20 DE TOULON AU TONKIN.
travaille tant pour les nourrir eux-mêmes. Les établissements de ce genre pullulent à Port-Saïd ; mais les plaisirs de ces boîtes à. musique ne se bornent pas aux sons plus ou moins mélodieux de leur orchestre ; tout casino, tout alcazar, tout lieu de plaisir est, en Egypte, doublé d'une salle de jeu. Cette salle, ouverte tout le jour et à tout le monde comme une honnête boutique, est occupée par une table de roulette assez semblable à celles de Mouaco, mais dans des proportions moins grandioses, il est superflu de le dire. Auprès de cette table, se tient sans cesse l'allumeur : c'est un monsieur qui a l'air d'un monsieur quelconque, qui joue du matin au soir et du soir au matin, et qui gagne toujours. Au lieu de faire son travail à ciel ouvert, le croupier, grec de nation et de profession, lance la boule dans la roulette et referme immédiatement le couvercle de la boîte qui la contient : personne ne peut rien y voir. Quand la bille a cessé de tourner et que les jeux sont faits, notre industriel prononce sentencieusement le mot Apro ! qui est son Rien ne va plus, et il ouvre sa boîte. Ce jeu cachottier ne peut inspirer et n'inspire aucune confiance; chacun, cependant, s'y laisse prendre peu ou prou. Les 24 numéros dont se compose seulement cette roulette et ses deux zéros ne donnent, paraît-il, pas encore assez de bénéfices à leurs propriétaires : ils y joignent de petites spéculations sur le change.