ACTE I. — SCENE III.
L'arbre s'enorgueillir de n'être pas arbuste;
Encourage le Bon, bâillonne le Méchant,
Qu'il soit le cèdre altier ou l'humble fleur des champs.
Aux choses comme aux gens, les Dieux, avec largesse
Donnent, sans se lasser, un peu de leur noblesse;
Aux fleuves, les prés clairs; aux astres, les beaux soirs;
Des ailes aux oiseaux; aux hommes, le devoir.
Et quiconque accomplit son devoir avec zèle
Brille autant que l'étoile et plane aussi haut qu'elle.
Mais pour demeurer humble en dépit de l'encens
Qu'on brûlera pour toi, sois maître de tes sens
Qui, si tu les suivais, égareraient ta course;
Car loin d'être une fin, notre âme est une source;
Pour aller féconder et fleurir l'Univers,
Qu'elle coule, sereine, à travers notre chair,
Sans permettre que les sens vils troublent son onde ;
Sous son pieux effort s'ennoblira le monde
Comme il s'est ennobli lorsque Baghirâtha,
Par ses vertus presque divines, décida
Le Gange qui baignait les étoiles austères
A descendre, attendri, pour consoler la Terre.
RAMA
Je me sens, quand je songe à de pareils labeurs, Si peu de chose, que le trône me fait peur.