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Titre : Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction / par M. Guyau

Auteur : Guyau, Jean-Marie (1854-1888). Auteur du texte

Éditeur : F. Alcan (Paris)

Date d'édition : 1885

Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb159402432

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb305642480

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 254 p. ; In-8°

Format : Nombre total de vues : 272

Description : [Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction (français)]

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : CentSev001

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6107803m

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-R-5999

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 02/08/2010

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POSSIBILITE D'UN SACRIFICE DEFINITIF. 223

acquérir une importance telle dans la vie, qu'on ne peut plus y porter atteinte sans atteindre la vie même en sa source. On ne se figure pas Chopin sans son piano : lui interdire la musique eût été le tuer. De même, l'existence n'eût probablement pas été supportable pour Raphaël sans les formes, les couleurs et un pinceau pour les reproduire. Quand l'art acquiert ainsi autant d'importance que la vie même, il n'y a rien d'étonnant à ce que la moralité ait aux yeux de l'homme plus de prix encore : c'est là en effet une sphère d'activité plus vaste que l'art. Si le sceptique trouve qu'il y a quelque vanité et quelque illusion dans le sentiment moral, il trouvera qu'il y en a plus encore dans le sentiment artistique : ceux que l'art a tués, sont morts plus entièrement que s'ils étaient tombés pour l'humanité, et cependant ceux que l'art a tués ou tuera sont nombreux : plus nombreux doivent être ceux qui se sacrifient à un idéal moral. Supposez un arbre dont une branche acquiert un développement énorme et prend même racine sur le sol environnant, comme il arrive pour l'arbre géant de l'Inde : à la longue, la branche cachera, le tronc même ; c'est elle qui semblera le supporter et le faire vivre. La vie morale et intellectuelle est ainsi une sorte de rejeton, une branche puissante de la vie physique : elle se développe à tel point dans le milieu social qu'un individu tué pour ainsi dire dans sa vie morale semble par là plus complètement anéanti : c'est un tronc ayant perdu toute sa force et sa verdure, un véritable cadavre. « Perdre, pour vivre, les motifs mêmes de vivre! » Le vers de Juvénal est toujours vrai, même pour qui rejette les doctrines stoïques. Le sceptique le plus désabusé s'impose encore une certaine règle de conduite qui domine sa vie, un idéal au moins pratique ; la vie, à certains moments, peut ne pas lui