Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 113 à 113 sur 148

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : La Pensée : revue du rationalisme moderne

Auteur : Centre d'études et de recherches marxistes (Paris). Auteur du texte

Éditeur : Éditions sociales internationales (Paris)

Éditeur : Fondation Gabriel PériFondation Gabriel Péri (Pantin)

Date d'édition : 1992-11-01

Contributeur : Langevin, Paul (1872-1946). Directeur de publication

Contributeur : Cogniot, Georges (1901-1978). Directeur de publication

Contributeur : Parreaux, André (1906-1979). Rédacteur

Contributeur : Teissier, Georges (1900-1972). Directeur de publication

Contributeur : Wallon, Henri (1879-1962). Directeur de publication

Contributeur : Maublanc, René (1891-1960). Directeur de publication

Contributeur : Joliot-Curie, Jean Frédéric (1900-1958). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34348981h

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34348981h/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 56268

Description : 01 novembre 1992

Description : 1992/11/01 (N290)-1992/12/31.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k62022089

Source : La Pensée, 2009-295008

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 14/05/2012

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


détourné par la masturbation, les lectures licencieuses ou autres, l'homme est perdu.

Voyez la vigilance éperdue du « précepteur » d'Emile : « Ne le laissez seul ni le jour ni la nuit, couchez tout au moins dans sa chambre : qu'il ne mette au lit qu'accablé de sommeil, et qu'il en sorte à l'instant qu'il s'éveille. Défiez-nous de l'instinct. Il serait dangereux qu'il apprît à votre élève à donner le change à ses sens et à suppléer aux occasions de la satisfaction : s'il connaît une fois ce dangereux supplément, il est perdu. »30 Il est perdu si une fois — une seule ! — la masturbation supplée le désir de l'instinct. Comment Jean-Jacques a-t-il pu échapper à cette perdition, lui que personne ne surveillait jour et nuit ?

Comment ? Grâce à une magistrale fessée qui a trompé l'instinct tout en le déplaçant. Le petit Jean-Jacques a ressenti une telle jouissance à être fessé qu'il a concentré son instinct sur son derrière et cette anomalie prématurée l'a, par un heureux hasard, détourné d'occupations plus courantes et bien plus dangereuses.

« Qui croirait que le châtiment d'enfant reçu à huit ans d'une fille de trente a décidé de mes goûts, de mes désirs, de moi pour le reste de ma vie. Mes désirs.

bornés à ce que j'avais éprouvé, ils ne s'avisèrent pas de chercher autre chose. »31 On a quelquefois mal interprété les conséquences de cette fameuse fessée en disant que Rousseau était devenu un anormal sexuel, un masochiste pervers, un exhibitionniste morbide, etc. En vérité, Jean-Jacques doit son salut à cette sévère fille de trente ans dont la leste main l'a sauvé de la perte. Ce châtiment, dit Rousseau, « a décidé de moi », de moi tout entier et pas seulement de quelque manie érotique, « pour le reste de ma vie » : toute une vie qui tient en quelques claques !

En effet, portant son attention sexuelle de ce côté, Jean-Jacques néglige la masturbation car il ne parvient pas dès lors à comprendre en quoi consiste exactement le rapport des sexes. Aussi ses premières tentatives auprès des femmes l'amèneront à se déculotter pour leur montrer son derrière. Ainsi, il a été sauvé par ce qui pourrait passer pour un vice : « Ce goût bizarre m'a conservé des mœurs honnêtes qu'il semblerait avoir dû m'ôter »32.

Jean-Jacques conserve son cœur en s'occupant de ses fesses : c'est le premier avantage.

Le deuxième sauvetage vient à un autre moment, quand Jean-Jacques s'éprend de Mme de Warens. Il aurait pu donner satisfaction à ses rêveries et perdre ainsi le désir naturel de l'Autre. Il est sauvé par un supplément : il l'aime plus qu'il ne la désire, de sorte que ses rêveries ne portent pas sur une union charnelle.

« Que de stimulants ! Tel lecteur qui se les représente me croit déjà à demimort ! Tout au contraire, ce qui devait me perdre fut précisément ce qui me sauva.

Elle était pour moi la seule femme qui fût au monde, et l'extrême douceur des sentiments qu'elle m'inspirait ne laissait à mes sens le temps de s'éveiller pour d'autres. En un mot, j'étais sage parce que je l'aimais. »33 On le voit : le hasard, par deux fois, fait bien les choses. Il a laissé la sensualité s'éveiller trop tôt mais ailleurs, puis il permis le désir naturel de l'Autre en faisant le détour complexe de l'amour. Le hasard a rusé avec la nature au plus grand profit de la nature : le derrière a remplacé le sexe et l'amour a masqué le corps, ainsi la nature a pris le temps de sa lente installation. C'est pourquoi, dans ses amours, JeanJacques ne fera rien d'autre que constater une espèce de nécessité, un élan tranquille