CONTES MORAUX.
LES DEUX RÉPUTATIONS.
LUZINCOUR, satisfait d'une modique fortune et d'une existence obscure, mais heureuse et paisible, vivoit en sage au fond de la Champagne, dans une petite maison à deux lieues de Reims; il étoit veuf depuis plusieurs années , et il trouvoit dans l'étude des sciences et dans sa tendresse pour un fils unique, des amusemens et un bonheur qui suffisoient à ses desirs. Quand le jeune Luzincour eut atteint sa dix-neuvième année, son père lui déclara le dessein qu'il avoit de l'envoyer à Strasbourg. Mon fils, lui dit-il , vous n'êtes point gentilhomme, et vous n'avez point de fortune,: je vous ai donné une éducation qui vous procurera le moyen de vous distinguer , si vous avez de l'activité et une noble ambition. Quoiue vous annonciez du la raison et de
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