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Titre : L'Œuvre d'art : revue bi-mensuelle illustrée / directeur Léon Castagnet ; rédacteur en chef Paul Lafage

Auteur : Société artistique des amateurs (Paris). Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Éditeur : Société française d'édition d'artSociété française d'édition d'art (Paris)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1895-04-25

Contributeur : Castagnet, Léon. Directeur de publication

Contributeur : Lafage, Paul. Éditeur scientifique

Contributeur : Müntz, Eugène (1845-1902). Directeur de publication

Contributeur : Boyer d'Agen, Auguste-Jean (1857-1945). Éditeur scientifique

Contributeur : Jugo, Léon. Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828169m

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32828169m/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 2544

Description : 25 avril 1895

Description : 1895/04/25 (A3,N49).

Description : Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k61263264

Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-94039

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 07/02/2011

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L'OEUVRE D'ART

REVUE BI-MENSUELLE ILLUSTRÉE

^.BOisr^rEnynEisrTS

PARIS ( UN AN 24 francs

ET 1 Six MOIS 12 —

DÉPARTEMENTS ( TROIS MOIS . . . 6 fr. 50

ÉTRANGER : Union Postale : Un An, 30 fr. Six Mois, 15 fr. Trois Mois, 8 fr.

EDITION DE GRAND LUXE FRANCE : Un An. . 80 fr. | ÉTRANGER : Un An. . 90 fr.

TROISIÈME ANNÉE — N° 49

25 Avril 1895

DIRECTION ET ADMINISTRATION

/, boulevard des Italiens, Paris.

Toute demande j d'abonnement non accompagnée d'un bon sur Paris ou sur la poste, toute demande de numéro à laquelle ne sera pas joint le montant en timbres ou mandat-poste, seront considérées comme non avenues. — On ne répond pas des manuscrits et des dessins envoyés.

LE SALON DU CHAMP DE MARS

I

LA PEINTURE

La seule excuse d'un Salon comme celui-ci — comme l'autre, aussi ! — où les oeuvres (?) s'entassent dévergondément, au grand dam du pauvre critique, qui, bientôt, n'en peut mais, et forcément se trouble, commet quelque injustice, serait dans la révélation certaine , compensatrice, fleur d'enthousiasme et de ravissement, d'un talent absolument supérieur, d'une personnalité encore inconnue, mais tellement originale, qu'elle ferait crier : Hosanna! à nos béotiens de la critique d'art. Or, ce Salon-là, pas plus que les précédents, pas davantage que les prochains, je conjecture, ne saurait non pas même nous la donner ■— mais seulement nous la faire espérer, nous laisser la promesse d'un génie encore bégayant.

Peut-être que son rival de l'autre côté de l'eau pourra nous l'invoquer?... Qui sait? hélas!...

Pourquoi donc aucune géniale conception ne surgit-elle jamais de ces babéliques amas de toiles arc-en-ciélisées, alors qu'il est encore, même à notre effroyable époque, où tout sombre en la veulerie d'une société et d'un siècle finissants, quelques personnalités déjà affirmées — ou soupçonnées?

Eh bien ! pour l'excellente et peut-être unique, en tous cas bien suffisante raison que ces Rares, ces Divins, ces Bénis de la lutte, savent l'inutilité de l'effort dans la cohue, et aussi parce que leur intransigeante pudeur artistique, éprise et saturée de Splendeur, redoute la promiscuité douteuse d'une exposition générale, où la plate gloriole, le faraudisme, l'esprit mercantile, la sottise et

le népotisme triomphent et s'étalent du plancher à la cimaise, pompeusement! Vous me direz : Pourtant, Puvis DE CHAVANNES ?... Oui-dà! Comptez-y voir son oeuvre, là... Et puis, c'est un ancien... Et puis, présidence oblige... Et puis encore... Mais je m'engage sur un sentier d'épines, duquel, vite, je m'échappe, car je me suis interdit toute polémique — et pour cause, n'ayant pas, moi, des instincts de Don Quichotte...

Mais cependant, à défaut d'une preuve certaine, il donne, au moins, ce salon que l'on dit à son rival assez dangereux, des illusions, si vagues soient-elles?

Nous allons ensemble en juger!...

Aussitôt que nanti de mon catalogue, je vais tout droit aux errata, où je lis ce chiffre suprême : 1945. Fort bien, près de 2,000 toiles, dessins, gravures quelconques (quelconques ! certes), je sais alors comment je dois agir.

Et, mon livret sous le bras, mon crayon aux dents, tel un guerrier s'en allant à l'assaut, j'entre dedans la première salle bâillante devant moi.

Vais-je chercher les noms déjà connus et trop souvent clamés à tort et à travers! Que non pas! Hé, je n'aurai point ici, pas plus qu'ailleurs, l'unique but de plaire, de flatter, et les puissants, les arrivés n'ont que faire de mon opinion. J'irai devant les toiles, sans souci de l'auteur, les embrassant d'un consciencieux coup d'oeil, et sur celles qui m'arrêteront, par leur mérite ou leur étrangeté, je dirai en toute brutalité d'impression ce qu'elles me feront sentir, et le bien ou le mal que j'en penserai — heureux et suffisamment payé de mon labeur, si mon cri passionné est assez vibrant, assez énergique et écouté pour,

du néant de cette tombe, faire jaillir quelque nom de jeune digne d'être acclamé — et acheté — ce qui est trop souvent, hélas ! de cruelle nécessité!...

Dès mon entrée, je tombe en plein dans un immense champ de betteraves, au milieu duquel je surprends quatre ou cinq robustes Flamands, dans l'allure lourde et rude d'un travail éreintant. Et je vais, intéressé, parmi les tas énormes des rutilantes, succulentes et rondissantes betteraves, entassées au jet, barbes de ci, cheveux de là, jusque vers un chariot chargé à éclater, et que le pas lentement rythmé d'un couple de robustes boeufs, emmène, à travers les ressauts des guérets défoncés, vers la ferme accroupie là-bas, contre un ridel de peupliers chenus qui chantent, en frissonnant, sous l'humidité, perlante aux pointes rouillées, d'un grand ciel engrisé, une monotone mélopée d'automne...

La bonne femme, redressée, souffle dedans ses doigts violescents, quoiqu'elle ait chaud, encore, sous la cotte. Mais les hommes, infatigables, courbés sur l'éternelle ennemie jamais vaincue, lui donnent à grands Han ! de leur houe et de leur hoyau pour déchausser la betterave...

Et lorsque je reviens de ma lente promenée à travers ces champs en labeur, je m'aperçois que je sors tout simplement d'une idylle champêtre à la JULES BRETON.

Car c'est une bonne copie de la manière de l'excellent peintre, que cette Récolte de betteraves en Flandre, par M. E. CLAUS, d'un réalisme sobre et sain, ma foi, sagement brossé et bien compris. On ne frissonne pas, l'émotion se perdant en la vastitude d'une telle toile. Mais tout de même ressent-on