178 LES PREMIÈRES D'ALFRED DE MUSSET
avait parlé, Dumas fils avait dit : «c C'est beau comme du Shakespeare, mais, comme du Shakespeare, cela n< peut pas être joué intégralement. Et puis quel acteu; serait capable de jouer Lorenzaccio? U aurait falh Frederick Lemaitre à vingt ans. Mounet-Sully n'étai» plus assez jeune lui-même. Une femme alors? Mais ut travesti, c'était bien risqué. »
Armand d'Artois prononça alors le nom de Sarar Bernhardt.
« Sarah? dit Dumas. Elle en est bien capable. Di reste elle est capable de tout. »
Et Sarah, qui cependant alors avait déjà 52 ans, joua quatre-vingt-cinq fois de suite sur le théâtre dt la Renaissance Lorenzaccio, pièce qui, selon Victoriei Sardou qui s'y connaissait cependant en théâtre, n< devait pas tenir l'affiche plus de trois semaines. Peut* être voulait-il parler des trois semaines pendant lesquelles on joua à bureaux fermés, toute la salle ayant été louée à l'avance.
Armand d'Artois s'était acquitté de sa difficile besogne avec une grande honnêteté littéraire, mais c'est à Sarah Bernhardt que reviennent vraiment les honneurs mérités de cette grande manifestation d'art, à Sarah qui avait compris avec un tact infini ce caractère étrange de Lorenzo de Médicis, de cet adolescent vicieux et roué que les honnêtes gen3 fuyaient comme la peste.
Sarah Bernhardt avait le grand avantage d'être che; elle, dans un théâtre à elle et d'y faire ce qu'elle voulait. Décors, costumes, musique, tout fut établi sous sa direction, et l'on put lire sur les affiches la distribution suivante de la pièce, représentée le 3 dé* cembre 1896 :