Bulletin des Musées
de France
8e ANNEE
N° 9
NOVEMBRE 1936
LES MUSEES DE PROVINCE
Les Musées de province et la Direction des Musées nationaux.
Le premier numéro du Bulletin des Musées, celui de janvier 1929, publiait un décret du 29 décembre 1928 par lequel l'inspection des Musées de province était confiée à la Direction des Musées nationaux. Ce décret sanctionnait officiellement la sollicitude et inaugurait l'activité que la Direction des Musées nationaux s'est efforcée depuis de développer et de rendre bienfaisante.
Inspection des Musées de province est un mot insuffisant. Ce que la Direction des Beaux-Arts entendait, en confiant aux conservateurs des Musées nationaux des missions. naguère demandées aux inspecteurs des Beaux-Arts, c'était d'établir entre des hommes, ayant des charges similaires, des relations constantes qui permettent aux uns de mettre à la disposition des autres leur compétence spécialisée, leur expérience formée par de nombreux contacts, leur indépendance à l'égard des pouvoirs locaux et l'autorité qui s'attache aux traditions qu'ils représentent.
Ces relations sont devenues, depuis une année environ, plus étroites. En effet, M. le Directeur général des Beaux-Arts a pris à ce moment la décision de répartir les Musées des départements et des communes en régions géographiques et-de charger chacun des conservateurs et des conservateurs-adjoints des Musées nationaux de visiter périodiquement les Musées de chacune des régions ainsi tracées, d'entretenir avec leurs conservateurs des relations aussi régulières que possible, d'être, en quelque sorte, à la fois leurs parrains et leurs
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correspondants auprès de l'Administration centrale.
Cette nouvelle technique, appuyée sur la création à la Direction des Musées nationaux d'un service où sont recherchés, centralisés et classés tous les renseignements concernant les Musées de province et préparées les mesures qui les intéressent, a permis certainement-à la Direction des Musées nationaux d'exercer une action plus suivie et plus efficace sur les Musées de province, d'aider les uns à réorganiser entièrement leur présentation, d'autres à l'améliorer, certains à faire restaurer des oeuvres d'art, Il ne faut pas perdre de vue, d'ailleurs, que le courant réformateur, dont le Louvre a senti les heureux effets, a des sources nombreuses et autonomes et que nos collègues de province ont eu parfois le mérite d'être, en cette matière, des initiateurs.
Souvent aussi, je me plais à le reconnaître, le service des Monuments historiques, en mettant généreusement en oeuvre la compétence de ses inspecteurs et de ses architectes et les disponibilités de ses crédits, a donné l'élan nécessaire et le coup de pouce définitif à des restaurations de bâtiments, à des reconstitutions et à des présentations remarquables, notamment à Arras, à Avignon, à Toulouse, à Strasbourg.
Ainsi s'est affirmée, sous l'égide de la Direction générale des Beaux-Arts, une collaboration confiante à laquelle sont dues la plupart des transformations que notre Bulletin a enregistrées au jour le jour et qui ont, en peu d'années, modifié la conception que, d'après trop d'exemples, on pouvait se faire jadis d'un Musée de province.
Certes, tous les problèmes n'ont pas été résolus.