BULLETIN DES MUSÉES
DE FRANCK
lre ANNEE — N°.7
JUILLET 1929
MUSÉES NATIONAUX
UNE EXPOSITION D'ART JAPONAIS AU JEU DE PAUME
Il y a des gens qui se sont dégoûtés de Raphaël à force de voir les bondieuseries qui procèdent de lui. C'est ainsi qu'en tentant d'intéresser le public parisien à une exposition d'art japonais contemporain inspiré des principes classiques, on risquait d'éveiller des comparaisons, non avec le noble art de la Chine des Soung, mais avec les fades chinoiseries qui viennent d'Extrême-Orient et qui sont aussi dépourvues de technique que d'invention. Il n'en a pas été ainsi. Les maîtres japonais vivants ont plu par la fraîcheur de leur inspiration et la perfection de leur technique. Aussi, les lecteurs du Bulletin des Musées de France auront peutêtre plaisir à avoir des renseignements sur un art qui, malgré l'imitation des écoles chinoises et la longue gloire des écoles anciennes du Japon, reste vivant et retient encore dans sa discipline une grande partie des jeunes japonais doués pour les Reaux-Arts.
On sait qu'au moment où sous les dynasties des Thang et des Soung se forma le classiscisme chinois, dont la base fut l'observation de la nature, il y eut un certain nombre de paysages tels que les gorges du Yang Tseu et les rochers de Hang Tchéou qui frappèrent l'imagination des peintres. Ils servent depuis des siècles de modèles aux générations successives d'artistes tant chinois que japonais. Mais il est remarquable que dans plusieurs parties du Japon on trouve des beautés naturelles, gorges profondes, rapides écumants, rochers aux formes étranges, îles couvertes de pins tordus
dans la mer intérieure qui sont très près des modèles classiques. C'est ainsi que s'explique la perpétuité de la vie dans la peinture
japonaise des débuts de 1 école de Kano jusqu'au Salon de 1928 dont un certain nombre d'oeuvres ont été choisies par le Comité
KAWAI, Gyokudô. Au crépuscule (1918). (Coll. de M. le baron K. Okura, Tokyo).