, LES NUITS 165
fut la première des Nuits, écrite environ deux ans avant la Nuit d'Octobre; mais nous avons voulu suivre l'ordre de leur mise à la scène, et la Nuit de Mai n'y apparut que huit ans après celle d'Octobre (1).
Nous avons dît plus haut comment Alfred de Musset, devenu muet depuis si longtemps, avait tout à coup retrouvé la parole. Son frère nous a raconté toute cette histoire. Alfred est rentré à la maison. U récite a son frère les quelques vers qu'il a composés aux Tuileries, puis il rentre dans sa chambre où il écrit jusqu'au matin.
ce Lorsqu'il parut ait déjeuner, a écrit Paul, je ne remarquai sur son visage aucun signe de fatigue; il avait, comme Fantasio, le mois de mai sur les joues. La Muse le possédait. Pendant la journée, il mena de front la conversation et le travail : par moment, il nous quittait pour aller écrire une dizaine de vers, puis il revenait causer encore. Mais le soir il retourna au travail comme à un rendez-vous d'amour; il se fit servir un petit souper dans sa chambre, volontiers il aurait demandé deux couverts pour que la Muse y eût sa place marquée. Tous les flambeaux furent mis à contribution. Il alluma douze bougies... Les gens de la maison, voyant cette illumination, durent penser qu'il donnait un bal. Au matin du second jour, le morceau était achevé : la Muse s*envola, le poète souffla les bougies, se coucha et dormit jusqu'au soir. A son réveil, il relut la pièce de vers, et n'y trouva rien à retoucher. Alors, du monde tout idéal où il avait vécu deux jours, l'homme retomba bru3(1)
bru3(1) Kerue des Deux Mondes publia les Nuits dans Fordre sniva t :
La Huit de Mal, 15 juin 18».
La Nuit de Décembre, 1" décembre 1815.
La Nuit d'Août, 15 août 183*.
La Suit d'Octobre, 15 octobre 1336.