BULLETIN DE LA VIE ARTISTIQUE
6e Année. N° 20. 15 Octobre 1925
Rédacteurs : MM. Félix Fénéon, Guillaume Janneau, Tabarant.
SOMMAIRE
Revirements... La clôture de l'Exposition. A l'Exposition : La Mode, son esthétique et son éthique. Musées de province.
Courrier de la presse. Les livres. Les disparus. Ici et ailleurs. Paroles.
Revirements...
L Exposition des Arts décoratifs s'achève en triomphe. Le triomphe est même si complet qu'aujourd'hui ce sont les exposants, naguère si hésitants, qui sollicitent sa prolongation. Ils accueillaient, voici deux ans, les appels du Commissariat général avec une véritable répugnance : ils se croyaient engagés dans une aventure un peu compromettante. C'étaient des assauts que leur livraient alors M. Fernand David, commissaire général,- et M. Paul Léon, directeur des Beaux-Arts, commissaire général adjoint, et M. Louis Nicolle, secrétaire général, et leurs émissaires.
A Paris même... à Paris, du moins, l'état-major était secondé par M. Deville, conseiller municipal et commissaire général adjoint, et par quelques hommes particulièrement écoutés du monde industriel, tels que MM. Goumain, Contenot, et Geo Rouard, présidents des chambres syndicales de l'ameublement, du métal et de la céramique. Citons-les, car, sans la véritable croisade qu'ils ont conduite, l'Exposition n'eût été qu un nouveau mais plus insignifiant Salon des décorateurs.
Sans doute, elle n'est pas ce que les modernistes souhaitaient qu elle fût. Son programme et sa conception restent ceux des grandes foires universelles. Son esthétique reflète le faux goût dont les indiscrètes manifestations donnent envie de se réfugier dans une cellule de cénobite. Mais le vrai «moderne», purement rationnel et dépouillé, eût-il exercé le même attrait sur un public habitué à l'ornementation ? Il y a des vérités de principe, des vérités absolues, qui sont inaccessibles à la moyenne des hommes, et des vérités relatives qu'il est bon