168 LE MIRACLE FRANÇAIS EN ASIE
d'opium, prose agréable qui contient d'heureuses descriptions. Les Civilisés qui valurent à son auteur le prix Goncourt et la notoriété sont une. oeuvre moins bien venue : « Les héros de ce livre, constata Jean Ajalbert, sont bien spéciaux et leur mentalité n'est guère représentative des Français d'Indochine et de Cochinchine. Ce sont des personnages littéraires surtout qui pourraient être les mêmes partout ailleurs qu'en Cochinchine : des femmes qui se vendent, des maris complaisants, des noceurs et des escrocs... »
Paul Claudel qui vécut longtemps en Chine est surtout un philosophe et, mieux encore qu'un philosophe, un admirable poète. Chez lui, pas de description inutile, mais seulement les traits nécessaires pour encadrer une pensée profonde, une intuition. Toute la Connaissance de l'Est est un superbe poème. Avec celles laissées par Victor Segalen et celles de Pouvourville, ce sont les pages les plus compréhensives, peutêtre, qui existent sur la mystique d'Extrême-Orient.
Que de noms encore, que d'oeuvres à citer ! Pierre Mille avec son célèbre Barnavaux, Henry Daguerches auteur de Consolata, fille du soleil et du Kilomètre 83, livre d'inspiration plus strictement asiatique ; J. Marquet, auteur De la rizière à la montagne et Du village à la cité ; Henry Reboul (Jacques Altar) et ses Croisières ensoleillées ; Jean d'Estray qui a écrit Thi-sen et Emile Nolly (capitaine Détanger, tué pendant la guerre) qui nous donna Hiên le Maboul et cette Barque annamite, « oeuvre solide, exacte, définitive, qui a pour thème le culte des ancêtres et nous révèle l'âme annamite jugée insondable, note sévèrement M. Crayssac, par tant de nigauds impuissants à l'exprimer. »
A la suite de M. Crayssac, j'énumérerai encore : les Croquis tonkinois de Yann (lieutenant Lassalle), les Tonkinades de Jean Star (colonel Lubanski), les Types tonkinois de Bonna-