LE MIRACLE 15
seule que je veuille retenir ici, c'est l'indifférence aussi profonde qu'inexcusable et qu'aucune propagande, jusqu'à présent, n'a pu vaincre, de l'opinion publique française à l'égard de notre merveilleux patrimoine d'outre-mer. En décembre 1919, M. Albert Sarraut, alors président du groupe colonial de la Chambre des députés, écrivait justement : « Ce domaine gigantesque, vingt fois plus grand que la mèrepatrie, peuplé de plus de cinquante millions d'habitants, ce n'est pas dans un jour, avec rien, à l'insu du pays, qu'il fut conquis, pacifié, constitué, organisé. La République, à elle seule, y a consacré près d'un demi-siècle de volonté, d'héroïsme, de diplomatie, d'efforts tenaces et persévérants. La France a prodigué à sa création le sacrifice généreux de ses fils et de son or. C'est dans la conquête de cet empire que se sont instruits au combat la plupart des grands chefs militaires qui nous ont conduits à la victoire et dont l'opinion française célébrait déjà la gloire et les exploits quand ils portaient nos drapeaux sous les cieux de l'Afrique ou de l'Asie. C'est pendant le cours de cette épopée coloniale que notre pays, tout entier, a tressailli des frémissements les plus profonds, aux heures émouvantes où, debout devant les menaces de guerre, l'honneur national refusait de baisser pavillon. C'est autour des richesses innombrables de cet empire que la France a senti rôder sans cesse la convoitise allemande, dont le mercantilisme attentif avait soigneusement évalué « la belle aubaine ». C'est dans ce domaine d'outre-mer que, fidèle à la mission magnifique par laquelle elle a ébloui le monde et l'histoire, la France bienfaitrice poursuit une oeuvre de progrès, de justice, de relèvement des races, de haute civilisation dont la noblesse ajoute chaque jour au rayonnement séculaire de sa tradition. C'est, enfin, grâce à ces établissements coloniaux, répartis sur tous les
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