HISTOIRE. 47
Événements survenus jusqu'au mois de septembre 189&.
Le traité apporté par le général Duchesne, et conclu dès son entrée à Tananarive, établissait à Madagascar le système du protectorat avec toutes ses conséquences. Mais l'opinion publique réclamait des mesures plus rigoureuses vis-à-vis des Hovas et, le 18 septembre, le général recevait un télégramme lui recommandant de modifier le texte du projet qui lui avait été remis à son départ et de le transformer en un acte unilatéral, ne portant d'engagement que de la part de la reine.
Ce télégramme n'étant parvenu à Tananarive que six jours après la signature du traité, le général jugea qu'il n'y avait pas lieu de revenir aussitôt sur le fait accompli, et l'acte unilatéral ne fut signé que trois mois plus tard, le 18 janvier 1896, après l'arrivée de M. le résident général Laroche.
A cette époque, la situation était calme; les populations de la côte, qui avaient essayé, par quelques mouvements insurrectionnels, de se délivrer du joug des Hovas, étaient rentrées dans le devoir.
Cependant, des intrigues s'ourdissaient dans l'entourage de la reine ; une campagne secrète s'organisait de tous côtés et les agitateurs, pour augmenter la. force de la rébellion, n'hésitaient pas à pactiser avec les fahavalos de profession et les prêtres d'idoles ou sorciers.
En même temps, le gouvernement hova nous suscitait en sous main des difficultés qui entravaient le ravitaillement des troupes; au mois de février, le pain, le vin et le tafia manquaient complètement à Tananarive.
Le commandement, vivement préoccupé de cette situation, décide de rendre muletier le chemin de Tamatave et tous les efforts du génie vont, dès lors, se porter sur cette entreprise; en même temps, se poursuivront les études d'une route carrossable définitive et d'un chemin de fer.
Le mois de janvier 1896 n'est marqué que par quelques opérations sur la côte et, en février, l'Imcrina est encore tranquille.
Le 5 mars, deux compagnies de tirailleurs sénégalais débarquent à Tamatave et sont réparties entre les postes de la côte Est et sur la ligne d'étapes. Quelques jours plus tard, deux compagnies algériennes débarquent également et sont envoyées à Tananarive. En même temps, l'autorité militaire se préoccupe du recrutement du 2e bataillon malgache à Diego-Suarez et du 5e à Tamatave et Fianarantsoa.
Colonne du Nord. — Dans le courant du mois de mars, l'insurrection éclate dans le nord-est de PImerina et on apprend que Rabezavana, ancien gouverneur hova d'Antsatrana, et Rabozaka, gouverneur de Vohidrozana, ont pris la direction du mouvement. Ces deux chefs, après avoir occupé Anjozorobé, ont groupé autour d'eux d'anciens soldats hovas non désarmés, renforcés par plusieurs bandes de fahavalos. Ils disposent d'environ 400 à 500 sniders et de 4 canons, et, dès le début, se déclarent réfractaires à la souveraineté française.
Une colonne comprenant trois compagnies malgaches, une compagnie