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s'étendait sur plus de 40 hectares, et sa population dépassait 8.000 âmes sous les règnes de GléGlé et de Béhanzin.
Il comprenait deux parties bien distinctes : 1° une sorte de cité faite de cases bâties un peu au hasard et dans lesquelles habitait la « suite » du roi ; 2° les résidences royales proprement dites.
Les résidences royales se ressemblaient toutes par leur plan d'ensemble. Elles étaient relativement grandioses.
Une porte, gardée nuit et jour par des soldats ou des Amazones, donnait accès à une vaste cour intérieure dans laquelle se tenait l'Adjaho ou grand huissier, qui, seul, avait qualité pour introduire au palais les privilégiés reçus en audience par le roi.
La première cour communiquait par une autre porte, gardée elle aussi, avec une seconde cour réservée au roi et à ses intimes. Là se dressaient les appartements du roi, ornés de bas-reliefs peints en couleurs vives, sorte de tapisserie de Bayeux transposée dans la terre. rouge, transcrivant en images, naïves quelquefois, mais d'un réalisme saisissant, l'histoire de tout un peuple qui soutint contre ses ennemis une lutte âpre, sauvage, de tous les instants. Face aux appartements, deux cases, dont la toiture descendait jusqu'au sol, cachaient à tous les regards les autels des sacrifices, faits de terre qu'on avait pétrie avec le sang des hommes et des animaux sacrifiés.
Enfin, un dédale de portes, de couloirs, de cours, conduisait à l'emplacement réservé au tombeau royal. Celui-ci, recouvert d'un tapis de satin, était surmonté d'une vaste case dans laquelle de vieilles femmes devaient, jusqu'à la fin des siècles, veiller nuit et jour sur le repos du défunt.
Le palais, tel qu'il se présentait au moment de la conquête française, était l'oeuvre de dix règnes.