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LES PREMIÈRES D'ALFRED DE MUSSBT
Apaise-loi, je t'en conjure; Te s paroles m'ont fait frémir, O mon bien-aimé ! Ta blessure Est encor prête à se rouvrir.
Mais Sarcey n'en démord pas, allant même jusque l'exagération lorsqu'il prétend avoir vu Delaunaj aussi calme au centième vers qu'au premier. Il n'a pas eu en le voyant la sensation du mouvement. Il a eu devant lui « un jeune homme à qui l'on demande le récit de ses malheurs, qui le fait sans émotion, et qui est bien content quand il a fini ». 11 attendait le drame, il n'a entendu qu'une narration poétique.
. M. Emile Mas, le consciencieux historiographe dt la Comédie française, dont il suit les spectacles depuû près de quarante ans, a vu dans ce rôle d'autres artistes depuis Delaunay. Il a eu à juger des nerveux, des malades, des neurasthéniques. Il leur préfère sans hésiter la tranquillité qu'affectait le premier (1).
Pour conclure, nous ne pouvons mieux faire que de rapporter ici ce qui nous a été raconté par un exsociétaire de la Maison, qui se trouva à deux reprises dans la loge de Delaunay après des représentations de la Ntut d'Octobre.
« C'est bien, disait Paul de Musset a l'artiste, mais vous remuez encore trop. Alfred n'aurait pas été content. »
Et la fois suivante : « Vous avez moins bougé. Très bien. Alfred aurait été content. »
Nous croyons donc que les agités ne sont pas dans la note voulue par le poète. C'était absolument l'opinion de son frère. • •«
11 eût été logique de parler de la Nuit de Mai, qui
(I) Petit Bleu, 11 août t»J3.