30 ORIGINES DES RELAT. DES SCAND1N. AVEC LA TERRE SAINTE,
leurs ennemis victorieux. En outre, au temps des grandes invasions des Normands dans l'Occident latin, ces mêmes forêts étaient aussi le théâtre de leurs déprédations, en sorte que (comme l'a démontré Kruse) chaque période de répit dans les pillages des pirates du Nord, en France et en Allemagne, correspond presque toujours à une invasion armée sur le territoire slave. Peu à peu, Vikings norvégiens et exilés suédois avaient fini, tantôt pacifiquement, tantôt les armes à la main, par se faire accepter de populations barbares auxquelles ils apportaient une civilisation d'un degré supérieur et avec lesquelles ils vivaient à peu près dans les mêmes termes que les Scandinaves de la mère patrie avec les Lapons, puis par établir un certain nombre de postes fortifiés, qui commandaient le cours des fleuves et où se percevaient, chaque année, les tributs des hordes environnantes. Complètement indépendants de la mère patrie, les nouveaux royaumes d'Holmgard (Novogorod), de Koenugard (Kief), et les principautés de moindre importance dont l'ensemble portait, en norrain, le nom de Grande Suède (Svithiod hit Miklâ), se trouvaient relativement à elle , dans la même situation que les îles de la mer du Nord par rapport à la Norvège. D'un autre côté, leurs intérêts les ayant mis de bonne heure eh rapport avec l'empire grec, dont ils acceptèrent jusqu'à un certain point la suzeraineté, ils durent servir naturellement de lien entre les Suédois, les Goths et Byzance 1, et jouer un certain rôle dans les relations du Nord avec l'Orient.
État
des Églises
du Nord
dans
les premiers
siècles
de
la conversion.
Les différences que nous venons de signaler dans les intérêts, les moeurs et l'état social de chacun des royaumes Scandinaves, sont loin d'être aussi sensibles dans l'organisation des trois Églises, encore naissantes, du Nord. Quoique, dès le Xe siècle, les pays de langue norraine eussent reçu la lumière de l'Évangile, la conversion au christianisme n'y avait pas offert le même caractère de spontanéité qu'en Angleterre et en Russie. Les
1 Voir Kruse, Chronicon VaregoRmsorum, Hambourg, 1854, in-4°. — Krug, Forschungen in der allteren Geschichte Russlands, Sainl-Péiersbourg,
Sainl-Péiersbourg, in-8°. Kunik, Die Berufung der Schwedischen Rodsen, SaintPétersbourg, 1845, in-8°.