1225-1226.
Préparatifs
en Norvége.
Aron Bjorleifsson
334 LES SCANDINAVES A LA CINQUIÈME CROISADE.
devait envoyer à Rome le produit des offrandes des fidèles et de tous les subsides destinés au secours des Lieux Saints. De son côté, l'empereur Frédéric demandait de toutes parts des vaisseaux et des soldats pour combattre les Infidèles en Sicile 1. Aussi, de concert avec les archevêques de Cologne et de Brème, les Danois armèrent une puissante flotte que vint bientôt augmenter un contingent hollandais levé par l'infatigable Olivier l'Écolâtre, devenu légat du pape en Allemagne 2. Le landgrave Louis de Thuringe, mari de sainte Elisabeth de Hongrie, le comte Adolphe IV de Holstein-Schauembourg, dix autres princes allemands et une foule innombrable de chevaliers et de fantassins avaient pris la croix.
L'enthousiasme avait été au moins égal en Norvége, d'où, sans le duc Skuli dont nous exposerons plus loin l'astucieuse politique, une expédition considérable serait partie à cette époque. Néanmoins plusieurs croisés, tant de ce royaume que de l'Islande, avaient réussi à tromper la vigilance du duc et à partir malgré lui pour la Terre Sainte, où ils devancèrent l'expédition qui se préparait en Danemark et en Frise. De ce nombre était un Islandais nommé Aron Hjorleifsson, de Myklahólt, un des personnages les plus illustres de l'île, « homme sage et généreux, guerrier intrépide et voyageur infatigable ». Il était fils de Hjorleifr Gilsson. En 1222 il avait été chassé de l'île et mis hors la loi par l'influence de la puissante famille des Sturlunges, et était venu, avec Hjorleifr, son père, et l'évêque d'Hôlar, Gudmundr, chercher un asile auprès du duc Skuli. C'est en 1226 qu'il quitta subrepticement la cour de Rein et partit pour l'Orient sans l'agrément du duc, avec un autre Islandais nommé Eyolfr et une suite de seize hommes. Ils allèrent parterre, et leur voyage, à cause de la guerre et de plusieurs autres embarras qui les arrêtèrent en route, ne fut pas sans danger ; quelques-uns moururent en chemin ; mais Aron et Eyolfr accomplirent jusqu'au bout leur pèlerinage et revinrent sains et saufs à la cour d'Hâkon le Vieux,
1 Raynaldi Annales ad. ann. 1225.
2 Voir la lettre d'Olivier aux abbés de Frise dans la Chronique d'Emon de
Werum (Matthaei Veteris AEvi Analecta, t. H, p. 65).