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Titre : La Presse

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1927-05-10

Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication

Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 124274

Description : 10 mai 1927

Description : 1927/05/10 (Numéro 4468s).

Description : Note : édition spéciale.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k602555x

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 31/01/2011

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- - 1-71

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LA PRESSE

MARDI 10 MAI 1927

Fondateur : Emile de Giratdin

Directeur: \ndré PAYER, député de Paris

Le numéro .* 25 centimes

Edition spéciale

LES HEURES D'OR DE L'AVIATION FRANÇAISE

NUNGESSER ET COLI ONT REUSSI

NUNGESSER

PENDANT LA RAFALE

Nungesser à Verdun

Il y avait quelques semaines que la grande bataille ' de Verdun s'était . dé- clanchée et ce matin là, le temps com- plètement bouché ne permettait pas aux escadrilles de s'envoler. La brume et une pluie fine avaient transformé le ciel en une grisaille opaque dans la- quelle on n'y voyait pas a cinquante mè- tres. Les mécaniciens et les pilotes se promenaient le long des hangars ouverts, mais à l'intérieur desquels les avions se reposaient sans espoir de voler ce jour-là.

Le calme régnait et rien ne faisait prévoir qu'un événement imprévu allait troubler la tranquillité du terrain d'avia- tion de LEmmes. Et pourtant'.

Vers 10 heures, on aperçut venant de la direction de Bar-le-Duc, au ras des hangars dans la brume opaque, un Nieuport de chasse volant à 150 kilo- mètres à l'heure et se dirigeant vers le terrain comme pour y atterrir. Avec une précision extraordinaire, le pilote se posa au milieu du champ et arrêta son appareil en quelques mètres.

Nous étions là un certain nombre Se pilotes et de mécaniciens à nous

Les émouvantes étapes du grand raid

A 5 heures, arrivée à New-York

demander quel était l'audacieux qui se promenait par un temps pareil. Nous attendions avec impatience qu'il des- cende de son avion pour l'identifier. Mais notre attente fut vaine; vague- ment inquiets, nous nous dirigeâmes vers l'appareil.

Une tête dépassait le fuselage. Elle était enfouie sous un bonnet de cuir, la bouche était enfermée sous un cache- I nez enroulé plusieurs fois, de larges lunettes couvraient les yeux. Aucun si- gne distinctif sur l'avion, dans ces con- ditions, impossible de savoir qui était à son bord. Une main gantée abaissa le cache-nez qui couvrait la bouche et une voix dit :

- Veuillez m'aider à descendre.

Dès que les lunettes furent relevées

sur le front, je reconnus Nungesser que je savais, l'avant-veille encore, griève- ment blessé à l'hôpital, non"loin de Pa- ris. -

-. Toi ? lui dis-je. -> ? .

- Il y avait trop longtemps que j'étais couché, ça été plus fort que moi, il a fallu que je revole.

Nous le descendîmes de l'avion, il nous pria d'y prendre deux cannes ac- crochées à l'intérieur du fuselage, nous les passâmes à Nungesser et il se diri- gea ? vers la tente de son escadrille, en marchant comme un vieillard, le corps courbé, les mouvements hésitants, les traits tirés.

Il avait, un mois avant, fait une ter- rible chute en essayant un nouvel ap- pareil de chasse et lorsqu'on le retira des débris de la machine, son corps n'était que plaies, fractures et contu- sions. Le corps, mais l'âme n'avait re- çu aucune atteinte, la volonté demeurait I aussi virile, les nerfs aussi calmes.

Nungesser prit quelque repos, dé- jeuna à la popote des officiers; vers 3 heures, le temps était levé, il s'en- vola sur les lignes. 11 revenait deux heures après satisfait de son essai.

Ses blessures n'avaient pas diminué ses qualités de pilote.

Il repartait le lendemain, bataillait avec trois boches, descendait dans l'après-midi un bi-moteur allemand et attaquait avec succès un ballon d'obser- vation.

Lorsqu'il revint atterrir à-Lemmes,

'j'examinai avec intérêt son appareil, il était criblé He balles et l'une d'elles

L'A VION DE NUNGESSER

avati pénétré dans l'avion, arrachant l'appuie-tête du pilote à quelques centi- mètres du cuir de son bonnet.

- Tu vois celle-là, dit Nungesser, le hasard l'a placée là où elle est! l'heure n'avait pas sonné pour moi. Le destin règle à son gré notre avenir.

Pendant des semaines et des semai- nes, Nungesser de front en front, abat- tit des avions, succéda à Guynemer plus d'un an après, comme » as des as », puis couché à nouveau sur un lit d'hô- pital par de multiples blessures, il céda sa place de premier chasseur du monde a René Fonck qu'une providence extraordinaire épargna toujours et qui ne reçut jamais un® seule balle dans son appareil.

Le départ des aviateurs

Le train d'atterrissage retrouvé à Moissel

On croyait que Nungesser ne lâche- rait son train d'atterrissage qu'une fois arrivé au-dessus de l'Océan. Il se ré- 'servait ainsi la possibilité d'atterrir soit en France, soit au sud-ouest de l'Angleterre, soit encore en dernier res sort à la pointe extrême sud de l'Ir- lande. De ces deux endroits il aurait pu repartir, soit pour rejoindre la Fran- ce, soit pour tenter malgré une escale, un vol qui l'aurait emmené jusqu'à I New-York.

Mais Nungesser savait que, lâchant son train d Atterrissage aussitôt après le départ, la vitesse de son appareil était augmentée de 20 kilomètres à l'heure, ce qui, sur les trente-six heu- res de son voyage, lui permettrait de parcourir, avec la même provision d'es- sence, 720 kilomètres de plus. Il décida donc de le laisser choir peu après le Bourget, afin de tout de suite obtenir un gain de vitesse appréciable, prouvant ainsi dès les premières heures de son vol, qu'il tenait à jouer son va-tout.

Le train d'atterrissage est tombé à Moissel en Seine-et-Oise où il a été re- trouvé dans un champ, puis de là, trans- porté à la mairie. Nungesser a abordé la mer à basse altitude : il n'était pas à 500 mètres de hauteur. Cela s'explique en raison de la lourde charge d'essence qu'il avait encore à bord et qui ne lui permettait pas de beaucoup s'élever.

Les seules nouvelles qu'on possédait, ce matin, consistent en un communiqué irlandais signalant le passage du grand oiseau sur l'Irlande et, d'autre part, un radio américain signalant le passage au- dessus de Terre-Neuve.

La traversée de l'Atlantique serait donc en principe réussie. On ignore les conditions atmosphériques dans lesquel- les le raid s'accomplit. En effet, d'une part, la météo française indique un beau temps sur l'Atlantique et sur Terre- Neuve alors qu'un radio qui nous par- vient de source américaine, indique que sur la grande île, la neige tombe et la brume est intense.

Dans les milieux aéronautiques fran- çais, on se montrait assez fiévreux ; on attendait avec impatience une certitude quelconque sur la dernière partie du voyage entre Terre-Neuve et New-York.

LA PREMIERE VICTOIRE FRANÇAISE

En 1909 Blériot traversait la Manche

L'avion qui fit la traversée de la Manche En médaillon : Blériot.

Au moment où le grand oiseau blanc #e Nungesser relie dans un vol magni- 6que les deux grandes capitales de l'ancien et du nouveau monde, ne se doit-on pas d'évoquer la première victoire de l'Aile, vic- toire française : la traversée de la Manche en aéroplane, par Blériot.

C'était le 26 juillet 1909. Le « Blériot XI » certes, ferait piteuse figure à côté du monstre harmonieux e' souple que Nun- gesser et Coli conduisent à New-York. Mais 4 l'ancêtre » le « zinc » glorieux à ouvert |»s grandes routes de l'air.

Voici les caractéristiques du Blériot « XI ».

Il mesurait 7 m. 80 d'envergure et 14 m. carrés de surface portante. Il était actionné par un nouveau moteur Auzani qui portait une hélice île 1.500 à 1.700 tours environ..

Ses ailes étaient gauchissables, le fuse- lage était en frêne et peuplier, armé de cor- des h piano et pouvait porter une charge de 300 kilos en son milieu.

La vitesse était estimée en moyenne à 58 kilomètres à l'heure...

Blériot mit avec son appareil pour fran- chir les 32 kilomètres environ qui séparent calais de Douvres 31 minutes, puisque parti des Baraques à 4 h. 42, il atterrit dans un champ près du Château de Dou- vres à 5 h. 13.

Voici le récit que fit du raid à cette épo- que, M. Daniel Cousin, l'envoyé spécial de « La Presse » :

Calais, 25 juillet 1909 (De notre envoyé spécial). - l'exploit merveilleux de la traversée de la Manche en aéroplane vient

d'être réussi par M. Blériot. Malgré sa blessure au pied, le hardi Blériot avait déci- dé d'effectuer la tentative dès le premier moment d'accalmie; aussi ce matin, ayant constaté que le vent s'était calmé, il réso- lut de s'élancer immédiatement vers Dou- vres.

Blériot vint au hangar avec ses béquil- les et, au moment de monter dans son appareil, il les jeta et dit: « Je n'y tou- cherai plus avant l'Angleterre. »

Après un rapide examen de l'appareil, Blériot vérifia son moteur. Ayant constaté que tout fonctionnait dans la perfection, il donna l'ordre de placer le monoplan à l'en- droit choisi d'avance, puis il prit place sur le siège.

Bientôt le moteur ronfla de nouveau et au commandement de : « Lâchez tout ! » l'oi- seau descendit rapidement la colline puis s'éleva, triomphalement dans les airs. Il vola . pendant quelques minutes, passa au- dessus des poteaux télégraphiques des Du- nes, puis piqua majestueusement vers la mer. 11 était exactement 4 h. 42. Nous le perdîmes bientôt de vue.

Là-bas au loin, nous apercevions la fu- mée des torpilleurs qui tentaient de suivre le vol triompal.

Après une attente qui nous parut fort longue, nous apprimes que Blériot après avoir au.lacieusement passé très au-dessus des Falaises et du Château de Douvres, était venu atterrir sur la prairie North. Falh, à 5 h. 13. L'aviateur ne semblait nullement ému de ce voyage, son pied qui était bandé le gênait un peu.

11 est monté dans une automobile qui l'a conduit à l'hôtel de Warden où il a déjeuné.

Un vent très fort soufflait au moment de la descente, l'aéroplane n'a pour ainsi dire j pas été endommagé. On ne signale que quelques éclats de bois dans le cadre...

En plein Atlantique

Le poste du câble français P. Q. a reçu, cc matin à 1 heures, un sans-fil émanant d'un cargo anglais et signa- lant que l'avion blanc a été vu en plein Atlantique.

Au-dessus de Terre-Neuve

Une dépêche du Havre nous parvient au début de l'après-midi. Elle dit que le bureau de la Compagnie Générale Transatlantique a reçu, ce matin, la ncu. velle du passage de Nungesser à Terre- Neuve.

Au-dessus de la Nouvelle-Ecosse

Une dépêche transmise aux agences à Paris, signale que « L'Oiseau Blanc » est passé au-dessus de la Nouvelle- Ecosse, ce matin, volant à grande al- lure.

Le " sans-fil " d'un torpilleur

Saint-Jean-de-Terre-Neuve, 9 mai. - Un torpilleur a signale par. sans-fil avoir va passer, an sud de Terre Neuve, à 10 heu- res, un avion blanc répondant au signale- ment de l'appareil de Nungesser et Coli. D'après cette nouvelle les aviateurs au- raient ua retard de deux heures et demie sur l'horaire prévu.

Une escorte américaine

New-YOrk, y mai.- Le lieutenant- colonel Foulois, commandant le camp d'aviation de Mitchel-Fields, a donné ?les ordres pour que cinq avions de son aérodrome prennent lîur vol pour aller *u devant de I' « Oiseau blanc », dès qu'il sera signalé, poui lui taire escorte Jusqu'à son amerrissage.

UN COMPETITEUR SE PREPARE

Les essais de Drouhin

Drouhin a terminé la première partie de ses essais' en vol à Toussus-le-Noble, avec des charges de plus en plus importantes qui sont allées jusqu'au iers de la charge totale qu'il compte emporter, Doubin a réussi à décoller et à voler avec un seul de ses deux moteurs. Ce remarquable ré- sultat prouve l'aisance avec laquelle le nouveau goliath va enlever la charge de 6.000 litres d'essence qui va vraisemblable ment lui être imposée.

L'appareil après ses premiers vols bril lamment réussis, a été redescendu à l'u sine Farman où on va lui faire subir diî férentes transformations qui vont lui per

DROUHIN

mettre d'avoir un centrage encore- meilleur que edui qu'il possè le actuellement Drou hin suit avec un intérêt passionné, les pré paratifs des Américains et il est toujours dans jes intentions de la_ maison Farman de face tenter à son pilote, un premier voya Paris-New-York à titre d'essai qui serait suivi en cas de réussite, par un voya- ge de retour New-York-Paris. Cette double traversée de l'Atlantique mettrait alors su» un mime pif 1 d'égalité, l'avion et le di rigeable car on se rappelle qu'il y a quel qùes innées, un rigide anglais a réussi sans incidents l'allée et le retour d'Europe en Amérique et d'Amérique en Europe.

Les préparatifs pour l'arrivée

New-York, 9 mai. - Des préparatifs sont faits pour éclairer de façon intense toute la baie de Governor's Island, en vue d'an amerrissage de l'appareil de Nungesser qui, ayant au départ aban- donné son train d'amerrissage, ne pour- ra par conséquent atterrir.

On prévoit l'amerrissage de l'appareil à quelques centaines de mètres de la fameuse statue de la Liberté.

Le < New-York Herald » déclare que si, comme U faut l'espérer, les avia- teurs étaient encore en vol ce matin à 5 heures, ils devaient avoir effectué plus des deux tiers de leur voyage et que l'on prévoit l'amerrissage, dans la baie de New-York pour cc soir 6 heures (heure de Paris).

L'ARRIVEE

Ils survolent Boston

Une dépêche privée qni nous par* vient à 4 heures 40 de Boston, signale que les aviateurs viennent de survoler la ville, se dirigeant à vive allure vers New.York.

5 heures, New-York

Lorsque l'avion de Nungesser appa- rut au-dessus de la rade de New-York, le commandant Foullois, chef de l'avia- tion maritime de chasse, s'était porté à son devant avec une escadrille et, dêa que l'avion fut en vue, les sirènes des bateaux mugirent et les batiments his- sèrent le pavillon. De nombreuses em- barcations de plaisance s'étaient por. tées au large de la baie, ainsi que plu- sieurs avions militaires, du service pos- tal, et civils, ces derniers loués par les agents cinématographiques et les grands journaux.

L'amerrissage se fit dans d'excellen. tes conditions et l'appareil tut aussitôt entouré de nombreuses embarcations, tandis que plusieurs hydravions le sur. volaient à basse altitude.

Nungesser et Coli, après s'être posés sur l'eau, restèrent un instant immobi- les dans leur appareil comme insensibles aux acclamations qui montaient des embarcations qui les entouraient. Puis, ils se levèrent tous deux de leur siège et s'embrassèrent. Un canot automobile vient se ranger le long du fuselage de l'avion et conduisit Nungesser et Coli à q/uai. Une foule immense les attendait; parmi ceux qui les reçurent officielle- muet, plusieurs délégués du gouverne- ment, M. Harmon frère de M. Clifford, Harmont, président de la Ligue Inter- nationale des Aviateurs, auquel Nun- gesser devait remettre un pli qu'il avait apporté de Paris ; le président de l'Aé- Club des Etats-Unis, le président de la Section de la Ligne Internationale des 1

Aviateur, un nombre considérable de Journalistes et de cinématographistes.

Nungesser n'a fait aucune déclara- tion snr son voyage, il a simplement dit qu'il était heureux d'avoir réussi et qu'il avait hâte de se reposer.

LE RAID DE SAINT-ROMAN

L'aviateur aurait atterri dans une île du Cap Vert

Tandis que Nungesser et Coli volent sur les côtes d'Amérique, des nouvelles, qui, d'ailleurs, ne sont pas confirmées, annoncent que Saint-Roman et Mou- neyres qui avaient tenté de traverser

COU

l'Atlantique sud, auraient atterri dans une Ile du Cap-Vert.

Voici la dépêche reçue ce matin & ce sujet :

« New-York, 9 mai. - Selon un bruit recueilli à Pernambouc et enregistré par la presse, les aviateurs de Saint-Roman et Mouneyres auraient atterri dans une île déserte de l'archipel du Cap-Vert.

EN AMÉRIQUE

Les préparatifs de M. Ballanca

D'après une interview que vient d'ac- corder M. Ballanca, constructeur de l'appareil américain qui doit tenter New-York-Paris, le départ de la machi- ne ne sera donné que lorsque l'on con- naîtra les résultats du vol de Nunges- ser et de Coli, les aviateurs français ont été signalés cc matin au-dessus de Terre-Neuve.

On peut dire que, sauf imprévu, Bal- lanca connaîtra cet après-midi même à New-York, les détails sur l'admirable traversée de nos deux compatriotes et qu'il pourra en tirer les conclusions qu'il jugera utiles pour le voyage de son avion.

On installe actuellement sur le « Bal- lanca » tous les appareils de bord né- cessaires au voyage. Le constructeur a déclaré qu'il n'avancerait pas le départ d'un» seconde, car il veut prendre tout le temps qu'il lui faut pour préparer complètement son monoplan.

L'avion emporte une provision d'es-

sence de près de 4.500 litres qui, à pre< mière vue semble bien insuffisante pour lui permettre de réaliser le voyage avec la marge de garantie de consommation nécessaire. En effet, le « Ballanca » est beaucoup moins rapide que le « Levas- ses r » et pour peu qu il ait un vent debout même -i" faible- vitesse, son al- lure tombera à cent kilomètres à l'heure, si ce n'est pas au-dessous.

Dans ces conditions, il faudrait comp- ter sur un vol de 60 h. et comme lu consommation du moteur est de 100 li- tres à l'heure, il lui faudrait 6.000 litres d'essence pour passer.

11 est certain que Ballanca connaît mieux que nous les possibilités de son appareil et que s'il le laisse s'aventurer sur New-York-Paris, c'est qu'il a dû acquérir aux derniers essais, le gain de vitesse appréciable qu'il lui permettrait par vent nul, de passer en 51 heures, temps qui correspond à celui réussi lors du record de durée avec une charge er essenre qui était, dit-on. de 4.000 litre*

.1 VION M Aj.LANÇA

LA TRAVERSEE DE LA MEDITERRANEE

les difficultés de M et de Roget

Au moment où Coli a inscrit avec Nungesser sonr nom dans l'histoire, on ne doit pas oublier qu'il fut un précur- seur des raids maritimes en compagnie de Henry Roget. C'est, en effet, Roget qui avec Coli comme navigateur réus- sit l'extraordinaire exploit de la premiè- re traversée aller et retour de la Médi- terranée en 24 heures.

Les deux aviateurs partirent de Mar- seille, le 13 janvier 1919, en pleine nuit et par une tempête telle qu aucun ba- teau ne s'était, ce jour-là, aventuré sur la mer. Ils étaient à bord d'un mono- moteur terrestre ne comportant aucun secours possible en cas de panne. L'équi- page était simplement muni de deux ga- lets de liège d'un secours bien problé- matique en cas d'amerrissage forcé.'La panne ! et c'était la mort inévitable, car aucun bateau n'était là pour leur por- ter secours, les aviateurs n'avaient mê- me pas de T. S. F. à bord pour signa- ler leur position. Coli partit ce jour-là comme il est parti hier avec Nungesser : pour risquer une aventure^ glorieuse.

A travers la tempête, puis sur la in du vovage dans une nuit devenue tel- lement opaque qu'elle cachait les ét viles, Coli et Roget se trouvèrent au lever du jour dans une brume intense q'Jt les mettait dans l'impossibilité matérielle d'apercevoir quoi que ce soit à dix mè- tres au delà des ailes de leur avion. A un moment donné, Coli fit signe à Ro-

get de descendre e. lui passa un ton sur lequel était écrit ces mots : « Nous sommes au-dessus d'Alger

Le pilote confiant en son navigateur commença la descente: à deux cents mètres du sol, la'brume s'étant dis- sipée, i! constata qu'il était au-dessus du champ de courses d'Alger. Il s'y posa sans difficulté, personne n'attendait l'é- quipage, on alerta les autorités qui en automobile, s'empressèrent de venir fé- liciter les aviateurs.

Les mécanicients firent le plein d'es- sence pour le retour et dès que tout fut paré, Roget et Coli s'envolèrent à nou- veau. Ils étaient en l'air depuis environ une heure cherchant à regagner Mar- seille, lorsqu'une tempête encore plus épouvantable que la première les obli- gea à obliquer à , l'Ouest, vers la côte espagnole. Ils regardaient la mer démontée sur laquelle aucun bateau n'apparaissait. Le vent debout freinait considérablement leur marche et faisait peser sur eux l'angoisse de voir leur provision d'essence s'épuiser avant d'avoir pu atteindre la côte. Coli de- manda à Roget de tâter Te vent à dif- férentes altitudes et l'équipage fut assez heureux pour trouver vers 1.200 mètres, un vent de travers venant de l'est qui lui permit de gagner du temps en se lais- sant dériver vers la gauche pour attein- dre la côte espagnole. Jouant le tout pour le tout, Roget mit pleins gaz et

t i.iissa franchement dériver. La nuit tomba, les aviateurs volant toujours dans la tempête.

Enfin, ils aperçurent des lumières im- mobiles qui leur signalaient la côte. Roget poussa sur le manche et survola à basse altitude l'agglomération de Ro- sas où d'un commun accord avec Coli il décida dé se poser. La nuit était maintenant opaque, on ne voyait pres- que rien, aucune lumière proche, Ro- get devine un terrain, freine son appa- reil et se pose béquille et roues en ma- irie temps. A ce moment un grand choc retourne l'avion, les deux hommes se sont posés dans un fossé. Roget a im- médiatement coupé l'allumage évitant ainsi l'incendie.

Son navigateur et lui sortent indemnes de l'avion fort éprouvé. Ils regagnèrent Paris par le train, après avoir pris un repos bien gagné à Marseille ou la fem me de Roget attendait son mari au milieu d'inquiétudes bien compréhensi- bles.

La double traversée de la Méditer- ranée en 24 heures par Coli et Roget, le vovage sans escale des deux memes hommes de Paris à Kénitra (Maroc) Ten- teront les deux exploits qui ont déclan» ché d'une part, la navigation aéro-ma- ritime et de l'autre, la péri i-le oef grands raids qui aboutit à l'heu.e ac- tuelle aux essais sur Paris-New-York.

Raymond Saladin