L ART ITALIEN DU XVIII SIECLE
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ornementaux, des tableaux mythologiques, des scènes de genre. Cette marqueterie, analogue à l'art des Boulle et très différente, réclamait, comme le cuivre et l'écaillé, de grandes surfaces planes et une simplicité, au moins relative, des formes. Par la suite G.-M. Bonzanigo, né en 1740, revêtit des meubles entiers de moulurations blanches sur fond bleu, selon l'exemple de la céramique de Wedgwood. Je ne crois pas devoir faire état, parce qu'exceptionnelles, des conceptions géniales et extravagantes d'André Brustoloni ( 1 670-1 732), qui sont
Fig. 5. _ Exposition du XVIII" siècle, à Venise. Salon pièmontais.
bien connues. Citerai-je ces miroirs dont la glace gravée offre des personnages, des rinceaux, des guirlandes? Conception, en théorie, absurde et dont on a tiré de charmants effets. Allons plus loin, les meubles que les Italiens demandaient à leurs ébénistes ne sont pas exactement ceux que réclamait la clientèle française. Différence, sans doute, de climat, de goûts, de moeurs. Bien que la documentation réunie à Venise fût extrêmement abondante, je n'y ai pas trouvé l'équivalent de ces meubles légers, bureaux de dames, bonheurs du jour, tables d'accouchées, tricoteuses, tables à ouvrage, guéridons, où l'imagination de nos artistes s'est dépensée avec tant de finesse et de fantaisie en menus chefs-d'oeuvre.