AMI LECTEUR,
Je voudrais te faire faire connaissance avec des amis Ú moi, des êtres adorables : pleins de cœur, d'esprit et de raison; discrets ; point havards; ne discutant jamais; ignorant la politique; ne lisant pas; n'écrivant pas; ne faisant pas de révolutions.
Inutile d'aller plus loin, n'est-ce pas, et tu as déjà compris qu'il s'agit, non des hommes, mais des bêtes ?
Ces pauvres bêtes ! qu'elles soient helles ou laides, utiles ou dangereuses, elles ont toujours tort : on les tue pour leur beauté, on les tue pour leur laideur. Quand on n'a de raison ni pour les tuer ni pour les laisser vivre tranquilles, on les met en prison, et tout le monde se réjouit de les y voir. On les tourmente, on les force à faire des tours qui les ennuient, on les dissèque toutes vivantes, on les empaille enfin, et c'est, vous en conviendrez, un des plus grands malheurs qui puissent arriver à un être vivant. Malgré tout cela elles ne se lassent pas de nous rendre tous les services imagirwhles: elles nous portent, nous trainent, nous habillent, nous embellissent, nous nourrissent, nous allaitent quand nous sommes petits, nous font rire, nous retirent de l'eau, et tout cela moyennant la nourriture et le logement : je ne compte pas les coups.
Et ces services matériels ne sont rien au prix des bienfaits philosophiques et littéraires dont l'homme leur est redevahle. Si nous savons fuir le vice et rechercher