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Titre : La Science populaire : journal hebdomadaire illustré / rédacteur en chef Adolphe Bitard

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1881-04-07

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32865941j

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32865941j/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 07 avril 1881

Description : 1881/04/07 (A2,N60).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k61254992

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-55563

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 04/04/2011

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LA SCIENCE

POPULAIRE

7 AVRIL 1881

JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRE

2" ANNÉB

N° 60. — Prix : 15 centimes. Rédacteur ej fhef : ADOLPHE BITARD. BUHKAUS : rue Montmartre, 125

Abonnements. — PARIS, un an, 8 û\; six mois, 4 fr. — DÉPARTEMENTS, un an, 10 fr.; six mois, 5 fr. — ÉTRANGER, un an, 12 fr.

SOMMAIRE

TEXTE. — Latreille. — Mécanique : Histoire des moteurs. — Les Oiseaux : Rapaces diurnes (suite). — Météorologie : Tableau des Pronostics du temps. — Hygiène publique : La crémation des morts. — Voyages ethnographiques autour du monde (suite). — Chimie appliquée : Réponses à diverses questions. — Le Laboratoire populaire de micrographie du Trocadéro. — Nouvelles géographiques et ethnographiques. — Chronique scientifique et Faits divers. — Correspondance, etc.

ILLUSTRATIONS. — Latreille : Découverte de la Nécrobie à collier roux. — L& Crémation : 1. Le fourneau Siemens. 2. L'appareil Polli-Ceretti. 3. L'édifice crématoire, de Milan, où a été incinéré le'.oorps de M. Petit d'Ormoy. — Rapaces diurnes: 1. L'aigle commun. 2. L'aigle^royal.

LATREILLE. — « C'est .donc un insecte rare que vous venez de trouver?... » (Page 946, col. 2.)


946

LÀ SCIENCE POPULAIRE.

AY1S AUX LECTEURS

. Nous rappelons à nos lecteurs que nous tenons à leur disposition le premier semestre relié de la Science Populaire. Ce magnifique volume de 400 pages est vendu, à partir du Ier février, au prix de 6 francs.

On pourra également se procurer le volume broché comprenant la ire année (52 numéros), au prix de 8 francs.

FRANCO : 10 francs.

En. vente, à la librairie des journaux populaires le premier semestre de la MÉDECINE POPULAIRE, au prix de *k fr. Ajouter î franc pour le port.

LATREILLE

Il existe dans le département de la Corrèze une charmante petite ville appelée Brive-Ia-Gaillarde ; c'est là que naquit, en 1702, le célèbre entomologiste Pierre-jfuiré Latreille.

Latreille se vit abandonné dès son enfance ; un coeur généreux, l'officier de santé Laroche, se prit d'atïection pour cet enfant et fit sa première éducation. Un peu plus tard, un négociant, M. Malepeyre, frappé des dispositions du jeune homme, fit naître en lui le goût de l'histoire naturelle, et lui prêta des livres.

Latreille était intelligent, aussi fit-il des progrès rapides. En 1778, le baron d'Espagnac, gouverneur des Invalides, qui, en réalité, était le père de Latreiile, fil venir le jeune homme à Paris et le mit au collège Lemoine, où il fit ses études avec Haûy. Tous deux étaient destinés à la carrière ecclésiastique. Latreille reçut la prêtrise en 1786 et retourna à Brive.

Il y vécut deux ans ; et là cet esprit supérieur, au lieu de s'adonner exclusivement à ses nouvelles fonctions, continua ses études d'histoire naturelle et travailla spécialement l'entomologie. En 1790, Latreille revint à Paris, où, grâce à son savoir, il entra en relations avecBosc, Fabricius, Lamarck et autres

célébrités de l'époque, ce qui lui permit de publier, quelques mois après, un intéressant mémoire sur les mutilles (1). Ce travail eut un grand retentissement dans le monde des sciences, et lui valut d'être nommé, en 1791, membre de la Société d'histoire naturelle de Paris.

Quelques mois après, il se produisit en France une agitation peut-être un peu brusque, mais néanmoins justement fondée. Les Français, las de l'esclavage auquel les rois despotes les astreignaient depuis bien des siècles, réclamaient leur liberté. Le peuple se souleva contre la noblesse et le clergé. Latreille fut arrêté avec les curés du Limousin qui n'avaient pas prêté serment, et, quoique ne desservant pas de paroisse, il fut emmené avec les autres. Les malheureux ecclésiastiques, avec ceux que l'on recruta en chemin, furent conduits àBordeauxsur des charrettes, pour être déportés àla Guyane. Ils arrivèrent à Bordeaux au mois de juin et furent enfermés à la prison du grand séminaire, en attendant qu'un bâtiment fût prêt à les transporter loin de la France. Les ecclésiastiques étaient toujours détenus, lorsque arriva le 9 thermidor ; les arrêts furent quelque temps suspendus, mais les condamnés n'eu devaient pas moins être expédiés. Leur départ fut retardé jusqu'au printemps, et le malheureux Latreille resta en prison.

L'entomologiste occupait une chambre où se trouvait un vieil évèque malade, dont un chirurgien allait chaque jour panser les blessures.

Un jour que le chirurgien se livrait à cette occupation, Latreiile, qui assis- , tait les larmes aux yeux à ce triste spectacle, vit sortir d'une fente du plancher un insecte qu'il saisit aussitôt. L'ayant examiné, scruté, étudié, il le piqua sur un bouchon et parut satisfait de sa trouvaille. Un petit insecte, un être presque imperceptible., venait de ; mettre la joie dans ce coeur triste et ; morose. :

. Le chirurgien, s'adressaat auprison* j nier, lui dit d'un air supris Î \

— C'est donc un .inseete rare que vous venez de trouver?

— Oui, répondit Latreille.

(1) Les mutilles sont des insectes àyménoptères de la famille des SiutiLdft*.

— En ce cas, vous devriez me le donner.

— Pourquoi"?

— G'est que j'ai un ami qui amie belle collection d'insectes, .et, à qui, j'en suis sûr, il ferait plaisir. j.

— Eh bien, portez-lui cet insecte, répondit Latreille. Dites-lui comment vous l'avez eu, et priez-le de m'en dire le nom.

Le chirurgien, enchanté, courut chez son ami. Cet ami était Bory de SaintVincent, qui, à cette époque,' quoique fort jeune, s'occupait beaucoup d'histoire naturelle, et surtout d'entomologie. Il lui remit l'insecte,, mais, malgré de nombreuses recherches, Bory ne parvint pas à le classer.

Le lendemain, lé chirurgien vint chercher la réponse;, puis il retourna à la prison, et annonça a Latreille que, d'après Boryde Saint-Vincent, l'insecte qu'il venait de trouver n'avait pas encore été décrit. À cette nouvelle, Latreille comprit que Bory était un adepte, et, comme on ne donnait aux prisonniers ni plume, ni encre, ni papier, il dit au chirurgien :

— Je crois bien que M. Bory de Saint-Vincent doit connaître mon nom: vous lui direz que je suis l'abbé Latreille, et que je vais alîer mourir à la Guyane avant d'avoir publié mon Examen des genres de Fabricms.

Ainsi averti, Bory de Saint-Vincent fit d'activés démarches et, avec l'aide du jurisconsulte Martignac, il obtint la grâce de l'entomologiste.

Voici ce qu'il écrit lui-même ;

« Latreille appareillaitdèjà, lorsque nos démarches parvinrent obtenir sa sortie providentielle, car lébàtiment sur lequel il était embarqué sombra en vuedeCordouan, et les marins seuls purent se sauver. »

L'insecte qui avait sâtiVë la vie à l'un des plus grands entomologistes du monde était un coléoptèrè de la famille des Clènem^ la NécrôMû.-mtfieplhs.

Latreille reprit alors ses Iravaux; mais en 1797, il fut frappé de proscription et dut atix démarches de ses nombreux amis dé pouvoir revenir à Paris.

À quelque temps de là, Latreille, dont la gloire augmentait de jour en ,jout% devint membre de l'Institut, et peu après fut nommé professeur de zoologie à l'École d'âiW, 1M4, il


LAJSCIENCE POPULAIRE.

u«y

fut nommé membre de l'Académie des sciences.

Lamarck, qui était professeur au Muséum, étant mort, Latreille lui succéda en 1828.

Comblé de tous ces honneurs, il s'écria, lorsqu'on lui annonça cette dernière nouvelle :

« On me donne du pain quand je n'ai plus de dents. »

Latreille fut un des plus grands entomologistes du monde entier, et la France s'honore de lui avoir donné le jour.

Ses travaux sont innombrables ; il a publié une foule d'articles et de mémoires dans les Annales des sciences naturelles, dans le Dictionnaire d'histoire, naturelle, VEncyclopédie méthodique, etc. On lui doit la partie entomologique du Règne animal de Cuvier, ainsi que des Observations de zoologie et d'anatomie de Humboldt.

Parmi ses nombreux ouvrages, je citerai seulement : Histoire naturelle et iconographie des coléoptères d'Europe (1822), en collaboration avec Dejean ; Gênera crustaceorum et insectorum, publié en 1809 ; Précis des caractères génériques des insectes, disposés dans un ordre naturel (Brive, 1796, in-8°) ; Cours d'entomologie (1831).

Latreille s'est surtout occupé des insectes coléoptères ; il en a donné une classification qui, quoique artificielle, est encore aujourd'hui suivie par un grand nombre d'entomologistes. Voici en quelques mots les bases de sa classification.

1° Les Pentamères, qui ont 5 articles à tous les tarses ;

2° Les Hètèromères, qui ont S articles aux tarses des deux paires de pattes antérieures, et 4aux postérieures;

3° Les Tètramères, qui ont 4 articles à tous les tarses ;

4° Les Trimères, qui ont 3 articles à tous les tarses ;

Ces quatre sous-ordres comprenaient vingt familles.

En mémoire du fait rappelé plus haut, on lit sur la tombe de Latreille, au PèreLachaise, cette inscription :

Neerobia ruficollis, Latreillii sains. ALRERT LÀRBALËTRIËR.

MÉCANIQUE

HISTOIRE DBS MOTEURS (1).

Lorsque l'homme primitif, dépouillant sa rude écorce, commença à se dégrossir, à se civiliser; lorsqu'il dédaigna les faînes du hêtre et les glands du chêne pour se nourrir de la farine encore grossière du blé à demi écrasé; lorsque, au lieu d'aller nu, il se vêtit de peaux de bêtes sauvages, il se sentit des besoins jusqu'alors ignorés. Bientôt il dompta le boeuf pour l'aider à labourer son champ et, plus tard, il enchaîna de malheureux esclaves à la lourde meule pour écraser son blé et se faire du pain. Plus tard encore, vivant en tribus dispersées et éprouvant le besoin des communications rapides, il s'empara du cheval, — la plus belle conquête de l'homme, a dit Buffon, — et le noble animal devint pour lui un moteur animé, moteur que nous rangerons dans la première série : car il est bien entendu que nous diviserons celte étude en plusieurs sections, savoir :

Les moteurs animés ;

Ceux employant la force du vent, ou aériens ;

Les moteurs employant la force des chutes d'eau, ou moteurs hydrauliques;

Les moteurs àair : à air chaud, atmosphériques, ou à air comprimé; .

Les moteurs à vapeur ;

Les moteurs électriques ;

Les moteurs à grande puissance, employant Péther, la poudre, le gaz, l'acide carbonique, etc.

Voici donc, pour la première catégorie, les moteurs animés : l'homme, le cheval, le boeuf, etc., employés encore aujourd'hui dans l'industrie.

Passons à la seconde :

Des lacs, des fleuves, des mers, coupent la surface de la terre. Le premier navigateur observa-t-illa feuille d'arbre entraînée par le courant? On ne sait. Toujours est-il que le premier nautonier commença par creuser un tronc d'arbre pour traverser un petit cours d'eau.

(1) Ceci est le résumé d'un livre intéressant qui doit paraître prochainement dans la Bibliothèque des Merveilles (librairie Hachette), et donnant l'histoire de tous les systèmes de mouvement connus, depuis les moteurs animés, comme le cheval où le boeuf, jusqu'au moteur à acide carbonique.

Mais pour ne pas être entraîné par le courant, et même pour le remonter, au besoin, il fallait quelque chose : il se fabriqua alors des rames, dont on se sert (soit dit entre parenthèses) encore aujourd'hui. Ce ne fut que longtemps, bien longtemps après, qu'on songea à utiliser la force du vent en se servant de grandes surfaces en toile, de voiles, qu'on opposait au courant d'air.

Ce fut la première application du vent comme force motrice; on l'utilisa plus tard pour faire marcher les moulins à vent, et maintenant d'habiles constructeurs ont imaginé de larges palettes que la brise fait tourner et qui servent à différents usages, soit à faire marcher des pompes d'épuisement, des pilons, etc., soitd'autres machines pouvant employer une force aussi capricieuse et peu maniable.

Passons donc à la troisième seclion : les moteursemployantla force de l'eau, ou moteurs hydrauliques.

Chacun a vu que l'eau des fleuves, des rivières, et même des moindres ruisseaux, est animée d'un mouvement bien visible et que l'on appelle courant. C'est ce mouvement que deux sortes d'appareils bien différents, la roue hydraulique et la turbine, emploient pour la transmettre à des moulins à farine, à huile, à des machines à fabriquer le papier, à tisser, etc.

La roue hydraulique est garnie de palettes sur lesquelles l'eau, retenue par un barrage, tombe, et qu'elle fait tourner par l'effet de son propre poids. Tout le monde connaît ces roues, dont quelques-unes atteignent un diamètre de 6 mètres. D'ailleurs on en peut voir des spécimens au Conservatoire des arts et métiers, à Paris, servant à l'élévation de l'eau.

Les turbines, mécanismes de dimensions plus restreintes, emploient aussi la force des chutes d'eau comme force motrice. Ce sont de simples cônes tournant sur une plaque à encoches placée sous l'eau. Elles ont un grand avantage sur les roues hydrauliques, à augets, à lames, etc., en ce qu'elles rendent 95/100 d'effet utile et qu'elles peuvent marcher sans interruption, même pendant les gelées intenses.

On commence àseservir aujourd'hui d'un autre moteur hydraulique, le moteur Dufort, moteur de peu de force, mais aussi de peu de poids, et qui a'


LA SCIENCE POPULAIRE.

l'avantage de marcher indifféremment par l'action d'une pression quelconque: eau, vapeur, air comprimé, etc.

Mais le vent est d'une force inconstante, le moteur animé se fatigue et l'eau n'a pas assez de puissance ; il fallait donc trouver un moteur plus régulier et plus maniable.

Ce fut alors à l'air, à la pression atmosphérique en un mot, qu'un grand physicien dont nous parlerons tout à l'heure, Papin, alla demander la force motrice.

La machine atmosphérique de Papin consistait, comme on sait, en un piston se mouvant dans un corps cylindrique. Sous ce piston, Papin, perfectionnant la méthode de Huyghens, lequel, pour faire un vide artificiel, plaçait dans le cylindre de la poudre à canon, y lançait un jet de vapeur qui, après avoir soulevé le piston, se condensait, produisant par sa disparition un vide partiel. Alors, par sa pression (lk33 par cent, carré), l'atmosphère appuyait sur la surface extérieure du piston et le faisait redescendre ; puis un second jet de vapeur arrivait, le soulevait de nouveau, et ainsi de suite. Le piston était relié par une chaîne à un balancier qui transmettait la force reçue, en la régularisant.

Comme on le voit, c'était bien rudimentaire, et pourtant c'était là l'embryon de la machine à vapeur, de ce merveilleux engin qui centuple les forces de l'homme et lui permet d'accomplir ces . belles oeuvres dont il s'enorgueillit ajuste titre.

Même après le perfectionnement des machines à vapeur, un ingénieur américain, M. Ericsson, rêvait au moteur à air.

Dans son système, l'air extérieur s'échauffait en passant à travers des toiles métalliques rougies et, par ce fait, se dilatait; occupant alors un volume plus considérable, il faisait agir un piston, une bielle et un volant régulateur. Cette invention fut suivie, et MM, Franchot, Laborde, etc., construisirent des machines basées sur le même principe.

On se sert aussi de l'air comme force motrice pour les perforatrices et quelques autres machines. Dans ces appareils, l'air est comprimé, soit par l'action des chutes d'eau, soit par des pompes foulantes, dans de vastes ré

servoirs en tôle épaisse et solide et d'où on le prend pour le faire agir dans ces quelques machines spéciales.

Voici donc pour la première partie de notre étude; dans l'un des prochains numéros de la Science popidaire, nous aborderons l'étude si complexe des moteurs à vapeur, depuis les machines de Papin jusqu'aux machines rotatives de MM. Becqueur, Braconier, etc. ; et, après avoir passé en revue les moteurs électriques de tous les systèmes, nous parlerons des moteurs à vapeurs d'eau et d'éther combinés, des moteurs à gaz, et de quelques autres moteurs d'avenir qui répondent aux qualités demandées par les industriels : grande force et dépense minimum.

HENRI DE GRAFFIGNY.

ORDRES •

Utilité ou Wicuilé,

RAPACES

LES OISEAUX

Redonnons en qualques lignes les principaux caractères des oiseaux de proie diurnes.

Ils ont les yeux dirigés sur les côtés ; la base de leur bec est couverte d'une membrane que nous avons déjà nommée : la cire, où s'ouvrent les narines; chez eux, l'estomac est membraneux, les intestins courts, le sternum large.

Cette tribu a été divisée en deux genres : les Vautours et les Faucons.

Disons, avant d'aller plus loin, que presque tous les oiseaux de proie diurnes sont essentiellement nuisibles.

LES VAUTOURS

Bien que peu commun dans notre pays, le genre Vautour doit figurer ici.

Les vautours sont des oiseaux de grande taille, vivant de chairs décomposées, de cadavres et de petits animaux.

Tête relativement petite, bec fort et crochu, cou dégarni de plumes : tels sont les caractères qui feront reconnaître ces Rapaces.

Nous n'en décrirons que trois espèces.

espèces. Vautour fauve, qui mesure environ lm25 de long, est d'un gris fauve, avec les ailes et la queue noires, la tête et le cou parsemés de duvet gris et la collerette blanche.

Son vol est lourd, mais soutenu et ! puissant.

D'une nature basse et cruelle, ce vautour vit de petits animaux et de charognes.

Il n'habite guère que les provinces méridionales, les Alpes et les Pyrénées. Son nid est placé sur un rocher inaccessible ou sur un arbre élevé; cette aire, large, est bordée de bûchettes et garnie intérieurement d'herbes sèches ; deux oeufs blancs, marqués de gris, y sont déposés au moment de la ponte.

La Provence, le Dauphiné, enfin le Midi de la France, possèdent aussi le Vautour arian, à robe d'un brun foncé.

Les moeurs de cet oiseau sont à peu près les mêmes que celles du précédent.

Nous ne décrirons pas le Vautour huppé ou Percnoptère, qui ne passe que l'été dans nos montagnes; c'est assez de le nommer.

Les Rapaces dont nous venons de parler sont des oiseaux plutôt utiles que nuisibles; ils débarrassent le sol des corps en putréfaction : le gibier qu'ils détruisent n'est rien à côté de services que doivent apprécier les habitants des contrées méridionales.

LES FAUCONS

Le genre Faucon est représenté, chez nous, par le Faucon pèlerin, la Cresserelle, le Hobereau, VEmérillon, YAigle, le Balbusard, VAutour, le Milan, VÊpervier, la Buse commune et la Buse patlue.

Nous ne nous occuperons que du Faucon, de la Cresserelle, de VAigle, de X'Autour, de VÊpervier et de la Buse commune, comme étant ceux des oiseaux nommés ci-dessus qu'on rencontre le plus communément dans notre pays.

LE FAUCON

Il est difficile de décrire la livrée du Faucon ordinaire, elle change à chaque mue ; tout ce que l'on peut dire, c'est que la couleur brune domine toujours dans sa robe; une tache triangulaire,


LA SCIENCE POPULAIRE.

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noire, qu'il a sur chaque joue, peut aider à le faire reconnaître. Il est de la grosseur d'une poule (40 à 50 centimètres de longueur) ; ses pieds sont tantôt jaunâtres, tantôt gris bleuâtre; ses ailes repliées dépassent la queue. La puissance du vol, chez le Faucon, lui permet de faire environ 22 lieues à l'heure.

Le courage, la rapidité du vol du Faucon, engagèrent l'homme à le dresser pour un genre de chasse qui fut autrefois le passe-temps le plus à la mode : la fauconnerie était un véritable art.

Cet oiseau découvre sa proie en volant ; sitôt qu'il l'a aperçue, il fond sur elle suivant la verticale, comme s'il tombait.

Les pigeons et quelques autres gallinacés ont dans le Faucon un ennemi à craindre.

Ce rapace niche, en France, dans les pays montagneux; son aire est ordinairement placée sur des rochers escarpés.

Il peut vivre très longtemps.

Sa nourriture habituelle se composant presque exclusivement d'autres oiseaux, le Faucon est un hôte à détruire.

LA CRESSERELLE

Fauve, mouchetée de noir en dessus, blanche, rayée de brun gris en dessous, queue cendrée, bec noirâtre, tarses jaunes : voilà la Cresserelle, plus généralement connue sous le nom d'Êmouchet.

Cet oiseau mesure 40 centimètres de long, 75 centimètres d'envergure, et pèse près de 320 grammes. C'est un des rapaces les plus communs; il habite les bois, mais aime aussi les vieilles tours, les clochers ; selon nous, ce serait l'oiseau de proie qui aurait le plus de droits à notre protection. Il détruit force rats, mulots, souris, campagnols, reptiles, et mange une grande quantité de gros insectes.

Quelques petits oiseaux ont peut-être à s'en plaindre, pour la chasse qu'il leur fait lorsque toute autre proie lui manqué.

La Cresserelle établit son aire dans la fente des murailles, dans les vieilles tours ; elle pond de 4 à 6 oeufs gris sale, tachetés de brun.

A leur naissance, les petits sont couverts de duvet blanc.

Sous le nom de Cresserellette ou Êmouchet petit, nous connaissons un rapace ressemblant beaucoup au précédent, par le plumage et les habitudes, mais plus petit; outre cette différence de taille, un caractère établit une distinction entre ces deux oiseaux : la Cresserelle a les ongles noirâtres, la Cresserellette les a blanchâtres.

LES AIGLES

L'Aigle, au fier regard, au vol puissant, peut certainement être considéré comme le roi des oiseaux; celui que l'on a qualifié de royal mesure 1 mètre 15 centimètres de longueur et près de 2 mètres 30 centimètres d'envergure; il a un bec très fort, courbé à sa pointe, des ongles robustes; sa couleur est le brun fauve pour le corps, le noir marqué de lignes cendrées pour la queue.

L'Aigle est cruel, il dévore sa proie vivante. Les gros oiseaux et les petits mammifères forment sa nourriture journalière ; lorsque la faim le poursuit, il va jusqu'à s'attaquer aux agneaux.

Nous possédons, avec l'Aigle royal, qui n'habite que le midi de notre pays, les grandes forêts et les montagnes, l'Aigle commun, plus petit que le précédent, mais aussi sanguinaire; ce dernier, comme son congénère, préfère les provinces méridionales aux départements du Centre; on peut cependant l'y rencontrer quelquefois. Il a l'occiput fauve et la partie supérieure de la queue blanche.

Les Aigles sont nuisibles aux premier chef.

CHARLES MIRAULT.

(A suivre.)

MÉTÉOROLOGIE

TABLEAU DES PRONOSTICS DU TEMPS

Voici le tableau des pronostics du temps que nous avons promis à nos lecteurs, quand nous leur avons enseigné « comment on peut étudier seul la météorologie». Nous sommes parvenu à en récolter cent : c'est tout ce que nous avons pu faire. Ils suffiseat d'ailleurs grandement pour prédire le temps un ou deux jours à l'avance, mais pas plus.

Sont-ils absolus? Nous nous garderons bien de le nier, aussi bien que de l'affirmer, car, nous l'avouons, nous ne les avons pas tous soumis nousmême à l'observation. Cependant la plupart de ceux que nous avons coutume d'employer nous réussissent assez bien.

Sont-ils scientifiques? Certains le sont, mais beaucoup d'autres sont tout à fait empiriques. Pourquoi, par exemple, y a-t-il du vent quand les premières lueurs du jour paraissent audessus d'une couche nuageuse? Voilà ce que nous serions incapable de raisonner. Cependant il n'en est pas ainsi pour d'autres. Nous comprenons parfaitement pourquoi les oiseaux sont des augures si précieux; la moindre impression particulière qu'ils reçoivent, et qui leur annonce un changement de temps, ne trompe jamais leur sagacité. Destiné à vivre dans le plus variable et le plus mobile des fluides, être éminemment électrique, toujours en rapport direct avec les phénomènes météorologiques, climalalogiques et magnétiques, l'oiseau est habitué à percevoir, à pressentir, par une intuition naturelle et bien avant leur naissance, toutes les perturbations du milieu qu'il habite. Aussi jouit-il, à lui tout seul, de toutes les propriétés de l'hygromètre, du thermomètre, du baromètre et de l'électroscope.

Que l'on ne prenne pas surtout tous ces pronostics pour des lois. Ils sont vrais aujourd'hui, mais demain le seront-ils encore? Il ne faut pas leur donner non plus une portée qu'ils n'ont pas, ni s'étonner s'ils ne disent pas toujours la vérité.

Nous ne le répéterons jamais assez : l'art de prosnotiquer le temps, d'après des faits certains, positifs, scientifiques, est à peine ébauché. De même que l'ai chimie précéda la chimie, de même que l'astrologie précéda l'astronomie, peutêtre ces pronostics du temps sont-ils les préludes d'une science future : voilà ce que l'avenir nous apprendra. En attendant, n'y croyons qu'à demi et vérifions leur authenticité. - Nous serions heureux que les lecteurs de la Science populaire qui y sont intéressés fissent eux-mêmes ces observations et nous en communiquent les résultats.

Nous recommanderons encore notre


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LA SCIENCE POPULAIRE.

tableau aux agriculteurs; il leur sera,

nous en sommes certain, d'une grande

utilité.

F. CANU.

PRONOSTICS DU VENT Tirés du SOLEIL.,

1. S'il se lève pâle et se couche rouge.

2. S'il se lève en présentant une surface plus grande qu'à l'ordinaire.

3. S'il se couche avec une couleur s.anguine ou avec plusieurs cercles noirs.

4. S'il paraît concaye ou creux.

5. S'il semble se partager.

6. S'il est environné de nuées rouges ou rousses.

7. S'il se couche derrière une bande de nuages.

Tirés de la LUNE.

8. Si elle est fort grossie.

9. Si elle est rougeâtre..

10. Si ses angles sont pointus ou noirâtres.

11. Si elle est entourée d'un cercle clair et rougeâtre.

Tirés de ^'ATMOSPHÈRE.

12. S'il est jaune brillant au coucher du soleil.

13. Si. les premières lueurs du jour paraissent au-dessus d'une couche de nuages.

14. S'il est bleu foncé sombre.

15. S'il est rouge.

16. S'il offre des cumulus roulés, tourmentés, déchiquetés.

17. Si les ÉTOILES paraissent plus étincelantes que de coutume et qu'elles semblent tomber ou changer de place.

PRONOSTICS DE LA PMJIE Tirés du SOLEIL.

18. S'il se lève obscur et nébuleux, avec des

taches noires où vont se perdre ses rayons.

19. S'il se couche sous un nuage épais.

20. S'il paraît plus grand qu'à l'ordinaire.

21. S'il est pâle.

22. S'il est environné de nuées jaunes.

Tirés de la LUNE. "

23. Si elle paraît plus grande qu'à l'ordinaire, j

24. Si elle baigne.

25. Si elle est entourée d'un cercle et que souffle le vent du midi.

Tirés des ÉTOILES.

26. Si elles perdent de leur vivacité.

27. Si elles paraissent troubles.

Tirés de f ATMOSPHÈRE.

28. Si elle est rouge au lever du soleil et qu'elle se décolore immédiatementaprès.

29. Si l'horizon E. est rouge pourpre ou de couleur cuivrée.

30. Si elle est jaune pâle au coucher du soleil,

31. Si des nimbus se dirigent en diverses directions.

32. Si des nuages s'accumulent sur le flanc - d'une montagne Voisine.

33. Si les cumulus s'allongent en cumulostratus.

34. Si les nimbus couvrent le ciel.

35. Si un vent froid succède à un vent chaud.

36. Si un brouillard persiste pendant plusieurs jours.

37. Si la chaleur est étouffante.

38. Si le souci d'Afrique n'ouvre pas le matin.

39. Si les objets éloignés paraissent plus grands et plus nets qu'on ne les voit ordinairement.

40. Si les objets éloignés paraissent cachés dans un air vaporeux.

41. Si le son des cloches et la voix humaine sont plus clairs et plus distincts.

42. Si, par un temps chaud et un ciel pur, il se forme tout à coup des nuages.

43. Si les hirondelles rasent la terre aux environs des maisons.

44. Si les volatiles aquatiques battent des ailes et se baignent.

45. Si les poules se grattent et se couvrent de poussière.

46. Si la sarcelle court sur les sables.

47. Si le héron quitte ses marais.

48. Si les fils d'araignée se raccourcissent.

49. Si le pivert se plaint et se cache.

50. Si le paon pousse des cris aigus.

51. Si la grive se tait.

52. Si des odeurs se dégagent des fosses d'aisances et des égouts publics.

53. Ciel rouge le matin.

54. Des nuages légers courant en sens inverse de masses épaisses.

55. Halos et fragments d'arcs-en-ciel sur des nuages détachés.

56. Vent tournant de droite à gauche.

PRONOSTICS DE LA GRELE

57. Si, par un vent fort, on voit des nuages d'un blanc jaunâtre marcher lentement.

58. Si, avant le lever du soleil, le ciel est pâle vers l'est.

59. Si les rayons solaires réfractés se montrent dans des nuages épais.

60. Nuages blancs en été.

PRONOSTICS DE LA IVEIC.E

61. Nuages blancs en hiver, surtout quand le temps est un peu adouci.

62. Si les nuages sont blanc bleuâtre.-

PRONOSTICS DE L'OR A CE

63. Si le temps est étouffant.

64. Si le sol se crevasse.

65. Si des nuages forment de grands amas blancs avec des nuages noirs au-dessous.

66. Deux nuages venant de deux côtés différents.

67. Quand un orage va fondre sur certaines côtes, les oiseaux qui ont coutume de les habiter ne s'écartent pas au large, vont chercher leur nourriture dans l'intérieur des terres, tournoient dans l'air en poussant de véritables hurlements, et se cachent dans les anfractuosités de rochers.

68. Les pétrels, qui recherchent la tempête, font seuls exception.

69. Si les lézards se cachent.

70. Si les mouches piquent plus fortement.

71. Si les grenouilles coassent au fond des marais.

72. Si les génisses aspirent plus fortement l'air.

73. Si l'hirondelle dépasse les couches nuageuses.

74. Si l'âne secoue les oreilles.

75. Si le chien lance des hurlements plaintifs.

76. Si le cheval est inquiet et ne peut rester tranquille.

PRONOSTICS DU FROID

77. Si la neige fine et sèche continue de tomber.

78. Si la neige tombe en cristaux réguliers.

79. Si la neige est floconneuse, légère, à cristaux irréguliers, le froid va diminuer.

80. Quand après plusieurs jours de gelée le froid devient extrême, c'est l'annonce d'un prompt dégel, qui commence ordinairement par un brouillard épais.

PRONOSTICS DU BEAU TEMPS

81. Si le soleil est brillant à son lever.

82. Si le soleil se couche dans un ciel orangé clair et sans nuages.

83. S'il y a un arc-en-ciel dans la soirée.

84. Si le ciel est rose au coucher du soleil.

85. Si le ciel est gris ou brumeux au lever du soleil.

86. Si le ciel est bleu clair et brillant après le lever du soleil.

87. Si les premières lueurs du jour paraissent à l'horizon.

88. S'il y a de légers cirrus.

89. S'il y a de légers cirro-stratus.

90. S'il y a de beaux cumulus.

91. Si le soleil se lève et se couche clair.

92. Si le soleil se lève clair et se couche rouge.

93. Si il chasse vers l'ouest les nuages qui semblent amoncelés autour de lui.

94. Si les taches de la lune sont bien visibles.

95. Si, quand elle est pleine, elle est entourée d'un cercle brillant.

96. Si les oiseaux de mer prennent leur vol le matin, vers le large.

97. Si le laitron de Sibérie ferme sa fleur pendant la nuit.

98. Si des brouillards se dissipent sans former de nuages.

99. Si des nuages se montrent du côté opposé au vent.

100. Si les étoiles, la lune, le soleil, ne subissent aucune altération.

HYGIÈNE PUBLIQUE

LA CRÉMATION DES MORTS.

On s'ait qu'une Société pour la crémation des morts s'est récemment for-


LÀ SCIENCE POPULAIRE.

981

mée à Paris. Réunira-t-elle un chiffre assez considérable d'adhérents pour pouvoir fonctionner d'une manière régulière?Oui, sans doute, avec le temps. D'ailleurs ce chiffre augmente tous les jours, et il paraît que les partisans de la crémation les plus résolus s'engagent à soumettre leur cadavre à cette opération, dût-on le transporter à Milan pour cela, et se nomment réciproquement exécuteurs testamentaires, pour être assurés que leurs voeux seront accomplis après leur mort.

C'est en vertu d'une convention de ce genre que le corps d'un des membres fondateurs de la Société pour la propagation de la crémation, M. À. Petit d'Ormoy, ancien phalanstérien, mort récemment, a été transporté à Milan et incinéré dans l'édifice crématoire inauguré en 1876 au cimetière monumental de cette ville, dans la crainte que l'administration française ne s'opposât à l'exécution en France des dernières volontés du défunt.

Il est certain que ce mode d'opérer soulève beaucoup d'objections, dont les plus vives et les plus sérieuses, selon nous, sont de pur sentiment ; et qu'en France, où l'on a plus qu'ailleurs le culte des morts, la crémation doit rencontrer aussi une opposition plus opiniâtre qu'ailleurs; mais, en somme, ce n'est que contre la crémation obligatoire — comme la vaccine — que le sentiment public pourrait protester, et l'Administration, en autorisant l'incinération des cadavres de ceux qui ont manifesté testamentairement le désir d'être ainsi traités après leur mort, ne ferait rien de plus que son devoir strict ; et personne n'y trouverait à redire, excepté ceux qui trouvent à redire à tout.

La science, qu'on invoque si volontiers lorsqu'elle peut fournir le prétexte d'une mesure restrictive ou même vexatoire, ramène la crémation aux proportions d'une simple question d'hygiène publique. Pour elle, réduire un cadavre en acide carbonique, en ammoniaque et en éléments minéraux divers en quelques minutes, sans aucun des inconvénients qui résultent pour les vivants de son abandon pur et simple à la terre, telle est la question. Il est clair que la science a raison contre le sentiment ; mais il restera toujours beaucoup de gens qui se résoudront

résoudront à l'idée de réduire le corps d'une personne chère, pleine de vie encore quelques heures auparavant, en un petit tas de cendre informe.

■ Toutefois, la question d'hygiène publique a bien son importance aussi, même aux yeux des autorités, et nous en avons la preuve dans l'établissement plus ou moins prochain de la nécropole parisienne à quatre lieues de Paris.

Est-ce que vous croyez que cette déportation continue de nos morts ne blesse pas aussi le sentiment, — sans que l'hygiène publique, excepté à Paris, y gagne beaucoup ? Être séparé de ses morts par une distance telle que, pour la grande majorité, elle ne pourra jamais être franchie avant le jour suprême, est-il donc préférable à conserver leurs cendres près de soi?

Le mode d'inhumation en usage n'a jamais servi à autre chose qu'à entretenir dans les grandes villes une mortalité excessive, à y éterniser les ravages des épidémies ; cela est incontestable, et c'est à quoi il faudrait songer. Loin d'interdire la crémation, il nous semble donc qu'il conviendrait de soumettre à l'incinération, d'abord, les cadavres des individus morts dans les hôpitaux de maladies contagieuses. Ce serait un bon et utile commencement, un exemple salutaire.

L'idée de la crémation n'est pas nouvelle en France. Dès 1857, Ernest Feydeau s'en faisait, dans la Presse, l'apôtre convaincu, et certainement il fût mort plus content s'il eût assez vécu pour faire partie de la Société dont nous venons de parler, avec l'espoir d'un voyage suprême à Milan. Mais il prêcha, dans le désert et fut enterré comme les autres.

La même année, l'ingénieur F. Colletti reprenait la question avec plus de succès à l'Académie des sciences de Padoue. En même temps, Trusen à Breslauet Wegmann-Ercolani à Zurich se faisaient les champions de la crémation dans leurs pays, et parvenaient à se faire écouter avec intérêt.

Les deux premières expériences de crémation sont dues, croyons-nous, au professeur Ludovic Brunetti, de Padoue, — à moins que nous ne fassions entrer en ligne de compte l'incinération sommaire du cadavre du poète Shelley,

près de Livourne, par les soins de son ami lord Byron, un demi-siècle auparavant (1822). — L'expérience suivante eut lieu à Dresde, en 1874, sur le cadavre, exprès transporté de Londres, de lady Dilke. Peu après, le corps d'un homme était incinéré à Breslau. Enfin, la même année, conformément à une convention mutuelle préalable, entre le fils et le père, un citoyen de Philadelphie brûlait le corps de son fils, mort le premier.

A partir de ce moment, les exemples se succèdent, provoqués par des Sociétés de la nature de celle qu'on vient de fonder à Paris, et qui se forment, si elles ne l'étaient déjà auparavant, à Milan, Dresde, Zurich, Gotha, Londres, New-York, etc. Mais la première crémation solennelle, opérée dans un édifice ' spécialement construit pour cet objet, c'est celle du chevalier Keller, qui eut lieu à Milan le 22 janvier 1876.

Albert Keller, d'une famille originaire de Zurich, mais né à Rome en 1800 et habitant Milan depuis 1820, avait acquis une grande fortune dans l'industrie de la soie. Ardent partisan de la crémation, il chargea par testament le professeur Polli, autre crèmalioniste déterminé, de veiller à ce que son. cadavre fût brûlé, lui laissant la somme de 10,000 fr. pour parer aux frais que nécessiterait l'opération. Keller mourut le 22 janvier 1874, et au lieu des 10,000 fr. stipulés, les héritiers en donnèrent 60,000, afin qu'il fût possible d'élever un édifice crématoire permanent, dont l'élégance ne laissât rien à désirer. Le corps du défunt fut alors embaumé et déposé dans un caveau provisoire; puis, l'autorisation obtenue, la construction de l'édifice commença.

Au deuxième anniversaire de la mort de Keller, son corps, en parfait état de conservation, était retiré du caveau et introduit dans l'appareil crématoire construit par l'ingénieur Cerelti, sur les indications du chimiste Polli : en une heure et demie le corps était réduit en cendres. — Mais alors la question d'hygiène avait fait place à la question de principe.

La crémation paraissant devoir prendre faveur, de nombreux appareils ont été construits dans ce but, dont nous ne signalerons que les principaux. C'est d'abord le fourneau Sie-


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LA. CRÉMATION. — Éditice crématoire du cimetière monumental de Milan. (P. 954, col. 2.)

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LA SCIENCE POPULAIRE.

mens, dans lequel le corps à incinérer est placé dans un cylindre de fonte chauffé à blanc au moyen d'un foyer extérieur, alimenté de houille et de tourbe au début, de gaz d'éclairage depuis. Les gaz de la décomposition sont reçus dans une chambre très chaude à travers des trous pratiqués entre les briques du foyer! et se consument rapidement, sans répandre ni odeur ni fumée. L'opérafion est accomplie en un peu moins d'une heure et peut laisser un résidu de 2 kilog. à2 bilog. 1/2 de cendres. C'est le fourneau Siemens qui servit à l'incinération de lady Dilke.

Le système de MM. Polli et Ceretti, employé à la crémation de Keller, mais soumis à diverses expériences depuis mai 1875, consiste en une cage cylindrique, de gros fils de fer, que l'on pose sur une cuvette on métal, après y avoir introduit le corps, et que l'on enveloppe ensuite d'une épaisse couche d'argile calcinée; des tubes circulaires superposés sont maintenus par l'argile, et des jets de gaz, alimentés par l'air auquel des trous nombreux donnent une suffisante issue, s'échappent par ces tubes; c'est le bûcher au gaz. Une disposition semblable à celle du fourneau Siemens permet également aux gaz provenant du cadavre de se consumer eux-mêmes.

Plus récemment, en 1879, a été expérimenté à Milan l'appareil de MM. Poma et Venini, qui réunirait les avantages suivants : combustion du gaz de chauffage rendue plus active par l'emploi de l'air surchauffé; utilisation des gaz provenant du corps soumis à l'incinération et destruction de la fumée dans la grande cheminée d'appel. Le combustible est le bois de chauffage ordinaire. .

Mais nous ne saurions décrire tous ces systèmes; et si nous en signalons encore un, c'est qu'il répondrait dans une certaine mesure à une objection très sérieuse qui se présenterait, dans le cas où l'on voudrait adopter d'une manière définitive le système de l'incinération des morts dans une ville un peu populeuse, et que d'ailleurs c'est celui qui fonctionne actuellement à Milan. Ces systèmes fonctionnent tous assez bi"n : ils accomplissent en une heure ou à peu près la crémation d'rm cadavre; mais si l'on avait à opérer seulement sur une vingtaine, comment s'y prendrait-on?

Le professeur Gorini, de Lodi, répond à cela en présentant son système, consistant à plonger le corps dans un liquide bouillant qui l'enflamme aussitôt, et qui pourrait en faire autant, par conséquent, d'un certain nombre de corps; cela en quelques minutes, et sans qu'il en coûtât plus de six francs par chaque corps : c'est pour rien.

Seulement M. Gorini gnrde le secret de la composition du liquide employé; son système n'en paraît pas moins excellent, au point de vue où nous nous plaçons en ce moment, d'après les expériences qui en ont été faites. « Une fois le liquide en ébullitioif, dit un témoin de ces expériences, M. Gorini prit une jambe, un pied, une main, une hanche, enfin la tête d'un cadavre humain gisant à terre. A peine chacune de ces parties était-elle en contact avec le liquide bouillant, qu'elle brûlait avec une flamme intense et, au bout d'un temps extrêmement court, était complètement détruite. La fumée et les gaz qui sortaient du creuset se perdaient dans l'atmosphère, et nonseulement la décomposition marchait rapidement, mais encore les assistants ne percevaient pas la moindre odeur. »

C'est l'appareil Gorini, actuellement en usage dans le temple crématoire de Milan, qui a servi à l'incinération du corps de M. Petit d'Ormoy.

Terminons par une courte description de cet édicule, situé au cimetière monumental, en face de la principale entrée, et séparé de celle-ci par toute la longueur de l'avenue qui divise le cimetière en deux parties.

C'est un petit temple dorique, sur un soubassement de 1 mètre de hauteur, auquel on accède par quelques marches. La partie centrale forme un carré parfait orné de quatre pilastres aux angles ; de chaque côté s'élèvent "six colonnes placées en demi-cercle; au centre, une grande urne de pierre. Sur l'architrave de la façade principale est gravée l'inscription suivante : Tempio crematorio per volontà del naibile Alberto Keller, eretto e donato alla città di Milano.

La chambre d'incinération se trouve à l'intérieur d'une sorte de grand cercueil où, dans l'expérience du bûcher au gaz, 217 flammes de gaz opèrent à la fois sur le cadavre, déposé sur une grille de fer (on devait faire cette grille

de platine, mais nous ignorons si ce changement a été opéré). L'opération ne se trahit toutefois aux yeux des assistants que par une large flamme de gaz s'élevant dans l'air, du sommet du monument. Ces dispositions ont naturellement reçu certaines modifications nécessaires pour l'emploi de l'appareil Gorini.

La crémation, ainsi comprise et exécutée, devrait certainement avoir raison de bien des répugnances honorables ; pourtant le crématoire de Milan ne fonctionne.qu'à d'assez longs intervalles, et nous n'en sommes pas encore là à Paris.

EGIDIO CREMONESE.

VOYAGES ETHNOGRAPHIQUES

AUTOUR DU MONDE

PREMIERE PARTIE

L'AUSTRALIE ET LES ILES OCÉANIENNES

Les chasseurs de kangourous. XL VII

^ Suite)

Que dire de toutes ces similitudes dans les mythologies, dans les coutumes, dans les traditions, dans les castes, dans les langues de l'Inde et de la Polynésie?

Tout fait d'émigration, d'infiltration, d'échange d'idées, dans l'état géographique actuel du globe, est chose impossible.

Les Indous n'ont jamais navigué, une défense religieuse des plus sévères leur interdisait la mer ; ils n'ont jamais eu que des pirogues pour la pêche, et ce frêle esquif ne peut tenir longtemps loin des côtes.

Nous avons déjà dit, à propos des différents groupes d'îles de l'Océanie, que l'opinion des marins était invariable sur ce point. Et si la pirogue n'a pu faire commmuniquer ensemble les Sandwich, la Nouvelle-Zélande les îles de la Société, l'île de Pâques ; si elle n'a pu franchir des distances de mille, quinze cents et dix-huit cents lieues, comment aurait-elle pu relier l'Inde et la Polynésie, distantes l'une de l'autre de deux mille cinq cents à trois mille lieues?

On aura beau étudier le problème


LA SCIENCE POPULAIRE.

955

sous toutes ses faces, il n'y a qu'une I solution d'acceptable. '

— Avant les derniers bouleversements diluviens et glaciaires, alors , que l'Europe était le pays du renne et de l'homme des glaces, il existait du tropique nord au tropique austral, sur une longue ligne qui s'étendait de, l'ouest à l'est, de l'Inde et la Chine à la Polynésie, du Mexique à l'Atlantide, de vastes continents dont les habitants étaient arrivés déjà à Un haut degré de civilisation, continents qui furent en partie submergés au dernier cataclysme diluvien.

L'Atlantide disparut, ne laissant que quelques îles, Madère, Canaries, Açores, Cap-Vert.

Le continent polynésien, grâce à ses hautes montagnes, laissa des milliers d'îles, îlots, pointes de rochers, récifs, pour témoigner de son existence antérieure.

La plus grande partie de l'Asie fut modifiée dans ses contours : elle regagna d'un côté ce qu'elle perdait de l'autre.

Un continent nouveau surgit presque tout entier : l'Afrique. Les contrées occidentales, grâce à un déplacement d'équilibre de la terre, reçurent plus directement l'action bienfaisante du soleil, et peu à peu la. nature couvrit de végétation les vieilles terres du renne et des glaciers.

Sur les hauts plateaux de l'Hymalaya, dans les nombreuses îles de la Polynésie, quelques groupes de la vieille race étaient restés...

Ceux de l'Inde, trouvant devant eux la vaste terre, se développèrent, continuant les traditions du passé. Le grand livre de la loi, les Vedas, avait été trouvé par Vichnou déguisé en poisson, dit la légende religieuse, et peu à peu les descendants des Rutos (1 ) envahirent leglobepardeux courants terribles : l'un au sud, par l'Irau, l'Arabie et l'Egypte; l'autre à l'ouest et au nord, par l'Irau occidental, l'Asie Mineure, la Grèce, PItalie,le Caucase, la Russie, la Scandinavie, la Germanie, la Gaule.

Les émigrations du sud parlaient le tamoul, qui était la langue vulgaire.

Les émigrations de l'ouest et du nord parlaient le sanscrit, qui était la langue

(1) Noms que les Indous donnent à leurs maîtres.

des cas!es élevées. C'est ainsi que nous retrouvons au sud, à l'ouest et au nord les mêmes traditions, les mêmes croyances : la trinité égyptienne et la trinité Scandinave, Osiris-Isis-Orus et Ukko-Kuonoter-Woinamoi, toutes deux issues de Brahma-Vichnou-Siva ; la Genèse de Hiérophante, de Thèbes et de Munglis, et la Genèse du Kelevala, issues toutes deux de la Genèse de Manou.

Les autres groupes de Rutos, échappés au grand cataclysme sur les fragments du grand continent polynésien submergé, réduits à vivre sur ces îlots sans possibilité d'expansion extérieure, perdirent peu à peu une partie des grands souvenirs du passé; mais par contre ils conservèrent, sans les modifier par des fréquentations étrangères, leurs croyances religieuses, leurs castes, leurs coutumes civiles, leurs préjugés, leurs superstitions, leur langage.

Tout cela, il est vrai, par la loi fatale des milieux, s'est rapetissé, s'est harmonisé avec l'îlot ou le récif habité. Telle croyance a perdu son symbole, telle superstition a disparu, telle autre au contraire s'est généralisée; la langue s'est simplifiée au point de ne plus permettre la moindre conversation, philosophique ou scientifique ; mais le sceau ineffaçable de l'origine commune s'est conservé, et à tous les points de vues ethnographiques nous permet de dire :

L'Inde et la Polynésie sont soeurs.

Des milliers, peut-être des centaines de mille ans, ont passé sur ces faits.

La nature, que les peuples primitifs symbolisèrent dans le principe : mère de la Divinité, la Vierge immortelle, pour lui donner l'appellation de choix des poètes indous, n'a pas interrompu son oeuvre.

Les contrées polaires sont en ce moment dans leurs périodes glaciaires et diluviennes ; le pôle du froid n'est déjà plus le pôle géographique. La terre, apprauvrie par lrs âges passés, se repose sous sa couche de neige et déglace'; mais ces contrées, elles aussi, verront à leUr tour des printemps sans fin, des parfums enivrants, des nuits tièdes et parfumées ; de vastes forêts abriteront des milliers d'oiseaux, et des fleurs refléteront toutes les nuances des cieux.

Nous aurons disparu à peine, que quelques groupes d'indigènes, habitant qu iques îles, indiqueront où fut l'Europe...

Et le nouvel habitant des terres nouvelles, inconscient du passé, écoutera la voix du prêtre qui lui dira :

Dieu t'a créé hier.

Et cet homme courbera la tête et le genou pendant des siècles sous la main de l'Hiérophante, jusqu'au jour où, creusant le sol, sillonnant le monde, faisant parler les ruines, exhumant les fossiles, retrouvant, lui aussi, les traces de ses ancêtres disparus, il dira à son tour :

Rien ne commence, rien ne finit. Tout se modifie et se transforme. La vie et la mort Ne sont que des modes de transformation.

Où est le sommet?

— Voilà, mes chers amis, fit Parker en terminant, voilà ma conclusion.

Nul n'avait osé interrompre le squatter pendant ce magnifique exposé de ses idées.

Gontran et son cousin n'en revenaient pas, et ils allaient faire connaître à leur ami leur sentiment d'admiration enthousiaste, lorsque Wolligong, montrant au loin une colonne de fumée qui s'élevait dans les airs, cria à ses compagnons avec tous les signes de la joie la plus vive :

— Voici les grands villages de ma tribu.

Quand un indigène australien rentre dans sa tribu après quelque temps d'absence, il ne peut se présenter impunément aux regards des siens, et s'il amène des hôtes,des invités, la politesse exige plus étroitement encore qu'il se fasse annoncer et attende qu'une députalion des siens vienne le chercher.

Après avoir marché encore pendant environ dix minutes, Wolligong fit arrêter la petite caravane sur les bords d'une charmante rivière dont les eaux fraîches et pures reflétaient comme un miroir les arbres de la rive, dont les branches chargées de fleurs se suspendaient par grappes au-dessus des flots • limpides. Le Nagarnook, joignant alors les deux mains pour s'en faire une sorte de porte-voix, se mit à pousser des cris bizarres dans toutes les directions.


956

LA SCIENCE POPULAIRE.

— Que fait-il? interrogea Gontran.

— Il avertit ceux des siens qui pourraient se trouver à proximité de nous dans la campagne, qu'il revient dans son village avec des étrangers, répondit Parker.

Ces paroles n'étaient pas prononcées, qu'un vieillard qui péchait non loin de là dans la rivière accourut, et en apercevant Wolligong fit éclater ses transports de joie.

Il s'accroupit à quelques pas selon la mode indigène, Wolligong en fit autant, et aussitôt commença un interminable dialogue.

— Tu es bien Wolligong? fit le vieillard.

— Ne me reconnais-tu pas?

— Si, je vois parfaitement que tes traits n'ont pas changé.

— D'où viens-tu? —.Des pays de l'Est.

— Où as-tu rencontré ces ancêtres?

C'est ainsi que le vieil Australien désignait les blancs qui accompagnaient l'indigène, car, pour toutes les tribus australiennes de l'intérieur, les blancs, dont elles ne peuvent s'expliquer la présence, sont des chefs Nagarnook, Ngotaks, Doudarups ou autres ressuscites,, et revenus des pays lunaires sous cette forme pâle, leurs fusils représentent

représentent foudre qu'ils ont ravie en descendant du ciel.

— Je les ai rencontrés, répondit Wolligong, avec Ouittigo, de l'autre côté des grands bois des Cinq Sources.

Les questions du vieillard se continuèrentencore longtemps sur la guerre, sur les péripéties du voyage de Wolligong, sur Ouittigo; il fît part au jeune homme des événements arrivés dans le village depuis son départ.

— Ton cousin Bir-Ba est mort, finit-il par lui dire, comme s'il avait gardé cette mauvaise nouvelle pour la bonne bouche.

— Hélas ! s'écria Wolligong, que le grand Néauri le conduise sur les plus beaux territoires de chasse !

A ce moment, les deux hommes se

levèrent et échangèrent l'accolade; cette cérémonie accomplie, le vieillard devait encore,avant que la caravane et Wolligong pussent entrer dans les grands villages, se rendre auprès des siens pour annoncer l'arrivée de la petite troupe.

Tout à coup, en passant près de Casenave, il s'arrêta, le regarda avec une attention profonde, murmura quelques paroles incohérentes, se frappa les cuisses des deux mains, et partit au galop dans la direction d'une

RAPACES DIURNES.— L'Aigle commun. (P. 949 col. .)

longue chaîne de collines boisées qui, comme une sorte de long paravent de verdure, servait de second plan aux villages nagarnooks qui y étaient adossés. — Qu'a-t-il donc, demanda Parker. Wolligong secoua la tête d'un air pensif sans répondre, et à son tour il regarda Casenave avec une attention telle, que ce dernier demanda en riant si on n'allait pas le prendre aussi, comme ce pauvre Merville, pour un caradj blanc.

Wolligong en quelques instants avait repris son air habituel, et cela suffit pour changer le cours des idées.

Il y avait au moins pour une heure de pourparlers entre le vieillard et les anciens de la tribu restés pour garder les villages avec une petite troupe

d'hommes valides, et nos voyageurs se préparaient à faire rôtir un jeune kangourou tué le jour même par Wolligong, lorsque tout à coup ils entendirent des appels et des cris repétés qui semblaient venir des villages.

L'effet de ces voix confuses que l'écho des ravins renvoyait sourdement formait une harmonie plaintive qui s'alliait d'une manière parfaite avec les dernières lueurs du jour et les ombres croissantes de la nuit. Tout à coup, une espèce de procession, composée d'une douzaine defemmes,dont deux, une jeune et une vieille qui

se trouvaient à la tête des autres, répandaient un torrent de larmes, se montra à quelques pas du campement.

La nuit était venue, les flammes du foyer allumé par Wolligong éclairaient à demi cette scène étrange et lui donnaient un aspect, vraiment fantastique. La vieille femme, se détachant alors du groupe, interrogeait du r.egard Wolligong, qui d'un geste lui indiqua Casenave ; elle s'approcha alors du jeune homme, lui mit les mains sur les épaules et, après l'avoir considéré longtemps avec attention, s'écria en s'adressant à ses compagnes :

— Oui, c'est bien lui, c'est Bir-Ba, mon fils bienaime,

bienaime, est revenu du pays des ancêtres.

Et alors, en sanglotant, elle se mit à presser convulsivement le jeune homme dans ses bras. En deux mots, Parker avait mis Casenave au courant de la situation, en le priant de s'y prêter de son mieux.

— Tout ce que vous désirez, lui fit-il rapidement, n'avancerait à rien ; Wolligong tout le premier est persuadé que l'âme de son cousin Bir-Ba est passée dans votre corps, et vous ne persuaderiez personne.

— Soit! avait répondu Casenave en riant, je serai Bir-Ba, puisqu'il le faut.

Mais où la situation commença à se corser, c'est qu'après la vieille, une jeune et charmante fille des Nagar-


LA SCIENCE POPULAIRE.

957

nooks vint se précipiter dans ses bras.

O mon fils, ô mon Bir-Ba chéri, ne reconnais-tu pas Ella ton épouse chérie?

Et au même instant la jeune femme de le presser sur son coeur, et lui mettant sur les bras un marmot d'environ deux ans :

— Tiens, vois, lui dit-elle, comme ton fils est beau !

Et comme Casenave ne répondait pas, la

pauvre Ella secna avec un soupir plein de tristesse :

—Hélas! il a oublié le langage de satribu.

Casenave riait à se tordre, ce qui, par hasard se trouva bien en situation, car les Nagarnooks n'ont pas de meilleur moyen de faire éclater leur joie.

Il serait impossible de dire jusqu'où fut allée cette scène, si le galop d'un cheval lancé à fond de train ne se fût fait entendre dans le lointain, et presque au même instant un mustang tout environné d'un nuage de vapeur s'arrêtait près de la petite troupe, et Ouittigo, le grand chef, s'élançait vers ses amis.

— Vile, fit-il brièvement,

brièvement, à la case du conseil.

Et sautant de nouveau sur son cheval, il s'élança dans la direction du village. Quand Wolligong et les voyageurs arrivèrent sur la place principale du lieu, tous les anciens étaient déjà en séance, et la joie brillait sur tous les visages.

Une grande bataille avait eu lieu, dans laquelle une partie de l'armée des Ngotaks avait été anéantie, l'autre s'était retirée en désordre derrière la rivière Rouge.

Alors, Ouittigo, pensant qu'à lanouvelle de ce désastre-, apportée par les fuyards aux villages ngotaks, Merjille serait immédiatement massacré,

et se souvenant de la parole qu'il avait donnée de le sauver, avait demandé aux chefs suprêmes de sa tribu la permission d'aller accomplir son serment.

Et il avait sauté sur un cheval et était accouru, sans s'arrêter, ni prendre une minute de repos.

Parker, Gontran, Casenave, furent admis au conseil, et on décida à l'unanimité qu'il fallait aller sauver MerRAPACES

MerRAPACES — L'Aigle royal. (P. 949 col. 2.)

ville, car la tribu des Nagarnooks serait déshonorée si elle laissait tuer un de ses hôtes.

Naliké, malgré son désir de suivre son mari, comprit qu'elle devait rester au village nagarnook pour ne pas entraver les recherches.

Tout le monde jura solennellement de veiller sur elle.

Et la nuit s'acheva au milieu des préparatifs. On devait se mettre en route le lendemain matin. La caravane était composée ainsi: Ouitligo, Wolligong, Parker, Gontran, Casenave,

Casenave, quinze des meilleurs guerriers

guerriers pour garder les villages.

Toute la nuit, la mère et l'épouse de Bir-Ba firent retentir les airs de leurs signes de douleur, et la promesse formelle de Casenave, qui commençait à trouver la plaisanterie trop forte, put seule les calmer un peu.

Le soleil levant devait, donner le signal du départ. Louis JACOLLIOT.

CHIMIE APPLIQUÉE

RÉPONSES A DIVERSES

QUESTIONS

LA SUPERPHOSPHATE D'OS

En France, on emploie simplement le noir des raffineries, pulvérisé complètement, parce qu'il contient beaucoup de matières azotées indispensables aux p lantes ; en Angleterre, on convertit le noir animal en superphosphate par l'action de l'acide sulfurique du commerce: le phosphate de chaux est converti en phosphate acide, qui estsoluble.

Voici une préparalion qui a donné de bons résultats, surtout pour la culture des navets de Suède :

Os pulvérisés 90 kilogr. Eau 15 —

i Faire macérer 24h.; puis ajouter, par portions, 25 à 30 kilogr. d'acide sulfurique du commerce concentré (66° Baume). On laisse la réaction s'opérer pendant quatre à cinq jours ; on fait alors absorber le liquide par du noir de lavage des raffineries (40 kilogr. environ). — Pour 1 hectare de terrain, il faut :

Os 222 k. 7

Eau 37 » l

Acide sulfurique du

commerce (S03HO). 70 à 75 »

Noir animal, environ. 100 k.

D'après Dehérain, la quantité de chaux trouvée dans l'eau des lavages des superphosphates est insuffisante


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LA SCIENCE POPULAIRE.

pour saturer l'acide sulfurique, mais cette acidité disparaît au contact des carbonates de chaux, surtout si le sol est un peu calcaire.

SOLUBILITÉ DE L'ALUN D'AMMONIAQUE

(Suivant Ai. Poygiale.) Température. . Alun anhydre. Alun cristallisé.

0" 2,62 5,22

10° 4,50 9,16

20° . 6,57 13,66

30° 9,05 19,29

40° 12,35 27,27

50° 15,90 36,51

60" 21,09 51,29

70° 26,95 71.97

80° 35,19 103,08

90° 50,30 187,82

100» 70,83 421,90

SOLUBILITÉ DU CHLORURE DE SODIUM (Suivant Gay-Lussac et Unger.)

Tempéra- Chlorure de

ture. sodium.

0° • 0,356 \

14° °' 30 / du poids de l'eau

600 °> 37 employée.

100° 0,390 \

10d°7 0,404 /

GASTON DOMMERGUE.

LABORATOIRE POPULAIRE

DE MICROGRAPHIE

DU PALAIS DU TROCÀBÉÏtO

Le laboratoire populaire d'études et j de recherches micrographiques que I M. Léon Jaubert a ouvert au Troca- j déro, en novembre dernier, est non-seu*- ! lement destine à initier le public an monde si surprenant des infiniment petits, à vulgariser les découvertes micrographiques et en particulier les travaux de M. Pasteur et autres; mais il a en outre pour objet spécial de montrer à tous les altérations, les falsifications des produits alimentaires, les viandes trichinées, etc., etc. Cet établissement essentiellement populaire est destiné à rendre detrès grands services.

Une école de micrographie, où l'on apprend à chacun à se servir du mi- - croscope et à faire les préparations, est annexée à ce laboratoire, ou plutôt le laboratoire et l'école ne font qu'un.

Le laboratoire de micrographie, l'observatoire populaire, l'école pratiqua d'astronomie, les conférences populaires d'astronomie, comptent déjà des

milliers de personnes inscrites; les inscriptions arrivent souvent par centaines à la fois. — Le bureau central de l'enseignement primaire a demandé 1,500 cartes pour les instituteurs et institutrices ; le cabinet de M. le vice-recteur, 150 pour les professeurs des lycées, et l'Association philoteehnique, 300 pour ses professeurs, etc., etc.

Nous avons indiqué dans le n° 37, page 82, les conditions gratuites d'admission.

J. B.

I0DYILL18 ftlOftUFIIQIItt

ET ETHH0S8APHIQUES

AFRIQUE

Par décision du ministre de la marine, en date du 12 mars, te docteur Bayol, le jeune et courageux voyageur récemment revenu de Bamakou, où il avait accompagné la mission (kllieni, est nommé chef d'Mie expéditionchargée d'explorer le cours supérieur du Niger, et de nouer des relations d'amitié avec les chefs du Fonta-Djalloa etBdu Bouré. Au delà du Bouré, le docteur Bayol a carte Manche, et si les circonstances sont favorables, il s'enfoncera davantage dans l'intérieur.

Le docteur Bayol emmènera avec lui un officier, un dessinateur-photographe et une escorte d'une vingtaine de soldats sénégalais.

AMÉRIQUE

On annonce que M. Lejanne, pharmacien de la marine, et le docteur Crevaux, ont remonté leMagdalena jusqu'à Neyva; de là, ont traversé les derniers chaînons des Andes et sont arrivés aux tètes du Goyabero, affluent encore inconnu de l'Orénoque.

ASIE CENTRALE

M. De Ujfalvy, revenu depuis trois semaines à peine du Turkestan, est reparti ces jours-ci pour l'Asie centrale, où il compte se rendre par Astrakan, l'Atrek,Mecched et les khanats de l'Oxus. Il y va remplir une mission anthropologique dont le ministère de l'instruction publique vient de le charger.

P. C.

CORRESPONDANCE

M. A. Rivoire, à Lyon. *— 1° Sans oublier la pile de Bunsen, d'une application avantageuse dans les expériences dont vous nous entretenez, nous croyons que la pile impolarisable de Gloris Baudet, 90, rue SaintVictor, remplira le mieux votre but. — 2° Consultez la table des matières de la première année. Vous y trouverez l'indication d'articles sur la plupart des piles connues et sur les divers perfectionnements qu'elles ont subis, à mesure qu'ils se sont produits. — Nous vous recommandons d'une manière toute particulière l'excellent Traité élémentaire de la pile électrique d'A. Niaudet-Bréguet (un volume in-8°, 6 francs. — Chez J. Baudry, 15, rue des Saints-Pères).

M. E. R.,., à Paris. — Il y aurait peut-être, en effet, dans l'étude du phénomène en question, une nouvelle source de découvertes applicables à la navigation aérienne, dont il est toutefois Impossible de soupçonner les résultats. Nous tâcherons d'y revenir.

M. H. V..., à Épinal. — Vos deux modèles d'avertisseurs d'incendie sont très ingénieusement conçus ; construits, ils réaliseront vos espérances, sans doute. Mais le but pratique n'en sera pas atteint d'une manière qui diffère des résultats déjà obtenus par d'autres appareils; ensuite il faut, pour la mise en action de votre second modèle, une émission de lumière qui, dans certains cas, se produit trop tard pour l'application opportune, du remède.

M. Castre, à Paris. — Nous reconnaissons en principe la justesse de vos observations ; mais atteindre la perfection et rester dans les conditions nécessaires d'absolu bon marché sont deux propositions entre lesquelles, passé certaines limites, il faut opter. Nous ne croyons pas possible de faire mieux que nous, parce que nous agissons en toute conscience. Toutefois, le succès toujours croissant de la Science populaire ne tardera vraisemblement pas à nous permettre le luxe de nouvelles améliorations.

M. John Hmniblon. — i° Les


LA SCIENCE POPULAIRE.

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taches d'encre d'imprimerie sur le linge ne,doivent pas résister'à la lessivé un peu forte. — 2° La Pharmacie centrale, 7, rue de Jouy^ a tout un rayon spécial, le plus complet et, croyonsnous, aux meilleures conditions, consacré aux fournitures pour la prépara tion et la conservation des objets d'histoire naturelle.

" M. René de Kerverguen, à Lucques (Italie). — L'appareil dont vous nous entretenez n'existe décidément pas, dans le commerce du moins ; de la puissance et de la précision que vous diles, il est même évident qu'il ne peut exister, et que votre prétendu inventeur italien se moque du monde. Découvrir un gisement métallifère au moyen d'un appareil électro-magnétique-, s'il affleure à peu près le sol, cela, vous ne l'ignorez pas, est faisable; mais c'est tout.

M. E. Salvy, à Nice. — Vous avez parfaitement raison, sauf en un point: c'est que la Société pour l'exploitation des inventions nouvelles, dont vous souhaiteriez la formation (et il existe quelque chose de semblable, croyons-nous), serait nécessairement composée de spéculateurs portés à patronner les inventions qui leur paraîtraient les plus susceptibles d'un ■ succès immédiat et capables de produire des bénéfices non moins rapides et considérables, fût-ce l'invention d'un joujou ou celle d'un onguent miraculeux. — Il n'y aurait donc pas grand changement.

M. le capitaine Kostovits, à Saint-Pétersbourg. — Reçu journaux russes et allemands. Le n° 17 du Vozdouhoplavatel nous serait nécessaire pour y suivre l'intéressant article commencé dans le n° 16.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE

ET FAITS DIVERS

Études speçtroscùpiques. — M. J. Norman Lockyer, dont on connaît les importants travaux, a transmis à l'Académie des sciences les résultats de ses dernières recherches speçtroscopiques. L'éminent astronome anglais a comparé les diverses raies £ u soleil dans

le spectre avec les raies de plusieurs niétaux soumis à une température élevée. Il étudie, par exemple, les raies du fer comprises dans un espace déterminé et les compare aux raies du soleil prises soit sur les taches, soit sur les protubérances de l'astre. Il constate d'abord que la température paraît plus élevée dans les raies des protubérances que dans celles des taches. Celle-ci semble correspondre à la température obtenue dans nos laboratoires avec la lumière Drummond ou avec les appareils électriques; mais la température des protubérances dépasse celle des appareils électriques les plus puissants. Quand on part du fer métallique, tel que nous le possédons, pour le faire successivement passer au rouge, au rouge blanc, puis pour le soumettre à l'action de la lumière Drummond et des piles les plus énergiques, on obtient des modifications des raies du fer dans le spectre, telles que le métal semble subir une dissociation. Inversement, quand on part de cet état de dissociation, réalisé dans les raies des protubérances, pour redescendre par degrés à la température des raies des taches, le métal semble se reconstituer.

Entomologie.— M. Emile Blanchard a présenté à l'Académie un travail de MM. Kûnckel et Gazagnaire sur les terminaisons nerveuses tactiles des insectes. Les auteurs, portant leurs investigations sur la trompe des mouches, ont étudié la structure des tissus qui environnent la base des poils situés à l'origine de cette trompe. Ils ont reconnu la nature des renflements nerveux observés d'abord par Leydig; ils ont constaté que ce ne sont point de simples renflements, comme en avaient jugé les premiers observateurs : ce sont des élargissements de l'enveloppe contenant une cellule bipolaire à noyau, en rapport avec le cylindre-axe, et un bâtonnet nerveux qui pénètre jusqu'à la base du poil.

Le prix Trèmont. .— L'Académie des sciences, dans sa séance publique annuelle, a décerné le prix Trémont à notre savant confrère M. J. Vinot, directeur du journal le Ciel.

J. B.

Le Gérant : LÉON LEVY.

CAUSERIE FINANCIERE

Le succès de l'emprunt 3 0/0 amortissable aura cette conséquence que la date future de la conversion du 5 0/0 se trouve encore plus éloignée qu'on n'osait l'espérer. Par ce fait même de contracter un emprunt, le gouvernement s'est montré, étranger à toute idée de conversion, du. moins imminente ou môme prochaine. Cette conversion dont certains pessimistes ont usé et abusé à la Bourse et qui revenait sur le tapis à des époques périodiques, se trouve, tout naturellement'repoussée par la nouvelle émission à une époque assez lointaine, si, tant est qu'elle doive se faire.

En admettant même qu'elle se fasse un jour, elle ne pourra être effectuée qu'après le complet classement de la nouvelle rente. Or, les délais de versements seuls sont la pour nous assurer une année entière de tranquillité pendant laquelle le marché sera exempt de cette contrainte que lui imposait jusqu'à ce jour l'incertitude du lendemain, et après l'écoulement de laquelle plusieurs mois seraient encore nécessaires après ce délai quasi officiel pour préparer une aussi importante opération.

Ainsi donc, en faisant la ttlus large part de concessions avez pessimistes, aujourd'hui comme par le passé, devant le nouvel emprunt et à cause de lui-même, la conversion nous semble, faut-il le dire, non pas impossible, mais bien improbable.

Pourquoi, un gouvernement fait-il une conversion?

Incontestablement pour réaliser une économie répondant à ses besoins d'argent.

Mais ce besoin est loin de se faire sentir en présence d'excédants budgétaires annuels de 140 à 150 millions.

Enfin, si le gouvernement voulait la conversion, il l'aurait faite déjà, au lieu de se charger d'un nouvel emprunt et, au lieu d'un milliard, c'est trente millions au moins qu'il eut fait rentrer chaque année, dans les coffres du Trésor.

L'Elat n'a pas aliéné ses droits, il les conserve intacts, c'est évident ; du moins .semble-t-il qu'il n'a point voulu en user.

Dans ces circonstances, la hausse du 5 0/0 devrait être toute indiquée: il y a déjà eu un commencement d'exécution. Dès que le nouvel emprunt a paru décidé en principe, et en quelques heures, notre 5 0/0 a été enlevé à 121 fr. 50. C'est ce que nous n'avons jamais cessé de prévoir et de prédire depuis longtemps.

Nous pensons donc que tout lecteur qui a l'intention de faire un placement^ sur nos Rentes françaises doit, après avoir lu cet article, donner la préférence au 5 0/0, qui, du reste, rapporte plus que nos autres types de rentes françaises.

Les actions du Crédit Foncier se maintiennent avec la plus grande fermeté ; cette Société est à la veille d'une Assemblée générale qui donnera des surprises bien, agréables aux actionnaires»

Le Crédit Foncier et agricole d'Algérie vaut 755 fr. et dans un temps peu éloigné s'approchera du cours de 800 fr.

Toucher 4 0/0 d'intérêt sur une obligation de tout repos, c'est faire un bon placement par le temps qui court. Les nouvelles obligations communales 1881, du type de 500 et de 100 fr , donnent l'une 20 fr. l'autre 4 fr. d'intérêt par an. On les trouve aux guichets du Crédit Foncier à Paris, et, en province, à ceux de tous les agents du Trésor.

Les Parts de la Société des Champignonnières sont vivement recherchées à 515 fr. Cette Société prend, chaque jour, des développements et ses résultats laissent loin


960.

LA SCIENCE POPULAIRE

derrière eux tous les calculs primitifs faits sur le rendement et le revenu. Il faut s'attendre à une forte plus-value, et au cours actuel ces titres sont avantageux à acheter.

Les Tuileries, Briquetteries et Kaolins de Boissières poursuivent leurs installations indispensables pour développer leurs produits; nous avons encore quelques actions à placer au pair de 500 fr. Comme on détache, le 15 avril, dans quelques jours, un coupon de30fr., le titre ne revient donc en réalité qu'à 470 fr. prix non en rapport avec l'avenir de la Société.

Nous allons clore dans quelques jours notre souscription aux Parts de la Société des journaux populaires illustrés. Nous n'avons plusàvousénumérer les mérites de cette affaire, vous les connaissez aussi bien que nous, vous nous l'avez prouvé par le grand.'nombre de'demandes venues des lecteurs et abonnés du journal. Rappellezvous seulement ce fait, qui est d'une- importance capitale pour l'avenir; c'est-que plus le tirage d'un journal augmente, plus les bénéfices augmentent dans des proportions énormes; puis qu'au delà d'un certain tirage;' l'excédant- est tout bénéfice. C'est là qu'il faut attendre les beaux revenus que vous toucherez un' jour, ' car,, vous savez parfaitement que chaque semaine, le tirage des trois journaux illustrés augmente dans de notables proportions. ■ • ■

Nous faisons donc un appel aux indécis, aux paresseux, aux lecteurs de la dernière heure • profitez de' celte occasion d'acquérir grâce 1 aux'combinaisons- ingénieuses mises en avant, des parts d'une Société c^ui vous donnera à la fois plaisir et, profit.

Société des Villes'd'Eaux.

Affaires Litigieuses

Nous assistons chaque jour à la formation de nouvelles Sociétés, et bientôt après à l'éeroulement ' de quelques-unes d'entre elles. On compte par centaines celles qui sont en liquidation ou qui ne pa3rent plus leurs intérêts. Qui s'occupe des intérêts des actionnaires ruinés? On a pris le plus grand soin à les persuader de la valeur de l'affaire quand on la lançait, mais on les abandonne complètement à leur malheureux sort quand l'affaire est tombée.

Nous sommes si affligés des lettres désolantes que nous recevons en grand nombre et qui'nous prient de prendre en main la défense des intérêts de nos clients, que nous nous décidons à créer un bureau spécial de contentieux. Nous en confions la direction à un homme dont-la grande expérience .nous est connue, et nous croyonspouvoir rendre ainsi quelques services de plus à nos amis et sociétaires. : -

Le même bureau sera chargé des renseignements' 'sur, les valeurs nouvelles des poursuites à' exercer contre les ■ affaires en • liquidation, de la représentation aux assemblées.'etc. ','..'

SOCIÉTÉ DES VILLES D'EAUX.

Société Générale des Cliampis'««>nn*eresPARTS

Cliampis'««>nn*eresPARTS PROPRIÉTÉ

Émises au pair à 500 francs et. donnant droit à l'intérêt de 6.0/0. l'an,, payable-en mars'et septembre, et à 80 0/0 des bénéfices Estimation du rev.enu 20 0/0; garantie du capital par les propriétés de .la-Société.

Là Société des Villes. d'Eaux se charge de. la vente et de l'achat de ces titres, au cours du iour. Adresser les demandera l administrateurs, au siège social, rue Chauchat 4. _

SOCIÉTÉ DIS JiMAffi POPULAIRES ILLUSTRÉS

Propriété divisée en 8,000 parts

EXPOSÉ

Le succès prodigieux des journaux la Science Populaire, la Médecine Populaire, et en dernier lieu de l'Enseignement Populaire, est l'affirmation la plus éclatante des bénéfices que réalisent ces publications.

Un capital social proportionné à l'importance de l'entreprise permettra d'étendre encore le champ d'action, en vulgarisant les branches multiples de la science. Les souscripteurs participeront donc à une oeuvre de haute moralité et s'assureront en même temps un placement très rémunérateur ; car le revenu ne saurait être inférieur à 15 0/0.

CONDITIONS POUR LE PUBLIC

•La souscription est ouverte à la Société des Villes d'Eaux, à Paris, au siégé social, rue Chaucnat, 4, et à sa succursale de Toulouse,.57, rué d'Alsace-Lorraine. ■

Les Parts'sont entièrement libérées moyennant le versement de 100 francs net, payables en souscrivant. ;. ■....,-■ ■''",.

La répartition des bénéfices se fait en janvier et en juillet dé chaque année. - ; <

PRIVILÈGES -, : < ;■....■:> '•

Accordés aux abonnés et aux acheteurs au numéro de la S«?iéncé. Populaire, de la Médecine Populaire k de /'Enseignement Populaire,.

1° En payant comptant, ils ont droit à une bonification de 5 fr. pour chaque Part, soit net à payer 95 fr. ' ■• " ' ' ' " ''..',.'

2° Ils ont la;facultéde se libérer en 8 mois, à raison.de 10 fr. par mois et paraître, à la condition de payer, comme premier versement, 20 fr. par titre. . •• ,

3° Tout souscripteur de dix.Parts a droit au service gratuit de l'Un des trois journaux de la Société à son choix (dans ce cas, il doit payer net 950 fr. comptant).. - ;

4° Tout souscripteur de 20 Parts a droit au service gratuit'de deux des journaux de la Société, à son choix. (Il doit payer net 1,900 fr. comptant.) ....

. 5° Tout souscripteur de 20 Parts a droit au service gratuit de trois journaux de la Société (il doit payer net 2,850 fr. comptant. .!...:

. Ce.service gratuit aux porteurs de 10, 20 ou 30 Parts est fait pendant tout le temps qu'ils restent en-possession de leurs titres. •■■-.- ........

SOUSCRIPTION . '•■.". '

Les demandes de Parts doivent être ; accompagnées de 20 francs par titre, comme premier versement, ou de leur payement intégrai immédiat, calculé à faisôiidé-95 francs pour chaque Part, soit une bonification dé 5 'francs par titre pour avance de payement.

Les demandes de Parts seront inscrites dans leur ordre de réception. La souscription sera close ^ans réduction pour les titres admis. Il sera fait retour immédiat des fonds, pour les demandes qui excéderont le nombre des Parts mises en souscription. • .

Les titres et coupons sont reçus comme espèces. . ','

Ou souscrit : à la Société des Villes d'Eaux-, au siège social, et à sa succursale, à Toulouse. ' -: . •■ . Adresser les lettres, bulletins de souscription, envois de titres ou fonds, à M- l'Administrateur, de la Société des Villes d'Eaux, à Paris; rue Chauchat, 4, ou à M. le Directeur de la Société des Villes d'Eaux, à Toulouse, 57, rue Alsace-Lorraine. ■

Avis aux abonnés du Mid i

La succursale de- la Société des Villes d'Eaux, à Toulouse, 57, rue Alsace-Lorraine, rend les mômes'services que le siège central à-Paris, et les abonnés de la région; sont invités a s'y adresser de préférence pour tous les rapports avec là Société.

SOCIÉTÉ DES VILLES D'EAUX

CAPITAL DIVISÉ EN 10,000 PARTS

D'INTÉRÊT SOCIAL ' 4, rue Chauchat, à Paris. ■■' • (Boulevard des Italiens. ) .

La Société délivre des Parts de 100,- de 500 et de 1,000 francs, libérables en un ou; plusieurs ; versements.'Çe.s titres -.sont productifs de l'intérêt de 6 Ô/0 l'an,', payable par trimestre, ' lès 31 mai, 31 août, 30, novembre et fin février, et. donnent un droit proportionnel dans les bénéfices sociaux-. ' .,,:'..-.

' Leur conversion,en espèces, est toujours réalisable en s'àdressaut a la Société."

TUILERIES, BRIQUETERIES,' KAOLINS TlEBOISSIÈRES

' ' - ' - " ILotv. " •

M. P. Thurwanger, banquier-à Paris. 5. rue Feydeau.se charge du placement de ces actions au cours de; 500'fr. Le 15ravril, on détache un coupon de 30 fr.

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Les annonces sont"reçues à la Soe'été des Villes d'Eaux, 4, rue Cuauchàt, Paris.