420 RESULTATS DES CROIS. ET DES PELER. SCANDINAVES.
royaumes passaient sous la protection de saint Pierre, sollicitée par les souverains eux-mêmes. Si, dans le commencement, le Saint-Siège avait paru négliger le secours lointain des croisés du Nord, ceux-ci, pendant leur séjour en Terre Sainte ou dans le cours de leur voyage, étaient à même d'apprécier à sa juste valeur la puissance des papes, et, par réciprocité, le SaintSiège lui-même, les ressources que pouvaient offrir les Scandinaves. De là tout un ordre de relations qui ne pouvait tendre et qui ne tendit, en effet, qu'à augmenter dans le Nord, en rapprochant les distances, le pouvoir des papes, et partant des Églises qui relevaient de lui. Quant aux détails mêmes de l'organisation du clergé Scandinave, on a dans l'histoire de Sigurd une preuve indiscutable de l'influence directe et immédiate qu'exercèrent dans le Nord, sur l'accroissement du pouvoir ecclésiastique, les relations avec la Terre Sainte. Nous .avons vu que, si le roi croisé lui-même montra quelque hésitation dans l'accomplissement des quatre serments solennellement prêtés par lui à Jérusalem, il ne manqua point en Norvège de gens pour les lui rappeler 1. L'émancipation de l'Église de Norvège, émancipation que promettait le premier voeu, relatif à la fondation d'un siège métropolitain au tombeau de saint Olaf, bien qu'elle ne dût être consommée que quelques années après la mort de Sigurd, fut du moins préparée par lui; car sous son règne, sinon par sa propre initiative, furent créés sept des sièges épiscopaux qui devaient relever du futur archevêque. Les colonies norvégiennes d'Islande et d'Amérique furent ainsi, par l'établissement des évêchés de Gardar au Grönland, de Hôlar, de Skalhôlt en Islande, et de Rirckwall aux Orcades 2, rattachés directement à l'Église nationale. Aussi, quand le cardinal d'Albano vint, en 11323, consacrer la suprématie du siège de Throndhjem, la puissance des nouveaux archevêques devint subitement presque égale à celle des rois, et supérieure à celle des grands du royaume et des princes du sang, avec lesquels d'ailleurs le titre de Tignirmenn 4, et plus tard celui de jarls 5, vint
1 Voir ch. IV, p. 210.
2 Munch, III, p. 860 et suiv.
3 Voir plus haut, ch. v, p. 249.
4 Tignirmenn (personnes princières); voir Munch, III, p. 936.
5 En 1297 (Munch. VI, p. 307 et suiv.).