IVi ANNEXES
Dans ce vaste atelier dont il vous fait un temple, Sa pensée est un ordre, et son oeuvre un exemple; Il vous dit à vous tous que les temps sont venus Où son art doit livrer des secrets inconnus, Et que l'esprit tombé de sa tête féconde, Vieux de quatre cents ans, rajeunira le monde !
LA LUMIÈRE DE GUTENBERG
POÉSIE COMPOSÉE PAR MÉRY A L'OCCASION DE L'ANNIVERSAIRE DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DE GUTENBERG
(19 mai 1850)
Fiat lux nova.
Depuis le premier jour où, créant la lumière,
Dieu fit à l'univers son aurore première,
L'homme a compris qu'il faut, pour éclairer ses pas,
Encor d'autres rayons que le soleil n'a pas.
Cet astre, en dissipant l'obscurité profonde
Où vagissait alors l'enfance de ce monde,
Illumina les corps; mais brusquement surpris,
Le chaos ténébreux resta dans les esprits,
Et la terre tournait, emportant avec elle,
Autour de son soleil, la nuit originelle,
Cette nuit de l'erreur que, sur les hauts sommeLs,
L'aurore, en se levant, ne dissipe jamais!
Quand une vérité du céleste domaine Descendait, en passant par une bouche humaine Elle expirait, pareille à la lointaine voix Que l'écho du vallon ne redit qu'une fois.