138 LA MORT DE PHILiE.
douf est un primitif agrès, resté immuable depuis des temps qui ne se comptent plus; il se compose d'une longue antenne, comme une vergue de tartane, qui s'appuie en bascule sur une traverse et porte à sa pointe un seau en bois; un homme, avec de beaux gestes, fait jouer cela en chantant, abaisse l'antenne, puise l'eau dans le fleuve et remonte le seau rempli, — qu'un autre homme attrape au vol pour le déverser plus haut, dans un bassin creusé à même la terre des berges. Quand le fleuve est bas, il y a trois bassins superposés, comme seraient trois étapes pour la montée do l'eau précieuse jusqu'aux champs de blé ou de luzerne, et alors trois châdoufs les uns audessus des autres grincent ensemble, inclinant et relevant au rythme de la même chanson leurs grandes cornes de scarabée.
Tout le long, tout le long du Nil, se propage ce mouvement des antennes du châdouf, qui a commencé dans les plus vieux âges et qui est l'une des manifestations essentielles de la vie humaine sur ces bords ; il ne fait trêve que l'été, quand le fleuve, grossi par les pluies