232 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR.
L'interprétation de M. Paltauf, qui explique l'agglutination des microbes par la rétraction d'un précipité (précipité de Kraus), né au sein du liquide et susceptible d'entraîner les microbes dans sa propre agrégation, se heurte à des objections graves, D'abord ce phénomène de précipitation de Kraus n'est pas absolument constant; quand il existe, le précipité n'est jamais bien abondant et se produit avec une lenteur telle, qu'on peut difficilement le considérer comme préexistant à l'agglutination si énergique et si rapide des microbes, comme en étant la cause déterminante. De plus, les observateurs n'ont pu jusqu'ici, en ■examinant des microbes agglutinés, déceler autour d'eux l'existence d'un coagulum. M. Dineur n'y a point réussi malgré ses efforts répétés : il fait remarquer avec raison que si ce coagulum existait, s'il englobait réellement les microbes, on aurait bien des chances de le mettre en évidence, puisqu'il se colore, ainsi que M. Nicolle l'a montré, par les couleurs basiques.
D'autres remarques encore peuvent être présentées. Des lapins qui ont reçu plusieurs injections intrapéritonéales de sang défibriné de poule, fournissent un sérum doué, vis-à-vis des globules rouges de poule, d'un pouvoir agglutinant et dissolvant énergique. Mais ce sérum actif possède encore une autre propriété. Mélangé au sérum de poule, il fait naître dans ce liquide un précipité qui, assez lentement, devient abondant et s'agglomère en flocons. Cette propriété que possède le sérum des animaux traités de produire un précipité dans un sérum identique à celui qu'on leur a injecté, a été constatée, pour la première fois, par M. Tchistovitch, à l'Institut Pasteur, au cours de recherches récentes. M. Tchistovitch a observé que le sérum de lapins injectés à plusieurs reprises de sérum d'anguille, trouble ce liquide; il retrouva le même fait en étudiant le sérum de lapins qui avaient subi des injections de sérum de cheval: bien entendu, c'était alors ce liquide qui se troublait. Les précipités obtenus par M. Tchistovitch étaient, comme il l'a vu, solubles dans de petites quantités d'alcalis (potasse, soude, AzH3), fait que nous avons pu constater à notre tour en opérant sur notre sérum de lapin, actif vis-à-vis du sang de poule.
Il paraît légitime de rapprocher ces phénomènes de ceux qui ont appelé l'attention de M. Kraus. Le sérum spécifique extrait des animaux qui ont été injectés eux-mêmes avec un sérum ou