LA PAPAUTE ET LE PERIL BYZANTIN ET LOMBARD 271
Gaule commençait à s'appeler France, et la Bretagne Angleterre? Les Lombards n'étaient pas incapables de jouer ce rôle d'ancêtres de peuple, et le pape, en empêchant ces Germains d'achever leur carrière, a été cause que l'Italie a jusqu'à nos jours attendu la qualité de nation.
Etienne II, qui succède à Zacharie en 752, essaye d'abord de fléchir par des ambassades, des cadeaux et des prières, Astaulf qui se montre inflexible dans sa résolution d'achever la conquête de la Péninsule. C'est qu'en effet l'établissement des Lombards était compromis tant que l'empereur, qui ne l'avait pas accepté, posséderait en Italie des provinces où leurs duchés ne seraient que des enclaves toujours menacées. Ils n'étaient pas ennemis de l'Église ; si le pape leur avait laissé prendre Rome, ils eussent été fils dévots du Saint-Siège. Ils ne devaient pas comprendre le zèle que l'évêque de Rome mettait à défendre les droits de l'empereur iconoclaste. S'ils eussent pénétré son dessein, auraient-ils supporté avec une si longue patience qu'il surveillât chacun de leurs pas, protégeât de sa personne toute position attaquée et réclamât toute ville prise? Ils ne voyaient pas que le pape, qui met en avant les droits de la Respublica, c'est-à-dire de l'Empire, en arrivait peu à peu à l'idée de travailler pour lui-même. Les Lombards et le SaintSiège sont compétiteurs à la possession de l'Italie, donc ennemis irréconciliables. Mais qui mettra ces barbares à la raison, maintenant que les prières, les caresses, la magie des cérémonies et des pompes ecclésiastiques ont perdu leur efficacité? De tous côtés le pape cherche du secours. Une fois encore, il s'adresse à l'empereur, qu'il supplie « d'arracher l'Italie aux morsures des fils d'iniquité » ; mais quelle aide attendre de l'empereur? Le pape d'ailleurs ne se souciait pas de restaurer la domination impériale.
L'appel aux Francs. - Il fallait donc en revenir aux Francs. En grand secret, Etienne pria Pépin de l'envoyer quérir par des ambassadeurs. Il savait que les Francs seuls étaient capables de lui donner une armée; il espérait qu'ils ne la lui refuseraient pas, s'il allait la demander lui-même ; car un voyage du successeur de Pierre au delà des monts était une