164 LES ENDORMEURS
prunte à je ne sais quel écrivain du temps, le récit de l'exorcisme de Nicole Aubry, démoniaque de Vervins,que l'évêque de Laon venait de soumettre à cette épreuve. A l'instant où le nom de Belzébuth avait été dévoré par les flammes, on avait vu la patiente se tordre comme le font les épileptiques de la Salpêtrière, lorsque leurs accès changent de caractère. Son corps s'était mis en boule, et elle essayait de s'élever convulsivement en l'air. En même temps elle tirait la langue d'un demi-pied de long, et faisait une grimace si atroce que tous les assistants étaient frappés de terreur et d'effroi.
Il ne lui vint, pas à l'idée de conclure de cette description, fort bien faite, que l'on peut se tromper considérablement sur les causes de la catalepsie; cependant il reconnaît que la combustion du nom de Belzébuth ne peut avoir le résultat de déterminer une crise identique à celles que l'on peut contempler aujourd'hui dans les cours de la Faculté de médecine. Certes, il est curieux et instructif de constater l'abrutissement des officiers de Justice, qui procèdent à de pareilles épreuves afin de s'assurer que la femme accusée est bien en réalité coupable de sortilège ; mais le droit de tourner