sait le chaland. Cet air lui servait à bien vendre; la sécheresse de ses affirmations et la parfaite indifférence de son attitude aidaient ses prétentions. Son teint coloré se devinait difficilement sous la poussière métallique et noire qui saupou- drait ses cheveux crépus et sa figure marquée de petite vérole. Son front ne manquait pas de no- blesse , il ressemblait au front classique prêté par tous les peintres à Saint-Pierre,le plus rude, le plus peuple et aussi le plus fin des apôtres. Ses mains étaient celles du travailleur infatigable , larges, épaisses , carrées et ridées par des espèces de crevasses solides. Son buste offrait une musculature indestructible. Il ne quitta ja- mais son costume de marchand forain : gros souliers ferrés, bas bleus tricotés par sa femme et cachés sous des guêtres en cuir, pantalon de velours vert bouteille , gilet à carreaux d'où pendait la clé en cuivre de sa montre d'argent attachée par une chaîne en fer que l'usage rendait poli et luisant comme de l'acier, une