LE JAPON. 255
Japon ces rôles sont tenus par des hommes, se placèrent sur un autre côté de la scène. Miss Bird était dans la loge du ministre d'Angleterre. En voyant les acteurs-hommes s'avancer sur une seule ligne jusqu'à la rampe (cette rampe de gaz était une innovation), la fille de l'ambassadeur (elle avait six ans) s'écria : « Mon papa! qu'ils sont laids et grotesques ! » Leurs habits, ajoute miss Bird, « paraissaient tous avoir été faits pour un seul individu, et cet individu n'était pas du nombre des quarante qui se trouvaient là. Ceux-ci étaient bien entrés dans leurs vêtements, mais y entrer et les porter n'est pas la même chose. Et quelle pose déplorable ! Des bras grêles qui pendaient le long du corps, des mains emprisonnées dans des gants blancs qui n'allaient pas : ils avaient l'air de coupables attendant leur châtiment ! »
Aussi les indigènes s'empressent-ils de se débarrasser, aussitôt qu'ils le peuvent, de ces vêtements d'emprunt. Je lisais, dans un journal étranger, le compte rendu de l'inauguration du Parlement japonais ; car le Japon a maintenant un Parlement, composé de deux Chambres : il y était dit que tous les dignitaires chamarrés d'or et les femmes en costume de cour qui. assistaient à la cérémonie, allaient se hâter, une fois rentrés chez eux, de déposer leur livrée pour prendre des vêtements plus commodes et plus familiers.