DE SAIGON AU TONKIN. 321
l'Annam, avec leurs aréquiers, leurs rizières, leurs villages, leur civilisation. Il était le premier Européen qui eût ainsi traversé de l'ouest à l'est toute la péninsule transgangétique.
Cependant, les Pavillons Noirs infestaient le fleuve Rouge de plus belle, et Tu-Duc, qui ne supportait qu'à regret la présence de nos fonctionnaires au Tonkin, leur était favorable en secret. Un partisan se disant héritier de la dynastie des Le, un prétendant, comme nous disons, fomentait des troubles de son côté. Nos traités étaient fort mal observés ; la situation de nos représentants était très peu sûre ; les Annamites appelaient les Chinois à leur secours, et on dut organiser à Saïgon une nouvelle expédition un peu dans le genre de celle de Garnier. Le commandement en chef en fut confié à Henri Rivière, ce capitaine de vaisseau aussi célèbre comme littérateur que comme soldat. Ce sont les brillants débuts de la campagne de 1873; c'est la même fin tragique du chef. Henri Rivière, en effet, occupe Hanoï. Les Pavillons Noirs reparaissent à Son-Tay. L'Annam se révolte contre notre entrée violente au Tonkin, prend les armes, et notre chargé d'affaires menacé, quitte Hué. Les Chinois apparaissent comme suzerains et comme protecteurs de l'Annam. Henri Rivière veut alors éloigner d'Hanoï l'ennemi qui le serre de trop près ; il tente une sortie dans la direction de Son-Tay, et il tombe sous les