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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1922-06-25

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 25 juin 1922

Description : 1922/06/25 (Numéro 16553).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse

Description : Collection numérique : BIPFPIG15

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : BIPFPIG37

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k605060n

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 29/09/2008

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rnité a. ôté reconnue définitive.

LE MARECHAL FOCH EST PARTI POUR LONDRES Le maréc-lial Koch cl leafin d'assister aux obsèques nationales du maréchal sir Henry Wilson.

N'ou$ croyons savoir que le gouvernement. auj^lau a prié 'le «raré-ehal Foc h de tenir un des coiffons du poêle. C'est égaleinenl. ie maréchal qui sera charge d'offrir le bras à lad y Wilison an cours de la cérémonie de Sainl-Paut

BAGARRES ENTRE SOLDATS FRANÇAIS n civils a gleiwitz

Glciwitz, 2i juin (dep. Havas.)

l'ne bagarre s'est, produite entre des Soldats français et des civils, Une fusillade s'est, alors produite, au cours de laquelle peux ciyi4 fini, été grièvement blessés,

H. Walter Rathenau, ministre allemànd des Affaires étrangères a été assassiné en pleine rue hier matin à Berlin L'HOMME D'ÉTAT, Qui SE RENDAIT EN AUTOMOBILE A LA WILHELMSTRASSE, A ÉTÉ ABATTU A COUPS DE REVOLVER PAR TROIS INDIVIDUS QUI, EUX-MÊMES EN AUTO, ONT PU PRENDRE RAPIDEMENT LA FUITE Le péril réactionnaire monarchiste, que révèle ce nouvel attentat, a déterminé le gouvernement du Reich à prendre des mesures exceptionnelles

RÉPUBLICAINS ALLEMANDS Après LiebkneeJit, après Kurt Ei.sner, après Erzberger, c'est aujourd'hui le tour de Rathenau. Un à un, tous les .chefs', socialistes ou simplement républicains y passent: Lie'bknecht et Kurt Eisner étaient socialistes. Erzberger était un des chefs du parti catholique, Rathenau était un des pi'indpanx mtnisti\*s <îu parti démonionarehistes, alleluaiids.' ne font aucune difl'érence entre leurs 'adversaires tous les chefs républicains sont des traîtres. Ils méritent la mort.

Que risque-t-on à les abattre ? Ou bien la police ne trouve pas les assassins ou bien, si elle les trouve, les tribunaux les acquittent. Si par. hasard ils étaient condamnés, il se trouverait des geôliers complaisants pour aider h leur -évasion.. L'armée est monarchiste la police, au moins dans sou état-major et -ses, cadres supérieurs, est monarchiste les magistrats sont monarchistes les Universités sont monarchistes.

Et pourtant les élections générales ont donné une écrasante majorité aux trois' partis de gauche, an parti catholique, au parti démocrate et au parti socialiste, sous les trois étiquettes, de majoritaire, d'indépendant et de communiste. Seulement, les socialistes indépendants, et surtout les Communistes, qin.. constituent les éléments les plus ardents de la classe ouvrière, au lieu de faire blojc avec 4e gouvernement et la discipline à leurs troupes, consacrent le meilleur de leu| ardeur et de leur éuervoisins- d'eux et préconiser des solutions bolchevistes qui effraient tous les gens paisibles. Le gouvernement du chancelier "Wirth, ne sentant pas derrière Itli une cliisse ouvrière unie, disciplinée, animée d'un grand esprit de sacrifice, n'ose pas lutter contre les partis monarchistes et les frapper à la bourse, pour leb obliger à prendre leur part du fardeau des réparations.

En France, ou en haiife des Ilohenzollel'n et du parti militaire allemand, qui sont les principaux responsables de la grande hécatombe, on aurait plutôt, quelque sympathie pour les partis de franche, il cause de leurs tendances démocratiques et pacifiques, on commence à se demander avec inquiétude, à voircombieu mollement réagissent les républicains et les socialistes c.miiv 'les menées et les attentats monarchistes, s'il y aL vraiment des républicains eu Allemagne.

UN RÉCIT DE L'ATTENTAT

lîerlin. -i juin rlép. Petit Parisien.) "Vers il heures ce matin, Jans le <jrunewalil. quartier des villas de la banlieue ini'im''iliate de Herlin analogue à Vuleuit, le bruit se répandit que M. llalhouau vemul d'être assassiné.

,\Ion domicile se trouvant il quelques miinii.es fin lieu de l'attentat, j'ai pu ni'eiilrcienir aussi lût avec les maçons qui furent, avec le chauffeur et la daine, qui accompagnait le ministre, les seuls témoins de l'assassinat.

Ces ouvriers virent passer vers 11 heures moins 10, la voiture du ministre remontant la Kœnig-sallée vers Berlin. A l'angle de la WaUottstrasse. la Kœnigsalke tourne brusquement à droite et toutes les autos ralentissent à cet endroit. La voiture de M. Rathenau ut de même. Par contre, ou vit arriver derrière Tautomofc-ile. ministérielle et à toute vitesse, une puissante limousine dont les occupants, trois personnes outre le chauffeur, étaient. vêtus d'amples manteaux rie fourrure e1, portaient, des lunette* d'automobilistes dissimulant eomplèf émeut leur visage. En ralentissant peine, la limousine dépassa sur la gauche l'auto du ministre et un des individus braquant un long pistolet automatique « para hélium » dans la direction de AI. Rathenau qui était assis également à gauche, tira six balle» qui atteignirent toutes le ministre. Touché aux jambes, il la poitrine, à la tètp et enfin par l'un des projectiles il la bort.che, M. Rathenau se releva précipitamment comme pour parler au chauffeur. puis s'écroula mort sur les coussins de sa voiture.

Leur coup fait, tes automobilistes, en fuyant, lancèrent encore une grenade sur l'auto du ministre dans l'intention de rendre toute poursuite impossible. Les ouvriers eurent Je temps de constater que la limousine des agresseurs ne portait pas de numéro et la virent fuir par une rue adjacente et reprendre la direction de Pots-dam,

M. Rathenau fut transporté Il sa vidla, distante de 800 mètres à peine du lieu fie l'attentat. Un médecin' accouru ne put. que constater le décès survenu par une balle dans la moelle épinièro, une dans la bouche et plusieurs dans la région de l'oreille'. L'émotion à Berlin

La nouvelle causa il Berlin une émotion considérable, les principaux journaux distribuèrent, aussitôt par auto des feuilles spéciales..

Réunis ïmmtHlialempnf en conseil au Reichstag, les ministres tinrent une conférence secrète.

Une vague de fureur s'éleva contre les nat kmâlisfeS. notamment contre Helfferioh à qui on attribuait une grave reponsauijité

moral'» surtout par son violent toire d'hier contre ,la politique du gouvernement.

Une séance tumultueuse au Reichstag quelques, amis de pouvoir quitter indemne Le général von Sehorch. député populiste fut expulsé violemment. Pour empêcher un l'iiuilat jïénéral. le président Lœbo dul •levei' la séance au bout de quelques minutes.

Le discours du chancelier Wirth et du président Loebe

A 3 heures, la séance était reprise pour donner lieu à une imposante manifestation de ilejiiL

Tour à Jour, le-chanci-lier Wirth et le, présiden.1 l.a-be, sous les hurralrs dé la gauche ci île. -l'extrême gauche, flétrirent l'assassinat politique de ce -matin et stig1-, matisèrent les milieux dont, l'attitude est une provocation constante au meurtre des les imprécations, les deux partis de la il et toute la gauche crièrent « Vive la République ̃> Les discours dll chancelier Wirth cl île M. Lœbe seront affichés dans Le président Lo'be avait déclaré no.ta m in en t,

(//assassins derrière eux. qui les protège et les paie. Ce meurtre n'aurait pas eu lieu sans les excitations sans 'srrupulps et sans bornes contre les hommes qui sont à la tête du Gouvernement.

Quant an chancelier Wirth, après avoir prononcé un éloge ému de M. ttathenau il s'écriait

li est Uimhf, non pas seulement pour son f/enfili; mms aussi piiur la reconchlnttinn "es hommes. M<ns, malheur à vêtus i;t<i ont troublé par ce meurtre cette grainlr 'encre de i ctione.il mtion des nations. L'œuvre qu'il s'était pioposi} d'accomplir, à sav-ov^- rie. sniiver te peuple allemand sous le rfpiiue repuMicain, ne doit pas être interrompu par sa mu)

Messieurs de la droite, cela ne continuera pas comme cela était jusqu'à présent. (Applaudissements entliousiatitcs dans la salle et niome dans les tribunes.)

Mous développerons celte République dès que la pression de. l'étranger sur nous aura cessé, et nous la pénétrerons de l'esprit social. Je crie à tous ceiuv qui sont disposés à défendre la vraie liberté Protégez la République et nntre bonne et chère patrie allemande! • (Appluudissenienls à gauche)

Et tandis que la gaucho réclamait, l'exp.utsion immédiate de M. Helffcrich qui assistait à la séance, expulsion à laquelle s'opposait le chancelier Wirth, quelqu'un cria

Vous etes le prochain sur la liste, monsieur Wirtti

Dans le même instant, à la Diète de Prusse, des scènes d'une extrême violence se produisirent entre l'extrême gauche et ]a droite. La voix couverte ,par les cris dé': « Bandits d assassins » venant de -fous les côtés de la salle, le président de la Diète, Leinert. dul clore la séance. Le conseil des ministres

prend des mesures exceptionnelles Au cours des trois séances de la journée, le conseil des minisfes a décidé, en raison du caractère nettement politique de l'attentat de prendre les mesures le:; plus rigoureuses pour la défense de la République contre les conjurations menaçantes. L'état de siège: sera probablement décrété dans toute l'Allemagne et, dus conseil-* de guerre seront institués. Toutes démonstrations militaires sont i-titerdites. La presse réactionnaire seratres mesures spéciales sont à l'étude. (Voir la suite de nos dépêches en Dernier» Heure.)..

IL PRESSENTAIT

SON TRAGIQUE DESTIN, Au mois d'août de l'an dernier. quand Erzherjfr tomba sous les- balles de deux assassins, qui réussirent i1. s'échapper, M. \Vaitei* Hâihetiau se trouvait il Wiesbadnn. et ce fut nar M. Loucheur qu'il apprit ta nouille. Il dit La prochaine l'ois, ce sera mon tour. Un moi| p,lus tard, je lui rendais visite, à Berlin, dans celle \i!la devant laquelle il vient d'être assassiné. Il me répéta, au cours déjà conversation, qu'il croyait figurer sur pt liste notre de cette! maffia réactionnaire allemande qui avait décidé d'exécuter, lès uns après les autres, tous les chefs r&publicains. Maffia redoutable, puisque ceux qui exécutent ses ordres sont presque sûrs dc l'impunité. L fit un geste dédaigneux

m'est au fond assez égal, dit-il avec simplicité.

Ces menaces des partis de droite, il en repartait encore à Gênes, le mois dernier, avee ,1e même mépris.

jf| ne tiens nullemenl. disait-il. à 'me réconcilier aveo ces gens-lù.

Il est donc littéralemont exsvl que M. Walter Rathenau a vu venir depuis un an.le coup qui l'a frappé. Pour l'éviter, il lui eût suffi de s écarter de la politiqua et dé rentrer dans son cabinet de philosophe et d'économiste. C'est consciemment qu-'il .s'e^t exposé pour défsjndre ses idées et ce qu'il pensait être l'ïntérôt de son pays.

Çqux qu-t jugeront plus tard le rôle de s'étonnerimt de certaines iuntradiciions dans ses attitudes sueres^iveh ne sauraient oublier ce trait.. Cftmmg haau^ouP' ^St- 'n'au produisait, une impression,; nn peu enigmatique. Ce long visage au front stirélnvé, aux veux enfoncés:- avait à la fois la noblesse et l'expression mystérieuse d'un Pharaon. En donnant sa vie, il aura répondu à ceux qui se demandaient si c'était un calculateur ou un esprit désintéressé.

Il est. attristant de peu-er que telle aura été la fin d'un homme à qui ses compatriotes no peuvent reprocher qu'une chose: avoir voulu que l'Allemagne tint parole.

Ce fut peut-être -Pan dernier qu'il avait le mieux donné sa mesure il cet égard. Quand il parvint au pouvoir, en mai 19J1, comme ministre de la Reconstruction, dans le cabinet Wirth. il s'agissait de savoir, si oui ou non, l'Allemagne se déciderait enfin à montrer de la bonne volonté au point do vue des réparations.

Rathenau était convaincu, comme ia plupart des Allemands, que ie fardeau im- posé -soit par le traité de Versailles, soit même par l'état de paiement, de mai llt'l était trop lourd pour son pays. Mais il jugeait, d'autre part. indispensable que l'Allemagne allât aussi loin que possible pour donner la preuve de sa bonne foi. Les négociations franco-allemandes de Wiesbaden furent l'clfet de sa résolution. En les entreprenant et en les .poursuivant jusqu'à l'accord complet contre vents et marées, Walter Rathenau ne cachait point qu'il sé proposait un double but. Il voulait. d'une manière générale, mettre en route ie système des paiements en nature. ,Il entendait, en particulier, dédommager la France en lui permettant, au moyen de crédits spéciaux, d'achever à bref délai la reconstruction des régions dévastées. La sincérité de ses intentions ne saurait, à cet égard, pas plus que son courage, être mise en doute. Si l'on en voulait la preuve, il suffirait de la demande aux gens de la cité de Londres auxquels il rendit visite en décembre dernier. Il avait, à cette époque, quitte' momentanément, le pouvoir, découragé par la situation intérieure et aussi par le verdit allié sur la Haut-e-Silésie. Il vint néanmoins à Londres en ambassadeur officieux, pour traiter, cette fois, des futurs paiements en espèces et préparer la solution de l'emprunt international. Pour la première fois depuis la guerre, les financiers anglais entendirent un Allemand prendre auprès d'eux la défense de la créance française et leur démontrer que la France avait, en matière de réparations, droit à une incontestable priorité.

Pareille attitude faisait le plus grand honneur non seulement à M. Rat.henau luimême, mais à son parti. Il est regrettable que l'excellente impression qu'il produisit alors à ceux qui le virent agir ait été affaiblie, sinon détruite, par la signature, à (àènes, du traité russo-allemand de Rapallo.

Il n'est pas sûr, en e.ffet., qu'à la Wilhclmstrasse, M. Rathenau ait toujours été aussi bien inspiré qu'au ministère de la Reconstruction. C'était moins un diplomate qu'un penseur et un économiste. Quand on appnit avec stupeur, à Gènes, que la délégation allemande avait brûlé la politesse à la conférence en signant son accord avec les Russes, le sentiment général fut que l'auteur de cette initiative était non pas M. Wirth, mais eon ministre des Affaires étrangères. Des jugements sévères furent prononcées par quelques-uns sur M. Rathenau.

Il s'en montra surpris. Ceux qui eurent l'occasion de s'entretenir avec lui dans les jours qui survirent eurent l'impression qu'il ne s'agissait en réalité que d'une erreur de jugemenl. En dépit de sa haute intelligence, le docteur Rathenau était en politique une manière de presbytie il voyait mieux l'horizon que l'obstacle immédiat, et «sentait mieux lea .vérités d'en-

semble que 'les, nuances de ;détaif. Cette mlirmité d'homme supérieur est -proba-. blement la cause. du faux pas qui le dit considérer, tort..comme un diplomate de la vieille, école, lui, -le représentant:'d.c l'Alle*5agrie républicaine..

Ju s« demande, do moine,- si .ce n'est pas 1 ';ne erreur analogue qui le conduisit ces temps -derniers a l'aire r=ur diverses queslions (Sari-e. Ha-ute-iSïlésie) îles déclarations d'apparence outrsuoiè.re.- Ces drt-larations, $çu»s-.ré'u*si'r à lui rallier les con- servateurs, ne furent pas de nature à- faire oublier/ le geste- de Rapallq.

Sa tragique disparition n'eu est pas moins,, pour son pays; un incontestable; malheuiv Rares sont aujourd'hui ̃ les hommes capables de, diriger en Allemagne l'esprit, public et de. prévenir les chutes vers tel ou te.! excès. Plus rares sont encore les Allemands qui, après la défaite, ont .'gardé le sens de. l'intérêt européen. Le docteur Rathenau était l'un des meilleurs Européens d'Allemagne. Ou voudrait que l'événement qui vient de se produire n'ait pas la valeur- d'un symbole. S'il était établi, en effet, que tout homme de bonne volonté est voué, dans l'Allemagne d'aujourd'hui, hune exécution sommaire. on se demande en vérité comment il serait possible d'assurer, sans nouvelle conflagration, la tranquillité do l'Europe. ̃Ce qui aggrave encore la situation créée par cet' événement déplorable, c'est le fait qu'il coïncide avec une reprise des menées antirépublicaines en Allemagne et qu'il s cet produit il la date annoncée pour une nouvelle entreprise dirigée contre la Constitution. La r proclamation lancée par le gouvernement du Reich, les paroles prononcées par M. Wirth devant le Reichstag indiquent que les gouvernants allemands ont pleinement conscience de la gravité de l'heure. Dp leur- énergie dépearf' sans p' ^-vùk. lenieni de la France. Un W* atl vas aux paroles, mais aux ad es.

Philippe MILLET.

M. WILLIAM ROCKEFELLER EST MORT Kew-York. 24 juin (dép. Radio.)

:'IL William Rockefeller, frère du fameux milliardaire John Rockefeller, le roi du pétrole, est mort aujourd'hui à New- York.

L'EMPEREUR D'ANNAM A PARIS

Officiellement reçus à la gare du Bois-de-Boulogne, le souverain asiatique et son fils ont rendu visite à M. Millerand, puis sont allés s'incliner sur la tombe du Poilu inconnu

S5. M. Khaï Dinh, empereur d'Annwiii. souverain juge suprùme- « père et mère de ses sujets », a fait, hier matin, son entrée officielle dans la capitale. Pour rccevoir le souverain protégé de la France, la gare du Bois-dc-Boulogoe avait revêtu sa tenue solennelle des grands jours sa façade était ornée de drapeaux tricolores dans le $alon d'attente, des plantes orientale? avaient été disposées avec aulanl, de profusion que de goût; et tout le long du quai d'arrivée courait 'un tnoelleux tapis écarlate. Sur le quai même se tenaient la musique de la garde, et une compagnie d'honneur en grand uniforme de gala.

t peu avant 10 henres arrivèrent successivement tes personnages chargés de souhaiter la bienvenue au monarque annamite !le général Pension, représentant le Présirtent de la République M. Albert Sarrau t. ministre des Colonies, entouré des membres de son cabinet MM. Touzet, Bonainy et Lefol M. Maurice Long, gouverneur général de l'Indo-Chine M. Aufrand, préfet de la Seine U. préfet de police M. César Caire, président du conseil municipal M. Outrey. député- de la Cochinchine le général Berdoulat, gouverneur militaire de Paris, et les hauts fonctionnaires du ministère des Colonies. Tous les personnages officiels se groupcnt sur le quui, autour du ministre. L'arrivée « ofâcielle de l'empereur Au premier coup de 10 un commandement bref et sonore retentit « Présente?: armes 1 ». Les clairons sonnent aux champs.

Lentement, le train impérial apparait, semblant glisser sur les rai*ls.

A peine a-t-il stoppé que déjà S.iM.Khaï Dinh se montre en grand uniforme de mandarin très leste, l'empereur saute sur lo quai. Il est revêtu d'une somptueuse simarre due brocart ,jaune, avec le grand cordon du dragon d'Annam en sautoir il porte un pantalon rouge et des hottes de cuir jaune à la chinoise. Le chef est recouvert du chapeau annamite pointu, de velours marron, enrichi de motifs gravés sur fond or. Le jeune prince héritier Vinh Thuy. également err tunique de soie brochée et fleurie, botté, coiffé d'un turban tango, ne quitte pas son impérial père.. Puis suivent M. Pasquicr. résident supérieur d'Hué, le ministre- de l'Intérieur et des Finances X.guyen Hoo Baï et les mombres de la suite de l'empereur.

Pendant que la musique de la garde exécute la Marseillaise. M. Albert Sarraut, ministre dos Colonies, présente .VS.'M.Khaî Dinh les hauts personnages quai i'entourent.

'[:empereur et le petit prince Vinh Thuy passent en revue ia ^arde -d'honneur, avant

LES ASSASSINS OU SOMMELIER JOBIH LA MORT POUR BURGER Jotoi C'est ,uu .verdict, impitoyable qu'a rendu, •'•liii'r .soir, le jury de la Seine contre les assassins du sommelier ,Tobin.

Aflirtnatif sur -toutes les questions pour Burger, écartant la préméditation en ce qui concernait BsU'He Jobin seule, refusant aux deux accuse* tuuteA circonstances atténuante. c'était la mort pour fun, le bagne à perpétuité pour l'autre.

Le réquisitoire

C'était le verdict qu'avait réclamé l'avuoat général Barathon du. Monceau en lais-sant au jury le soin de décider du sort d'£tî. telle Jobin.

Il n'est pas possible, dit-il, qu'il y. ait des .dreonstanees atténuantes on faveur v ù'iin homme (î»i Véhément assassiné oelui qu'il n'avait ci>nnu efu-e par les largesses qu'il avait eurs en sa faveur, parce que votre verdict contient la mesure de votre fermeté et parce que s'il en était autrement chacun aurait peur, ̃ désormais, de voir troubler ia paix de son loyer, !a sécurité des siens.

Après avoir fait ses adieux iL la cour. au jury et il la défense, car il est nqmmé conseiller a la cour, et vient, de prononcer sou dernier réquisitoire devant le jury de la Seine, '\4. Baratltou 'du Monceau s'assied, et la parole est donnée à M* Henry Darmont, défenseur de Burger.

M* Darmont s'efforça de démontrer que le crime de Burger était, bien un crime passionnel.

`la Aiigde Delmont, avr>eaf, de ta femme jobin. essaya ensuite, très habilement, de réduire la'responsabilitéde sa cliente à un .simple, recel de cadavre.

Elle n'aurait, été qu'un témoin impuissant du dram'e'et n'aurait' commis d'autre faute que -d'aider Burg-cr ai faire disparaître le corps, de .«ou mari.

Des conclusions dans ce sens,' déposées par M' Dc'moht..furent, rejçtées par la cour qui question subsidiaire' d# recel. de cadavre. L'arrêt

Les plaidoiries' termin

déclarèrent n'avoir rien a ajouter pour leur défense, et quatre questions furent posées au jury. portant sur le meurtre et sur la préméditation;

A heure- le jury rapporta un verdict -aflii'iratif. sur les trois premières, questions,' négatif sur' la quatrième, c'est-àdire' écartant la préméditation pour Estelle Jobin.

Le verdict fut atténuantes.

C'était la mort pour Burger-

Avez-vous quelque chose à dire sur l'application de la peine ? lui demanda 'e président.

\on fit Burger.

Et vous, Estelle Jobin ?

Rien.!

La cour-. se retira alors pour délffieier, iniid revint pron«)ncpi' f-mih-e Burupr ]-\ peine

Kstell» Jobiu parut défaillir, mais elle se ressaisit.

L'arrêt de la cour alloua a la partie civile 15.000 francs de dommages-intérêts et francs de restitution.

Un recours en grâce soumis au jury en faveur des accusés ne recueillit, que cinq ̃sois pour Burger et une de plus pour Estelle Jobin.

Le salut de l'empereur d'Annam aux Parisiens de gagner le landau qui va les conduire directement au ministère des Colonies. La foule. massée devaut la g^re, accueille avec sympathie lo jeune souverain oriental.

S. M. Khaï Dinh. debout dans t^a voiture, répond par un salut militaire aux acclamations du peuple de Paris. M. Sarraut s'assied à la gauche de l'empereur, le prince héritier prend place entre eux. Le cortège, encadré par un e*eadrnri de cuirassiers, s'engage sur l'av-t'iiue du Buiade-Boulogne, descend les traverse le pont Nicolas-If, pui-. par les avenues du maréchal flallieni. de Tourville et de Villars. gagne directement le ministère des Colonies, résidence impériale pendant toute la durée du séjour de notre hôte.

Sa Majesté est conduite aussitôt, dans ses appartements, arrêt de courte durée, car bientôt l'empereur repart, en automobile cette fois, avec son fils et M. Albert Sarraut, pour se rendre l'Elysée, où il est attendu par le Président de la République.

A l'Elysée

Queiqufls minutes après onze heures, le cortège impérial fait sou entrée dans la cour du palais de l'Elysée, autour de laquelle une compagnie du 103e d'infanterie est. alignve sur deux rangs. Au commandement, retentit la -oun?rie "aux champs'»», puis la musique exécute la Marseillaise tandis que l'auto impériale vieni s'arrêter devant le perron.

Reçu à sa descente de voiture par M. de Fouquière?, chef du protocole, le commandant Mollard et le commandant Brosse, l'empereur d'Annam et son fils graivissent les quelques marches du perron, sur Ie«quelleî sont alignés les laquai? de $u culotte coui'te et bas blancs. ni sont