BETTINE m
rade en Russie, où elle était restée dix ans (1844-1855), refusa de jouer dans le Misanthrope, le lendemain de cette mort. C'est encore elle qui, deux aus plus tard, disait à Mn* Samson-Toussaint, la fidèle amie do la défunte : « Quand irons-nous prier sur la tombe de Mmo Allan ? »
Les journaux furent unanimes à déplorer cette perte, et le Théâtre-Français, l'assimilant à une sociétaire qu'elle n'avait jamais été, fit relâche le jour des obsèques. Samson fut chargé par la Comédiede pronon. cer un discours sur la tombe (1), et Alfred de Musset
— moins ingrat que Racine envers la Champmeslé
— accompagna le convoi jusqu'au Père-Lachaise, ayant peine à maîtriser son émotion.
a Alfred de Musset, mandait la semaine suivante Tattet à Guttinguer, est beaucoup plus affecté que je n'aurais cru de la mort de M*' Allan; il est vrai qu'il en avait tant d'obligations l C'a été sa meilleure amio (2). »
Bouffé, apprenant cette mort, écrivait dans ses Souvenirs : « Quand on a ce talent, on ne devrait pas mourir. » Et Delaunay à son tour : « Chaque fois que j'en ai trouvé l'occasion, j'ai dit combien j'aimais et j'admirais cette artiste consciencieuse, émouvante, comme il faut, et toujours « dans son rôle ». Pas jolie, certes, avec ses gros yeux et sa démarche alourdie par un embonpoint peu ordinaire; mais quel feu, quelle émotion communicative et quel art d'émouvoirî » Drindeau retiré, M°" Allan décédée, c'étaient deux des colonnes du Théâtre do Musset qui disparaissaient. II ne restait debout que Delaunay et Madeleine Brohan.
(I) Lettre Inédite tirée des papiers de Gultingoer, citée par Léon Séché, Alfred de Musset, t. Il, p. HT. (») Bibl. Rondel. — Dossier 11» Allan.