minutieuse des faits, semble nécessaire dans~un moment où, d'un côte, l'en-
thousiasme qui conduit à une Menveillante'~réduIIté de l'antre, dés- passions
haineuses qu'importune la sécurité des nouvelles républiques, ont donné Heu
aux aperçus les plus vagues et les plus erronés. D'après le plan de mon
ouvrage je me suis abstenu de tout raisonnement sur les chances futures, sur
la probabilité des changemens que la politique extérieure peut amener dans la
situation des Antilles; j'ai examiné seulement ce qui regarde l'organisation des
sociétés humaines; l'inégale répartition des droits et des jouissances de la vie
les dangers menaçans que la sagesse du législateur et la modération des hommes
libres peuvent éloigner, quelles que soient les (ormes du gouvernement. Il appar-
tient au voyageur qui a vu de près ce qui tourmente ou dégrade la nature humaine,
de faire parvenir les plaintes de l'Infortune à ceux qui peuvent la soulager.
J'ai observé l'état des noirs dans des pays où-les lois, la religion et les
habitudes nationales tendent à adoucir leur sort et cependant j'ai conservé,
en quittant l'Amérique, cette même horreur de l'esclavage que j'en avois
conçue en Europe. C'est en vain que des écrivains spirituels, pour voiler
la barbarie des institutions par les Ingénieuses~nc~ons du langage, ont Inventé
les mots de /)ay.M7!j-c~M des Antilles, de f<M~c~<* noir et de~y~~ec~oM
patriarcale c'est profaner les nobles arts de l'esprit et de l'Imagination, x
que de disculper, par des rapprochemens illusoires, ou des sophismes captieux,
les excès qui amigent l'humanité et lui préparent de violentes. commo-
tions. Croit-on acquérir le droit de se dispenser de la commisération, si l'on
compare l'état des noirs avec celui des serfs du moyen âge, avec l'état
d'oppression dans lequel gémissent encore quelques classes dans le nord et
Ces rapprochemens ne tranquillisent que ceux qui, partisans secrets de la traite des noirs, cherchent
a s'étourdir sur les malheurs de la race noire, et se révoltent, pour ainsi dire, contre toute émotion
qui pourroit les surprendre. Souvent on confond l'état permanent d'une caste, fondé sur la barbarie des
lois et des institutions, avec les excès d'un pouvoir exercé momentanément sur quelques individus. C'est
ainsi que M. Bolingbroke, qui a vécu sept ans à Demerary et qui a "Hsité les Antilles, n'hésite~ pas de
répéter '< qu'à bord d'un vaisseau de guerre anglois on donne le fouet plus souvent que dans tes plantations
des colonies angloises. U ajoute qu'en général on fouette très-peu tes nègres, mais qu'on a imaginé des
moyens de correction très-raisonnables, comme de faire manger de la soupe bouillante et fortement
poivrée, ou de boire, avec une cuitter très-petite, une solution de sel de Glauber.. La traite lui paroit
un <tM'perM< tene/K, et it est persuadé que si l'on laissoit retourner aux cotes d'Afrique les nègres qui,
pendant vingt ans, ont joui, & Demerary, ° de toutes les commodités de-la vie des esclaves, ils y feroient
une belle recrue et amèneroient des nations entières aux possessions anglaises. (F<~a~e <e ~)MMM<y,
t8oy, p. to?, io8, it6, t56.) Voilà sans doute une -foi de ee~Mt bien ferme et bien naïve; cependant
M. Bolingbroke, comme le prouvent plusieurs autres passages de son livre, est un homme modéré, rempli
d'intentions bienveillantes pour les esclaves ––––––––– `