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LOUISON ' 69
que le duo Almaviva, faute de Suzanne, s'en retourne à Rosine.
« Tout cela, écrivait Th. Gautier (1), se débite en vers aisés, naturels, où l'esprit ne manque pas, mais pourrait être taillé en arêtes plus vives : toujours par suite du système que l'auteur semble avoir adopté - d'amortir et d'éteindre sa manière. Il a pu juger, au plaisir que la salle éprouve lorsque quelques-uns de ces vers cavaliers et pimpants, comme il sait si bien les faire, passent devant la rampe en faisant siffler leurs cravaches, combien il aurait tort, sous prétexte de sagesse et de correction, de pratiquer les tons grisâtres et les formes pâteuses. »
Autant dire que l'attente générale a été trompée. On s'attendait d'avance à excuser les hardiesses, les caprices, même les folies d'un poète aîW t on à été déçu.
« On était disposé, a dit Th. Gautier dans un joli couplet, à lui laisser tout mettre en désordre sur le théâtre, déchirer les falbalas avec les éperons de ses bottes comme un hussard dans un bal; se griser d'esprit et de vin de Champagne, baiser sur le cou de la soubrette la pensée de la maîtresse et rire de ce rire mouillé, si près des larmes, dont il a le secret. Au lieu du libertin ingénu, du chérubin qui s'est fait des moustaches avec une épingle noircie aux bougies de la toilette de Rosine, du blond étudiant allemand qui veut mener la vie de don Juan tout en ayant l'âme de Werther, du fou charmant qui s'est si bien personnifié dans Fantasio, nous avons eu un auteur écrivant, sous le feu de la rampe, une pièce ordinaire, correcte et possible (2). »
(1) 28 février 1819, Histoire de l'Art dramatique en France, t. Vf, p. 80. (i) Histoire de l'Art dramatique en Pranee, t. Vf, p. 57.