134 LBS PREMIÈRES D'ALFRED DE MUSSET
nous les présenter. Nous savons que le baron attend au château le jeune Perdican, son fils, reçu docteur à Paris, et la belle Camille, sa nièce, qui revient du couvent. Le désir le plus cher du baron serait d'unir celle-ci avec son (ils. Les deux jeunes gens ne se sont pas vus depuis longtemps, mais Camille rapporte avec elle des idées spéciales, à tel point qu'elle refuse de toucher la main à son cousin.
Camille, cependant, vient s'en expliquer aveclui et le rejoint le lendemain de bonne heure au jardin pour lui dire qu'elle ne veut pas l'épouser.
« Tu ne veux pas qu'on nous marieI Eh bien! ne nous marions pas, s'écrie le naïf Perdican. Est-ce une raison pour nous haïr? Ne sommes-nous pas le frère et la soeur? »
Ce détachement inattendu blesse au coeur l'orgueilleuse Camille, qui répond d'un ton aigre-doux.
Et voilà la lutte engagée.
« Ton refus ne m'est pas indifférent, Camille. Ton amour m'eût donné la vie, mais ton amitié m'en consolera. »
Camille s'est prise à son propre piège. Il ne lui reste plus qu'à partir. Mais à peine a-t-elle pris cette décision, qu'elle en prend une autre. Elle écrit un billet à son cousin et lui donne rendez-vous dans le bois, à la petite fontaine. Elle vient lui apporter le baiser qu'elle lui avait refusé.
Scène capitale dans laquelle vase jouer la destinée de deux êtfres. Camille est positive. Elle veut bien de l'amour, mais d'un amour éternel, sans mélange, et elle fait subir à son cousin une véritable confession. Elle lui demande s'il a eu des maîtresses, et comme celui-ci avoue qu'il en a eu et qu'il les a oubliées, Camille, en conclut qu'elle aussi ne sera pas toujours