HISTORIQUE ET ORGANISATION 145
Quand un cri généreux, une noble pensée
Se révélaient parfois sur la terre oppressée,
Us s'éteignaient, pareils aux rapides éclairs
Qu'aucune main ne peut retenir dans les airs.
Tous les sages, assis à l'ombre d'un portique,
Devant les flots d'Egée ou de l'Adriatique,
Tous les graves penseurs qui s'en allaient, semant
L'antique vérité, beau rayon d'un moment,
Savaient tous qu'en tombant, leur parole expirée
Au cap de Sunium, aux rives du Pirée,
Ne rebondirait pas aux horizons lointains
Où les feux du soleil, chaque soir, sont éteints!
Et les fronts s'inclinaient dans le calme des veilles. Tout à coup, du trésor où Dieu tient ses merveilles, Aux heures où la foi, pleine d'espoir, attend, Deux hommes sont sortis, et presque au même instant; L'un naît dans les rayons de la noble Italie, L'autre sous le ciel froid que le soleil oublie : L'un trouve l'Amérique, et, sur le monde ancien, Comme une double tige, il va greffer le sien ; Et l'autre, en apprenant que la terre et les ondes N'ont plus qu'un astre seul pour éclairer deux mondes. Créa l'Imprimerie, et Dieu, céleste auteur, Trouve dans Gutenberg un collaborateur!
Jaillissez maintenant des cratères de l'âme,
Filles de la pensée, ô paroles de flamme !
Sortez des profondeurs des abîmes humains,
O vérités qu'on doit semer à pleines mains! :
Le mot qui tombera de tout front qui s'incline
Noircit mieux qu'autrefois la feuille sibylline
Qu'un souffle intelligent dirige dans les airs.
Oracles des cités, semences des déserts !
Les voilà ces rayons nouveaux que, dans son doute,
L'homme cherchait en vain à la céleste voûte;
Il n'est plus d'horizon qui puisse retenir
La vérité du jour promise à l'avenir!
En caractères d'or la lumière ruisselle ;
Un seul mot, s'il est grand, électrique étincelle,
Rencontre devant lui tous les sillons ouverts,
Et dans son auditoire il trouve l'Univers !