LE TERROIR — LES RACES 101
absolue de la commune annamite rend malaisé de rompre. « Il y avait bien, dit M. Brenier, dans l'organisation théorique de l'ancien Annam, des recensements périodiques tous les cinq ans, mais ces recensements avaient précisément un but fiscal, puisqu'ils étaient destinés surtout à fixer le nombre des « inscrits », c'est-à-dire, en définitive, des contribuables. La population a donc conservé une instinctive méfiance, et ses conceptions se sont, d'ailleurs, traduites avec franchise dans la déclaration de la sous-commission chargée d'étudier la question de l'établissement de l'état-civil à la Chambre Consultative du Tonkin dans sa session d'octobre 1913. Il faut ajouter l'indépendance familiale qui est jalousement gardée et, enfin, une inaptitude réelle de l'administration indigène, en général, à « réaliser » dans le sens anglais du terme, ce qui, eu matière statistique, est vrai, faux, et même tout à fait invraisemblable. C'est ainsi que, dans une enquête officielle faite à Hanoï en 1885, les mandarins sont tombés d'accord pour attribuer 10.243.000 habitants au Tonkin dont 9 millions pour le seul delta du Fleuve Rouge, ce qui, en donnant à celui-ci une superficie un peu forcée de 16.000 kilomètres carrés, représenterait une densité de 562 habitants au kilomètre carré. Or, dans les pays agricoles les plus peuplés de l'Extrême-Orient, comme le delta de l'Iraouaddy, comparable par tant de côtés et, toutes proportions gardées, à celui du Fleuve Rouge, le recensement décennal de 1911 donne, pour la partie deltaïque de la Birmanie, une densité kilométrique moyenne de 313 atteignant très exceptionnellement pour deux « townships » ou agglomérations rurales, seulement le chiffre maximum de 472 habitants au kilomètre carré. Les deux provinces les plus peuplées de Java, Bagelen et Kedoe, accusent 358 habitants au kilomètre carré. Sourabaya qui vient immédiatement après descend à 284. Il est