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Titre : Une première Année passée à Saint-Nectaire, par P.-L. Basset,...

Auteur : Basset, Paul Louis (Dr). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1859

Sujet : Hydrothérapie

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb300644658

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : In-8° , 64 p., fig.

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k61282858

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TE163-1551

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2010

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UNE PREMIÈRE ANNÉE

PASSEE A

SAINT-NECTAIRE

vm G>. IL, Q^ââiâTî

frDCTEDR ES MÉDECINE

Inapfct&ur de» Ûiis miaeraléE de Saint-Nectaire, Mdinbra de la Société d'hydrolo^ia médicale" d* Paria, Ancien interne dee hôpitaux.

PARIS

I M P111 M E 111 E DE W. RE M QU ET ET C"

«lie tïnrniiclftre, 5

*v_ 1859 _,TV



UNE PREMIÈRE ANNÉE

PASSEE

A SAINT-NECTAIRE



UNE PREMIÈRE ANNÉE

PASSEE

A SAINT-NECTAIRE

PAR

\ P.-L. BASSET,

■_^\ DOCTEUR EN MÉDECINE,

"~-/ Inspecteur des Eaux minérales de Saint-Nectaire, ^JWembre de la Société d'hydrologie médicale de Paris, / ancien interne des hôpitaux de Paris.

PARIS

IMPRIMERIE DE W. REMQUET ET O,

rue Oarancière, 5.

4859



UNE PREMIERE ANNEE

PASSEE

A SAINT-NECTAIRE.

La vallée de Saint-Nectaire est située à Zjo kilomètres de Clermont-Ferrand, au pied des pentes du Mont-Dore. La nature des roches qui constituent la vallée est toute granitique, et de leurs fissures s'échappent de nombreuses sources d'eau minérale en les tapissant de dépôt de travertin ou de chaux carbonatée concrétionnée. Le sol sur lequel coulent ensuite ces eaux est imprégné des matières salines qu'elles y déposent. En parcourant les conduits souterrains, les sources forment des dépôts de différente nature; tantôt c'est de la silice, tantôt du fer hydraté; sur presque tous les points, de la chaux carbonatée sous toutes les formes imaginables.

\


2 UNE PREMIÈRE ANNÉE

La plupart des roches granitiques d'où s'écoulent les eaux sont couvertes de chapeaux de basalte d'origine volcanique.

Des sonrees.

Les sources minérales qui jaillissent dans la vallée de Saint-Nectaire sout très-nombreuses : il est presque impossible d'en faire une énumération complète. Leur température varie entre -f- i8° et + 44° centigrades.

Nous allons donner la description de la plupart de ces sources d'après nos propres observations et en nous aidant de l'ouvrage de M. Nivet sur les eaux minérales du département du Puy^ de-Dôme.

Nous commencerons par les fontaines les plus élevées, en suivant le cours du Courançon , petite couse qui arrose la vallée dans toute son étendue.

Dans la partie de la vallée comprise entre la montagne de Mourgues et le mont Cornador, il existe neuf sources : deux à + 270 et -t-270,5; une à -î-a40; deux à + a3°; une à H- 210; une à + i8°; et deux froides.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 3

On trouve dans la gorge du torrent du mont Cornador :

A. L'établissement du mont Cornador, situé à 784 mètres au-dessus du niveau de la mer, et alimenté par deux fontaines, dont la plus importante fait monter le thermomètre à + 3ç) 0 centigrades.

En dehors de l'établissement, deux filets d'eau s'échappent dans une excavation placée à côté de la grille qui ferme l'entrée des bains.

B. Une petite source minérale froide, un peu au-dessus de l'hôtel Mandon.

c. Au pied du mont Cornador et derrière l'hôtel Mandon, on aperçoit une galerie fort ancienne, où coulent deux source» qui servent à préparer des incrustations.

3° A l'endroit où le Courançon contourne le monticule de l'église, on voit jaillir la source de Pierre Serre, dont la température est de -+- 180.

4° Dans la partie de la vallée comprise entre Saint-Nectaire, le haut et le pont, on voit sur la rive droite de la couze :

A. Plusieurs sources froides ou tièdes, au milieu des champs.

B. La source du Sey, abondante, qui marque + 3a°.


4 UNE PREMIÈRE ANNÉE

c. Un filet d'eau qui se réunit au Courançon.

D. Une fontaine d'eau acidulé , saline et ferrugineuse.

E. La source du Gravier à +25°. F. Trois fontaines non utilisées.

5P Sur la rive gauche au territoire des côtes, on trouve un certain nombre de sources parmi lesquelles nous citerons :

A. La source Mandon cadet, faisant monter le thermomètre à -+- 210.

B. Trois ou quatre sources disséminées donnant de + 180 à +270.

c. Les sources de Serre, au nombre de trois, fouillées en i844 Par M. Serre. L'une marque -+- 32°, l'autre H- 4o°, et la troisième + 44°-

6° Sources de Saint - Nectaire d'en bas, on trouve :

A. Deux sources sur le chemin : la première donne + 210; la seconde, source Rouge, est employée en boisson ; elle a une température de

+ 23°.

B. L'établissement thermal du sieur Boette, alimenté par les deux sources du rocher. La moins abondante fait monter le thermomètre à 4- 4o°, et l'autre à + 38°.

c. L'établissement Chandèze, où se rend la


PASSEE A SAINT-NECTAIRE. 5

source Pauline, dont la température est de + 34°. D. L'établissement Mandon , alimenté par trois fontaines : la Vieille-Source et le Gros-Bouillon , réunies en une seule, qui donnent -f- 37",2 au thermomètre centigrade, et la source de la Voûte, moins abondante, dont la température est de -+- 260.

Les sources qui nous ont semblé mériter le plus d'attention, soit à cause de leur abondance, soit à cause de leur emploi, sont celles que nous avons fait analyser :

Les sources Boette.

Les sources Mandon.

La source du mont Cornador.

La source Pauline.

La source Rouge.

Au moment où elles sortent du rocher, ces eaux sont parfaitement limpides, mais elles ne tardent pas à perdre leur transparence et à prendre une couleur louche.


6 UNE PREMIÈRE ANNÉE

La saveur des eaux de Saint-Nectaire est d'abord acidulé, puis elle devient alcaline et ferrugineuse. Leur odeur est hépatique et se sent de très-loin. Certaines sources ont une odeur légèrement sulfureuse. Du reste, on peut y constater la présence de l'hydrogène sulfuré : en plongeant dans une des sources une pièce d'argent, elle deviendra rapidement noire. Ce phénomène ne se produira pas dans une eau transportée, et, comme on le verra plus bas, l'analyse chimique ne démontre ni sulfure alcalin ni acide suif hydrique.

Ces eaux sont onctueuses et douces au toucher, ce qui est dû à la matière organique qu'elles contiennent.

Voici la température des sources employées soit en bains, soit en boisson :

Petite source Boette. . . . -f-4°°

Source du mont Cornador. . -(- 3Q° centig.

Grande source Boette. . . . -j- 38°

Grande source Mandon jeune. -\-3j",2.

Source Pauline -}- 34°

Petite source Mandon jeune. . -j- 26°

Source Rouge -J- 23°

La pesanteur spécifique de l'eau a été trouvée


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 7

par M. Lecoq de 1,001 pour le mont Cornador, et dé i,oo5 pour les établissements du bas.

Propriétés incrustantes. Toutes ces sources contiennent du carbonate de chaux mêlé à dès sels de fer, de magnésie et à de la silice ; elles sont aussi toittes incrustantes et peuvent servir à la fabrication dés médailles dont On fait un grand commerce dans ce pays.

Propriétés chimiques.

Les premières recherchés chimiques sur lés eaux de Saint-Nectaire ont été faites par MM. Boulay et Henry. Un peu plus tard, MM. Berthier, Lecoq et Nivet firent des travaux sur ces eaux et en donnèrent une nouvelle analyse plus exacte.

Nous avons, de notre côté, prié un chimiste fort distingué d'examiner nos eaux, et l'analyse qu'il nous a donnée diffère sur plusieurs points des anciennes. Mais cela n'a rien d'étonnant. En effet, ce n'est pas au mérite des chimistes que cela peut tenir, car le nom et la réputation des personnes qui ont fait les premières analyses prouvent assez en leur faveur pour assurer qu'ils ont donné un travail exact et consciencieux ; mais depuis ce


8 UNE PREMIÈRE ANNÉE

temps, la science a marché, l'analyse surtout a fait de grands progrès, et les moyens d'expérimentation sont plus sûrs et plus précis. Tous les procédés dont on se servait autrefois sont complètement changés et les nouveaux permettent d'arriver à des résultats beaucoup plus justes.

Il y a même maintenant en France des chimistes qui s'occupent particulièrement des eaux minérales, et M. Terreil, chimiste attaché au Muséum, qui a bien voulu se charger d'analyser nos eaux, est dans ce cas ; on peut donc avoir la plus grande foi dans ses travaux.

Voici les analyses telles qu'elles ont été données par MM. Berthier, Lecoq et Nivet :


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE.

PETITE GRANDE

SOURCE SOURCE

SOURCE SOURCE .„

ANALYSE TROUVEE. uu

■JL" „JL AIANDOFi. CORNADOR

BOETTE. BOETTE.

Température +44 +40 + 37,2 + 40

grammes, grammes, grammes, grammes.

Carbonate de soude. . . 2,1000 2.0700 2,0000 0,9118

Sulfale do soude. . . . 0,1800 0,1810 0,1560 0,9110

Chlorure de sodium. . . . 2,3100 2,5150 2,4200 1,3220

Carbonate de magnésie. . 0,2200 0,2010 0,2400 0,0810

— de fer. . . . 0,0300 0,0350 0,0228 0,0070

— de chaux. . . 0,5000 0,4980 0,4400 0,6050

— de strontiane. . traces traces » »

Alumine traces traces » 0,0050

Silice 0,1100 0,1130 0,1000 0,0800

Matière organique. . . . traces traces traces traces

Perte 0,1500 0,1670 » 0,0450

Total des sels par litre d'eau. 5,8000 5,7800 5,5788 3,7380


40 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Les analyses doivent être rectifiées ainsi qu'il suit :

PETITE GRANDE

SOURCE SOURCE

SOURCE SOURCE

ANALYSE CALCULEE. du

ÎIANOOS. CORMDOR.

BOETTE. BOETTE.

Bicarbonate de soude. . . 2,9699 2,9299 2,8330 1,1790

Sulfate de soude 0,1800 0,1820 0,1560 0,1010

Chlorure de sodium.. . . 2,5100 2,5150 2,4200 1,3220

Bicarbonate de magnésie. . 0,3337 0,3048 0,3640 0,1230

— de fer. . . . 0,0415 0,0480 0,0317 0,0100

— de chaux. . . 0,7190 0,7156 0,6023 0,8670

Sulfate de chaux traces traces » »

Alumine traces traces » 0,0860

Silice 0,1100 0,1130 0,1000 0,0860

Matière organique. . . . traces traces » traces

Perte 0,1500 0,1670 » 0,0450

Total des sels par litre d'eau. 7,0141 6,9753 6,5068 3,8190


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 44

M. Berlhier a trouvé, dans les sources du bas, og,372 d'acide carbonique.

M. Lecoq, dans les sources du haut, ig,49,o par litre d'eau minérale.

Nous allons maintenant exposer tout le travail deM.Terreil.

Analyse des eaux minérales de Saint-Heelaîre.

Ces eaux minérales sont au nombre de six, portant les titres suivants :

Source Boette ;

2° Source du mont Cornador;

3° Source Mandon tempérée ;

4° Source Mandon chaude ;

5° Source Pauline ;

6° Source Rouge.

Ces eaux possèdent toutes une réaction alcaline ; elles ne contiennent point d'iode, ni d'arsenic, ni d'azotates.


12 UNE PREMIERE ANNÉE

I. EAU DE LA SOURCE BOETTE.

Un litre de cette eau dégage par l'ébullition is,3o4 d'acide carbonique, ce qui représente en volume o',656. Tout cet acide carbonique n'existe point à l'état libre dans l'eau ; une grande partie provient de la décomposition des bicarbonates que renferme cette eau, et ce que je dis relativement à la source Boette se représente pour toutes les autres sources.

Par l'évaporation, un litre d'eau de la source Boette laisse un résidu pesant 5s,58o. Ce résidu se compose de carbonates et de bicarbonates de soude et de potasse, de carbonates de magnésie et de chaux, de chlorure de sodium, de sulfate de soude, d'alumine, d'oxyde de fer, de silice et de traces de matières organiques.

La composition de cette eau a été trouvée comme il suit :

Acide carbonique o',io5c en

poids 0,2090

Chlorure de sodium. . . . 2,35o8

2,5598


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 13

Report. . 2,5598

Sulfate de soude o,i434

Bicarbonate de soude. . . . 2,3991

Bicarbonate de potasse. . . 0,2872

Bicarbonate de magnésie. . . o,8456

Bicarbonate de chaux. ... o, 1028

Alumine et oxyde de fer. . . 0,0379

Silice. o,i5n

Matières organiques. . . . o,oo35

Eau 993,4696

1000,0000

II. EAU DE LA SOURCE DU MONT CORNADOR.

Un litre de cette eau dégage par rébullition IS,IIO d'acide carbonique, ce qui représente en volume ol,B5gc.

Un litre d'eau laisse un résidu pesant 5s,32o et de même composition que le précédent résidu.

La composition de cette eau a été trouvée pour un litre de :


44 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Acide carbonique libre o1,o45c

en poids . 0,0890

Chlorure de sodium. . . . 2,0907

Sulfate de soude o,i4i5

Bicarbonate de soude. . . . 2;463i

Bicarbonate de potassei . . . 0,2486

Bicarbonate de magnésie. . . o,6i45

Bicarbonate de chaux. . . . 0,0888

Alumine et oxyde de fer. . . 0,0399

Silice. 0,1612

Matières organiques. . . . traces

Eau- • • 994,0627

1000,0000

III. EAU DE LA SOURCE MANDON TEMPEREE.

Un litre de cette eau dégage par l'ébullition ig,336c d'acide carbonique, ce qui représente en volume o',672c.

Elle laisse, après l'évaporation, un résidu pesant 5s,54oc pour un litre; ce résidu se compose des mêmes éléments que les précédents.

La composition d'un litre d'eau de la source Mandon tempérée a été trouvée comme il suit :


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE.

Acide carbonique libre ol,i37°

en poids 0,2800

Chlorure de sodium. . . . 2,4392

Sulfate de soude. .... 0,1490

Bicarbonate de soude. . . . 2,4o36

Bicarbonate de potasse. . . , o, ï4^4

Bicarbonate de magnésie. . , 0,8201

Bicarbonate de chaux. , . , 0,1092

Alumine et oxyde de fer. . . 0,0459

Silice 0,1 n3

Matières organiques. . . . des traces

Eau. 993,4933

45

i000,0000

IV. EAU DE LA SOURCE MANDON CHAUDE.

Un litre de cette eau dégage par l'ébullition JB,444C d'acide carbonique, ce qui représente en volume 0^7 2 7e.

Elle laisse, après l'évaporation, un résidu pesant 5S,588C pour un litre ; ce résidu est composé des mêmes substances que les résidus des trois premières eaux.


46 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Un litre de l'eau de la source Mandon chaude est compose comme il suit :

Acide carbonique libre o',ii7c

en poids o,234o

Chlorure de sodium. . . . 2,3776

Sulfate de soude 0,1804

Bicarbonate de soude. . . . 2,io35

Bicarbonate de potasse. . . 0,1866

Bicarbonate de magnésie. . . i,4n4

Bicarbonate de chaux. . . . o,2o5i

Alumine et oxyde de fer. . . o,o357

Silice 0,1 ig5

Matières organiques. . . . o,oo25

Eau 993,1437

1000,0000

V. EAU DE LA SOURCE PAULINE.

Un litre de cette eau dégage par l'ébullition ie,434c d'acide carbonique, ce qui représente en volume o',722c.

Un litre d'eau laisse un résidu pesant 5e,670° et


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 47

composé des mêmes éléments que les résidus des précédentes eaux.

La composition d'un litre d'eau de la source Pauline est représentée par les chiffres suivants :

Acide carbonique libre o',i33c

en poids 0,2750

Chlorure de sodium. . . . 2,3109

Sulfate de soude 0,0874

Bicarbonate de soude. . . . 2,34o4

Bicarbonate de potasse. . . . 0,2940

Bicarbonate de magnésie. . . i,o43o

Bicarbonate de chaux. . . . o,i4o3

Alumine et oxyde de fer. . . 0,0429

Silice 0,0869

Matières organiques. . . . o,oo5i

Eau. 993,3741

1000,0000

VI. EAU DE LA SOURCE ROUGE.

Un litre de cette eau dégage par l'ébullition IB,45I° d'acide carbonique, ce qui représente en volume o',735c.

Par l'évaporation, un litre d'eau de la source


48 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Rouge laisse un résidu pesant 5s,3p,8c. Ce résidu est composé des mêmes substances que les précédents.

Un litre d'eau de la source Rouge a fourni à l'analyse la composition suivante :

Acide carbonique libre o',202c

en poids o,4ooo

Chlorure de sodium. . . , 2,2957

Sulfate de soude 0,1263

Bicarbonate de soude. . . . 2,3n3

Bicarbonate de potasse. . . . 0,1479

Bicarbonate de magnésie. . . 0,8798

Bicarbonate de chaux, . . . 0,1155

Alumine et oxyde de fer. . . 0,0464

Silice . 0,1182

Matières organiques. . . . 0,0070

Eau.' 993,55i9

1000,0000

D'après les analyses de ces six eaux minérales, on reconnaît que ces eaux ont à peu près la même composition, et qu'on peut les considérer comme identiques.

Le résultat des six analyses se trouve résumé dans le tableau suivant.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 49

Dans ces analyses, nous avons négligé l'azote et l'oxygène tenus en dissolution dans ces eaux; ces deux gaz ne s'y trouvant qu'en trop faibles proportions (quelques centimètres cubes seulement).

Signé A. TERREIL,

chimiste attaché au Muséum de Paris.

Paris, le 27 novembre 1858.


20

UNE PREMIÈRE ANNÉE

PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 21

Késunié des analyses des eaux mînérales de Saint-Nectaire.

SUBSTANCES S°URCE S°URCE ^ ^ ^^

MJJf&lANL&a. DU MONT MANDON MANDON

BOETTE. PAULINE ROUGE

CORNADOR. TEMPÉnÉE. CHAUDE.

i -^^————— —____^__ (; _____^^^_^_ ___^__^_____ _^^___^__ —————

Acide carbonique libre en poids. 0,2090 0,0890 ; 0,2800 0,234o o,275o 0,4000

Chlorure de sodium a>35o8 ^907 ( ' ^^ ^g 23lOQ ^^

Sulfate de soude 0,i434 o,r4i5 ï 0,1490 0,1804 °,°874 o,i263

Bicarbonate de soude. . . . 2,399i 2,463i 2)4o36 2)I035 2,34o4 a,3xi3

Bicarbonate de potasse. . . . 0,2872 0,2486 } 0,t484 0,1866 0,2940 0,1479

Bicarbonate de magnésie. . . «,«456 o,6r45 \ 0|82oi i,4n4 ',<>43o 0,8798

Bicarbonate de chaux. . . . 0,1028 0,0888 0>I0Q2 o,2o5i o,i4o3 o,n55

Alumine et oxyde de fer. . . 0,o379 o,o399 ; 0,0459 o,o357 0,0429 0,0464

Slllce O,I5II 0,1612 r o,m3 O,II95 0,0869 0,1182

Matières organiques 0,oo35 des traces des traces o,oo25 ' o,oo5i 0,0070

Eau 99^ 696 994,o627 j 993,4933 993,i437 993,374i 993,55i9

1000,0000 1000,0000 j 1000,0000 1000,0000 1000,0000 1000,0000

Paris, le 27 novembre 1858. A. TERREIL.


UNE PREMIÈRE ANNÉE

EFFETS PHYSIOLOGIQUES.

Lorsqu'on veut étudier l'action thérapeutique d'une eau minérale, surtout comme celle de SaintNectaire, qui n'est pas encore généralement connue, et à l'égard de laquelle on manque de travaux bien complets et bien positifs, il faut faire précéder cette étude de celle de l'effet physiologique de ces eaux.

Sans doute, la connaissance de ces derniers faits n'éclaire pas toujours celle de l'action curative de ces eaux, mais elle donne des notions qui sont d'une grande utilité pour guider le praticien dans leur mode d'administration.

Examinons donc l'effet des eaux de Saint-Nectaire sur les principaux appareils organiques.

Tube digestif. Chez toutes les personnes que nous avons soumises aux eaux de Saint-Nectaire, nous avons pu constater une notable augmentation de l'appétit, surtout quand elles buvaient deux ou trois verres après le repas. Il nous est venu cette année beaucoup d'enfants lymphatiques, et c'est principalement sur eux que l'action des eaux s'est fait sentir. En effet, à peine sui-


PASSEE A SAINT-NECTAIRE. 23

vaient-ils le traitement depuis deux ou trois jours, que leur appétit devenait de plus en plus vif et tel que quatre repas ne pouvaient leur suffire, et nous savons que, chez leurs parents, il était difficile de leur en faire prendre un complet.

Si l'on fait boire huit à dix verres par jour aux malades, on les voit éprouver de la pesanteur d'estomac, de la sécheresse de la bouche, des symptômes de dyspepsie ; si on insiste sur ces doses élevées, elles peuvent amener de la diarrhée; souvent, mais pas toujours, en persistant, la diarrhée cesse, l'appétit revient, et ces fortes doses sont tolérées.

Facilité de la digestion. La digestion est beaucoup plus facile aux eaux de Saint-Nectaire. Nous avons eu des malades qui, chez eux, ne pouvaient prendre aucun aliment solide sans être obligés de le rendre, et qui, après quelque temps de séjour aux eaux, pouvaient faire des repas assez substantiels et n'éprouvaient aucune pesanteur d'estomac.

Dégagement de gaz. Peu de baigneurs se sont plaints de cet accident; il n'y a que dans les cas de gastralgie rebelle que nous avons pu l'observer.

Selles. Eii général, on voit sous l'influence des eaux de Saint-Nectaire, administrées en bains ou en boisson, à la dose de quatre à six verres, les


24 UNE PREMIÈRE ANNÉE

selles diminuer de nombre et augmenter de consistance. JBien souvent, il en résulte une constipation qu'il n'est'pas toujours facile de vaincre. Beaucoup de malades soumis à l'usage des eaux ont, au bout de quatre à cinq jours, une telle constipation , qu'ils ont besoin de recourir à des lavements. C'est sans doute pour cette raison que la diarrhée est si rare pendant qu'on est soumis à l'usage de ces eaux , à moins que l'eau en boisson ne soit portée à la dose de huit à dix verres. Sur 3oo malades qui sont venus cette année à Saint-Nectaire, 5 au plus ont été pris de diarrhée.

Respiration. Considérée sous le point de vue de la modification générale, l'usage continu des eaux sur les individus d'un tempérament et d'une constitution ordinaires, même la durée d'une saison entière, n'exerceront aucune influence sur l'appareil respiratoire. Il en est de même chez les malades plongés dans leur bain : le bain, fût-il prolongé , ne semble pas augmenter la fréquence de la respiration; et n'a jamais produit de dyspnée, ou même le simple sentiment d'étouffement ou d'oppression, excepté au moment des orages.

Circulation. La circulation est évidemment accélérée surtout pendant l'usage des bains, mais d'une manière peu notable, et c'est à peine s'il y


PASSÉE-A SAINT NECTAIRE. 25

a une différence de cinq à six pulsations en plus à la fin qu'au commencement du bain.

Sécrétions. La sécrétion de la peau n'est pas activée.

Les urines sont, en général, augmentées de quantité; elles deviennent, au bout de quelques jours, rapidement alcalines.

Système nerveux. Ce n'est que chez les personnes très-impressionnables que nous avons pu observer quelques légers troubles du côté du système nerveux, qu'un jour de repos ou même seulement un bain moins chaud ou mitigé suffisait pour faire disparaître complètement.

Sommeil. Généralement très-bon pendant les quinze premiers jours du traitement, ne commençant à devenir agité que vers la fin de la saison, ou chez les malades trop impressionnables.

En résumé, on voit que les eaux de Saint-Nectaire n'échappent pas à la loi commune à toutes les eaux minérales, c'est-à-dire qu'elles produisent des phénomènes d'excitation générale, qui se traduisent par l'accélération du pouls et un état complet d'excitation ; enfin, comme conséquence, l'augmentation de l'appétit et la facilité de la digestion. Ce sont, du reste, ces phénomènes d'excitation qui, venant à se perpétuer, conduisent à


26 UNE PREMIÈRE ANNÉE

cet autre état général si commun encore dans la plupart des eaux minérales, c'est-à-dire les phénomènes de saturation. Voici quels sont les caractères de la saturation par les eaux de SaintNectaire :

Vers le quinzième bain , quelquefois vers le dix-huitième, les malades accusent une fatigue générale, un sentiment de courbature, une agitation parfois assez grande. Cette agitation se continue la nuit et donne au malade une insomnie quelquefois complète ou au moins un sommeil agité. Le pouls devient plus fort, et la peau devient plus chaude ; quelquefois les accidents présentent un degré de plus, et il n'est pas rare de voir un véritable état fébrile se développer. Le pouls s'accélère alors, mais jamais dans une forte proportion.

Il suffit souvent de supprimer un jour ou deux les bains, pour voir le mouvement fébrile se dissiper et les malades reprendre leur état normal.

Nous devons encore ici faire une observation : c'est que souvent les eaux de Saint-Nectaire réveillent, au bout de deux ou trois bains, les douleurs rhumatismales dont les malades avaient pu être atteints antérieurement; si elles n'avaient pas disparu avant l'arrivée aux eaux, elles augmentent d'intensité sous l'action de leur première influence;


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 27

mais en tout cas, cette réapparition ou cetteaugmentation n'est que momentanée, et, en continuant l'usage des bains, on les voit toujours disparaître.

Efl'ets physiologiques des bains.

BAINS TEMPERES.

L'immersion dans un bain à 34° centigrades procure uue sensation d'onctuosité et de douceur qui se prolonge pendant toute la durée du bain. D'autres fois, on ressent un resserrement à l'épigastre, dans la poitrine, rarement au bas de l'abdomen ; quelquefois ce sentiment gêne assez la respiration pour obliger les malades à sortir de l'eau; mais avec des précautions et de la persévérance, on finit par s'y habituer et très-bien les supporter. Après les bains, on éprouve le plus souvent plus de vigueur qu'avant. Les individus robustes se sentent plus forts après les bains; les individus faibles et excitables sont quelquefois sujets, après les bains, à de l'agitation, surtout pendant la nuit; plus tard, le sommeil peut, devenir pénible et même arriver jusqu'à l'insomnie.


28 UNE PREMIERE ANNEE

BAINS CHAUDS.

Ils sont toniques et excitants.

RÉSULTAT DES BAINS.

C'est une action excitante.

Les eaux de Saint-Nectaire ne portent pas à la surface de la peau. La saturation est souvent indiquée par une agitation générale, de la fièvre, des symptômes d'embarras gastriques ; la bouche est mauvaise ; il y a de la pesanteur épigastrique, puis de la diarrhée.

Les eaux de Saint-Nectaire, par leurs propriétés toniques, semblent plutôt aptes à arrêter les sécrétions qu'à les augmenter ou à les activer.

On n'obtient la sueur qu'en forçant l'action déjà énergique des eaux, et c'est une sorte de sueur laborieuse qui en résulte, plutôt nuisible qu'utile au baigneur.

EFFETS THÉRAPEUTIQUES.

Il est assez difficile de décrire les effets thérapeutiques d'une eau minérale. On s'appuie sur la


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 29

connaissance que l'on a de ses propriétés physiques et chimiques ; on cherche à donner une tournure scientifique aux merveilleux résultats que l'ignorance et les préjugés populaires accordent à l'action des eaux.

Telle n'est pas la voie que nous comptons suivre, aussi allons-nous adopter une marche toute ' nouvelle dans l'étude des eaux de Saint-Nectaire.

Passant sous "silence tout ce qui a pu être dit ou écrit sur l'action thérapeutique de ces eaux, nous décrirons chaque année, et cela avec le plus grand soin, les observations recueillies sur les baigneurs. Nous commencerons donc par relater les faits de la saison de i858. Nous les analyserons ainsi : guérison complète, simple amélioration, absence absolue d'effets retirés des eaux. Ce seront là les bases de la statistique médicale des malades observés.

En procédant ainsi, rien ne pourra échapper. On n'aura pas à se préoccuper des préjugés relatifs à l'action des eaux. On devra être profondément convaincu que les résultats auxquels nous arriverons ne seront que l'expression de la plus stricte vérité.


30 UNE PREMIÈRE ANNEE

RHUMATISME.

Les individus atteints de rhumatisme arrivent en général en assez grand nombre aux eaux de Saint-Nectaire ; et on peut en observer toutes les variétés. La plupart du temps, ce sont des arthrites rhumatismales chroniques contre lesquelles un ou plusieurs autres traitements ont déjà échoué, et qui ont décidé les malades, presqu'en désespoir de cause, à recourir à l'emploi des eaux minérales. Les rhumatismes articulaires forment donc la plus grande partie de ces cas, tandis que le rhumatisme musculaire est, au contraire, beaucoup plus rare, ce qui tient sans doute à ce qu'il cède habituellement plus rapidement aux diverses méthodes thérapeutiques. Sur les 3oo baigneurs venus à Saint-Nectaire, nous avons pu recueillir les observations des 127 malades dont l'intelligence, l'instruction, la position sociale, nous dirons même le langage ', nous ont permis de réunir des détails suffisants pour constituer l'histoire de leur maladie.

1 II nous vient en effet un assez grand nombre de paysans, peu familiarisés avec la langue française, souvent même ne parlant que le patois de leur village, et il est presque impossible de les comprendre.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 31

Sur ces 127 baigneurs, il y a eu 42 malades atteints de rhumatismes (27 hommes et i5 femmes ).

Ces 42 personnes ont indiqué les professions suivantes (18 n'en avaient aucune; ce sont en général les femmes) :

Il y avait 14 cultivateurs. 2 prêtres. 1 sous-préfet.

1 brasseur.

2 terrassiers.

1 marchand de bestiaux,

i percepteur.

i militaire.

1 avoué.

Ces 42 malades présentaient les âges suivants:

De i5 à 20 ans 1

20 25 4

25 3o ...... 3

3o 35 ....... 8

35 40 5

4o 45 4

45 5o 5

5o 60 6

60 et au-dessus. .... 6


32 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Constitution. La constitution des individus rhumatisants s'est présentée avec des conditions trèsvariables. Un examen attentif nous permet d'affirmer que, dans 2G cas, la constitution était bonne, solide et même assez robuste, tandis que, dans iG, elle était débilitée, soit primitivement, soit par suite de la longue durée de la maladie.

Antécédents morbides. Les antécédents morbides ont été des plus variés : dans 18 cas, la santé avait toujours été assez bonne jusqu'à l'époque de l'invasion du rhumatisme, dont les suites avaient amené le malade aux eaux de Saint-Nectaire. Chez i4 malades, il y avait eu, à une époque antérieure, une ou plusieurs attaques de rhumatisme qui avaient précédé la dernière dont ils avaient été frappés. Quant aux autres antécédents morbides qu'ils nous ont signalés, ils sont relatifs à diverses maladies, à des accidents tout passagers qu'il est parfaitement inutile de rappeler ici. Notons seulement que trois femmes, d'après les renseignements qu'elles nous ont communiqués, avaient eu, à des époques antérieures, des leucorrhées assez rebelles.

Début. Il est important de remonter à l'époque du début dé la maladie; c'est lui, en effet, qui permet d'établir la durée de l'affection et son an-


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 33

cienneté. Sur nos 42 baigneurs, douze fois le début du rhumatisme remontait au plus à six mois, au moins à un mois; n malades avaient vu leur rhumatisme débuter au moins à six mois, au plus à un an ; chez i3 sujets, enfin, les douleurs rhumatismales remontaient à plus d'une année. Signalons enfin que les rhumatismes étaient assez anciens chez 6 malades pour qu'ils n'aient pas bien pu apprécier l'époque de leur début.

Siège. Les rhumatismes peuvent être divisés en trois classes :

Rhumatisme mono-articulaire. . 15 cas.

— poli-articulaire. . . 17

— musculaire. ... 8 Lombago 2

Rhumatisme mono-articulaire. Voici les articulations qui ont été prises chez les baigneurs affectés de rhumatisme mono-articulaire :

Articulation du genou. ... 7 malades.

— tibio-tarsienne. . 4

— scapulo-humérale. 2

— du coude. 1

— du poignet. . . 1

Rhumatisme poli - articulaire. Voici comment

3


34 UNE PREMIÈRE ANNÉE

étaient, répartis nos 17 cas de rhumatisme poliarticulaire :

2 articulations prises. ... 2 malades.

4 - 2

3 — ..... 2

5 — 3

Rhumatisme général. ... 8

Rhumatisme musculaire. Les 8 malades que nous avons eus à traiter pour des atteintes de rhumatisme musculaire présentaient tous des douleurs vagues et non localisées. '

Il est bien entendu que tous ces rhumatismes étaient passés à l'état chronique et qu'il n'y en avait aucun aigu.

Le traitement qui a été suivi peut être formulé de la manière suivante : tous les jours, un bain à 34° centigrades, d'une heure de durée. Les 42 malades y ont été soumis, et le nombre de bains a été en moyenne de :

Moins de 15 bains 8

i5 bains, 7

De i5 à 21 bains 12

21 bains. i5

A ce système de bains, on ajoutait des douches


. PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 35

sur l'articulation ou les articulations malades ; vingt-cinq fois seulement il en a été ainsi.

La douche présentait les températures suivantes :

Source du mont Cornador. . . 390

Source Boette 4°°

Source Mandon 370

On commençait par donner une douche de cinq minutes, dont tous les jours on augmentait la durée jusqu'à la prolonger pendant un quart d'heure.

Tous les malades ont pu supporter le traitement et on n'a été obligé chez aucun d'eux de l'interrompre.

Voici quel a été le résultat :

Vingt et un, c'est-à-dire la moitié, sont partis complètement guéris et sans présenter de traces du rhumatisme pour lequel ils étaient venus, 18 ont été seulement améliorés, et 3 n'ont éprouvé aucun soulagement.

Il nous paraît utile de faire remarquer qu'il est excessivement difficile de garder nos baigneurs aux Eaux pendant le temps nécessaire pour un traitement complet. Leur départ précipité est presque toujours la cause qui empêche leur parfaite guérison.


36 UNE PREMIÈRE ANNÉE

NÉVRALGIE TRIFACIALE.

Nous avons observé 4 malades qui présentaient les signes caractéristiques d'une névralgie de l'une des branches du nerf tri facial. Il y avait i homme et 3 femmes. L'homme avait 52 ans, et des 3 femmes, 2 avaient 42 ans, et l'autre 38 ans.

De ces 4 baigneurs, 3 étaient sans profession ; une des femmes était une religieuse.

Sous le rapport de la constitution, l'homme et l'une des femmes en avaient une bonne et solide ; les deux autres femmes étaient évidemment débilitées.

L'ancienneté de l'affection a pu être constatée chez 3 de nos malades ; chez une elle remontait à 2 ans ; chez l'autre à 5 ans ; chez le troisième à i5 ans ; la quatrième n'a pu en préciser la date.

Voici quel était le siège de la névralgie clans ces cas :

Dans 2 cas, c'était la branche maxillaire supérieure qui était atteinte par la névralgie. Chez l'homme, c'était la branche maxillaire inférieure,


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 37

et enfin la quatrième souffrait de douleurs vagues dans toute la tête, dont elle n'a pu fixer le siège.

Le nombre de bains qui leur fut administré fut le suivant :

Une femme et l'homme prirent 21 bains.

Des deux autres personnes, l'une prit 20 bains, et l'autre i5.

Les 4 malades supportèrent assez bien le traitement.

Le résultat en fut le suivant :

Deux guérirent complètement.

Ce fut l'homme et une femme. La religieuse, fut simplement améliorée ; une autre n'éprouvait aucun changement.

NÉVRALGIE CRURALE.

Une femme âgée de 24 ans est venue réclamer nos soins pour cette affection le 2 août i858. Elle a toujours été bien réglée.

Cette malade, qui aune bonne santé habituelle, a été prise il y a trois mois, sans autre cause ap-


38 UNE PREMIÈRE ANNÉE

préciable qu'un retard de règles de huit jours, de douleurs très-vives dans l'aine et dans la partie antérieure de la cuisse droite. Cette névralgie suit tout le trajet du nerf crural, et fait souffrir tellement la malade par les changements de temps, qu'elle passe des nuits sans sommeil. Elle se plaint aussi de constipation.

Elle fut promptement guérie de cette affection.

Elle ne prit que 13 bains à 34° et 7 douches, et elle partit parfaitement guérie.

NÉVRALGIE LINGUALE.

Nous avons observé une femme âgée de 5o ans, maîtresse de pension.

Cette malade est encore bien réglée. Il y a dix mois, elle s'est cassé deux dents, et elle s'est aperçue qu'en passant sur ces deux dents brisées, sa langue se meurtrissait et qu'elle devenait douloureuse. C'est à la suite de cet accident que la névralgie a commencé à se faire sentir. Elle fit alors extraire ses deux dents, espérant, en enlevant la cause, faire


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 39

disparaître la douleur ; mais la névralgie n'en continua pas moins à augmenter progressivement, et un sentiment de brûlure très-vive se fit d'abord sentir au bout de la langue, avec quelques mouvements convulsifs. Au bout de deux mois de souffrance, le goût commença à se pervertir, et la malade ressentit de la contraction dans les mâchoires. Elle n'en continua pas moins à faire ses cours, et elle s'apercevait que la douleur augmentait chaque fois qu'elle avait été obligée de parler vui peu longtemps. Enfin, elle vint réclamer nos soins à Saint-Nectaire, le 3i juillet i858.

Elle suivit le traitement suivant : tous les jours, un bain à 32° centigrades, et deux à six verres d'eau minérale à boire. Vers le quinzième bain , elle commença à sentir un peu d'amélioration ; elle recouvra le goût des aliments, et elle partit après 19 bains, avec une amélioration sensible.

Cet état de bien-être qu'éprouvait cette dame lors de son départ était d'autant' plus remarquable qu'aucun traitement n'avait pu jusqu'alors lui procurer un instant de soulagement. Nous espérons, avec une seconde saison, arriver à un très-bon résultat.


40 UNE PREMIÈRE ANNÉE

NÉVRALGIE SCIATIQUE.

Dix-sept malades atteints de névralgie sciatique sont venus demander à Saint-Nectaire la guérison de leur maladie.

Sur ces 17 malades, il y avait 14 hommes et 3 femmes. Leur âge était le suivant :

De 25 à 3o i

3o 35 2

35 40 5

4o 45. 2

45 5o. ...... 1

5o 60. 2

60 et au-dessus 4

Us exerçaient les professions suivantes :

Cultivateurs 7

Tisserand 1

Marchand de bestiaux. . . . 1

Liquoriste 1

Maîtresse d'hôtel 1

Gendarme 1

Scieur de long i

Sans profession 4


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. tu

La constitution était bonne chez i5 malades; 2 seulement avaient une santé un peu détériorée et affaiblie.

Sur.ces 17 personnes, chez 10 les renseignements communiqués avaient fait connaître qu'elles avaient eu des sciatiques analogues à celles pour lesquelles elles étaient venues aux eaux. 1 malade dit avoir eu autrefois une attaque de rhumatisme; 1 accusa des fièvres intermittentes anciennes; enfin, 5 avaient toujours joui d'une excellente santé avant l'invasion de la sciatique actuelle. Le début de toutes ces sciatiques était en général très -ancien, et ce n'est qu'en raison des insuccès des divers modes de traitement mis en usage à une époque antérieure, qu'ils s'étaient décidés à venir demander leur guérison à SaintNectaire.

Ce début remontait à un mois au moins et à six mois au plus chez 5 malades II remontait de six mois à un an chez 3; enfin, chez 9 malades, la névralgie sciatique datait de plus d'un an.

Siège. Cette affection se trouve répartie de la manière suivante :

Chez nos baigneurs, pour 8 la sciatique siégeait dans la cuisse droite; chez 8 autres, dans la cuisse gauche; chez 1 seulement, la maladie


42 UNE PREMIÈRE ANNÉE

affectait les deux membres inférieurs ; 6 personnes accusèrent que le maximum de la douleur résidait dans la partie supérieure du nerf; 2 dans la partie inférieure ; 8 enfin dans tout le trajet.

Le traitement employé fut le suivant chez les 17 malades :

Des bains à la température de 34° centigrades ; chez i4> on employa les douches en même temps que les bains ; chez 4 malades, il y eut 15 bains d'administrés; 7 malades prirent de 16 à 20 bains; enfin, 6 en prirent 21.

Dans tous ces cas, les bains furent parfaitement supportés; il n'y eut aucun accident, aucune aggravation de la névralgie ; 13 personnes quittèrent Saint-Nectaire parfaitement guéries; 4 furent seulement notablement améliorées ; nous n'observâmes aucun insuccès. Le soulagement qu'éprouvèrent les 4 dernières fut très-sensible, et je ne doute pas que, si nous avions pu les conserver plus longtemps, elles fussent parties de Saint-Nectaire aussi bien portantes que les i3 autres. Il résulte de ce tableau que c'est certainement contre les névralgies sciatiques anciennes qu'on peut prescrire nos eaux minérales avec une chance presque certaine de succès.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 43

PARALYSIE.

Nous avons observé 4 cas de paralysie.

Une paralysie probablement symptomatique d'une maladie de la moelle chez un homme ; une paralysie hystérique chez une femme, et deux paralysies du bras probablement symptomatiques d'une ancienne hémorragie cérébrale chez une femme, et de convulsions chez un enfant. Voici le résumé dé l'histoire de ces quatre maladies :

Paralysie symptomatique dune affection de la moelle. — M. B...., âgé de 45 ans, arrivé à SaintNectaire le i5 juillet. Ce malade, atteint d'une affection chronique de la moelle, vient à SaintNectaire depuis plusieurs années. Il éprouve depuis dix ou douze ans un affaiblissement des membres inférieurs, qui augmente d'année en année, et c'est à peine s'il peut maintenant se tenir sur ses jambes. Il ne peut faire un pas sans l'appui d'un bras, ni monter un escalier sans être soutenu par deux ou trois personnes. Il y a aussi un peu


44 UNE PREMIÈRE ANNÉE

d'affaiblissement dans les membres supérieurs. La vue est diminuée, et il a même été opéré de la cataracte il y a deux ans. Il a la bouche toujours entr'ouverte. Les digestions se font très-péniblement, la constipation est opiniâtre et ne peut être vaincue qu'à force de lavements. Parfois même on fut obligé de lui administrer jusqu'à douze lavements pour le faire aller à la selle. Il urine facilement. En outre, il éprouve de temps en temps des douleurs névralgiques clans les entrailles, se portant surtout dans le flanc droit, et qui lui arrachent des cris. Sous l'influence des premiers bains de Saint-Nectaire, ces crises se sont renouvelées deux fois. La première a eu lieu le lundi 19 juillet, à neuf heures du soir; la seconde, le 21, à minuit. Il continua l'usage des bains, et ces accidents ne se sont plus renouvelés jusqu'au jour de son départ ; au contraire, il en éprouva une grande amélioration. Ce malade a pris 20 bains; quelques douches en arrosoir furent essayées et furent très-bien supportées.

Il quitta Saint-Nectaire le 6 août, fort content de sa saison. Ce malade assure qu'il n'y a que nos eaux qui lui procurent un peu de soulagement.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 45

PARALYSIE HYSTÉRIQUE

Une seule malade, soeur cloîtrée, âgée de 27 ans, vint, pour cette affection à Saint-Nectaire. Voici les renseignements que nous a transmis le médecin de la localité :

Entrée au couvent cloîtré de Sainte-Catherine, à l'âge de 18 ans, cette jeune fille jouissait dans le principe d'une très-bonne santé. Cependant, le système nerveux avait reçu quelques atteintes par l'empêchement que ses parents voulaient mettre à la profession de religieuse que la jeune personne désirait ardemment. A la suite d'accès de toux pour laquelle l'huile de foie de morue fut prise, il peut. y avoir à peu près sept ans, survint une douleur vive et intermittente, surtout à la suite de courses et de travaux prolongés. Cette douleur siégeait au côté gauche, un peu au-dessous de la mamelle et plus à gauche que le coeur. Elle a été traitée comme douleur névralgique intercostale, par les cautères, sétons et antispasmodiques divers, sans être sensiblement modifiée. La faiblesse actuelle et les dou-


46 UNE PREMIÈRE ANNÉE

leurs de tête, aujourd'hui caractères de la maladie pour laquelle la soeur est envoyée à Saint-Nectaire, ont commencé légèrement l'année dernière, mais ont pris plus de gravité depuis le carême dernier. La faiblesse des jambes a surtout augmenté depuis un mois, avec des alternatives de force plus grande, ainsi que de faiblesse plus sensible ; souvent les faiblesses étaient précédées de douleurs dans certaines parties de la tête, douleurs se présentant sous la physionomie de clous hystériques.

Actuellement, la soeur ne peut marcher sans le secours d'un bras, et encore les jambes remuentelles avec peine ; cependant, le siège une fois appuyé , les jambes paraissent à la malade n'avoir aucun mal. Dans les bains salés que ce médecin a conseillés, la même sensation de force se fait sentir, mais disparait aussitôt après la sortie. La sensibilité n'est nullement altérée ; pas d'appétit, pas de goût pour les aliments ; menstruation régulière , seulement flueurs blanches fréquentes et abondantes, pas d'altération sensible au coeur.

La malade a été traitée pour un commencement de paralysie nerveuse et, légèrement hystérique, par les bains salés, les valérianates d'atropine, les ferrugineux et beaucoup d'autres moyens qui n'ont amené aucun résultat. Pour combattre


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 47

le mal de tête, un cautère à la poudre devienne a été placé derrière le cou, mais n'a pu arrêter les douleurs.

A son arrivée à Saint-Nectaire le 19 juillet, la jeune fille présentait tous les symptômes mentionnés ci-dessus, et de plus, au coeur, un léger bruit de souffle anémique au premier temps et à la base.

Nous la soumîmes aux bains à 34° centigrades, et nous lui fîmes boire quatre verres d'eau minérale par jour. Le 22 juillet, elle pouvait marcher sans l'aide d'un bras, mais cette amélioration ne dura que deux jours.

Nous continuâmes le traitement et nous y ajoutâmes des douches sur les reins et les cuisses, de cinq à dix minutes par jour.

La malade a quitté Saint-Nectaire le 15 août, ayant repris des forces et étant dans un état d'amélioration sensible.


UNE PREMIÈRE ANNÉE

PARALYSIE RRACHIALE,

Une femme de 33 ans est venue à Saint-Nectaire, le 3 août i858, avec le bras gauche complètement paralysé, Voici les antécédents qu'elle nous a racontés :

Vers la fin d'octobre 1857, elle eut une hémorragie cérébrale à la suite de laquelle tout le côté gauche fut paralysé. Elle était alors enceinte; six mois plus tard, elle accoucha naturellement d'un enfant à terme et vivant, et, à la suite de sa couche, le mouvement revint dans la jambe et elle put parfaitement marcher, mais le bras gauche est resté complètement paralysé ; aucun mouvement ne lui est possible. Cette femme est bien réglée ; l'appétit est un peu faible, mais les digestions sont faciles ; les selles et les urines normales.

Nous avons prescrit le traitement suivant :

Bains à 34° d'une heure, et douches de quinze minutes sur le bras. Elle resta quinze jours à SaintNectaire, et lorsqu'elle partit, elle pouvait remuer ses doigts et faire faire quelques mouvements à


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 49

son bras. Nous espérons même qu'avec un traitement plus long ou avec une seconde saison, nous arriverons à une guérison.

Le second cas de paralysie du bras, que nous avons pu recueillir, est celui d'un jeune enfant de 3 ans. Voici, au dire des parents, ce qui est arrivé :

A l'âge de 16 mois, ce petit garçon a eu, à la suite d'une attaque de convulsions, tout le côté droit du corps paralysé. Petit à petit, tous les mouvements sont revenus, excepté dans le bras, qui depuis ce temps est resté complètement inerte. Ce bras est moins gros que l'autre, les muscles sont un peu atrophiés.

Cet enfant fut soumis au traitement suivant :

Tous les jours, un bain à 34° centigrades, d'une heure de durée. Une douche de cinq à dix minutes sur le bras droit et de deux à six verres d'eau en boisson.

Il resta quinze jours à Saint-Nectaire, supporta parfaitement le traitement et en parfit très-fortifié.


50 UNE PREMIERE ANNÉE

CHLOROSE.

Les chloroses viennent en assez grand nombre à Saint - Nectaire demander la guérison de leur maladie.

Nous avons observé i5 jeunes filles atteintes de cette affection. Elles présentaient les âges suivants :

ii de IJ à 20

4 de 20 à 2 5

Treize de ces jeunes filles n'exerçaient aucune profession ; 2 étaient 1 ingères. Dans le plus grand nombre des cas, la constitution était faible et débilitée ; c'est ce que nous pûmes observer chez 8 malades ; chez 2, elle semblait clans un état normal ; chez 5, elle nous parut forte et même robuste.

Chez la plupart de ces jeunes chlorotiques, l'affection était 'ancienne et avait résisté à tous les traitements employés pour la combattre. Dans tous ces cas," la chlorose était assez intense et bien caractérisée.

Sur ces 15 malades, 4 n'avaient jamais été ré-


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. ' 51

glées et 11 avaient eu leurs règles d'abord régulières, et ce n'est que plus tard qu'elles étaient devenues irrégulières et même s'étaient supprimées complètement.

Sur ces 11 chlorotiques, 5 avaient leurs règles assez régulièrement, mais accompagnées de douleurs moins abondantes et suivies d'un écoulement leucorrhéique.

Chez 6, la menstruation était irrégulière et également accompagnée de dysménorrhée, de diminution de quantité et de leucorrhée.

Dans tous ces cas, il y avait des phénomènes gastralgiques d'une intensité variable; chez 7, la gastralgie présentait un degré notable d'intensité, et, chez 7 autres, elle était plutôt caractérisée par des symptômes assez vagues, et spécialement par des tiraillements d'estomac.

L'appétit, bien conservé chez 6 malades, était, chez les 9 autres, devenu capricieux et souvent bizarre.

La constipation existait dans tous les cas.

Du côté du système nerveux, on a noté, dans 8 cas, une céphalalgie prédominante et fatiguant . beaucoup les malades.

On n'a signalé aucun autre accident du côté du système nerveux.


52 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Toutes ces jeunes filles présentaient un état de chlorose tellement avancé, que-presque toutes, sauf 2, étaient complètement décolorées. Toutes aussi avaient un bruit de souffle doux au premier temps et à la base du coeur, 8 ressentaient des palpitations et une dyspnée considérable dès qu'elles marchaient un peu vite ou montaient un escalier. Chez II, nous avons trouvé, à l'auscultation , un bruit de souffle continu clans les vaisseaux du cou, affectant chez 4 le bruit de diable, et chez 3 le timbre musical. Chez 4 seulement, le bruit était intermittent.

Le traitement employé chez ces 15 chlorotiques a été en général identique ; on avait recours aux bains entiers chez toutes les malades ; les bains variaient entre la température de 3o et 34" centigrades, et, dans la plupart de ces cas, ils étaient accompagnés de douches administrées sur les reins et. les cuisses; en même temps, on faisait boire tous les jours aux malades de deux à six verres d'eau.

Le nombre de bains fut le suivant :

5 en prirent i5

3 en prirent, l'une 19 et deux 17 et enfin, 7 en prirent 21.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 83

Toutes ces jeunes filles supportèrent parfaitement le traitement, dont le résultat fut le suivant :

Guérison complète 4 casAmélioration

casAmélioration

On voit, d'après ce résultat, que si les eaux de Saint-Nectaire ne guérissent pas toujours la chlorose, elles produisent constamment une notable amélioration. Il est présumable que, si ces malades avaient mis plus d-e persévérance, on aurait eu des guérisons.

On doit faire remarquer que, clans tous ces cas, nous n'avons jamais employé de fer pendant la durée du traitement.

AFFECTIONS DE L'UTÉRUS.

Onze malades affectées de maladies utérines diverses sont venues demander à Saint-Nectaire la guérison de leur affection.

Ces femmes présentaient, les âges suivants :

De 25 à 3o ans 3

3o 35 2

35 4o 3

4o 5o 3


54 UNE PREMIERE ANNÉE

Sur ces 11 malades, six fois la constitution s'était conservée bonne et assez robuste, et cinq fois elle était frêle.

Les causes de cette affection sont restées assez obscures dans un certain nombre de cas; chez 5 femmes cependant, on pouvait considérer la maladie utérine comme une suite de couches. La nature des affections utérines a été trouvée être ce qui suit :

Trois fois il existait une inflammation chronique du col avec ramollissement (état fongueux);

Trois fois il existait une inflammation chronique avec induration ; dans 2 de ces 3 cas, l'inflammation s'accompagnait d'ulcérations ;

Enfin, chez l'une il y avait des granulations.

Ce n'est que chez ces 6 malades que j'ai pu obtenir un examen au spéculum. Ce n'est que par induction ou par la narration plus ou moins exacte que les 5 autres nous ont faite, que nous avons pu admettre l'existence d'une inflammation chronique de l'utérus.

Chez ces 11 malades, cinq fois les règles avaient conservé leur régularité; mais elles étaient accompagnées d'une dysménorrhée plus ou moins forte. Chez 6, l'irrégularité du retour de l'écoulement mensuel accompagnait la dysménorrhée; un écou-


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 55

lement leucorrhéique existait chez toutes ces malades.

Chez la plupart, nous avons constaté un état anémique plus ou moins caractérisé et qui était en rapport avec l'intensité de l'affection locale.

Chez ces 11 malades, le traitement employé fut le suivant :

Des bains entiers à la température de 28 à 3o° centigrades ;

Des injections d'abord avec l'eau de la source du Bain ;

Des douches avec l'eau de la source Pauline, qui contient une très-grande quantité d'acide carbonique libre.

Nous avons remarqué que ces douches arrêtaient très-rapidement les écoulements leucorrhéiques.

3 malades ont pris moins de i5 bains.

3 ont pris 15 bains. 1 a pris 18 bains.

4 ont pris 21 bains.

Voici, chez les 6 que nous avons examinées, le résultat du traitement :

Chez toutes, le col avait diminué notablement de volume; les ulcérations s'étaient complètement cicatrisées chez 2, et avaient beaucoup diminué


56 UNE PREMIÈRE ANNÉE

chez une troisième; et, d'après ce résultat, nous admettons que les autres, qui n'ont pas été examinées, ont dû éprouver beaucoup de soulagement de nos eaux.

AFFECTION DE L'ESTOMAC.

Gastralgie.

Les eaux de Saint-Nectaire jouissent d'une certaine réputation dans le traitement des gastralgies; aussi n'avons-nous pas été .étonné d'avoir trouvé, dans nos malades, 6 hommes et 4 femmes atteints de gastralgie bien caractérisée.

Age. De 20 à 3o, nous avons 3 baigneurs, un jeune homme âgé de 21 ans, et deux dames ayant chacune 3o ans.

De 3o à 4o ans, nous en trouvons deux : un homme âgé de 3o ans et une dame de 3i ans.

Il y avait 3 hommes âgés de 42 aiis> une dame de 54 ans et un homme de 65 ans.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 57

La constitution de ces personnes s'est trouvée bonne et assez forte clans 7 cas, et faible et un peu détériorée dans 3.

Parmi les antécédents morbides signalés par les malades, nous trouvons que, sur ces 10 cas, 6 avaient déjà eu, à des époques antérieures, des gastralgies plus ou moins rebelles, et une malade, une affection du foie qui avait été guérie.

Chez ces 10 individus, les caractères de la gastralgie étaient parfaitement évidents. L'appétit était variable , quelquefois bizarre , d'autres fois diminué (4). L'apparition des douleurs gastralgiques après l'ingestion des aliments exista chez 8 malades, soit qu'elles ne se développassent qu'à cet. instant, soit qu'elles n'aient fait qu'augmenter d'intensité. Chez 2 malades, les douleurs étaient plus vives avant l'ingestion des aliments, et ce dernier acte semblait les soulager. Nous avons trouvé chez 2 personnes, comme phénomène concomitant, des vomissements nerveux bien caractérisés.

Tous ces malades présentaient des développements de gaz plus ou moins abondants et tous une constipation opiniâtre.

Chez aucun d'eux, nous n'avons constaté de phénomènes nerveux siégeant dans d'autres organes.


58 UNE PREMIÈRE ANNÉE

Nous n'avons pas eu à signaler non plus d'état anémique concomitant.

Le traitement auquel tous ces gastralgiques furent soumis a été à peu près identique. Tous les jours, en commençant, deux verres d'eau minérale , on montait ensuite rapidement et on atteignait presque toujours le nombre six ; en même temps on administrait un bain d'une heure à une température de 34° centigrades.

3 malades sur les IO prirent un nombre de bains

inférieur à i5.

4 malades prirent de i5 à 21 bains, et 3 en prirent 21.

Ces 10 personnes supportèrent parfaitement les bains ; on ne fut jamais obligé de suspendre, et le résultat fut. le suivant :

6 malades guérirent complètement. 4 furent seulement améliorés.

Mais nous sommes convaincu que si nous avions pu les décider à rester plus longtemps à Saint-Nectaire, ils auraient parfaitement guéri. En effet, dès les premiers jours du traitement, les vomissements avaient cessé, les douleurs gastralgiques étaient devenues plus rares et l'appétit commençait à revenir.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 59

SCROFULES.

Les eaux de Saint-Nectaire jouissent, clans toute l'Auvergne, d'une réputation qui paraît bien établie, pour le traitement et la guérison de la maladie scrofuleuse. Cette réputation s'est déjà étendue au loin. Il y vient des malades des départements voisins, et des praticiens distingués de Paris ont foi dans leur action curative et y adressent des malades. Notre conviction s'est formée par les faits que nous avons observés, par les résultats que nous avons obtenus, et nous comptons, les années suivantes, donner une altention toute spéciale à ce sujet intéressant.

Nous avons eu à traiter n malades atteints de l'affection scrofuleuse; il y avait 4 hommes et 7 femmes. Ces malades présentaient les âges suivants :

i à 5 ans 5 malades.

5 10 2

10 i5 3

et i femme âgée de 3o ans.


60 UNE PREMIÈRE ANNÉE

La constitution était notablement débilitée et faible chez 8 de ces n individus scrofuleux; elle semblait assez bonne chez 3 autres, malgré les traces de scrofule.

Sous le rapport de la menstruation, une femme seulement avait été réglée, mais chez elle les règles étaient tellement abondantes, qu'elles simulaient de véritables hémorragies.

Nous avons pu préciser l'ancienneté de l'affection pour tous nos malades , excepté pour une petite fille chez laquelle les parents n'avaient pas observé l'époque du développement de la maladie. Ainsi, chez une femme, elle datait de i3 ans ; chez une petite fille, de 4 ans> cnez un petit garçon, de 5 mois ; congéniale chez deux enfants rachitiques, l'affection remontait à 6 mois chez une petite fille, 2 ans chez une autre, 4 ans chez une troisième, 3 ans chez une quatrième, et 3 mois chez une cinquième.

Voici quelles étaient les altérations scrofuleuses caractéristiques de la maladie pour ces 11 baigneurs :

Chez 5 malades présentant le type scrofuleux, le nez gros et épaté, les lèvres saillantes, il existait, soit d'un seul, soit des deux côtés de la région cervicale, des ganglions hypertrophiés plus ou


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. C1

moins volumineux et. formant en général chapelet. Ces ganglions étaient encore à l'état d'induration. Chez une jeune fille, on observait une plaie profonde du bras avec trajet fistuleux. Chez un enfant, on trouvait une tuméfaction considérable du petit doigt adroite, avec une plaie et un trajet fistuleux; il avait en même temps un eczéma du cuir chevelu.

Un enfant de 3 ans 1/2 était affecté d'une coxalgie déjà ancienne, avec déplacement de l'os, sans plaie ni fistule; un garçon de 6 ans 1(2 était atteint d'une coxalgie, avec carie de l'os, plaie et trajet fistuleux. Deux enfants, le frère et la soeur, âgés l'un de 4 ans, l'autre de 2 ans, étaient affectés d'un rachitisme bien caractérisé.

Le traitement qui fut employé chez ces 11 scrofuleux fut d'abord les bains à une température de 3o à 33° et d'une heure de durée, des douches de cinq à dix minutes de durée. Enfin, on leur faisait prendre l'eau en boisson à la dose de deux à six verres.

Le nombre de bains a varié de i5 à 21.

Le résultat de ce traitement ne pouvait ni ne devait être complet. On comprend , en effet, qu'il fallait s'attendre tout au plus à une amélioration. C'est, en effet, ce qui est arrivé; et, bien qu'il ne


62 UNE PREMIERE ANNEE

nous soit pas possible d'affirmer que ces guérisons fussent complètes, nous pouvons dire que l'état■ de tous les malades a éprouvé une amélioration singulière. Sur les 4 individus présentant des plaies, 3 ont été cicatrisés complètement, et il n'y a que l'enfant atteint de carie du fémur dont la fistule n'a pas été fermée.

ÉTAT LYMPHATIQUE.

Nous devons dire ici quelques mots d'un certain nombre de jeunes enfants qui, au nombre de 7, furent envoyés à Saint-Nectaire pour une constitution simplement lymphatique, et qui ne présentaient pour accident que leur état frêle et débile lui-même. Ces 7 enfants, soumis au traitement des bains et de l'eau prise à l'intérieur, quittèrent tous Saint-Nectaire dans un état d'amélioration qui contrastait singulièrement avec l'état de dépérissement dans lequel ils étaient arrivés.


PASSÉE A SAINT-NECTAIRE. 63

RÉSUMÉ.

Résumant ce qu'une observation minutieuse et attentive nous a démontré, nous pouvons regarder comme vraies les propositions suivantes :

Les succès les plus grands que l'on obtient avec les eaux de Saint-Nectaire, les guérisons les plus rapides et les plus complètes comprennent tous les cas de rhumatisme articulaire et de rhumatisme musculaire chroniques. Plus la maladie est récente, et quelle qu'ait été son intensité, plus il y aura de chances de guérison complète. Il est bien entendu qu'il faut qu'on soit assez éloigné de l'époque de l'état aigu pour qu'on ne puisse craindre de voir revenir ce dernier ;

2" Les mêmes succès doivent être attendus des eaux de Saint-Nectaire clans les névralgies sciatiques de nature rhumatismale ;

3° Dans les affections utérines caractérisées par l'inflammation chronique du col, les eaux de SaintNectaire semblent jouir d'une partie des propriétés résolutives et cicatrisantes que l'on attribue àEms, Plombières et Néris ;


04 UNE PREMIÈRE ANNÉE PASSÉE A SAINT-NECTAIRE.

4° Dans les différentes variétés de gastralgie, les : eaux de Saint-Nectaire ont une efficacité réelle ;

5° Dans les affections purement nerveuses, les propriétés cura.tives des eaux de Saint-Nectaire , sans être aussi parfaitement démontrées que dans les affections précédentes, semblent cependant exister à un certain degré; il faut qu'une nouvelle étude soit faite à cet égard pour décider la question ;

6" Dans la chlorose, sans doute, en raison de

.l'altération concomitante du sang, les propriétés

' curatives des eaux de Saint-Nectaire paraissent

plus accentuées et plus nettes ; il y a encore là de

grandes recherches à faire ;

7° Dans les scrofules , le petit nombre de faits que nous avons observés nous permet de conclure à un effet réel de ces eaux sur la maladie scrofuleuse elle-même.

Nous aimons à croire que, le grand nombre de malades que nous aurons à soigner à l'avenir à Saint-Nectaire nous permettra de rassembler des observations plus concluantes, qui fixeront entièrement sur l'action curative de ces eaux.

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