4.98 LE JAPON.
fgrillée d'avant-scène se tient un homme qui racle une guitare et qui s'adresse au public sur un ton larmoyant et cadencé. Il met les spectateurs au courant de la situation, et de temps en temps il analyse les sentiments des acteurs. « Or cet homme qui sert ainsi d'intermédiaire poétique entre l'acteur et le spectateur; qui s'adresse parfois aux héros de la pièce pour leur donner du courage ou de la prudence ; qui conseille les uns, invective les autres; qui annonce, explique et conclut; qui pleure, s'indigne, s'émotionne, palpite avec le drame... cet homme est le choeur antique dans toute sa pureté. »
Ce qui prouve bien que le théâtre est partout un art de convention, c'est que sur la scène japonaise passent continuellement des figures qui sont en dehors de l'action , et que le public est censé ne pas voir ; ainsi, les acteurs principaux sont accompagnés de deux coskéis (domestiques), armés chacun d'un long bâton au bout duquel est emmanché un chandelier avec une bougie allumée. Ce luminaire est pour faire valoir aux endroits pathétiques les jeux de physionomie de l'acteur. Les danseuses ont une escorte semblable. D'autres fois ce sont des valets de théâtre qui se glissent par derrière et avancent un tabouret à l'acteur qui s'y assied, ou bien lui passent un mouchoir (c'est-à-dire un morceau le papier ayant cette destination), ou encore une tasse de thé, puis lui donnent pour le rafraîchir des coups d'éventail. Quant aux bougies qui éclairent la salle. — quand ce n'est pas le gaz, — on prie tout uniment les spectateurs voisins de les moucher, ce que ceux-ci font volontiers... avec leurs doigts. Il ne parait pas de femmes sur la scène, sauf pour la danse.
Il en était ainsi autrefois en Angleterre, sous le règne d'Elisabeth, par exemple. On dit pourtant qu'il y a des