NOTICE
SUR
LE VIEUX. MARI.
J'ai connu un homme fort aimable, quoique un peu fat, qui était resté célibataire, afin, disait-il, de conserver son indépendance, et de ne pas renoncer aux succès qu'il obtenait auprès des femmes, I! avait environ quarante-cinq ans, lorsqu'il fit la sottise d'augmenter le personnel de sa maison d'une jeune et jolie gouvernante. Trois ans n'étaient pas écoulés, que cet homme, qui s'était vanté si souvent de la façon cavalière dont il traitait les femmes qui avaient des bontés pour lui, devint le très-humble serviteur de sa domestique. Elle avait pris chez lui et sur lui un empire absolu; tout passait par ses mains, elle seule donnait des ordres, et il ne pouvait plus se permettre une dépense, il ne pouvait plus faire un pas, sans être obligé de lui rendre compte, et presque de lui demander permission. Il ne se dissimulait pas la pesanteur et la honte d'un tel joug; mais les faibles efforts qu'il avait faits pour briser ses liens les avaient resserrés plus étroitement encore; et, pour éviter les querelles, les scènes, les éclats, qu'il redoutait plus que toute chose, il avait pris le parti de se résigner et de se taire.