LEGATS-COLLECTEURS. 387
copal, l'argent, dont l'évêque donnait quittance au collecteur, était déposé dans un lieu sûr et en général derrière l'autel même, précaution justifiée par les dangers qu'il avait courus plus d'une fois, sans parler de cas, heureusement fort rares, où la sainteté de l'asile et la crainte des peines canoniques ne l'avaient pas mis à l'abri d'un emprunt forcé ou même d'un pillage pur et simple.
Ce n'était qu'au bout de deux ou trois ans, et quand déjà les sommes centralisées dans les cathédrales formaient un chiffre respectable, qu'arrivaient de Rome des légats porteurs de commissions émanées de la chancellerie pontificale, et même de pouvoirs spéciaux du Saint-Siège, pour relever des censures, commuer les voeux et octroyer les dispenses. Ces légats étaient presque toujours des clercs de la chapelle du pape; ce n'étaient que rarement d'ailleurs des personnages d'une grande notoriété, et ils ne voyageaient qu'avec une suite peu nombreuse. Leur mission n'était point sans difficulté; ils devaient d'abord réunir, outre le produit des impôts ecclésiastiques et des offrandes volontaires des fidèles, déposées dans des troncs ad hoc, celui des rachats de voeux et de pénitences, affaire délicate qu'il fallait traiter en général avec des gens peu disposés à s'exécuter. Ils devaient ensuite donner main-levée aux évêques des sommes perçues, les décharger par un acte en forme de toute responsabilité relative aux collectes déjà faites, et prendre à leur propre charge tous les procès ou réclamations qu'elles avaient pu entraîner. Très-fréquemment les autorités civiles et même les supérieurs des Ordres Prêcheurs, empiétant sur les fonctions des collecteurs, s'appropriaient le produit des subsides et ne les rendaient que sous la menace des censures ecclésiastiques : dès 1243, un légat spécial avait dû être envoyé en Danemark pour faire rendre à Pierre, prieur des Dominicains de Dacie, une forte somme d'argent qu'il avait levée et détenait indûment 1. La plus grande partie de l'impôt était payée en nature; il fallait aviser à la réalisation de marchandises qui ne trouvaient point d'acheteur; le reste était soldé en monnaie usée
1 Dipl. Suec, n° 308.
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Légats collecteurs.