SIEGE D'ACRE.
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Lusignans. Les assiégeants, renforcés par ces secours inespérés, se mirent à resserrer leurs lignes, qui s'étendirent bientôt, plus fortes que jamais, d'un rivage à l'autre, sans laisser aucune communication entre la ville et Saladin.
Au sud de la ville, Jacques d'Avesnes et les croisés du Nord creusèrent de profonds retranchements depuis la mer jusqu'au mont Mahumeria, le long du fleuve Bélus, qu'ils détournèrent de son cours pour priver d'eau les assiégés 1; du bois de leurs navires qu'ils avaient dépecés, ils construisirent des palissades pour fortifier leur camp; avec les voiles des vaisseaux, ils firent des tentes; le camp fut organisé comme une villes; les bourgeois de Lubeck et de Brême qui étaient à l'armée, et les gens du Nord venus un peu plus tard (23 sept. ) avec le comte Adolphe III de Holstein 3, bâtirent un hôpital et une église pour recueillir les soldats allemands blessés : ce fut le commencement de l'Ordre Teutonique 4. Le reste de l'enceinte de Saint-Jean d'Acre fut bloqué ,par une série de camps fortifiés semblables à celui des gens du Nord; les croisés italiens occupèrent le nord de la ville, les Français la colline de Musard, et les troupes du roi de Jérusalem, appuyées sur le Thoron, s'étendirent jusqu'à la rive droite du Bélus et jusqu'au camp des Danois; au nord, les vaisseaux
1189,
1 Estoire de Eracles, 1. c.
5 Arnold Lubec., 1. III, ch. XXXVI, éd. Bangert, p. 356; Rog. de Hov., éd. Savile, p. 663; Bened. Petrob., éd. Hearne, p. 573; Johan Brompton, éd. Twysden, col. 1164.
3 « Per quosdam cives Bremenses « et Lubecenses qui cum Adolfo co«mite de Holstein transfretantes. » Annal. Hirsaug. ad ann. 1192 (Trithemius, p. 159). Voir Annal. Marbacens.; Annal. Egmundani, I. c. ; Annal. Noves. (Mart., Ampl. Coll., IV, 565); Wendisches Chronik, éd. Grautoff, p. 438; Hermann Corner (Eccard, II, 793); Chronica Slavica (Lindenbrog, SS. RR. Germ., p. 205). Voir la Diss. de Bachem dans le Vorzeit de Justi, 1839, p. 69. Adolphe III, qui avait suivi Frédérik Barberousse (Ansbert,
1. c. dans Wilken, IV, App., p. 95), n'assista pas au siége d'Acre. Arrivé à Tyr avec le duc de Souabe, il en repartit presque aussitôt pour l'Occident, laissant ses compagnons en Orient (Arnold, IV, ch. vu, p. 392; cf. Mooyer, Zur Chron. d. Gesch. Adolfs III (Nordalbingische Studien, V, 248).
4 Sur les origines de l'Ordre Teutonique, voir Narralio de Primordiis Ord. Teuton.(SS.RR.Prussic.I,p.220, . 227); Petr. v. Dusburg, I, ch. I; Nikolas v. Jerosehiu, v. 330-470; Olivai. Chron. (SS. RR. Pruss., I, p. 27-30, 307,675); Chronijck v. d. Duystch. Oirden, ch. XLVIII (Matthaeus, Vet. AEvi Analecta,V, p. 650) ; Dudik, Deustche Ord. Munz-Sammlung, p. 42 et suiv., Melle, de Itin. Sacris Lubecensium, p. 11.
Arrivée
d'Adolphe III
de Holstein
(23 septembre).
investissement)
de la place.