coloniale (général MARCHAND) dans le secteur d'Haudromont (P. C. carrières d'Haudromont), situé immédiatement à l'est de celui de la cote 344 que venait de quitter le 53e et dépendant alors du 17e Corps.

Le 7 novembre 1917, le 53e Régiment s'ébranle à son tour avec la 101e batterie d'A. T. et la S. M. A. et cantonne dans la

(1) Sauf du Ier au 31 mars, du 7 au 26 mai, du 16 juin au 13 juillet et du 26 juillet au 12 août. Le 53e R. A. C. avait donc été sous les ordres de la 1208 D. I. 97 jours sur 233, successivement prêté aux 26e, 27e, 25e, 73e, 4e, 26e, 19e et 131e D. I.

(2) Mesure qui assimilait les conducteurs à des non combattants, appliquée au début d'octobre et rapportée à la fin du mois à la suite de protestations unanimes.


région d']ssoncourt ; le 8 les 1er et IIe groupes bivouaquent au bois de Thierville, le IIIe cantonne à Landrecourt. Ces mouvements sont rendus très pénibles par une pluie continuelle. Les chevaux sont presque partout mis à la corde dans une boue épaisse.

Du 8 au 10, le 53e relève le 229e R. A. C. (A. C. D. de la 10e D.LC.).

Le secteur dans lequel entrait le Régiment était certainement le plus sinistre- de tous ceux qu'il avait connus jusqu'alors.

S'étendant sur trois kilomètres environ de front, depuis la route de Vacherauville à Ville-devant-Chaumont incluse, jusqu'au bois Le Chaume exclus, traversé par les nombreux ravins qui, des flancs de la crête dominante de Douaumont, convergent vers Bras, théâtre des avances ou reculs successifs des deux adversaires en 1916 et 1917, il présentait l'aspect d'un véritable paysage lunaire. Des bois nombreux qui le garnissaient autrefois, il ne restait que quelques troncs : partout l'artillerie avait retourné et fouillé le terrain, creusant des entonnoirs jointifs, partout une extraordinaire accumulation de matériaux de toutes sortes, pourris ou à demi-détruits et dans maints endroits encore des cadavres et des débris humains.

D'ailleurs, bien que les lignes fussent à peu près fixées, et les actions sérieuses d'infanterie rares, les deux artilleries adverses continuaient encore à se livrer à une incessante débauche de munitions dont on reste stupéfait aujourd'hui quand on consulte le journal de marche du Régiment. Pendant tout son séjour dans le secteur, il n'est pas une journée où le 53e n'ait exécuté des tirs nourris de barrage, de contre-préparation, de harcèlement, d'interdiction, de représailles, suivant la terminologie en cours, à obus de toutes sortes, fréquemment toxiques.

L'artillerie allemande rendait intenables par des feux parfaitement réglés les abords des P. C., des observatoires, des batteries et les passages obligés dans les ravins désormais historiques de la Goulette, du Bois en T, de la Dame, de la Couleuvre, du Helly, d'Heurtas, du Prêtre, etc. coupant les communications téléphoniques, d'où nécessité d'un réseau complet de poste optiques au service très pénible.

Le P. C. de la D. I. dans les carrières d'Ilaudromont, formidable accumulation de sacs à terre et de sapes, d'aspect étonnant, était si peu sûr que seuls les officiers les plus indispensables y restaient. Un P. C. arrière fonctionnait à Belleray.

A l'arrivée du Régiment dans le secteur, l'artillerie de campagne comprenait, en plus des trois groupes du 53e, deux groupes du 216e R. A. C. (A. C. D./63), le IIe et le Ille (1). Il est inutile de donner ici le détail des relèves d'où il résulta que lorsque le 53e quitta le secteur (21 décembre), l'E. M., l'A. D. et l'infanterie de la 120e D. I. étaient remplacés depuis le 9 décembre par l'E. M., l'A. D. et l'infanterie de la 68e (général MAINVIELLE) et les groupes du 216e par un groupe du 23e (A. C. D./34).

On rappellera seulement quelque s uns des terribles tirs dont eut à souffrir notre .artillerie dans le secteur d' Ilaudromont.

(1) Ce IIIe groupe du 216e, cdt RENNEQUIN, était l'ancien groupe de renforcement du 53e, voir p. 20.


Le 13 novembre, de 16 à 19 heures, le P. C. du lieutenantcolonel reçoit environ 300 coups de 150 dont deux démolissent les abris. Le 24, pendant le déjeuner des officiers, nouveau déluge de projectiles de très gros calibres avec fusées à retard (1) : l'abri est bouleversé par un coup sur le seuil ; à côté un projectile crève un abri d'une batterie de 220 (286e Régiment) où une dizaine d'hommes qu'on ne peut dégager aussitôt trouvent une mort affreuse. Le 12 décembre le central téléphonique est crevé, toutes lignes coupées, par un tir d'efficacité prolongé de 6 coups à la minute.

Le 17 novembre, un de nos meilleurs observatoires d'artillerie divisionnaire, sur la côte du Poivre, est rendu intenable par un tir à obus toxiques des plus précis. Le sous-lieutenant observateur LEVACHER, trois maréchaux-des-logis et de nombreux travailleurs sont très gravement intoxiqués.

Le 21, le ravitaillement du groupe JOANNÈS est pris sous le feu, pertes sensibles.

Le 22, l'ennemi couvre de projectiles de très gros calibres, fusants et explosifs, toute la région du bois Le Chaume ; les positions des II et 111/216 deviennent intenables, le 1/216 est très éprouvé, tout à fait à court d'officiers avec de nombreux canons hors service.

Le 13 décembre, tir de destruction sur le groupe BAUDIC, coups au but sur deux pièces.

On comprend ce qu'avait d'énervant et de démoralisant cette existence dans laquelle l'artilleur encaissait des coups meurtriers sans savoir si ceux qu'il renvoyait atteignaient leur but. La monotonie n'en fut rompue que par deux actions offensives des divisions voisines dans lesquelles la 120e prêta l'appui de son artillerie.

Le 19 novembre, la 34e D. I. (général DE LOBIT), voisine de droite de la 120e, tenta de reconquérir un saillant perdu du bois Le Chaume, engageant dans cette affaire 9 groupes de campagne, plus les II et 111/216 et une section de la 2e batterie du 53e installée pour la circonstance dans le ravin du Cul de Chien, prêtés par la 120e. L'attaque échoua.

Le 25 novembre, la 37e D. I. (général GARNIER-DUPLESSIX), spécialement amenée pour la circonstance à gauche de la 120e en remplacement de la 41e, prononca sous les ordres du 7e Corps une forte attaque pour reprendre la tranchée de Trêves perdue le mois précédent (2), s'emparer du ravin d, Angle mont et dégager ainsi la cote 344. Elle eut à sa disposition pour cette affaire 11 groupes de campagne, plus un groupement du 53e sous les ordres du commandant BAUDIC, constitué par les Fe et 3e batteries et le IIIE groupe en entier. Tandis que ce groupement flanquait l'attaque sur la droite et aveuglait les observatoires ennemis par des obus fumigènes dont il fut fait ce jour là un large emploi, le lieutenant-colonel PERRIER, avec les 11/53, 11/216 et la 2e batterie du 53e, simulait une attaque sur Beaumont par des brèches et barrages roulants. La 37e D. I. conquit ce jour-là tous ses objectifs et fit environ 900 prisonniers.

(1) Ceux qu'on appelait les pousse-cagna.

- (Si) Voir plus haut p. 58.


C'est après quarante-deux jours passés en secteur que le 53e fut relevé sur ses positions par le 224e R. A. C. (A. C.D./68), relève rendue pénible par la neige qui tombait depuis le 17.

Le 21, tout le Régiment se trouva rassemblé aux emplacements des échelons. Après une journée de repos le 22, il fit les 23 et 24, accompagné de la 101e batterie d'A. T. et de la S. M. A., deux étapes extrêmement dures, la seconde de 42 kilomètres pour certaines unités, sur des routes gelées, tous chevaux cramponnés, par un froid terrible. En raison du déficit en chevaux chaque jour accru, (400 à cette époque), il avait fallu embarquer en chemin de fer à Landrecourl une partie du personnel, du matériel et toute la 101e batterie.

Le premier jour les unités cantonnèrent dans la région d'Issoncourt et le second elles atteignirent très péniblement leurs cantonnements de repos de la région de Revigny.

Sur ces entrefaites, comme par un fait exprès, et comme si le 53e avait joué à cache-cache avec sa D.I., son A.D. et son infanterie organiques, celles-ci, au repos depuis le 9 décembre dans larégion de Laheycourt (8 kilomètres nord de Revigny), étaient reportées en ligne dans le secteur de Vauquois.

CHAPITRE V

Vauquois.

(Janvier-mai 1918) I. — Repos dans la région de Revigny.

(24 décembre 1917 - 9 janvier 1918) Le repos dont le Régiment jouit ensuite ne fut que médiocrement profitable.

Une nécessité s'imposait de plus en plus : instruire les cadrer existants dort la formation insuffisante se révélait chaque jour et former des candidats sous-officiers et brigadiers connaissant leur métier. (Il avait fallu constamment, pour combler les vides, faire des promotions comprenant de braves gens, ayant donné des preuves d'énergie et de courage, mais d'une instruction militaire présentant de graves lacunes ; on avait dû par exemple nommer brigadiers des maîtres-pointeurs ou servants ignorant tout du cheval). Le Régiment commençait, il est vrai, à être assez bien pourvu en n aspirants et sous-lieutenants, l'effort considérable fait à l'Ecole de Fontainebleau pour en créer portant ses fruits, mais ceux-ci avaient encore beaucoup à apprendre. Les officiers de batterie expérimentés d'avant-guerre se faisaient des plus rares, des unités étaient commandées par des sous-lieutenants ayant quelques mois de front. Enfin le froid très rigoureux (1) et la dispersion des unités dans des cantonnements très distants les uns des autres, furent autant de raisons qui s'opposèrent à toute instruction suivie.

Ces cantonnements étaient d'ailleurs défectueux : paille de couchage difficile à obtenir, hommes entassés dans des granges

(1) Il gela et neiga presque sans interruption du 17 décembre au 11 janvier.


ouvertes à tous les vents, aux toits percés de gouttières, chevaux à la corde, etc.

C'est à ce moment que fut appliquée au 53e la nouvelle organisation du service médical dans les régiments d'artillerie de campagne, dictée par la pénurie de médecins au front : Au lieu d'un médecin titulaire et d'un médecin auxiliaire par groupe (soit six par régiment), le corps ne devait plus en posséder que quatre : un à l'E. M., un par groupe. La division du Régiment en trois groupes, trois échelons et un train régimentaire, éloignés les uns des autres et souvent dispersés eux-mêmes en plusieurs éléments, rendit dès lors le service médical des plus difficiles, difficulté aggravée par le régime des permissions qui impliquait l'absence presque permanente d'un médecin sur quatre. Il y eut en réalité un médecin par groupe, le quatrième remplaçant ça et là les permissionnaires sans jamais faire de service à l'E. M.

où il était d'ailleurs inutile.

Le repos dura 15 jours après lesquels le 53e, accompagné de la 101e batterie et du P. A. D. /120 rejoignit la Division dans le secteur de Vauquois ; à cause du froid et de la neige, les deux étapes vers le nord furent aussi pénibles que l'avaient été celles vers le sud à la fin de décembre. Parti des cantonnements de repos le 9 janvier, le 53e R. A. C. releva, du 10 au 13, le 16e R. A. C. qui rejoignit alors sa Division, la 26e, au repos dans la région de Laheycourt.

II. — Description du secteur de Vauquois.

Le secteur, situé à l'ouest de celui que le Régiment avait connu de juillet à septembre 1917 (cote 304), a varié plusieurs fois légèrement de limites pendant les quatre mois et demi que le Régiment y est resté ; dans leur ensemble, nos positions, depuis Avocourt à l'est jusqu'à la vallée de l'Aire et la forêt d'Argonne à l'ouest, s'appuyaient à la forêt de Hesse, tandis que les positions allemandes bordaient au sud les bois épais de Cheppy.

Les deux lignes adverses étaient, sur bien des points, presque au contact, notamment sur la colline de Vauquois, ce village fameux, dont la possession avait été en 1915 l'enjeu de luttes acharnées, dont il ne restait plus un pan de mur debout, mais où la guerre de mines avait creusé d'énormes entonnoirs. Comme pour continuer la tradition, on trouvait encore devant Vauquois un capitaine du génie directeur des attaques et cette guerre se perpétuait, source de petits incidents locaux de peu de portée.

Le secteur était un de ces secteurs réputés calmes, mais où le séjour ne laissait pas d'user les unités qui l'occupaient par les tirs continuels, les coups de main sans cesse tentés par un des adversaires pour tâter l'autre, les travaux d'organisation toujours nouveaux imposés par des directives variant au gré des événements dans les autres régions du front. Certains points, Boureuilles, Vauquois, le saillant sud du bois de Cheppy étaient des points de friction continuellement agités.

De merveilleux observatoires nous donnaient d'ailleurs des vues lointaines sur la vallée de l'Aire, la région de Montfaucon, les bois de Cheppy et d'Avocourt et la région au nord de ces bois.

La Division et l'A. D. étaient à Grange-le-Comte. Les P. C.


de FI. D. et du 53e se trouvaient près de la ferme détruite de Bertramé, dans les bois adossés aux pentes sud de la cote 290, région fourmillant de P. C. (11/53 (1), A. L. C., A. T., etc.), site qui eut été enchanteur sans les tirs fréquents de l'ennemi.

III. — Deux périodes de l'histoire du 53e dans le secteur de Vauquois.

L'histoire du 53e dans le secteur de Vauquois peut se diviser en deux périodes bien distinctes : avant et après la grande offensive allemande du 21 mars contre le front britannique au nord de YOise.

Auparavant, le commandement français est incertain sur les projets de l'ennemi ; il prévoit bien une attaque, mais sans posséder de certitude sur la région où elle se produira. Dans le secteur de Vauquois, on la craint comme ailleurs, on perfectionne les organisations défensives, mais sans abandonner des projets offensifs ; on exécute de nombreux coups de main pour obtenir, par des prisonniers, des renseignements sur l'ordre de bataille et les intentions de l'ennemi. Sitôt l'attaque allemande déclenchée, des deux côtés adverses le secteur se dégarnit, le front des unités qui l'occupe s'étend ; de notre part h s idées défensives prennent nettement le dessus, l'organisation du secteur est remaniée, de grands travaux sont entrepris pour modifier en conséquence les emplacements de l'artillerie.

IV — Première période : Avant le 21 mars (offensive allemande contre le front britannique).

(9 janvier-21 mars 1918) La première période dura un peu plus de deux mois et demi.

Pour montrer combien les idées offensives régnaient encore alors, il faut mentionner ici le projet d'une forte attaque sur Vauquois, par 4 régiments, chacun sur 2 bataillons de front, appuyés par 22 groupes de campagne, projet que l'on mettait au point à cette époque et qui ne fut jamais réalisé.

Sur ces entrefaites s'accomplit une importante transformation dans l'organisation des groupes de l'artillerie de campagne de la 120e Division, la création d'une unité nouvelle par groupe, la colonne de ravitaillement (16 février 1918).

Jusqu'alors, la batterie avait conservé l'organisation de 1914, divisée en batterie de tir, échelon et train régimentaire; les échelons et les trains d'un groupe marchaient en général réunis sous les commandements respectifs d'un officier de l'E. M. du groupe et de l'officier d'approvisionnement ; d'après les tableaux d'effectifs en vigueur au début de la guerre, la batterie comptait ainsi 168 chevaux, l'E. M. du groupe 15 chevaux, le groupe entier 519 chevaux.

(1) Le P. C. du 11/53 fut transporté quelque temps après un peu pluli au nord, au P. C. Micheler.


L'impossibilité de combler les déficits considérables en chevaux qui s'étaient sans cesse aggravés depuis la fin de 1917, conduisit à des réductions diverses, puis finalement à adopter de nouveaux tableaux d'effectifs, d'après lesquels chaque groupe se composait de 4 unités administratives : les 3 batteries, réduites à 4 pièces et 6 caissons, et une colonne de ravitaillement (C. R.) avec 6 caissons seulement et toutes les autres voitures, dont 6 charriots de parc et seulement 2 forges. La suppression des chevaux d'un certain nombre de gradés, la suppression de 12 caissons et d'une forge par groupe permettait ainsi de réduire le nombre des chevaux du groupe, en en donnant 99 à chaque batterie, 22 à l'état-major et 122 à la colonne de ravitaillement. Finalement le groupe avait 441 chevaux au lieu de 519 en 1914.

Evidemment, quels que fussent les avantages que l'on pouvait attendre de la nouvelle organisation, ils ne pouvaient compenser l'inconvénient capital de la suppression d'un certain nombre de chevaux. En outre, il fallut trouver par régiment trois officiers de plus capables de commander une unité, quand le commandement des batteries avait peine à être assuré, nommer trois adjudants, trois maréchaux-des-logis-chefs, trois maréchaux-deslogis-fourriers et autres gradés supplémentaires, au moment même où -le"recrutement des gradés, particulièrement des comptables, se heurtait à de véritables impossibilités.

Les commandants des colonnes de ravitaillement furent : pour celle du 1er groupe, le sous-lieutenant GOURSAT, pour celle du Ils le sous-lieutenant MAUROY, pour celle du IIIe le sous-lieutenant LABORDE.

Le 13 mars 1916, le chef d'escadron PEILLOT, désigné pour l'Armée d'Orient, céda le commandement du Ier groupe au capitaine WEILLER, cdt la 5e bie; promu chef d'escadron à 1. 1.

le 27 juin suivant.

A peine la 120e D. I. était elle installée dans le secteur qu'elle eut à exécuter ou repousser des coups de main incessants.

Nous ne citerons que celui du 16 mars, de grande envergure et en profondeur, étudié et préparé dans le plus absolu secret, précédé d'une forte préparation d'artillerie inopinée, opération qui peut être considérée comme un modèle.

Il s'agissait de s'emparer de tout le saillant sud du bois de Cheppy, jusqu'à la tranchée de soutien ( tranchée d'Erzeroum) comprise. Le coup de main fut exécuté par deux bataillons du 38E R. I. sous le commandement du colonel AUGIER. L'artillerie du secteur fût à cet effet notablement renforcée par de l'artillerie de tranchée, de l'artillerie lourde courte et deux régiments d'artillerie de campagne à trois groupes : le 36e (de la 25e D.I., lieutenant-colonel CARPENTIER) et le 250e porté, (lieutenantcolonel DE CIIAUNAC-LANZAC). Les emplacements de batterie de ces régiments avaient été soigneusement reconnus et piquetés, la préparation du tir avait été poussée aussi loin que possible, par les sous-lieutenants GOURSAT et DUFRAISSE du 53e, de manière qu'ils purent mettre en batterie au dernier moment sans que l'attention de l'ennemi fût éveillée, dans les nuits du 13 au 14 et du 14 au 15 mars et n'exécuter aucun réglage avant


le jour de l'attaque. L'artillerie de tranchée (capitaine DALESME) et l'artillerie lourde courte (lieutenant-colonel CHAPLIN) étaient sous les ordres directs du colonel de LACOMBE, cdt l'A. D./120, tandis que le lieutenant-colonel PERRIER disposait de sept groupes de campagne pour les brèches, l'accompagnement et la couverture générale : les 6 groupes du 36e et du 250? et le II /53.

Au jour fixé, le 16 mars 1918, la préparation d'artillerie commença à 9 heures, deux avions réglèrent le tir sur les onze couloirs de brèches attribués à l'artillerie de campagne tandis que l'artillerie de tranchée en pratiquait d'autres. A 18 heures l'infanterie se précipita sur les traces du barrage roulant. Perdant un seul homme tué et quelques blessés, elle détruisit toutes les organisations du saillant et fit un butin considérable, grâce aux tirs d'encagement de l'artillerie, captura 80 ennemis qui n'avaient pu fuir, seuls survivants des occupants du saillant.

Le 38e R. I. fut cité à l'ordre de l'Armée, suprême satisfaction donnée à son chef, le brave colonel AUGIER, légendaire dans la Division par sa tranquille témérité et dont le terme de la carrière active approchait.

Dans l'intervalle de ces quelques affaires sérieuses, l'artillerie exécutait de jour et de nuit des tirs incessants à la terminologie variée, tirs de barrage, de contre-préparation, d'interdiction, de harcèlement, de représailles, de concentration, etc. avec une dépense de projectiles toujours accrue par la générosité des allocations. L'ennemi ripostait de même, d'insaisissables minenwerfers harcelaient toujours notre infanterie devant Vauquois et jouissaient de l'impunité en raison des difficultés de notre tir sur les pentes nord, fort raides, de la colline historique. Des coups stupides de hasard nous faisaient éprouver parfois des pertes sensibles comme celui qui le 18 février, au P. C. Forimont, frappa mortellement l'aspirant PICARD, de l'E. M. du IIIe groupe, récemment arrivé au Régiment, blessant également le capitaine PAILLAC, cdt la ge et le lieutenant BOEUF, de l'E. M.

du IIIe groupe.

V — Deuxième période : Après le 21 mars (offensive allemande contre le front britannique).

(21 mars-17 mai 1918) Mais la vie du Régiment se trouva changée du jour où un communiqué allemand triomphant et les journaux lui apportèrent la nouvelle de la grande offensive ennemie déclenchée sur le front britannique au nord de l'Oise, depuis la Fère jusqu'à la Sensée près d'Arras (1). La 120e Division resta immobilisée et frémissante dans un secteur sans intérêt, tandis que le 53e y était très activement employé à des travaux pénibles d'ordre défensif qui ruinèrent le personnel et les animaux plus que ne l'aurait fait une bataille.

(1) Le 28 mars, le colonel RENOUARD, commandant l'infanterie divisionnaire de la 120e Division fut enlevé à celle-ci pour prendre le commandement de la 22e D. I. en pleine bataille, et remplacé par le colonel JEANPIERRE.


Quelques batteries étaient très imprudemment placées en.

avant et en cas de perte de nos premières lignes, nous ne pouvions battre efficacement notre position de repli Forimont-Hermont.

Dès lors, il fût décidé que toute l'artillerie serait reportée en arrière. En même temps, pour la laisser moins souffrir des bombardements à ypérite, de plus en plus fréquents et nourris, il fut résolu de diviser les batteries en deux sections séparées, une seule tirant dans les circonstances normales, l'autre n'inter- * venant qu'en cas de barrage. Les .candnniers durent quitter des positions parfaitement organisées de longue date, avec excellents abris, pour occuper en plein « bled », suivant l'expression consacrée, des positions précaires et souvent boueuses par suite d'abondantes pluies.

En même temps l'excellent réseau des liaisons existant était à remplacer par un nouveau réseau infiniment plus compliqué.

Mais ce n'est pas tout, il fallut reconnaître un nombre considérable de positions de renforcement éventuelles, prévoir un plan d'emploi de l'artillerie de campagne contre les tanks, avec pièces isolées casematées, déplacer chaque nuit de& pièces détachées pour se livrer à des tirs de harcèlement et de surprise, installer autour de toutes les nouvelles batteries des réseaux de fils de fer pour leur défense rapprochée, etc.Pendant ce temps, les deux adversaires ne perdaient pas l'habitude des coups de main. On s'énervait, on s'usait de plus en plus par une agitation stérile. Les tirs allemands restaient toujours redoutables, comme celui à obus toxiques subi dans la nuit du 9 au 10 avril sur toute la ligne des P. C. de Bertramé.

Des concentrations imprévues et rapides d'une vingtaine de coups sur les carrefours et les P. C. étaient de plus en plus employées par l'ennemi, nous causant des pertes fréquentes.

Depuis quelques mois de nombreux officiers avaient été enlevés au Régiment pour l'Armée d'Orient, l'artillerie portée, l'aéronautique, l'Ecole de Fontainebleau, l'instruction de l'Armée américaine, etc. ; sur 9 commandants de batterie il n'y avait plus au 53e que trois capitaines ; à cause des permissions, le commandement devenait de plus en plus difficile à assurer. Quant aux gradés, les promotions indispensables faites pour encadrer les colonnes de ravitaillement avaient à peu près épuisé les dernières ressources. Au repos suivant, en mai, il y avait à nommer 15 maréchaux-des-logis et 28 brigadiers : le nombre des canonniers susceptibles d'être proposés pour brigadier fut de 15.

En plus, le séjour dans le secteur de Vauquois, qui aurait dû procurer aux chevaux quelque repos, avait accéléré leur ruine.

Les chevaux des colonnes de ravitaillement et des batteries de tir, avaient été primitivement placés, ceux du Ier groupe au camp Cabaud (est des Islettes), ceux du Ile au camp Chillaz (ouest de Rarécourt), ceux du IIIe au camp Brune (est des Islettes), très loin des batteries. Plusieurs fois déplacés et toujours installés dans des camps boueux, souvent à la corde en plein air, les animaux étaient prêtés à d'autres unités ou à des équipes de travailleurs pour de pénibles travaux dans les forêts de la région, d'où ils revenaient fourbus. Au début d'avril, la ration


journalière d'avoine était descendue à 2 kilos ou même 1 kilo 500 pour certaines catégories de chevaux qui étaient supposés ne pas travailler. Des commissions spéciales avaient prélevé, les meilleurs animaux pour l'artillerie lourde hippomobile ou pour en faire des juments poulinières. 26 demandes ou comptes-rendus signalant la .ruine -des. animaux étaient partis du 53e R. A. C.

depuis septembre 1917.

VI Relève par la 3e Division italienne.

(8-20 mai 1918) - - • Enfin, le 7 mai, la 120e Division reçut avis de sa relève pro-, chaine par la 3e Division (général PiTTALUGA) du 2e Corps italien (général ALBRICCI). L'infanterie de celle-ci comprenait deux Brigades à deux Régiments. Son artillerie de campagne se

composait d'un Régiment (le 4e) de 75 et d'un groupe de 105.

Pas de distinction entre l'A. D. et l'A. C. D., le colonel BERRINO commandant à la fois l'A. D. et le Régiment. Celui-ci était à 10 batteries, le Ier groupe étant à 4 batteries et commandé par le lieutenant-colonel. > La relève fût pénible, à cause de la différence d'organisation

des deux Divisions aussi bien pour l'artillerie que pour l'infanterie et paree que les Italiens avaient peu pratiqué sur leur front ce genre d'opérations. Le premier contact avec la D. 1. italienne fut pris le 8 mai ; c'est seulement le 20 que les dèrniérs officiers français, chargés de passer les consignes du secteur à leurs successeurs, quittèrent celui-ci. '- -.- Le 16, le Q. G. de la 120e D. I, se transporta à Givry-en-Argonne; le 53e retiré du front dans les nuits du 13 au .15 arriva le 17 à ses cantonnements de repos (E. M. à Villers-en-Argomie).

§

VII — Repos en Argonne.

(17-28 mai 1918) Presque aussitôt, le Régiment fût victime d'une légère épidémie; nombre d'hommes souffrirent trois ou quatre jours d'une forte fièvre qui disparaissait sans laisser de trace, mais motivait l'évacuation : ce fût peut-être une première atteinte de l'épidémie de grippe qui éprouva fortement le 53e, au mois d'octobre suivant.

Comme d'usage, le repos fût consacré à la remise en ordre des unités et à l'instruction. Nul ne doutait, vu la répartition des cantonnements le long d'une voie ferrée, que le Régiment ne fût tôt ou tard embarqué en chemin de fer.

Tout à coup, à minuit 45 dans la nuit du 26. au 27 mai, le lieutenant-colonel PERRIER reçoit avis qu'aucun exercice à l'extérieur des cantonnements ne devra avoir lieu le lendemain.

Dans la soirée du 27, le communiqué allemand donne l'explication attendue : « Au sud de Laon, depuis ce matin, là bataille du Chemin des Dames est en cours » Le 28 à 14 heures, ordre d'être prêt à faire mouvement à partir de 17 heures, repas du soirpris.Le communiqué allemand apprend bientôt que l'Aisne est franchie par l'ennemi. A 19 heures, le Régiment s'ébranle avec les autres éléments montés


-de la Division : équipages et compagnies de mitrailleuses des trois Régiments d'infanterie, équipages du génie, escadron divisionnaire du 3e chasseurs, équipages de l'I. D., du centre d'instruction divisionnaire (C. I. D.), groupe des brancardiers divisionnaires {G. B. D.) et ambulances, le tout en deux colonnes sous le commandement du lieutenant-colonel PERRIER. L'infanterie, transportée en toute hâte le lendemain en camions automobiles fera route en un seul jour. Arrivera-t-on à temps sur la Marne pour barrer le passage à l'ennemi ?

CHAPITRE VI La Marne.

(28 mai-7 juillet 1918)

La première étape, prolongée fort avant dans la nuit du 28 au *29 mai, amena les éléments montés de la 120e Division à l'est de Châlons, dans la région Tilloy-Courtisols. Des ordres pressants les remirent en route dès 6 heures le 29. Ils marchèrent plus de douze heures pour se trouver le soir échelonnés sur la Marne de Juvigny à Bisseuil.

Les nouvelles se précisaient : notre front avait été enfoncé depuis la forêt de Pinon- jusqu'à Reims : l'état-major de la 5me Armée, (général MICHELER) appelé de l'arrière en toute hâte et installé à Cumières, au nord-ouest d'Epernay, s'efforçait d'organiser la défense sur le front Dormans-Reims. Bousculant des unités jetées hâtivement dans la bataille, les Allemands approchaient de la Marne ; l'infanterie de la 120e Division s'engageait au nord de Châtillon; de ce village, P. C. de la Division, mise à la disposition du 1ER Corps de cavalerie (général FÉRAUD), le général MORDACQ, impatient de posséder tous ses moyens, surtout l'artillerie et les équipages d'infanterie, pressait par téléphone l'arrivée de la colonne.

Les hommes et animaux ont reposé à peine deux ou trois heures la nuit précédente ; non remis encore des fatigues de l'Argonne, ces derniers viennent de faire plus de 40 kilomètres et il en manque d'ailleurs 150 à l'effectif. Néanmoins, la colonne est remise en route le 30 à 3 heures du matin, les voiturettes de mitrailleuses en tête, pour arriver au plus tôt au combat: les ordres pour la mise en batterie sont déjà parvenus au lieutenantcolonel PERRIER dans la nuit. La tête de l'artillerie débouche à Venteuil à 8 heures. Après une marche d'approche supplémentaire de 10 kilomètres encore et des reconnaissances très pénibles, vu l'incertitude de la situation, les groupes mettent en batterie, le 1er et le Ile à l'ouest du bois de Rarrey, le IIIE à sa lisière nord et les premiers coups de canon sont tirés ayant midi.

A ce moment, l'ennemi est à Goussancourt, Villers-Agron, Romigny, Ville-en-Tardenois. A notre gauche le 408e tient encore Verneuil, Passy- Grigny et Pareuil ; à droite le 86e est à Anthenay, Olizy-et-Violaine ; plus à droite et un peu en arrière, le 38e occupe Jonquéry, Cuisles et Baslieux. Au milieu des unités de la 120e coexistent épars d'autres éléments disparates d'infanterie et d'artillerie, dont certains, rétrogradant depuis la Vesle, mis


successivement a la disposition de plusieurs grandes unîtes, soutiennent la lutte depuis trois jours et épuisés, n'ont plus aucune valeur combative.

Quelles sont les unités d'artillerie sur lesquelles le 53e peut compter pour soutenir la lutte avec lui ? Où sont-elles ? Tout en établissant les liaisons avec l'infanterie, poussant des reconnaissanoes d'officiers à la fois sur les premières lignes et sur les ponts de la ftlarne, pour être prêt à se replier, et continuant le combat, la journée du 30 est employée à rechercher ces unités inconnues pour organiser, en un commandement unique, toute l'artillerie de campagne. Les officiers du 53e envoyés à leur recherche découvrent, c'est le mot, et rallient le IIe du 266e, le Ils du 10e, les 1er et Ille du 62e, tous plus ou moins éprouvés.

Le groupe du 266e est à bout de forces, inutilisable pour un ou deux jours, tout ravitaillement lui ayant manqué depuis quelque temps. Enfin, dans la soirée, deux groupements d'artillerie de campagne sont constitués sous les ordres du lieutenant-colonel PERRIER, appuyant l'un le 408e R.I., l'autre le 86e.

Mais la situation n'a pas cessé de s'aggraver au cours de la journée et par prudence tous les éléments lourds (T. R. etc.) de la D. I. ont été renvoyés au sud de la Marne. L'artillerie a dû sans cesse exécuter des barrages de plus en plus rapprochés. Le IIIE groupe, tirant à vue sur l'infanterie ennemie qui débouchait à l'ouest d'Olizy, a déjà consommé son jour de feu à la tombée de la nuit. A 22 h. 30 on se bat dans Vincelles et l'ennemi aborde Verneuil, à 23 heures Anthenay est pris.

Le 31 mai, vers 4 heures, tous les renseignements confirment une avance générale des Allemands. A partir de 6 heures, le Ille groupe du 53e au nord du bois de Rarrey, le IIE du 10e à l'est du bois de Trotte sont'pris sous le feu de l'infanterie ennemie.

Après examen de la situation avec l'A. D., de 7 heures à 9 heures, le lieutenant-colonel envoie aux groupes de campagne des ordres de repli successifs par échelons. Le groupement de 'gauche (1/53, II/53, II /10), passant par les ponts de Reuil et Dameryf va prendre position sur les hauteurs au sud de la Marne, le groupement de droite (111/53, 1 et 111/62) recule (sauf 2 batteries du 1 /62) mais tout en restant sur la rive nord. Le repli s'effectue dans le plus grand ordre, toutes les munitions sont soit enlevées, soit tirées. La 4e batterie du 53e, de sa position à l'ouest du bois de Rarrey, remplit jusque vers midi, sous le feu, pendant 5 heures après le départ des autres batteries du groupe, sa mission de couverture et ne se retire qu'après épuisement complet des munitions de tout le groupe. (Depuis 24 heures, le IIE groupe avait tiré ainsi environ 5600 coups, malgré les plus grandes difficultés de ravitaillement). Sur ces entrefaites, la D. I., l'A. D. et l'E. M. du 53e ont rétrogradé jusqu'à Reuil (1).

Le soir du 30 et la nuit suivante, le IIE groupe, en position sur la rive gauche,au sud d'Oeuilly, empêcha l'ennemi de déboucher de Verneuil, tandis que le Ille groupe, placé sur la rive droite entre Montigny et Binson-Orqlligny, inondant Anthenay de projectiles (2200 coups), arrêta toute avance dans le ravin de Violaine.

(1) La Division et l'A. D. devaient se transporter le 4 à Tincourt.


Ces deux groupes remplirent encore admirablement le même Tôle le jour suivant : le 1er juin dès 4 heures, grâce à un excellent observatoire à l'arbré d'Orquigny, le IIIE groupe, tirant à vue directe, fait d'excellente besogne sur l'ennemi débouchant d'Olizy et de Violaine (3600 coups). Après des alternatives d'avance et de recul, nous conservons Cuisles, mais les Allemands occupent Jonquéry. Vers 10 heures, l'attaque se prolonge sur notre gauche. L'ennemi débouche de Verneuil. De la rive gauche, les observateurs du Ils groupe constatent un repli de nos lignes à l'est des bois Pareuil et Navarre; sous la protection de notre feu, aussitôt intensifié, qui suit à vue ces mouvements, notre infanterie se stabilise et se reporte en avant, réoccupant ses anciennes positions.

Dès ce jour, 1er juin, l'attaque allemande est enrayée. Le 2, le P. C. du Ille groupe, établi dans un fourgon au sud de Montigny, est bombardé, le fourgon prend feu et brûle entièrement ; un obus passe à deux travers de main de la tête du commandant BAUDIC et fend le crâne d'un homme à côté de lui. Le 3, les ler et Ille groupes du 210e viennent se mettre également sous les ordres du lieutenant-colonel PERRIER et l'artillerie de campagne à la disposition de la 120e Division comprend alors 9 groupes (I, II, 111/53, I, II, 111/10, I, III /62, 11/266). Dans la nuit du 3 au 4, le jer groupe du 53e est ramené sur la rive nord non loin de Châtillon pour tirer dans de meilleures conditions et renforcer notre action dans la vallée dangereuse de Jonquéry.

Le 7, c'est au tour du Ils groupe de repasser la rivière, en s'établissant vers Binson-Orquigny.

Ce jour îà, 7 juin, on peut considérer la situation comme stabilisée, le front est organisé en trois sous-secteurs, Vandières (tenu par le 408e R. I.), Châtillon (par le 38e), Montigny (par le 251e, régiment prêté par la 40e D. I., qui St trouve à droite de la 120e).

Ainsi le 53e, parti de l'Argonne non reconstitué après l'énervant séjour dans le secteur de Vauquois,avec des chevaux déjà éreintés, porté sur la Marne à marches forcées, était arrivé à temps pour barrer la route à l'ennemi, malgré le manque de sommeil, la fatigue physique, l'encombrement des routes, la rencontre peu réconfortante d'éléments d'infanterie disloqués allant vers l'arrière. Dans deux journées tragiques, les 30 et 31 mai, combattant avec la Marne à dos, il avait servi de centre de ralliement à de nombreuses unités d'artillerie épuisées par de durs combats livrés en retraitant.

Il avait ainsi fourni un effort intense et ininterrompu de dix jours consécutifs, du 28 mai au 7 juin, pliant à peine le 31 mai sous le choc ennemi. Son faible recul pouvait se mesurer en remarquant que la ligne de résistance de la Division restait fermement maintenue en avant des premières positions de batterie occupées le 30 et que l'ennemi n'était en possession d'aucune de celles-ci. Dès le 1er juin, la partie était gagnée, l'Allemand ne pouvait plus passer ; le 2, le général FRANCHET D'ESPÈREY, cdt le Groupe d'Armées pouvait adresser par radio ses félicitations à la Division qui l'avait arrêté et dont tous les


Régiments, h s 38e, 86e, 408e R. I. et 53e. R. A. C. allaient être, l'objet pour ce beau fait d'armes d'unf citation à l'ordre de là -' 5e Armée.

- Une fois la ruée allemande enrayé., et le front stabilisé, commença pour le Régiment l'existence habituelle des secteum agités. La région ne ressemblait en rien aux solitudes désolées de- Verdun. C'était la riche et riante vallée de la tyLa%ne qui avait, seulement pendant quelques jours à peiné, connu en- 1914 les rigueurs'de l'invasion. Les habitants venaient de s'enfuir en toute hâte. La campagne n'avait que peu souffert des derniers.

combats, seuls les villages et les fermes étaient déjà ruinés par les bombardements, l'incendie et le passage des troupes en retraite. Le magnifique établissement des Pères Blancs au prieuréde Binson présentait un lamentable spectacle. Au bout de quelques jours de calme relatif, le commandement français se préoccupa de sauver ce qu'on pouvait récupérer du" mobilier et des biens des habitants fugitifs ; déjà les camions de l'E. M. du.' 53e avpient évacué sur Epernay une bonne partie de ce qui restait dans Reuil ; ils furent longtemps encore employés à cette évacuation.

Les batteries du 53e, placées sur la rive nord, dans l'espace compris entre Châtillon, Montigny, Binson-Orquigny et Villers, présentaient des ciblés faciles à l'ennemi, maître des hauteurs d'Olizy, Violaine et Jonquéry, dont les vues enfilaient merveil- leusement nos positions. Aussi chaque jour des réglages par avion, suivis de tirs d'efficacité de' gros calibre contrôlés, nous firent-ils beaucoup de mal. Il faut citer le bombardement du village de Binson-Orquigny, où se trouvaient les P. C. des ÏIe et IIIe groupes, qui reçut le 17 juin 250 coups de 240 à double fusée à retard (ogive et culot). La maison où s'était établi le commandant JOANNÈS s'effondra, soufflée par un seul projectile, ensevelissant une partie des documents et effets des officiers, le. médecin aide-major du Ils groupe CLAIR faillit rester enterré dans une cave écroulée ; toute la moitié est du village fut presque entièrement détruite. La riposte était difficile ; les liaisons avec les

batteries du sud de la Marne étaient constamment coupées sur les passages de la rivière.

Pour l'artillerie de campagne le milieu dé juin fut presque entièrement consacré à des mouvements et -relèves de batteries ayant pour objet de remettre sur notre front un ordre bien nécessaire entre des unités extraordinairement emmêlées au cours de la bataille défensive : les groupes du 10e, du.62e, du 266e allèrent vers d'autres destinées, on vit arriver, prendre des positions,.

en changer et disparaître bientôt après, des groupes du 60e porté ; puis le 31e R. A. C. de l'A. D./8 fut mis en ligne tout entier à la disposition delà 120e D. I.

A - partir du -21 juin, les officiers du 53e eurent à parcourir le terrain en tout sens et à reconnaître de nombreuses positions de batterie en vue d'une grande opération projetée : à gauche la 8e Division, relevant la 120e, devait attaquer sur Anthenay ; au centre une Division américaine sur Olizy, à droite la 40e D. I.

sur Jonquéry. Le 2 juillet, au moment où le contact était déjà pris avec les Américains et où l'approvisionnement des positions:


de batterie commençait, changement soudain de projets : la Division américaine est dirigée sur un autre point du front. Le 4, TE. M., l'A. D. et l'infanterie de la 120e D. I. sont ramenés en arrière (Q. G. à Bligny près St-Martin cVAblois) et remplacés par les mêmes éléments de la 3e Division ; le 53e reste en ligne, mais le lieutenant-colonel et les Ier et IIe groupes appuient presque aussitôt sur la droite, constituant un groupement (P. C. Venteuil) à la disposition de la 40e D. I. (P. C. Fleur y-la-Rivière).

Le 7 juillet la 120e Division reçoit l'ordre de se porter le lendemain dans le secteur du 2e Corps italien (P. C. Ilautvillers) qui tient avec 2 divisions (8e à gauche, P. C. Nanteuil-la-Fosse, 3e à droite, P. C. Courtagnon), séparées par VArdre, le front compris entre la Neuville-aux-Larris et lIléry-Prémecy, à droite de la 40e D. I. La 120e occupera la 2e position, récupérant son artillerie de campagne qui doit être en batterie le 8 avant minuit.

Le commandement français craint de plus en plus une attaque allemande de grande envergure dans la région.

CHAPITRE VII

La montagne de Reims.

(8-27 juillet 1918) Le 250e R. A. C. porté (lieutenant-colonel de CHAUNACLANzAc) releva le 53e sur ses positions. L'opération fut extrêmement pénible : les tracteurs de ce Régiment étaient très fatigués, marchant depuis longtemps sans révision complète. Alors que les batteries du 53e escomptaient leur venue sur les positions vers minuit dans la nuit du 7 au 8, ils arrivèrent isolément à de longs intervalles, égrenés sur les routes par suite de pannes successives, la relève ne put être terminée de nuit et pour éviter de cheminer de jour sur des routes vues des avions, les canons des Ier et Ille groupes durent être immobilisés sous bois le 8 jusqu'à la nuit tombante.

L'E. M. de la 120e D. I. et l'A. D./120, transportés à Ay ne pouvaient donner encore que des renseignements imprécis sur la mission dévolue au 53e. L'ordre était d'être en batterie pour minuit : en fait il étpit inexécutable, vu les distances à parcourir par les groupes. Les reconnaissances, des positions ne purent être effectuées que sommairement, et encore grâce à l'emploi des moyens automobiles de l'E. M. du Régiment. Vers minuit, la tête des batteries venues, celles du Ier groupe de la ferme des Savarts au nord de TincouTt, celles du IIe des bois de Boursault, celles du IIIe de la ferme d'Harnotay, au nord de Venteuil, arrivait à Nanteuil la Fosse ; à 2 heures les positions étaient occupées : le Ier groupe vers la ferme de Presle au nord-ouest de Courtagnon, le IIe au nord de Nanteuil-la-Fosse, le Ille dans les pâtis d'Ecueil, au nord-ouest de Pourcy.

Du 9 au 14, on s'organisa, on prit contact avec les Italiens, on précisa les missions. La première position italienne englobait le bois des Eclisses, Bligny et Ste-Euphraise. En arrière se trouvait une position intermédiaire ou ligne de résistance à outrance


sur laquelle l'infanterie italienne devait se replier en cas d'attaque (Chaumuzy, Commetreuil, Onrézy). La seconde position (La Poterne, Pourcy, ferme Heurtebise) était celle de la 120e D. I., que le 53e avait pour mission principale de défendre : elle était tenue de gauche à droite par les 408e, 86e R. I., 75e (puis 76e) R. I. italien, respectivement appuyés par les Ils, 1er et Ille groupes. Mais pour pouvoir exécuter le cas échéant des tirs à grande distance au-delà de la première position, le 53e était muni d'obus A. L. 1917 à fusée R. Y. donnant des portées de 11 kilomètres.

Le IIIe groupe étant trop avancé aux pâtis d'Ecueil pour pouvoir donner utilement des feux en avant de la 2e position, la 8e batterie fut ramenée au bois de Courtagnon pendant la nuit du 13 au 14. Le mouvement analogue des deux autres batteries du groupe était prévu pour la nuit suivante.

C'est cette nuit même, celle du 14 au 15 juillet, que les Allemands déclanchèrent leur dernière grande offensive, depuis Château-Thierry jusqu'à la Mflin-de-Alassiges. Le « Trommelfeuer » commença un peu après minuit alors qu'en prévision de l'attaque notre artillerie lourde avait déjà déclenché sur les batteries ennemies un tir de neutralisation à obus toxiques.

Les 7e et 9e batteries venaient de terminer leur mouvement, mais le P. C. du groupe BAUDIC, encore dans les pâtis d'Ecueil, dut être transféré au bois de Courtagnon sous le feu : le lieutenant BOEUF, de l'E. M. du IIIe groupe, fit preuve, en cette circonstance, des plus grandes qualités de courage et d'énergie.

Dès que le roulement formidable de l'artillerie allemande ne laissa plus aucun doute sur les intentions de l'ennemie, le 53e commença ses tirs de contre-préparation.

Sur la rive droite de l'Ardre, (3e D. I. italienne), la préparation d'artillerie ne fut suivie d'aucune attaque d'infanterie.

L'infanterie italienne repliée s'arrêta un peu plus en arrière que la ligne de résistance à outrance. Le 8e R. A. C. italien, colonel BERRINO, le même Régiment qui avait relevé le 53e dans le secteur de Vauquois, fut peu éprouvé.

Sur la rive gauche au contraire (8e D. I. italienne), vers 4 heures, le tir de l'artillerie allemande s'allongea et l'infanterie ennemie enfonça à la fois la première ligne et la ligne de résistance à outrance. Dans le bois des Eclisses, le Ier bataillon du 408e (cdt SENTENAC), fit une résistance héroïque et fut anéanti.

Dès 6 heures, l'infanterie italienne en retraite traversait les rues de Nanteuil. Presque toutes les batteries du 10e R. A. C.

italien (lieutenant-colonel SCHELLINO), prises sous des tirs toxiques, dans l'impossibilité de retirer leur matériel par suite de fortes pertes en chevaux, étaient détruites ou prisonnières.

Le 228E R. A. C. porté (lieutenant-colonel LEVEZOU DE VEZINS) à la disposition du Corps d'Armée italien pour la défense de la première position, était mis également en mauvaise posture.

En somme sur les deux rives de Y Ardre, la deuxième position était devenue la première et sur la rive gauche la 120e Division restait seule pour la défendre.

Aussitôt le commandement de l'artillerie de campagne fut réorganisé : le lieutenant-colonel commandant le 53e prit


sous ses ordres, en plus de son Régiment, les débris du 10e italien (7 pièces), les éléments du 228E R. A. C., encore susceptibles de combattre immédiatement (2 batteries incomplètes) et un groupe du 4ge R. A. C. porté (cdt DE ROUZIERS) amené en toute hâte dans le secteur.

Le lendemain 16 juillet fut une journée tragique et décisive.

Sur la rive gauche de l'Ardre, où notre ligne traversait les bois de Courton, étaient disposés de la gauche à la droite, entre la Poterne et la rivière le Ier bataillon du 52e R. I. italien (cdt GARIBALDI), le Ile du 408e (cdt COUTURE) et le IIIE du 40se {cdt CONTENSON), sous le commandement du colonel MORAND, du 40se, avec un bataillon italien de arditi en réserve, derrière celui du 52e. Vers 13 heures, le bombardement allemand augmenta de violence et des infiltrations ennemies dans les bois, conjurées une première fois dans la matinée, crevèrent le bataillon COUTURE, malgré une brillante contre-attaque d'une compagnie du 38e, tandis que le colonel MORAND, chassé de son P. C., était forcé de se retirer sur celui du bataillon CONTENSON OÙ il resta avec son état-major à peu près entièrement cerné jusqu'au 19. Notre ligne était percée (17 heures).

La Division et l'A. D., quittant leur P. C. de Nanteuil-laFosse se portèrent à St-Imoges. La situation du IIE groupe du 53e en batterie au nord de Nanteuil, désormais sans aucune protection d'infanterie, devenait critique. A 19 heures, le sous-lieutenant FÉTOUX, de service à l'observatoire du groupe à la cote 243 au nord de Nanteuil, signale les Allemands débouchant de la lisière des bois à un kilomètre à peine des batteries. Le lieutenantcolonel PERRIER donne aussitôt au groupe l'ordre de se retirer par échelons sur les positions de repli reconnues à 1800 mètres au sud de Nanteuil-la-Fosse, à cheval sur la route de Hautvillers.

La retraite s'exécute avec le calme le plus parfait sous le feu de l'infanterie ennemie dans l'ordre 5e, 4e et 6e batteries, de 19 h.

à 20 h. 30. Des attelages de la 6e vont tranquillement chercher une pièce contre tanks dans une position avancée, un pointeur de la même batterie détruit une mitrailleuse allemande et ses servants ; les batteries et leurs mitrailleuses tirent jusqu'au dernier moment ; le lieutenant ROUVIN, cdt la 6e, quitte le dernier la position à 20 h. 30, avec le lieutenant-colonel et des ofifciers de l'E. M. du Régiment (1). Les tirailleurs allemands avancent à l'ouest de Nanteuil, mais au même instant des fantassins français les gagnant de vitesse arrivent avant eux au village qui ne fût jamais occupé par l'ennemi.

Voici ce qui s'était passé : la 14e Division arrivait pour relever la 120e et un bataillon du 44e R. I. devait remplacer un bataillon du 408e. Les reconnaissances d'officiers du 44e, tombant dans le désordre causé par la percée de notre ligne, se heurtèrent aux Allemands. Le lieutenant-colonel NIÉGER, cdt le 44e, prévenu,

(1) Le chef d'E. M. de la 8e D. I. italienne qui, à ce moment, observait le champ de bataille du haut de la cote 243, déclara quelques jours après que le repli du Ils groupe, sous les ordres du commandant JOANNÈS, était le plus beau fait d'armes auquel il eût assisté. Le lt FLAMAND, cdt la 4e batterie, fut décoré de la Légion d'Honneur, et le It ROUVIN, cdt la 6e, cité à l'ordre de l'Armée.


activant aussitôt le mouvement de ses bataillons, en avait poussé un résolument en avant (cdt ARLABOSSE). C'est ce bataillon qui sauva Nanteuil.

Pendant que le IIe groupe du 53e avait tenu jusqu'au dernier moment sur ses premières positions et était prêt à tirer avant la nuit de ses positions de repli, les batteries portées du 228e et du 49e, placées au sud de Nanteuil, s'étaient repliées vers St-Imoges, le 4ge obligé d'abandonner 5 canons (1), car ses tracteurs n'arrivaient pas par suite de pannes ou de l'embouteillage des routes. Ces batteries ouvrirent le feu de leurs positions de repli le 17 vers midi (2).

Pendant la nuit du 16 au 17, le' lieutenant-colonel PERRIER installa son P. C. dans les bois, à la cote 260, (bifurcation des routes de Nanteuil à St-Imoges et Hautvillers), entrant en liaison avec le lieutenant-colonel NIÉGER, dont le Régiment se portait en ligne, tandis que le 47e R. A. C. (A. C. D./14), déjà engagé sur la route de Nanteuil, devait rétrograder pour chercher des positions moins aventurées que celles qui lui avaient été assignées.

En même temps, les communications téléphoniques étaient établies entre le P. C. du 53e et les deux groupes (1er et Ille) restés sur la rive droite, par un relai installé à la 3e batterie.

Seule des batteries de la rive droite, celle-ci avait dû se retirer sous la pression de l'ennemi, prenant position au Cadran, maison forestière sur la route de St-bnoges à Reims.

C'est dans l'après-midi du 16 que le capitaine PAILLAC, cdt la ge, fut mortellement blessé à l'observatoire de son groupe, à la lisière ouest des bois de Pourcy (3).

La caractéristique de cette dure journée, et aussi d'ailleurs des précédentes et suivantes, c'est que pas une fois les liaisons ne furent rompues entre le lieutenant-colonel, les groupes du 53e R. A. C. et l'infanterie qu'ils appuyaient. C'est par les lignes de l'artillerie que la plupart des renseignements parvint au commandement. A Nanteuil-la-Fosse le 16, le lieutenant-colonel était tenu minute par minute au courant de la situation du 408® par le sous-lieutenant JEAN-FINOT, officier de liaison auprès du colonel MORAND, dans le bois de Courton. C'est grâce à sa liaison avec l'observatoire du IIe groupe qu'il put donner à temps à ce groupe l'ordre de repli. Après le 16, les lignes de l'artillerie permirent encore de communiquer avec le colonel MORAND, entouré d'ennemis presque de toutes parts, et de le prévenir qu'on le ravitaillerait par avion. Les détachements de liaison avaient été à dessein très fortement organisés. L'initiative et l'ardeur des jeunes officiers et gradés employés à ce service, le zèle et le courage des téléphonistes se montrèrent à hauteur de la situation. Citons le brave maréchal des logis

(1) Que le 53e fit reprendre le lendemain.

(2) L'expérience a prouvé ce jour là combien l'artillerie hippomobile est plus susceptible que l'artillerie portée de se sauver d'un mauvais pas et de se mettre rapidement en état de tirer.

(3) Ancien élève de l'Ecole Centrale, industriel à Lyon, cet officier d'un rare mérite, d'un caractère des plus sympathiques, d'une culture étendue, excellent tireur, aimé de tous, mourut le 18 à Epernay après avoir reçu la croix.


HÉRAULT de la 7e batterie, tué le 18 en accomplissant une liaison périlleuse.

La journée du 16 fut la dernière de la guerre où le 53e eut un rôle défensif. De ce jour, il ne fit plus qu'attaquer.

Le 17 à midi, sur la rive droite notre deuxième position n'a pas été ébranlée ; sur la rive gauche, nous avons perdu presque tout le bois de Courton, mais le bataillon CONTENSON avec le colonel MORAND tient dans la partie nord-ouest du bois et la brèche faite la veille dans nos lignes est bouchée par la 14e Division. Toutes les liaisons fonctionnent parfaitement avec le P. C. du 53e transporté à St-Imoges à côté de la D. I. et de l'A. D., toute notre artillerie de campagne est en batterie. Telle est la situation, lorsque l'offensive allemande, déclenchée le 15 à o.

heure, est arrivée à bout de souffle le 17.

Aussi, dès le 18, notre contre-offensive s'affirme. Il faut avant tout rétablir notre situation dans le bois de Courton. C'est la mission dévolue à la 14e D. I. A cause des faux mouvements du 47e R. A. C., obligé de chercher de nouvelles positions de batterie, ce Régiment ne put travailler utilement pour sa Division avant le 19 à midi; aussi ce fut l'artillerie de la 120eD. I. et notamment le Ils groupe du 53e qui appuya la 14e dans les attaques du 18 et du 19 au cours desquelles la liaison fut continue entre le 44e R. I. et le 53e R. A. C. (1).

Celle du 18 fut menée à 9 heures par le 35e R. I. à gauche, le 44e à droite, ayant pour objectifs notre ancienne deuxième position. Un réduit allemand sous bois à l'ouest de Nanteuil nécessita une opération spéciale pour être enlevé ; l'ennemi y fit une résistance désespérée dont le 44e, un des plus brillants régiments de l'infanterie française, vint à bout au prix d'un combat sanglant, soutenu par les tirs efficaces du 53e. Notre ancienne deuxième position ne fut atteinte complètement sur toute la ligne que le 19 à midi ; le colonel MORAND encerclé, se trouva alors dégagé.

Tandis que ces opérations se déroulaient sur la rive gauche, le 18, les IER et IIIE groupes appuyaient des attaques du 23e colonial (2e Division d'infanterie coloniale, à droite de la 120e) sur le bois du Petit-Champ et du 38e R. I. sur Marfaux et Cuitron.

L'opération ne nous donna que Courmas.

Le 20, à 19 heures, le lieutenant-colonel PERRIER apprend tout à coup qu'il doit appuyer le lendemain matin une attaque de la 62e Division écossaise (général BRAITHWAITE) en direction de Méry-Prémecy, Aubilly, Alont-de-Bligny. Cette Division, transportée le soir même en camions sur la rive droite de l'Ardre, ne dispose pas encore de son artillerie. Elle comprend 3 Brigades dont 2 mèneront l'attaque, ayant pour P. C. commun la ferme VEcueïl ; le 53e appuiera la Brigade de droite (187e), le 22st, à peu près reconstitué, celle de gauche (185e). On conçoit quelles difficultés il fallut surmonter pour organiser en toute hâte les liaisons entre une infanterie et une artillerie qui ne s'étaient jamais vues et ne parlaient pas la même langue.

(1) Assurée par le It CLERC, de l'E. M. du 53e.


A 8 heures le 21, l'attaque se déclencha magnifiquement, les Ecossais, troupe superbe, abordant coude à coude, sans se courber, les positions allemandes garnies de mitrailleuses sous bois. Mais cette opération brusquée, pour laquelle la Division n'avait demandé aucune préparation d'artillerie sérieuse, aboutit à un insuccès à peu près total et à de lourdes pertes. La poussée fut reprise et continuée avec la même opiniâtreté'pendant les trois jours suivants, mais avec les mêmes errements. La Division entière s'y consuma. Le 21 à 10 h. 30, le 22 à 12 h. 15, le 23 à 6 h., appuyée sans cesse par le 53e, le 228e, puis à la fin par sa propre artillerie enfin arrivée, elle réussit à conquérir le bois du PetitChamp, Marfaux et Cuitron, en subissant d'énoimes pertes.

A ces offensives succédèrent celles de la 77e Division (général SÈRRIGNY, P. C. Chamery), qui disposa comme artillerie de campagne, en plus de son Régiment organique, le 6e R. A. C., du 53e R. A. C., d'un groupe du 26e R. A. C. et du 4e R. A. C. italien.

Le 53e eut un rôle moins intéressant qu'auparavant, n'exécutant pas de barrages en liaison avec l'infanterie, chargé seulement de tirs de préparation avant les attaques, d'eiicagements, concentrations ou barrages fixes pendant celles-ci. Une seule attaque, le 23 à 11 heures, nous donna le château et les bois de Commetreuil, mais il en fallut quatre pour venir à bout du bois des DixHommées : le 23 à 15 h. et 20 h., le 24 à 4 h. 15 et 18 h. 30. L'ennemi opposa sans cesse une résistance acharnée et nos succès, chèrement achetés, furent surtout dus à l'emploi des tanks.

Le rôle de la 120e Division dans la montagne de Reims était terminé. Sa relève par des troupes du 22e Corps britannique commença le 25. Le 26, par des itinéraires défilés, les canons du 53e furent retirés en plein jour sans être remplacés. Le 28, le Régiment arrivait à des cantonnements de repos dans la région de St-Quentin-sur-Coole, au sud de Châlons.

Le 15 et le 16, il avait supporté le choc allemand. Du 18 au 24, en sept jours, il avait appuyé onze contre-attaques. Il avait tiré 90.000 coups, perdu, tués ou blessés : 5 officiers, 7 sous-officiers, 53 hommes, 88 chevaux. L'effort avait été moins violent mais plus prolongé, plus soutenu que pendant les combats de la fin de mai et du début de juin. Le général cdt la 62e Division écossaise faisait du 53e le plus bel éloge en écrivant que sans l'artillerie française ses attaques auraient été déclenchées en vain (1).

CHAPITRE VIII

Verdun. (Secteur de la Meuse).

(Août-septembre 1918) Le repos accordé à la 120e Division fut cette fois de très courte durée : quatre jours. Dès le 2 août, elle était remise en marche pour aller occuper un secteur très étendu, à cheval sur la Meuse, de Béthincourt à Beaumont, passant sous les ordres du 17e Corps (P. C. Regret), les P. C. de la D. I., de l'I. D., de l'A. D. et de

(1) Voir la lettre du général BRAITHWAITE, cdt la 62e Division britannique, du 27 juillet 1918, p. 98.


l'A. C. D. tous installés à Froméréville. Le 1er et le IIe groupes s'établirent sur la rive droite de la Meuse; le IIIe défendait la rive gauche, avec deux groupes du 23e R. A. C. colonial porté, mis à la disposition de la 120e D. I.. Ceux-ci furent relevés le 16 août par deux groupes du 203e R. A. C. porté, lb retirés euxmêmes à la Division le 1er septembre.

Le 8 août, le chef d'escadron BAUDIC, commandant le Ille groupe, fut détaché comme instructeur au cours des commandants de groupe à Soudé-Sainte-Croix. Il ne devait plus rejoindre le • Régiment (1).

Le séjour du Régiment dans le secteur de la Meuse, aussi calme qu'il avait été agité juste un an auparavant dans la même région, ne fut pas signalé par le moindre événement digne d'être noté.

Les 9 et 10 septembre, la 120e D. I. fut relevée par la 33e Division américaine, le 53e par le 105e R. A. C. américain.

CHAPITRE IX

Argonne. (Secteur de Florent).

(Septembre 1918) La 120e Division remplaça aussitôt à son tour dans le secteur de Florent-en-Argonne la [3e Division italienne, celle-là même qui l'avait relevée dans le secteur de Vauquois en mai précédent et avait combattu avec elle dans la montagne de Reims en juillet ; le 53e releva ainsi le 4e R. A. C. italien.

Le secteur de Florent s'étendait de la Harazée à la cote 285 (Petite-Courte-Chausse) ; la D. I. et l'A. D. étaient aux Vignettes, à la sortie ouest des Islettes, le P. C. du 53e à Florent. Notre attitude était purement défensive.

Sur ces entrefaites, s'opérait dans la région une forte concentration de troupes américaines : un Corps d'Armée américain avait son Q. G. à Rarécourt.

Du 20 au 21 septembre l'infanterie de la 120e D. I. fut relevée par celle de la 77e D. I. américaine et mise au repos dans la région de Givry-en-Argonne. Dans la nuit du 21 au 22, tandis que l'artillerie américaine s'installait sur de's positions offensives nouvelles, le 53e quitta les positions défensives qu'il occupait pour être mis au bivouac sous la pluie, avec le VIe groupe de 155 C. du 113e et la S. M. A. du P. A. D./120, dans les bois de Verrières au sud de Ste-Ménéhould. Depuis le 30 mai, il avait eu quatre jours de repos ; il lui manquait 176 chevaux.

CHAPITRE X

Offensive de Champagne.

(Septembre 1918) Le 53e R. A. C., le VIe groupe du 113e R. A. L., la section de munitions du P. A. D./120, sont aussitôt séparés de leur

(1) Jusqu'à la dissolution du Ille groupe (20 janvier 1919) ce groupe fut commandé provisoirement par les capitaines LAGOUTTE (8 août), LAIGNIER (25 août), LAGOUTTE (10 octobre), MASSOL (17 octobre).


Division et mis à la disposition du 21e Corps, Q. G. St-Remy-- sw-Bussy. Mis eu route d'urgence, le 22 septembre à la tombée du jour, ils arrivent aux bivouacs prescrits dans les bois au nord de la Noblette après une pénible étape de nuit : il a plu sans cesse, les routes sont encombrées de colonnes automobiles et hippomobiles circulant dans les deux sens et barrées par des quantités de voitures en panne. 'Le 21E Corps prépare dans le plus grand secret l'offensive générale à laquelle il doit participer, en ne portant en ligne qu'au dernier moment l'artillerie de renforcement mise à sa disposition pour l'attaque, méthode bien différente de celle que nous avons vu employer à .la cote 304 onze mois auparavant.

Les 1er et HIE groupes du 53e sont attribués à la 48E D. I., formant un groupement aux ordres du lieutenant-colonel PER- - HIER. Le Ils du 53°, attribué à la 1676 D. I., fait partie d'un groupement sous les ordres du lieutenant-colonel MAHUT, cdt le 239E 11. A. C. Enfin le VIe du 113E est aux ordres du lieutenantcolonel DUTHEIL DE LA ROCHÈUE, cdt le 253e R. A. C. porté (1).

Le 23, reconnaissances. Dans la nuit du 23 au 24, les pièces sont amenées et laissées sans personnel sur les positions déjà approvisionnées à 4 jours 1 /2 de feu. Dans la nuit du 24 au 25, le personnel se rend aux positions, le lieutenant-colonel à son P. C., cote 204, près la nouvelle voie romaine, à 2 kilomètres et demi environ au sud-ouest de Hurlus.

La préparation commence le 25 à 23 heures, l'heure de l'attaque étant 5 h. 25 le 26 ; les trois groupes du 53e n'appuient pas directement l'infanterie, mais exécutent des tirs variés et d'autant plus délicats, brèches, tirs à obus fugimènes, toxiques, etc.

La 167e D. I. à gauche doit s'emparer de la butte de Souain, le 43e à droite de la cote 193 et du mont Muret. L'objectif final est la tranchée d'Aurc. Il n'est pas atteint le 26. Les attaques se poursuivent le 27 et le 28. Dès le matin du premier jour d'attaque, la lre et la 7° batterie sont portées en avant sur les traces même de l'infanterie et occupent des positions dans la région du Trou-Bricot.

? Un ordre de l'Armée prescrit d'ailleurs que sitôt les objectifs atteints, le 53° est remis à sa disposition, en restant en place.

La 43° D. I. éprouvànt les plus grandes difficultés pour pousser en avant ses munitions, le 53e l'aide pendant deux jours dans cette tâche..

CHAPITRE XI Offensive sur Vouziers.

(Septembre-octobre 1918) Dans la nuit du 28 au 29, les échelons et C. R. du 53e sont en train d'exécuter un ravitaillement des plus pénibles, quand vers 21 h. arrive l'ordre de diriger sur le moulin de Ripont le 53° R. A. C. et sur Wargemouïin la S. M. A., mis à la disposition de la 2e Division marocaine (P. C. Balcon,.à 1500.m sud-est

(1) Le VI /113 n'a été rendu à la 120e Division que le 9 octobre.


de, Mesnil-les-Hurlus). La 2e D. M. dépend du ge C. A. (P. C.

Hans). A l'offensive du 26 septembre, elle a enlevé la butte du MesnU et poursuit ses succès.

Les éléments qui ravitaillent l'A. D./43, par une nuit des plus noires et sous la pluie, ne sont de retour que vers 5 heures, le 29. Le. Régiment, mis en route par Perthes-lcs-Hurlus, Tahure et la route de Tahure à Ripont, fait une étape des plus dures.

La plupart des conducteurs sont à cheval depuis la veille 18 h.

L'itinéraire ci-dessus, seul praticable, présente un encombrement de tous corps et de toutes armes qui défie la description. Des camions en panne embouteillent tout. Le lieutenant-colonel reste deux heures sur la route, entre Tahure et Ripont, à faire passer ses éléments un à un. Certains n'arrivent qu'à 14 h. au moulin de Ripont.

L'artillerie de campagne de la Division marocaine est sous les ordres du lieutenant-colonel BROSSÉ, commandant le 255e R. A. C.. Les groupes du 53e mettent en batterie le soir même au nord de Gratreuil ; notre infanterie dépasse Vieux, mais n'a pas atteint Marvaux.

Dans la nuit du 29 au 30, l'infanterie de la 120E Division,

amenée de la région de Laval, relève celle de la 2e Division marocaine. A 8 h. du matin, le 30, le général commandant la 120e D. I. prend le commandement du secteur. L'artillerie de campagne (53e et 255e R. A. C.) reste sur place, mais le lieutenantcolonel PERRIER, commandant le 53e R. A. C., en prend le commandement. Le Régiment de droite (408E) est appuyé par un groupement aux ordres du lieutenant-colonel BROSSÉ. Le Régiment de gauche (38E) est appuyé par un groupement aux ordres du commandant J OANNÈS.

Le 30 septembre, les deux Régiments en ligne attaquent, mais ne peuvent dépasser la ligne Marvaux-ruisseau de Bouillon.

Ils constatent que la croupe Croix-des-Soudans-cote 195 est très fortement tenue et que son enlèvement nécessite une préparation minutieuse.

La journée du 1er y est consacrée. L'attaque se déclenche le 2, à Il h. 50. La 120e conquiert à peu près la ligne de crête Croixdes-Soudans-cote 195, mais 'après avoir tenu les pentes est de cette crête, le 408e est repoussé. Monthois reste imprenable.

En même temps, à droite, la 161e D.I. conquiert, puis perd Challerange, à gauche la 4e D. I. ne peut dépasser la Croix-Gille.

Il est désormais acquis que nous pourrons seulement déboucher sur les pentes nord de la crête Croix-des-Soudans-cote 195, lorsque, à l'ouest, l'éperon 183 sera pris. Dès lors, avec cette conception comme base, une série d'attaques se succèdent du 3 au 8 octobre. Elles se propagent de la gauche à la droite, chaque division attendant pour déclencher la sienne une'avance de la division à sa gauche et toutes les divisions se prêtant un mutuel appui pour la préparation. Ces nombreuses tentatives échouent à peu près totalement et usent le 53e R. A. C. par la fatigue des tirs de nuit et des ravitaillements.

L'artillerie de la Division marocaine est retirée du front dans la nuit du 8 au 9 octobre et remplacée par deux groupes du 52e R. A. C. et un groupe du 45e R. A. C. porté.


Dans la nuit du 9 au 10, symptômes de retraite ennemie.

Notre infanterie pousse immédiatement en avant des patrouilles qui vérifient le fait. La poursuite commence. L'artillerie détache des sections avancées à la disposition des bataillons de tête.

La poursuite continue ainsi les 11 et 12, l'artillerie de campagne brisant les résistances locales (Corbon, St-Morel, Ferme Bailla), les groupes s'avançant par échelons au fur et à mesure de la progression. Les deux groupes du 52e sont retirés dans la nuit du Il au 12 et remplacés par les 1er et IIIe groupes du 45e, retirés eux-mêmes le 12 à 15 heures.

Dans la nuit du 12 au 13, le 86e passe une section sur la rive droite de V-Aisne, en face de Vouziers sous la protection du Ier groupe du 53e. La nuit suivante, le 38e en fait autant en face de Condé-les- V ouziers.

Dans la nuit du 14 au 15, la 134e D. I. relève la 120e, le 223e R. A. C. le 53e. Les 15, 16 et 17, le Régiment bivouaque sous la pluie et dans la boue, sur la route d'Aure à Sornme-Py. Il est dirigé le 18 sur le camp de Châlons, à lJlourmelon-le- Grand.

En trois semaines, il avait participé aux attaques de quatre Divisions (43e, 167e, 2e marocaine et 120e). Par suite des conditions nouvelles de la guerre de mouvement qui s'étaient brusquement présentées, l'effort à soutenir, surtout du 29 septembre au 9 octobre, avait été considérable. Imposé à un personnsl et à des chevaux déjà surmenés, il mérite d'être remarqué.

Les principaux points à noter, comme différenciant complètement cette période des périodes antérieures sont les suivants : 1° — Déplacements continuels, parfois deux fois par jour, des P. C., mobilité des batteries, par suite travail sans arrêt exigé du personnel téléphoniste (officiers et troupe) pour l'établissement des lignes et leur relève, obligatoire étant donnée la pénurie des fils. Il est remarquable que les liaisons téléphoniques ont toujours parfaitement fonctionné ; en prévision de leur inutilité à craindre, les liaisons par cavaliers et cyclistes avaient été considérablement renforcées.

2° — En raison de l'avance des batteries, grandes difficultés de ravitaillement, aussi bien en vivres qu'en munitions. Certains jours les voitures des T. R. ont fait 60 kilomètres. Le ravitaillement en munitions des positions du 53e n'a été que rarement assuré par une S. M. A., jamais par camions autos. Ce sont les batteries et colonnes de ravitaillement qui presque toujours ont poussé les munitions de l'arrière à l'avant, vidant au fur et à mesure de l'avance les anciennes positions de batterie. De ce fait, la fatigue imposée de nuit aux conducteurs et chevaux a été extrême.

3° — La division en deux sections des batteries qui fournissaient à l'infanterie des sections avancées a été une cause notoire de difficultés supplémentaires pour les liaisons et ravitaillements en vivres ou munitions. Les officiers commandant les sections avancées qui sont restées plusieurs jours dans cette situation, ont eu une tâche très lourde.

4° — La plupart des positions de batteries et tous les emplacements d'avant-trains, échelons et colonnes de ravitaillement


ne présentait aucun abri. Le temps a été constamment pluvieux.

5° — Les nécessités de la poursuite ont conduit à occuper fréquemment des positions dangereuses, très mal défilées aux vues de l'ennemi.

6° — Les destructions opérées par les Allemands et le mauvais état des chemins ont été fréquemment des obstacles sérieux à la poussée en avant.

Dès la première semaine d'octobre la grave épidémie de grippe qui sévissait alors partout avait éprouvé le Régiment, frappant plus particulièrement le personnel des officiers, plus surmené que celui de la troupe par l'obligation du travail intellectuel qui s'ajoute aux fatigues physiques et par l'absence prolongée de sommeil, les ordres étant arrivés presque constamment de nuit. Au 16 octobre, 11 officiers et 1 aspirant avaient été évacués, la plupart à la dernière limite de leurs forces, lorsque celles-ci les avaient trahis, certains ayant tenu à honneur, malgré l'épuisement et la fièvre de ne quitter leur poste qu'à la dernière extrémité. C'étaient : MM. THIBAULT, sous-lieutenant, E. M. 1er groupe.

NIÉRAT, sous-lieutenant, 5e, BRISAC, sous-lieutenant, 5e.

BOEUF, lieutenant (1), E. M. IIIe groupe.

MOULHIADF., sous-lieutenant, E. M. IIIe groupe.

DE BEAUCORPS, lieutenant, 7e.

GIBERT, sous-lieutenant, 7e.

CASAL, lieutenant, 9e.

COTTIER, sous-lieutenant, ge.

RCJUBEAU, sous-lieutenant, ge.

TOUSSAINT, m. a. m. de 2e classe.

SANIEZ, aspirant, Fe.

Les officiers dont les noms suivent, très souffrants, avaient pu néanmoins rester à leur poste sans être évacués : MM. RENARD, sous-lieutenant, E. M. IIE groupe.

ROUVIN, lieutenant, 5e.

BRETON, lieutenant, E. M. Ille groupe.

LAIGNIER, capitaine 8E, cdt provisoirement le IIIE gr.

Il ne restait, à la fin des opérations, aucun officier ou aspirant à la 9e batterie ; le personnel des officiers du IIIe groupe dut être complètement remanié et reconstitué par des prélèvements faits sur les autres groupes.

Tandis que le 21 septembre les effectifs de la troupe étaient complets, il manquait en fin d'opérations 115 sous-officiers, brigadiers ou canonniers (tués, blessés, évacués, etc).

Il y avait 301 chevaux manquant aux effectifs ou indisponibles ou ruinés. Malgré ce déficit considérable, pas une voiture, aucun matériel n'avait été laissé en souffrance.

(1) Le lieutenant BOEUF, de l'état-major du Ille groupe, modèle de dévouement et de bravoure, évacué dans un état désespéré, mourut quatre jours après à Lyon, le 12 octobre 1918.


CHAPITRE XII Offensive sur Sedan.

(Octobre-novembre 1918) Du 18 au 27 octobre, le Régiment se reconstitue autant que faire se peut. Pour pouvoir avancer plus légèrement malgré les déficits en chevaux, un canon et deux caissons par batterie, deux caissons par colonne de ravitaillement, sont versés. au parc de réserve d'artillerie à Fagnières.

Le 28 octobre, le Régiment partant de Mourmelon va bivouaquer au nord de St-Piérre-à-Arnes-. Etape pénible de 30 kilomètres, sans cesse gênée par des colonnes d'infanterie, et durant de 9 h.-à 21 h. - La 120e D. I. doit participer à une action offensive imminente menée par trois- Divisions à la disposition du 9e Corps, savoir, de gauche à droite, les 120e, 40e et 42e D. I. L'attaquer pour

but de forcer le passage de l'Aisne. La Division franchira la rivière au nord de Vouziefs, où nous possédons déjà sur la rive droite les villages de Terron et Vandy. Elle attaquera avec deux Régiments (408e à gauche, 86e à droite) ayant chacun -deux bataillons en première ligne. Chaque bataillon aura pour l'appuyer une artillerie divisionnaire complète (régiment de campagne et groupe lourd court). Ce sont, de la gauche à la droite r l'A. D./120, l'A. D./14, l'A. D./53, l'A..D./87. Toute l'artillerie de campagne (53e, 47e, 243e, 26ge R. A. C.) sera sous les ordres du lieutenant-colonel commandant le 53e. - Deux objectifs successifs sont envisagés : 1° la crête cote 170, cote 203, Montdingon ; 2° les Alleux et la cote 205.

Dans la nuit du 29 au 30 octobre, pour éviter tout mouvement de jour à proximité de l'ennemi, le 53e R. A. C. est porté à ses emplacements définitifs d'échelons. (Bois entre Semide et Mazagran).

Un gros effort est demandé au Régiment pour l'approvisionnement en munitions des nouvelles positions. Celui-ci-doit comporter 4 jours et demi de feu. Il est réalisé en deux seules nuits (30 au 31 et 31 au 1 er). Les attelages ont effectué pour la plupart deux voyages par nuit ce qui a imposé à. certains des trajets de plus de 60 kilomètres.

Le 1er novembre, la préparation commence à 5 heures. Notre attaque se déclenche à 5 h. 45 par un fort brouillard. Èn fin de journée, le premier objectif n'est pas entièrement atteint, notre infanterie n'a pu encore s'emparer de la cote 203. A droite de la 120e Division, la 40e n'a pu réaliser qu'une faible avance. La cote 183 au nord-est de Ballay est toujours à l'ennemi qui tient encore sur les flancs est de la cote 193.

Néanmoins,.le 53e R.A. C. a reçu l'ordre d'être prêt à passer le premier sur la rive est, sitôt terminés les travaux entrepris par le génie pour rétablir, sur la chaussée qui traverse le canal de l'Aisne entre Vrizy et Vandy, plusieurs ponts successifs rompus par l'ennemi. A cet effet, en fin d'attaque, le 1 er novembre, le Régiment ne garde plus que des missions de superposition, le 47e R. A. C.. le remplaçant dans l'appui direct du bataillon


de gauche. Dès 15 h. 45, la l era batterie est mise sur roues prête à se porter en avant, les reconnaissances du Ier groupe sont lancées sur la rive droite, tous -les avant-trains, échelons et colonnes de ravitaillement sont rapprochés.

Les reconnaissances reviennent à la nuit : elles ont poussé à l'est de Vandy jusqu'à 500 mètres de l'ennemi, accueillies.

par des tirs de mitrailleuses partant des cotes 193 et 183.

Le 2 novembre, la lere batterie, mise en route au petit jour, franchit le canal de l'Aisne à 7 heures, la première de toute l'artillerie, non sans difficulté, sous le feu ennemi. (Deux caissons enlisés, un canon endommagé, sept blessés). Les autres batteries du Ier groupe suivent, puis dans l'après-midi les IIe et Ille groupes. Les positions reconnues la veille à l'est de Vandy ne sont pas occupées, comme étant encore à proximité trop immédiate de l'ennemi. Les trois groupes se placent au nord de Vandy.

Une attaque générale reprise sur tout le front de la Division à 8 h., à laquelle le Régiment ne peut participer en raison de son déplacement, nous permet de progresser vers la Wagnerie et les bois de Vandy. Le premier objectif est alors conquis et légèrement dépassé par endroits, mais l'ennemi tient toujours sur le chemin creux au sud des Alleux, passant par la cote 205, solidement organisée. Une attaque montée vers midi sur ce chemin et déclenchée à 14 h. 15 ne donne pas de résultats sensibles.

Le 3 novembre, nouvelle attaque générale. Le Régiment reprend son rôle d'appui direct et exécute sur les objectifs ci-dessus des tirs précis, observés. Préparation d'une heure et demie, de 8 h. 30, à 10 h., attaque à 10 h., soutenue par des barrages roulants et râtissages qui se fixent à 10 h. 30 au-delà des Alleux. L'attaque réussit sur toute la ligne. Le deuxième objectif est conquis.

L'ennemi retraite lentement jusqu'au delà du canal des Ardennes, talonné par notre infanterie.

Sitôt le deuxième objectif atteint, conformément aux ordres précédemment donnés, les artilleries des 14e, 53e et 87e Divisions, qui n'ont pas franchi l'Aisne, sont retirées à la 120e Division.

Celle-ci ne dispose plus que de son artillerie organique pour poursuivre la marche en avant. Elle continue le soir du 3 novembre sa progression sur deux Régiments de front, le 408e à gauche, le 38e à droite. Le Ille groupe appuiera le 408e, le Ier le 38e, le IIe aura des missions de superposition.

A peine certitude acquise que l'attaque a réussi, les reconnaissances des trois groupes sont lancées et les groupes poussés dès le soir le plus en avant possible, par échelons. Le terrain boueux, détrempé, offre de grandes difficultés ; autour du carrefour 203, la route est coupée par d'énormes entonnoirs. Néanmoins canons et caissons passent. Les groupes occupent des positions autour des Alleux, prêts à tirer, le IIe dans l'après-midi du 3, le Ier dans la nuit du 3 au 4, le IIIe le 4 au petit jour. Les voitures lourdes des batteries ne peuvent rejoindre- que le 4 péniblement.

Le 4 novembre, à l'aube, le lieutenant-colonel commandant le Régiment se porte de Vandy aux Alleux par-la route encombrée d'un bout à l'autre de voitures d'infanterie et d'artillerie embourbées. Il reconnaît les premières lignes françaises en bordure du canal des Ardennes, fixe l'emplacement de deux observatoires


avancés et porte la lere batterie à 1800 mètres de l'ennemi pour battre le Chesne à vue directe.

L'ennemi a fait sauter les. deux ponts du Chesne (route et chemin de fer). Au matin du 5, notre infanterie franchit le canal sur des passerelles improvisées dans la nuit, en forçant une résistance qui se manifeste le long d'une position déjà assez bien Organisée au nord de la route nationale, sur laquelle le 53e R. A. C.

effectue des tirs observés. Le génie de la D. I. dispose d'un équipage de cinq bateaux qui, des Alleux, se porte au Chesne dans l'après-midi du 5. La construction du pont de bateaux est com-

mencée à 15 heures. Le IIe groupe, en liaison avec l'équipage de ponts est avancé jusqu'à la lisière des bois, prêt à franchir le canal sitôt le pont terminé. Le passage commence vers 20 h.

Il est fini à minuit et demi pour tout le 53e, non sans difficultés, notamment pour le Ier groupe qui, embourbé dans ses positions de batterie, met plus d'une heure à en sortir avant de gagner la route.

Le Ils groupe, passé le premier, met en batterie de suite sur la rive nord, vers la cote 202, couvrant dès 21 heures tout le front de la Division qui atteint presque Louvergny. Les autres groupes passent la nuit au bivouac

Dans la journée du 6 novembre, l'ennemi recule pied à pied, couvert par des mitrailleuses actives et refusant le contact dès qu'il est rejoint, depuis Louvergny jusqu'au bois de Sapogne.

Tandis que le Ier groupe cantonne à Louvergny, prêt à occuper une position reconnue aux environs, le IIIe, en batterie au sud de ce village, protège notre avance et le IIe reçoit l'ordre de pousser le soir même jusqu'à Sauville.

Mais à cause des destructions opérées par les Allemands, cette avance se heurte à des obstacles continuels. Tous les chemins forestiers de la Haute-Crête, reconnus dès le matin par le lieutenant-colonel. sont coupés par d'interminables files d'abatis.

Le pont de Louvergny a été détruit et ne pourra être rétabli de .sitôt. Une passerelle légère à la ferme voisine de Touly, près d'un gué profond, est jugée praticable à l'artillerie de campagne.

Tandis que le lieutenant-colonel et les reconnaissances du Ils groupe se portent à la tombée de la nuit par Sauville (pont détruit, gué) jusqu'à la Cassine, afin de rechercher des positions de batterie au débouché des bois, le IIe groupe s'engage sur la passerelle de Touly ; la 4e batterie passe sans incident. Malheureusement, depuis le matin, par suite des pluies, les eaux ont monté de plus de 0m 50; le passage est devenu un vaste marécage, un caisson enlisé barre la voie pendant longtemps, il n'est dégagé que grâce à l'ardeur des canonniers qui entrent dans l'eau jusqu'à la ceinture en s'encourageant mutuellement : « Le Boche décampe, il ne s'agit pas de rester en panne, il faut l'attraper, disent-ils ». Finalement le passage redevient libre, mais la passerelle cédant, par prudence, les 5e et 6e batteries font demi-tour et par le Chesne gagnent Sauville où elles arrivent vers minuit.

Le lendemain 7 novembre, malgré la rupture du pont d'Ambly (rétabli pour 10 h. par le génie de la 40e D. I.) tout le 53e est porté en avant jusque dans la région d'Omicourt. Les Ier et Ille groupes sont encore obligés de faire le tour par le Chesne. C'est


une étape de 28 kilomètres par des routes encombrées et défoncées.

Néanmoins, vers midi, toute l'artillerie de campagne est déjà dans le voisinage immédiat de notre infanterie. Celle-ci s'avance sur deux bataillons de front (ROUSSEAU du 86e à gauche, PANTALACCI du 38e à droite). Elle a atteint presque partout la lisière nord des bois d'Omicourt et la Queue, mais elle ne peut en déboucher, arrêtée par des mitrailleuses ennemies actives et même un minen en position dans les environs du village de St-Aignan et les bois de la cote 225 au nord du village.

Après une reconnaissance aux premières lignes du bataillon PANTALACCI, au col de la route d'Omicourt à St-Aignan, le lieutenant-colonel y fait amener une pièce de la 1 ere batterie pour tirer à vue sur les objectifs désignés par le chef de bataillon.

Une concentration de feux (150 coups) sur les mitrailleuses ennemies est organisée, nos canonniers voient les Allemands se disperser. En même temps, le capitaine MASSOL, cdt provisoirement le IIIe groupe, qui appuie le bataillon de gauche, fait porter la 9e batterie entière, commandée par le lieutenant MILLET, à gauche de la pièce déjà placée, sur la ligne même de nos mitrailleuses d'infanterie, prête à tout évènement et dans des conditions de visibilité excellente, battant la vallée de la Meuse et enfilant celle de la Bar (1).

Ainsi, sans cesse harcelé par nous, menacé d'être tourné par la Chatterie sur sa droite et par Cheveuges sur sa gauche, l'ennemi lâche pied le 8 au matin, se retirant au nord de la Meuse, après avoir fait sauter les ponts. L'artillerie doit d'abord franchir la Bar pour continuer la poursuite. Le pont de St-Aignan est détruit, le gué est impraticable, les canons pourraient gagner par les bois la passerelle de Chéhéry si le tunnel du canal était praticable, mais les Allemands en ont fait sauter l'entrée nord.

A grand peine, car il n'y a plus de bateaux, le génie établit sur pilotis un pont en face de St-Aignan, mais déjà les 2e et 3e batteries ayant fait un grand tour par Malmy, Chéhéry et Cheveuges, en position depuis 14 h. 30 sur la rive nord, font du harcèlement sur les routes au nord de la Meuse. Les reconnaissances du 53e ont été poussées le matin jusqu'à V illers-surBar où le lieutenant-colonel est entré avec le bataillon de tête.

Sitôt le pont rétabli, vers 19 h., les ge et lere batteries, puis le reste du Ille groupe, se mettent en position au nord de St-Aignan, le IIE groupe restant en réserve au sud de la Bar.

Le 9, installation d'observatoires à la Croix Piot (2), accrochages et reconnaissances d'objectifs. La Meuse est atteinte, on attend avec impatience l'ordre de la franchir. Des hauteurs qui la bordent, du bois de la Marfée, qui fut le 1 er septembre 1870 l'observatoire du vieux GUILLAUME, tandis que ça et là, sur tous les villages, tombent quelques obus allemands attardés, on aperçoit le magnifique panorama de la vallée de Sedan, la presqu'île

(1) La crânerie avec laquelle les lre et 9e batteries ont porté leurs pièces au col, exposées aux vues directes de l'ennemi sur la lisière des bois, a fait l'admiration de"l'infanterie et a été consignée dans les rapports de celle-ci.

(2) Obsérvatoiré du prince royal de Prusse le 1er septembre 1870.


cCIges où fut, après le désastre, parquée notre Armée prisonnière, et ces lieux historiques, le Calvaire d'Illy, Floing

Le 11, au point du jour, les sapeurs radios de l'E. M. du Régiment, aux écoutes, apportent la nouvelle de l'armistice conclu pour 11 heures. A cette heure même, dans la petite église de St-Aignan décorée de drapeaux français, un Te Deum réunit fantassins du 86e, artilleurs du 53e et habitants du village croyant encore à peine à leur bonheur.

La Division, qui avait été à la peine, ne fut pas à l'honneur.

Elle ne connut pas les entrées triomphales dans les régions libérées. Le 12, la 120e et sa voisine de droite, la 40e, furent ramenées en arrière et remplacées par la 7e D. I. sur le front qu'elles occupaient. Le 53e, après une forte étape de plus de 30 kilomètres, vint cantonner dans une zone à l'ouest du Chesne, l'E.M.

au château de Bois-l'Abbé, tandis que le Q. G. de la Division se transportait d'Omicourt à Louvergny.

En tenant compte des pertes subies et des renforts reçus, les déficits par rapport aux effectifs réduits, fixés par une récente note du G. Q. G. du 22 octobre 1918, étaient alors : Offi iers 13.

Troupe 108.

Chevaux 107.

De plus 95 chevaux étaient ruinés et 59 indisponibles.

Du 1er au 8 novembre, le 53e, avançant de 40 kilomètres, malgré de durs combats, malgré l'état affreux de la plupart des chemins de V Argonne, les pluies fréquentes, les destructions extrêmement nombreuses et méthodiques exécutées par l'ennemi, n'avait pas cessé d'appuyer un seul instant l'infanterie, toujours en liaison étroite avec elle, portant ses canons en toute première ligne. Quand les ponts n'étaient pas rétablis, ou quand les obstacles n'étaient pas supprimés à temps, il les avait contournés.

A Vrizy, Vandy, au Chesne, à Louvergny, Sauville, Ambly, St-Aignan, aucune destruction ne l'avait empêché de passer sur les traces même des fantassins. Pour mesurer à sa juste valeur cet effort, il faut remarquer qu'il a été demandé à un Régiment qui depuis le 30 mai, jour où porté en ligne à Châtillon, il avait arrêté l'ennemi sur la Marne, avait eu comme seul repos en août quatre jours dans la région de Coole et en octobre dix jours à Mourmelon. Aussi le 53e peut-il être fier d'avoir, toujours en tête de l'artillerie, fait franchir à ses canons tous les obstacles, au cours de la progression qui, en deux bonds, a porté de la Dormoise à la Meuse la 120e Division, animée par la certitude de la victoire prochaine. -

CHAPITRE XIII

Après l'armistice.

(11 novembre 1918-20 janvier 1919) Le 15 novembre 1918 la 120e Division quitta la région à l'ouest du Chesne pour venir cantonner à l'ouest de Vouzic/s (Q. G. à Tourcelles-Chaumont, E.M. du 53e R. A. C: à Leffincouft).


La 4e Armée, dont le Q. G. avait avancé le 26 octobre de la ferme de Suippes jusqu'à Cauroy, se préparait à être en partie transportée en Alsace et le général GOURAUD venait d'être nommé 'gouverneur de Strasbourg.

Le 20 novembre la Division se remit en route. En deux étapes elle se transporta dans la zone de Suippes (Q. G. et A. D., ferme de Suippes ; E. M. du 53e, Suippes ; 1er groupe, camp Marchand, route de Suippes à Bussy-le-Château ; Ile groupe, camp des Tracteurs, route de Somme-Suippe à St-Rémy-surBussy ; IIIe groupe, camp Nantivet, près Suippes).

Le 27 novembre, arriva à Suippes l'étendard du 53e que le sous-lieutenant DucHÉzEAu. était allé chercher au Dépôt de Clermont, en exécution d'une décision ministérielle prescrivant que tous les Régiments d'ancienne formation possédant des étendards devaient désormais les avoir avec eux aux Armées.

L'étendard fut solennellement présenté au Régiment au cours d'une revue de la Division passée le 2 décembre par le général MORDACQ.

Déjà la démobilisation débutait par le départ des officiers de classes anciennes. Les commandants du P. A. D./120, de la S. M. I. et de la S. M. A. ayant été démobilisés, le 53e dut fournir des officiers pour les remplacer ; le Régiment commençait à perdre d'excellents éléments et à subir des prélèvements de toute sorte. Ce corps homogène, que les événements avaient aguerri et entraîné, pliait se dissoudre et perdre son individualité. La crise des gradés sévissait toujours : pour 42 vacances de brigadiers à combler, il y eut le 4 décembre 22 candidats.

Le 12 décembre, la Division se mit en marche vers l'est, pour rejoindre le Groupe d'Armées du général FAYOLLE en traversant l'Armée américaine dans la région de Toul. Le 53e, reprenant au passage au parc d'artillerie de réserve de Fagnières les canons et caissons qu'il y avait laissés en octobre, faute de chevaux pour les traîner (1), mit quatorze jours pour gagner par étapes le région de Nancy (2). Le 25, il s'arrêta pour cantonner: l'E. M., le 1er groupe, l'E. M. du Ile groupe, les 4e et 5e batteries à Lay-St-Christophe, l'E. M. du Ille groupe, les 6e, 7e et 8e batteries à Eulmont, la ge batterie à Jloulins. Le Q. G.

de la D. I. et l'A. D. s'installèrent à Essey-les-Nancy.

Le 10 janvier, sur le Cours Léopold à Nancy, le général DE lVhTRY; commandant la 7e Armée (Q. G. St-Avold), passant en revue la 120e Division, remit à l'étendard du 53e la fourragère aux couleurs de la croix de guerre. Le Régiment l'avait conquise au prix de deux citations à l'ordre de l'Armée, obtenues, la première sur la Marne (5e Armée, mai-juin 1918), la seconde dans l'offensive sur Sedan (4e Armée, novembre 1918). La conduite du 53e dans l'offensive sur Vouziers lui avait aussi valu une citation à l'ordre du Corps d'Armée (9e Corps, octobre 1918) de sorte que son étendard porte aujourd'hui la fourragère,

(1) Voir p. 84.

(2) Cantonnements de l'E.M. du 53e: 12 décembre Courtisols, 13 St-Amandsur-Fion, 14 et 15 Bignicourl-sur-Saulx, 16 lloericourt, 17 Aulnois-en-Per-

thois, 18 et 19 Stainville, 20 Saulx-en-Barrois, 21 Ourches, 22 et 23 Choloy, 24 Manoncourt-en-Woëvre, 25 Lay-St-Christophe.


avec la croix de guerre a deux palmes et une étoile de vermeil (1).

La destinée de la 120e Division touchait à son terme et sa dissolution-était déjà prescrite pour le 20 janvier (2).

La transformation de l'armée, nécessitée par la démobilisation, comportait la suppression d'un certain nombre de divisions et la réorganisation des autres sur le type d'avant guerre, à deux brigades de quatre régiments d'infanterie. En conséquence, à la date fixée, l'état-major et tous les services de la 120e D. I. furent dissous. Le général MORDACQ prit le commandement de la 26e Division, cantonnée dans la région de Mayence, où l'E. M. du 13e Corps allait la rejoindre ; le colonel DE LACOMBE le suivit pour prendre celui de l'A.D. /26. Le 408e R. I. fut dissous, sauf un bataillon provisoirement affecté à des services spéciaux.

Le 38e et le 86e reformèrent la 4ge Brigade sous le commandement du colonel JEANPIERRE, ex-commandant de l'I. D./120 et furent rendus à la '25e Division (général JOBA) dont le Q. G. se trouvait alors près de Nancy, à Saulxures.

Le 14 janvier, à Laneuveville-devant-Nancy, la 120e Division, rassemblée pour la dernière fois, fit ses adieux au drapeau du Régiment dissous. Le souvenir de cette cérémonie émouvante restera à jamais gravé dans la mémoire de tous ceux qui, ce jour-là, orgueilleux et joyeux de la victoire, ont toutefois profondément ressenti la tristesse des séparations.

A la date du 20 janvier 1919 également, le 53e Régiment d'artillerie de campagne cessa d'exister et devint le 53e/263e Régiment d'artillerie de campagne de marche. Une note du

(1) Voir au début de l'historique les trois citations du 53e Régiment d'artillerie de campagne.

Indiquons ici les citations des Régiments d'infanterie de la Division, qui leur valurent aussi la fourragère aux couleurs de la croix de guerre : 38e R. I. Une citation à l'ordre de l'Armée pour le coup de main du bois de Cheppy en Argonne (2e Armée, 16 mars 1918). Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue sur la Marne (5e Armée, mai-juin 1918). Une citation à l'ordre du Corps d'Armée obtenue dans l'offensive sur Vouziers (9e Corps, octobre 1918). Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue dans l'offensive sur Sedan (4e Armée, novembre 1918). Trois palmes, une étoile de vermeil.

86e R. I. Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue sur la Màrne (5e Armée, mai-juin 1918). Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue dans l'offensive sur Vouziers (4e Armée, octobre 1918). Une citation à l'ordre du Corps d'Armée obtenue dans l'offensive sur Sedan (9e Corps, novembre 1918). Deux palmes, une étoile de vermeil.

408e R. I. Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue sur la Marne (5e Armée, mai-juin 1918). Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue dans la Montagne de Reims (5e Armée, juillet 1918). Une citation à l'ordre du Corps d'Armée obtenue dans l'offensive sur Vouziers (9e Corps, octobre 1918).

Une citation à l'ordre de l'Armée obtenue dans l'offensive sur Sedan (4e Armée, novembre J918). Trois palmes, une étoile de vermeil.

Le 408e a été dissous en janvier 1919, le 86e récemment.

Voir p. 104 les noms des chéfs dé corps dé ces Régiments d'infanterié qui furent les camarades de combat dé l'artillerie de campagne de la 120e Division depuis le 14 juin 1915 jusqu'à la fin de la guerre.

(2) Voir l'ordre de la 120e Division du 20 janvier 1919, p. 100.


G. Q. G. du 3 janvier avait en effet fixé les bases d'un remaniement profond dans les artilleries des divisions. Ce remaniement

avait pour but de faciliter les opérations de démobilisation de l'artillerie par classes successives, en commençant par les plus anciennes. Il s'agissait d'abord d'affecter à chaque division conservée un régiment de 75, un groupe lourd de 155 C. et un parc d'artillerie, à effectifs de guerre complets, (personnel, animaux et matériel), composés d'hommes des classes 1911 et plus jeunes, démobilisables seulement à longue échéance.

Le personnel des classes anciennes, les chevaux et le matériel disponibles en surplus, devaient former des unités provisoires appelées à rentrer à l'intérieur pour être peu à peu dissoutes.

Ce résultat fut obtenu pour les régiments de campagne et les parcs en fusionnant entre elles deux artilleries divisionnaires, comprenant, l'une un régiment de campagne d'ancienne formation (nos 1 à 62), l'autre un régiment de campagne créé pendant la guerre (nos 201 et au-dessus). Le régiment et le parc dits de marche à maintenir, constitués par les plus jeunes classes, furent formés comme il suit : l'E. M. du régiment et les deux premiers groupes au moyen du régiment d'ancienne formation et du parc correspondant ; le troisième groupe et le parc au moyen du régiment de nouvelle formation et du parc correspondant.

Le lieutenant-colonel le plus ancien des deux régiments fusionnés prit le commandement du régiment de marche, l'autre reçut une autre affectation.

Le 53e et le P. A. D. /120 furent ainsi fusionnés avec le 263e (lieutenant-colonel COSTIER) et le P. A. D. /162 (commandant LESCOT) provenant de la 162e Division dissoute (1), pour constituer le 53e /263e Régiment d'artillerie de campagne de marche (lieutenant-colonel PERRIER) et un parc d'artillerie de marche (cdt LESCOT).

La note du G. Q. G. du 3 janvier, exécutoire pour le 20, n'étant parvenue au 53e que le 17, il fallut en toute hâte constituer l'E. M., les 1er et IIe groupes du nouveau 53e /263e de marche.

A cet effet, les militaires des classes anciennes de l'E.M., des 1er et IIe groupes du 53e furent échangés contre les militaires des jeunes classes du Ille groupe du 53e et du P. A. D./120. Les chevaux les plus fatigués de l'E. M., des 1er et Ile groupes furent échangés contre les meilleurs chevaux du IIIe groupe et du P. A. D.

On constitua ainsi d'une part l'E. M., les 1er et IIe groupes du 53e /263e, de l'autre un groupe provisoire, comprenant les 7e, 8e, 9e batteries, la 3e colonne de ravitaillement, la S. M. A., la S. M. I., avec les militaires des classes les plus anciennes et les moins bons chevaux. En principe, les officiers de l'active et des jeunes classes de la réserve furent affectés au 53e /263e, tandis que les officiers de réserve des classes les plus anciennes étaient versés au groupe provisoire.

Malgré toute diligence, les opérations ci-dessus ne purent être terminées que le 24.

Le 20 janvier 1919, sur le plateau au nord-est d'Eulmont, en

(1) Général MESSTMY ; cette Division tenait le secteur de Gérardmer au moment de l'armistice.


présence de délégations des Ier et lIe groupes, le lieutenantcolonel commandant le 53e avait pour la dernière fois passé.

en revue le IIIe groupe du 53e R. A. C. qui allait être profondément transformé en groupe prôvisoite et -se-mettre en route pour être dissous à l'intérieur (1). , En même temps, le 263e Régiment d'artillerie de campagne et le P. A. D./162, procédant ailleurs à un aménagement analogue, constituaient le IIIe groupe du 53e/263e, un parc'd'artillerie de marche et deux groupes provisoires, (anciens Ier et IIe groupes du 263e) qui furent renvoyes à l'intérieur sur le centre de démobilisation de Bar-sur-Seine. Le 53e /263e de marche et le parc d'artillerie de marche furent affectés à la 53e Division qui se trouvait alors stationnée -dans lePalatinat bavarois. ,

Le groupe provisoire du 53e avait l'ordre de bataille suivant : Commandant de groupe : capitaine LAGOUTTE (venu de L'E. M.

du 53e R. A. C.).

7e batterie, capitaine LAGOUTTE.

se batterie, sous-lieutenant PRÉBAY (venu du P. A. D./I20)..

9E batterie, lieutenant MOINARD (venu de la 3e C. R. du 53e R. A. C., où il était officier d'approvisionnement).

3e C.R., sous-lieutenant LABORDE (cdt la'3E C.R. du 53E R.A.O.), S. M. A., sous-lieutenant DUFRAISSE (venu de la 9E biedu 53e R. A. C.). S. M. I., lieutenant CHAUMET (venu de la 7e bie du 53e R. A.C.)., Ce groupe quitta la région de Nancy le 11 février et fut dirigé par voie de terre sur le centre de démobilisation de Joigny.

Il versa au passage., au parc de Nancy, la plupart de ses voitures et fit route par une température rigoureuse, chaque homme ayant 4 ou 5 chevaux plus ou moins fatigués à conduire en maïn.

Après des étapes des plus pénibles, il parvint à destination à la fin du mois et les six unités qui le composaient furent progressivement démobilisées.

(1) Voir l'ordre du Régiment'du 19 janvier 1919, p.99.


SEPTIÈME PARTIE

Le 53e/263e Régiment d'artillerie de campagne de marche (20 janvier-novembre 191. 9).

Le 26 janvier 1919, l'E. M. et les deux premiers groupes du nouveau 53e/'263e R. A. C. quittèrent leurs cantonnements de la région de Nancy pour rejoindre la 53e Division dans le Palatinat bavarois où ils arrivèrent le 7 février (1), remplaçant le 40e R. A. C. dans les cantonnements suivants : E. M., E. M.

du 1er groupe, lebie, Goellheim ; 2e et 3e bies, Eisenberg ; lre C.R., Dreisen ; E. M. du IIe groupe et 4e bie,Dielkirchen; se et 6e bies, Eisenbach ; 2e C. R., Katzenbach.

La 53e D. I. (général GUILLEMIN, lieutenant-colonel TOURXAIRE cdt l'A. D., Q. G. Kirchheirnbolanden) avait eu son Régiment d'artillerie de campagne dissous (24se R. A. C., lieutenantcolonel CROUSSE). Elle etait placée sous les ordres du 3e Corps (général LEBRUN, Q. G. Deux-Ponts) et de la 8e Armée (général GÉRARD, Q. G. Landau). Elle comprenait deux Régiments d'infanterie, les 205e et 319E R. I., et un groupe de trois bataillons de chasseurs.

Le Ille groupe du 53e /263e et le P. A. D. de marche formés par le 263e étaient de leur côté arrivés dans la région et cantonnaient respectivement à Kaiserslautern et Katzzveiller. Ainsi le Régiment de marche se trouvait groupé avec l'ordre de bataille suivant : lieutenant-colonel commandant : PERRIER.

1er groupe (ex 1er du 53e R. A. C.): chef d'escadron WEILLER, le batterie (ex LRE bie du 53E R.A.C.): capitaineBOUÉRY (PAUL), 2e — — 2e - lieutenant CLERC, 3e — — se - capitaine LUGUET, 1re C. R. - 1 ire C. R. — lieutenant CASAI,.

IIE groupe (ex IIE du 53e R. A. C.) : chef d'escadron JOANNÈS, 4e batterie (ex 4e bie du 53e R. A. C.) : capitaine PEYRÉ, 5e — - 5e • — capitaine FLAMAND, 6e — — 6e - lieutenant ROUVIN, 2e C. R.. — 2e C. R. - lieutenant MILLET.

IIIE groupe (ex IIIE du 263e R. A.C.): chef d'escadron GROSSOT DE VERCY, 47e batterie (ex 47e ble du 263e R. A. C.) : capitaine COZON, 48e — — 48e - - capitaine CONRAD, 49e — — 4ge - capitaine POUSSET, 3e C. R. — 3e C. R. - lieutenant VUAFLART

(1) Cantonnements de l'E. M. du 53e/'263e pendant la route : 27 janvie Bensdorf, 28 et 29 Rech, 30 et 31 Scirreguemines, 1er février Blieskastel 12 Jaegersburg, a et 4 Steimvenden, 5 Erfenbach, 6 Dielkirchen, 7 Goellheim.


Les Ier et Ils groupes du 263e n'étaient autres que les 1er et IIe groupes de sortie du 53e Régiment d'artillerie qui avaient changé de no le 1er avril 1917 (1). Comme ils avaient passé, avant d'être renvoyés à l'intérieur, tous leurs militaires des classes 1911 et plus jeunes, au Ille groupe, celui-ci se trouvait renfermer nombre d'éléments provenant de l'ancien 53e Régiment d'artillerie. Les trois groupes du 53e/263e R. A. G. continuaient d'ailleurs, comme par le passé, à dépendre du Dépôt de Clermont.

Le séjour dans le Palatinat dura à peine plus d'un mois, pendant lequel de nombreuses mutations continuèrent à transformer profondément les cadres du Régiment. Les nombreux jeunes officiers et aspirants, candidats aux grandes Ecoles ou élèves de ces Ecoles, furent enlevés au corps pour poursuivre leurs études ; les officiers spécialisés avant la guerre dans des services techniques furent peu à peu repris par ces derniers.

Le commandant JOANNÈS fut affecté à l'inspection des forges de Lyon le 14 février, le commandant WEILLER détaché comme stagiaire au parc de réparation d'Armée à Strasbourg le 24 du même mois (2). Ils furent provisoirement remplacés respectivement dans le commandement de leurs groupes par les capitaines MASSOL, de l'E. M. du Régiment et LUGUET, commandant la 3e batterie. Le chef d'escadron PRADIÉ, venu du 36e R. A. C., prit le 1er groupe au mois de juillet suivant.

Enfin en vertu d'un ordre du G. Q. G. du 19 février qui rendait à peu près au régiment d'artillerie de campagne son organisation de 1914, les colonnes de ravitaillement furent dissoutes le 10 mars ; leurs personnel, chevaux et matériel furent versés dans les 3 batteries de chaque groupe qui eurent désormais chacune pour le transport des munitions 8 caissons et 2 chariots de parc.

La 53e Division devant être prochainement dissoute, le 53e 263e R. A. C. et le P. A. D. de marche furent affectés le 7 mars à la 46e Division, cantonnée alors dans la région de Juliers(Juelich, Prusse rhénane) et embarqués le 11 mars en chemin de fer pour la rejoindre.

La 46e Division, créée en mars 1916 dans les Vosges, était en mars 1919 une belle division de chasseurs alpins, commandée par le général GRATIER, et composée de deux brigades (91E, colonel GÉNIE ; 92e colonel DE REYNIÈS) à quatre bataillons chacune. Elle disposait en plus d'un régiment de hussards.

Son artillerie avait été, depuis l'origine, sous les ordres du colonel VERGUIN (3). Son régiment de campagne organique, le 227e R. A. C. (lieutenant-colonel GUILLON) transformé d'abord en 227e /257E de marche, venait d'être dissous ; la plupart de ses éléments avaient été dirigés, par les trains même qui avaient amené le 53e /263E, sur la région de Mirecourt pour constituer

(1) Voir p. 21.

(2) Affecté ensuite à la Section technique de l'artillerie le 9 mai 191.

(3) Remplacé à la fin de mars par le colonel TRICAND DE LA GOUTTE auparavant commandant de l'artillerie du 33e C. A.


l'artillerie de campagne d'une division polonaise en formation, la 6e du 3e Corps d'Armée polonais. Le groupe lourd de la 46e Division était le VIIE du 131 e R. A. L. (chef d'escadron GRAND COLAS, 155 C. Schneider).

La Division dépendait du 33e Corps d'Armée comprenant les 46e, 77e et 128e D. I., général LIBMAN (1) commandant l'artillerie, Q. G. Aix-la-Chapelle) et de la 10e Armée (général MANGIN, général FRANIATTE commandant l'artillerie, Q. G.

Mayence), mais elle se trouvait tactiquement sous les ordres de l'Armée belge (général MICHEL, Q. G. Aix-la-Chapelle).

Le 53e /263e fut échelonné le long de la Roer : E.M. à Linnich (2), E. M. du 1er groupe et lre batterie à Barmen, 2e et 3e batteries à Koslar, IIe groupe à Dremmen, E. M. du IIIe groupe et 47e batterie à Korrenzig, 48e batterie à Rurich, 4ge batterie à Glimbach.

Alors commença pour le Régiment une existence toute nouvelle. Le laisser-aller dans la tenue des hommes, dans l'entretien des chevaux et du harnachement, qu'il avait bien fallu par force tolérer un peu pendant la guerre, disparut complètement.

Pour l'attitude militaire, la correction des manœuvres, l'entraînement aux exercices physiques, 'les canonniers rivalisèrent avec les chasseurs de la Division. On les vit porter le béret et pratiquer la méthode Hébert. s De nombreux cours d'instruction, des pelotons d'élèves brigadiers et sous-officiers furent organisés. Des randonnées de petits détachements des trois armes, parcourant le pays pour maintenir les habitants dans la stricte observation des consignes, des manœuvres combinées d'infanterie et d'artillerie maintenaient l'entraînement de tous.

Des permissions fréquentes, des promenades en bateau organisées sur le Rhin permettaient aux officiers et aux hommes de s'instruire en voyageant et de connaître l'Allemagne : la prospérité de la Province rhénane, qui constituait un frappant contraste avec les ruines de nos régions libérées, faisait l'objet de toutes les conversations. A l'intérieur des cantonnements, des séances récréatives, des concours hippiques, les représentations du Théâtre aux Armées étaient autant d'agréables distractions.

La cérémonie hebdomadaire du salut aux couleurs, tous les dimanches dans les principaux centres, élevait le moral 'et montrait aux Allemands des détachements d'une superbe allure.

Sur ces entrefaites, la transformation complète du Régiment se poursuivait par l'arrivée de nombreux renforts d'hommes des classes 1918 et 1919 en remplacement des anciens libérés.

Le 15 juin, le lieutenant-colonel PERRIER (3), affecté au Service géographique de l'Armée à Paris, cédait son commandement

(1) Lieutenant-colonel du 53e Régiment d'artillerie en 1914.

(2) Avec le 15e, puis le 27e bataillon de chasseurs alpins, celui-ci sous les ordres du commandant MONTALÈGRE qui devait être plus tard lâchement assassiné en Silésie.

(3) Promu à t. d. le 27 mars 1919.


au lieutenant-colonel CHAPPAT, ancien commandant du 39A R. A. C. (39e D. I. ) puis du centre de démobilisation de Givet.

Presque aussitôt, au moment où il s'agissait d'exercer une pression sur l'Allemagne pour l'obliger à accepter les conditions à elle imposées par un ultimatum qui fixait comme dernier délai le 23 juin 1919, la 46e Division fit un bond en avant, prête à franchir le Rhin. Le 18 juin, le IIe groupe se porta à Pesch ; le 19, l'E. M. du Régiment, les 1er et IIIE groupes vinrent à Grevenbroich ; mais l'Allemagne ayant cédé au dernier moment, la Division fut bientôt ramenée dans ses cantonnements primitifs.

Au début de septembre, désignée pour occuper la Ilaute-Silésie jusqu'au plébiscite qui devait décider du sort de ce pays, mais ne devant en principe partir que quinze jours après la signature du traité avec l'Allemagne, la 46e Division s'éparpilla de Nancy à Arras pour assurer, en attendant son départ, la - garde des prisonniers allemands (Q. G. à Verberie près Compiègne). Le 53e/263e eut deux groupes à Charleville, un à Longuyon.

En novembre, la Division fut à peu près regroupée, (Q. G. à

lVanry). Le Régiment subit de multiples transformations et le numéro 53 disparut. La troisième batterie de chaque groupe avait été renvoyée à l'intérieur. L'E. M. de l'A. D. /46 et le Ille groupe furent dissous. Les lre, 2e , 4e batteries formèrent le IVe groupe du 18e R. A. C. (commandant PHADIÉ à Sedan), les 47e, 48e et 5e, le IVe groupe du 16eR.A.C. (commandant DE VERCY à Longuyon) et l'ensemble constitua le 18e /16e Régiment d'artillerie de campagne de marche (lieutenant-colonel CIIAPPAT, E. M. à Sedan). Le Vlle groupe du 131e R. A. L. fut transformé en section de munitions mixte d'infanterie et d'artillerie.

Enfin, à la fin de décembre 1919, nouveau changement.

Le 18e /16e devint le 218e ainsi constitué :

lieutenant-colonel commandant : CHAPPAT, adjoint : chef d'escadron DE VERCY.

Ier groupe : chef d'escadron PRADIÉ:, 21E batterie (ex Fe bie du 53e R.A.C.): capitaine FRANIATTE, 22e - — 2e. — capitaine de FEYDEAU, 23e — — 4e - lieutenant HARDOCIX.

IIE groupe : chef d'escadron GRAND COLAS, 24e batterie (ex 47e bie du 263E R. A. C.): lt AUSSET, 25e - — 48E - cap. LUGUET; 26e - — 5e du 53e R. A. C.) cap. ALLARD.

Le VII/131 était devenu .la 21E section de munitions, (capitaine LEGRAND R. M. E.). Des anciens officiers du 53e R. A. C., il ne restait plus au 218e que le capitaine LUGUET, les lieutenants MILLET, DUCHÉZEAU et MAUROY.

La 46e Division ne partit qu'en février 1920 pour la HauteSilésie où le général GRATTIER eut le commandement de toutes les forces alliées. Le 10 février 1920, l'E. M. du 218e arriva à Gleiwitz où il s'installa avec le Q. G. de la Division, le 27e bataillon de chasseurs alpins et la 25e batterie. Le reste du Régiment fut


dispersé dans des cantonnements divers, de l'extrême nord-à l'extrême sud du pays.

Il eut dès lors l'honneur, jusqu'au retrait des troupes alliées de la Haute-Silésie et à sa dissolution en 1922, de faire encore une véritable campagne en pays par endroits très hostile, montant la plus pénible et la plus ingrate des gardes et maintenant les traditions de valeur et de discipline que lui avaient léguées les 53e et 263e R. A. C.

En fait, le numéro 53 avait cessé d'exister aux Armées depuis le mois de novembre 1919. Le 218e R. A. C. avait reçu un nouvel étendard et l'ancien étendard du 53e avait été renvoyé au 53e R. A. C. P. à Clermont.

Si ses couleurs n'avaient point été ternies au feu des batailles comme celles des drapeaux de l'infanterie, (car l'artilleur en campagne n'a pour image de la Patrie que son canon), il avait maintes fois flotté en vainqueur à la tête du 53e /263e Régiment dans le Palatinat et la Prusse rhénane. Dans ses plis on ne voyait encore inscrit en lettres d'or aucun nom de victoire, mais les anciens du 53e y lisaient quand même ces mots glorieux gravés • dans leur mémoire : LORRAINE, OISE 1914, VERDUN 1916, 1917, SOMME 1916, ST-QUENTIN 1917, MARNE, CHAMPAGNE, ARGONNE ET ARDENNES 1918.


APPENDICE

DOCUMENTS DIVERS

ORDRE de l'infanterie de la 120e Division fia, 708.

Aux Armées, le Il mars 1917.

Les fantassins remercient chaleureusement leurs camarades les artilleurs, les A. C., les crapouillots — ces vieux frères de la tranchée — les A. L. C., les A. L. L. de l'aide très efficace qu'ils leur ont apportée pour l'opération d'hier soir et qui leur a permis de revenir au port à peu près sans casse, après avoir bousculé le Boche.

Le colonel commandant l'infanterie adresse ses très vives félicitations à l'A. C. /120, qui a su mettre en œuvre tous leurs canons avec une habileté et une précision remarquables.

Le colonel cdt l'infanterie de la D. I., Signé : ECOCIIARD,

Lettre du général W. P. BRAITHWAITE, C. V., commandant la 62e Division britannique r au général MORDAGQ, commandant la 120e Division.

9

27 juillet 1918.

J'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir accepter personnellement et transmettre aux troupes sous vos ordres mes remerciements sincères ainsi que ceux des troupes sous mes ordres pour toute l'aide efficace qui a été donnée à ma Division au cours des huit derniers jours.

Vous me permettrez, je l'espère, de mentionner spécialement le travail de votre artillerie, si admirablement dirigée et sans l'aide de laquelle nos attaques auraient été déclenchées en vain.

Permettez moi aussi de vous exprimer personnellement mes vifs remerciements pour l'aide que vous avez toujours été disposé à me donner à tout moment, soit en mettant à ma disposition des troupes de votre Division, soit en me faisant profiter


de votre connaissance approfondie de la région, ce qui m'a aidé grandement à surmonter les difficultés résultant de mon arrivée sur ce nouveau champ de bataille.

C'est pour moi une très grande satisfaction de penser combien nos relations ont été cordiales pendant le temps de notre collaboration et je fais le vœu que la 62e (West Riding) Division puisse avoir dans l'avenir l'honneur de servir côte à côte avec la vaillante 120e Division dans une prochaine bataille.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé BRAITHWAITE,

ORDRE du 53e Régiment d'artillerie de campagne no 8631/30.

19 janvier 1919.

L'ancien VIe groupe du 4ge, devenu au 1er avril 1917 le IIIe du 53e, va être dissous et ses unités seront, sinon toutes supprimées, du moins profondément transformées.

Au nom du Régiment tout entier, le lieutenant-colonel dit adieu à ce beau groupe. Venu au 53e avec une histoire déjà glorieuse, il s'est acquis tant de nouveaux titres qu'ils ne peuvent tous être résumés ici, tenant magnifiquement en face de St-Quen- tin sur les périlleuses positions d'Essigny, supportant à Verdun la pluie de projectiles asphyxiants et de gros calibre qui arrosait les sinistres bois d'Esnes, contribuant à arrêter l'Allemand le 31 mai 1918 à Châtillon, le 15 juillet au Pâtis d'Ecueil, poursuivant au mois d'octobre dernier sa marche victorieuse sur Vouziers malgré la fatigue et la maladie, retiré alors du combat avec la moitié de ses officiers évacués, gagnant enfin pour sa part la fourragèré du Régiment.

Grâce à la forte éducation militaire donnée à son groupe par le commandant BAUDIC, entretenue par ses intérimaires ou successeurs, les capitaines DAVID, PAILLAC, LA CGNIEE, LAGOUTTE, MASSOL, on était sûr d'obtenir du groupe ce qu'on lui demandait, résister à tout prix comme attaquer à fond.

Parmi les camarades du Ille groupe, les uns quittent le Régiment : ils garderont fidèlement les traditions de ce passé, les séparations prochaines ne sauraient en effacer pour eux les souvenirs. Les autres, accueillis par les deux autres groupes-, s'y montreront dignes de leur réputation.

Tous se souviendront fidèlement de ceux qui n'ayant pas vu la victoire, l'ont payée de leur vie : le lieutenant DEMOTESMAiNARD, le médecin BARAT, le capitaine PAILLAC, le lieutenant BOEUF et nombre de braves sous-officiers, brigadiers et canonniers, dont les tombes jalonnent les positions du IIIe groupe et les cimetières du front.

Morts et vivants du Ille groupe, fier de vous avoir commandés, je vous salue.

Le lieutenant-colonel cdt le 53e R. A. C., Signé : PERRIER.


ORDRE de la 120e Division, n° 277.

S. P. 78, 20 janvier 1919, OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS ET SOLDATS, La 120e Division créée pour la campagne a rempli sa mission.

L'heure de sa dissolution a sonné. -

Sa carrière fut courte, mais glorieuse, et son nom est entré dans l'Histoire avec le témoignage de ses drapeaux décorés et cravatés de fourragères.

Chacun de vous emportera une part de la gloire commune.

Les Régiments organiques retourneront à leur ancienne Division.

Les unités nées de la guerre et dissoutes fermeront leur livre d'or sur les pages immortelles qu'elles y ont inscrites.

Votre général vous adresse ses adieux

Avec le souvenir de votre vaillance et de votre dévouement, il gardera pieusement aussi celui des camarades morts pour la France, Signé: général MORDACQ.

53e Régiment d'artillerie. (2 août 1914-14 juin 1915) Artillerie de campagne de la 120e Division.

(14 juin 1915-ler avril 1917) 53e Régiment d'artillerie de campagne.

(1er avril 1917-20 janvier 1919) CHEFS DE CORPS, COMMANDANTS DE GROUPE ET D'UNITÉS (1)

CHEFS DE CORPS

Colonel PILLIVUYT : 2 août 1914-14 juin 1915 ; Lieutenant-colonel CIIALLÉAT : 14 juin 1915-18 juin 1916 ; Lieutenant-colonel DE LACOMBE : 18 juin 1916-4 janvier 1917 ; Chef d'escadron JOANNÈS : 4 janvier-20 février 1917 ; Lieutenant-colonel PERRIER (2) : 20 février 1917-20 janvier 1919.

(1) Les noms des officiers ayant commandé provisoirement les unités pendant de courts intervalles dé temps ne sont pas inscrits. Les dates indiquées sont en général celles des prises ou cessations de commandement effectives et non celles des décisions comportant mutation.

(2) Commanda ensuite le 58e /268e R. A. C. jusqu'au 17 juin 19] 9.


1er groupe du 53e R. A. (2 août 1914-ler avril 1917) devenu 1er groupe du 53e R. A. C. (1er avril 1917^20 janvier 1919) Chef d'escadron CHEVALIER : 2 août 1914-16 mai 1915 ; Chef d'escadron KELLER : 24 mai 1915-18 avril 1916 ; Chef d'escadron JACOBI (J) : 18 avril 1916-19 septembre 1917 ; Capitaine puis chef d'escadron PEILLOT (1) : 19 septembre 191713 mars 1918 ; Capitaine puis chef d'escadron WEILLER (2) : 13 mars 191820 janvier 1919.

lre batterie du 53e R. A. devenue lre du 53e R. A. C.

Capitaine GUITTARD : 2 août 1914-2 novembre 1915 ; Lieutenant MONXIER : 2 novembre 1915-12 mars 1916, grièvement blessé ; Lieutenant puis capitaine BouÉRY (PAUL) (3) : 12 mars 191620 janvier 1919.

2e batterie du 53e R. A. devenue 2e du 53e R. A. C.

Capitaine BAUDIC : 2 août 1914- 5 mars 1916 ; Capitaine BULTEUX : 5 mars -25 octobre 1916, tué à l'ennemi ; Capitaine RAPHANEL : 22 novembre 1916-8 juin 1917, tué à l'ennemi ; Lieutenant puis capitaine ROUQUET (1) : 8 juin-22 août 1917, évacué pour intoxication ; Lieutenant puis capitaine LAGOUTTE : 16 novembre 191717 octobre 1918.

3e batterie du 53e R. A. devenue 3e du 53e R. A. C.

Capitaine MOUTIER : 2 août-27 septembre 1914 ; Capitaine PEILLOT (1) : 1er novembre 1914-18 septembre 1917 ; Lieutenant puis capitaine LUGUET (4) : 18 septembre 191720 janvier 1919.

* 1re colonne de ravitaillement du 53e R. A. C.

(16 février 1918-20 janvier 1919) Sous-lieutenant puis lieutenant GOURSAT : 16 février 1918 -21 juin 1918 ; Lieutenant CASAL : 21 juin-18 juillet 1918 ; Sous-lieutenant MouNiN : 18 juillet 1918-7 janvier 1919 ; Sous-lieutenant DELAVAL : 7-20 janvier 1919.

(1) De l'artillerie coloniale.

(2) Commanda ensuite le 1er groupe du 53e/263e R. A. C. jusqu'au 24 février 1919.

(3) Commanda ensuite la lre batterie du 53e /263e R. A. C. jusqu'au 23 février 1919.

(4) Commanda ensuite en Allemagne et en Haute-Silésie la 3e batterie du53e/263e R. A. C., devenue en novembre 1919 la 48e du 18°/16e R. A. C.

et au mois de décembre suivant la 25e du 218e R. A. C.


Ve groupe du 53e R. A. (26 octobre 1914-1 er avril 1917) devenu IIe groupe du 53e R. A. C. (1er avril 191720 janvier 191-9) - Chef d'escadron SÉRY : 26 octobre 1914-ler février 1915 ; Capitaine puis chef d'escadron JOANNÈS (1) : 1ER février 191520 janvier 1919.

13e batterie du 53e R. A. devenue 4e du 53e R. A. G.

- (créée le 26 octobre 1914) Capitaine CHALAUX : 26 octobre 1914-20 décembre 1915 ; Lieutenant puis capitaine EXPILLY : 1er février. 1916-22 avril 1918 ; Lieutenant puis capitaine PEYRÉ (2) : 10 mai 1918-20 janvier 1919.

14e batterie du 53e R. A. devenue 5e du 53e R. A. C.

(créée le 26 octobre 1914) - Capitaine WEILLER : 26 octobre 1914-2 novembre 1916, évacué ; Capitaine WEILLER : 8 mars 1917-13 mars 1918 ;Lieutenant puis capitaine FLAMAND (3) : 21 mai 1918-20 janvier 1919. -

15e batterie du 53e R. A. devenue 6e du 53e R. A. C.

(créée le 1er mars 1915) Capitaine JOURDAN : 1er mars 1915-14 janvier 1917, évacué ; Lieutenant puis capitaine PERRIN : 14 janvier 1917-7 janvier 1918 ; 1 Lieutenant ROUVIN (4) : 7 janvier 1918-20 janvier 1919.

2e colonne de ravitaillement du 53e R. A. C.

(16 février 1918-20 janvier 1919) Sous-lieutenant MAUROY : 16 février 1918-20 janvier 1919.

(1) Commanda ensuite le Ile groupe du 538/2638 R. A. C. jusqu'au 14 février 1919.

(2) Passé de la cavalerie dans l'artillerie; commanda ensuite la 4e batterie du 53e /263e R. A. C. jusqu'au 3 mars 1919, puis compta à l'E. M. du

Régiment jusqu'au 13 août 1919.

(3) Commanda ensuite la 5e batterie du 53e /263e R. A. C. jusqu'au 3 mars 1919.

1 (4) Commanda ensuite la 6e batterie du 536/2636 R. A. C. jusqu'au 6 mars 1919.


VIe groupe du 49e R. A. (2 août 1914-1 cr avril 1917) devenu IIIe groupe du 53e R. A. G. (1er avril 1917-20 janvier 1919) Chef d'escadron MERCIER : 2 août 1914-18 janvier 1916, évacué ; Chef d'escadron BAUDIC : 5 mars 1916-8 août 1918 (1).

41 e batterie du 4ge R. A. devenue 7e du 53e R. A. C.

Capitaine CARCHEREUX : 2 août 1914-22 mai 1915 ; Capitaine ROSSIGNOL (2) : 27 mai 1915-24 juillet 1916 ; Capitaine PAILLAC : 26 juillet 1916-11 mars 1917 ; Lieutenant puis capitaine GABET : 12 mars 1917-30 août 1917, évacué pour intoxication ; Lieutenant DE BEAUCORPS (3) : 16 novembre 1917-16 octobre 1918, évacué pour grippe ; Capitaine MASSOL (4) : 17 octobre 1918-20 janvier 1919.

42e batterie du 49e R. A. devenue 8e du 53e R. A. C.

Capitaine LUCAS : 2 août 1914-17 mai 1916 ; Capitaine DAVID : 17 mai 1916-23 septembre 1917 ; Lieutenant puis capitaine LAIGNIER : 16 novembre 191720 janvier 1919.

43e batterie du 4ge R. A. devenue 9e du 53e R. A. C.

Capitaine LABEYRIE : 2 août 1914-25 décembre 1915 ; Lieutenant puis capitaine CABANIOLS (2) : 2 février 19166 février 1917, évacué ; Capitaine PAILLAC : 12 mars 1917-16 juillet 1918, mortellement blessé à l'ennemi ; Lieutenant CASAL (5) : 18 juillet 1918-20 janvier 1919.

3e colonne de ravitaillement du 53e R. A. C.

(16 février 1918-20 janvier 1919) Sous-lieutenant LABORDE : 16 février 1918-20 janvier 1919.

(1) Du départ du cdt BAUDIC jusqu'à la dissolution du IIIe groupe (20 janvier 1919), ce groupe fut commandé provisoirement par les capitaines LAGOUTTE (8 août), LAIGNIER (25 août), LAGOUTTE (10 octobre), MASSOL (17 octobre). Le IIIe groupe du 53e R. A. C. forma le 20 janvier 1919 un groupe provisoire qui fut commandé par le capitaine LAGOUTTE jusqu'à sa dissolution au centre de démobilisation de Joigny à la fin de février 1919.

(2) De l'artillerie coloniale.

(3) Passé de la cavalerie dans l'artillerie.

(4) Cet officier commandait en même temps provisoirement le IIIe groupe.

(5) Commanda ensuite la lre colonne de ravitaillement du 53®/263a H. A. C. jusqu'au 19 février 1919.


CHEFS DE CORPS des Régiments d'infanterie de la 120e Division, camarades de combat du 53e Régiment d'artillerie, du 2 août 1914 au 20 janvier ]919.

38E RÉGIMENT D'INFANTERIE Colonel DELEUZE (2-27 août 1914).

Lieutenant-colonel DOUMENJOU (27 août-17 septembre 1914).

Chef de bataillon GERBER (17 septembre-30 novembre 1914)^ Colonel JOB A (30 novembre 1914-20 janvier 1915).

Chef de bataillon COSTEMALLE (20-24 janvier 1915).

Colonel AUGIER (3 février 1915-ler septembre 1918).

Lieutenant-colonel PICHON-VENDEUIL (1) (1er septembre 1918)..

86e RÉGIMENT D'INFANTERIE Colonel COUTURAUD (2-25 août 1914).

Lieutenant-colonelBLANGER (15 septembre 1914-6 octobre 1915).

Lieutenant-colonel de SIGOYER (6 octobre 1915-2 septembre 1916).

Lieutenant-colonel DRYJARD DES GARNIERS (2 septembre 191614 février 1917).

Lieutenant-colonel SAUTEL (2) (14 février 1917-19 décembre 1918)..

Lieutenant-colonel SÉJOURNÉ (19 décembre 1918).

408e RÉGIMENT D'INFANTERIE Lieutenant-colonel GATEL (ler avril 1915-30 janvier 1917).

Lieutenant-colonel THÉVENEY (30 janvier-4 juillet 1917).

Colonel MORAND (4 juillet 1917-9 décembre 1918).

Lieutenant-colonel HARTEMANN (9 décembre 1918-20 janvier 1919).

(1) Officier de cavalerie.

(2) Officier d'infanterie coloniale.


TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT. 7 ABRÉVIATIONS EMPLovtES. 8 MORTS POUR LA FRANCE 9 CITATIONS DU 53e RÉGIMENT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE 1 t

INTRODUCTION Idée d'ensemble des formations d'artillerie ayant porté pendant la guerre le numéro 53. 16

PREMIERE PARTIE Historique des formations n'ayant pas appartenu au 53e Régiment d'artillerie de campagne du 1er avril 1917 au 20 janvier 1919.

I. — Ils groupe actif du 53e Régiment d'artillerie 19 II. — IIIe groupe actif du 53e Régiment d'artillerie. 19 III. — IVe groupe actif du 53e Régiment d'artillerie. 20 IV. — Groupe de renforcement du 53e Régiment d'artillerie.. 20 V. — Ier et IIe groupes de sortie du 53e Régiment d'artillerie.. 21 VI. — Ille groupe de sortie du 53e Régiment d'artillerie 21 VII. — Sections de munitions et de parc. 22 VIII. — Batteries de tranchée. 22

DEUXIEME PARTIE Le 53e Régiment d'artillerie, artillerie de corps du 13e Corps d'Armée, de la mobilisation à la création de la 120e Division. (2 août 1914-14 juin 1915)., 24 TROISIEME PARTIE Historique spécial des trois groupes ayant constitué plus tard le 53e Régiment d'artillerie de campagne, de leur origine à la création de la 120e Division (14 juin 1915).

■ CHAPITRE I. — Ier groupe du 53e Régiment d'artillerie (2 août 1914-14 juin 1915). 27 CHAPITRE II. — Ve groupe du 53e Régiment d'artillerie (26 octobre 1914-14 juin 1915). 28 CHAPITRE III. — VIe groupe du 4ge Régiment d'artillerie (2 août 1914-14 juin 1915) 29


QUATRIEME PARTIE L'artillerie de campagne de la 120e Division avant la création du Groupement d'artillerie de campagne divisionnaire (14 juin 1915- 4 janvier 1917).

CHAPITRE I.— Création de la 120e Division.. - Secteurs de Marest-sur-Matz et de Piennes (14 juin 1915février 1916). 31 CHAPITRE II. — Verdun (février-avril 1916) 32 CHAPITRE III: — Secteur d'Attichy (avril-août 1916). 35 CHAPITRE IV. — La Somme (août-novembre 1916). 35

CINQUIEME PARTIE Le Groupement d'artillerie de campagne de la 120e Division. — Le recul allemand sur la ligne Hindenburg (4 janvier-ler avril 1917) 39 SIXIEME PARTIE

Le 53e Régiment d'artillerie de campagne. (1er avril1917-20 janvier 1919).

CHAPITRE I. - Saint-Quentin (1er avril-juillet 1917) 45 CHAPITRE II. - Verdun. (Cote 304) (juillet-septembre 1917) 48 I. — Attaque de la 73e Division (17 juil. 1917) 48 II. — Attaque allemande du 1er août 1917.

Préparation de l'attaque de la cote 304. 46 III. — Première attaque de la cote 304 (20 août 1917) 52 IV. — Deuxième attaque et prise de la cote 304 (24 août 1917). 54 V. - Réaction allemande (25 août-septembre 1917) 56 CHAPITRE III. — Verdun. (Cote 344) (septembre-octobre 1917) 57 CHAPITRE IV. — Verdun. (Haudromont) (octobre-décembre 1917). 59 CHAPITRE V. — Vauquois (janvier-mai 1918). 62 I. — Repos dans la région de Revigny. (25 décembre 1917-9 janvier 1918). 62 II. — Description du secteur de Vauquois. 63 III. — Deux périodes de l'histoire du 53e dans le secteur de Vauquois 64 IV. — Première période : Avant le 21 mars (offensive allemande sur le front. britannique) (9 janvier-21 mars 1918) 64 V. — Deuxième période : Après le 21 mars (offensive allemande sur le front britannique)

(21 mars-17 mai 1918) 66


VI. — Relève par la 3e Division italienne (8-20 mai 1918) 68

VII. — Repos en Argonne (17-28 mai 1918). 68 CHAPITRE VI. — La Marne. (28 mai-7 juillet 1918). 69 CHAPITRE VII. — La montagne de Reims (8-27 juillet 1918). 73 CHAPITRE VIII. — Verdun. (Secteur de la Meuse) (août-septembre 1918)..;. '-' .:' 78 CHAPITRE IX. — Argonne. (Sectew de Florent) (septembre 1918) 79 CHAPITRE X. — Offensive de Champagne (septembre 1918). 79 CHAPITRE Xl. Offensive sur Vouziers (septembre-octobre 1918) 80 CHAPITRE XII. — Offensive sur Sedan (octobre-novembre 1918) 84 CHAPITRE XIII.—Après l'armistice (11 novembre 1918-20 janvier 1919). 88

SEPTIEME PARTIE Le 53e/263e Régiment d'artillerie de campagne de marche.

(20 janvier-novembre 1919) 93

APPENDICE

Documents divers 98 TABLE DES MATIÈRES 105