LE TOUT GRACIEUX LUNGHEON. 155
mier coup d'oeil, on les devine si bien là-dessous, les catacombes, les hypogées, les momies !
Ces nécropoles d'Abydos, quelle fascination jadis elles ont exercée, et pendant des millénaires, sur ce peuple, précurseur des peuples, qui habitait la vallée du Nil! C'est que, d'après l'une des plus antiques traditions humaines, la tête d'Orisis, seigneur de l'autre monde, reposait au fond d'un de ces temples, qui sont aujourd'hui écroulés sous les sables. Or les hommes, dès que leur pensée a commencé de sortir de la nuit originelle, ont été hantés par cette conception qu'il y a des voisinages secourables aux pauvres cadavres couchés sous terre, qu'il y a des lieux sacrés où il est plus prudent de se faire enfouir si l'on veut être prêt quand sonnera le réveil. Donc, en la vieille Egypte, chacun à l'heure de la mort tournait ses regards vers ces pierres et ces sables, dans un souhait ardent do pouvoir y dormir près du débris de son Dieu. Ceux qui n'obtenaient point d'y prendre place, tant les entours étaient déjà encombrés de dormeurs, imaginaient d'y faire