VERRES GRAVÉS AU DIAMANT 327
-< Parmi les promoteurs du mouvement réformiste qui obtint dans l'été de 1898 l'assentiment enthousiaste du jeune empereur Kouang-siu, se trouvait, de façon assez inattendue, un premier lauréat du concours triennal du doctorat de 1880, Houang Sseu-yong. Quand la trahison de Yuan Che-k'ai eut dispersé les novateurs des « Cent jours », Houang Sseu-yong disgracié continua de vouloir faire de son pays une nation moderne et malgré bien des résistances, l'échec de l'insurrection «. boxeur » aidant, il put ouvrir à Pékin en 1901 le Kong-yi-kiu, où il voulait renouer la tradition artistique de la vieille Chine en l'adaptant aux besoins nouveaux. Son fils, Houang Tchong-houei, fut longtemps le directeur effectif de l'entreprise qui fut ensuite rattachée au Ministère du Commerce ; je crois bien que le Kong-yi-kiu a été fermé il y a une quinzaine d'années. Les ateliers étaient nombreux, allant du meuble à des cloisonnés qui n'étaient pas sans valeur, et on y fabriquait également des verreries qui traitaient des sujets chinois avec des formes et des techniques largement empruntées à l'Europe.
<-< C'est précisément le cas, à en juger par la photographie, pour le verre de M""' L. Sauphar. La date cyclique qu'il porte, ki-yeou, revient tous les soixante ans, mais s'est présentée pour la dernière fois en 1909 ; je crois bien que la potiche a été exécutée cette année-là. Quant au sujet, ce qu'on voit de l'inscription se rapporte précisément au geste de cette jeune femme qui cache un éventail derrière son dos, mais je n'ai pas fait de recherches pour retrouver l'origine même du thème.
•A En tout cas, il est assez piquant qu'une technique abandonnée en Europe parce que trop minutieuse ait trouvé son dernier refuge en Chine, d'où la hausse des salaires la bannira d'ailleurs bientôt, si ce n'est pas déjà chose faite. »
MARIANNE PELLIOT